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Chapitre II. Le Désir narratif : l’« affaire Aubrac » et la mémoire nationale de la Résistance française

p. 41-69


Extrait

1Contrairement à ce que l’on peut lire ou entendre ici ou là, les Français ne refusent pas, depuis un certain nombre d’années, de se souvenir des « années sombres » de Vichy (1940-44). Si les aspects les plus honteux du régime – notamment la collaboration avec l’occupant allemand, y compris pour l’arrestation et la déportation de 75000 juifs à partir de la France – ont représenté pendant des années un sujet tabou, absent du discours public comme du champ de la recherche universitaire, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Des historiens en sont même venus à déplorer que la mémoire de Vichy soit devenue une « obsession française ». Dans son ouvrage à succès Le Syndrome de Vichy, paru en 1987, Henry Rousso a montré qu’à partir du milieu des années 1970, le régime de Vichy et toutes ses turpitudes se sont retrouvés au centre de l’attention du public1. La série de procès pour crimes contre l’humanité inaugurée en 1987 avec le procès de Klaus Barbie – un membre de l’appareil nazi poursu

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