Les modalités de la neutralité au XVIIIe siècle
p. 237
Texte intégral
1L’étude de la neutralité au XVIII siècle offre de nouveaux développements de questions fondamentales sur le comportement et les obligations que doit observer un non-belligérant ainsi que sur la légitimité du commerce auquel il peut prétendre. Sur fond de croissance des échanges commerciaux internationaux, les interrogations qui avaient déjà émergé au XVIIe siècle connaissent un écho inédit. Mais il s’agit plus que d’un changement de degré car, si les problèmes sont les mêmes, le contexte dans lequel ils sont replacés leur donne une résonnance originale. Au XVIIIe siècle en effet, deux nouveaux paramètres viennent rendre plus complexe l’équation dans laquelle la neutralité et les droits des neutres peuvent être envisagés.
2Le premier est l’influence de la culture des Lumières qui amène un nouveau regard sur la neutralité pour l’intégrer dans une réflexion globale sur les relations internationales, sur la guerre et sur la paix. Elle constitue un prisme par lequel il est possible de proposer une approche culturelle de l’histoire des rapports entre les puissances européennes. La neutralité, autant qu’une réalité et un ensemble de pratiques, est un concept dont l’appréhension varie dans le temps. Les interrogations qu’elle suscite reflètent les préoccupations des contemporains qui, à travers elle, s’interrogent sur la coexistence entre belligérants et non-belligérants manifestant ainsi une vision de la société européenne des États.
3Le second élément est lié à l’élargissement du champ d’intérêt, et donc d’affrontement, des grandes puissances, en l’occurrence la France et l’Angleterre. Les conflits prenant peu à peu une dimension planétaire, les interrogations sur la neutralité et ses pratiques sont projetées sur des théâtres lointains dont les caractéristiques contraignent à repenser les droits et les devoirs des neutres. Elles sont aussi une entrée dans l’étude de la projection des rivalités européennes à l’échelle du monde. Le rapport aux neutres permet de mettre en lumière la particularité des défis que les puissances en guerre doivent relever dans des régions lointaines, mais aussi de s’intéresser aux relations que leurs sujets entretiennent entre eux dans ces espaces ultramarins par l’entremise des non-belligérants.
4Le XVIIIe siècle offre des points de vue originaux qui soumettent la neutralité à des questionnements spécifiques pour révéler de nouvelles facettes de sa complexité. À ce titre, la période qui débute avec les guerres de la fin du règne de Louis XIV voit la problématique de la neutralité connaître un saut qualitatif qui lui donne davantage de densité, de présence et de signification dans les rapports entre États.
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