L’introduction de l’enseignement des sciences à l’école primaire et ses implications financières dans les écoles normales rénovées de la France septentrionale (1881-1940)
p. 99-113
Texte intégral
1« Monsieur le Recteur, grâce aux dispositions qui ont été prises par mon administration dans le courant des dernières années, la reconstitution progressive du matériel scientifique des écoles normales primaires est désormais assurée. Dans un délai assez rapproché, toutes, sans exception, doivent être amplement munies des instruments, appareils et collections nécessaires à l’enseignement des sciences physiques et naturelles1. » Les recommandations du ministre Jules Ferry, adressées à la France des recteurs en avril 1882, donnent à voir un tableau novateur de l’enseignement des sciences à l’école normale primaire et présentent la volonté du « politique pédagogue » de fournir aux futurs instituteurs tous les éléments d’instruction requis. Plus particulièrement, elles illustrent les principales conséquences de la mise en place d’un enseignement obligatoire des sciences physiques et naturelles à l’école primaire. Une meilleure formation scientifique et pédagogique des élèves-maîtres/maîtresses dans les écoles normales implique en effet de mettre en rapport des moyens propres à ces enseignements avec les exigences des nouveaux programmes scolaires. L’introduction d’un enseignement obligatoire des sciences2 est une innovation importante de la loi du 28 mars 1882. En effet, l’article 1er de la loi Guizot (28 juin 1833) ne prévoyait que des enseignements de sciences physiques et d’histoire naturelle applicables aux usages de la vie, et ce uniquement pour l’instruction primaire supérieure. L’article 23 de la loi Falloux (15 mars 1850) les fait entrer dans l’enseignement normal primaire. Pour les écoles primaires normales, le règlement du 14 décembre 1832, signé par François Guizot, donne comme objets d’enseignement obligatoire « des notions de sciences physiques et d’histoire naturelle applicables aux usages de la vie ». Cette instruction scientifique des élèves-maîtres sera détaillée par l’arrêté du 31 juillet 1851 qui fixe les premiers programmes nationaux d’un enseignement scientifique. Celui-ci évolue, devient facultatif pour toutes les écoles normales primaires de France, et est dispensé à raison de « trois leçons par semaine, en troisième année uniquement ». Cette distinction nouvelle, entre les matières d’enseignement obligatoires et celles facultatives, sera supprimée dès 1866 par un décret de Victor Duruy : toutes les matières seront désormais enseignées dès la première année, y compris les sciences3.
2Mais c’est surtout à partir du décret du 29 juillet 1881 que l’organisation de l’enseignement dans les écoles normales primaires impose une élévation du niveau des études des futures maîtres et maîtresses, l’enseignement scientifique devant se renforcer considérablement. Les sciences physiques et les sciences naturelles occupent désormais et respectivement le 9e et le 10e numéro d’ordre des matières demandant une préparation, matières d’enseignement dans les écoles normales dès la première année deviennent matières enseignées dans les écoles primaires dès la rentrée scolaire de 1882. Figurent également dans ce décret l’hygiène, l’horticulture et l’agriculture. Toutefois, cette dernière matière n’est enseignée qu’aux élèves-maîtres ; les élèves-maîtresses sont invitées, et elles seules, à suivre pendant ce temps les enseignements d’économie domestique. Cette introduction progressive d’un enseignement obligatoire des sciences dans les écoles primaires, et par anticipation dans les écoles primaires normales, s’est accompagnée de la mise en place de moyens matériels et humains propres à ces enseignements scientifiques. C’est à une première analyse du coût du développement de ces enseignements dans les écoles normales de la France septentrionale que s’intéresse cette contribution : quelles dépenses, pour quels usages et par quels financements ?
Nouvel enseignement obligatoire, nouvelles dépenses conséquentes
3L’échec rapide de l’École normale fondée à Paris par le décret de la Convention du 30 octobre 1794 puis le faible impact du décret impérial du 17 mars 1808 demandant la mise en place de « classes normales » annexées aux lycées de garçons, laissent longtemps le champ libre aux initiatives locales et privées4 » en matière de formation des maîtres. À ce niveau, la IIIe République marque une rupture qui assure la promotion du « modèle » normalien.
