Vici, villae, villulae, colonicae et mansionilia. Remarques sur la dispersion de l'habitat aux confins nord-ouest du comté du Maine (VIe-IXe siècle)
p. 243-260
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Index géographique : France
Texte intégral
1Le Nord-Mayenne (Bas-Maine) est de nos jours l'une des terres d'élection de cet habitat dispersé en milieu bocager si caractéristique des Pays de l'Ouest où l'élevage joue un rôle majeur. Cette vaste zone d'environ 80 km sur 45 relève historiquement du comté du Maine. Aux viiie-xe siècles, elle correspond en grande part au ressort de trois conditae (circonscriptions secondaires) carolingiennes et forme, dès les xie-xiie siècles, l'aire d'extension maximale du cœur de la puissante seigneurie châtelaine de Mayenne (Fig. 1). Le pays passe encore occasionnellement en plein xie et début du xiie siècle, dans sa frange septentrionale notamment, pour un désert forestier propice à l'épanouissement des ermites et des bêtes sauvages. Le propos est outré mais, en soulignant le maintien tardif d'un ample saltus et la spécificité au sous-peuplement, il conduit à s'interroger sur l'ancienneté du phénomène, ses causes et ses modalités, en centrant l'attention sur les problèmes de dispersion de l'habitat et le rôle joué par le contexte.
2La contrée, qui possède une certaine unité, est dotée de reliefs plus marqués, de sols plus ingrats et d'une humidité plus forte que dans le reste du Maine. Placée aux confins nord-ouest du comté entre Bretagne, Normandie et Bassin parisien, sur de grands axes routiers est-ouest et nord-sud, elle occupe au sein du ducatus Cenomannicus et - par voie de conséquence — du regnum Fmncorum une zone périphérique hautement stratégique. Son intérêt est sans cesse revitalisé durant le haut Moyen Age alors que les raids bretons vers l'est s'intensifient et atteignent, en se conjuguant à ceux des Vikings, un paroxysme dans la seconde moitié du ixe siècle et que les Pippinides puis les Carolingiens, victorieux des Neustriens dès la fin du vie siècle, s'efforcent de renforcer une mainmise locale sans cesse menacée par l'aristocratie. Dans l'Antiquité, un vaste couvert forestier, affecté d'un déclin précoce puis d'une sensible reprise, s'y développe au nord et à l'ouest dans le cadre de la civitas des Diablintes. Jublains, la capitale locale, disparaît en tant que telle vers la fin du IVe et le début du ve siècle et le territoire est rapidement rattaché à la proche cité du Mans. Cette précoce décapitation, prolongée durant le haut Moyen Âge par l'absence de grand pôle structurant, et ce contexte de marche riche en terres fiscales, dans un milieu aux conditions naturelles médiocres, sont essentiels à la compréhension du sujet Ils sont propices au maintien du saltus et à l'essor de populations et de systèmes politiques et économiques particuliers. La fin du ixe siècle marque un double tournant documentaire, avec une baisse drastique de la production écrite et, historique, avec i'émergence du castrum de Mayenne et l'installation brutale de la dynastie comtale des Hugonides.
3Qu'en est-il réellement en Nord-Mayenne du vie au ixe siècle dans ce domaine de l'habitat alors que, d'une manière générale en France et ailleurs, la dispersion et la mobilité régnent en maîtresses tandis que se fait jour un processus de regroupement qui s'accélère au viiie siècle ? Pour tenter d'appréhender ces phénomènes, je partirai des sources écrites qui utilisent en la matière très classiquement deux termes dominants, vici et villae (vies et villas), auxquels s'adjoignent plus occasionnellement des mots comme villulae, colonicae et mansionilia (villettes, colonges et mesnils). Ce vocabulaire aide à cerner les contours spatiotemporels du mouvement et livre quelques indications typologiques et fonctionnelles mais il convient, préalablement, d'apprécier à sa juste valeur la validité et la spécificité de l'échantillon en s'interrogeant sur la documentation elle-même, ses apports et ses limites. Nos concepts modernes de dispersion et de groupement sont-ils localement opérationnels pour le haut Moyen Âge ? En d'autres termes y perçoit-on - et sous quelle forme - ces deux processus dont toutes les études récentes soulignent la complexité et la diversité chronologique1 ?
Arrière-plan documentaire et conceptuel
4La richesse et les lacunes du corpus carolingien (et précarolingien) manceau sont bien connues, il n'y a pas lieu d'insister2. Outre une quinzaine de vitae et quelques actes (essentiellement royaux), la documentation repose sur deux longs textes narratifs les Actus pontificum Cenomannis (Actes) et les Gesta Aldrici (Gesta) qui retracent, pour le premier, l'histoire des évêques du Mans depuis les origines du diocèse et, pour le second, l'œuvre menée par l'un des plus grands prélats carolingiens locaux, Aldric3. Bien que de grande qualité, ces deux récits sont tendancieux car ils ont été rédigés au ixe siècle pour appuyer les revendications épiscopales et, s'ils intègrent d'authentiques textes antérieurs, ils ne sont pas à l'abri des falsifications.
5Il importe aussi de garder présent à l'esprit les difficultés inhérentes à l'exercice. Les documents fournissent ce qui, a priori, ressemble à des listes de lieux et ils autorisent donc des développements spatiotemporels mais les risques sont multiples. Topographiquement, les incertitudes de l'identification toponymique sont telles que les reports restent souvent entachés de suspicion. Chronologiquement, les attributions manquent de fiabilité, surtout en ce qui concerne les ve et vie siècles, et l'on n'aura garde d'oublier que, sauf exceptions, la première mention d'un lieu n'est pas en soi révélatrice de création. Typologiquement et fonctionnellement, toutes ces évocations sont d'un intérêt inégal. Certains des sites répertoriés ne sont que de simples lieux-dits et ne coïncident donc pas systématiquement avec un habitat. Quant aux mentions qui semblent renvoyer à des établissements humains différenciés (vici, villas, villulae...), leur maniement est plus que délicat car ces termes sont polysémiques et leur interprétation fait l'objet de controverses. Ainsi en est-il de la villa, jadis essentiellement définie comme un grand domaine bipartite puis tour à tour perçue comme un cadre territorial, une unité de perception fiscale susceptible de remodelages, un village... À l'arrière-plan de cette terminologie diversifiée se trouvent des entités complexes qui intègrent dans des proportions variées (et variables) terres, hommes, habitats et exploitations, charges et avantages, et où interfèrent et s'enchevêtrent volontiers plusieurs dominations distinctes sujettes à recomposition et avant tout soucieuses dans leurs écrits de faire respecter et préciser leurs droits et leurs revenus respectifs. Le bâti en tant que tel n'est assurément pas au cœur des préoccupations des rédacteurs. Les mentions toponymiques loin de désigner systématiquement un lieu précis renvoient souvent à une unité territoriale (et autre) ce qui modifie quelque peu le raisonnement et les perspectives. Quant aux rares énumérations descriptives se rapportant aux terres et aux édifices, elles ne prennent pas nécessairement (ni même volontiers) en compte la totalité du complexe.
