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Figures et déclinaisons de la neutralité

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Texte intégral

1Si elle peut s’afficher fréquemment sous le terme unique de neutralité, l’abstention de participation à un conflit est une réalité bien plus difficile à saisir qu’il y paraît au premier abord. Elle relève d’une stratégie politique pensée et élaborée, projetant celui qui la choisit dans une situation propre au sein des puissances en guerre. L’intensification des relations entre puissances européennes à partir du XVIe siècle conduit à donner une importance inédite aux diverses questions relatives à la neutralité. Il ne s’agit pas alors simplement de se déclarer neutre, il faut encore pouvoir s’assurer de rester hors la guerre et de pouvoir échapper à ses malheurs. Le défi de la neutralité c’est la sauvegarde du territoire, des hommes et des marchandises. Mais il y a plus. De manière apparemment paradoxale, les neutres peuvent vivre de la guerre. Le déclenchement d’un conflit ne brise pas les diverses relations tissées en temps de paix mais transforme les réseaux et les modalités des échanges. La localisation géographique, la proximité des littoraux avec les grandes zones de course maritime, le rayonnement diplomatique, l’activité négociante sont autant de facteurs contraignant le neutre à définir précisément son positionnement face aux belligérants. Ces différentes approches dévoilent la pluralité des facettes de la neutralité nourries par la quête légitime de l’État qui reste en paix, et de ses sujets, à veiller à leurs propres intérêts, ainsi que par les tensions avec les puissances en guerre. Le neutre n’est pas condamné à être un spectateur du conflit, il peut également en être un acteur pacifique.

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