Pie XII, du « pasteur angélique » au « pape du silence » (1944-1958)
p. 333-346
Texte intégral
1« Pourquoi Rome laisse-t-elle von Galen lutter ainsi dans l’isolement1 ? » Ce cri lancé le 30 août 1941 par Ulrich von Hassel après que l’évêque de Munster a dénoncé les persécutions subies par l’Église allemande et l’assassinat des malades « incurables » résume bien l’angoisse et la détresse dans lesquelles se trouvaient certains catholiques pendant la guerre : « abandonnés à eux-mêmes », devant aller « à tâtons dans les ténèbres », ils attendaient de Rome une parole libératrice et salvatrice2. Or, le pape s’est tu, « mortellement tu » dira quelques années plus tard Wladimir Rabi. Le thème du silence de Rome se pose donc bien avant le scandale du Vicaire qui en 1963 attira l’attention de l’opinion publique mondiale sur la question de l’attitude de Pie XII devant l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale3.
2Le regard que nous portons aujourd’hui sur l’action du Vatican pendant la guerre est en partie brouillé par les polémiques nées autour de la pièce de Rolf Hochhuth. Or, les témoignages et la presse de la fin des années quarante et des années cinquante apprécient et jugent de manière bien plus nuancée l’action de Pie XII durant le second conflit mondial. Au sortir de la guerre, il apparaît à beaucoup que la papauté a rempli – parfois brillamment –, sa « mission évangélique de paix, de charité » et de justice. Même la réserve adoptée par le Souverain Pontife est saluée car elle contraste avec l’image de « pape boche » qui collait à Benoît XV4. Pour autant, l’attitude du Vatican pendant la guerre n’est pas exempte de critiques et un débat s’engage précocement sur les silences de la papauté. À de rares exceptions, les discussions ne portent pas sur l’absence de condamnation de l’extermination des juifs : elle vise surtout les non-dits du Vatican devant les atteintes innombrables aux droits de la personne – silence sur les camps de concentration, silence sur les exactions commises sur les civils et silence sur le martyr de la Pologne. Les reproches concernent donc les choix du Saint-Siège pendant la guerre, non les seules décisions du pape Pie XII. Pourtant, assez rapidement ce débat est étouffé par le contexte politico-religieux de la fin des années quarante et des années cinquante. Il faut attendre le décès du souverain pontife pour voir ressurgir, à nouveaux frais, la question des silences du Vatican5.
Le pape de la paix, de la charité et de l’impartialité
3Paix, charité, impartialité, telles sont les trois notes qui composent l’image de la papauté au sortir de la guerre.
« Une colombe dans la tempête »
4Le pape est tout d’abord perçu comme une « colombe dans la tempête ». De nombreux auteurs européens et américains soulignent en effet que, dès le début de son pontificat, le souverain pontife a travaillé ardemment à la paix. Comme le notent les pères Levie et Berg dans La Nouvelle Revue théologique, il a tenté par tous les moyens de préserver le monde d’un nouveau conflit en utilisant les armes à sa disposition : l’appel à la prière, les exhortations à la paix, une tentative de médiation, le radiomessage désespéré du 24 août et enfin l’ultime appel à la négociation et à la modération le 31 août6.
5Lorsque la guerre éclate, rappelle l’ancien ambassadeur de France auprès du Vatican, François Charles-Roux, le souverain pontife concentre la plupart de ses efforts sur l’Italie qu’il tente d’empêcher d’entrer dans le conflit. En vain. Ces échecs successifs le conduisent à délaisser le terrain politique pour se consacrer à l’élaboration d’une œuvre doctrinale qui définit les principes sur lesquels doit reposer une « paix juste et durable », garante, selon lui, « d’un ordre social meilleur ». Beaucoup soulignent, à la fin de la guerre, y compris en dehors du monde catholique7, la nouveauté et la cohérence de cette doctrine de la paix.
« La croisade de la charité »
6Dès la fin de la guerre, l’opinion publique présente donc Pie XII comme un « docteur de la paix » et un « ange de la charité ». Son intense activité humanitaire retient en effet l’attention. Certains soulignent le travail du Bureau d’information du Vatican chargé de répondre aux demandes des familles à la recherche d’un proche. Ce dernier, estime le correspondant du New York Times à Rome, Camille Cianfarra, traita pour la seule période de juin 1940 à septembre 1941, près de 400 000 demandes8. D’autres mettent l’accent sur l’ampleur des secours distribués par le Vatican aux populations civiles. Le jésuite Fiorello Cavalli explique dans la revue italienne Ecclesia que le Saint-Père a mis en place à Rome des cantines pontificales pour nourrir les plus démunis, qu’il a aidé matériellement les institutions religieuses qui cachaient des personnes recherchées et qu’il s’est vigoureusement élevé contre les bombardements de la ville9. D’autres encore soulignent que les proscrits, « sans distinction de race, de classe ou de croyance » ont bénéficié du droit d’asile dans les palais pontificaux romains10. Cette « charité absolue et universelle », estime Joseph Lecler dans les Études s’est exercée au profit d’un « nombre immense de réfugiés, d’expatriés, d’émigrés, même11 parmi les non-aryens12 ».