6Il reste enfin un double écueil majeur. Il tient à la provenance de la documentation qui est essentiellement mancelle et épiscopale ou pour le moins ecclésiastique, ce qui ampute la réalité. La perception des formes de l'implantation humaine qui nous est livrée est une vision tronquée. C'est d'abord et avant tout celle de l'Église du Mans. Le rôle de la puissance publique et de l'aristocratie laïque n'est souvent perçu qu'en filigrane et demeure fortement minoré. Quant aux possibles interventions de la « paysannerie libre » qui dans ce type de contexte et de région trouve volontiers matière à s'épanouir, il est difficile de les atteindre. En sorte que les vides cartographiques qui apparaissent loin de refléter une faible emprise humaine peuvent ne trahir qu'une simple carence documentaire dans un secteur placé hors de la sphère d'activités mancelle.
7D'où le recours à d'autres sources. Les données archéologiques sont d'un faible apport car, hormis les récentes fouilles de Mayenne, il n'y a que peu de choses. Plus enrichissantes sont les études palynologiques menées dans le Bas-Maine mais la base documentaire (11 sites) est un peu limitée pour autoriser à généraliser4. Utiles aussi, mais d'un maniement difficile, sont les données relatives aux dédicaces d'églises et aux fabriques monétaires.
8Quelle est la validité de ce « riche » et problématique bagage documentaire ? D'une manière générale, les rédacteurs des Actus et des Gesta ont conscience de l'existence de groupements humains qu'ils associent manifestement parfois à des pôles de rassemblement mais ils ont aussi et mieux encore, à l'autre extrémité de l'échelle, une nette perception du pullulement et de l'éclatement en micro-unités qui affecte le monde rural manceau.
9La concentration majeure est celle de la cité du Mans, la capitale comtale et épiscopale située à environ 90 km du cœur du Nord-Mayenne. A côté émergent diverses concentrations mineures que nos clercs perçoivent humainement et socialement mais aussi d'une certaine façon topographiquement lorsqu'ils mettent en scène des communautés de pagenses ou de vicini qui agissent communautairement dans le cadre des vici, occasionnellement décrits comme anciens et « peuplés » et comme tels particulièrement aptes à l'installation de lieux de culte car ils regroupent un maximum de monde et leur notoriété attire dons et revenus 5 L'image qui se profile à l'arrière-plan est bien celle du village dans toutes ses composantes physiques et humaines (identitaires notamment) et ce quels que soient la taille et l'aspect réel du complexe. Le vicus est une forme plus ou moins élémentaire de concentration souvent dotée d'un pôle ecclésiastique mobilisateur mais — dans la mesure où l'action collective et le regroupement des hommes dans un ensemble « peuplé » n'impliquent pas nécessairement une totale et massive concentration de l'habitat - il est évident que ces complexes peuvent tendre vers ce qui est pour nous plus proche des formes de la dispersion en petites unités qu'autre chose (villages ou hameaux ; complexes mono ou polynucléaires). Les vicini ne sont pas les seuls à engager des actions collectives révélatrices d'un minimum de conscience identitaire. D'autres rassemblements — peu évoqués il est vrai — agissent dans le cadre des villae avec à leur tête des principes, prions... et en sous-œuvre un groupe traversé de hiérarchies qui reçoit très occasionnellement une appellation générique (habitores loci, ruricolae) et réunit tout un personnel de gestion et d'exploitation (judices, familia, ministeriales) et des paysans plus ou moins dépendants (mancipia, accolae...)6. Mais doit-on pour autant, comme nombre de chercheurs, voir, d'une manière générale, à l'arrière-plan de ces villae des « villages » ? Sur le plan identitaire, les rares données ne vont pas à l'encontre de l'hypothèse, par contre au niveau topographique la documentation invite à nuancer car l'image qui se dégage n'est pas celle du village groupé et structuré des xie-xve siècles.
10Mais dans toute cette production narrative, le plus frappant, notamment pour l'époque carolingienne, reste l'abondance des évocations relatives aux petites unités rurales et tout particulièrement l'utilisation de termes spécifiques comme mansionilia et l'usage répété du diminutif villula. Les villulae pullulent mais on ne peut en apprécier le pourcentage car, nous dit-on, elles sont si nombreuses qu'il est « impossible » (ou « qu'il serait fastidieux ») de les énumérer et de les nommer dans le détail.7 Ce pourrait être un simple procédé rhétorique mais on penchera plutôt pour un aveu d'impuissance face sans doute à de multiples transferts de biens et à la multiplication d'ensembles de faible rapport mais pas seulement. Il y a aussi, à l'arrière -plan, des entités bâties et ce foisonnement de micro-unités, auxquels s'adjoignent des créations de mesnils eux-mêmes dépourvus d'une toponymie spécifique, met au premier plan la question de l'habitat dispersé, de ses raisons d'être, de sa typologie (hameau-écart) et de sa mobilité. L'ampleur du phénomène frappe les contemporains qui y voient quelque chose d'un peu insaisissable, d'instable voire d'évanescent ! L'anonymat qui entoure nombre de ces éléments et l'emploi de diminutifs suggèrent nouveauté et faible emprise au sol La vision d'ensemble est une vision dynamique où se mêlent créations, légèreté et instabilité, ce qui est en accord avec les données archéologiques relatives à ces périodes et laisse la place tant aux hameaux qu'aux écarts.
11Les aspects topographiques et morphologiques de l'habitat ne sont donc à l'évidence pas au premier rang des préoccupations de nos rédacteurs, ce qui n'est pas original, mais sous une réalité complexe et difficile à cerner où les aspects humains et les préoccupations gestionnaires priment se dissimulent aussi - d'une certaine façon - des éléments tangibles qui intègrent dispersion et regroupement et autorisent une approche plus concrète de la question.
Géochronologie, acteurs et moteurs de la dispersion
12La figure 2 aide à cerner les contours spatiotemporels du phénomène et à en dégager les principaux acteurs et les moteurs. Elle sépare les Ve( ?)-viie siècles des viiie-ixe siècles afin de mieux appréhender les éventuels mouvements de fond qui se dessinent ailleurs, aux viie-viiie siècles, et le double impact de la mainmise austrasienne et des incursions.
13La vue d'ensemble révèle un semis clairsemé et inégal d'évocations. Le Nord-Mayenne n'est pas un désert Il n'y a guère de vastes secteurs exempts de points mais le maillage est aéré et l'on y décèle d'évidentes irrégularités qui suggèrent le développement de zones d'occupation différenciées. Les évocations de sites sont plus massivement groupées à l'est du cours moyen de la Mayenne. La concentration atteint son maximum dans le quart sud- est où l'implantation loin de se cantonner aux vallées affecte en profondeur les interfluves et entame le massif oriental. On y retrouve sans peine à la base la vieille clairière antique autour de Jublains, de ses « bons » terroirs et de son étoile routière. Le quart supérieur du secteur est moins touché et la pointe nord-est où les reliefs atteignent leur point culminant (417 m) est même dépourvue de mentions, mais la pénétration de ces massifs vallonnés plus ingrats n'en est pas moins clairement amorcée (Javron...). Dans la moitié ouest, sur la rive droite de la Mayenne, la densité est faible et suit d'autre règles. La pénétration est inachevée. Les mentions se cantonnent essentiellement aux abords des grandes rivières et, dans une moindre mesure, aux principaux axes routiers. Globalement, dans ce secteur, les interfluves sont peu touchées sauf dans le tiers nord-ouest où la pénétration du saltus est nettement ébauchée et ce dès l'Antiquité en raison notamment de l'existence d'un faisceau de routes axées vers l'Avranchin et la Bretagne. La limite la plus nette est celle qui longe l'Emée car à l'est, sur la rive droite, les évocations deviennent rarissimes. Mais que dissimulent ces nuages de points ?
