Le millénaire byzantin : quelles sources pour quelles catastrophes ?
p. 97-125
Texte intégral
1Avec une durée d’un millénaire, un espace géographique aux assises terrestres européennes et asiatiques, ainsi qu’un domaine maritime centré sur le bassin oriental de la Méditerranée, le monde byzantin dispose de tous les éléments pour l’ériger en un évident et passionnant sujet d’étude pour quiconque porte son attention sur les catastrophes naturelles durant l’époque médiévale. L’historiographie savante ne s’y est d’ailleurs pas trompée, elle qui consacre depuis longtemps, quoique de fréquence irrégulière, une part de ses travaux et réflexions à ce thème, traité sous des angles multiples, en lien, notamment, avec le développement de la géographie historique de l’Empire1. L’étude des accidents climatiques, des séismes, des épidémies et pandémies, des éruptions volcaniques, l’analyse des mentions d’apparition de comètes, d’éclipses solaires ou lunaires et d’autres phénomènes astronomiques sont autant de manifestations naturelles sur lesquelles les historiens de Byzance, comme d’autres chercheurs venus d’autres sciences, humaines ou non, ont tourné leur regard. Outre la géographie historique de l’Empire, ces travaux s’inscrivent aussi dans un intérêt plus large pour l’environnement et le monde naturel, intérêt auquel des préoccupations contemporaines ne sont certainement pas étrangères2. Ces catastrophes ne constituent d’ailleurs que l’un des aspects, certes le plus spectaculaire, d’un territoire marqué plus largement par ses contraintes géographiques et physiques. L’analyse des fluctuations climatiques, en particulier par le biais de ses « accidents », a connu un développement considérable depuis ces vingt dernières années3. Les historiens mettent donc souvent, et logiquement, en avant ces données naturelles inhérentes à l’histoire de l’Empire, soulignant la rudesse et le compartimentage du relief, ou encore les contrastes climatiques d’autant plus nets que l’extension territoriale est grande, au siècle de Justinien, comme dans la première moitié du XIe siècle par exemple4. Données, contraintes et catastrophes naturelles qui influent nécessairement sur l’évolution de l’Empire, ses ressources économiques, ses échanges, quelquefois même son destin militaire et politique, autrement dit ses forces vives5. L’étude des catastrophes naturelles en particulier occupe donc une place majeure dans la compréhension de la civilisation byzantine, et nous souhaiterions en rappeler ici quelques aspects, en présentant les sources relatives à ces catastrophes, tout en soulignant certains des apports historiographiques récents6.
2Il convient d’emblée de mettre en évidence la constitution récente d’outils de travail désormais indispensables pour l’étude du millénaire byzantin en ce domaine – reflet certain de l’intérêt porté pour ces phénomènes naturels actuellement. Peu d’entre eux échappent de ce fait à des recensions chronologiques, couvrant tout ou partie de la période médiévale et dépassant le plus souvent les limites géographiques strictes du territoire byzantin. L’étude des famines, des épidémies et de la peste Justinienne passe désormais par la recension fine établie par Dionysos C. Stathakopoulos7, outre les multiples travaux sur la peste Justinienne qui ont considérablement renouvelé nos perspectives depuis une trentaine d’années8. Dans cette perspective, une attention plus grande est légitimement portée à la peste Noire de la fin de la période médiévale dans le monde byzantin, dans le cadre des travaux de Marie-Hélène Congourdeau9. On ne peut que constater, avec elle, qu’aucune étude d’ensemble n’existe à l’heure actuelle sur ce phénomène historique de grande ampleur à Byzance – à la différence des travaux de synthèse relatifs à l’Occident chrétien ou à l’Islam, et à l’opposé, aussi, de la peste de Justinien10.
3Comme il a déjà été dit, toute analyse des phénomènes climatiques se doit d’intégrer dorénavant les travaux et réflexions du catalogue établi par Ioannis G. Telelis11. Ce dernier couvre une période large, du tout début du IVe siècle à 1470, relevant pas moins de 706 phénomènes relatifs à l’Orient byzantin, méditerranéen et à ce que nous qualifions de Proche-Orient. Les tremblements de terre ont été eux aussi l’objet de plusieurs catalogues, intégrant ou non des zones extérieures à l’Empire. C’est le cas avec deux ouvrages qui font autorité, établis par Emanuela Guidoboni et Alberto Comastri, et dont le recours paraît, lui aussi, incontournable12. Ils ne constituent toutefois pas les seuls catalogues dressés sur le sujet et concernant la Méditerranée orientale. Tous ne sauraient être présentés ici ; retenons qu’ils sont nombreux, plus ou moins volumineux – qu’ils intègrent ou non d’autres siècles que ceux médiévaux13. Même si plusieurs d’entre eux relatifs à Constantinople, ou plus largement à l’Empire, sont complétés voire dépassés par les catalogues de Guidoboni et al., ils ne doivent être oubliés, ni même négligés14. Nous verrons qu’ils peuvent en dire long sur la progressive construction des savoirs et des réflexions contemporaines sur ce domaine d’étude. Nous disposons, du reste, d’une étude toute récente sur le sujet, synthèse suggestive sur la sismologie historique, logiquement établie par Guidoboni notamment15. Enfin les comètes, éclipses et autres phénomènes astronomiques peuvent être, eux aussi, appréhendés par des catalogues – outre les mentions dans les textes médiévaux liés à l’Empire byzantin16.
