Chapitre II. La présence féminine dans les canards
p. 51-73
Texte intégral
1Débauchées et meurtrières, mais aussi martyres et saintes. Les versions du féminin présentées dans les canards sont partagées en deux. Mais cette division n’est pas équilibrée et les femmes qui se trouvent entre ces deux pôles sont peu significatives. Même si celles dites cruelles attirent le plus l’attention en raison de l’énormité de leurs méfaits, d’autres, aux côtés des plus ordinaires, apparaissent sous un meilleur jour.
2Les femmes citées dans les canards appartiennent à leur temps, mais on se doit d’insister sur le peu de crédit à apporter à la véracité de ces histoires, la plupart n’étant que le fruit de l’imagination des auteurs. Même quand l’arrêt judiciaire des cas confirmés est publié avec la narration, celle-ci joue un rôle essentiel dans la perception du personnage présenté qui ne peut être démêlé de la femme « réelle » de l’arrêt, dépourvue d’émotions et de motivations profondes. Le choix du contexte exploré par le canardier, ainsi que l’attribution de caractéristiques physiques, de rapports sociaux et d’affects spécifiques des protagonistes, tente en permanence de séduire le lecteur et de lui rendre sympathiques ou haïssables ces femmes construites presque de toutes pièces.
3En effet, les canardiers ne s’inspirent pas seulement des faits divers quotidiens. Le répertoire de la mythologie chrétienne et de la culture classique exploré à la Renaissance annoncent et expliquent les actions contemporaines dans de nombreux canards comme dans les Histoires tragiques. Les figures mythiques de Médée et Circé, de celles des amazones ainsi que la personnalité légendaire de Judith et de Susanne sont fréquemment évoquées, et leurs tragédies modèlent celles qui devraient être observées par les auteurs ou par les témoins auxquels ils se réfèrent. Le passé ne cesse d’être une référence constante éclairant les événements du présent.
4L’imagination du canardier joue ainsi un rôle essentiel dans la composition du féminin dans les textes et dans son appréhension, si bien que le concept de représentation devient incontournable pour l’analyse. Comprises comme une médiation entre le réel et l’imaginaire, les représentations impliquent de multiples significations de la réalité qui se fondent dans l’imaginaire. Cependant, celui-ci dépasse les images peuplant l’imagination individuelle et réunit l’ensemble des images générées par une société dans ses relations internes et externes ; il se nourrit des créations individuelles tout en les stimulant, puisqu’il s’agit d’une source universelle. Intermédiaire entre la mentalité et la réalité matérielle, l’imaginaire établit un pont dans cette relation symbiotique : il saisit les éléments du réel qui peuvent changer la mentalité dans la longue durée, et, par son entremise, il offre de nombreuses possibilités de lecture de la société1.
5Les possibilités plurielles de lecture s’associent intimement aux représentations. D’après les définitions de Furetière, Roger Chartier expose le concept de représentation sous l’Ancien Régime, à partir de deux notions apparemment antinomiques : la première n’est qu’une démarcation de l’absence, signalant la différence entre ce que c’est (ou ce que c’était) et ce qu’il représente, représentation et représenté ; l’autre fait référence à la manifestation publique d’une présence. Dans ce domaine, les images lient la représentation à la symbolisation, en établissant un rapport entre le signe et le signifié2. La « théâtralisation » donne alors une importance plus grande à ce qui est attribué et les représentations sont construites socialement autour d’un objectif commun3. Le terme lui-même porte ainsi un double sens : ce qui est représenté est perçu en son absence et en son interprétation, car quand un objet est réécrit, il est modifié, volontairement ou pas. De même, Louis Marin souligne l’effet de présence de la représentation face à l’absence4.
6Les représentations de la femme dans les canards comprennent par conséquent des possibilités distinctes d’assimilation au moment de leur publication, mais la polarisation sur les actions féminines indique des motivations précises, en dehors de la clé de lecture qui aspire à conduire aux comportements souhaités. Ainsi comme le proposent Arlette Farge et Cécile Dauphin, on doit se demander « à quel point les discours et les représentations fabriquent insidieusement à leur tour des effets de réel intériorisés par les acteurs5 ».
7Les individus de la première modernité recevaient continuellement des formules stéréotypées de comportement féminin (ainsi que masculin) à travers différents moyens, de la présence de la justice à la littérature de colportage6. Les canards y prennent part en diffusant des éléments d’ordre, quoique maintes fois subvertis sous le scandale d’une inversion des valeurs, afin de souligner les dangers encourus si l’on s’écarte du bon chemin. Mais avant d’analyser le désordre, il faut d’abord situer l’ensemble féminin dans les canards, surtout en comparaison avec son équivalent masculin et sous ses différentes facettes.
De la catégorisation de la présence féminine dans les canards
8Sur un total de 541 canards comptabilisés, la présence féminine est avérée dans 199 exemplaires, correspondant à 36,8 % du total. Ces chiffres ne sont pas quantité négligeable, surtout en considérant le grand nombre de canards dédiés aux phénomènes célestes (quatre-vingt-onze) et aux calamités (soixante-neuf), dans lesquels l’action humaine n’est généralement qu’une justification du châtiment divin. Le sujet n’étant alors pas l’acte individuel, mais une illustration des fautes collectives, les femmes ne sont donc presque jamais mentionnées (sauf dans un seul canard qui raconte une des inondations du faubourg Saint-Marcel à Paris et le secours des dames Cordelières7). C’est l’ensemble de textes faisant explicitement référence à des femmes qui sera analysé en profondeur.
9La présence féminine dans plus d’un tiers des canards n’est ni neutre, ni fortuite. Sur 199 narrations évoquant des femmes, cent trente rapportent des crimes ou des fautes. L’exposé des vices féminins dans les canards va au-delà des textes concernant spécifiquement des délits, bien que ceux-ci soient largement contributeurs de la description des défauts féminins. Sont vérifiés cent trois fautes ou crimes commis par des femmes dans cent vingt six canards narrant un méfait et comportant au moins une présence féminine ; dans les vingt-trois canards restants, les femmes apparaissent comme des victimes innocentes qui n’ont, en aucune manière, motivé le crime, ou encore comme des personnages inférieurs, ou des témoins silencieux. Ce taux élevé donne la mesure d’une représentation essentiellement négative du féminin, ainsi que celle de l’importance de son analyse pour appréhender les visions du monde sur la femme à cette époque.
10La répartition thématique peut être observée dans le tableau no 4 (voir page suivante) qui détaille l’action négative féminine par rapport au total de canards faisant allusion à au moins une femme, selon chaque catégorie.
11La mise en relief des actions féminines dans l’univers criminel est assez évidente, car les femmes ont considérablement plus de risques d’être les bourreaux que les victimes. Plus de 80 % des textes sur des crimes impliquant une femme les montrent défavorablement. Ce sont eux qui ont pérennisé dans l’univers écrit des histoires qui ont choqué la société, ou qui, au contraire, ont fourni matière à effrayer, amuser et éduquer. Des histoires d’amour et de trahison, de parricides et, surtout, de grossesses non désirées et honteuses – comme on le verra au chapitre suivant, les textes utilisent rarement le terme « recel de grossesse » –, d’infanticides, basées sur des cas réels ou fruit de l’imagination de l’auteur, ont couvert les pages de plusieurs canards et prévenu les lecteurs contre les ruses féminines.
12Dans les canards concernant l’univers religieux, le caractère négatif des femmes n’est pas aussi présent quantitativement que dans ceux qui rapportent des crimes. Un quart des canards relatant des miracles impliquant des femmes présente quelque faute de leur part. Elles apparaissent aussi dans quatre cas de blasphème, dans un des huit textes sur l’action démoniaque, dans neuf des quatorze canards concernant la sorcellerie, et dans la moitié de la catégorie générale sur d’autres sujets religieux (à savoir, la conversion d’une courtisane et une rencontre aux enfers du marquis et de la marquise d’Ancre). De plus, sur les quatorze canards évoquant des monstres qui citent au moins une femme, cinq les révèlent fautives d’une façon ou d’une autre ; la maternité de la créature en question est attribuée aux autres femmes, mais les narrations ne s’arrêtent pas à la figure maternelle.
13Néanmoins, en dépit de cette moindre quantité, les fautes ne sont pas moins atroces dans les canards touchant au religieux : certains miracles ont été réalisés pour corriger des actions féminines barbares inspirées par le diable, comme celle de la mère qui découpe son propre enfant en deux. La liaison de la femme avec le Mal y est notamment explorée, soit dans les textes concernant des sorcières et leurs maléfices, soit dans les narrations consacrées à l’influence démoniaque sur le comportement humain.
14Comparativement, dans l’ensemble de 178 canards qui prennent un crime pour sujet principal, quarante-quatre attribuent la culpabilité à des femmes, contre quatre-vingt-seize à des hommes, tandis que trente-huit impliquent les deux genres. La quantité de criminels dans les canards qui dépasse le double de narrations des crimes féminins pourrait indiquer une férocité masculine plutôt qu’une mise en relief des actions funestes dans l’univers féminin, comme suggéré a priori. Étant donné leur présence dans un nombre supérieur de récits, il est évident que les hommes commettent plus de crimes. Cependant, dans le cadre général, en comparant la présence féminine avec la criminalité – respectivement 199 et 130 –, 65 % rapportent des fautes dans l’ensemble de tous les canards comportant des femmes. La criminalité masculine n’est alors pas si surprenante.