14Les grands traits du dispositif sont fixés au moins dès les vie-viie siècles, époque où l'on note une concentration majeure dans le quart sud-est et des implantations nettement plus légères ailleurs. Indépendamment de l'héritage antique souvent impossible à déceler, cette première phase doit beaucoup aux impulsions royales soutenues puis relayées par le monde épiscopal et plus occasionnellement monastique. Face aux Bretons, les rois stimulent la pénétration de ce secteur stratégique par le biais de concessions dont bénéficient laïcs et ecclésiastiques au premier rang desquels figure l'Église du Mans dont le rôle devient prédominant, dès la fin au moins du vie siècle. Visées politiques, religieuses et économiques interfèrent dans la mise en œuvre et l'évolution de l'habitat. L'évangélisation précède, accompagne ou suit le mouvement en sorte que le secteur serait déjà muni d'une trentaine d'églises dont on ignore généralement le statut (paroissial ?) mais que l'on peut pour une bonne part considérer comme antérieures au ixe siècle. Le rôle de l'aristocratie laïque est difficile à cerner mais un texte comme le célèbre testament de l'évêque Bertrand (616) invite à ne pas le sous-estimer (actions des maires du palais...).
15Dans le quart sud-est, la relative abondance des mentions trahit l'importance initiale de l'assise fiscale puis l'ampleur et le dynamisme des actions épiscopales. Bertrand (586- 623) est le plus actif. Ce riche et grand prélat, cousin et fidèle du roi Clotaire Il, dispose à Jubiains et dans les environs de l'une de ses principales concentrations de biens au sein du Maine. L'essentiel provient de donations (familiales et royales), d'échanges et surtout d'achats. C'est un gestionnaire avisé et entreprenant qui accroît, regroupe et « améliore » son patrimoine et influe, ce faisant, sur l'habitat dispersé et semi-dispersé. Bien qu'externes au secteur, de rares mais précieuses évocations montrent qu'il est créateur en la matière. Il lui arrive de construire (au sens propre) des maisons et des villae mais aussi d'installer à demeure sur les terres qu'il vient de mettre (ou de remettre) en culture les mancipia qui sont chargés de les exploiter8 Les dépendants sont donc à l'occasion fixés en petites concentrations sur leurs lieux de travail C'est un facteur propre à accroître la dispersion mais aussi la mobilité de l'habitat : l'agriculture du haut Moyen Âge étant plutôt « extensive et itinérante ». L'évêque Hadouin († 650) est de moindre envergure mais il crée un puissant stimulant local sur le plan religieux et économique en fondant, en 643, un monastère à Évron, immédiatement au sud de la zone étudiée. En sorte que cette aire sud-est, manifestement bien humanisée, est à la fin du VIe et durant la première moitié du viie siècle un notable bastion franc, royal puis ecclésiastique, et une zone active où Jublains conserve un rôle majeur. La vieille clairière antique pourrait avoir été élargie mais on ne saurait le prouver. Au nord et à l'ouest, où landes et forêts gardent une bonne emprise, l'implantation demeure légère mais elle n'est pas uniquement confinée aux principales rivières et à leurs abords (favron, Céaucé...). Elle reflète l'essor érémitique des vie et début du viie siècles et les efforts engagés par divers établissements ecclésiastiques. Les ermites (Alvée, Emé...) trouvent ici l'une de leurs terres mancelles d'élection et leur action évangélisatrice entraîne la création au nord de cellae et de monastères (Céaucé...). Les autres sites relèvent de Saint-Denis, d'Évron et surtout du Mans (évêché et abbayes). Les pointes nord-ouest et nord-est du secteur sont démunies de mentions mais ce ne sont pas les seules zones dans ce cas de figure et l'on se gardera d'y conclure à une absence d'occupation significative même si cela suggère un moindre niveau d'activités.
16Facteurs politiques, religieux et économiques se conjuguent donc pour conférer au pays une certaine vitalité aux vie et surtout viie siècles et déterminent, selon nos sources, des zones différenciées tant pour ce qui est du dynamisme que du mode d'occupation. Le poids réel des antécédents échappe à l'analyse.
17Avec les viiie et ixe siècles, la mainmise austrasienne et l'intensification des raids, les interventions royales et épiscopales se multiplient tandis que quelques grands laïcs agissant de leur propre chef émergent, tel cet Egidius qui en 765 se signale par des donations à la grande abbaye ardennaise de Prüm.
18Au niveau cartographique, les permanences l'emportent Quantitativement, plus d'un tiers des noms se maintiennent ce qui indique, sinon des chevauchements de sites, du moins des recoupements territoriaux. Quant aux autres toponymes, ils se partagent de manière sensiblement égale entre les deux périodes mais étant donné les incertitudes documentaires on se gardera de conclure. Peut-on affiner l'observation ? Géographiquement, le quart sud-est garde la prépondérance et l'élargissement de la vieille clairière se confirme avec la première mention de la villa (royale ?) de Mayenne (v. 773/74-784). Ailleurs, les mêmes aires réapparaissent et les tendances se confirment À l'ouest, la multiplication des mentions est sensible aux abords de l'Ernée notamment tandis qu'au nord et au nord-ouest la pénétration affecte plus en profondeur les massifs vallonnés. Cette carte rend compte pour l'essentiel de la crise mancelle et des tentatives de redressement qui s'ensuivent et, mieux encore, des aléas de la mainmise pippinide et carolingienne dans un contexte que les pressions internes et externes aggravent. Le poids des facteurs et des contingences politiques devient essentiel dans la compréhension des mouvements socio-économiques de fond et des pulsions qui frappent l'habitat.
19Le temporel manceau est tout à la fois victime des agissements de certains prélats indignes (tel Gauzioléne † 771) qui le dilapident et des « sécularisations » — réelles ou supposées - de l'autorité publique. La nouvelle dynastie pour renforcer son emprise face aux clans rivaux et à la puissance épiscopale, rémunérer ses fidèles et accroître la surveillance et la défense de cette zone vitale de plus en plus menacée, multiplie les concessions en bénéfice en puisant dans les possessions fiscales et ecclésiastiques. L'Église locale — mais il est difficile de démêler le vrai du faux — est affectée en profondeur notamment dans le sud-est où son assise est forte (Trans...). Ces multiples et incessants transferts de biens, qui n'affectent pas que Le Mans, permettent d'identifier de nouveaux détenteurs monastiques (Marmoutier en Touraine, Prüm, Saint-Jean-Saint- Lezain d'Angers) et laïcs (vassi dominici). Quelques hauts palatins émergent, tel le comte Authulf, un vir illuster austrasien, que Charlemagne envoie en 786 à la tête d'une partie de son armée contre les Bretons et qui, en 818, détient des biens (res) dans la villa de Marcillé9 autrement dit au coeur de la vieille clairière de Jublains, ou encore ce comte Troannus qui, en 833, reçoit tout au nord la villa de Vetus Mansiones enlevée à Marmoutier. Deux grands acteurs manquent à l'appel : l'abbaye d'Évron, située immédiatement au sud du secteur, et les comtes du Maine. L'acte de restauration d'Évron, en 989, suggère que l'établissement est déjà bien doté dès ces hautes périodes dans le quart sud-est Quant aux comtes manceaux (Rorgonides...), on ignore ce qu'il en est de leurs possessions.