Fonder ou rénover des écoles normales dans la France septentrionale
4Dans le département des Ardennes, un cours normal est créé en mars 1831 dans un local commun au collège de Charleville et au séminaire qui fonctionne dès lors dans une atmosphère d’austérité claustrale, soumise à la tutelle pesante du clergé, encore renforcée vingt ans plus tard par la loi Falloux. Ce qui ne satisfait pas pour autant la commission de surveillance qui réclame dès 1854 un enseignement scientifique « plus sérieux5 ». Il faut attendre 1828-1832 pour voir se multiplier les fondations dans le Nord de la France : Amiens en 1831, Laon en 1832, Douai en 1834. Les départements n’entretenant pas d’école normale envoient leurs boursiers dans les écoles normales des départements voisins. Ainsi, les élèves-maîtres du département du Pas-de-Calais sont amenés à fréquenter l’école normale du département du Nord jusqu’en 1850 avant de rejoindre le cours normal annexé au pensionnat catholique Saint-Louis à Dohem6, jusqu’à la fondation de l’école normale d’Arras en 1883. Il faut attendre la loi Paul Bert du 9 août 1879, qui institue une école normale de garçons (ENG) et une école normale de filles (ENF) dans chaque département, pour mesurer les conséquences financières des différentes lois scolaires. Ces dépenses, explique Jules Ferry devant la Chambre des députés lors d’une séance en décembre 1882, étaient nécessaires :
« En échange des millions que vous avez mis à notre disposition, le ministère de l’Instruction publique vous apporte six écoles normales d’instituteurs [dont celles d’Arras et Beauvais] et soixante-sept écoles normales d’institutrices [dont celles d’Amiens, Laon, Arras, Douai, Beauvais et Charleville], dans soixante-sept départements qui en étaient privés. La caisse des écoles a fourni pour cette grande entreprise un capital de 12 902 000 francs7. »
5Dans la grande académie de Douai-Lille8, les fondations vont se poursuivre jusqu’en 1884 avec l’installation de l’école normale d’institutrices des Ardennes à Charleville, et en parallèle la refondation (déménagement et/ou agrandissement conséquent) de six écoles normales. C’est donc une période de dépenses très importantes. Pour le département du Pas-de-Calais plus particulièrement, le Conseil général s’était accommodé de solutions provisoires depuis trop longtemps. Dans une lettre datée du 12 août 1879, deux maîtres laïques indiquent à l’Inspecteur d’académie qu’on prépare au pensionnat catholique de Dohem « des hommes qui seront d’excellents sacristains mais de médiocres instituteurs9 ». Cette situation explique sans doute les échecs répétés des boursiers du Pas-de-Calais aux examens du brevet élémentaire. Ces échecs sont vivement décriés dès 1871 par certains conseillers généraux qui réclament l’établissement d’une école normale pour le département. L’idée fait son chemin, et le préfet, à la suite de la loi Bert de 1879, fait procéder à des recherches en vue de l’implantation des deux établissements à créer : une école normale d’instituteurs et une école normale d’institutrices. Un budget est alors prévu pour ces deux écoles. L’importance financière des fondations n’est alors pas négligeable et révèle un contributeur principal à savoir le département. Le département du Pas-de-Calais contribue à hauteur de 56 % au budget total de fondation de ces deux écoles normales (presque 1 million de francs au total), la ville d’Arras et l’État contribuant pour 22 % chacun. Pour l’enseignement des sciences, l’achat du mobilier spécifique à cette matière scolaire représente 2 % du budget de fondation de l’école normale de garçons10.
Dépenses | Recettes | |
École normale de garçons (prévue pour 80 élèves-maîtres) | 550 000 francs (dont 471 100 francs pour la construction des bâtiments ; 67 900 francs pour le mobilier scolaire et 11 000 francs pour le mobilier scientifique (soit 78 % du total) | 1) Subvention du ministère de l’Instruction publique : 200 000 francs |
École normale de filles (prévue pour 40 élèves-maîtresses) | 350 000 francs | |
Total | 900 000 francs (y compris la somme de 70 000 francs pour 20000 m2 de terrain) | 900 000 francs |
Tableau V. – Budget de fondation des écoles normales de garçons et de filles du Pas-de-Calais en 1883 à Arras11.
6Le budget de fondation de l’école normale d’Arras (550 000 francs) est comparable avec celui de la refondation de l’École normale d’instituteurs de Douai en 1877 (577 569 francs12). Toutefois, cette dépense est effectuée pour la formation de cent cinquante élèves-maîtres, soit un ratio de 3 850 francs/élève-maître. Pour la fondation de l’école normale masculine d’Arras en 1883, et la formation de seulement quatre-vingts élèves-maîtres, le ratio est deux fois plus important : 6 875 francs/élève-maître13. Ce budget de fondation peut être également rapproché avec le projet du premier budget de fonctionnement (année civile 1884) de cette école normale de garçons et dans lequel apparaissent 2 500 francs de dépenses liées spécifiquement à l’enseignement des sciences : 1 500 francs pour le traitement du professeur départemental d’agriculture (chapitre Ier des dépenses ordinaires, article 1er – Personnel) ; 100 francs pour l’entretien et la réparation d’instruments scientifiques ; 400 francs pour l’entretien du jardin pédagogique (chapitre 1er des dépenses ordinaires, article 3 – Dépenses diverses) ; 500 francs pour l’achat de livres scientifiques pour la bibliothèque et d’instruments pour le cabinet de physique (chapitre II des dépenses extraordinaires, article 1er). L’ensemble de ces dépenses spécifiques représente 4 % du budget total de fonctionnement s’élevant à 74 710 francs14. En 1888, le recteur Henri Couat résume ainsi la situation de l’instruction primaire dans l’académie de Douai-Lille et relève les progrès significatifs en matière de formation des maîtres :
« Veut-on résumer en quelques mots et à l’aide de quelques chiffres la situation actuelle [en 1888] des écoles normales de l’Académie de Lille ? On dira que pour les cinq départements de l’Aisne, des Ardennes, du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme, ayant une population totale de 4 millions d’habitants, l’État et les départements entretiennent dix écoles normales, contenant 858 élèves, administrées par un directeur et un économe, et où l’enseignement est donné par 58 professeurs ; chacune de ses écoles est pourvue d’une école annexe ayant un directeur ou une directrice ; le budget annuel de toutes les écoles réunies est de 705 772 francs. Si l’on compare cette situation à celle de 1878, on ne peut être que frappé des progrès accomplis. Des écoles construites ou agrandies, le personnel des maîtres et celui des élèves augmenté, le budget considérablement accru, l’administration reconstituée, la direction affermie, la discipline et l’enseignement transformés et vivifiés par un esprit nouveau, tels sont ces progrès. On ne peut les constater sans y trouver des raisons de confiance dans l’avenir15. »
Concevoir et construire des bâtiments spécifiques...
