Le financement de l’enseignement technique post-primaire. Filles et garçons face aux coûts des formations à Lyon durant l’entre-deux-guerres
p. 207-222
Texte intégral
1L’évolution des scolarités post-obligatoires est marquée durant l’entre-deux-guerres par une forte progression du nombre d’établissements comme du nombre d’élèves de l’enseignement technique. Entre 1920 et 1938, les écoles nationales professionnelles (ENP), qui recrutent sur concours après le certificat d’études primaires pour une durée de quatre ans, passent de 4 à 23 établissements, les écoles pratiques de commerce et d’industrie (EPCI), qui accueillent les enfants sans concours au niveau du certificat pour trois années d’études, de 76 à 166. Leurs effectifs ont plus que doublé, de 19 600 élèves à 56 000 au total1. L’État a joué un rôle déterminant dans ce nouvel essor, avec la loi Astier de 1919, qui non seulement codifie les textes déjà en vigueur sur l’enseignement technique, mais surtout prévoit l’obligation de cours professionnels pour les jeunes de 14 à 18 ans en cours d’emploi, mais aussi avec la création d’une taxe d’apprentissage en 1925 chargée de financer ces cours et plus largement de soutenir les créations d’écoles techniques. Le changement est considérable puisque la participation patronale, désormais obligatoire, se voit considérablement augmentée, ce qui permet à l’État, en accord avec les employeurs, de fixer des priorités de formation, de développer l’offre locale et de mieux la contrôler2.
2Au sein de cette nouvelle dynamique, qui fait bien du technique un « parent riche » et non un « parent pauvre » de l’enseignement pendant l’entre-deux-guerres, quelle place est donnée aux filles et à leurs formations ? D’une manière générale, la place respective des filles et des garçons au sein des filières techniques est peu connue car peu étudiée3. L’essor des scolarités dans le technique n’a été examiné qu’en référence aux scolarités masculines, celles des formations aux métiers de l’industrie, de la métallurgie essentiellement. Et pour cause dès la fin du XIXe siècle et durant l’entre-deux-guerres, les représentations de la main-d’œuvre qui guident les débats des fonctionnaires et des parlementaires sont centrées sur la figure de l’ingénieur, du technicien et de l’ouvrier qualifié dont la France industrielle a besoin4. Les filles sont en marge des débats, évoquées seulement lorsqu’il s’agit de plaider la cause de l’enseignement ménager. Pourtant, les femmes travaillent, dans l’industrie de la confection et de plus en plus dans les bureaux des entreprises industrielles et commerciales. Dès le Second Empire, des écoles privées sont fondées pour les former à ces métiers et à partir des années 1880-1900, ces établissements féminins se multiplient, sous l’impulsion des municipalités, de l’État et du secteur privé. Néanmoins, l’offre de formation pour les filles demeure bien inférieure en nombre à celle des garçons, avec en 1938, cinq ENP de filles contre 18 de garçons, 37 EPCI de filles contre 129 de garçons. Les filles sont donc moins nombreuses que les garçons à prolonger leur scolarité dans les filières techniques, comptant pour 21 % des élèves scolarisé-e-s dans les écoles techniques publiques en 1920 puis 29 % en 1938.
3À la veille du Second Conflit mondial, ce retard des filles sur les garçons en matière de formation technique n’est pas débattu, fait tout juste l’objet d’un constat comme celui effectué par le directeur de l’Enseignement technique, Hippolyte Luc, de « l’insuffisance de l’orientation et de la formation professionnelle féminines » à l’échelle de la France entière5. Pourtant, comme H. Luc, tous conviennent de la nécessité de former les filles à un métier : « Il est inévitable que les femmes soient préparées à remplir les tâches qui leur sont propres, ou même celles qui, sans l’avoir été à l’origine, sont devenues des tâches féminines dans le domaine commercial, dans le domaine administratif, dans le domaine scientifique, dans le domaine industriel lui-même6. » Au-delà des discours d’intention, quels moyens sont alors consacrés au développement de l’enseignement technique féminin ? L’étude comparée du financement des formations de filles et de garçons peut constituer une bonne entrée pour apprécier, faute de discours en la matière, les enjeux genrés qui se font jour autour des formations. L’étude peut être menée au niveau local afin de mieux saisir les bricolages opérés entre les différents acteurs de l’enseignement technique, ceux du « haut » et ceux du « bas », ceux du secteur public et ceux du secteur privé. L’offre lyonnaise de formation est ici prise à témoin. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, cette grande agglomération industrielle et commerciale compte une trentaine d’écoles techniques, publiques et privées, qui scolarisent plus de 4000 élèves dont un tiers de jeunes filles7. Leur financement, avant et après la mise en œuvre de la loi sur la taxe d’apprentissage, dessine alors une hiérarchisation des formations, des établissements financés par « l’argent public » ou par celui du patronat à ceux qui ne le sont pas ou moins8. De ces inégalités de financement, entre industrie et commerce, entre filles et garçons, découlent des conditions d’accès aux formations et des modalités de prolongation de scolarité différentes pour les familles et leurs enfants, filles et garçons.
Au sortir de la guerre, des formations féminines faiblement soutenues
4Au moment où la loi Astier est votée, l’offre lyonnaise se compose de deux « générations » d’écoles, la plus ancienne développée au XIXe siècle et notamment autour des années 1880, la plus récente mise sur pied à partir de 1916-1917. Ces écoles sont le fruit d’initiatives locales, issues d’une collaboration étroite et multiforme entre plusieurs acteurs que sont la ville, les patrons, l’Église, relayés partiellement ensuite par l’État. À leurs côtés, d’autres écoles sont fondées par des particuliers plus isolés. Les financements, à un moment où la législation en la matière est encore embryonnaire, reposent alors essentiellement sur la municipalité lyonnaise et les élites économiques. Se dessinent alors deux lignes d’action, municipale d’une part qui finance une grande variété d’écoles, industrielles et commerciales, masculines et féminines, patronale d’autre part qui cible en priorité les formations industrielles masculines.
Une municipalité très engagée pour les formations industrielles et commerciales
5Très tôt, l’action municipale s’est vue relayée par les élites économiques locales. Ainsi quand la ville organise, à partir des revenus d’un legs privé, plus de quarante ans après celle de garçons, en 1879, l’École de la Martinière des filles, les patrons lyonnais répondent présents. Les deux écoles professionnelles de la Martinière, celle de garçons formant les employés et cadres de l’industrie et du commerce, celle de filles les couturières, giletières et employées de bureau, reçoivent en effet le soutien affiché d’une nouvelle génération de patrons, nouvelles élites de l’industrie lyonnaise, tels Auguste Lumière, lui-même ancien élève de la Martinière, ou Ferdinand Ferrand de l’industrie alimentaire9. Quand en 1884, la Ville fonde l’École municipale de tissage, chargée d’assurer la reconversion des tisseurs à bras en monteurs et gareurs des nouveaux métiers mécaniques, c’est sur la demande des soyeux lyonnais qui attendent de la municipalité un soutien logistique, organisationnel et financier10. Soutenues par le patronat local, ces écoles n’en sont pas moins à la seule charge financière de la Ville. Or, la marge d’action de cette dernière est doublement limitée, d’une part par son engagement massif dans l’enseignement primaire et primaire supérieur et d’autre part par l’obligation que lui fait la loi Astier de 1919 de financer les nouveaux cours professionnels11. Ainsi, la Ville est en difficulté avec son école de tissage, dont le budget est, en 1921, alimenté à 76 % par les subventions municipales. Si les Ateliers de construction Diederichs ont bien offert au départ quatre métiers mécaniques à l’école, les industriels de cette branche donnent de leur temps en participant aux conseils d’administration et de perfectionnement mais ne donnent pas de leur argent12. De fait, dès 1908, la municipalité cherche d’autres financements et se tourne vers l’État. Des projets de transformation de l’école municipale en EPCI, puis en ENP, sont discutés mais échouent. Si les clauses financières ne satisfont pas la Ville, ce sont surtout les réticences des patrons soyeux lyonnais vis-à-vis d’une école nationale qui serait trop peu au fait des besoins de l’industrie locale, qui font échouer le projet, laissant donc à la Ville la lourde charge de son financement. Par ailleurs, la Fondation Martin que gère la Ville pour le compte de la Martinière des garçons et des filles sort très affaiblie de la guerre (baisse du revenu de ses loyers) et ses ressources ne suffisent plus à assurer le fonctionnement régulier de ses deux écoles. Celle de filles est particulièrement touchée, obligée de suspendre la gratuité des études et de faire des économies sur l’offre de formation, en supprimant notamment sa section de dessin industriel13.