15Mais plus que par les données quantitatives qu’ils fournissent, ce sont par les caractéristiques de leur narration que ces textes sont significatifs. Les distinctions entre les genres sont soulignées grâce à la façon dont ils les présentent et à la manière qu’ils ont de qualifier les actions féminines différemment des masculines et d’en tirer des jugements de valeur. C’est ce qui doit être analysé à partir de la comparaison des crimes selon le genre, avant de poursuivre avec l’analyse de la présence féminine pernicieuse dans les canards.
La différence des présences féminine et masculine par rapport aux crimes et aux fautes dans les canards
16Après un début hésitant, la narration de délits présente une croissance assez homogène, surtout pour les récits des crimes féminins. Les dernières années du XVIe siècle montrent une baisse générale des histoires, traduisant la faible production des canards durant cette période. Une des explications se trouve dans la conjoncture de crise vécue par le royaume au temps de la Ligue, avec le siège du principal centre d’impression. Au début du XVIIe siècle les occasionnels sont en franche expansion, les deux premières décennies signalent son acmé. Les publications relatives aux crimes masculins montrent deux pics : 1606, année qui ne présente pourtant pas de thème principal, et 1617, point maximal dans la narration des crimes féminins, reflété par le nombre élevé de canards dédiés à la chute du marquis et de la marquise d’Ancre. À partir de ce moment les canards criminels suivent le mouvement du marché, qui n’accorde plus autant d’intérêt aux occasionnels.
17De tous les crimes, c’est le meurtre, commis par des représentants des deux sexes, qui est le plus souvent évoqué dans les narrations. Les hommes sont responsables de cinquante assassinats dans les quatre-vingt-seize canards qui relatent exclusivement leurs crimes (soit 52 % de ce total), dont douze ont été commis sur un des parents (outre cinq textes sur le régicide commis par Ravaillac, le parricide porté à son expression majeure) et sept sur le conjoint. On trouve seulement un cas d’infanticide exécuté par le père, mais il est placé dans les canards contant des crimes mixtes. De plus, vingt-six canards montrent des crimes masculins perpétrés à l’encontre d’inconnus.
18De l’autre côté, les femmes ont commis des assassinats dans vingt-six des quarante-quatre canards qui racontent des crimes exclusivement féminins, soit dans presque 60 % des cas. Les meurtrières sont responsables d’infanticide dans quinze canards ; c’est le crime principal qui leur est attribué. En plus de leur enfant, d’après trois textes elles ont aussi tué leur conjoint ou amant. Par ailleurs, les compagnons apparaissent en tant que victimes dans six autres publications, tandis que c’est un des deux parents de la criminelle qui est concerné dans quatre autres. Dans un seul canard la victime n’a pas de rapport familial avec son exécutrice, ce qui constitue un élément important pour l’analyse du profil des criminelles dans les canards qui les distinguent démesurément de leurs homologues masculins.
19Du côté des hommes, le second crime le plus largement narré est le vol, avec des cas de charlatanisme, de banqueroute et de piraterie, rapportés dans un nombre significatif de vingt-trois textes. Le vol est ordinairement accompagné de violence, et reçoit une attention plus forte que pour les canards qui évoquent les crimes féminins. Les femmes seraient-elles peu enclines à ce délit en particulier, ou les canardiers auraient-ils particulièrement insisté sur des crimes plus sanglants ?
20En ce qui concerne l’univers des canards, la réponse semble relever de ces deux aspects. Les auteures de vol n’apparaissent que dans quatre cas : à la rubrique des crimes féminins, l’un de ces cas est d’ailleurs traité de manière facétieuse, sans que le canardier ne s’attarde même sur la punition8. Dans les crimes mixtes, on en trouve trois : un texte rapporte des vols et des assassinats commis par une famille entière, sous les directives de l’homme, chef de la maison9 ; l’autre raconte le vol et les assassinats commis par des coquillards10 ; tandis que le troisième narre le meurtre d’un marchand par une femme dans le but explicite de le voler, en comptant sur l’aide postérieure du mari pour se débarrasser du corps11.
21Le délit est ainsi peu développé dans les canards narrant des crimes féminins. Des quatre cas, seul un mentionne une action exclusivement féminine, alors que dans le second et dans le troisième les femmes agissent sous l’ordre et l’influence masculines et que dans le quatrième, la femme compte sur son mari pour l’aider à dissimuler son acte. On observe donc une distribution peu équilibrée des sujets selon les genres en fonction de la morale à extraire de chaque histoire.
22Ensuite, c’est le crime de lèse-majesté qui est le plus souvent attribué aux hommes : dans les dix-sept récits qui se concentrent sur les actions et la fin du maréchal d’Ancre, il n’est pas question de la participation de sa femme à ses méfaits. Par ailleurs, quatorze autres canards (de la catégorie des fautes féminines) dédiés à Léonora Galligaï parlent de « crimes » de façon générale, ainsi que de lèse-majesté, de l’ambition et de la sorcellerie pratiquée par la marquise, jugée surtout par les canardiers pour son orgueil démesuré.
23Le viol apparaît dans cinq des narrations consacrées aux crimes masculins, dont une qui rapporte un cas d’inceste et quatre qui dépeignent le meurtre de la victime après le viol. Il s’agit des cas où les gens sont les plus virulemment condamnés dans la rubrique des crimes masculins, les auteurs y faisant en outre l’éloge de la résistance des victimes. Des faits de faux témoignage ou fausse accusation sont exposés dans deux canards, tandis que deux autres montrent l’impuissance masculine, thème où les épouses sans descendance ont le beau rôle. Un canard traite de l’adultère et construit une narration plus humoristique que sérieuse sur la tromperie, un autre parle d’un cas de travestissement.
24Sur les quatre-vingt-seize canards relatant des crimes masculins, dix-neuf évoquent un crime motivé par une femme. Dans quatre narrations, variantes d’un même texte publié entre 1603 et 1620, la femme insiste pour demander le divorce en dépit du refus du mari, ce qui le pousse à l’extrême puisqu’il la tue12. Dans de nombreux canards, l’homme ne s’est pas retourné contre sa femme, mais elle est présentée comme responsable des actions du mari, lui ayant insufflé de l’ambition – c’est le cas du maréchal d’Ancre.
25Du côté féminin, les « crimes » de Galigaï relatés dans quatorze textes apparaissaient en deuxième position dans la quantification des fautes féminines, montrant ainsi les répercussions du cas. On attribue aussi à une jeune femme une histoire de travestissement, bien que ses actions soient justifiées par le narrateur. Les crimes commis par les femmes selon les canardiers sont ainsi très peu diversifiés. La peur des actions funestes féminines est répandue par ces textes, voués spécialement aux homicides et au caractère sombre de la marquise d’Ancre, dite « la Médée de la France13 ».
26La catégorie des crimes mixtes ne comprend pas seulement des crimes planifiés et exécutés en couple. Il s’agit plutôt de canards qui présentent des crimes commis en raison d’autres crimes, alternant les fautifs et incluant fréquemment la vengeance de l’un contre l’autre. Aux côtés de l’adultère on trouve l’homicide, le plus fréquent des cas (il est question de plusieurs meurtres dans un nombre raisonnable de canards). Au total, sur trente-huit récits de crimes mixtes, les femmes apparaissent comme meurtrières dans quatorze canards, dont un qui élabore un discours sympathique (la femme en question tue celui qui l’avait violée14). Les hommes sont les assassins dans treize autres canards, dont onze dans lesquels les femmes sont les cerveaux, ce qui montre leur influence sur les actions masculines.
27Dans dix textes, le désir de se marier avec l’amant apparaît comme la motivation au crime. En outre, l’infanticide apparaît dans six cas dans la rubrique des fautes mixtes, un commis par la mère, quatre par la tante et un par le père (l’unique cas de meurtre des enfants par son géniteur dans les canards) qui ordonne en plus le meurtre de son épouse adultère15. Un nombre expressif de neuf canards traite du crime de lèse-majesté ainsi que d’autres délits – comme l’ambition et l’intrigue, commis par un couple –, expressions multiples d’une même histoire racontée de différentes manières : avec les narrations placées dans les crimes masculins et féminins, ainsi que dans l’univers religieux, le cas du maréchal et de la marquise d’Ancre totalise quarante-deux canards. Il s’agit, sans doute, de l’affaire le plus largement reproduite par les canardiers aux XVIe et XVIIe siècles.
28Le contraste entre les crimes commis par des hommes et par des femmes selon les canards est donc manifeste dans le lien qui unit le coupable à la victime. Tandis que les femmes se rendent responsables de la mort d’une seule personne méconnue, les hommes assassinent vingt-six inconnus. En comparant avec les autres crimes imputés, la violence féminine se révèle être dirigée vers la préméditation et/ou l’exécution d’assassinats, spécialement d’êtres qui ont été aimés un jour, ou qui ont un lien de sang avec les criminelles.
29La préférence des canardiers pour les délits touchant la cellule familiale rapproche la littérature des rues française du modèle suivi dans le Saint Empire. Joy Wiltenburg, analysant la littérature des rues de l’Angleterre et de l’Allemagne entre 1550 et 1680, montre une préférence allemande pour les récits de crimes familiaux. Sur quarante-quatre rapports allemands de crimes avec une participation féminine ou de la famille, vingt montrent des assassinats multiples, alors que sur quatre-vingt-deux sources anglaises similaires seules sept se consacrent à ce sujet. L’attention de l’autre côté de la Manche est portée sur le couple ; seules deux sources anglaises racontent le meurtre de l’époux ou de l’épouse ainsi que de l’enfant par le conjoint16.