7Douai est la première ville dans tout le département du Nord à ouvrir le premier cours destiné aux élèves-maîtres le vendredi 16 mai 1834, dans un local situé dans l’ancienne rue de la Chartre à Douai16 aujourd’hui rue Fortier. Très vite, l’école se retrouve à l’étroit et un déménagement vers un bâtiment de la rue des Carmes – aujourd’hui rue Victor Hugo – est nécessaire en 1846. Mais les aménagements et les agrandissements successifs ne résolvent pas la question de l’exiguïté des lieux face aux besoins croissants de former, dans l’académie de Douai-Lille, un plus grand nombre de maîtres. La construction d’une nouvelle école devient impérative. Le 26 septembre 1877, deux ans après la pose de la première pierre, les premiers cours débutent dans la nouvelle structure installée à l’extrémité de la rue d’Arras, entre les anciens remparts de la ville et le Jardin des plantes. À la suite de nombreuses acquisitions immobilières, les locaux sont progressivement transformés et agrandis, en tenant compte de la fonctionnalité des bâtiments. De 1877 à 1914, l’école normale accueille environ cent cinquante élèves-maîtres par an pour les trois années d’études et ses locaux, pourtant récents, sont trop étroits. Il faut alors procéder à des agrandissements et construire de nouvelles salles de classes dont une proche de la chapelle pour les manipulations de sciences (1884) ainsi qu’une serre (1891). Avec toutes ces améliorations, la restructuration de l’école revient à 670 000 francs17 en 1907. À l’aube du Premier Conflit mondial, l’école normale garçons de Douai est la plus importante de France avec cent soixante élèves-maîtres pour onze professeurs. L’occupation allemande de Douai laisse, à la sortie de la Grande Guerre, une école normale dévastée (elle avait été requise pour l’installation d’un lazaret).
8Ces plaies sont pourtant vite effacées puisque, de 1920 à 1930, l’effectif avoisine cent quatre-vingts élèves-maîtres. En 1928, l’acquisition du Pavillon Le Gentil et de son parc par le département du Nord donne de l’air à l’école ; on améliore également le Pavillon des sciences, bâtiment exclusivement dévolu à l’enseignement des sciences physiques et naturelles, ainsi qu’à l’enseignement agricole. Il s’agit d’un bâtiment de briques, présentant un seul étage et comportant : au rez-de-chaussée : des salles pour l’enseignement de la chimie et de l’agriculture ; à l’étage : des salles pour l’enseignement de la physique et des sciences naturelles, des salles pour accueillir les collections scientifiques de physique et de sciences naturelles, les amphithéâtres de physique et de chimie ; à l’extérieur du pavillon, isolée dans le petit jardin, on trouve une pièce pour la « dangereuse » collection des produits de chimie.
... aux aménagements de plus en plus perfectionnés
9Les instructions officielles de 1923 constituent un tournant important pour l’enseignement des sciences18. À l’observation des choses, qui laisse l’écolier passif, doit être préférée l’expérimentation qui lui assigne un rôle actif ; de même, à l’enseignement par l’aspect (voir pour comprendre), procédé des leçons de choses, il convient de superposer une autre forme de la même méthode qui n’en est encore qu’à ses balbutiements mais qui décuplera l’efficacité de l’art pédagogique, l’enseignement par l’action (faire pour comprendre). Les salles d’enseignement des sciences dans les écoles normales doivent dont être adaptées à ces nouvelles recommandations pédagogiques. Ainsi, les salles de manipulations de sciences, dont les plus anciennes datent de 1884 pour l’école normale de Douai par exemple, laisse la place à des salles de travaux pratiques (TP) aménagées en conséquence dans le Pavillon de sciences et financées par les dommages de guerre. Un mobilier spécialisé apparaît : tables en lave émaillée et chaises spéciales dans la salle de travaux pratiques de physique ; tables-bancs pour l’amphithéâtre de chimie ; tables-paillasses avec carreaux de faïence, chaises spéciales permettant de s’asseoir pour suivre les enseignements de chimie dans la salle mixte de TP et de cours ; tables-formica pour dissection, éviers, prises de courant pour l’étude au microscope dans les salles de sciences naturelles ; tables-formica, chaises pour la salle d’enseignement agricole. À ce mobilier, s’ajoute un grand nombre d’objets d’expérimentation pour le maîtres et les élèves.
10La généralisation d’un enseignement obligatoire des sciences dans les écoles normales à la fin du XIXe siècle entraîne des dépenses immobilières et mobilières importantes, parfois même doublées pour faire face aux importants dommages de guerre. Des espaces spécialisés dédiés à l’enseignement des sciences sont progressivement aménagés, selon l’évolution parallèle des méthodes pédagogiques : les salles de manipulation laissent la place aux salles de travaux pratiques pour répondre aux nouvelles exigences du programme de 1923 d’un enseignement expérimental des sciences. Encore faut-il que ces lieux adaptés à un enseignement des sciences soient animés par des pierres vivantes !
Nouvel enseignement obligatoire, nouveaux enseignants à recruter et à payer
11Avant 1880, l’enseignement scientifique était dispensé par des maîtres adjoints chargés aussi du service de surveillance intérieure ; ils couchaient à tour de rôle au dortoir. Ces maîtres, souvent recrutés parmi les anciens, étaient en général pourvus du brevet supérieur mais tous ne possédaient pourtant pas ce titre. La bonne volonté et le dévouement ne leur faisaient pas défaut dans l’accomplissement d’une tâche pénible mais leurs connaissances ne pouvaient être ni bien étendues ni bien solides. En outre, l’Administration chargeait souvent d’un enseignement un maître qui n’y était point préparé et il n’était pas rare de voir un professeur enseigner les sciences et occuper une chaire d’histoire ou de français.