6Malgré ces difficultés, l’investissement de la Ville dans la formation technique est loin d’être négligeable. À partir de 1917, la municipalité investit là où les patrons sont peu présents, c’est-à-dire du côté des formations commerciales et féminines. En 1917, le maire Édouard Herriot, préoccupé par la place de l’industrie et du commerce lyonnais dans le monde, et par le souhait de mieux préparer les femmes au marché du travail, fonde l’École technique de jeunes filles chargée de former les secrétaires administratives et scientifiques. En 1919, Herriot met sur pied l’École municipale de représentation et de commerce extérieur dont le but est « de former des représentants et voyageurs de commerce munis d’une solide instruction générale et professionnelle, capables de soutenir après la guerre contre le commerce ennemi une lutte dont on parle plus qu’on ne la prépare14 ». Il s’agit d’une école de garçons, ouverte toutefois aux filles à partir de sa section supérieure. Si on retrouve de grands patrons et des chambres syndicales patronales dans les conseils d’administration de ces deux écoles (les Lumière ou Robatel à l’École technique de jeunes filles par exemple), les financements demeurent municipaux, complétés par les frais de scolarité demandés aux familles.
7Conçue pour former l’élite des employés de bureaux, secrétaires de direction, secrétaires « techniques » assistantes d’ingénieurs, dans l’industrie ou le commerce, l’École technique de jeunes filles n’a pas vocation à recruter massivement. Elle commence avec de petits effectifs, autour de 100 élèves au total sur deux ans, des jeunes filles issues du premier cycle du lycée ou des EPS. En 1919, les frais de scolarité s’élèvent à 450 francs pour la première année, 600 francs pour la seconde. Pour encourager les jeunes filles et leurs familles à supporter le coût de ces deux années d’études, des bourses sont allouées, par l’État, le département, le Syndicat des industries métallurgiques du Rhône, la Chambre de commerce. En 1920, cette dernière verse 1 000 francs annuels à l’école, à reverser sous forme de bourses dont les montants s’échelonnent de 250 francs à 450 francs, soit l’équivalent des frais d’inscription annuels demandés par l’école jusqu’en 192815. Quant à l’École de commerce extérieur et de représentation, elle fonctionne sur le même modèle, à partir de financements municipaux, d’une subvention de l’État (20 000 F en 1922) et des frais d’inscription demandés aux familles, établis à 150 francs par semestre pour la division moyenne et 200 francs pour la division supérieure16. Des bourses d’études, allouées par différentes sociétés, viennent soutenir les élèves dans une scolarité qui demeure longue (cinq années), où les abandons sont nombreux.
Des financements patronaux plus ciblés en direction de l’industrie
8Si elles sont à l’origine de la plupart des fondations d’écoles techniques, en collaboration avec la municipalité ou l’Église, si elles sont ensuite de tous les conseils d’administration, les élites économiques lyonnaises, les industriels principalement, ne financent ces écoles que de façon beaucoup plus ciblée. Les initiatives patronales furent nombreuses, dès le Second Empire avec les fondations de l’École centrale en 1857, de la Société d’Enseignement Professionnel du Rhône (SEPR) en 1864 et lors des années 1870 (École supérieure de commerce en 1872). Puis, la guerre scolaire des années 1880, qui oppose la municipalité républicaine laïque et anticléricale à l’Église catholique, se prolonge sur le terrain de l’enseignement technique ce qui donne au patronat l’occasion de s’investir à nouveau, du côté cette fois de l’enseignement catholique17.
9D’autres patrons soutiennent au même moment les initiatives concurrentes catholiques. En 1880, est ainsi fondée par un Frère des Écoles chrétiennes et à l’initiative d’un groupe d’anciens élèves des Frères, l’École professionnelle de la Salle, chargée de former les cadres techniques de l’industrie et du commerce. L’École se présente explicitement comme la « Martinière chrétienne », accueillant l’élite des écoles primaires catholiques et constituant ainsi pour le patronat local, « une pépinière de futurs contremaîtres intelligents et chrétiens18 ». Le comité protecteur de l’école compte alors les grands noms de l’industrie et du commerce local, des fabricants et négociants en soierie comme Cyrille Cottin ou Claude et Joannès Gindre au fabricant de tulles Auguste Isaac en passant par les sidérurgistes Descours et Cabaud. En 1882, un centralien, ancien industriel devenu prêtre, l’abbé Boisard, ouvre les « Ateliers d’apprentissage » pour former des ouvriers qualifiés dans les filières du bois et surtout de la métallurgie. Comme la précédente, Boisard s’inscrit dans la résistance aux attaques laïques, puisque selon ses propres termes, ses ateliers doivent offrir une formation professionnelle et morale capable de freiner le « mouvement de déchristianisation de l’usine19 ». Soutiennent son projet des patrons catholiques dont une partie est déjà impliquée à l’École de la Salle, le banquier Francisque Aynard, les Cottin et Gindre, les Descours, et des négociants en soierie20.