30Le récit du côté obscur du féminin montre toute l’attention que portent les canardiers aux détails, une préoccupation qui n’est pas entièrement accordée aux femmes innocentes. En effet, occupant une place moindre dans les canards, ces histoires ne cherchent pas à construire des personnages complexes et les présentent comme des victimes dans un nombre significatif de textes. Dans les autres, elles sont presque invisibles.
Les femmes non fautives
31Un peu plus d’un tiers des canards comportant une présence féminine montre des femmes sans relation avec l’univers criminel. Elles apparaissent dans soixante-neuf des 199 pièces analysées, en étant généralement décrites de manière assez vague, sauf rares exceptions, produits de plumes plus intéressées par les adversités. Elles sont présentes dans des textes concernant des fautes et crimes masculins, des calamités, des accidents, des animaux, des fantômes et des apparitions, des miracles, des actions démoniaques, de la sorcellerie, d’autres canards religieux et des monstres.
32Les femmes observées dans les canards traitant des délits masculins, qui n’ont pas été des complices ni n’ont exercé quelque influence que ce soit sur le comportement du criminel, sont en général des victimes, analysées prochainement. Celles qui ne le sont pas apparaissent comme les femmes des fautifs. C’est le cas de l’arrêt contre un loup-garou, qui n’évoque même pas la connaissance ou non des crimes par Apolline, l’épouse de la créature17. Les femmes innocentes sont encore présentes dans un arrêt reproduit à deux moments en faveur de Catherine Moreau, une épouse sans descendance qui obtient le divorce18 ; un texte qui traite d’une femme qui s’est mariée à l’assassin de son premier mari sans le savoir19 ; et un canard qui montre une jeune épouse dont le mari est mort le jour de leurs noces20.
33Chacune des catégories sur des calamités et des accidents ont un canard qui présente des femmes dans l’adversité. Dans le premier cas, il s’agit d’un texte relatant un déluge à Paris et les prières des dames Cordelières au moment de la catastrophe21, ce qui souligne une action positive féminine, quoique sur un plan abstrait. L’autre traite d’un accident à Tours touchant la reine Marie de Médicis22, lorsqu’elle a été sauvée par une partie de son entourage d’un écroulement – en réalité, il s’agit d’un éloge du courage du marquis de Rouillac et du Monsieur de Vignolles, en opposition au reste de la compagnie qui n’a pensé qu’à se sauver.
34Les canards traitant des monstres considèrent en général superficiellement la présence féminine, plus soucieux de la signification de la créature pour le futur de l’humanité et de sa description. Rien d’étrange donc à ce qu’il s’agisse des canards les plus illustrés (plus de la moitié d’entre eux portent au moins une gravure). Sur un total de vingt-cinq narrations sur le thème, quatorze mentionnent des femmes et neuf les libèrent de fautes ; dans la plupart, les textes se limitent à citer ou à nommer la mère. C’est le cas des canards racontant l’histoire d’un monstre né au Piedmont de la femme d’un docteur23, celle d’un monstre allemand24 et celle d’un monstre portugais25.
35Relaté dans deux textes, un cas en particulier décrit la femme – une sultane – qui a enfanté un monstre et qui a été tuée pour cela. En dépit de l’horreur causée par ce prodige annonçant la fin de l’empire turc, la femme n’est pas présentée comme coupable. Elle finit par être une victime, condamnée par le père de la créature, bien que cela n’émeuve pas le canardier26. On assiste aussi à des prodiges au royaume de France, comme la naissance d’un monstre à Mark, près de Calais, enfanté par une femme dont on connaît le nom, la situation de famille et les abus maritaux qu’elle endurait27. Selon les témoins signalés par le narrateur, il s’agirait aussi d’un signe avertissant de quelque malheur prochain.
36Classés dans l’univers du monstrueux, les enfantements extraordinaires montrent des créatures appartenant au sexe féminin dans trois textes illustrés sur des sœurs siamoises nées à Paris28. Mais ces prodiges ne sont pas liés à une spécificité féminine, ni même à une faute maternelle, puisque les canards évoquant des monstres proposent un autre discours, voué à admonester l’humanité pour ses péchés et à la prévenir de périls prochains.
37L’action du surnaturel est attestée dans la plupart des pièces concernant des femmes non fautives. Les douze cas portant sur des miracles où cette action est explicite montrent tous des femmes, soit comme bénéficiaires d’une faveur céleste, soit comme saintes attribuant des grâces. Un premier cas narre la délivrance d’une pèlerine et de ses compagnons29, un deuxième la guérison d’une femme par le Roi30. Un autre texte aborde la même thématique, mais son sujet central est un crime masculin ; une femme est sauvée d’une exécution injuste par miracle, avec la corde de la pendaison qui se rompt au dernier moment31.
38Dans les dix autres cas, il est question de l’intercession des saintes. La faible quantité de textes montrant l’expression majeure de la bonté féminine est surprenante, ce qui renforce le caractère sinistre du féminin exploré par les canardiers. La Vierge surgit dans une pièce révélant son opération prodigieuse sur un enfant mort et ressuscité32, et à sa statuette sont attribuées des actions miraculeuses33. Elle apparaît sous la forme de Notre Dame de Vassivière34, Notre Dame de Paris dans deux pièces35, et Notre Dame des Ardilliers dans trois narrations qui montrent des guérisons extraordinaires à des dates différentes, dont l’une avec la présence de la reine mère36, les autres se concentrant sur la guérison de deux femmes37. Seule Sainte Clotilde est citée comme une autre sainte intervenant dans une pièce38. Le dernier cas de miracle avec une présence féminine raconte l’apparition de stigmates sur le corps d’une religieuse39.
39Les canards portant sur l’action démoniaque, tout comme ceux traitant de la sorcellerie, opposent les femmes comme bourreaux et comme victimes. Les narrations concernant les fantômes et les esprits ne montrent pas de fautes féminines, la femme étant présentée comme victime en deux occasions. Dans les autres, on relate l’apparition de fantômes. Un texte, reproduit dans trois canards en 1609, 1623 et 1638, raconte l’histoire, avec les témoignages de plusieurs médecins et théologiens, d’un mari mort qui rend visite à son épouse pendant six mois en lui remémorant leur mariage heureux, jusqu’à ce qu’elle se remarie40. Dans un autre cas, c’est l’épouse qui revient du royaume des morts pour demander au mari de prier pour elle et de faire pénitence pour le salut de son âme. L’histoire sert de prétexte à discuter la possibilité de communication avec des esprits41.
40Dans les canards relatifs à d’autres sujets religieux, un chevalier abandonne sa foi pour se marier, mais la femme reste un personnage mineur dans l’histoire ; à la fin il est châtié par la providence céleste42. D’autre part, des religieuses ont le privilège de voir la manifestation du pouvoir divin pendant leurs prières43, de même que la reine, quoiqu’indirectement, lorsqu’elle reçoit un homme qui restait miraculeusement vivant sans manger ni boire44. Les deux côtés des femmes se révèlent dans ces textes : d’une part, ce qui hante l’imaginaire masculin et représente la tentation constante, responsable de la perdition, de l’autre ce qui est réservé aux saintes, aux religieuses ou à la version supérieure de la féminité incarnée par la mère du royaume45.
41La présence féminine dans les canards, même lorsqu’elle sort de la dichotomie criminelle ou victime, annonce une subtile distinction entre les femmes réelles et les « intouchables ». Les victimes sont souvent décrites en de meilleurs termes, bien que victimisées précisément par l’absence ou la faiblesse de la protection masculine, ou encore quand le masculin se montre pernicieux. Il s’agit d’une vision du féminin qui sera aussi reproduite dans les canards qui traitent des crimes commis par des femmes désespérées, souffrant de la famine qui touche leurs enfants.
42Cette face opprimée du féminin, grandement inexpressive quand il s’agit de femmes non fautives et qui ne se constituent pas en victimes, montre la différence entre celles qui doivent être protégées, le « sexe faible », et celles qui tourmentent l’univers masculin, donnant un mauvais exemple aux jeunes. Le thème se trouve réitéré dans de nombreuses narrations. La distinction dans l’imaginaire entre bonnes et mauvaises femmes gagne alors les canards, qui réservent tout de même un petit espace aux martyres.
Les femmes comme victimes
43Sur un total de soixante-huit canards évoquant des femmes non fautives, trente-quatre les montrent comme des victimes. Bien sûr on en trouve un plus grand nombre, mais les autres textes les présentent également coupables de quelque péché. Cette vision essentiellement réprobatrice sera analysée en profondeur dans les prochains chapitres. Les textes concernant les fautes et crimes masculins constituent les sources principales pour évoquer la femme victime : dans vingt des vingt-quatre canards dans lesquels les femmes n’ont commis aucune faute, elles sont victimes de violence. De plus, elles sont molestées dans six textes sur la sorcellerie, cinq sur l’action démoniaque, deux sur les fantômes et apparitions, et dans l’unique texte sur les animaux, à la frontière du monstrueux.
44Les canards qui racontent des crimes masculins montrent dans onze cas des agressions contre des femmes proches du malfaiteur : quatre contre la mère, deux contre l’épouse, trois contre la fiancée, un contre la fille et un contre la femme du maître. D’autre part, neuf canards relatent des délits commis contre des inconnues, ce qui renforce la différenciation entre les fautes commises par des hommes et celles pratiquées par des femmes concernant la proximité avec la victime.