7Certains reconnaissent en effet que Pie XII a largement aidé les juifs persécutés soit en utilisant les armes de la diplomatie, soit en les cachant pour les arracher à une mort certaine. Nous disposons ici du témoignage du cardinal Tisserant : lors d’une conférence prononcée le 13 décembre 1944 à Paris13, il évoque tout d’abord l’épisode de la rançon demandée aux juifs romains par les autorités d’occupation à laquelle le pape proposa de contribuer si jamais les juifs de la ville n’arrivaient pas à réunir la somme exigée14. Un point sur lequel le cardinal insiste est l’ordre donné par le souverain pontife d’ouvrir les couvents pour accueillir les juifs pourchassés. L’on apprend également que le pape en personne cacha des juifs à l’intérieur du Vatican et à Castelgandolfo. Certaines interventions diplomatiques, forcément discrètes, sont, par conséquent, moins mises en avant. Néanmoins, La Documentation catholique publie en avril 1945 le télégramme ouvert que Pie XII a adressé le 25 juin 1944 à Horthy pour lui demander l’arrêt des persécutions en Hongrie15. Aux États-Unis, une religieuse américaine qui travailla pendant la guerre au Bureau d’information du Vatican rapporte dans son journal publié en 1945 que le souverain pontife est intervenu auprès de l’ambassadeur d’Allemagne auprès du Vatican, Ernst von Weizsächer, lors de la rafle du 17 octobre 1943 :
« Il est acquis, écrit-elle, que le pape a demandé à l’ambassadeur allemand de faire un effort pour aider les juifs. C’est évidemment difficile pour von Weizäcker, car les SS sont indépendants. Cependant, il a obtenu un certain succès puisque nous avons entendu dire que les femmes et les enfants avaient été relâchés16. »
8Même si ces informations ne sont pas toujours exactes, elles sont suffisamment précises et concordantes pour présenter de Pie XII l’image d’un pape « sauveur des juifs ». Les nombreux témoignages de gratitude juifs, dès la fin de la guerre, tendent d’ailleurs à confirmer cette première impression. Le 22 juin 1944, le rabbin libéral André Zaoui, aumônier de la Première armée française, est reçu par Pie XII en compagnie d’autres officiers et aumôniers des armées alliées : il profite de cette audience pour le remercier de l’aide qu’il prodigua aux juifs durant le conflit. Trois personnalités juives italiennes expriment également leur gratitude entre septembre et décembre 1945 : il s’agit de Giuseppe Nathan17 et Raffaele Cantoni18, respectivement commissaire et président de l’Union des communautés israélites d’Italie, et du nouveau grand rabbin de Rome, David Prato. Le dernier témoignage italien, le plus controversé aussi, est celui de l’ancien grand rabbin de Rome, Eugenio Zolli, converti au catholicisme le 13 février 1945. Ce dernier, lors de son baptême, explique avoir choisi le prénom d’Eugenio pour remercier le Saint-Père de l’aide qu’il apporta aux juifs romains pendant l’occupation allemande19.
9Comme en Italie, les témoignages de gratitude de personnalités ou d’organisations juives aux États-Unis et en Palestine sont nombreux. Certes, une relative ignorance des faits et gestes du pape ou un certain pragmatisme peuvent expliquer parfois ces témoignages20. En effet, obtenir le soutien de Pie XII pour récupérer les enfants juifs cachés dans des institutions religieuses, inciter le pape à dénoncer vigoureusement l’antisémitisme ou bien encore arracher au Saint-Siège la reconnaissance de l’État d’Israël semblent plus importants, aux yeux de certains juifs, que la dénonciation des silences du Vatican. Néanmoins, la charité dont le pape a fait preuve à l’égard de tous les proscrits est indéniable et, comme l’a fort bien montré Jean-Dominique Durand21, elle contribue en Italie à renforcer le prestige moral et politique de la papauté au sortir de la guerre22. À cet égard, l’opinion publique juive ne semble pas se distinguer du reste de l’opinion italienne. Il en est vraisemblablement de même aux États-Unis où le souverain pontife fut présenté par la presse américaine tout au long du conflit comme le défenseur des libertés et de la démocratie : comme en Italie, le pape sort vraisemblablement grandi du conflit.
Un pape impartial
10En France, l’on se félicite également que Pie XII ait su évité les deux écueils de la partialité et de l’indifférence. En cela, l’opinion oppose souvent Pie XII à Benoît XV qui avait été accusé de favoriser les empires centraux pendant la Première Guerre mondiale. Dans les Études, le père Joseph Lecler se félicite que le souverain pontife ait refusé de prendre parti en faveur des puissances alliées ou de l’Axe afin de ne pas compromettre la cause de l’Église avec un « alliage d’intérêts très divers, et, pour la plupart, strictement temporels23 ». Cette stricte impartialité était nécessaire pour que le souverain pontife puisse faire entendre sa voix. Selon les pères Levie et Berg,
« sa parole doit éviter de blesser même quand elle condamne ; car une conscience qu’on rebute se ferme à toute lumière [...]. Se sachant le Père commun de tous, il doit veiller à ce que dans chaque camp [...], le réconfort qu’il donne à l’un ne soit jamais ressenti comme une injure par un autre dans le parti opposé24 ».