10Au lendemain de la guerre, l’investissement patronal continue toujours de cibler les formations industrielles de la métallurgie. Ainsi, certains patrons se réunissent au sein d’un Syndicat catholique de la métallurgie et de la Construction mécanique de la région lyonnaise, syndicat fondé pour soutenir l’abbé La Mâche quand il fonde en 1920, sur incitation du cardinal Maurin, l’École d’Apprentissage supérieur (EAS). L’objectif est là de former une élite ouvrière chrétienne, contremaîtres et chefs d’atelier de l’industrie métallurgique21. Enfin, ce sont les patrons de la Chambre syndicale de la métallurgie qui sont à l’origine de la création, en 1923, de l’École des métiers de la métallurgie chargée d’en former les ouvriers qualifiés, initiative relayée et soutenue par la Direction de l’Enseignement technique et la municipalité lyonnaise22. L’investissement direct des élites économiques en faveur des formations féminines est bien moindre. Les formations à la confection délivrées à l’École municipale de la Martinière doivent être jugées suffisantes et seule une école technique catholique dédiée au commerce voit le jour en 1916. L’Institut Sainte Marie des Chartreux se pose alors en concurrente de la Martinière et, comme elle, vise la formation des employées de bureau et tout spécialement de l’élite de ces employées, secrétaires de direction et autres employées de bureau « hors classe ». Le conseil d’administration de l’école, constituée en association des familles loi 1901, est alors présidé par Louis Isaac, fils d’Auguste Isaac précédemment cité, lui-même à la tête d’une grosse entreprise de tulles et dentelles23. S’ils sont de tous les conseils d’administration, les patrons ne financent réellement que les quatre écoles privées de la métallurgie24. Ainsi en 1923, l’École des métiers de la métallurgie qui vient d’être fondée est financée pour plus du tiers par les subventions de la chambre syndicale de la branche, auxquelles s’ajoutent les subventions municipales et celles de la Direction de l’enseignement technique. Sur ces quatre écoles, une seule est payante, l’École de la Salle. Si l’École des métiers de la métallurgie peut assumer la gratuité de la scolarité grâce aux subventions publiques, les écoles Boisard et l’EAS mettent en place une formule d’autoproduction : en atelier, les élèves produisent pour les entreprises de la région, ce qui entraîne des rentrées d’argent considérables en sus des contributions patronales, et permet la gratuité.
11Quant à l’École commerciale Sainte Marie des Chartreux, on connaît mal ses sources de financement. Au lendemain de sa fondation, un appel est lancé par le président de l’association pour recueillir les cotisations annuelles de maisons industrielles et commerciales de la ville, indispensables pour soutenir le développement de l’école25. On sait par ailleurs que des entreprises la soutiennent de manière exceptionnelle comme en 1924 où l’installation du chauffage central est financée par les plus grosses d’entre elles, Isaac, Gillet et Cie, Chabrières Morel et Cie, Gindre et Cie...26 Mais pour assumer les charges courantes, et notamment la rétribution des personnels enseignants, l’école doit demander des droits d’inscription aux familles. En 1918, les frais de scolarité sont établis à 250 francs par an, augmentés en 1920, à 400 francs, payables d’avance par mensualités ou par trimestre27. Signalons enfin que si les entreprises interviennent individuellement ou dans le cadre syndical, elles interviennent également de manière indirecte par la Chambre de commerce qui les représentent. Cette dernière finance surtout les formations supérieures (l’École centrale, l’École de chimie industrielle et l’École de commerce) qui emportent 73 % de ses subventions d’enseignement en 1910, 60 % en 192028. La formation pour adultes emporte le reste de ses subventions (21 %), les autres formations intermédiaires, et notamment les formations commerciales telles l’École technique municipale et sa concurrente catholique l’École Sainte Marie, se partageant les miettes. La Chambre alloue à ces dernières des subventions sous forme de bourses d’études. En 1918, l’École Sainte Marie en reçoit quatre, puis dix grâce au doublement de sa subvention annuelle qui passe à 2 000 francs.
12Ainsi au sortir de la Première Guerre mondiale, le financement des écoles techniques lyonnaises demeure fragile. Les entreprises ne financent réellement que les écoles de la métallurgie, mais leur contribution ne suffit pas pour autant à assurer la prospérité de ces écoles. Quant à la Ville, les écoles qu’elle soutient sont en difficulté, notamment celles de filles. Par ailleurs, se multiplient des cours commerciaux organisés par des sociétés privées non confessionnelles ou par des particuliers, des cours payants, déjà très féminisés, qui proposent une formation pratique en sténographie et dactylographie. Les cours Roux (1896), Pigier (1909), Dusson (1911), l’École privée Pommier (1912), l’Institut commercial lyonnais (1912), les cours Poulet (1917) et l’École Jamet-Buffereau (1918) occupent les « niches » laissées par la municipalité et le patronat, celui de la formation des employé-e-s de bureau où la demande se fait de plus en plus forte, tant des employeurs que des familles. À cet égard, l’enseignement commercial, est bien le « parent pauvre » de l’enseignement technique29.
13Cette faiblesse des financements implique pour la plupart des écoles un effort accru de la part des familles qui souhaitent prolonger les scolarités de leurs enfants. Or, le public des écoles techniques étant majoritairement issu des petites classes moyennes et des franges supérieures des classes populaires, l’effort ne peut porter trop lourdement sur les familles via des frais d’inscription élevés30. Par ailleurs, c’est un public encore volatile, prompt à abandonner ses études en cours de route car appelé sur le marché du travail31. Dans la mesure où les chefs d’établissements eux-mêmes cherchent à augmenter leurs effectifs, gage de prospérité de l’école, la gratuité, ou des frais de scolarité peu élevés, accompagnés de bourses d’études, forment une condition essentielle pour attirer et fixer la clientèle, et ainsi assurer cette prospérité32. Or en la matière, force est de constater que vers 1920, les écoles techniques de filles, municipales ou privées, sont toutes payantes. Cela ne pousse guère à la prolongation, ce qui se ressent dans les effectifs, la population scolarisée dans le technique lyonnais étant pour les deux tiers encore masculine.
La taxe d’apprentissage et l’accentuation des priorités de formation
14La taxe d’apprentissage, insérée dans la loi de Finances du 13 juillet 1925, apporte des fonds considérables pour développer l’enseignement technique et professionnel. Cette taxe, due par toute entreprise industrielle ou commerciale, à hauteur de 0,20 % de la masse salariale, peut être acquittée de deux manières. Soit l’entreprise verse directement à l’État la somme due, alimentant ainsi le budget de l’Enseignement technique, soit elle en est « exonérée » si elle apporte la preuve qu’elle forme elle-même des apprenti-e-s ou qu’elle subventionne un établissement préparant aux professions commerciales et industrielles33.
Une nouvelle ressource pour développer l’enseignement technique local
15De nouvelles ressources, importantes, sont donc désormais disponibles pour consolider l’offre d’enseignement technique, publique et privée. D’une part, cette taxe apporte les ressources financières nécessaires pour développer la nouvelle politique de l’État en matière de formation. Celle-ci comprend deux axes. Le premier relève directement de l’application de la loi Astier de 1919 qui rend obligatoire pour les jeunes gens et les jeunes filles de moins de dix-huit ans, employé-e-s dans l’industrie et le commerce, la fréquentation d’un cours professionnel à raison de « quatre heures par semaine ou de cent heures par an au moins, huit heures par semaine et deux-cents heures par an au plus ». Si plusieurs de ces cours existent déjà, l’objectif est de massifier ce niveau de formation. Le second axe vise la consolidation des formations de l’élite des salariés des industries de pointe. L’État veut étoffer le réseau d’écoles techniques publiques de filles et de garçons, ENP et EPCI, soit par la création de nouvelles écoles soit par la transformation d’anciennes écoles techniques municipales. Au total entre 1920 et 1938, 14 ENP de garçons et 5 de filles sont alors fondées, 70 EPCI de garçons et 20 de filles34.