45Les quatre canards au sujet de matricides sont le fait de deux textes réimprimés. Le premier concerne la pendaison et l’étranglement d’une mère par son fils en Savoie. Seuls quelques détails sont altérés dans la seconde pièce, publiée la même année46. L’autre texte, accompagné de l’arrêt, est reproduit intégralement et dénonce un cas attesté à Nogent-sur-Marne, d’un fils qui a tué sa mère et brûlé son corps47. Comme l’auteur de la première pièce le montre, ces récits ont avant tout valeur éducative, avec une formule finale exhortant à l’obéissance qui se rencontre dans presque tous les textes sur la même thématique :
« Voilà Messieurs et dames, qui doit servir d’exemple à une jeunesse desbauchee, lesquels ne se soucient que de jouer et desprendre prodigalement, les bien que leur pere et mere, avec peine et travail leur ont amassez, puis lors qu’on leur veut remonstrer pour leurs profits, ils tachent à faire des cas sinistres, qui les amenent à une fin miserable : Dieu par sa saincte grace les mette au droict chemin48. »
46Tournés contre des mères qui voulaient seulement que leurs fils restent sur le « droit chemin », les criminels des canards visent aussi leurs femmes. L’épouse est la victime par deux fois, la première ayant lieu à l’étranger, tandis que l’autre se déroule à Paris. Les titres annoncent l’horreur du crime commis par les maris : Discours de la cruauté commise en la cité de Catania49 et Meurtre Execrable arrivé aux Faulxbourgs St-Marcel lez Paris50. L’épouse est aussi la victime lorsqu’elle a couché avec l’apprenti de son mari sans le savoir, dans un canard qui explore l’aspect comique de la situation plutôt que le viol51.
47La fiancée est la cible dans trois autres textes, qui racontent le même crime52. L’un reprend entièrement l’histoire alors que l’autre change les noms des protagonistes et le lieu où le malheur s’est produit. Le crime a été motivé par le refus d’un mariage : la jeune fille, promise par son père, a été refusée par sa mère après la mort de ce dernier. Fiacre de Saint-Germain ou Philibert du Fosé, selon le nom attribué au jeune désespéré, tue l’ex-fiancée, affirmant ne pas pouvoir vivre sans l’objet de son affection. À la fin, il se repent avant d’être exécuté.
48Des femmes assassinées sans avoir commis de fautes sont aussi trouvées dans un canard qui conte le meurtre de toute une famille53, dans une histoire où des voleurs ont tué une veuve, sa servante et un enfant54, et dans quatre canards concernant des agressions sexuelles. Présentées comme des martyres, les femmes ont été tuées après le viol commis par des soldats, et le meurtre se révèle une manière de sublimer la honte pour les canardiers. Un cas se déroule en Espagne55 et trois textes évoquent le méfait d’un capitaine français qui finit par être exécuté à Paris56. Un autre canard relatant un viol fait aussi l’éloge de la victime, bien qu’elle soit devenue une meurtrière. La mort du violeur est cependant un crime justifié en raison de l’énormité de l’offense57, mais comme il se trouve dans la catégorie des crimes mixtes, il sera analysé ultérieurement.
49Deux des textes qui relatent des agressions sexuelles ne finissent pas par le meurtre de la victime. L’un provoque une grande consternation chez le narrateur, puisque l’agresseur viole sa propre fille. L’arrêt qui accompagne le canard indique qu’il s’agit d’un cas réel et que le criminel a été brûlé vif à Aix58. L’autre canard relate un curieux cas où un ours a enlevé une jeune fille et l’a violée pendant des années59.
50À la frontière entre l’animal et le monstrueux, on trouve dans deux canards le cas déjà cité du loup-garou qui présente plusieurs assassinats et qui donna lieu à un procès criminel. Suivis de cannibalisme, ces meurtres ont été commis sur des jeunes filles qui ne sont pas nommées60. Un texte parle d’un échec de viol, qui conduit un individu à persécuter sa victime et, à l’incriminer, en plus, du meurtre d’un enfant. Cette malheureuse n’a dû son salut qu’à l’intervention divine et à un témoin honnête61.
51L’action démoniaque est le principal thème de quinze pièces, dont sept montrent des femmes innocentes, victimes du Mal. Dans quatre canards il est question d’histoires de possession, où la femme, estimée honnête, est enfin délivrée62 (dont un cas après vingt ans de souffrance63). L’acte néfaste d’un incube est observé dans une seule pièce64, où la femme est victimisée sans avoir incité le démon à agir. Sur le même plan, un canard imprimé à deux reprises fait référence à un esprit qui perturbait une jeune fille parisienne65.
52Les canards traitant de la sorcellerie ne sont pas en nombre très significatif en ce qui concerne la relation du féminin avec les pratiques magiques. Ils évoquent des jeunes filles victimes de l’influence de Gaufridi dans quatre pièces. En plus des accusations de magie et de sorcellerie, il est accusé de séduction et du rapt de Madeleine de Mandouls, dite de La Palud, et de la séduction de Victoire de Courbier66.
53Dans ce domaine, on trouve encore un canard au sujet d’un enchanteur italien qui aurait rendu une jeune fille amoureuse d’un âne. Sa demande en mariage ayant été refusée par la demoiselle, l’enchanteur aurait alors cherché à se venger : il utilise des sortilèges pour lui faire pratiquer des actes contre nature, jusqu’à ce qu’elle soit surprise par son père ; à la fin le sorcier est condamné à mort tandis qu’elle se retrouve enfermée dans un couvent67. Le dernier cas de sorcellerie présentant des femmes-victimes rapporte un exemple beaucoup moins choquant, concernant un sort lancé à Châteaudun sur quelques-uns de ses habitants, sans préciser qui était le coupable ou qui étaient les demoiselles affectées68.
54Dans les canards, les victimes innocentes sont pour la plupart de jeunes célibataires vivant au domicile parental, de moyenne condition. Les délits sont en général multiples et ils comprennent des crimes sanglants (sur trente-quatre canards, dix-sept racontent le meurtre de la victime), crimes sexuels et crimes de caractère surnaturel. Les crimes sexuels incluent six descriptions de viol, dont l’un est aggravé par l’inceste et un second est attribué à un incube, une tentative de viol, un viol camouflé par un déguisement d’identité et pas traité comme tel, quatre cas de séduction et deux canards traitant de zoophilie. S’y ajoutent les crimes liés au surnaturel dans cinq textes qui traitent de la possession démoniaque, dont un avec relation sexuelle, deux textes sur la perturbation des esprits et six consacrés à la sorcellerie, dont cinq comportent des éléments sexuels.
55Le surnaturel agit effectivement dans quinze des trente-quatre pièces qui parlent de femmes non fautives devenues des victimes, suite à un pacte passé avec le diable ou à une possession, mais son influence va plus loin. Où il y a un crime, le Mal se manifeste, en poussant les gens à commettre le pire, comme l’« enfant possedé du diable », « possedé du malin esprit69 », qui a tué sa propre mère. Les canardiers établissent une relation indéniable entre la criminalité et la malignité, comme si la première n’était due qu’à l’influence démoniaque.
56Les actions masculines négatives sont donc décrites à travers une variété de crimes plus large que celle concernant des femmes, et ont, en général, le gain matériel ou le plaisir sexuel comme fin. Mais la présence féminine, comme il a été démontré, est considérablement peu expressive dans plusieurs de ces canards, à part quand elles sont devenues des victimes. C’est plutôt le côté sombre de la femme qui attire l’attention des canardiers.
Les fautives et criminelles en chiffres
57Sur un ensemble de cent trente canards qui évoquent des femmes fautives, comportant en plus des récits criminels, des textes sur l’univers religieux et sur les monstres, cent onze les montrent effectivement commettant un délit. Les dix-neuf autres canards racontent comment le comportement féminin incite les hommes au crime. C’est le cas déjà cité d’une femme qui insiste pour demander le divorce et de l’influence néfaste de la marquise d’Ancre sur son mari – quoique plusieurs autres textes la présentent autant comme une criminelle que le maréchal d’Ancre.
58Ces cent onze canards comptent cent vingt-cinq femmes inculpées d’au moins un crime. Malgré la profusion de détails concernant des crimes dans plusieurs narrations, toutes ne donnent pas de précisions sur les criminelles. L’âge est l’un des éléments les moins précisés par les canardiers : sur cent vingt-cinq femmes, trente-neuf ne reçoivent aucune mention d’âge. Des références à « jeune fille », « jeune femme », « jeune gentil-femme », « jeune damoiselle » sont trouvées dans vingt-quatre textes, tandis que dans neuf autres cas on peut conclure à un âge peu avancé.
59La jeunesse de la criminelle est précisée entre 14 et environ 21 ans dans dix-neuf cas. Un récit concerne une femme de 23 à 24 ans, un fait référence à une de 26 ans, un autre à une de 36 ans environ, deux canards racontent les actes d’une femme de 48 à 50 ans et un ceux d’une femme de 60 ans. Du côté des femmes matures, deux textes font référence à une « vieille sorcière ». Dans une large sélection de canards, bien que l’âge de la criminelle ne soit pas précisé, on peut le déduire car il s’agit du célèbre cas de Léonora Dori, dite Galligaï : vingt-six textes mentionnent la même femme d’à peu près 46 ans.