11Sa charge de Père universel ne l’a pas pour autant empêché de dénoncer haut et fort les violations des droits de la personne. Mgr Tisserant note que Pie XII n’a pas tremblé quand il a fallu rappeler aux hommes « les normes de justice » ; il n’a pas failli quand il a opposé la « fermeté des principes » aux puissants et quand il a défendu les nations faibles25. Maurice Pernot (1875-1948), ancien pensionnaire de l’École française de Rome, pendant longtemps correspondant romain du Journal des débats et chroniqueur à la Revue des deux mondes, quelques années plus tard, partage pleinement cette opinion : « à plusieurs reprises, écrit-il, Pie XII a condamné la conception totalitaire du pouvoir, les discriminations raciales et a réprouvé toutes les mesures incompatibles avec les droits et la dignité de la personne humaine26 ». Tel n’avait pas été le cas de Benoît XV, poursuit-il, qui, pendant la première guerre mondiale, n’avait condamné ni la violation de la neutralité belge, ni les atrocités commises par les Allemands dans les pays occupés, ni les violences tout aussi atroces commises en Galicie par l’armée russe27.
Les silences de la papauté. 1944-1948
12« Colombe dans la tempête », « ange de la charité et « Père commun » telles sont le plus souvent les images qui dépeignent Pie XII après la guerre. Pourtant, en dépit de ce concert de louanges, la question des silences de la papauté se pose à voix plus ou moins haute dès l’automne 1944, mettant aux prises des interlocuteurs divers, qui s’affrontent sur deux terrains distincts : le terrain politico-idéologique et le terrain spirituel.
Les défaillances du Vicaire du Christ
13Sur le terrain spirituel, la première attaque est lancée par François Mauriac dans un éditorial publié dans Le Figaro le 1er novembre 1944 : l’écrivain y met sévèrement en cause l’épiscopat français, et dans une moindre mesure, la papauté en expliquant que l’inféodation de la hiérarchie française au régime de Vichy résulte largement du maintien du nonce apostolique auprès du gouvernement du maréchal Pétain :
« La diplomatie a ses raisons que le cœur ne connaît pas. Elle admet qu’un catholique, et surtout un prêtre, et plus encore un évêque, et par dessus tout un cardinal, auraient mauvaise grâce à ne pas considérer comme légitime un gouvernement auprès duquel un Nonce apostolique est accrédité28. »
14Quelques jours plus tard, suite à une lettre de Mgr Guerry, Mauriac concède que l’Église, « Mère de tous les hommes », ne pouvait pas prendre parti, tout en regrettant encore que l’Église n’ait pas poussé ce « cri qui nous eût délivré29 ».
15C’est cependant le radiomessage de Noël 1944 dans lequel le souverain pontife se rallie à la démocratie, qui lance véritablement en France la polémique. Albert Camus, autre grande figure morale de l’après-guerre, estime dans Combat que cette condamnation des dictatures vient trop tard.
« Il y a des années que nous attendions que la plus grande autorité spirituelle de ce temps voulût bien condamner en termes clairs les agissements des dictatures [...]. Disons-le clairement, nous aurions voulu que le pape prît parti, au cœur même de ces années honteuses, et dénonçât ce qui était à dénoncer30. »
16Certes, la condamnation a été portée, concède Camus, mais elle le fut « dans le langage de la tradition qui n’a jamais été clair pour la grande foule des hommes ». Or, « c’était la grande foule des hommes qui attendaient pendant toutes ces années qu’une voix s’élevât pour dire nettement, comme aujourd’hui, où se trouvait le mal31 ». Le père Tonneau, professeur au Saulchoir, rétorque que cette critique relève du préjugé en vigueur chez les catholiques français selon lequel le souverain pontife est chargé de délivrer des messages afin de « guider les fidèles » et « pourfendre les hérésies » :
« Les catholiques [...] sont responsables des fausses interprétations de la pensée pontificale par l’espèce d’avidité paresseuse avec laquelle ils attendent ou sollicitent de Rome des consignes, des condamnations, bref des solutions toutes faites les dispensant du redoutable effort qu’exige la trouée vers la lumière, la conquête personnelle de la vérité et le choix d’une libre détermination pratique en matière politique et sociale32. »
17Le silence du pape, conclut-il, a condamné les catholiques à exercer leur liberté, sans filet et sans « poteau indicateur ».