4Dans cette production historiographique foisonnante, on en viendrait presque à regretter, en somme, l’absence d’un ouvrage regroupant et présentant l’ensemble de ces phénomènes. Une présentation synoptique pourrait, en effet, permettre plus aisément des comparaisons de leur apparition, année par année, venant ainsi prolonger les sources attestant de conjonction de catastrophes naturelles. Un travail peut encore offrir ce genre de service, même si d’autres sont venus le compléter depuis, comme nous venons de le présenter. En son temps, en effet, Venance Grumel avait déjà établi une recension, en une même étude, de certaines de ces catastrophes et autres phénomènes naturels ayant affecté le monde byzantin17. Outre la vision synoptique qu’elle fournit rapidement de ces données, elle permet aussi de se rendre compte de la récurrence des dits phénomènes dans la zone considérée.
5En vue de circonscrire un sujet historique de si grande ampleur dans le temps et l’espace, l’historien ne doit rien négliger des informations disponibles et se doit, au contraire, de convoquer toutes les sources possibles, même les plus incongrues en apparence. Un premier constat s’impose à la lecture des textes pour l’ensemble de la période : les sources, quelles qu’elles soient, ne sont nullement avares en mentions, voire descriptions, des faits relatifs à des catastrophes naturelles, et ces dernières sont de tous types18.
Les sources narratives
6Les sources narratives grecques tout d’abord, à la fois les plus traditionnelles pour ce type de sujet mais aussi, semble-t-il, les plus complètes. Chroniques et chroniqueurs livrent en effet de nombreuses indications, d’autant plus lorsqu’un auteur s’avère un témoin oculaire du phénomène qu’il décrit, ou du moins de ses conséquences. Ces dernières en particulier ne laissent pas sans voix les chroniqueurs, qu’ils soient d’ailleurs monastiques ou laïcs19. Au-delà de la vive impression qu’une catastrophe naturelle a pu créer sur tel ou tel auteur, le récit de ce dernier s’inscrit aussi plus largement dans une autre logique – celle-là même qui prévaut dans l’ensemble du récit narratif dans lequel il s’insère. Aussi convient-il de rappeler succinctement quelques aspects de cette logique. Celle-ci est étroitement liée au fait que ces récits sont principalement rédigés dans la capitale, Constantinople, et, le plus souvent, dans l’entourage impérial20. De ce premier constat en découlent d’autres. Ces textes sont les reflets évidents de l’idéologie du pouvoir d’une part, et quelquefois de la proximité même d’un chroniqueur avec le basileus régnant. Si Anne Comnène se plaît à décrire la manière dont son père, l’empereur Alexis Ier, annonce à des Petchénègues l’imminence d’une éclipse solaire, c’est évidemment pour le glorifier et rabaisser, par là même, l’ignorance de ses voisins barbares21. Inversement, il est fréquent dans les textes grecs, chroniques ou autres, de trouver mention d’une multiplication des catastrophes naturelles pour sanctionner les erreurs d’un règne ou d’un souverain jugés mauvais22. La période d’étude relativement longue des famines et épidémies dans l’Empire envisagée par Stathakopoulos en témoigne, dès le premier cas recensé vers l’an 304-305, jusqu’en 747-74823. D’autres conséquences doivent être soulignées, notamment celle de l’inégalité de traitement, et partant, pour nous, d’informations, dans ces mêmes textes, entre la capitale impériale et les provinces impériales24.
