1 Voir P. Nora, « La nation-mémoire » et « Comment écrire l’histoire de France ? » in Les lieux de mémoire, p. 2212 et p. 2229-30.
2 Cité dans Rousso, Le Syndrome de Vichy, de 1944 à nos jours, p. 30 ; les discours sont reproduits dans Charles de Gaulle, Discours et messages, t. 1, Pendant la guerre, juin 1940-janvier 1946, p. 439-440. Dans les musées parisiens jumeaux dédiés au général Leclerc et à Jean Moulin, respectivement héros de la Libération et de la Résistance, le discours filmé du général de Gaulle est projeté en continu sur un mur très large. Je propose une analyse détaillée du discours, dans ma contribution au CD-Rom intitulé La Résistance en Île-de-France, « Discours de Charles de Gaulle du 25 août 1944 ».
3 Rousso, Le Syndrome de Vichy, p. 30-32.
4 Pour un survol rapide des événements de la Libération de Paris, voir Julian Jackson, France : The Dark Years, p. 561-67.
5 Deirdre Bair, dans sa biographie de Simone de Beauvoir, rapporte que Simone de Beauvoir lui a affirmé être le véritable auteur de ces articles, Sartre étant « trop occupé » pour les rédiger. Bair, Simone de Beauvoir : A Life, p. 322). Ces articles n’ont jamais été réédités du vivant de Sartre, mais Le Monde les a refait paraître à l’occasion du 40e anniversaire de la Libération, les 20-27 août 1984.
6 Combat, 29 août 1944 ; Le Monde, 22 août 1984.
7 Combat, 30 août 1944 ; Le Monde, 23 août 1984.
8 « La délivrance est à nos portes », Combat, 2 septembre 1944 ; Le Monde, 26-27 août 1984.
9 Pour connaître les détails de l’histoire du CNE, se reporter à Gisèle Sapiro, La Guerre des écrivains, 1940-1953, chap. 7. Sartre, qui se heurta d’abord à un veto des membres communistes, fut admis dans le groupe en janvier 1943.
10 Pour une analyse détaillée des réactions aux deux pièces de guerre de Sartre, Huis Clos (1944) et Les Mouches (1943), voir Ingrid Galster, Le théâtre de Jean-Paul Sartre devant ses premiers critiques.
11 Sur la vie des éditions de Minuit pendant cette période, voir Anne Simonin, Les éditions de Minuit. 1942-1955 : le devoir d’insoumission. L’auteur établit la liste d’au moins cinquante-et-un écrivains français ayant contribué (tous sous pseudonyme) à ces éditions clandestines entre 1942 et 1944 (p. 151 et catalogue en appendice, p. 56-57). Elle rapporte également que, selon le directeur de la maison, Jean Lescure, Sartre refusa d’y collaborer (p. 188n).
12 Cet essai, comme les deux autres que j’aborderai plus loin, a été republié dans Situations, III (1949). Sartre a fait certaines modifications dans les textes ; dans ce paragraphe, par exemple – changement mineur mais pas insignifiant –, « cette condition », qui renvoie à l’action de dire « non », est devenu « notre condition », formule jugée sans doute plus universelle (Situations, III, p. 12).
13 Sartre, « La République du silence », Situations, III, p. 14.
14 G. Joseph, Une si douce Occupation. Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, 1940-1944, p. 365-366. L’évidente animosité de Joseph envers Sartre et Beauvoir nuit toutefois à son argumentation.
15 A. Boschetti, Sartre et « Les Temps Modernes » : une entreprise intellectuelle, p. 148.
16 La France Libre, décembre 1944, p. 9 ; repris dans Situations, III, p. 16. Par la suite, les références de pages seront indiquées entre parenthèses après la citation : F pour La France Libre, S pour Situation, III. Comme je l’ai signalé, certaines phrases manquent ou ont été remaniées lors de la republication.