18Quant à ceux dont les consciences n’auraient pas suffisamment été « éclairées et fortifiées » par l’enseignement de l’Église pour voler de leurs propres ailes, il leur restait encore le magistère pour leur indiquer la voie à suivre. Car « depuis bien des années déjà, rappelle Mgr Rastouil, le Pape a parlé clairement, à ne pas s’y tromper, contre les doctrines de certains dictateurs33 ». « L’accusation lancée contre la Papauté qui aurait attendu jusqu’au 24 décembre 1944 pour flétrir les excès du nazisme et du fascisme » est donc particulièrement « injuste et malveillante34 ». Dans ce texte reproduit dans La Documentation catholique, Mgr Rastouil cite de manière étonnante différentes interventions de Pie XI, mais aucune de Pie XII, alors même que certains résistants catholiques, pour légitimer leur combat et s’affranchir de la tutelle de leurs évêques, avouent avoir trouvé dans les « bribes des enseignements pontificaux » qu’ils « étaient réduits à se transmettre » pendant la guerre la source de leur engagement35.
19En 1948, le débat est relancé par les mêmes protagonistes : Camus prononce au couvent de la Tour-Maubourg une conférence dans laquelle il renouvelle sa condamnation de l’attitude du Saint-Siège pendant la guerre. Quant à Mauriac, il publie dans Le Figaro, au lendemain de l’assassinat de Gandhi le 30 janvier 1948, un éditorial fort cruel sur Pacelli dans lequel il demande pourquoi, pendant la guerre, il n’y eut jamais au Vatican « que des actes officiels, que des gestes diplomatiques, que des documents de chancellerie majestueux et inefficaces, – et jamais ce geste, cet acte inimaginable qui aurait fait tomber à genoux les frères ennemis36 ? »... Dans une lettre à Maritain au sujet de cet éditorial, il écrit encore :
« On dit le Vatican comme on dit le Quai d’Orsay ou le Foreign Office. J’entends bien que c’est inévitable. Le tout est de savoir si l’Église ne laisse pas inutilisées des armes cachées quelque part, scellées peut-être sous les dalles de Saint-Pierre37. »
20Ce que Mauriac reproche au Vatican, c’est d’avoir failli à sa mission évangélique afin de préserver l’institution : obligé de composer avec des intérêts temporels, Pie XII a renoncé à proclamer la Vérité. Il s’est conduit en diplomate, non en prophète. La critique n’était pas neuve : c’est en des termes presque identiques que Mauriac avait déjà reproché à Pie XI son silence sur le massacre des prêtres basques pendant la guerre d’Espagne38. Les controverses sur les silences de Pie XII réactualisent donc un débat sur le sens de la mission de la papauté et sur la manière dont l’Église s’insère dans le monde dont les prémisses remontent aux crises des années trente. Rendu plus aigu encore par la découverte des crimes nazis à l’encontre des juifs, celui-ci oppose les tenants d’un « catholicisme politique » aux défenseurs d’un « catholicisme évangélique ».
21Notons que la question du silence du pape devant le génocide telle qu’elle sera posée par Rolf Hochhuth en 1963 est rarement évoquée explicitement. À ce jour, je n’ai trouvé qu’un seul article mettant en cause le pape pour ses non-dits sur les massacres des juifs. Il s’agit d’un texte du romancier et journaliste soviétique d’origine juive, Ilya Ehrenbourg, publié en avril 1945 dans la revue Action : « Aux jours de Baby Yar, aux jours de Majdanek, dénonce Ehrenbourg, le pape se taisait39. » Côté catholique, les reproches sont formulés en privé : le 13 décembre 1945, Paul Claudel confie ses regrets et sa peine à Jacques Maritain. L’année suivante, alors qu’il est ambassadeur auprès du Vatican, Maritain tente en vain d’arracher à Pie XII une condamnation de l’antisémitisme40. Cette absence de prise de position du Vatican sur l’antisémitisme après la guerre est d’autant plus troublante que, ni le pape, ni les catholiques ne courent désormais aucun danger et qu’en 1945 et 1946 ont encore eu lieu en Pologne des pogroms, commis cette fois-ci non par les nazis, mais par des Polonais catholiques. La déception est grande, tant du côté catholique que juif, mais elle ne s’exprime pas publiquement.
