1 Breton, Nadja, p. 82.
2 C’est la première définition du mot « memoir » proposée par The American Heritage Dictionary of the English Language ; le Trésor de la Langue Française donne comme première définition de « mémoire » (substantif masculin) : « relation [...] qui rappelle la vie, les événements auxquels est associée une personne ».
3 Quindlen, « How Dark ? How Stormy ? I can’t Recall », p. 35.
4 Cohn, The Distinction of Fiction, p. xvii. Au chapitre 1, Cohn propose un rappel succint et concis des différents sens attribués au terme « fiction ». Ricoeur se penche plus longuement sur la question, et en particulier ce qui distingue le récit fictionnel du récit historique, dans les tomes 2 et 3 de Temps et récit.
5 McCourt a par exemple évoqué les visites de Limerick dans un journal suisse, Sonntagszeitung, 9 septembre 1998.
6 Sternberg, The Poetics of Biblical Narrative, p. 26.
7 Christopher Ricks va plus loin et affirme que même dans les romans, la véracité des faits historiques, des lieux et des personnes revêt une grande importance dans l’expérience de lecture ; voir Ricks, « Literature and Matter of Fact », University Lecture, Boston University, 1990. On pourrait évoquer ici la distinction établie par Sternberg entre la prétention à la vérité et la valeur de vérité. La seconde renvoie à l’exactitude des faits, et la première à l’« engagement » de l’auteur à ne pas déformer les faits. Pour Ricks, l’inexactitude des faits porte préjudice à l’expérience de lecture, y compris dans un roman, et plus particulièrement dans un roman réaliste – à condition, bien sûr, que le lecteur se rende compte de l’erreur. Dans une optique similaire, Lawrence Langer a affirmé que la fiction, quand elle traire de la Shoah, doit rester au plus près de la vérité historique, ne serait-ce que pour des raisons éthiques ; voir Langer, « Fictional Facts and Factual Fictions : History in Holocaust Literature ».
8 Sloan, Jerzy Kosinski : A Biography, p. 223 ; Sloan y aborde assez longuement la réception du roman, ainsi que les contradictions de Kosinski à ce sujet.
9 Wilkomirski, Fragments, p. 150 ; les autres numéros de page seront donnés entre parenthèses.
10 Heschel, « Review of Wilkomirski », p. 73. Parmi ceux qui ont fait remarquer les artifices utilisés par l’auteur, on peut citer Robert Hanks, qui l’a fait dans le quotidien britannique The Independent, le 8 décembre 1996, p. 31.
11 Kozol, « Children of the Camps », p. 25.
12 Carjaval, « Disputed Holocaust Memoir Withdrawn » ; et un article non signé dans le New York Times, « Publisher Drops Holocaust Book », 3 novembre 1999. Les éditeurs d’origine du livre sont Suhrkamp Verlag en Allemagne et Schocken Books aux états-Unis. La première accusation publique contre Wilkomirski a été lancée en août 1998 dans l’hebdomadaire suisse Weltwoche, un article signé par le journaliste Bruno Ganzfried (Ganzfried, « Die Geliehene Holocaust-Biographie »), et fondé sur des documents et des interviews de personnes ayant connu Wilkomirski enfant. Après les réponses que lui firent Wilkomirski et d’autres, Ganzfried publia deux autres articles (« Fakten Gegen Erinnerung » et « Bruchstücke Und Scherbenhaufen »), dans le même journal, réitérant ses accusations, lesquelles furent à nouveau repoussées par Wilkomirski. Celui-ci fut soutenu, au départ, par ses éditeurs et par des chercheurs dont les travaux portaient sur les enfants de la Shoah. D’autres, toutefois – parmi lesquels l’historien Raoul Hilberg et le théoricien de la littérature Lawrence Langer –, déclarèrent que depuis le début ils doutaient de l’authenticité des faits racontés dans le livre ; voir Lappin, « The Man with Two Heads », p. 48, et Eskin, A Life in Pieces, p. 80-85.
13 Maechler, The Wilkomirski Affair, p. 232-234 ; Wilkomirski affirmait qu’Yvonne Grosjean lui avait légué son argent, mais Maechler a bien montré qu’il avait engagé une action en justice pour l’obtenir, en tant que fils biologique de la défunte – c’est la raison pour laquelle il est difficile de savoir si Wilkomirski est un homme dérangé ou un simple charlatan.
14 Parmi la masse d’articles et d’ouvrages parus en Europe et aux états-Unis sur l’histoire de Wilkomirski/Doesseker, les plus minutieux et les mieux renseignés sont Lappin, « The Man with Two Heads » ; Gourevitch, « The Memory Thief » ; Maechler, The Wilkomirski Affair ; et Eskin, A Life in Pieces. Le livre d’Eskin revêt également une dimension personnelle, puisqu’il s’avère que la famille de sa mère, qui vient de Riga, portait à l’origine le nom de Wilkomirski. Le roman de Sara Paretsky, qui reprend clairement les éléments de l’histoire de Wilkomirski, s’intitule Total Recall (2001).
15 L’expéditeur de ce message internet, posté le 10 octobre 1998, se fait appeler « Le temps irréparable », l’adresse associée étant tempus@flash.net.
16 Van Alphen, Caught by History, p. 64.
17 Laub, « Bearing Witness, or the Vicissitudes of Listening », p. 60.
18 Pour une relation historique détaillée de cette tentative de soulèvement, voir Gilbert, The Holocaust, chapitre 38. Pour d’autres indications bibliographiques, outre les témoignages de survivants, voir Czech, Auschwitz Chronicle, 1939-1945.
19 Laub, « Bearing Witness », p. 60.
20 Bernstein, Foregone Conclusions, p. 47.
21 Lappin, « Man with Two Heads », p. 49.
22 Wilkomirski, Fragments, p. 154.
23 Wilkomirski, « Niemand Muss Mir Glauben Schenken », Tages Anzeiger, 1er septembre 1998, p. 51.
24 New York Times, « Publisher Drops Holocaust Book », p. B2. Depuis, des tests ADN sont venus prouver que Wilkomirski était bien le fils biologique d’Yvonne Grosjean et de Rudolf Zehnder, qui était encore vivant quand l’affaire a éclaté.
25 Lappin, « Man with Two Heads », p. 49.
26 Gates, « ‘Authenticity’, or The Lesson of Little Tree ».
27 Todorov, « Fictions et vérités », in Les morales de l’histoire, p. 140 ; les autres numéros de page seront donnés entre parenthèses.
28 Maechler, Wilkomirski Affair, p. 245.
29 Young, Writing and Rewriting the Holocaust, p. 133.
30 Wiesel, Tous les fleuves vont à la mer. Mémoires I, p. 108.
31 Seidman, « Elie Wiesel and the Scandal of Jewish Rage ».
32 Davis, « Reviewing Memory: Wiesel, Testimony and Self-Reading », p. 127-128. Davis cite ce passage, que j’ai découvert indépendamment et que j’ai analysé dans ma communication à un colloque à Boston en octobre 1998.
33 Davis, « Reviewing Memory », p. 129-130.
34 Elie Wiesel, Night, éditions Bantam, 1982, p. 21.
35 Wiesel a fourni cette explication en réponse à ma communication (une version antérieure de ce chapitre) écrite à l’occasion d’un colloque qui s’est tenu à Boston University en l’honneur de son soixante-dixième anniversaire (1998).
36 Wiesel, Night (2006), p. 23.
37 Conversation privée, 23 janvier 1999.