20La mainmise austrasienne avec son cortège de mutations foncières, de troubles et de réactions en tout genre, influe directement et indirectement sur l'habitat en stimulant, d'un côté, les phénomènes d'instabilité et d'abandon et en poussant de l'autre, aux développements et aux créations, le tout dans un contexte qui met en valeur l'importance de l'élevage dans le cadre d'une exploitation extensive de type aristocratique et suggère la mise en place de ferments propres à encourager l'essor de cette « paysannerie libre » sur lequel nombre de chercheurs insistent
21Les biens acquis ne sont en effet souvent aux yeux de leurs hauts détenteurs, tant laïcs qu'ecclésiastiques, que des possessions périphériques plus ou moins secondaires et annexes où ils ne sont pas appelés à résider durablement et dont ils n'ont de surcroît pas nécessairement la jouissance pour une longue durée. Les aristocrates laïcs y accomplissent éventuellement leurs missions de surveillance en sacrifiant aux plaisirs de la chasse mais sans doute en attendent-ils surtout pour nombre d'entre eux, sous une forme ou sous une autre, des revenus immédiats aisés à gérer et à engranger. Sur le court terme, cela peut occasionner des prélèvements et des actions brutales propres à perturber la vie locale et à accroître l'instabilité et la mobilité de l'habitat Telle est du moins, à l'échelle du Maine, l'opinion (outrée ou non) de nos rédacteurs qui insistent sur les « pillages », les « destructions » et les « désertions » que ces transferts entraînent10. L'encadrement, religieux et autre, fuit Les exploitations sont en partie « détruites » ou pour le moins désorganisées, ce qui revient au même. On devine la suite. Même si l'abandon n'est que temporaire, la reprise ne s'effectuera pas nécessairement au même endroit Nos habitats - que l'on sait légers, archéologiquement parlant- sont vulnérables. Sur le long terme, car tous ces dominants ne sont pas de brutaux prédateurs allogènes et certains s'engagent à faire fructifier les biens reçus (Trans), cela incite plus à encourager le développement des redevances et autres prélèvements qu'à promouvoir l'essor des corvées domaniales difficiles à mettre sur pied dans vin pareil contexte alors que les pressions externes s'intensifient et que la main d'œuvre des « libres » est loin d'abonder. En d'autres termes et comme parallèlement le sous peuplement affecte aussi les marcipia, il y a là des ferments propres à stimuler certains types de développements économiques. D'un côté, au sein de la réserve, cela incite à ne pas exagérer la part des coutures céréalières moyennement utiles et difficiles à gérer, que ce soit directement ou indirectement, et à donner une place insigne aux pâtures, prés et zones boisées11 - et par voie de conséquence à diverses activités et productions (élevage...). De l'autre, cela offre à ces paysans « libres » que l'élite ne cherche pas à enserrer dans un régime domanial pesant mais aussi aux mancipia (« libérés » ou non) un certain nombre d'opportunités (lotissements de la réserve, chasements). La formation du grand domaine carolingien classique souvent considérée comme propice à la concentration en villages groupés n'est assurément pas encouragée tout comme la production céréalière intensive à grande échelle, mais divers facteurs liés à des développements politiques, sociaux et économiques particuliers paraissent de nature à soutenir l'essor d'un habitat dispersé ou/et semi-dispersé tant dans les friches et la forêt que dans l'ager. Mais cela reste à prouver et dans la mesure où toute une frange de l'aristocratie, dans ses moyennes et basses sphères notamment, et la quasi totalité de la paysannerie échappent à l'analyse, on ne saurait prétendre faire le tour de la question.
22Un report au monde ecclésiastique contribue à étoffer et à préciser l'argumentation. On y retrouve des mécanismes un peu similaires mais avec des nuances. Les grands établissements monastiques extérieurs au Maine et dotés de biens dans le secteur n'attendent sans doute préférentiellement de ces terres lointaines ni « blés », ni pondéreux mais plutôt des produits de l'élevage et de l'exploitation du saltus (miel, cire, peaux, fromages...)... et dans une moindre mesure du vin, autrement dit pour l'essentiel des productions facilement transportables et de longue conservation. Mais la proximité de 'abbaye d'Évron, dont nos sources occultent par trop l'impact au sud-est, et la présence relativement proche du Mans invitent à ne pas minimiser le poids de l'agir et de ses productions vivrières en liaison avec l'activité des villae et des via — ou « villages de paysans libres » - qui relèvent de l'Église à laquelle ils fournissent dîmes et autres avantages.
23L'œuvre de redressement menée à l'échelle du Maine en réaction à la crise par l'évêque Aldric (832-856), un proche de Louis le Pieux, complète et précise l'information en mettant en exergue le poids déterminant des contingences politiques. Le prélat entreprend de restaurer le temporel et multiplie les actions incitatives dans le Nord-Mayenne. Il agit dans les vieux secteurs humanisés mais plus spectaculaire est son intervention dans les zones périphériques du nord et du nord-est, là où landes et forêts restent encore très présentes. Il défriche, crée des établissements dispersés à vocation pastorale et contribue à accroître fortement les troupeaux épiscopaux, chevalins notamment mais pas seulement La mesure est judicieuse. L'élevage est bien adapté à la situation. Pratiqué de manière extensive et peu exigeant en main-d'œuvre, il exploite au mieux les conditions naturelles et tout particulièrement la présence de ces vastes pâtis et de ces amples espaces boisés qui lui sont indispensables. L'activité en ces temps troublés et du fait de la mobilité du bétail a finalement plus de chance de parvenir à ses fins qu'un champ de céréales fixé à demeure et, surtout, elle répond aux besoins de la puissance publique. Les Carolingiens soutiennent l'œuvre d'Aldric car elle accroît leur assise au sein du Maine et approfondit la pénétration de ces confins mayennais menacés en y renforçant l'activité pastorale si importante dans un contexte militairement troublé, alors que les expéditions se multiplient et que le rôle de la cavalerie s'intensifie. Le Bas-Maine, placé au contact de la Marche (Rennes-Nantes) qui assure en première ligne la défense contre les Bretons, est une base arrière qui contribue à fournir aux armées royales montures, bêtes de trait et ravitaillement en tout genre (viande, foin...), tout en offrant avec son couvert végétal un relatif abri et de possibles renforts en hommes.
24L'aggravation de la conjoncture provoque au niveau de l'habitat un renversement de tendance avec une accélération des phénomènes d'instabilité et d'abandon et un resserrement géographique assorti d'une ébauche de restructuration.