Un pontife tiré à hue et à dia
22Délaissant la théologie, la gauche fait porter l’essentiel de ses attaques sur le soutien qu’aurait apporté le Vatican au nazisme et au fascisme. Les principales critiques viennent du journal Action fondé en 1943 par Emmanuel d’Astier de la Vigerie41. À la Libération, son rédacteur en chef est Pierre Courtade, un ancien professeur d’anglais passé au journalisme avant-guerre et résistant. Il est entouré d’intellectuels talentueux, Pierre Hervé, Roger Vailland, Claude Roy, Maurice Kriegel-Valrimont, Edgar Morin... dont beaucoup sont alors communistes ou proches du Parti. Le 19 novembre 1945, dans un article intitulé « Intrigues allemandes », Raymond Dior explique que Pacelli est responsable du sabordage du Zentrum et de la signature du concordat qui « n’est rien d’autre, juge-t-il, qu’une investiture internationale du national-socialisme ». Certes, concède-t-il, le Vatican n’a jamais approuvé le racisme nazi, mais il « a joué avec le feu en favorisant l’avènement d’un régime totalitaire ». S’il a agi ainsi, c’est en raison « d’un penchant inné pour tout ce qui se réclame d’un certain ordre. Est-il superflu de rappeler en vrac que le Saint-Siège approuva la guerre d’Éthiopie, qu’il soutint Franco, Mussolini et Salazar, Pétain, Schusschnig, Dolfuss, Léopold de Belgique et autres, avec l’approbation ouverte ou tacite de ce que chaque nation compte d’éléments antidémocratiques42 ? » Ces attaques contre la politique du Vatican reposent sur la conviction qu’il existe une proximité idéologique entre l’Église et les dictatures. Face à ces critiques, les catholiques ripostent en se plaçant sur le terrain des faits : l’énumération des différents messages pontificaux et l’examen des actes de Pie XII – la « roideur » avec laquelle il a conduit l’entrevue avec Ribbentrop par exemple – doivent permettre d’écarter définitivement l’interprétation selon laquelle ce dernier aurait été favorable au fascisme et au nazisme43 : « seule l’ignorance ou la mauvaise foi peuvent entretenir cette légende » d’un pape favorable à l’Allemagne, accuse Témoignage chrétien44. Dans ce débat, les moindres gestes et propos du pape sont instrumentalisés : tiré à hue et à dia, Pie XII est présenté tour à tour comme un pape pro-allié ou un pape pro-nazi. Notons que la polémique, en France, dépasse le problème de l’attitude de la papauté pendant la guerre : elle révèle et exacerbe la lutte entre les deux principales forces politiques de l’après-guerre, le MRP et le PCF, dans le contexte tendu de l’épuration, qui, à la déception des communistes, épargne largement l’Église de France. Certains, à gauche, disent d’ailleurs craindre « l’entreprise de la réaction noire » et « l’investissement de la République par les troupes ultramontaines45 ».
Un débat rapidement assourdi 1948-1958
23Les silences du Vatican sont donc dénoncés précocement par des voix en majorité communistes et catholiques. Au-delà de 1948, pourtant, la discussion s’épuise, jusqu’à presque disparaître. Plusieurs facteurs expliquent la moindre attention portée, pendant cette période, aux silences du Vatican.
La mémoire du génocide
24Tout d’abord, les controverses entourant le silence de Pie XII s’inscrivent dans le contexte plus large de l’histoire de la mémoire du génocide dont la chronologie est aujourd’hui bien connue. En dépit de la publication précoce de témoignages, l’immédiat après-guerre et les années cinquante occultèrent largement l’extermination des juifs pour différentes raisons : une relative méconnaissance du génocide qui ne permet pas de distinguer les victimes juives des autres victimes de la guerre46 ; l’héroïsation des déportés politiques, au détriment des déportés raciaux dont la passivité fut longtemps décriée47 ; les impératifs de la reconstruction et enfin la guerre froide, qui en réhabilitant la RFA et en diabolisant l’URSS, l’allié de naguère, fait oublier la criminalité nazie.
25Il n’est donc pas étonnant que les rares ouvrages et articles décrivant le génocide et pointant du doigt le silence du Vatican passent largement inaperçus. Un premier article de Léon Poliakov sur « Le Vatican et la question juive » publié en 1950 dans Le Monde juif, la très confidentielle revue du Centre de Documentation juive contemporaine, ne suscite pas l’ombre d’une réaction. L’année suivante, la parution du Bréviaire de la haine du même Poliakov chez Calmann-Lévy ne retient pas véritablement l’attention alors qu’il bénéficie d’une préface de Mauriac et qu’il a été chaudement recommandé en France par Raymond Aron et Alexandre Kojève48. La plupart des critiques reconnaissent le formidable travail effectué par Poliakov mais bien peu, en revanche, relèvent les critiques formulées à l’encontre de Pie XII49 : quand la responsabilité du Vatican est pointée, elle est souvent mise en parallèle avec l’indifférence des Alliés50.
L’Église n’est pas prête
26Le deuxième facteur relève de l’histoire de l’Église et du Vatican. Comme les opinions publiques en Europe, en Israël ou aux États-Unis, il semble que le Vatican n’ait pas perçu au lendemain du conflit le caractère inédit et inouï des massacres. Gerhart Riegner raconte dans ses Mémoires qu’il dût batailler près de vingt minutes pour convaincre Mgr Montini que plus d’un million et demi d’enfants juifs avaient été assassinés pendant la guerre51. Cet « aveuglement » du Saint-Siège est sans doute conforté par la spécificité de la situation italienne. À Rome, comme dans le reste de la Péninsule d’ailleurs, de nombreux juifs ont été sauvés grâce à l’aide du clergé et du pape. À la libération du pays, et à la différence de l’Europe de l’Est, le judaïsme italien est donc loin d’être anéanti : le Vatican comme l’Église italienne sont persuadés d’avoir fait tout ce qu’ils pouvaient pour aider les juifs. Par ailleurs, l’Église se pense comme une victime du nazisme, en particulier l’Église allemande dont Pacelli est très proche. Cette « victimisation », perceptible par exemple dans le discours que le souverain pontife prononce le 2 juin 1945 devant le Sacré-Collège, bloque toute interrogation sur l’attitude du Vatican pendant la guerre52.