Faire appel à des « professeurs externes » au prix d’une dépense accrue
12Pour renforcer cet enseignement qui ne s’élevait pas au-dessus des réalités de la vie pratique, on avait quelquefois recours à l’institution de cours complémentaires ou spéciaux confiés aux professeurs des lycées et collèges, voire aux professeurs de facultés, entraînant de fait une dépense supplémentaire. Mais ces cours n’ont jamais été bien organisés et avaient aussi le grave inconvénient d’amoindrir les maîtres-adjoints aux yeux de leurs élèves. Ces « professeurs externes de sciences », le plus souvent des hommes, sont rétribués au moyen d’une indemnité calculée à raison de 150 à 300 francs de l’heure19. Les maîtres auxiliaires chargés d’enseignements accessoires (chant, dessin, musique instrumentale, gymnastique, etc.) sont « seulement » rétribués au moyen d’une indemnité calculée à raison de 100 à 200 francs de l’heure20. De même, tout professeur ou maître-adjoint qui donne un nombre d’heures d’enseignement supérieur au maximum réglementaire reçoit une indemnité annuelle pour chaque heure supplémentaire. Cette indemnité est de 150 francs pour l’enseignement des lettres, des mathématiques, des sciences physiques et naturelles, des langues vivantes, du dessin et du travail manuel, et de 100 francs pour les autres matières21. Pour le moins, faire appel à ces professeurs supplémentaires représente donc une dépense importante pour le budget de l’école normale, et engendre un turn-over important des enseignants, incompatible avec un suivi pédagogique de qualité.
13Se pose ainsi la question de la formation des professeurs des écoles normales. On trouve trace d’une volonté d’une meilleure formation dans une lettre datée du 28 mars 1877. Le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts écrit au préfet du Pas-de-Calais pour lui faire part de la volonté de recruter des enseignants davantage formés sur le plan pédagogique. Il demande ainsi de choisir des professeurs parmi d’anciens élèves d’une école normale et pourvus du brevet complet. Et d’ajouter que « les professeurs de cet ordre, outre qu’ils possèderaient un titre de capacité probant, connaîtraient par expérience la mesure dans laquelle l’enseignement primaire doit être donné à de futurs instituteurs22 ». De fait, l’article 10 du nouveau traité de 1877 reconnaissant le cours normal de Dohem – traité établi initialement23 en 1851 – fixe les nouvelles conditions de grade et d’origine des professeurs du cours normal pour la rentrée de novembre 1878 : « Le personnel enseignant se compose de cinq professeurs dont trois au moins seront, aussitôt la mise en exécution du présent traité, pourvus du brevet complet. Deux d’entre eux devront être choisi parmi d’anciens élèves d’une école normale24... » Cette dernière condition doit nécessairement entraîner de grosses dépenses pour le pensionnat, car le directeur sera tenu, le cas échéant, de faciliter au jeune professeur choisi le remboursement de ses frais de scolarité antérieure, en vertu de l’engagement décennal qu’il aura pu contracter dans son département d’origine. D’ailleurs, dès le 25 mars 1877, dans une lettre adressée au préfet, le directeur du cours normal inquiet indique que de ce changement « en résultera certainement pour nous une gêne et un asservissement de dépense pour le recrutement de notre personnel25 ».
Préférer alors des professeurs de l’ordre des sciences
14« Il est permis d’espérer que le jour n’est pas éloigné où les écoles normales se suffiront à elles-mêmes pour tous les enseignements. Ce qui importe de considérer ici, c’est que le personnel enseignant a dû acquérir de nouveaux titres de capacité [brevet de capacité supérieur], qu’il a dû se spécialiser soit dans l’ordre des sciences, soit dans l’ordre des lettres26 », relève le recteur de Besançon en 1888. Il s’agit là d’une réponse au souhait général d’une meilleure formation des professeurs, doublée d’une économie substantielle ! En effet, grâce à la création de certificats d’aptitude spéciaux pour l’enseignement littéraire (professeur de l’ordre des lettres) et pour l’enseignement scientifique (professeur de l’ordre des sciences) ainsi qu’à la fondation des écoles normales supérieures de Fontenay-aux-Roses pour les filles (en 1880) et de Saint-Cloud pour les garçons (1882), les écoles normales comptent déjà un grand nombre de professeurs capables d’enseigner les sciences car tous spécialisés. La réforme du corps professoral des écoles normales et donc en bonne voie. Ces modifications ont eu pour conséquence de donner plus d’étendue et plus de solidité aux études scientifiques.
Recourir aux services du « professeur départemental d’agriculture »
15À l’instar des sciences physiques et naturelles, l’agriculture a constitué un objet d’enseignement dès le premier règlement des écoles normales en 1832 et ceux de l’école primaire en 1833. Le but de cet enseignement est double : donner les connaissances scientifiques sur lesquelles repose la science agricole moderne, et inspirer l’amour de la vie des champs pour l’élève ; permettre au futur maître de subvenir à ses besoins domestiques, le salaire étant modeste, et lui inspirer l’amour de la vie rurale pour qu’il reste à la campagne. Les instructions officielles de 1897, confirmées et complétées par celles du 13 mai 1911 donnent une orientation nouvelle à l’enseignement de notions élémentaires d’agriculture27 : l’agriculture ne doit plus constituer un enseignement à part, distinct de l’enseignement scientifique. Les sciences servent en quelque sorte d’introduction à l’agriculture dont elles éclairent et règlent l’enseignement. De fait, l’enseignement de l’agriculture, de l’horticulture et de l’arboriculture fait appel aux deux prescriptions de l’enseignement scientifique : l’observation des faits, et le recours aux expériences. En outre, une aide précieuse peut être accordée à l’enseignement agricole par d’autres enseignements – lecture, français, calcul, – s’il est donné une « couleur agricole » aux exercices qui en découlent. Enfin, il convient d’adapter les programmes au calendrier des saisons et à la géographie régionale28. Ainsi, dans les écoles normales, l’enseignement de l’agriculture est tout d’abord confié à des professeurs externes chargés de cours complémentaires, ce qui engendre une dépense importante pour l’école. Il est remplacé, dans les années 1880, par le professeur départemental d’agriculture29. Il reçoit un traitement entre 1 500 et 2 250 francs par an, suivant la classe à laquelle il appartient. Cette somme ne représente que la moitié de son traitement réel car l’autre moitié lui est payée par le ministère de l’agriculture et du commerce30. Vers la fin du XIXe siècle, il n’est pas rare que l’on confie également au professeur de sciences naturelles les enseignements liés à l’agriculture. L’inspecteur d’académie du Nord confie ainsi à Monsieur Pamart, professeur de sciences naturelles à l’école normale de garçons de Douai au tout début du XXe siècle, 4 heures d’enseignement de l’agriculture entrant dans son service31. La formation scientifique et pédagogique des professeurs des écoles normales s’améliore donc considérablement entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle.