60Si l’on réduit l’univers de cent vingt-cinq femmes à cent, en raison des textes nombreux sur la marquise d’Ancre70, on observe alors un ensemble assez réduit de femmes matures, neuf au total, soit 9 %. Bien qu’une large partie des canards (39 %) n’offre pas de renseignement sur l’âge des fautives, cinquante-deux criminelles (soit 52 %) sont présentées comme jeunes ou ayant 21 ans au maximum. Comme les femmes victimes, la plupart des femmes criminelles sont jeunes, ce qui révèle une tendance chez les canardiers à se focaliser sur les drames de la jeunesse.
61Les canardiers portent plus d’attention au lieu où les événements se sont déroulés. Sur cent onze textes au sujet de crimes féminins, aucun n’oublie de le préciser. La France apparaît comme scène principale des tragédies, puis l’Italie, ce qui révèle l’influence des histoires tragiques de Bandello – surtout en considérant que la plupart des canards qui prennent l’Italie comme décor ont été imprimés entre les dernières décennies du XVIe siècle et la première du XVIIe siècle.
62L’action se passe en France dans quatre-vingt-cinq textes et à l’étranger dans vingt-six autres, dont quinze en Italie, cinq en Flandre, trois en Suisse, deux en Espagne et un en Savoie. La nationalité des femmes révèle peu de surprises par rapport au lieu des événements, avec seulement trois Espagnoles et deux Portugaises agissant en France. Mais cet élément sert à renforcer les marques distinctives des coupables. C’est le cas de « la magicienne étrangère71 » et d’« une femme qui se disoit portugaise, mais Juive de la profession72 ».
63En ce qui concerne la situation de famille, on compte trentecinq célibataires, soixante-treize mariées, cinq veuves (et douze autres femmes dont on ne connaît pas la condition). Cependant, pour ce qui est du nombre de femmes mariées, il s’agit encore une fois d’un chiffre trompeur, car vingt-six récits se réfèrent à Léonora Galigaï. Ainsi, le nombre de femmes mariées, quarante-huit, est peu supérieur à celui des célibataires, et pour la plupart il s’agit de jeunes épouses.
64Les épouses sont aussi mises en relief concernant leur rapport aux victimes. Elles sont les femmes de leurs proies dans vingt-six canards, chiffre peu supérieur à celui des mères qui ont tué ou essayé de tuer leurs enfants. Dans le cercle familial, le rapport avec la victime s’établit dix fois avec l’un des parents, cinq avec la sœur, quatre avec les neveux et deux fois avec la famille du mari défunt.
65Si les épouses, pour la plupart, prennent leur mari pour cible afin de vivre avec un autre homme, les amantes éconduites cherchent la vengeance dans huit cas, justement après avoir été abandonnées. Le violeur est attaqué par sa victime dans une pièce et par onze fois la femme est sa propre victime, en raison de sa lubricité ou de ses blasphèmes. La marquise d’Ancre est la sœur de lait de son jouet, la reine Marie de Médicis dans vingt-six pièces, et dans plusieurs textes sa victime devient la France. Les criminelles n’ont pas de rapport avec seize de leurs victimes, soit quand elles sont complices de sorcellerie ou de l’action démoniaque, soit dans les cas de vol suivis d’assassinat.
66Les crimes imputés aux femmes sont en général reliés à des pulsions : l’amour et la colère. De sorte que l’adultère et l’homicide marchent ensemble, ainsi que la furie tournée contre des pères plus intéressés par l’argent du fiancé que par la volonté de leurs filles. La faim et le déshonneur apparaissent comme les seules formes pour atténuer la gravité des crimes, et servent de modèle pour protéger sa famille. L’exemple est aussi donné avec la repentance des criminelles, que l’on peut observer dans cinquante-deux canards.
67Accusées d’adorer le diable et de pratiquer la sorcellerie, d’être blasphématrices et, plus largement, infanticides et meurtrières de ceux qu’elles devraient aimer, les femmes sont possédées par le Mal et cherchent à se venger. En opposition à la passivité de la plupart des victimes et à l’inexpressivité conférée aux femmes ordinaires, les criminelles des canards inversent les règles sociales et se font protagonistes de leur propre vie. Reste à savoir à quel point la pluralité de lectures va au-delà de l’observation des interdits prescrite par les canardiers et permet de voir l’inversion comme inspiratrice de l’action individuelle.
Les canards et l’inversion de l’ordre
68À propos du XIXe siècle, Cécile Dauphin présente une concentration des représentations féminines en deux pôles, « du côté de l’extraordinaire et de l’exception se range la femme violente et du côté de l’ordinaire et de la norme, la femme victime73 ». Les canards des XVIe et XVIIe siècles montrent une division semblable, même si les femmes « extraordinaires » ne sont pas si éloignées des ordinaires. Les angoisses et les tentations sont partagées, mais c’est surtout une certaine « nature » féminine qui inquiète les auteurs, attentifs aux mauvais exemples que les plus audacieuses pourraient donner. Les conseils d’obéissance sont alors réitérés dans des textes qui montrent le fantôme d’un contre-ordre, d’une inversion de valeurs, afin de mieux renforcer la punition.
69On peut même observer dans les canards les traces de la quête absolutiste d’un ordre fixe soutenu par le ciel, dont les réflexes devraient être étendus à toutes les sphères sociales. Consciemment ou non, les canardiers ont reproduit des modèles hiérarchisés de la cellule familiale, des relations entre pères et fils et entre les couples. Leurs textes assimilaient au langage quotidien des éléments de la culture classique et des préoccupations contemporaines concernant l’ordre au travers de drames individuels, et atteignaient un large public.
70Cependant, tout ordre porte l’aspect de son contraire, d’une autre option du réel rencontrée dans le champ de l’imaginaire. Ainsi, si ce qui est qualifié comme contraire au naturel – se nommant évident, éternel, établi, une chose dictée par les hommes et/ou leurs dieux à un moment lointain du passé – prend place dans la sphère publique (ou même dans l’intime), toute pensée qui se détourne de ses idées directrices représente, naturellement, une inversion.
71Dans sa marche disciplinaire et d’imposition de l’ordre, l’absolutisme a fini par engendrer l’envers d’une société idéalisée – dont l’imagerie du monde renversé explore les lieux communs – qui devrait être continuellement combattu, afin de renforcer le bon ordre social. Cependant, comme Robert Muchembled le souligne, il ne s’agit pas d’un projet conscient, mais d’une réponse aux résistances qui pourraient limiter l’action en faveur de la conformité sociale74. La résistance aux obligations religieuses et légales, observable dans la continuité des fêtes populaires après des interdictions continues, ou dans les « superstitions » liées au malchanceux paganisme, est marquée comme une révolte organisée contre l’ordre établi. Une société contraire aux valeurs chrétiennes et monarchiques est alors projetée dans l’imaginaire, identifiée avec la non-conformité, assimilée à l’inversion.
72Mais comme on pourra l’observer, les canards ne présentent pas seulement la résistance aux normes sociales. Ils montrent également la faute et sa punition. Et, plus important que la punition, le regret des criminelles. L’acmé de ces narrations se révèle quand la tentative de subvertir les conventions sociales est vue au dernier moment par les déviantes comme le pire des chemins. Leurs tragédies, enrobées dans la rhétorique de la faiblesse féminine, et la manière dont la cruauté des femmes était perçue, sont les thèmes des chapitres suivants, dédiés aux mères meurtrières, aux amoureuses abandonnées, aux épouses infidèles, aux filles ingrates et aux relations entre les femmes et le démoniaque. Plus que des relations de cas inusités, on se trouve face à des symptômes, à l’échelle domestique, de peurs engendrées par le féminin.
Notes de bas de page
1 Hilário Franco Jr, Cocanha : A História de um país imaginário, São Paulo, Cia. das Letras, 1998, p. 17.
2 Roger Chartier, « Le monde comme représentation », in Annales ESC, 44, n. 6, 1989, p. 1505-1520.
3 Roger Chartier, « Préface », in Norbert Elias, La Société de Cour, Paris, Flammarion, 1985, p. i-xxviii.
4 Louis Marin, Le Portrait du Roi, Paris, Les Éditions du Minuit, 1981, p. 9.
5 Cécile Dauphin, Arlette Farge (dir.), De la violence et des femmes, Paris, A. Michel, 1997, p. 13.
6 À ce propos voir notamment : Geneviève Bollème, Les Almanachs populaires aux XVIIe et XVIIIe siècles. Essai d’histoire sociale, Paris, Mouton & Co, 1969 ; Roger Chartier, Lectures et lecteurs dans la France d’Ancien Régime, Paris, Le Seuil, 1982 ; Robert Mandrou, De la Culture populaire aux 17e et 18e siècles : la Bibliothèque bleue de Troyes, Paris, Imago, 1999 ; Robert Muchembled, Culture populaire et culture des élites dans la France moderne (XVe-XVIIIe siècles), Paris, Flammarion, 1978.
7 Le désastre merveilleux et effroyable d’un deluge advenu es fauxbours S. Marcel, les Paris, le huictiesme d’Avril, 1579. avec le nombre des mors et blesses, et maisons abbatue par ladicte ravine. Ensemble un petit discours fait par les Dames des Cordelieres, et le moyen par lesquelles il se sont preservez de la grande ravine, Paris, J. Pinart, 1579 (BNF).