27Ni remords, ni regrets ne sont donc exprimés par le pape53. Comment en serait-il autrement dans une Église dont la mission est avant tout de protéger, défendre et garantir les droits des catholiques ? Et Pie XII s’est parfaitement acquitté de cette tâche. Comment en serait-il autrement dans une Église où la grande masse des fidèles et la quasi-totalité de la hiérarchie, sont encore imprégnées d’un antijudaïsme séculaire dont la persistance est largement attestée au lendemain de la guerre ? L’interdiction signifiée au père Chaillet par Rome de se rendre à New York pour y recevoir un prix décerné par l’organisation juive américaine, B’nai Brith, en est un exemple parmi tant d’autres54. Les pionniers du dialogue judéo-chrétien, précocement convaincus que l’Église catholique doit se repentir pour l’assassinat de 6 millions de juifs en terre chrétienne, pèsent bien peu de choses dans l’Église de la fin des années quarante et des années cinquante.
28Enfin, l’exaltation de la fonction pontificale et le raidissement de la papauté à partir de 1950, dont le corollaire est la pluie de condamnations qui s’abat sur le catholicisme français, contribue également à étouffer les controverses. Pour certains catholiques, les motifs de détestation de Pie XII sont suffisamment nombreux pour ne pas avoir besoin de fouiller dans le passé55. D’autres, en revanche, ne manquent pas de noter que le souverain pontife n’a pas cru bon de dénoncer les crimes nazis alors qu’il n’a pas hésité à condamner très explicitement et très abruptement les tentatives menées par certains membres de l’Église de France pour adapter le message de l’Église au monde moderne. C’est souvent au regard de la sévérité dont a fait preuve Rome à l’égard des catholiques français que sont jugés les silences du Vatican.
La guerre froide
29Troisième et dernier facteur, la guerre froide. En posant en terme polémique la question des silences de la papauté, elle « stérilise » la question de l’attitude du Vatican pendant la guerre. La propagande antireligieuse soviétique et communiste, reposant sur la dénonciation d’un axe Rome-Washington-Berlin fasciste et impérialiste est perçue par les catholiques comme une atteinte à leur foi et à leurs institutions. Dès lors, les accusations lancées par Moscou ne sont plus recevables et c’est au contraire la résistance de l’Église aux attaques et aux persécutions, y compris pendant la guerre, qui est mise en avant.
30Dans ce contexte, l’image de prudent et habile diplomate qui caractérisait Pie XII au sortir de la guerre tend à disparaître au profit de celle d’un pape combattant, en particulier aux États-Unis. Cette modification de la perception de la papauté conforte les divergences entre les thuriféraires de Pie XII et ses plus farouches opposants. Les premiers saluent les vigoureux anathèmes lancés par le Vicaire du Christ contre l’athéisme bolchevique. Les seconds s’étonnent de la « prudente réserve » que le pape adopta à l’égard du nazisme alors qu’il lance aujourd’hui des imprécations fulgurantes contre le communisme. Ce discours, essentiellement tenu par la gauche communiste, rencontre un certain écho dans une fraction de l’opinion catholique, chez Mounier et Domenach notamment. Ce dernier, dans une recension de l’ouvrage de Paul Duclos en 1956, Le Vatican et la seconde guerre mondiale, ne manque pas de souligner les incohérences de l’attitude du Vatican : Pie XII s’est tu pendant la guerre, soit-disant pour ne pas accroître les souffrances des victimes alors qu’aujourd’hui, le souverain pontife n’hésite pas à condamner le communisme au risque d’aggraver les persécutions que subissent les catholiques d’Europe de l’Est ou de Chine56. Cette idée selon laquelle il y aurait au Vatican deux poids, deux mesures reçoit à partir de 1949 un assez large écho dans l’opinion française.
31C’est donc très précocement que s’ouvre le procès des silences du Vatican. Mais ce procès qui s’engage rapidement sur un terrain polémique ne suffit pas à ternir l’image de la papauté qui sort grandie de la guerre : c’est davantage l’image du « Pastor angelicus » que celle du « pape du silence » que l’opinion publique retient. À la veille de la mort de Pie XII, le débat sur les silences du Vatican pendant la guerre semble définitivement « verrouillé » par deux historiographies antagonistes : une historiographie d’inspiration marxiste présentant le pape comme un partisan des fascismes en raison de son anticommunisme virulent, et une historiographie catholique magnifiant l’œuvre charitable et pacifique du Vatican pendant la guerre et exaltant ses moindres décisions comme ses moindres paroles après. Pourtant, lorsque le pape meurt, « le majestueux édifice catholique tel qu’il a été construit pendant la chrétienté et confirmé depuis la contre-réforme57 » vacille : l’entreprise méthodique et systématique de « déboulonnage de la statue » auquel se livre une partie de la presse italienne et française se délectant « des petits côtés ridicules et quelquefois odieux, des faiblesses aussi » du pontificat de Pacelli58, libère la parole de ceux qui avaient autrefois éprouvé des difficultés à satisfaire leur conscience des justifications avancées par l’Église pour expliquer la conduite du Vatican pendant la guerre. Les remords et les regrets ressurgissent, rapidement exacerbés par la discrète résurgence de la mémoire du génocide à la fin des années cinquante et surtout par l’élection de Jean XXIII. Certains se prennent alors à rêver d’un pape, qui, s’il avait lancé des anathèmes depuis le trône de Saint-Pierre, aurait changé le cours de l’Histoire.