Nouvel enseignement obligatoire, nouveaux matériels à destination des élèves-maîtres
16Les écoles normales se doivent de posséder des collections scientifiques en rapport avec les exigences des nouveaux programmes et les dotations de l’État sont nombreuses pour les acquisitions de collections d’objets scientifiques et d’instruments. En 1881, on note ainsi un achat important de 3 500 francs d’instruments de physique pour l’ENG de Douai32. Très souvent, les écoles normales ne dépensent pas la totalité de la subvention, le reliquat se reportant sur le budget de l’année suivante sous le titre des recettes extraordinaires.
Acheter dans un premier temps des collections scientifiques manufacturées
17Dans des instructions applicables dès la rentrée scolaire d’octobre 1898, le ministre de l’Instruction publique Alfred Rambaud donne des indications impérieuses pour l’entretien et la conservation des collections d’histoire naturelle33 : vitrines avec une bonne fermeture afin d’éviter l’entrée des insectes destructeurs qui se nourrissent des matières animales et végétales sèches, rideau par-devant afin d’éviter l’altération de la couleur des poils et des plumes par la lumière. Tout comme l’enseignement des sciences qui était agricole à la campagne, industriel à la ville, le musée scolaire relevait du lieu où se situait l’école : les échantillons récoltés (utiles à l’enseignement, utiles à l’enseignant, utiles également à l’élève) provenait de l’environnement local voire régional. En cela, ces instructions rejoignent le bon mot de Maurice Girard prononcé dès 1878 lors de la Conférence pédagogique du 25 août durant l’Exposition universelle de Paris : « La campagne est un immense musée scolaire que vous n’épuiserez jamais34. » Cette idée est d’ailleurs reprise35 par le ministre de l’Instruction publique Agénor Bardoux lors de son discours de la séance d’adieux des Conférences pédagogiques de 1878. À titre d’exemple local, le registre daté de 1920 intitulé Catalogue du cabinet de physique et de chimie, collections d’histoire naturelle, etc. de l’École normale primaire d’institutrices de Douai36 fournit un certain nombre de renseignements quant à la composition des collections37. Pour celles relatives à l’histoire naturelle (section D de l’inventaire), on dénombre 126 références répartis de la façon suivante : 108 objets (86 %) en zoologie, entomologie ; 16 (13 %) en botanique et 2 seulement en géologie. Les trois quarts de la collection (94 références) sont des objets manufacturés issus à 95 % des grandes maisons parisiennes vendant du matériel pédagogique pour l’enseignement des sciences naturelles comme Deyrolle (74 références sur 94, soit près de 80 %), Boubée (13 références) et Nachet (5 références) plus particulièrement pour le matériel d’observation comme les microscopes. Le dernier quart (32 références) est constitué de pièces aux origines inconnues : 23 pièces qualifiées de « récupérés » (sans doute s’agit-il là des objets confectionnés par les normaliennes, ou d’objets repris suite à des dégâts de guerre), 1 pièce issue des dommages de guerre et payée par l’architecte, et 8 éléments sans indication. Parmi les objets fleurons de cette collection, figurent des pièces caractéristiques et symboliques de l’époque comme des modèles clastiques – fleur de renoncule (récupérée), oreille (récupérée) et écorché humain (1m 45, maison Deyrolle), une série de 25 espèces insectes utiles et une série de 50 espèces insectes nuisibles de la maison Deyrolle.
Constituer de nouveaux fonds en impliquant professeurs et élèves-maîtres
18Dans les écoles normales, on trouve également des collections scientifiques qui relèvent moins des sciences que de la pédagogie. Dans les instructions d’avril 1898 évoquées précédemment, le ministre Rambaud rappelle diverses prescriptions relatives à la direction pédagogique de l’enseignement général des sciences naturelles. Il revient sur la nécessité, à partir du matériel recueilli au cours des excursions, de la pratique des exercices d’herborisation, de la constitution d’une collection type d’insectes utiles et nuisibles destinée à servir plus tard à l’enseignement de l’élève-maître. La géologie n’est pas omise : « L’étude des terrains sera réduite à des indications sommaires pour tous ceux qui ne se rencontrent pas dans la région ; elle sera un peu plus détaillée pour ceux qui forment le sol dans la contrée où le professeur exerce. Elle sera très utilement complétée par des excursions géologiques, où les élèves pourront rassembler les types des principes roches et les fossiles caractéristiques qui formeront le noyau de la petite collection destinée à l’enseignement dans l’école primaire38. » Est sous-entendu ici le musée scolaire d’école.
19Par musée scolaire il faut surtout voir un nouvel outil pédagogique fortement promu par la IIIe République. L’expression de musée scolaire s’applique aux collections de toute nature formées par le maître en vue de son enseignement. Ce terme doit être entendu dans un sens plus restreint pour désigner les objets usuels utilisés par l’instituteur dans le procédé d’enseignement appelé leçons de choses. Un musée scolaire est donc une collection d’objets, les uns naturels, les autres fabriqués et liés à l’industrie, destinés à donner aux enfants des idées nettes, exactes, sur tout ce qui les entoure39. L’histoire des musées scolaires est intimement liée à celle des leçons de choses. La création d’un musée scolaire est recommandée dans toutes les écoles au XIXe siècle mais le mouvement en faveur de cette utile institution est assez lent. Pour le hâter, il est réalisé, dans toutes les écoles normales, un musée scolaire type. Ce musée type est organisé par les élèves-maîtres eux-mêmes, livrés à leurs seules ressources et sous la conduite de leurs professeurs. Il ne faut y introduire que le strict nécessaire. C’est, en quelque sorte, un minimum qu’aucun des futurs instituteurs ne peut désespérer d’atteindre, et que beaucoup auront à cœur de dépasser dans leurs futures écoles, en prenant alors pour guide le musée même de l’école normale. L’augmentation importante du nombre de musées scolaires entre 1878 et 1888 dans le nord de la France peut être mise en parallèle avec la formation reçue dans les écoles normales et une importante puissance financière industrielle. De même, la qualité exceptionnelle de ces musées tient du fait que la région nord présente des milieux très variés : littoral, bassins houillers, forêt, etc.