16D’autre part, les entreprises peuvent subventionner directement l’école de leur choix. Mais pour que cette subvention soit prise en compte dans le calcul des exonérations à la taxe, l’école bénéficiaire doit être « habilitée » par le Conseil Départemental de l’Enseignement Technique (CDET). Cette commission mixte qui réunit des inspecteurs de l’Enseignement technique, des élus, des présidents des Chambres de commerce et des industriels, commerçants, employés ou professeurs d’écoles techniques tous nommés par le préfet, a pour mission de recenser les établissements privés, de les inspecter, de les classer (cours professionnel ou école technique) et de les hiérarchiser (formation des ouvriers qualifiés et orientation professionnelle, cadres moyens, cadres supérieurs, éducation ménagère). Le CDET détermine alors quels établissements peuvent profiter des subventions de la taxe d’apprentissage et quand la subvention est accordée, le CDET vérifie l’usage qui en est fait par l’établissement. Aux mains de l’État et des élites économiques locales, le contrôle du versement des exonérations à la taxe devient ainsi un outil de mise en ordre et de contrôle des formations et de manière plus large de définition des priorités locales de formation.
17La taxe d’apprentissage représente donc une nouvelle ressource considérable pour développer les formations techniques : pour le Rhône, la taxe brute rapporte en moyenne annuellement 4,5 millions entre 1926 et 1939. Les exonérations peuvent représenter jusqu’à 41 % de cette taxe brute et forment entre 1 et 3 millions de francs par an à destination des écoles locales. Les patrons lyonnais se sont là entendus avec la Direction de l’Enseignement technique (DET) et son représentant local, l’inspecteur général de l’enseignement technique Joseph Dupin, pour encourager ce système des exonérations. Plutôt que d’alimenter les caisses de l’État et ainsi financer des écoles techniques qu’ils jugent trop éloignées de leurs besoins, les patrons lyonnais optent pour les exonérations qui permettent de soutenir financièrement les écoles locales qui répondent directement à leur besoin en main-d’œuvre qualifiée35. Les retombées locales de la mise en œuvre de la taxe d’apprentissage doivent donc être étudiées à deux niveaux, celui de l’État qui négocie avec les pouvoirs locaux pour nationaliser un certain nombre d’établissements, celui des entreprises qui choisissent de verser directement leur taxe aux écoles de leur choix. Dans les deux cas, filles et garçons n’en tirent pas les mêmes profits.
Les fusions et nationalisations renforcent les filières industrielles masculines
18La transformation, en 1922, de l’École municipale de la Martinière des garçons en école pratique de commerce et d’industrie (EPCI), donne le coup d’envoi à un vaste mouvement de fusions et de nationalisations d’écoles locales, municipales ou privées patronales. Ce mouvement a d’abord profité aux garçons. En 1936 en effet, ils forment désormais 67 % des effectifs de ces nouvelles écoles publiques36. Les filières industrielles sortent largement renforcées, accueillant 81 % des élèves contre seulement 19 % dans les filières commerciales. La métallurgie prime sur le reste, et notamment sur les filières de la confection, féminines, qui ne forment que 20 % des effectifs de ces filières industrielles.
19La municipalité lyonnaise, qu’incarne son député maire, ministre de l’Instruction publique de 1926 à 1928 et par ailleurs président dès 1931 de l’Association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET), Édouard Herriot, milite auprès de l’État pour un investissement massif dans l’enseignement technique local. D’importants établissements scolaires, municipaux et privés-patronaux, sont nationalisés lors des années 1920 et 1930. L’École municipale de la Martinière des garçons est transformée en EPCI en 1922, puis en école nationale professionnelle (ENP) en 1926. En 1929, l’École municipale de commerce extérieur et de représentation lui est annexée. L’école est alors devenu l’établissement le plus important de la région, avec 696 élèves en octobre 1929, 46 professeurs, 22 contremaîtres et ouvriers, 17 surveillants. Les dépenses ordinaires de personnel sont devenues considérables, à la charge désormais de l’État à plus de 90 % (plus de 3 millions cette année-là), le reste étant pourvu par la Fondation Martin que gère la ville37. L’effort de l’État ne s’arrête pas là. En 1927, la Ville négocie avec l’État la transformation de son école de tissage en école des métiers, formule qui autorise une plus grande participation financière de l’État, à hauteur de 40 % de ses ressources en 192938. Enfin, l’École privée des métiers de la métallurgie est nationalisée en 1936 à la demande des patrons. Ce soutien aux formations industrielles de la métallurgie n’est évidemment pas propre à l’agglomération lyonnaise mais entre bien dans la politique défendue conjointement par l’AFDET et la DET de soutien aux écoles techniques formant les élites salariées, cadres intermédiaires et techniciens chargés de mettre en œuvre les principes tayloriens et fordistes au sein des industries de construction électrique et mécanique39. La formation de leurs ouvriers qualifiés n’est toutefois pas pour autant négligée, comme l’illustre le soutien apporté à l’École des métiers de la métallurgie.
20À l’inverse, la municipalité n’obtient de l’État la transformation de son École de la Martinière des filles en ENP qu’en 1937, soit dix ans après celle des garçons. C’est donc dans la cadre moins ambitieux d’une EPCI, depuis 1922, que l’école de filles se développe, rétablissant la gratuité et lui donnant les moyens de son développement. Les effectifs augmentent passant de 156 élèves inscrites en 1926 à 361 en 1929. Cette année-là, lui est annexée l’École technique municipale de jeunes filles et ses 78 élèves qui viennent s’ajouter, dans une nouvelle section supérieure, à celles de l’EPCI. L’État apporte désormais 63 % des ressources de l’école, la Fondation Martin 36 %, ce qui reste considérable40. En 1934, l’école compte 810 élèves, à l’étroit dans leurs locaux devenus insuffisants. La transformation en ENP s’impose, qui s’échelonne de 1937 à 1939. Les traitements des personnels sont alors entièrement à la charge de l’État, la Fondation Martin rétribuant les personnels administratifs et gérant quelques dépenses courantes. La Ville se charge quant à elle des dépenses d’entretien des locaux et d’allouer quelques bourses. Pour l’année scolaire 1929-1930, les bourses municipales attribuées à l’école technique s’échelonnent entre 200 et 1 200 francs annuels, bourses destinées aux familles des petites classes moyennes et des franges supérieures des classes populaires, familles modestes que fragilisent un décès, une infirmité du père ou de la mère41. L’école ne réclame plus aux familles que des « indemnités » pour fournitures (124 francs/année pour la section préparatoire, 190 francs pour les sections commerciales et industrielles et 150 francs pour la section supérieure)42. 824 jeunes filles fréquentent alors l’école, dont plus de 60 % dans les filières industrielles. Ainsi, si les fusions et nationalisations n’ont pas permis de résorber les inégalités d’accès à la formation entre filles et garçons, elles les ont toutefois beaucoup réduites. La reprise en main par l’État de la Martinière des filles, via la formule de l’EPCI, puis de l’ENP, a permis en effet de manière incontestable de consolider une filière féminine de formation bien fragile au sortir de la Première guerre. L’école peut alors redevenir sélective, avec 745 candidates à l’examen d’entrée en 1934 et seulement 275 reçues. La section supérieure l’est tout autant, avec 131 candidates en 1936 et 77 admises43.
Des formations privées de garçons très soutenues
21Les exonérations à la taxe d’apprentissage, c’est-à-dire les versements directs des entreprises aux établissements de formation, ont par ailleurs largement consolidé l’offre privée de formation, intermédiaire et supérieure. En 1936, un quart de ces exonérations sert à financer les cours professionnels, un quart les écoles techniques supérieures, un quart les écoles techniques privées. Les écoles techniques publiques, les services d’orientation professionnelle, l’apprentissage et l’enseignement ménager se partagent le reste.
