L’activité corsaire à Granville de 1688 à 1815
p. 105-106
Texte intégral
1Grace à son dynamisme, Granville voit sa réputation de port morutier largement reconnue en France au cours du XVIIIe siècle. Son économie dépend cependant fortement du contexte international et surtout des relations entre l’Angleterre et la France. Au-delà des rivalités qui déclenchent les guerres entre les deux puissances, les motifs de querelles ne manquent pas entre les Granvillais et les Anglais qui pratiquent parallèlement la pêche morutière à Terre-Neuve. De traité en traité, les zones de pêche sédentaire fréquentées par les pêcheurs français depuis le début du XVIe siècle se réduisent fortement et inexorablement. Granvillais et Malouins, impuissants et fortement contrariés par les clauses de ces traités qu’ils n’acceptent que difficilement, en sont réduits à déplacer leurs propres zones de pêche et à en rechercher d’autres sur des côtes voisines, en espérant que celles-ci seront aussi poissonneuses que celles qu’ils ont perdues. La concurrence se renforce, souvent au détriment des Français qui doivent redoubler d’ardeur et d’ingéniosité pour pouvoir y faire face.
2Une déclaration de guerre entre les deux pays annonce une catastrophe pour un port morutier comme Granville, qui voit avec effroi s’approcher la menace d’une ruine pour toute son économie et celle de son arrière-pays, tant l’impossibilité de continuer la pêche en Amérique septentrionale paraît évidente. S’aventurer aussi loin, dans des eaux que les Anglais connaissent aussi bien qu’eux, devient trop dangereux. Dès lors, le nombre d’armements terre-neuviers s’effondre à chaque conflit, autant à Granville qu’à Saint-Malo.
3Face aux dangers que représente la forte présence des Anglais, secondés parfois par les Hollandais et les Espagnols, les ports français ne réagissent pas tous de la même façon. Certains, comme Dieppe, réduisent leur activité au cabotage en évitant les risques au maximum, tandis que d’autres continuent le grand commerce en profitant de la sécurité offerte par les convois qui se forment à partir de grands ports ou en armant fortement leurs navires en guerre et marchandise, à l’instar de Nantes ou de Bordeaux. D’autres enfin tentent une aventure différente, celle de la course, comme Saint-Malo, Dunkerque ou Boulogne. Cette entreprise offre de nombreux avantages. Elle permet aux armateurs de continuer leurs affaires par des armements susceptibles de leur rapporter des gains conséquents, voire la fortune, et d’y associer des actionnaires indépendants ainsi que des marins volontaires. Elle donne de l’activité aux gens de mer, qui voient en elle une façon de survivre en attendant le retour de la paix. Les équipages entretiennent leurs compétences de marins, tandis que les professions artisanales et commerciales liées directement ou indirectement aux activités maritimes, telles que les constructeurs de navires ou les avitailleurs, y trouvent de l’ouvrage. Bon gré mal gré, Granville ne peut se tenir à l’écart de cette relation conflictuelle avec l’Angleterre. Pour des raisons géographiques, diplomatiques et économiques, elle est entraînée dans cette belligérance. Comment trouve-t-elle sa place dans ce long contexte d’hostilité qui s’annonce ? La détermination déployée dans la pêche se retrouve-t-elle dans la guerre de course avec la même intensité ? Comment se manifeste-t-elle ? Qui sont ses corsaires ? Présentent-ils des caractéristiques particulières ?
4Après un recours à la législation, pour mieux saisir le statut de ces guerriers, la narration rapide des principales actions granvillaises par conflit éclairera la nature de l’activité corsaire granvillaise. La pesée globale de son investissement permettra alors de mesurer cette énergie et d’évaluer son intensité entre 1688 et 1815.
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