Départements | Musées scolaires créés avant 1878 | Musées scolaires créés entre 1878 et 1888 | Total au 31 décembre 1888 |
Aisne | 18 | 480 | 498 |
Total pour l’académie | 58 | 2 203 | 2 261 |
Tableau VI. – Évolution du nombre de musées scolaires dans les écoles primaires de l’académie de Douai-Lille40 entre 1878 et 1888.
20Dans ces mêmes instructions d’avril 1898, le ministre Rambaud donne aussi des indications pratiques et précises pour l’entretien et la conservation des différentes collections du musée scolaire. Enfin, ce thème constitue même le cœur de sujets soumis aux candidats préparant les examens pédagogiques dans les écoles normales, en formation initiale. Dans son ouvrage Pédagogie vécue, préfacé par Ferdinand Buisson, Charles Charrier propose ainsi un cours complet de pédagogie pratique sur le musée scolaire et des sujets à traiter pour s’entraîner41. Par exemple : « Le musée scolaire, Montrez-en l’utilité. Dites comment vous procédez pour constituer un musée scolaire et d’après quelles règles vous en classez les objets » ? Cette thématique est également reprise en formation continue, comme l’atteste la réflexion proposée pour la conférence d’automne 1893 des instituteurs de l’Aisne : « Comment avez-vous composé la collection des objets destinés aux leçons de choses42 ? »
S’appuyer sur de nouveaux ouvrages scolaires
21« Monsieur le Recteur, grâce aux dispositions qui ont été prises par mon administration dans le courant des dernières années, la reconstitution progressive du matériel scientifique des écoles normales primaires est désormais assurée [...] ; il nous reste à examiner l’état des bibliothèques de ces établissements43. » Ce second extrait de la circulaire ministérielle de Ferry montre bien que parmi le matériel de l’enseignement des sciences, les livres occupent une place privilégiée. L’histoire des bibliothèques des écoles normales se confond avec celle des écoles normales. C’est sous le régime de la loi Guizot de 1833 que se fondent les premières écoles normales mais les ressources inscrites au budget suffisaient à peine à assurer les dépenses obligatoires : rien ne pouvait donc être fait pour la constitution de bibliothèques quand bien même quelques titres de livres spécialement destinés aux écoles normales apparaissent. La loi Falloux de 1850 freine le développement des écoles normales et compromet même leur existence. Le règlement du 24 mars 1851 n’a rien négligé pour les amoindrir : les programmes antérieurs sont réduits, les livres imposés et sous contrôle. L’apaisement se concrétise sous Duruy : les écoles normales reçoivent de son ministère des dons de livres. Elles augmentent également leurs collections au moyen de leurs bonis et ainsi se forment de véritables bibliothèques. Avec la réorganisation de l’enseignement dans les écoles normales en 1881, les bibliothèques deviennent alors l’objet de la sollicitude de l’Administration. Les dons de l’État sont fréquents et les acquisitions moins rares. La circulaire de Ferry d’avril 1882 impose de dresser un catalogue normalisé, complet et détaillé des ouvrages de chaque bibliothèque de chaque école normale afin de procéder avec ordre à deux genres de concession de livres aux frais de l’État : 1) celui destiné à compléter la bibliothèque de chaque école normale des ouvrages importants qui lui manquent encore, et 2) celui destiné à la constitution de la bibliothèque de choix de chaque élève-maître sortant de l’école normale avec son brevet supérieur44. Cette bibliothèque de choix « l’aidera, fût-il relégué au fond d’un village, à entretenir chez lui ce goût de la lecture et ces habitudes de travail intellectuel, cet amour de l’étude désintéressée qui doivent faire l’intérêt de sa vie, la noblesse de ses fonctions et la garantie de son indépendance45 ».
22La circulaire de 1882 indique aussi que les livres qu’il importe de placer dans toute école normale peuvent se diviser en trois catégories : 1) Les livres de fonds, dictionnaires, revues, ouvrages généraux et traités spéciaux d’une valeur reconnue, destinés avant tout aux professeurs et aux élèves de troisième année : c’est la bibliothèque proprement dite de l’école normale ; 2) Les manuels et livres de classe des élèvesmaîtres, livres, études journalières, dont chaque élève doit avoir un exemplaire à son usage ; 3) Les livres à l’usage de l’école primaire élémentaire (les manuels scolaires), instruments de travail déposés sous le nom de Bibliothèque de l’école annexe. De ces trois séries de volumes, la dernière se constitue en majeure partie par les envois spontanés des éditeurs car « le ministère s’abstiendra, comme par le passé, d’y concourir, ne voulant pas avoir, même indirectement, à intervenir dans la concurrence, si vive aujourd’hui, des livres d’enseignement primaire46 » ; en complément, des achats seront faits sur le budget de l’école. Quant aux deux autres séries, le ministère y pourvoit. On peut ainsi estimer le coût approximatif de la création d’une bibliothèque d’école normale (première catégorie de livres) en ce qui concerne l’enseignement des sciences, et selon le catalogue de l’administration.
Sections | Libellés des sections | Coût total* |
Section A | Ouvrages généraux et Dictionnaires** | 706,00 F |
Total | 4 839,05 F |
Tableau VII. – Coût estimé de création de la collection d’ouvrages scientifiques d’une bibliothèque d’école normale47 en 1887.