22En s’approchant de plus près des écoles techniques privées, on observe aussi que, dix ans après la mise en œuvre de la loi de Finances, les priorités de financement se sont renforcées, accentuant les clivages déjà repérés avant la loi entre les formations industrielles et les formations commerciales, entre formations masculines et féminines. Les garçons sont en effet très bien lotis au sein des écoles techniques privées subventionnées par la taxe en 1938. Ces dernières scolarisent 1 134 élèves, dont 67 % de garçons orientés quasi-exclusivement dans des formations industrielles prises en charge par trois écoles catholiques, celles-là mêmes qui emportent 80 % du montant total des exonérations à la taxe versées alors aux écoles privées44. Ici, le CDET lyonnais a vite admis que les écoles non subventionnées par l’État, cas des écoles catholiques, puissent également percevoir la taxe d’apprentissage. La taxe d’apprentissage représente désormais une part très importante des budgets de ces écoles privées. En 1938, le produit des exonérations à la taxe totalise 30 % des recettes de l’EAS, plus de la moitié de celles des ateliers Boisard et 72 % de celles de l’École de La Salle45. Les ressources apportées par la taxe peuvent être complétées par le traditionnel recours aux dons des entreprises, hors taxe d’apprentissage, et par la production industrielle des élèves. Le fonctionnement de l’EAS de l’abbé la Mâche illustre bien les bricolages qu’opèrent ces écoles pour fonctionner.
23En 1938, les ressources de l’École sont formées à 30 % par les recettes de la taxe d’apprentissage, à 25 % par les dons, legs et participations de l’organisme gestionnaire (ici le syndicat catholique de la métallurgie et de la Construction Mécanique de la Région Lyonnaise) et à 37 % par la production des ateliers46. La contribution des industriels, hors taxe d’apprentissage, ne se limite pas par ailleurs aux seules dépenses ordinaires. Au début des années 1930, La Mâche et le syndicat mettent sur pied la Société Immobilière du Bachut dont le rôle est de collecter les fonds nécessaires à l’achat d’un terrain sur lequel la nouvelle école, qui nécessite des agrandissements, serait édifiée. Parmi les membres de la SIB, on trouve Louis Prenat, Fernand Pariset, directeur du grand magasin lyonnais le Grand Bazar, et d’autres patrons de la région. Par ailleurs, et c’est là l’essentiel de ses ressources, l’École continue de s’appuyer sur la production de ses ateliers. L’École gère des contrats importants avec les OTL (Organisation des Transports Lyonnais), avec les sidérurgistes Descours & Cabaud pour lesquels ses élèves travaillent et en retour sont rémunérés. L’activité dans les ateliers est en effet entretenue par des primes et salaires accordés aux élèves à partir de la 2e année47. Pour les élèves internes et demi-pensionnaires, ces « salaires » sont utilisés pour couvrir, en tout ou en partie, les frais d’internat, fixés à 200 francs par mois. Au final, on a ainsi un internat qui coûte 1 000 francs de moins par an que celui proposé par l’ENP de la Martinière au même moment – en 1938 – (3 141 francs à l’année pour les Martins).
24Mais cette formule de production, adoptée également par les ateliers Boisard, par les ateliers-écoles de la SEPR, pose deux problèmes. D’ordre juridique d’une part, puisque l’école génère ainsi des bénéfices, certes réinvestis immédiatement dans l’école, mais ce qui rend délicat le versement à l’école de la taxe d’apprentissage. En 1931, il est d’ailleurs question de suspendre le versement de la taxe aux ateliers Boisard, qui fonctionnent sur le même modèle, pour cette même raison48. L’inspecteur régional de l’enseignement technique Gattefossé, la Chambre d’apprentissage des métiers de la métallurgie prennent la défense des ateliers Boisard, contre l’avis du directeur général de l’Enseignement technique, Hippolyte Luc et de la commission permanente du Conseil supérieur de l’enseignement technique. Le versement de la taxe d’apprentissage aux ateliers n’est finalement pas suspendu. D’ordre conjoncturel d’autre part, puisque cette formule de production fragilise les écoles quand la crise survient. Lors des années 1930, les commandes des industries locales se font plus rares. Les ateliers de l’EAS ne rapportent plus que 191 987 francs en 1938, contre 571 000 francs dix ans plus tôt49. Malgré les difficultés financières, l’EAS, tout comme l’École Boisard, peuvent maintenir la gratuité de la scolarité et autofinancer l’internat comme à l’EAS. Pour ces écoles privées, l’enjeu est important dans un contexte très concurrentiel avec les établissements publics. La gratuité permet non seulement de s’assurer une clientèle de plus en plus nombreuse (l’EAS qui comptait 25 élèves à sa création en accueille désormais 269 en 1938), mais aussi de les sélectionner. Ainsi, l’EAS se veut sélective comme sa concurrente directe, l’École des métiers de la métallurgie. En 1928, sur les 100 candidats qui se présentent au concours d’entrée en 1re année, 33 sont admis. À l’École de métiers, pour la session de juillet 1935, 314 candidats se présentent au concours d’entrée de l’école pour seulement 82 places50. Quant à l’École industrielle de la Salle, ses élèves ne « produisent » pas comme à l’EAS. L’essentiel de ses ressources provient donc de la taxe d’apprentissage, pour les deux tiers51.
25Mais la contribution des entreprises locales ne s’arrête pas à ces subventions. Elles « prêtent » aussi techniciens et contremaîtres pour diriger les élèves pendant les ateliers. En 1938, le constructeur automobile Berliet envoie deux dessinateurs de ses bureaux d’études pour les cours de dessin et un contremaître à l’atelier de mécanique ; l’usine d’instruments de pesage Trayvou deux contremaîtres pour l’atelier d’ajustage. L’École complète ses ressources d’une part avec des frais de scolarité demandés dès la création (20 % des recettes en 1938). Déclarée comme une école privée « semi-gratuite » en 1938, la rétribution scolaire est en effet très modique, fixée à 80 francs par trimestre en 1re année, 100 francs en 2nde année et 120 francs en 3e année, auxquels il faut ajouter les fournitures classiques et outils d’atelier. L’École tente ici de s’aligner au maximum sur sa concurrente directe, l’ENP de la Martinière, qui ne réclame que 150 francs à l’année pour les fournitures. Pour aider les familles moins favorisées, l’école accorde également des bourses d’études financées par la Chambre de commerce. Une soixantaine d’élèves en sont bénéficiaires en 1938, soit presque 20 % des inscrits. D’autre part, elle complète avec les dons divers, du Comité protecteur et des anciens élèves. Très soutenue par les entreprises locales et par l’Inspection générale de l’enseignement technique, l’École de la Salle a conquis sa place au sein des écoles techniques formant les cadres moyens. Hissée au rang de l’ENP de la Martinière, elle est comme cette dernière très sélective, garantie d’un « bon fonctionnement » selon les termes mêmes de l’inspecteur de l’enseignement technique Joseph Dupin. En juillet 1939, sur les 290 candidats qui se sont présentés à l’examen d’entrée de l’École, seuls 146 ont été admis en 1re année.