Notes de bas de page
1 Ulrich von Hassel, Journal d’un conjuré. 1938-1944, Paris, Belin, 1996, p. 236-237 [1re publication : Von andern Deutschland, Zurich, Atlantis Verlag, 1946]. Hassel a été exécuté le 8 septembre 1944 à la prison de Plötzensee pour avoir pris part au complot de juillet 1944 contre Hitler
2 Voir Theodore Haecker, Tag und Nachtbücher. 1939-1945, Haymon Verlag, 1959, 350p. Cité par Carlo Falconi, Le silence de Pie XII, Monaco, éd. du Rocher, 1965, p. 92.
3 Rolf Hochhuth, Le Vicaire, Paris, éd. du Seuil, 2002, 315 p.
4 Voir Nathalie Renoton-Beine, La colombe et les tranchées, Paris, éd. du Cerf, 2004, 405 p.
5 Voir aussi Muriel Guittat-Naudin, « “Les silences de Pie XII” entre mémoire et oubli 1944-1958 », Revue d’Histoire ecclésiastique, vol. 106, no 1, janvier-mars 2011, p. 215-239.
6 Jean Levie et E. Bergh, « Pie XII et la guerre », La Nouvelle Revue théologique, 1945, t. 67, p. 9.
7 Voir, par exemple, « La démocratie peut seule assurer la liberté aux peuples », Libération, 26 décembre 1944.
8 Camille Cianfarra, La guerre et le Vatican, Éditions Le Portulan, 1946, p. 398.
9 Ibid., p. 329.
10 Félix Morlion, « L’Église vue à travers la tempête », La Documentation catholique, 1er avril 1945, no 935, p. 283, et 15 avril 1945, no 936, p. 314-319.
11 Souligné par l’auteur.
12 Joseph Lecler, « Le pape et la guerre », Études, janvier 1945, t. 244, p. 21.
13 Mgr Tisserant, « Le pape dans le monde en guerre », conférence du 13 décembre 1944 publiée dans La Documentation catholique, 24 décembre, p. 1-5.
14 Jane Scrivener dit exactement l’inverse : « Hier, les autorités allemandes ont fait venir le grand rabbin Zolli et lui ont dit que si les juifs romains ne versaient pas avant demain midi une rançon d’un million de lires et 50 kilos d’or, certains seraient déportés et tués. Ce fut un moment terrible, mais ils réussirent à réunir la rançon. A la dernière extrémité, ils firent appel au pape qui les aida à compléter la somme. » Cf. Jane Scrivener, Inside Rome with the Germans, New York, McMillan, 1945.
15 « 25 juin : message du pape à l’Amiral Horthy », La Documentation catholique, 29 avril 1945, p. 345.
16 Jane Scrivener, op. cit., p. 39.
17 Osservatore romano, 8 octobre 1945.
18 Arieh Kubovy, beaucoup plus critique à l’encontre de Pie XII que Cantoni, accepte pourtant de remercier le pape pour son action de sauvetage au cours de l’audience que ce dernier lui accorde « parce que je compris que ces gens étaient sincèrement reconnaissants à l’Église ». Voir Arieh Kubovy, « The silence of Pope Pius XII and the beginning of the “jewish document” », Yad Vashem Studies, 1967, vol. 6, p. 7-25.
19 « La conversion au catholicisme du grand rabbin de Rome », La Documentation catholique, 12 septembre 1948, no 1025, p. 1191-1196.
20 L’historienne américaine Susan Zuccotti souligne qu’un certain nombre d’organisations ou de personnalités juives qui s’exprimèrent en faveur du pape à la fin des années quarante ont surestimé l’action accomplie par Pie XII, le créditant souvent de sauvetages accomplis par son clergé, sans qu’il ait donné son approbation ou fourni son soutien. Voir Susan Zuccotti, Under his Very Windows. The Vatican and the Holocaust in Italy, Yale University Press, 2002, p. 303 et sv.
21 Jean-Dominique Durand, L’Église catholique dans la crise de l’Italie. 1943-1948, Rome, École française de Rome, 1991, 879 p.
22 Cette interprétation s’oppose à celle de Zuccotti pour qui les témoignages de gratitude relèvent soit de l’opportunisme, soit de l’ignorance, les juifs pensant à tort que le Vatican est intervenu pour leur venir en aide.