* Le coût total correspond au prix de l’achat recommandé des ouvrages multiplié par le nombre d’exemplaires souhaités par le ministère, pour chacun des ouvrages.
** On trouve, dans ces deux séries, des ouvrages comportant des indications relatives à l’enseignement des sciences : ils ont été retenus pour cette estimation.
23Enfin, pour la constitution de la bibliothèque de choix de chaque élève-maître sortant de l’école normale, le ministère subventionne l’achat de livres jusqu’à concurrence d’une somme de 65 à 70 francs soit environ un peu moins d’un mois de salaire d’instituteur (100 francs par mois pour un maître débutant en 1905). En l’espace de trois générations, le matériel d’enseignement des sciences évolue donc vers plus de spécialisation traduisant une professionnalisation accrue des personnels et des bâtiments, et rendant compte de changements dans les pratiques pédagogiques et dans les attentes de la société. L’expression « collection scientifique » cache ainsi une grande diversité d’objets : animaux, instruments, livres, etc. Elles reflètent l’investissement de tous les acteurs de l’école : ministres, recteurs, professeurs et élèves-maîtres. Et également le passage d’un enseignement des sciences vers un enseignement de l’enseignement des sciences.
24L’enseignement des sciences apparaît être au service d’une IIIe République qui cherche à s’imposer et à perdurer. En effet, la période 1881-1940 conduit les sciences à devenir, sinon le principal enseignement de l’école primaire (ce qu’il n’a jamais été), du moins l’un des plus représentatifs des espoirs affichés par le « nouveau régime » scolaire annoncé par Jules Ferry dès 1881 : une éducation libérale de l’esprit par les sciences48, et pour laquelle le musée scolaire et les leçons de choses constituent des « auxiliaires » incontournables puisque réside en eux la vertu éducative de la science. Paradoxalement, ces innovations pédagogiques qui se sont imposées et qui relèvent du mythe pour certains, ont très peu coûtés car relevant du « fait-maison ». Les élèves-maîtres sont donc formés, dans les écoles normales, à transmettre ces valeurs libérales à leurs élèves au cours de leurs enseignements de sciences. Il convient alors de les former de façon satisfaisante. Le premier contexte de dépenses est lié à l’histoire du bâtiment de l’école normale (fondation, refondation, restructuration, dommages de guerre). Le second est fondé sur les changements majeurs de programmes d’enseignement et de pédagogie à mettre en œuvre, à l’instar du virage de 1923 avec l’arrivée de l’expérimentation pour et par les élèves. Entre ces moments de dépenses significatives, les ressources locales et les bonnes volontés suffisent souvent à constituer gracieusement tout le « petit » matériel nécessaire à un enseignement scientifique de qualité dans les écoles normales primaires et, conséquemment, dans les écoles primaires.
Annexe 1

Tableau VIII. – Évolution du personnel enseignant les sciences aux élèves-maîtres du département du Pas-de-Calais (1851-1940)49.
Notes de bas de page
1 Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, no 490, circulaire de Jules Ferry datée du 3 avril 1882, p. 184.
2 Loi du 28 mars 1882, article 1er : « L’enseignement primaire comprend [...] les éléments des sciences naturelles physiques et mathématiques, leurs applications à l’agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels. »
3 Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, no 108, décret du 2 juillet 1866 relatif au nouveau règlement des écoles normales primaire, p. 3.
4 Jean-François Condette, « Annexe 12 – Notice sur les écoles normales du Nord-Pas-de-Calais », dans Jean-François Condette (éd.), Deux ans de progrès éducatifs dans la France septentrionale (1808-2008), Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2008, p. 191.
5 Archives départementales du Nord (désormais AD du Nord), 2T 2565, rapport en date du 8 décembre 1854 de la Commission de surveillance sur l’enseignement donné à l’école normale d’instituteurs de Charleville.
6 Voir Régis Renoncourt, « Le conseil général du Pas-de-Calais et la formation des instituteurs, 1833-1871 », Revue du Nord, juillet-septembre 1996, no 316, p. 529-543.
7 Jules Ferry, « Discours à la Chambre des députés, Discussion de la loi sur la caisse des écoles, 23 décembre 1882 », dans Paul Robiquet (éd.), Discours et opinions de Jules Ferry, t. 4, Paris, Colin, 1896, p. 271.
8 Jean-François Condette, « Annexe 3, Carte de l’académie de Douai-Lille de 1854 à 1962 », op. cit., p. 184.
9 Archives Départementales du Pas-de-Calais (désormais AD du Pas-de-Calais), 1T 109, lettre du 13 août 1879 de MM. Dumont et Delille à M. Vaillant, inspecteur d’académie.
10 L’ensemble du mobilier scolaire représente 14 % du budget total de fondation de l’ENG d’Arras.
11 Voir Jean-Robert Thomas, L’École normale d’instituteurs du Pas-de-Calais, Arras, Amicale des anciens élèves, 1965, 260 p.
12 AD du Nord, 2T 2599, comptabilité de l’ENG de Douai, budget 1877.
13 Pour la fondation de l’école normale des filles d’Arras, le ratio est de 8 750 francs/élève-maîtresse.
14 AD du Pas-de-Calais, 62, 1T 4558, comptabilité de l’ENG d’Arras, budget 1884. AD du Nord, 2T 2627, comptabilité de l’ENG d’Arras, budget 1884.
15 Ministère de l’Instruction publique, Mémoires et documents scolaires publiés par le musée pédagogique (2e série), 1889, fascicule no 13, « Extraits des rapports des recteurs sur le développement et la situation des écoles normales d’instituteurs et d’institutrices (1878-1888) », p. 98.