Une nébuleuse de formation privée féminine en mal de subventions
26L’offre privée de formation subventionnée par la taxe d’apprentissage est bien plus réduite pour les filles, pour ne pas dire inexistante jusqu’à la fin de la décennie 1930. Sur le marché des formations aux métiers de la confection ou du secrétariat scientifique, l’École publique de la Martinière n’a pas de concurrente dans le secteur privé. En revanche pour sa section commerciale et la formation d’employées de bureau hautement qualifiées, sa seule concurrente sérieuse est l’École catholique Sainte-Marie des Chartreux, qui propose le même cursus de formation aux métiers du bureau, accessible comme à la Martinière à partir de la fin des études primaires, où pour sa section supérieure à partir des premiers cycles du lycée ou des écoles primaires supérieures. Les publics accueillis sont sensiblement les mêmes, à en juger par le profil des boursières de la Chambre de commerce de l’École Sainte Marie, proche de celui des boursières de la Martinière : des filles de petits employés, d’artisans, des filles issues de fratries importantes, jusqu’à sept enfants, ou de famille précarisées par un veuvage au sein de laquelle la mère travaille et élève seule ses enfants52.
27Soutenue seulement de façon ponctuelle, nous l’avons vu plus haut, par les patrons, l’École, qui scolarise 183 élèves en 1938, est payante, malgré le patronage que lui accorde désormais la Chambre de commerce en 1930, puis son habilitation à percevoir des subventions des entreprises au titre de la taxe d’apprentissage à partir de 1937. Le 13 mars 1930 en effet, l’École entre officiellement sous le patronage de la Chambre de commerce et devient l’« École d’enseignement commercial pour les jeunes filles ». Si l’organisme consulaire est donc désormais plus impliqué dans le fonctionnement de l’institution (le président de la commission enseignement de la Chambre intègre le conseil d’administration de l’école), ce soutien ne change guère les modalités de financement. La Chambre ne lui verse toujours que des subventions sous forme de bourses d’études (en 1929-1930, les bourses accordées par la Chambre vont de 300 à 600 francs annuels, bourses par la suite transformées en « prêts d’honneur » remboursables par les élèves). En revanche, c’est sans doute ce patronage qui lui permet d’obtenir du CDET son classement dans la liste des écoles techniques privées habilitées à percevoir la taxe d’apprentissage à partir de 1937. De cette habilitation, nous n’avons aucune trace de débat au sein du conseil départemental, pas plus que nous ne pouvons expliquer son exclusion, durant près de dix ans, des bénéfices de cette même taxe. Ce qui est certain, c’est que, d’une part, l’École est dans un premier temps classée comme école technique privée habilitée à percevoir la taxe « au titre de l’enseignement ménager » et non de l’enseignement commercial53. D’autre part, et contrairement aux écoles techniques catholiques de garçons, la taxe d’apprentissage n’entre que pour une très faible part de son budget, soit 7 % de ses recettes en 1938. À titre de comparaison, quand l’École commerciale perçoit 11 315 francs au titre de la taxe en 1938, l’École industrielle et commerciale de la Salle perçoit 218 006 francs (soit plus de 70 % de ses recettes). L’École commerciale fonctionne alors essentiellement à partir des frais d’inscription (82 % de ses recettes en 1938).
28La seconde école technique privée de filles habilitée à percevoir la taxe d’apprentissage en 1938 est l’une des sept écoles ménagères fondées à Lyon depuis les années 1920. Ces formations, loin de former uniquement des mères au foyer, apportent une formation professionnelle aux jeunes filles qui cherchent à se placer comme employées de maison, auprès de collectivités ou comme couturière ou ouvrière en confection. La loi sur la taxe d’apprentissage prévoit désormais leur financement (jusqu’à 10 % des exonérations accordées aux entreprises). Ainsi, le Centre familial ménager, ouvert en 1936, est la seule école habilitée à percevoir la taxe d’apprentissage à partir de l’année scolaire 1938-1939. Pour assurer une formation de 27 heures de cours par semaine sur 34 semaines, comprenant de l’enseignement général (français, morale), des cours théoriques (alimentation, hygiène et puériculture) et des travaux pratiques (cuisine, coupe, raccommodage, repassage, entretien de l’habitation, hygiène pratique, bricolage), l’école perçoit 58. 954 francs au titre de la taxe, soit 70 % de ses recettes. Le soutien apporté à l’école par la Chambre de commerce, qui la subventionne depuis sa création à hauteur de 1 000 francs par an, explique sans doute le montant élevé des subventions perçues, tout comme l’importance de ses effectifs (325 élèves dont 182 âgées de 18 ans et moins). De fait, l’école est gratuite. Un an plus tard, quatre autres écoles ménagères demandent au CDET l’autorisation de percevoir des subventions sur le produit de la taxe. Deux l’obtiendront.
29Moins nombreuses que les garçons dans l’enseignement public gratuit, ne profitant, au contraire de ces derniers, que de manière marginale de la manne des entreprises au sein du technique privé, les filles sont en revanche très nombreuses dans les écoles techniques privées payantes. En effet, vingt-huit écoles techniques privées recensées en 1938 par le CDET ne perçoivent ni la taxe d’apprentissage ni toute autre subvention publique. Ce sont principalement des formations commerciales, de sténodactylographie et de comptabilité, des écoles de filles quasi exclusivement, ainsi que les premières formations ménagères (sauf une) et des écoles de coupe et confection. Pour ce qui est des formations commerciales, leur exclusion du bénéfice de la taxe d’apprentissage, à aucun moment commentée lors des réunions du CDET, s’explique sans doute par le fait que ces cours ne répondent pas aux exigences fixées par le législateur pour bénéficier de la taxe. Le plus souvent comme chez Jamet-Buffereau, Pigier ou Japy, l’enseignement est individuel ou collectif, chaque élève organisant ses horaires ainsi que le contenu de sa formation. Ainsi, les cours de Madame Roux proposent quatre formules : des cours de deux ans préparant au CAP de sténodactylographie et aide-comptable, des cours d’un an (orthographe, grammaire, sténodactylographie), des cours de six mois et des cours du soir pour les élèves qui travaillent54. Ces écoles sont très critiquées pendant l’entre-deux-guerres pour les formations rapides et superficielles (pas de formation générale, notamment en français) qu’elles offrent et pour la prolétarisation des emplois de sténodactylographes qu’elles provoquent. Au Congrès de la formation commerciale de Marseille de 1922, elles sont en effet rendues responsables de l’encombrement de la profession de sténodactylographe « par une foule de médiocrités, ce qui, non seulement jette le discrédit sur elle (la profession) mais exerce une influence fâcheuse sur les salaires55 ». Est-ce là une raison pour ne pas les financer ? Non habilitées par le CDET à percevoir la taxe et pour seulement deux d’entre elles, cours Bossuet et « la Femme secrétaire », subventionnées modestement par la Chambre de commerce, ces écoles échappent alors à tout contrôle de l’inspection générale de l’enseignement technique.