23 Joseph Lecler, op. cit., p. 20.
24 Jean Levie et E. Berg, op. cit., p. 5.
25 Ibid., p. 5.
26 Maurice Pernot, « Le Vatican, la guerre et la paix », Politique étrangère, no 2, avril 1948, p. 164-165.
27 Ibid, p. 151.
28 François Mauriac, « L’inquiétude des catholiques », Le Figaro, 1er novembre 1944.
29 François Mauriac, « L’Église, Mère de tous les hommes », Le Figaro, 9 novembre 1944.
30 Albert Camus, Combat, 26 décembre 1944.
31 Ibid.
32 Jean Tonneau, « Les vues de Pie XII en matière sociale », La Vie spirituelle, mars 1945, p. 9.
33 « Communiqué de son Excellence Mgr Rastouil, évêque de Limoges », La Documentation catholique, 28 janvier 1945, p. 104-106. p. 105.
34 Ibid., p. 105.
35 « Le Vatican et la France », Le Monde, 3 juillet 1945.
36 François Mauriac, « La Vérité devenue folle », Le Figaro, 1er février 1948.
37 Lettre de François Mauriac à Jacques Maritain le 23 février 1948, Nouvelles lettres d’une vie. 1906-1970, Paris, Grasset, 1989, 413 p.
38 François Mauriac, 17 juin 1937, cité par René Rémond, Les crises du catholicisme en France dans les années trente, Paris, éd. du Seuil, coll. Points histoire, 1996, p. 182.
39 Ilya Ehrenbourg, « Le Vatican et l’Allemagne », Action, avril 1945.
40 Lettre de Jacques Maritain à Mgr Montini le 12 juillet 1946, Cahiers Jacques Maritain, no 23, octobre 1991, p. 31-33.
41 Laure Defiolles, « Action », dans Jacques Julliard, Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels, Paris, éd. du Seuil, 2002, p. 38-39.
42 Raymond Dior, « Intrigues allemandes », Action, 19 novembre 1945.
43 Tiggis, « Le Vatican et le fascisme », Témoignage chrétien, 15 juin 1945.
44 Ibid.
45 Pierre Hervé, « L’Église n’est rien si elle n’est tout », Action, 14 juin 1946.
46 Annette Wieviorka a montré que dans l’immédiat après-guerre, la mémoire de la déportation inclut celle du génocide, Déportation et génocide, Bruxelles, Complexe, 1992, 506 p.
47 Voir Annette Wieviorka, op. cit., et Tom Segev, Le septième million. Les Israéliens et le Génocide, Paris, Liana Levi, 1993, 683 p.
48 Voir Léon Poliakov, Mémoires, Paris, Jacques Grancher éditeur, 1999, p. 202.
49 À l’exception de Rémy Roure, « De l’euthanasie au génocide », Évidences, mai-juin 1951, p. 2-5, et de Léon Christiani, « Pie XII a-t-il abandonné les juifs à l’antisémitisme hitlérien ? », L’Ami du clergé, 2 avril 1953, p. 212-218.
50 J. H. Roy, « Le Bréviaire de la haine », Les Temps modernes, août 1951, p. 575-576.
51 Gerhart Riegner, Ne jamais désespérer, Paris, éd. du Cerf, 1998, 683 p, p. 179-180.
52 Voir Suzanne Brown-Fleming, The Holocaust and Catholic Conscience: Cardinal Aloisius Muench and the Guilt Question in Germany, University of Notre Dame Press, 2006, 240 p.
53 En une seule occasion, lors du discours qu’il prononce le 2 juin 1945 devant le Sacré-Collège, Pie XII fait part publiquement des doutes qui l’ont parfois assailli : « aurait-il été possible alors, par des mesures politiques opportunes et adaptées, de freiner une fois pour toutes le déchaînement de la violence brutale et de mettre le peuple allemand en état de se dégager des tentacules qui l’étreignaient ? Aurait-il été possible d’épargner de cette manière à l’Europe et au monde l’invasion de cette immense marée de sang ? Personne n’oserait se prononcer là-dessus avec certitude. »
54 Voir Michael Phayer, L’Église et les nazis, 1930-1965, Paris, Liana Levi, 2002, p. 270.
55 Voir Jean-Dominique Durand, « La furia francese vue de Rome », dans : Michel Lagrée et Nadine Josette Chaline (dir.), Religions par-delà les frontières, Paris, Beauchesne, 1997, et Jean-Marie Mayeur, « Magistères et théologiens sous Pie XII », Les quatre fleuves, no 12, 1980, p. 113-119.
56 Jean-Marie Domenach, « Le Vatican et la seconde guerre mondiale », recension de l’ouvrage de Paul Duclos, Esprit, juin 1956, no 239, p. 1049-1051.
57 Georges Hourdin, Dieu en liberté, Paris, Stock, 1973, p. 302.
58 Michel François, « De Pie XII à Jean XXIII », La Nef, novembre 1958, p. 19.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008