16 André Canivez, L’École normale d’instituteurs de Douai, de 1834 à 1961, Douai, G. Sannier, 1962, p. 31.
17 AD du Nord, 2T 2531, comptabilité de l’ENG de Douai, budget 1907.
18 P.-H. Gay et O. Mortreux, Programmes officiels des écoles primaires, 1923-1938, Textes officiels, Répartition mensuelle et hebdomadaire, Emploi du temps, Documents annexes, Paris, Hachette, 1938, p. 79-82.
19 Par comparaison, un instituteur gagne à la même époque entre 75 et 100 F par mois. Voir Jacques Ozouf, Nous les maîtres d’écoles, Autobiographies d’instituteurs de la Belle Époque, Paris, Gallimard, Folio/Histoire, 1993, p. 129.
20 Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, no 470, décret du 30 juillet 1881 relatif au classement et au traitement des fonctionnaires des écoles normales primaires, article 5, p. 1155.
21 Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, no 736, arrêté du 18 janvier 1887 relatif à l’exécution de la loi organique de l’enseignement primaire, article 82, p. 175.
22 AD du Pas-de-Calais, 1T 109, lettre du 28 mars 1877 du ministre de l’Instruction publique au préfet du Pas-de-Calais.
23 Ibid., traité de création du cours normal primaire de garçons annexé au pensionnat Saint-Louis de Dohem.
24 Ibid., traité de reconnaissance du cours normal primaire de garçons annexé au pensionnat Saint-Louis de Dohem.
25 Ibid., lettre du 25 mars 1877 de l’abbé Panet directeur du cours normal de Dohem au préfet du Pas-de-Calais.
26 « Extraits des rapports des recteurs... », op. cit., p. 8.
27 P.-H. Gay et O. Mortreux, Programmes officiels des écoles primaires, 1923-1938..., op. cit., p. 82.
28 Pour les écoles du littoral, la priorité est donnée aux leçons appropriées à la profession de marin et de pêcheur.
29 Thérèse Charmasson, Anne-Marie Lelorrain et Yannick Ripa, L’enseignement agricole et vétérinaire de la Révolution à la Libération, Textes officiels avec introduction, notes et annexes, Paris, INRP, Publication de la Sorbonne, 1992, « Loi du 16 juin 1879 relative à l’enseignement départemental et communal de l’agriculture, article 6 », p. 160.
30 Ibid., décret du 9 juin 1880 relatif à l’échelle des traitements et les attributions et obligations du professeur départemental d’agriculture, article 7, p. 162.
31 AD du Nord, 2T 2527/1013, lettre du 23 août 1897 du directeur de l’ENG de Douai à l’inspecteur d’académie au sujet de l’organisation des enseignements accessoires pour l’année scolaire 1897-1898.
32 AD du Nord, 2T 2599, comptabilité de l’ENG de Douai, budget 1881.
33 Bulletin administratif du ministère de l’Instruction publique, no 1312, « Instructions du 25 avril 1898 relatives à l’enseignement scientifique et agricole dans les écoles normales, Commission mixte », p. 594-617.
34 Maurice Girard, « L’enseignement des sciences physiques et naturelles dans les écoles primaires », dans Ministère de l’Instruction publique, Les conférences pédagogiques faites aux instituteurs délégués à l’Exposition universelle de 1878, Paris, Hachette, 1878, p. 181.
35 Agénor Bardoux, « Séance d’adieux du 2 septembre 1878, Allocution de M. Bardoux, Ministre de l’Instruction publique », dans Ministère de l’Instruction publique, Les conférences pédagogiques..., op. cit., p. 439-445.
36 Circulaires et instructions officielles relatives à l’instruction publique, Paris, Delalain, t. XI, « Instruction du 30 décembre 1890 pour l’application du décret du 29 mars 1890 relatif à l’administration et à la nouvelle comptabilité des écoles normales primaires », article 87, p. 355.
37 Archives de l’École normale d’institutrices de Douai, en cours d’inventaire.
38 Circulaires et instructions officielles relatives à l’instruction publique, Paris, Delalain, t. XI, « Instructions du 25 avril 1898 relatives à l’enseignement scientifique et agricole dans les écoles normales », p. 607.
39 Albert Fatalot, « Musée scolaire », dans Ferdinand Buisson (dir.), Nouveau dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, Paris, Hachette, 1911, p. 1376-1378.
40 Établi à partir des informations fournies par Gustave Serrurier, « Les musées scolaires », dans Ministère de l’Instruction publique (éd.), Mémoires et documents scolaires publiés par le musée pédagogique (2e série), 1889, fascicule no 52, 91 p.
41 Charles Charrier, Pédagogie vécue, Paris, Fernand Nathan, 1920, p. 384-386.
42 Louis Dugué, Un Musée scolaire, Versailles, CERF, 1894, 10 p.
43 Circulaires et instructions officielles relatives à l’instruction publique, Paris, Delalain, t. XI, « circulaire de Jules Ferry datée du 3 avril 1882 », p. 185.
44 Ensemble des livres choisis par l’élève-maître parmi ceux qui lui auront servi pendant ses études, avec lesquels il sera familiarisé, et qu’il emportera de l’école normale.
45 « Catalogue des bibliothèques des écoles normales », dans Ministère de l’Instruction publique (éd.), Mémoires et documents scolaires publiés par le musée pédagogique, 1887, fascicule no 32, p. 11.
46 Ibid., p. 10.
47 Ministère de l’Instruction publique, Mémoires et documents scolaires publiés par le musée pédagogique, 1887, fascicule no 32, « Catalogue des bibliothèques des écoles normales », p. 53.
48 L’enseignement scientifique apprend aussi aux élèves à connaître et à vénérer les noms des hommes illustres qui ont créé la science, à l’instar des images héroïques de Louis Pasteur véhiculées par l’école.
49 Établi à partir des informations fournies par Jean-Robert Thomas, L’École normale d’instituteurs du Pas-de-Calais, Arras, L’Amicale des anciens élèves, 1965, 260 p.
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