8 Histoire nouvelle et facetieuse, de la femme d’un Tailleur d’habits de la ville de Lyon, demeurant en la ruë des Esclaison prés des Terreaux, qui est accouchee d’une Monstre d’Horloge dans les prisons de Roanne, apres qu’elle a eu sonné en cinq fois vingt-cinq heures, Paris, jouxte la copie imprimée à Lyon, P. Ramier, d’après C. Harman, 1625 (BNF).
9 Discours au vray de la cruauté plus que barbare exercé par le capitaine la Noue, lequel tenoit logis entre Bayonne et Bourdeaux, et esgorgeoit miserablement les marchands qui y venoient loger, luy, sa femme, ses deux fils, et sa fille, et son valet : Avec leur prinse et lamentable deffaite à Bourdeaux, le 7 Juin 1610, Poitiers, jouxte la copie imprimée à Bourdeaux, P. La Fosse, 1610 ? (BNF).
10 Discours faict sur le terrible assassinat, commis à la maison d’un Gentilhomme de la Franche-comté, par des Coquilards, qui ont esté prins et bruslé tout ifs dans Dole, le cinquiesme jour de May, 1605, Lyon, s. n., 1605 (BNF).
11 Histoire prodigieuse advenue sur la personne d’un notable marchand, par la malice de la femme d’un faquin, en la ville de Venize, sous pretexte et intention d’avoir la bougette dudict marchand avec son argent, ensemble de ce qu’il advint du marchand, du faquin, & de la femme. Executée le 10. Mars 1610, Paris, A. Gaillard, 1610 (BNF).
12 Discours tres-veritable de deux meurtres et massacres merveilleux advenuz puis n’agueres en deux et divers mariages, Lengres, J. des Preys, 1603 (BNF) ; Discours d’un meurtre advenu en un chasteau apellé Grignon, aupres de sainct Malo de l’Isle, en Bretagne, s. l., Jouxte la copie imprimée à Saint Malo, s. n., 1606 (BNF) ; Discours d’un meurtre advenu en un chasteau apellé Grignon, aupres de Sainct Malo de l’Isle, en Bretagne, Paris, Suyvant la coppie imprimée à Sainct Malo de l’Isle, s. n. 1611 (BNF) ; Cruel et estrange massacre faict dedans le Chasteau de Broignon, pres de la ville de Dijon, en Bourgogne. Ensemble les estranges et épouvantables choses qui s’y sont passées, Paris, J. de Preys, 1620 (BNF).
13 La Medee de la France. Dépeinte en la personne de la Marquise d’Ancre, Paris, F. Bourriquant, 1617 (HAB) ; le même titre imprimé à Lyon, C. Pelletier, 1617 (BNF).
14 Discours merveilleux d’un Acte remarcable et deplorable advenu le seiziesme jour de Septembre dernier, mil cinq cens soixante et dixhuict, au village de Bescourt, chemin de Beauvais en Picardie, par l’effort luxurieux d’un Capitaine François, Verdun, P. Pedie, 1578 (BNF).
15 Histoire tragique, d’un gentil-homme Savoyard, qui ayant trouvé sa femme adultere, la fit tuer par ses deux enfans propres, avec une fille qu’elle avait eüe en son absence, et depuis tua luy mesme ses deux enfans : Au mois de Febvrier, mil six cens cinq. Historie autant veritable que pitoyable, Troyes, Jouxte la copie imprimée à Lyon, J. Oudot, 1605 (BNF).
16 Joy Wiltenburg, Disorderly Women and Female Power in the Street Literature of Early Modern England and Germany, Charlottesville, University Press of Virginia, 1992, p. 213-214.
17 Arrest de la Cour de Parlement de Dole, du dixhuictiesme jour de Janvier, 1574 contre Gilles Garnier, Lyonnois, pour avoir en forme de loup-garou devoré plusieurs enfans, et commis autres crimes, enrichy d’aucuns poincts recueillis de divers autheurs pour esclaircir la matiere de telle transformation, Sens, J. Savine, 1574 (BNF, HAB) ; Arrest memorable de la cour de Parlement de Dole, donné à l’encontre de Gilles Garnier, Lyonnois, lequel estant Ermite se maria, et n’ayant dequoy nourrir sa femme et ses enfans, entra en desespoir, parquoy le diable s’apparut à luy en forme d’homme, qui luy promit monts et merveilles, et entre autres choses de luy enseigner le moyen de devenir loup, Lyon ou Leopard, quand il voudroit, ce qu’il accepta…, s. l. n., 1583 (BNF).
18 Arrest notable donné au profit des Femmes contre l’impuissance des Maris, avec le plaidoyé et conclusion de Messieurs les gens du Roy, s. l. n., 1626 (Fournier) ; et le même titre, reproduit sans indication du lieu d’édition et de l’éditeur en 1644 (BNF).
19 Histoire véritable d’un serviteur qui tua son maistre et depuis espousa sa maistresse, avec laquelle ayant demeuré douze ans, fut miraculeusement descouvert par des perdris et beccasses qui rotissoyent. Exécuté en une ville de Provence en l’année 1609, Lyon, C. Chastellard, 1610 (BNF).
20 Discours de la pitoyable et tragicque mort du sieur de Brifaumont… lequel a esté estranglé en sa maison le jour de ses nopces par une estrange et diabolique invention de ses ennemis, le treziesme Octobre 1608…, Troyes, N. Oudot, 1608 (BM Amiens).
21 Le désastre merveilleux et effroyable d’un deluge advenu es fauxbours S. Marcel, les Paris…, op. cit.
22 L’estrange et veritable accident arrivé en la ville de Tours, ou la Royne courroit grand danger de sa vie, sans le marquis de Roüillac et Monsieur de Vignolles. Le Vendredy vingt-neufiesme Janvier 1616, Paris, G. Marette, 1616 (BNF).
23 Vray pourtraict, et sommaire description d’un horrible et merveilleux monstre, né a Cher, terre de Piemond, le 10. de Janvier 1578. A huit heures du soir, de la femme d’un docteur, avec sept cornes, celle qui pend jusques a la saincture et celle qui est autour du col sont de chair, Chambéry, F. Poumard, 1578 (BNF).
24 Discours prodigieux et veritable, D’un monstre né pres de Franc-Fort. Lequel a fait chose émerveillable le 27. de Juillet 1606, Paris, jouxte la copie imprimée à Frankfurt, s. n., 1606 (BNF).
25 La naissance d’un monstre ayant la face humaine, la teste et le reste du corps couvert d’une armure façon d’escailles. Né à Lisbonne ville capitalle de Portugal, le Lundy 10. Avril 1628. Et mort le 14. du mesme mois. Avec les noms du pere et de la mere. Traduict d’Espagnol en François, Paris, M. Mondiere, 1628 (BNF).
26 Discours espouventable et prodigieux, d’une Sultanne Turquesque, laquelle a faict un Monstre : sçavoir la teste d’Elephant, les bras et jusques au nombril en corps humain, et depuis le nombril en bas en forme d’un Bouc, lequel n’aquit le 27. Fevrier 1608. Avec la prognostication du grand Caliphe de Bandas, predisant la perte et ruyne de la pluspart de l’Empire Turquois, Nevers, sur la copie imprimée à Venise, s. n., d’après l’édition de J. Dandelot, (1608 ?) (BNF) ; le même titre imprimé à Lyon, pris sur la copie imprimée à Venise, s. n., d’après l’édition de S. Malavolta, (1608 ?) (BNF).
27 La Naissance dun monstre espouvantable. Engendré d’une belle et jeune femme, natifve de Mark, à deux lieuës de Calais, le vingt-troisiesme Fevrier 1649, Paris, La Veuve d’A. Coulon, 1649 (HAB).
28 Discours prodigieux de deux filles, nées à Paris le 17. Janvier 1605. Lesquelles s’entretenoient par le ventre inferieur, ayant deux testes, quatre yeux, quatre bras, quatre jambes et deux natures, Paris, F. Bourriquant, (1605 ?) (BNF) ; Discours sur les jumelles joinctes, qui sont nees à Paris, le dixhuictieme Janvier 1605 en la ruë de la Bucherie, pres la place Maubert. Avec les causes et les Presages de tels enfantemens prodigieux, Paris, P. Vitray et H. Blanvilain, 1605 (BNF) ; Portraict estrange de deux Filles tirees au vif, avec une brieve description des parties exterieures et interieures, comme elles se sont trouvees en la dissection qui s’en est faicte aux ecoles de Medecine à Paris, ce 17. Janvier. 1605, Paris, J. Le Clerc, 1605 (BNF).
29 Miraculeuse delivrance de deux Pelerins et une pelerine, prins par des bannis dans le bois de l’Orosca : et le Miracle qui fut fait à l’intercession de Monsieur S. Jaques à un de ses Pelerins, lequel avoit la main, coupee et luy fut miraculeusement remise le 7. Fevrier, 1609, presents le potestat de Piombini et le prieur de l’ordre Sainct François…, Lyon, C. Chicot, 1609 (BNF).
30 Les actions miraculeuses du Roy. Sur ce que sa Majesté fut conservée par son bon Ange du poison que ses ennemis avoient fait mettre au pied d’une Croix, qu’ils croyaient que sadite Majesté iroit baiser. Avec la guerison d’une Damoiselle, qui avait perdu la veuë par les escroüelles, touchée par sa Majesté, fut guerie, Saumur, jouxte la copie imprimée à Poitiers, A. Mounin, 1629 (BNF).