30Non subventionnées, ces écoles affichent des frais de scolarité élevés, fixés au mois, au trimestre ou à l’année. À la fin des années 1930 chez Pigier, il en coûtera 100 francs par mois pour des cours de sténodactylographie seulement, à l’École Reynaud, 150 francs par mois, à la « Femme secrétaire », 1 000 francs par an. L’ajout d’un cours de comptabilité augmente encore les tarifs, jusqu’à 1 475 francs/an chez Pigier. Ainsi en 1934, sur les 74 jeunes filles inscrites chez Pigier, toutes sauf neuf, suivent conjointement les cours de sténodactylographie et de comptabilité56. Pour une fille d’employé-e au salaire annuel de 10 000 francs environ, ces frais de scolarité représentent alors un sacrifice important, équivalent à plus de 10 % du salaire annuel. Ce mode de calcul des frais d’inscription révèle en outre l’adaptation de ces cours à une demande de formation pluriforme : une formation de quelques mois restera d’un coût modéré quand préparer un CAP de sténodactylographie ou d’aide-comptable coûtera bien plus cher, 1 800 francs pour une année de préparation à l’École Reynaud, 3 600 francs. pour deux années. Ces cours privés proposent par ailleurs des diplômes maison qui attestent d’une année d’assiduité.
31Les nouvelles ressources apportées par la taxe d’apprentissage n’ont pas permis de résorber les inégalités de financements entre formations industrielles et commerciales et entre formations masculines et féminines. En 1939, s’il est admis qu’il faille former les filles à un métier, ces dernières disposent toujours d’un éventail de formations plus restreint après l’école primaire. Joseph Dupin, l’inspecteur de l’enseignement technique pour le Rhône, le remarquait alors, soulignant que des efforts restaient à entreprendre à Lyon en matière d’enseignement technique féminin57. Les efforts de financement ont ciblé en priorité les formations industrielles masculines, des cadres moyens et ouvriers qualifiés de la métallurgie, formations vers lesquelles les garçons sont massivement orientés. Les formations commerciales masculines sont logiquement moins fournies, mais financées et contrôlées. Qu’elles soient publiques ou privées, ces écoles sont gratuites pour la quasi-totalité d’entre elles, ce qui constitue un atout non négligeable pour s’assurer une importante clientèle. Les formations techniques féminines quant à elles n’ont profité que plus modestement des ressources de la taxe d’apprentissage. En parallèle aux formations à la confection dispensées à la Martinière, l’argent public n’a ciblé surtout que les formations au « secrétariat », général ou plus technique, formations tertiaires de haut niveau, avec l’École publique de la Martinière et son école technique, et de façon plus marginale l’École commerciale Sainte Marie des Chartreux, sa seule véritable concurrente. À l’inverse, en marge des financements et du contrôle de l’État, de nombreuses formations privées payantes se sont développées, fréquentées essentiellement par des jeunes filles qui vont alimenter le marché de l’emploi des bureaux en employé-e-s subalternes, simples sténodactylographes. Ainsi, la taxe d’apprentissage a pu constituer un des outils aux mains de l’État et des entreprises locales de hiérarchisation des formations en lien avec les mutations du monde du travail. La dévalorisation des emplois de sténodactylographes que l’on observe durant les années 1930 va de pair avec l’absence de financement des écoles qui se chargent de les former. Pourtant, l’existence même de ces cours privés atteste d’une demande de formation de la part de jeunes filles à laquelle ni l’État ni les patrons ne sont pour l’heure disposés à répondre.
Notes de bas de page
1 Jean-Michel Chapoulie, L’École d’État conquiert la France. Deux siècles de politique scolaire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 265-266.
2 Sur le contexte politique et institutionnel de l’élaboration de la taxe d’apprentissage, voir Jean-Michel Chapoulie, « Représentations de la main-d’œuvre, actions parlementaires et administratives », Vingtième siècle. Revue d’histoire, 88, octobre-décembre 2005, p. 23-47. Sur l’usage local de la taxe d’apprentissage, voir Marianne Thivend, « Les formations techniques et professionnelles entre l’État, la ville et le patronat : l’emploi de la taxe d’apprentissage à Lyon dans l’entre-deux-guerres », Le Mouvement social, juillet-septembre 2010, p. 9-27.
3 Voir Jacqueline Claire et Sylvie Schweitzer, « Des formations initiales pour des métiers : l’enseignement féminin à Lyon, mi-XIXe-mi-XXe siècles », dans Gérard Bodé et Philippe Marchand (dir.), Formation professionnelle et apprentissage XVIIIe-XXe siècles, Revue du Nord, no 17, 2003, p. 175-192 ; Marianne Thivend (dir.), « Apprentissages et formations techniques et professionnelles de filles et de garçons, XIXe-XXe siècles », Cahiers Pierre Léon, no 6, octobre 2005.
4 Jean-Michel Chapoulie, L’École d’État..., op. cit., chap. 10.
5 Hippolyte Luc, Les problèmes actuels de l’enseignement technique, 1939.
6 Ibid.
7 Ils et elles seraient 3700 d’après l’inspecteur général de l’enseignement technique Joseph Dupin en 1939. Son évaluation ne prend toutefois pas en compte les écoles techniques privées de filles ou mixtes. Pour ces estimations, voir Sylvie Schweitzer, Marianne Thivend, État des lieux des formations techniques et professionnelles dans l’agglomération lyonnaise. XIXe siècle, années 1960, rapport de recherche pour le programme Éducation et formation : disparités territoriales et régionales (Ministère de l’éducation nationale, DPD ; Ministère de la recherche, Direction de la recherche ; Ministère de l’aménagement du territoire et de l’environnement, DATAR), 2005, 168 p. (histoire.ec-lyon.fr/docannexe/file/1398/larhra0001.pdf).
8 Sont étudiées dans cet article les formations à temps plein, c’est-à-dire les « écoles techniques » et non les cours professionnels. La loi Astier et le décret du 22 février 1921 distinguent bien les deux : il y a « école » lorsque les élèves assistent chaque jour, en commun, à plusieurs leçons ou exercices et cela pendant huit ou dix mois par an, lorsque le programme des études établi en une ou plusieurs années vise une formation professionnelle déterminée, lorsque l’horaire imposé ne permet pas à l’élève d’occuper un emploi. Ces écoles différent des cours professionnels soit « tout établissement donnant un enseignement individuel, ou dont les programmes permettent à l’élève de s’inscrire pour un seul cours, de commencer ses études à l’époque qui lui convient et de les interrompre au besoin, est rangé sous l’appellation « cours professionnel ». Ces cours professionnels, de 4 heures par semaine ou de 100 heures par an, peuvent être organisés au sein même d’écoles techniques. (Pour le texte de la loi Astier, voir Thérèse Charmasson, Anne-Marie Lelorain, Yannick Ripa, L’enseignement technique de la Révolution à nos jours, t. 1, 1789-1926, Paris, INRP Economica, 1987.)
9 Lyon et la région lyonnaise en 1906, publié à l’occasion du 35e congrès pour l’avancement des sciences, Lyon, Rey, 1906, vol. 1, p. 259-260.
10 Archives municipales de Lyon (AM de Lyon), 176 WP 051.
11 Marianne Thivend, L’École républicaine dans la ville. Lyon, 1870-1914, Paris, Belin, 2006.
12 AM de Lyon, 176 WP 051, voir la correspondance entre les différentes parties.
13 Sophie Court, « Deux institutions d’enseignement technique des jeunes filles à Lyon (1877-1939), Bulletin du Centre Pierre Léon d’histoire économique et sociale, 1-2, 1999, p. 41.
14 AM de Lyon, 308 WP 006, rapport du maire Édouard Herriot au Conseil municipal, 18 avril 1918.
15 Archives de la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon (ACCIL), École technique municipale, dossier de subvention.