25L'intensification des raids bretons puis nordiques entraîne la disparition de la Marche et la création, dès 851-863, d'une nouvelle frontière avec la Bretagne qui mord sur le Maine et confine ( ?) localement à l'Ernée. Le Nord-Mayenne se retrouve aux avant- postes. Les témoignages sont tares mais il est certain que les troubles et les destructions qui se multiplient frappent l'habitat, en périphérie notamment Le réseau monastique sombre mais la contrée démunie de grands pôles à piller et de rivières navigables est moins touchée que ses voisines et certains secteurs, tel le quart sud-est, y demeurent encore relativement épargnés. Deux diplômes de Charles le Chauve, en 871 et 873, suggèrent en effet que la zone clef de Jublains-Marcillé et ses abords reste sous le contrôle des Carolingiens. Elle conserve son encadrement économique et religieux traditionnel et bénéficie d'un regain d'intérêt de la puissance publique. C'est du moins ce que pourrait suggérer l'érection d'un sommaire castrum à Mayenne. La datation de l'ouvrage reste à confirmer mais disons qu'en l'état actuel de nos connaissances l'hypothèse s'accorde au mieux avec le contexte. La forteresse s'intègre dans la vague de créations castrales ordonnée à l'échelle du regnum par le roi Charles (Le Mans...). Placée à l'aplomb de la rivière, elle contrôle le grand axe qui conduit vers la Bretagne et l'Avranchin et permet de par son emplacement sinon de reprendre l'initiative face aux Bretons du moins de stabiliser une situation passablement critique. Localement, elle jette les prémisses d'un tournant majeur. D'un côté elle met fin à la politique du glacis et de la dilution retenue jusqu'alors en matière défensive ; une optique qui sans exclure l'existence de petites fortifications refuges occasionnelles — telle cette de Chailland attestée par l'archéologie — ne place pas ces dernières en fers de lance dans le dispositif. Et de l'autre elle consacre un ultime resserrement géographique sur le quart sud-est et amorce la relégation politico- administrative et militaire de Jublains. Un dernier acte signale, en 888, la présence du roi Eudes à Ernée, puis les sources écrites se tarissent La fin du IXe et le début du xe siècle consacrent et renforcent ces évolutions. Les raids cessent tandis que les Hugonides prennent de force le pouvoir comtal au sein du Maine et font de la forteresse de Mayenne, où ils érigent un bâtiment d'apparat, l'une de leurs principales bases d'action créant ainsi, sur le long terme, un phénomène majeur de polarisation propre à influer durablement sur la dynamique de l'habitat.
26Apports archéologiques et hagiotoponymiques recoupent grossièrement ce schéma cartographique en zones différenciées tout en suggérant que le quart nord-est et dans une moindre mesure l'ouest du secteur ne sont pas aussi sous-peuplés qu'il y paraît Ces terres qui ne sont pas aux mains de l'Église échappent aux textes, ce qui au niveau des impulsions motrices autorise toutes les hypothèses. Les données palynologiques confirment très ponctuellement, au nord et à l'est (cnes d'Hardanges, Lévaré, Melleray, Pré- en-Pail et Villepail), l'ancienneté de la pénétration des massifs reculés et l'ampleur de la tâche accomplie durant le haut Moyen Age en matière de défrichements et d'essor pastoral mais elles nuancent le propos. Le mouvement est souvent antérieur et certains des déboisements des vie-ixe siècles ne sont que des reconquêtes ; friches et bois s'étant redéployés au Bas-Empire.
27En bref, pour nos sources qui occultent bien des aspects, trois grands acteurs interfèrent, le roi, l'Église - essentiellement mancelle - et la haute aristocratie, le tout dans une âpre conjoncture qui donne aux contingences politiques tant internes qu'externes un poids déterminant même si les facteurs religieux, économiques et naturels influent à l'arrière-plan. C'est de ces interventions que naît cette carte chronologiquement et géographiquement modulée qui au final, chronologiquement, met en exergue le rôle majeur de la puissance publique (rois et comtes) et l'importance d'un tiers sud-est anciennement et continûment pénétré par opposition à des zones plus moyennement ou médiocrement concernées. La pénétration est encouragée et réelle pratiquement tout au long de la période mais, pour des raisons géopolitiques, la contrée n'en est pas moins soigneusement et durablement maintenue jusqu'au dernier quart du ixe siècle à l'état de glacis périphérique démuni de grand centre moteur fortement polarisant et structurant, et ce tant dans le domaine laïque qu'ecclésiastique. La zone n'est pour la royauté et pour nombre de ses hauts détenteurs qu'une zone de confins qui pour être relativement épargnée par les raids n'en est pas moins constamment menacée, ce qui est propice à l'essor de systèmes politiques et socio-économiques aux traits spécifiques. En sorte que s'il y a bien au niveau de l'habitat une double dynamique d'expansion et de création qui s'exprime - avec des hauts et des bas et sélectivement - jusqu'à l'épiscopat d'Aldric inclus et affecte tant l'ager que le saltus, il y a en parallèle une dynamique de rétraction et d'instabilité peu favorable au développement de gros rassemblements et propice aux resserrements territoriaux ainsi qu'à la mobilité et aux disparitions d'habitats.
28À ce premier processus de concentration limité dans le temps et dans l'espace et caractérisé par des développements au sein de zones géographiquement restreintes s'en joint un autre qui passe par la multiplication des pôles de dispersion au sein d'unités territoriales numériquement réduites. C'est du moins ce que suggère l'étude des formes d'habitat et d'exploitation qui se trouvent à l'arrière-plan.
Éléments typologiques et fonctionnels
29Les trois conditae - et vicariae pour les deux dernières au ixe siècle - de Céaucé (Ome), Javron et Jublains sont fragmentées en cellules de nature et de superficie variables, les vici et les villae, que séparent à l'occasion des zones dont on ignore le nom, le détenteur, l'état et le statut et qui, concrètement, se présentent comme des ensembles territoriaux englobant hommes, terres et structures bâties (principales, annexes et secondaires), incluses ou non dans des sous-ensembles (villulae, mansionilia, colonicae...).
Vici
30Avec une dizaine ( ?) de vici nommément désignés - le reste échappant à l'analyse12 — le Nord-Mayenne n'est pas un désert et le semis offre un minimum de régularité (Fig. 3). Chacun n'est en moyenne séparé de ses voisins que de 15 à 25 km, ce qui autorise un aller-retour en un ou deux jours. L'implantation tient compte des routes anciennes et dans une moindre mesure des principales rivières. Elle suit les grands axes de la colonisation du sol Certains de ces complexes, comme Jublains, ont d'indéniables et notoires racines antiques mais pour les autres, même si divers indices orientent vers une certaine ancienneté, il convient de rester prudent car l'époque est aussi créatrice de vicus (Évron).
31D'une manière générale, traditionnellement, les historiens voient dans ces vici des « villages [ou hameaux !] de paysans libres ». C'est un peu réducteur. Plusieurs niveaux de lecture interfèrent Statutairement et fonctionnellement, les vici sont de différents types, ce qui ne peut qu'engendrer des différenciations morphologiques. Céaucé, Javron et Jublain sont des centres majeurs13 Ils sont à la tête de deux ressorts territoriaux d'ampleur et de qualité inégales, celui relativement vaste de la condita-vicaria et celui plutôt réduit du vicus proprement dit, et sont comme tels en charge de fonctions différentes. En tant que chef- lieu de condita, ils assurent un rôle moteur au sein d'un espace qui englobe vici et villae et peut atteindre dans le cas de Jublains, par exemple, au moins 30 km de long. Ce sont des pôles relais de l'autorité publique et des centres moteurs aux fonctions politico-judiciaires, religieuses et économiques. Leur impact réel en tant que siège du tribunal du voyer nous échappe mais l'action « pilote » de Jublains est en filigrane avec la mention, en 616, d'un tribun sans doute doté comme ailleurs d'attributions judiciaires et militaires. Leur importance dans la diffusion et l'encadrement du christianisme est notable ; ils sont parmi les premiers établissements à être dotés d'églises (paroissiales et autres). Ce sont des marchés locaux dont le rôle économique est souligné à l'époque mérovingienne par le biais de témoignages monétaires (Javron, Jublains).