31 Discours veritable de la miraculeuse delivrance d’une fille de chambre, condamnée à la mort, laquelle avoit esté faussement accusée d’un homicide par un qui luy vouloit ravir son honneur. Avec la punition exemplaire qui fut faicte de l’accusateur le 15. Juin 1606. à S. Didier proche de Nancy en l’Orrayne, Aix, C. Rore, 1606 (BNF).
32 Miracle advenu en la ville de Lyon, en la personne d’un jeune enfant lequel ayant esté mort vingt quatre heures est ressuscité, par l’intercession de la Sacrée Vierge. Avec le Veu Priere et Oraison faicte par son Pere et sa Mere, Paris, Jouxte la copie imprimée à Lyon, s. n., 1619 (BNF).
33 Histoire miraculeuse d’une figure de la Vierge, Mère de Dieu, et des admirables effets d’icelle, nouvellement trouvée dans la forest de Banelle, près la ville de Riom en Auvergne, ensemble le procez d’entre Monseigneur l’evesque de Clermont et le Curé de Banelle, avec la teneur de l’Arrest de la Cour du Parlement de Paris du 19 Mars 1637, intervenu en ce subject, Paris, C. Morlot, 1637 (BNF).
34 Recit veritable de quelques nouveaux Miracles de N. Dame de Vacciviere, envoyez de divers endroicts à Lyon, au P. Michel Coyssard, de la Compagnie de Jesus. L’an 1616. et 1617…, s. l. n., ca. 1617 (BNF).
35 Recit veritable du miracle arrivé en l’eglise de Paris le jour de l’Assomption notre Dame, cette année 1630. Confirmé par les Enquestes et Informations faictes sur iceluy…, Paris, F. Julliot, 1630 ? (BNF) ; et le même titre, par le même imprimeur, ca. 1631 (BNF).
36 Les miracles arrivez a la presence de la royne mere du Roy. En la chapelle de Nostre Dame des Ardilliers, le 5. Octobre dernier. Avec le Proces verbal de Monsieur le Seneschal de Saumur des Attestations de plusieurs Personnes, qui ont esté present ausdits Miracles, Paris, Jouxte la copie imprimée à Saumur, R. Hernault, 1619 (BNF).
37 Procez verbal du miracle tres-veritable arrivé à Saumur le neufiesme jour de Septembre mil six cens vingt. En la personne d’une femme paralytique de la Ville d’Orleans : qui a receu parfaite guerison, apres s’estre confessee et avoir receu la S. Communion, en la Chapelle de Nostre-Dame des Ardilliers, suivant le voeu qu’elle en avoit fait, Paris, jouxte la copie imprimée à Saumur, D. Langlois, 1620 (BNF) ; Recit veritable d’un signale miracle fait en la chapelle de Nostre-Dame-des-Ardilliers-lez-Saumur, en la personne de Marguerite Loyseau, au mois de Mai de la presente année 1626. Ensemble trois autres miracles advenus sur mer, en suite des voeux faits de venir audit lieu des Ardilliers, Saumur, R. Hernault, 1626 ? (BNF).
38 Miracle advenu a Andely. La veille de la Pentecoste derniere, le second jour du mois de Juin, mil six cens dix-huict : Par l’intercession de sainct Clotilde Reyne de France, femme de Clovis…, Rouen, N. Le Prevost, 1618 ? (BNF).
39 La vierge stigmatisée. Miracle nouvellement veu et appreuve à Lisbone en Portugal, à une tres-devote Religieuse de l’ordre de S. Dominique. Comme Jesuchrist nostre Seigneur, souventefois s’est apparu à elle, et luy à donné ces cinq playes et stigmates qu’il receut à la Croix. Discours tres proffitable à tous amateurs des graces de la vie Contemplative, dressé sur la relation des Peres dudit ordre cy derrier nommez, envoyée de Lisbone, Lyon, A la Biblie d’or, 1586 (BNF).
40 Histoire admirable, nouvellement advenue en la ville de Thoulouse, d’un Gentilhomme, qui s’est apparu par plusieurs fois à sa femme, deux ans après sa mort. Premierement en forme naturelle : puis en forme d’un corps mort, ayant esté recognu de plusieurs personnes, tant Docteurs, Conseillers, que Medecins et autres, Paris, J. Le Roy, 1609 (BNF) ; le même titre reproduit à Paris, S. Lescuyer, 1623 (BM Toulouse) ; et Relation veritable et miraculeuse, nouvellement adnevuë en la ville de Thoulouse, d’un Gentil-homme qui s’est apparu par plusieurs fois à sa femme, deux ans apres sa mort. Premierement en forme naturelle, puis en forme d’un corps mort, ayant esté recognu de plusieurs personnes, tant Docteurs, que Medecins, et autres personnes de qualité, s. l., Jouxte la coppie imprimée à Thoulouse, J. Coulommiers, 1638 (BNF).
41 Histoire remarquable d’une femme décédée depuis cinq ans en ça, laquelle est revenue trouver son mari et parler à lui aux fauxbourgs S.-Marcel-lez-Paris, le mardi 11 décembre 1618, Paris, N. Alexandre, 1618 (BNF).
42 Histoire la plus horrible et espovantable de nostre temps, D’un chevalier de Malthe, quittant sa Croix pour se marier, et le sinistre evenement qui s’en est ensuivi, Dans la ville de Thou en Lorraine le 8. Avril 1618, Vienne, J. Poyet, 1618 (BNF).
43 Les effects admirables de la puissance Divine, Arrivez au Monastere des Religieuses de Faremonstier en Brie, en la descente de la Chasse de saincte Fare, durant les prieres de Quarante heures, Les deux, trois, et quatriesme jours d’Aoust dernier, Paris, F. Bourriquant, 1622 (BNF).
44 Histoire prodigieuse et admirable d’un homme Provençal de nation, presenté à la Royne Mere du Roy, estant au Chasteau de Blois, Lequel homme ne boit ny ne mange : et ne laisse de parler et cheminer. Chose approuvee et verifiee par plusieurs notables personnes, Paris, A. Saugrain, 1618 (BNF) ; le même titre d’après la copie parisienne imprimée à Lyon, C. Morillon, 1618 (BNF).
45 Une construction théorique évidemment, puisque l’on peut observer l’exception notable de Catherine de Médicis, sur qui des rumeurs à propos d’un talent pour l’empoisonnement circulaient librement. Elle était suspecte d’empoisonner le dauphin François et la reine de Navarre, au-delà, bien sûr, du massacre de la Saint Barthélemy. La reine mère était plutôt assimilée à une figure de marâtre. Discours Merveilleux De la Vie Actions et Deportements de Catherine de Medicis Royne Mere ; Declarant tous les moyens qu´elle a tenus pour usurper le Gouvernement do Royaume de France & ruiner l´estat d´iceluy, Paris, s. n., 1649 (BNF).
46 Discours de l’exécrable forfait commis par un garson de la ville de Rumilly en Savoye, lequel a miserablement pendu et estranglé sa propre Mere. Ensemble l’execution qui en a esté faicte a Chambery le XX jour de May, l’an 1606, Chambery, P. Pomart, 1606 ? (BNF) ; Discours Veritable de l’Execrable Cruauté commise par un enfant de Remilly en Savoye, lequel a miserablement pendu et estranglé sa propre mere. Ensemble la punition qui en a esté faite, le Samedy 19. Aoust 1606, s. l., Suivant la copie imprimée à Toulouse, P. de Chanteneufve, 1606 (HAB).
47 Histoire prodigieuse et pitoyable d’un jeune homme qui tué et bruslé sa propre mère. Au village de Nogent sur Marne Près Paris. Avec la punition qui en a esté faicte. Ensemble l’Arrest de la Cour de Parlement, Paris, N. Rousset, 1611 (BNF) ; le même titre imprimé à Lyon, J. Poyet, 1611 (BNF).
48 Discours de l’exécrable forfait commis par un garson de la ville de Rumilly en Savoye…, op. cit., p. 8.
49 Discours de la cruauté commise en la cité de Catania par le Comte Alfonso Ferrone sur son épouse, s. l. n., 1610 (BM Auxerre).
50 Meurtre Execrable arrivé aux Faulxbourgs St-Marcel lez Paris, en la ruë de l’Orsene. Commis par Thomas Gandon Bonnetier, en la personne de sa femme, le jour Sainct Martin dernier, Paris, N. Alexandre, 1615 (BNF).
51 La Tromperie faicte à un Marchand par son Apprenty, lequel coucha avec sa femme, qui avoit peur de nuict, et de ce qui en advint ; avec le testament du Martyr amoureux, Paris, F. Du Chesne et A. Rousset, ca. 1610 (BNF).