17 Philippe Burin, La France à l’heure allemande. 1940-1944.
18 L’influence de la « guerre franco-française » des années trente sur la politique de Vichy a été remarquablement analysée par Robert Paxton, dans Vichy France : Old Guard and New Order, 1940-1944, chapitre 2.
19 Pour une analyse détaillée des Réflexions, je renvoie à mon article « The Jew in Jean-Paul Sartre’s Réflexions sur la question juive : An Exercise in Historical Reading » ainsi qu’à « Rereading Rereading : Further Reflections on Sartre’s Réflexions ».
20 Article non signé, « Un industriel américain déclare... », Combat, 7-8 janvier 1945, p. 1.
21 Sartre, « Qu’est-ce qu’un collaborateur ? I. Aspect social de la collaboration », République française, août 1945, p. 5 ; repris, sous une forme largement remaniée, dans Situations, III, p. 46.
22 Burrin, La France à l’heure allemande, appendice, tableau 1.
23 « Qu’est-ce qu’un collaborateur ? I. Aspect social de la collaboration », p. 6 (les phrases en italiques n’apparaissent pas dans Situations, III).
24 Pour une étude approfondie de la carrière de Brasillach avant et pendant la guerre, voir Kaplan, The Collaborator : The Trial and Execution of Robert Brasillach, chap. 1 et 2. Kaplan aborde brièvement « Qu’est-ce qu’un collaborateur » de Sartre dans un autre ouvrage : Reproductions of Banality : Fascism, Literature, and French Intellectual Life, p. 14-15.
25 Sartre, « Qu’est-ce qu’un collaborateur ? II. Aspect psychologique du collaborationnisme », La République française, septembre 1945, p. 15 ; Situations, III, p. 53-54.
26 Sartre (non signé), « Drieu la Rochelle ou la haine de soi », Les Lettres françaises, édition clandestine, no 6, avril 1943 ; voir Contat et Rybalka, Les écrits de Sartre, p. 93.
27 Kaplan, The Collaborator, p. 157.
28 Pierre Vidal-Naquet a raconté cela dans sa communication au colloque « Anti-Semite and Jew, Fifty Years Later », à New York University, le 24 avril 1998 ; publiée dans les Actes du colloque sous le titre « Remembrances of a 1946 Reader ».
29 The Atlantic Monthly, décembre 1944, p. 39.
30 Ce fait est mis en évidence de manière flagrante par les sous-titres anglais du documentaire Sartre par lui-même, dans lequel on voit Sartre enregistrer son texte pour la radio. Pendant qu’il lit le passage évoquant le silence des résistants arrêtés et torturés, il emploie la troisième personne (« ils ») pour les désigner, mais en sous-titre on lit « we », nous ! Sartre semble donc se placer, avec tous les autres Français, parmi la petite minorité des résistants actifs. C’est comme si la traduction anglaise se pliait d’elle-même au désir d’unanimité caractéristique de ce texte, désir qui ne se manifeste qu’indirectement dans le texte de Sartre mais qui est affiché ici en toutes lettres. (Je remercie Dorothy Kaufmann d’avoir attiré mon attention sur ce point.)
31 Sartre, « Victoire du gaullisme », p. 2.
32 Sartre, « New Writing in France », p. 84.
33 Sartre, « New Writing in France », p. 85 (note de l’éditeur).
34 Liebling et Sheffer (dir.), La République du Silence: The story of French Resistance, p. 442; Liebling, The Republic of Silence, p. 494.
35 John Gerassi, Jean-Paul Sartre, Hated Conscience of His Century, p. 187. D’autres chercheurs qui se sont interessés aux positions de Sartre après-guerre en matière de politique ont eu des commentaires beaucoup moins admiratifs. Voir, par exemple, Judt, Past Imperfect : French Intellectuals, 1944-1956.
36 Burrin, « Vichy », in Les Lieux de mémoire, p. 2482.
37 Conan et Rousso, Vichy. Un passé qui ne passe pas.