32Morphologiquement, de brèves évocations relatives aux lieux de culte suggèrent un réel développement Tous trois seraient pourvus d'un monastère et de une à deux églises mais les incertitudes documentaires sont telles que l'on reste souvent dans l'expectative. Ainsi en est-il, par exemple, pour Céaucé qui comporterait une basilique attribuée au légendaire évêque Julien, une abbaye fondée par l'ermite Erné et une église construite par l'évêque du Mans au début ixe siècle (acte douteux ?)14. Au niveau du bâti laïque, le seul élément descriptif concerne Jublains où l'évêque Bertrand bâtit une maison avec cour, dotée d'une étable et d'un jardin (domus (...) cum curte et stabulum et ortus), dans laquelle on reconnaît l'une de ces unités d'habitation et d'exploitation que les archéologues exhument dans les « villages » de ces hautes époques15.
33Cette fonction directrice microrégionale se double d'une fonction purement locale au sein du terroir environnant Le phénomène apparaît nettement dans le cas de Jublains. Le vicus Diablinticus est le chef-lieu de la condita mais il est aussi au cœur et à la tête d'un petit finage. L'ensemble est désigné une fois sous l'appellation oppidum et plus fréquemment sous la dénomination de vicus. C'est du moins ce que suggèrent deux passages des Actus. Le premier localise une colonica adjacente à la rivière de l'Aron dans l'oppidum de Jublains et le second situe la villa de Marcillé secus vicus Diablinticus, or aucun des deux complexes ne confine à la bourgade16. Le terme de vicus inclut donc le terroir environnant et le centre de peuplement majeur qui en assure la gestion. Ces ressorts adjacents sont à l'instar de ceux des villae composés de terres cultivées et non cultivées et pourvus à l'occasion de colomcae, villulae...17, ce qui renvoie entre autres, nous y reviendrons, à des types d'habitats dispersés dont la morphologie (écarts, hameaux...) et le degré de subordination varient par rapport au point central. Ces appendices peuvent être localisés dans une autre unité de gestion.
34Nos trois sites rejoignent par le biais de cette fonction de proximité une deuxième catégorie de vici en charge essentiellement des seuls terroirs environnants et, de ce fait, dotés d'un plus médiocre statut et sans doute aussi ( ?) d'une plus modeste assiette topographique. Les rares données écrites touchent essentiellement à leur importance religieuse. Ces établissements jouent un rôle notable dans la progression de la christianisation et plusieurs d'entre eux sont - à l'instar des précédents - considérés comme antérieurs à la création d'un édifice cultuel, ce qui suggère une certaine ancienneté (Placé, Vieuvy, Vimarcé...), mais il convient de rester prudent face aux lacunes textuelles. Quelques-uns pourraient être liés à des frappes monétaires (Lassay, Placé ?...). On manque de données mais ils semblent bien fonctionner indépendamment des villae. Ce n'est pas le cas d'une troisième et dernière catégorie de vicus qui, à la différence des précédents, ne sont ni dominants ni autonomes en la matière mais apparemment plutôt subordonnés. C'est du moins ce que suggère leur localisation in villa C'est le cas du vicus d'Évron de construction abbatiale qui est situé dans la villa des Roches18 et sans doute peut-on aussi inclure dans le groupe une partie des sites répertoriés à la fois comme vicus et comme villa (Vieuvy...), mais il ne faut pas négliger la possibilité de rapports inversés ni celle d'une évolution (Céaucé ?).
35On est donc globalement avec ces établissements confronté à un premier type d'habitats semi-dispersés en villages ou en hameaux, dotés d'une assise mono ou polynucléaire et d'un rôle plus ou moins structurant, et l'ensemble - suivant le type de vicus auquel on a affaire - peut prendre l'aspect d'un couple associant groupement et dispersion lorsqu'au pôle de rassemblement majeur (vicus) sont subordonnées des cellules d'habitat et d'exploitation (villulae, colonicae...), dont l'éloignement, le degré de dépendance, l'aspect et la fonction vart (structures annexes et/ou secondaires ?) (infra). De nos jours, ces toponymes coïncident avec des villages ou dans quelques cas avec de petites villes (Évron, Lassay...).
Villae
36À ce premier maillage s'en superpose un autre dont la répartition clairsemée épouse le schéma directeur d'ensemble, c'est celui des villae, autre cellule organisatrice du monde rural et de loin la plus importante ne serait-ce que numériquement parlant (env. 45 cas ; fig. 3). C'est à l'égal du vicus un pôle de rassemblement des hommes et un cadre d'action où le rôle moteur des dominants est primordial19. D'usuelles et classiques formules énumératives rendent compte de ses composantes domaniales foncières de base. La villa regroupe, dans des proportions indéterminables et au sein de districts plus ou moins biens délimités (ternini), terres cultivées et non cultivées (terres, près, pâturages, eaux dormantes et courantes, bois, vignes...). Qu'en est-il au niveau du bâti ?
37Diverses unités d'habitat et d'exploitation apparaissent au détour des textes. Domus et aedificia sont les termes les plus utilisés mais de rares évocations de casae et de mansiones, employées comme synonymes de domus, complètent l'information. Domus désigne la totalité de la cellule mais aussi simplement la demeure principale. Dans les énumérations d'ensemble, le terme est toujours employé au pluriel et souvent distingué d'aedificia ; il y a donc volontiers au sein des villae plusieurs domus et on différencie les édifices majeurs des édifices annexes et secondaires, si bien que l'on retrouve à l'arrière-plan tout à la fois ces unités mixtes résidentielles et agricoles mises au jour dans les fouilles et les complexes plus élaborés des grandes villae avec curies et curticulae aux fonctions différenciées (Annapes...), sans que l'on puisse écarter à la base la possibilité de maisons plus humblement conçues et se suffisant à elles-mêmes.
38Les domus ont vocation résidentielle et abritent les grands sur le court et le long terme mais les informations locales sont indirectes et ne concernent souvent que les villae en général. Les rois, les comtes, les évêques et divers autres grands personnages y séjournent occasionnellement. Charles le Chauve a sans doute fréquenté Mayenne (845 ?) et Eudes Ernée (888). En 784, l'évêque Mérole meurt dans sa villa de la Sainte Épine (Évron)20. Les autres domus sont utilisées durablement voire en permanence par l'élite locale des prions- principes et des judices. Rares sont les précisions morphologiques. Signalons en élargissant à l'ensemble du Maine la mention d'un solarium (étage)21. Cette vocation à assurer la résidence de l'élite se double d'une fonction économique et domestique d'où la mention d'aedificia. Le terme n'est localement pas documenté. Sans doute renvoie-t-il aux annexes agricoles et ancillaires (ateliers...) mais aussi aux logements de la familia et peut-être même à ceux des mancipia. La question qui se pose en effet est celle de l'habitat des dépendants. Il faut ici de nouveau élargir le propos. Certaines de ces demeures sont probablement installées à proximité, immédiate ou non, du centre domanial mais les sources indiquent que d'autres sont massées sur les lieux de travail Rappelons en effet que l'évêque Bertrand « stabilise » les mancipia sur les terres qu'il met ou remet en culture. On ignore qu'elle est l'appellation générique de ces groupements si tant est qu'il y en ait une, autre que locellum (vicus, villula... tout dépend sans doute du contexte), mais ce qui est certain c'est que l'on est avec ces petites ( ?) concentrations dans le cadre de l'habitat semi- dispersé (hameau/village).
39Diverses évocations d'églises, dont on ignore généralement le statut (paroissial ?), et de rares mentions de cellules monastiques parsèment nos sources mais sauf exceptions, comme dans le cas tardif (871) de la chapelle de Marcillé, le lien avec la villa n'est qu'implicite en sorte que l'on ne peut affirmer qu'il y a bien coïncidence - même si cela paraît plausible lorsque le site impliqué n'est connu que sous cette forme — et encore moins préciser dans quelle partie de l'unité l'édifice est susceptible d'avoir été implanté. Cet encadrement cultuel ne concernerait qu'un peu plus de 10 % des sites de villae mais on peut sensiblement quadrupler ce chiffre en intégrant les dédicaces anciennes.