52 Discours tres-veritable de ce qui s’est passé en la ville de Molins en Bourbonnois, le huictiesme jour de fevrier 1606. entre Fiacre de sainct Germain et Marie Barbotain, qui luy avoit esté promise en mariage. Lequel de sainct Germain a esté exécuté en ladicte ville de Molins le dixiesme jour de Fevrier 1606. pour l’assassinat par luy commis à la personne de ladicte Barbotain, comme il se pourra veoir par le present discours. Par M. Aubert, Molinois, Lyon, N. Serpolet et B. Farge, 1606 ? (BNF) ; Discours Veritable sur les infortunées et tragiques amours de Fiacre de sainct Germain, et Marie Barbotain : Histoire arrivée en la Ville de Molins en Bourbonnois Le huitiesme jour de Febvrier Mil six cens six. Par M. Aubert, Molinois, Orleans, suivant la copie Imprimée à Moulins, S. Hotot, 1606 (HAB) ; Discours tres-veritable de ce qui s’est passé en la ville d’Aix-en-Provence, le huictiesme jour de Juin 1612. Entre Philibert du Focé et Perrette de Bon qui lui avoit esté promise en mariage. Lequel du Focé a esté exécuté en ladite ville d’Aix le seiziesme jour de Juin 1612, pour l’assassinat par luy commis à la personne de ladite de Bon, comme il se pourra voir par le present discours. Par M. Vincent, d’Aix, Meleun, P. de Face, 1612 (BNF).
53 Cruel assassinat commis en la personne de Monsieur le Marquis de La Maconniere, de sa femme et famille. Par des gens masquez et inconnus, en leur Chasteau de Boiscourt au bas Poictou. Le premier Dimanche de Caresme 1622. Ensemble la punition qui a esté faicte des Meurtriers, par la populace du pays. Le tout extraict du proces verbal faict par les Juges des lieux, Paris, suivant la copie imprimée à Poitiers, s. n., 1622 (BNF).
54 Cruauté plus que barbare du massacre commis en la ville de Mets, és personnes de Mangeon vefve de feu André Crepinet, Magdeleine sa servante, et d’un enfant âgé de trois ans. Ensemble la punition qu’a esté faite en la personne du meurtrier, Paris, jouxte la copie imprimée au Pont-à-Mousson, s. n., 1610 (BNF).
55 Cruauté plus que barbare et inhumaine de trois soldats Espagnols, contre une jeune Damoiselle Flamande, lesquels apres luy avoir ravi par force le thresor de sa virginité, luy firent violemment sentir la mort. Ensemble la juste punition de ces ravisseurs meurtriers en face de l’armee, le 6 avril 1606, Lyon, J. Gautherin, 1606 ? (BNF).
56 Deux éditions différentes de Exemplaire punition du violement et assassinat commis par François de La Motte, lieutenant du sieur de Montestruc, en la garnison de Mets en Lorraine, à la fille d’un bourgeois de ladite ville : et exécuté à Paris le 5. Decembre 1607, s. l. n., 1607 (BNF) ; Punition du Violement et Assassinat commis par François de La Motte […] lieutenant du sieur de Montestruc, en la garnison de Metz en Lorraine, à la fille d’un bourgeois de ladite ville, s. l. n., 1607 (BM Aix).
57 Discours merveilleux d’un Acte remarcable et deplorable…, op. cit.
58 Discours véritable de Toussainct Letra, lequel a esté bruslé tout vif dans la ville d’Aix, le 26. d’Aoust dernier, pour avoir violé sa propre fille. Avec les procedures et Arrest de la Cour, Paris, jouxte la copie imprimée à Lyon, N. Rousset, d’après F. Yurard, 1619 (BNF).
59 Le discours effroyable, D’une fille enlevée, violée et tenuë plus de trois ans par un Ours dans sa caverne Avec une missive sur le mesme subject, Paris, jouxte la copie imprimée à Lyon, s. n., 1605 (BNF).
60 Arrest de la Cour de Parlement de Dole, du dixhuictiesme jour de Janvier, 1574 contre Gilles Garnier…, op. cit. ; et Arrest memorable de la cour de Parlement de Dole, donné à l’encontre de Gilles Garnier…, op. cit.
61 Discours veritable de la miraculeuse delivrance d’une fille de chambre, condamnée à la mort…, op. cit.
62 Histoire merveilleuse advenue au pais de Caux, en la ville de Dieppe, d’une femme, laquelle estant tourmentée et possédée du Dyable par un long temps, et comme elle a recouvert santé et ledict Diable chassé de son corps, ainsi que pourrez veoir cy apres, Paris, M. Martin, ca. 1580 (BNF) ; Conjurations faites à un demon possedant le corps d’une grande Dame. Ensemble les estranges responses par luy faites aux saincts Exorcismes en la Chappelle de nostre Dame de la Guarison, au Diocese d’Auche, le 19. Novembre, 1618. et jours suivans. Suivant l’attestation de plusieurs personnes dignes de Foy, Lyon, C. Chastellard, 1619 (BNF) ; le même titre imprimé à Paris, I. Mesnier, 1619 (BNF).
63 Relation véritable Contenant ce qui s’est passé aux Exorcismes d’une fille Appellée Élisabeth Allier Natife de La Coste S. André en Dauphiné Possédée depuis vingt ans par deux Démons nommez Orgueil et Bonifarce. Et l’heureuse délivrance d’icelle fille après six Exorcismes faits au Couvent des F. F. Prescheurs de Grenoble Par le R. P. François Farconnet Religieux du mesme Ordre. Avec quelques raisons pour obliger à croire la Possesion et la Delivrance, Paris, jouxte la copie imprimée à Grenoble, P. Sevestre, 1649 (BNF).
64 Histoire prodigieuse et espouvantable d’un Esprit Incube, lequel a abusé d’une jeune Damoiselle Espagnolle, natifve de la ville de Salemanque. Ensemble les signes merveilleux apparus au ciel sur ladite ville, le Dimanche 8. de Juillet 1617, Paris, A. Saugrain, 1617 (BNF).
65 Histoire prodigieuse nouvellement arrivée à Paris. D’une jeune Fille agitee d’un Esprit Fantastique et invisible. Et de ce qui s’est passé en la presence des plus illustres personnages de ladite ville. Avec l’estrange et effroyable Histoire de nouveau arrivée au Bailly et dela ville de Bonneval, Diocese de Chartres, Paris, Ve du Carroy, 1625 (BNF) ; même titre imprimé à Lyon, jouxte la copie imprimée à Paris, s. n., 1626 (univ. René Descartes Paris).
66 Arrest de la cour de Parlement de Provence, portant condamnation contre Messire Louis Gaufridi, originaire du lieu de Beau-vezer lés Colmaret, Prestre beneficié en l’Eglise des Accoules de la ville de Marseille : Convaincu de Magie, et autres crimes abominables, du dernier Avril, mil six cens onze, Aix, J. Tholozan, 1611 (BNF) ; même titre, s. l., jouxte la copie imprimée à Aix, s. n., 1611 (BNF), et à Paris, J. Regnoul, 1611 (BM Amiens) ; Confession faicte par messire Louys Gaufridi Prestre en l’Eglise des Accoules de Marseille, Prince des Magiciens, depuis Constantinople jusques à Paris. A deux Peres Capuchins du Couvent d’Aix, la veille de Paques, le onziesme Avril mil six cens onze, Aix, J. Tholozan, 1611 (BNF).
67 Histoire admirable et prodigieuse d’un Enchanteur Italien, lequel fut bruslé tout vif en la ville de Pezaro le 26. Octobre dernier, avec un Asne duquel il se servait en ses sortileges. Ensemble les charmes, philtres, et compositios par luy faites sur la personne de la Signore Alinda, pour l’émouvoir à son Amour, Paris, J. de Bordeaux, 1614 (BNF).
68 Récit véritable de l’effet d’un malheureux sort magique nouvellement arrivé sur cinq Habitans et deux Damoiselles de la ville de Chasteaudun. Et des effroyables actions qu’ils font journellement au grand estonnement du peuple. Avec tout ce qui s’est passé à ce sujet, Paris, C. Morlot, 1637 (BNF).
69 Discours de l’exécrable forfait commis par un garson de la ville de Rumilly en Savoye…, op. cit.
70 Évidemment il y a d’autres canards avec des histoires réimprimées ou qui ont changé quelque détail, mais aucune héroïne n’a reçu autant d’attention dans ces pièces que la marquise d’Ancre. Les canards qui la concernent représentent un phénomène éditorial bien défini temporellement, avec 23 des 26 textes qui ont survécu aux siècles ayant été imprimés en 1617, l’année de son exécution (de plus, les deux derniers exemplaires, publiés en 1649, réimpriment l’arrêt judiciaire de 1617). On se permet alors de réduire sa présence, car il s’agit d’un personnage assez connu et exploré dans une courte période de temps. Ce n’est pas tout à fait le cas de certaines femmes, comme Anne de Buringel, dont l’histoire, reproduite dans 4 différents canards (en 1577, 1587, 1598, 1609), n’a pas eu la même répercussion sociale.
71 Histoire recueillie de tout ce qui cét passé tant en la mort du Marquis d’Ancre que de Leonor Galligay sa femme. La Magicienne estrangère. Par un bon François nepveu de Rotomagus, Moulin, prins sur la copie imprimée à Rouen, s. n., 1618 (HAB) ; Tragédie de la marquise d’Ancre, ou la Magicienne estrangère…, s. l. n., 1626 (BNF).
72 Horrible jugement de Dieu, Tombé sur une femme Juifve, pour avoir prophané le sainct Sacrement de l’autel, le 20. Mars 1619. Avec l’execution memorable qui s’en est ensuyvie, Paris, A. Saugrain, 1619 (BNF), p. 5.
73 Cécile Dauphin, « Fragiles et puissantes, les femmes dans la société du XIXe siècle », in Cécile Dauphin, Arlette Farge (dir.), op. cit., p. 91.
74 Robert Muchembled, Société, cultures et mentalités dans la France moderne XVIe-XVIIIe siècle, Paris, A. Colin, 2003, p. 134.
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