16 AM de Lyon, 308 WP 006, école municipale de commerce extérieur et de représentation de Lyon. Création.
17 Pour une chronologie de la construction d’une offre lyonnaise de formation, je renvoie d’une manière générale à Sylvie Schweitzer, Marianne Thivend, État des lieux des formations techniques..., op. cit.
18 AM de Lyon, École de la Salle industrielle et commerciale, Notice et programme de cours, Lyon 1888.
19 Expression de l’abbé Boisard, d’après Antoine Lestra, Le père Boisard. Prêtre-ouvrier, Lardanchet, 1949.
20 Archives privées Boisard, registre des actionnaires de la « Société anonyme des ateliers d’apprentissage », 1904.
21 Archives départementales du Rhône (AD du Rhône), Fonds Joseph Dupin, Rapport de l’inspecteur général de l’enseignement technique, 27 décembre 1928 ; ACCIL, série enseignement, École La Mâche, brochure de l’école, 1922.
22 Sur la création de l’école, voir Sheri Brun, La Chambre syndicale des Industries de la Métallurgie du Rhône, 1872-1938, mémoire de DEA, Université Lumière, Lyon 2, Centre Pierre Léon, 1992.
23 ACCIL, série enseignement, Institut Sainte Marie des Chartreux.
24 Par exemple à l’École de la Salle, ce sont les patrons qui équipent les ateliers de l’école, fournissent perforeuses, machines à vapeur, métiers à tisser, produits chimiques. Voir AM de Lyon, École de la Salle industrielle et commerciale, Notice et programme des cours, Lyon, imp. Pitrat Ainé, 1888 ; Bulletin de l’Association des anciens élèves des Frères. École de la Salle, no 327, mars-avril 1950.
25 ACCIL, Institut Sainte-Marie des Chartreux, appel à souscription, novembre 1917.
26 ACCIL, Institut Sainte-Marie des Chartreux, dossier de subventions.
27 ACCIL, Institut Sainte-Marie des Chartreux, Programme de l’école, sd, probablement en 1920.
28 ACCIL, comptes-rendus des travaux de la Chambre, 1921.
29 Ce que dénonce l’inspecteur général de l’enseignement technique, Émile Paris, lors du Congrès de la Formation commerciale de Marseille, organisé et publié par l’AFDET, 7-8-9 juin 1922. (Bibliothèque de l’AFDET).
30 C’est ce qui ressort des études menées sur les élèves des deux Martinière, de filles et de garçons, durant l’entre-deux-guerres. Voir Patrice Pelpel et Vincent Troger, Histoire de l’enseignement technique, Hachette Éducation, 1993, p. 160.
31 AM de Lyon, 308 WP 005. Les abandons en cours d’études sont nombreux, signalés dans la plupart des écoles. à l’École de commerce extérieur et de représentation commerciale, l’importance des départs au terme de la 3e année est telle que le directeur réclame la réduction de la durée des études de 5 à 4 ans.
32 Voir Jean-Michel Chapoulie, L’école d’État..., op. cit., chap. 7.
33 Sur la législation relative à la taxe d’apprentissage, voir Thérèse Charmasson, Anne-Marie Lelorrain, Yannick Ripa, L’enseignement technique de la Révolution à nos jours, t. 1 : 1789-1926..., op. cit. ; Gérard Bodé, L’enseignement technique de la Révolution à nos jours, t. 2 : 1926-1958, Paris, INRP Economica, vol. 1., 2002.
34 Jean-Michel Chapoulie, L’école d’État..., op. cit., chap. 10.
35 Marianne Thivend, « Les formations techniques et professionnelles... op. cit., p. 11-18.
36 AM de Lyon, 1101 WP 148, M.-J. Dupin, Rapport sur l’Enseignement technique, 1936-1937, Département du Rhône, Chambre de commerce de Lyon, 1938.
37 AD du Rhône, T 788, M.-J. Dupin, Rapport sur l’enseignement technique dans le département du Rhône, 1929-1930.
38 Bien qu’elles demeurent des écoles privées reconnues par l’État, les écoles de métiers peuvent bénéficier d’une contribution de l’État pour leur installation, ainsi que pour leurs dépenses d’entretien et de personnel (décret du 12 juillet 1921 et arrêt du Conseil d’État du 20 janvier 1922 pour leur financement dans les villes de plus de 150 000 habitants).
39 Guy Brucy et Vincent Troger, « Un siècle de formation professionnelle en France : la parenthèse scolaire ? », Revue française de pédagogie, no 131, avril 2000, p. 10-11.
40 AD du Rhône, T 788, Rapport de M.-J. Dupin sur l’enseignement technique dans le département du Rhône, 1929-1930.
41 AM de Lyon, 151 WP 12, boursières de l’École technique.
42 AM de Lyon, Ville de Lyon, Documents, 1937.
43 AM de Lyon, 1101 WP 148, M.-J. Dupin, Rapport sur l’Enseignement technique, 1936-1937, Département du Rhône, Chambre de commerce de Lyon, 1938.
44 AD du Rhône, T 788, notes ayant servi à la rédaction du rapport annuel de l’Inspection technique, 1938.
45 AD du Rhône, T 787, travaux de la sous-commission chargée de la vérification des œuvres privées et cours professionnels d’enseignement technique, année 1938-1939.
46 Ibid.
47 AD du Rhône, 1 T 2271, rapport d’inspection de Joseph Dupin à l’EAS, 1928. Le salaire horaire moyen des élèves atteint les valeurs suivantes : 2e année : 0,50 franc à 0,75 franc ; 3e année : 0,80 à 1 franc ; 4e année : 1, 70 à 2 francs ; 5e année : 3 francs.
48 AD du Rhône, T 787, sous-commission du CDET chargée de la vérification des œuvres privées et cours professionnels d’enseignement technique, 1938-1939.
49 ACCIL, Carton E 13, correspondance entre la Chambre syndicale de l’industrie métallurgique et l’abbé La Mâche, 14 mai 1933.
50 AM de Lyon, 95 WP 030.
51 AD du Rhône, T 787, sous-commission du CDET chargée de la vérification des œuvres privées et cours professionnels d’enseignement technique, 1938-1939 ; AD du Rhône, 1 T 2271, rapport de l’inspecteur Dupin, 21 mars 1934.
52 ACCIL, Boursières de l’École Sainte Marie. Pour la Martinière des filles ; voir AM de Lyon, 151 WP 12. À la Martinière, la bourse municipale, de 500 à 1 200 francs, représente une plus ou moins grande part des revenus annuels du foyer, de 7 % à 15 %. Les bourses couvrent au moins les frais d’inscription.
53 AD du Rhône, T 787, sous-commission du CDET chargée de la vérification des œuvres privées et cours professionnels d’enseignement technique, 1938-1939.
54 AM de Lyon, 1101 WP.
55 Congrès de la formation commerciale, AFDET, Marseille, 7-8-9 juin 1922. Rapport sur l’enseignement commercial élémentaire et moyen. Sur la « mauvaise réputation de ces cours privés commerciaux, voir Delphine Gardey, La dactylographe et l’expéditionnaire. Histoire des employés de bureau. 1830-1930, Paris, Belin, 2001, p. 84 et 171.
56 AM de Lyon, 1101 WP, déclaration des écoles privées et cours professionnels auprès de la municipalité.
57 AD du Rhône, T 788, Rapport de M.-J. Dupin sur l’enseignement technique dans le département du Rhône, 1937-1938.
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Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008