40Cette première approche montre qu'il y a donc au sein des villae un ou plusieurs centres polarisants majeurs, laïques et éventuellement ecclésiastiques, et des noyaux satellites greffés ou non aux précédents. Les uns et les autres peuvent osciller et évoluer de la cellule isolée au village (mono ou polynucléaire) en passant par le hameau. On ne peut aller au-delà dans l'évocation. De nos jours, toponymiquement parlant, environ 35 à 40 % de ces entités dénommées villae correspondent à de simples écarts ou à des hameaux et trois d'entre elles à de petites villes (Emée, Mayenne, Villaines). Le reste coïncide avec des villages dont on ne saurait finalement dire quel est réellement l'élément fondateur (domus, église, noyaux secondaires ?) et ce d'autant plus que l'on ignore tout de leurs antécédents et que ces éléments de base ne suffisent pas à définir territorialement la villa.
Villulae, mansionilia et colonicae
41Les villae peuvent intégrer des sous-composantes telles que vici, villulae, colonicae, mansionilia... Les villulae sont des villae en miniature ; elles en reproduisent le schéma. Le mot a une double acceptation. Ce n'est parfois qu'un synonyme de villa employé à dessein pour souligner les maigres revenus du complexe en sorte qu'un même ensemble peut mériter tour à tour ces deux appellations au gré des circonstances (recompositions, fragmentations...) et des aléas de la conjoncture. C'est le cas, semble-t-il, de la plupart des villulae nommément désignées en Nord-Mayenne (Trans, Villaines...). Mais nombre de villulae anonymes font figure de noyaux satellites insérés dans ou hors des territoires des villae (et des vici). Leur création que l'on ne saurait situer dans le temps suggère la volonté d'intensifier la mise en valeur du sol et plus particulièrement celle de la réserve, le tout mené dans un cadre domanial assez traditionnel On ignore quelle forme y prend l'habitat L'emploi du diminutif oriente vers des structures de médiocre importance et le phénomène semble bien avoir pour corollaire la multiplication des « petits » centres d'habitat et d'exploitation (écarts/hameaux/villages !). Un exemple concret et tardif (xe siècle) du Haut-Maine indique que l'on peut y trouver une église22
42Le développement des colonicae et des mansionilia procède de la même intention et du même besoin mais le phénomène renvoie à des réalités spécifiques et à des espaces souvent plus nettement décentrés. Les évocations de colonges sont rares et essentiellement concentrées sur le viie siècle (Fig. 3). Cela est dû à la nature des sources et suggère un lien ( ?) avec l'action des grands évêques mérovingiens locaux. Les chercheurs y voient à l'occasion des unités de perception et surtout, concrètement des tenures concédées à des paysans « libres ». On considère volontiers qu'elles sont liées à des déboisements récents et à l'exploitation des terres périphériques. Ce lien avec les termini de la villa est suggéré pour le Haut Baugé23. Ailleurs on ne sait ce qu'il en est réellement mais la localisation des colorùcae du viie siècle (Aron...) suggère que, s'il y a bien eu exploitation des marges, ces dernières ne sont pas prioritairement celles des zones pionnières mais plutôt celles des secteurs d'anciennes implantations ecclésiastiques. Le devenir du phénomène à l'époque carolingienne nous échappe. Ces unités comportent des terres cultivées et incultes24 et des habitats dont on ne saurait préciser l'aspect (écart/hameau ?). Certaines ont pu localement au fil du temps, évoluer en villages structurés : c'est semble- t-il le cas d'Aron dotée d'une église à la dédicace ancienne (Saint-Martin). Les autres toponymes ne renvoient qu'à des écarts ou à des hameaux.
43Les mesnils (une vingtaine en tout ; fig. 3) sont localisés dans les villae mais ils sont démunis de dénomination propre ce qui suggère une implantation sur des sites relativement « neufs ». On cerne bien les modalités de leur création et leurs zones d'extension privilégiées. Ce sont des fermes dispersées à dominante pastorale, installées à la suite de défrichements sur les terres périphériques de la réserve. Ce sont surtout le nord (Céaucé, Chevaigné...) et dans une moindre mesure le sud-est qui sont concernés et l'implantation de ces structures dans le second quart du ixe siècle traduit les efforts menés par l'évêque Aldric pour accroître la pénétration du secteur et renforcer l'élevage. Ces écarts, parfois au nombre de trois au sein d'une même villa (Chevaigné), sont susceptibles de s'étoffer au fil des siècles — ainsi connaît-on dans le Haut-Maine au moins un exemple de mesnil doté d'une église25 - mais localement s'il l'on se réfère à la toponymie, faute de mieux, aucune de ces cellules ne correspond de nos jours à un village.
44Il manque un élément, le castrum, absent de nos textes et archéologiquement peu présent L'exemple de Mayenne qui est un castrum in villa dissocié du cœur de l'unité, suivant un schéma bien connu, n'est sans doute pas isolé mais on ne saurait le prouver (Le Moulay ?).
Villae et villages
45Ce bref panorama pour incomplet qu'il soit met en exergue l'aspect dispersé et semi- dispersé de l'habitat des villae et l'incapacité du chercheur à faire réellement la part, morphologiquement parlant et sauf exceptions (vici, mesnils ?), entre noyaux isolés et regroupements plus ou moins élémentaires (villages/hameaux). Mais à vrai dire dans une conjoncture fortement évolutive - et ce à tous points de vue - ces incertitudes importent modérément ; je rejoindrai ici la vision des clercs manceaux. Plus importantes sont, d'une part, les différenciations fonctionnelles et sociales qui se font jour à l'arrière-plan et différencient ces divers pôles en suggérant l'existence, dans des proportions et suivant des modalités qui restent à préciser, d'éléments distinctifs concrets plus ou moins polarisants et d'autre part, la mise en évidence avec la simple présence de ces diverses cellules internes et les créations attestées çà et là (mesnils, groupements de mancipia, pôles ecclésiastiques, vici...) d'un processus de concentration extensif au sein d'un certain nombre de villae. Ce phénomène de densification, dont l'ampleur est sans doute localement relativement limitée, est un prélude indispensable à la mise en œuvre des regroupements villageois des xie-xiiie siècles. Mais la question qui se pose alors lorsque l'évolution arrive à son terme, et indépendamment de la difficile question des antécédents, c'est de savoir quel est réellement l'élément fondateur du village : une domus à vocation de chef-lieu domanial (oui mais où et laquelle ?), une église (oui mais de quel type et dans quelle structure est-elle ?), un monastère, un vicus, une villula, une colonge, un castrum inconnu, un mesnil... ? Et l'on ne peut que se demander par la suite, à l'inverse, quels sont les mécanismes qui expliquent cette forte proportion de villae dépourvues, toponymiquement parlant, de descendance villageoise.
46Il reste une ultime interrogation. Peut-on voir dès le haut Moyen Âge dans ces villae des villages environnés de leurs terroirs ? En d'autres termes, y a-t-il malgré la dispersion et la faible extension de ces noyaux d'habitat et d'exploitation, le polycentrisme évolutif ambiant mais aussi l'enchevêtrement et la mobilité des dominations une conscience identitaire structurée ? Divers éléments font bien état de phénomènes identitaires et d'actions collectives mais il y aurait localement un risque à conclure systématiquement en ce sens ; la question mérite à l'évidence un approfondissement26.
*
47Nos sources ne livrent qu'une vue tronquée et orientée de la question, on ne saurait donc prétendre en faire le tour. Le Nord-Mayenne est assurément dès le haut Moyen Âge une terre d'élection de l'habitat dispersé et semi dispersé où l'élevage joue un rôle notable mais non exclusif dans un contexte économique qui laisse aux pâtures, aux landes et aux forêts une part non négligeable, sans pour autant occulter le rôle de l'ager. La pénétration y est encouragée mais elle reste modérée et surtout assez inégale. La contrée, dont la fonction frontalière stratégique ne cesse de se renforcer, est longtemps maintenue par la puissance publique mais aussi, à moindre échelle, par l'aristocratie laïque et ecclésiastique à l'état de glacis démuni de grands centres. Ces facteurs, joints à des conditions naturelles médiocres, contribuent à créer des systèmes politiques et socio-économiques particuliers. Ils engendrent une double dynamique d'expansion et de création d'habitats mais aussi, au fil du temps, de rétraction, de mobilité et de destruction. Il y a cependant bien un processus de concentration. Il s'opère au bénéfice de quelques secteurs et de certains noyaux « villageois » (vici et éventuellement villae). Mais le phénomène est aussi et surtout extensif et repose sur la multiplication de pôles dispersés et semi-dispersés au sein de ces entités territoriales que sont aussi les villae et dans une moindre mesure les vici. Ce phénomène primaire de concentration polynucléaire est un préalable indispensable à la création des villages groupés et structurés des xie-xiiie siècles. La question étant dès lors — et sous réserve d'antécédents antiques - de déterminer lequel (ou lesquels) des pôles du haut Moyen Âge a servi de ferment originel à la création villageoise.
48Le processus est-il détruit ou stoppé avec l'intensification des raids et les troubles consécutifs à l'installation brutale d'un nouveau rameau comtal ? Un report aux quelques textes de la seconde moitié du xe siècle invite à ne pas juger trop sévèrement la période car les rares évocations de sites suggèrent une « reprise soutenue » qui — même localisée — ne peut reposer que sur le maintien d'un certain nombre de structures. Mais le fait que 35 à 40 % environ des villae n'ait pas eu, toponymiquement parlant, de suite villageoise invite prudemment à prolonger la réflexion et à approfondir l'étude. Ce qui est certain c'est que la fin du ixe et le début du xe siècle apportent des données nouvelles avec la création sous l'égide royale et surtout comtale du castrum de Mayenne. La forteresse devient un levier essentiel aux yeux des Hugonides et elle introduit de ce fait, progressivement, un phénomène polarisant et structurant majeur propre à influer durablement sur la dynamique de l'habitat.
Notes de bas de page
1 J'abrégerai l'apparat critique en me permettant de renvoyer à Renoux, Annie, dir., La Ville et le château Je Mayenne au sein de la Baronne, LHAM, Université du Maine, DFS, SRA, Nantes, IV, 1998, p. 33-129 ;___, « Le vocabulaire du pouvoir à Mayenne et ses implications politiques et architecturales (viie-xiiie siècle) », Aux marches du palais. Qu'est-ce qu'un palais médiéval f Actes du VIIe Congrès internat. d'Archéologie médiévale, Le Mans-Mayenne, 1999, LHAM, Université du Maine, 2001, p. 247-271 ;-, « Pouvoirs, terroirs et territoires au nord-ouest du comté du Maine (vie xie siècle)», Congreso internacional, Homenaxe a Abel Bouhier, Université de Saint-Jacques de Compostelle, 2001, sous presse.
2 Lemaître, Ph., « Evêques et moines dans le Maine : ive-viiie siècle », La Christianisation des Pays entre Loire et Rhin (IVe-VIIe siècle), dir. P. Riché, rééd. Paris, 1993, p. 91-101.
3 Actus pontificum Cenomannis in urbe degentium, éd. G. Busson, A. Ledru, Arch. hist. du Maine, II, 1902 ; Gesta domni Aldrici Cenomannicae urbis episcopi a disctpulis suis, éd. R. charles et L. froger, Le Mans, 1889 ; M. weidemann, Das Testament des Bischofs Berthramm von Le Mans vom 27. Màrz 616, Mainz, 1986.
4 . Barbier, Delphine, Histoire de la végétation du Nord-Mayennais de la fin du Weicbselien à l'aube du xxie siècle. Mise en évidence d'un Tardiglaciaire armoricain. Interactions homme-milieu, Doctorat, Nantes, 1999.
5 Actus, p.19, 33, 36, 38, 145-147...
6 Ibid., p. 18-19,85,281,334...; Gesta, p. 55...
7 Actus, p. 3, 14, 279 (le rédacteur a oublié leurs noms I), 286... ; Gesta, p. 43 , 53...
8 Weidemann, M., Das Testament..., op. cit., p. 8, 18, 25,33, 34 (Maine et autres régions).
9 Schreibmüller, H., « Audulf. Der frühest bezeugte Graf im Taubergau », Mainfränkische Jahriuch für Geschichte und Kunst, 3,1951, p. 57 et 63.
10 Actus, p. 244-245,261, 264, 267, 272, 279,342... ; Gesta, p. 34...
11 Les vignes sont peu mentionnées.
12 Du fait des incertitudes toponymiques, on ignore le nombre de ces vici.
13 Le cas de Céaucé - à la fois vicus et villa (Actus, p. 292...) - est ambigu. Sans doute peut-on se conformer ici aux habitudes mancelles qui associent assez systématiquement vicus et chef-lieu de condita mais cela est incertain et on ne peut exclure une évolution (pagus de Muffa).
14 Ibid., p. 33, 36, 292. Jublains intègrerait une église dès saint Julien (p. 33, 36) et un monastère Saint-Martin (p. 40, 226, 284). Les attributions à l'évêque Julien (IV siècle ?) sont plus que sujettes à caution et, en ce qui concerne l'abbaye, l'ambiguïté des localisations in vico - infra - ne permet pas d'exclure la possibilité d'une insertion dans le finage du vicus et non dans le village. L'évocation dès 614 de la « Sainte Église » de Jublains ne laisse toutefois pas de doute sur l'ancienneté de la paroisse. L'archéologie y a révélé l'existence d'une précoce église et de multiples tombes.
15 Weidemann, M., Dos Testament.... op. cit., p. 47.
16 Ibid., p. 31,47-48.
17 Ibid, p. 47-48 ; Actus, p. 146 (Haut-Maine : reicolas et villulas in circuitu pruefati vici... sitas), 285 (vicus de Javron « avec tous ses appendices »)...
18 Actus, p. 155 et 159. La construction du monastère modifie le schéma directeur.
19 Ibid., p. 335-336 : les miraculés viennent des vicie t des villae (ixe siècle, Haut-Maine).
20 Ibid., p. 267.
21 Ibid., p. 142.
22 .Ibid., p. 354.
23 Ibid., p. 160 (... accolis cum omnibus intégro terminum).
24 Ibid., p. 139.
25 Gesta, p. 78.
26 Tout dépend de ce que l'on entend par village I On rejoindra ici les remarques exprimées par Daniel PlCHOT, Le Village éclaté. Habitat et société dans les campagnes del'Ouest an Moyen Age, PUR, Rennes, 2002.
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2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008