7Au sein de ces sources narratives, les textes hagiographiques sont évidemment très riches, comme ils le sont plus largement pour tout ce qui touche à la vie quotidienne. Les mentions de telle ou telle catastrophe ne manquent pas, même si les allusions et/ou descriptions des dits phénomènes s’avèrent inégales si l’on compare les différents Vies de saints entre elles25. En outre, elles offrent leurs habituels dangers et leur coutumière richesse, selon l’heureuse formule d’Évelyne Patlagean pour la haute période – un constat que l’on doit élargir aux siècles postérieurs26. Une situation de crise, liée à un bouleversement de l’ordre naturel des choses, rend propice l’action d’un saint qui rétablit l’ordre par des miracles, ce que ne manque pas de décrire son hagiographe, en un lieu commun qui traverse toute la période. Au début du IVe siècle de notre ère, par exemple, la Vie de Saint Spyridon décrit comment son protagoniste rétablit miraculeusement la pluie sur l’île de Chypre alors qu’une longue sécheresse y a entraîné une famine27. En Crète, à une date imprécise entre 711 et 740, c’est davantage une épidémie, probablement la peste, ainsi qu’une pénurie contre lesquelles les prières du métropolite André de Crète aboutissent au même effet, une pluie miraculeuse et abondante qui chasse la maladie28. Dans le troisième quart du XIVe siècle, un autre saint agit miraculeusement en période de famine affectant le Mont Athos, assurant la constitution d’une réserve de pain pour son monastère, la Grande Laure29.
8Plus largement, dans le cas des famines et des épidémies, Stathakopoulos a bien montré l’ordre des événements dans le schéma narratif de ce genre littéraire. Dans un contexte de sécheresse par exemple, conduisant à une situation de famine et/ou de peste, le saint est diversement sollicité, acceptant ou non d’intervenir par la prière, seul ou en groupe, par des processions, actions qui sont suivies de vents charriant des nuages et provoquant coups de tonnerre et éclairs, anticipant la pluie providentielle30. Ces épisodes restent, toutefois, difficiles à confirmer sur le plan de leur historicité, même s’ils ne sont nullement mis à l’écart des considérations des historiens. Ils en disent certainement davantage sur la construction du récit hagiographique, sur la manière dont s’incarnent les vertus et pouvoirs du saint et ses capacités à résoudre des crises de subsistance. Il n’empêche que la datation précise de ces épisodes reste souvent délicate, et qu’il convient d’adopter des fourchettes chronologiques larges31 – sauf si une autre source fait référence à un phénomène identique dans la zone géographique concernée ou proche, permettant d’opérer des rapprochements. Enfin, si certains phénomènes décrits renvoient à une réalité historique ils correspondent aussi à certains topoï de cette littérature hagiographique. Les mentions de nuées de sauterelles renvoient autant à un thème biblique qu’à une réalité dans l’Empire. Évelyne Patlagean, à l’appui d’autres textes en complément de ces ressources hagiographiques, dénombre six attaques de sauterelles entre 494 et 601 dans la partie orientale de l’Empire32. Les inondations des fleuves en crue sont récurrentes dans l’Empire, de l’Italie du Sud jusqu’au Nil égyptien tant que ce dernier relève de Byzance, elles n’empêchent nullement les saints hommes de traverser ces fleuves à la différence d’autres voyageurs – thème sur lequel insistent plusieurs textes hagiographiques33.
9Les saints sont aussi là pour rappeler aux hommes que ce sont leurs péchés qui suscitent le courroux divin, propice au déferlement de châtiments matérialisés par des catastrophes naturelles. Entre autres exemples, la Vie de Syméon Stylite le Jeune en donne la mesure dans le cas des tremblements de terre, comme l’a souligné Gilbert Dagron34. Ce saint est étroitement lié à ces phénomènes, puisqu’il réside dans une zone, la Syrie du Nord, qui en est fréquemment affectée pendant sa propre existence, au VIe siècle – à commencer par Antioche, sa cité natale, frappée par un séisme en mai 526, au cours duquel il voit disparaître son père. Syméon est aussi le témoin de secousses postérieures, en 551 et 557, qui lui permettent de rappeler qu’elles ne sont qu’une réponse divine aux erreurs des hommes et de s’opposer à d’autres explications et à leurs défenseurs35.
10Autre type de source narrative permettant quelquefois à certains de leurs auteurs de s’épancher, livrant ainsi des informations relevant de perceptions très personnelles : la correspondance privée. Celle de Dèmètrios Kydônès en particulier, à la fin de notre période, en donne une belle illustration. Rappelons qu’il a été témoin de la peste Noire et de certains de ses retours, notamment telle qu’elle a pu sévir à Constantinople entre septembre 1361 et la première moitié de l’année suivante. S’il voit alors sa mère et ses deux sœurs emportées par l’épidémie, sa correspondance met en évidence certains aspects psychiques affectant les habitants de Constantinople n’ayant pas fui, comme certains notables, aspects récemment mis en avant par Marie-Hélène Congourdeau36. Plus largement, sa correspondance indique des renseignements dans d’autres domaines, et pour d’autres conséquences, nous y reviendrons. La peste n’est toutefois pas la seule maladie épidémique affectant le monde byzantin qui apparaît dans de telles sources. La correspondance de Théodore Prodromos, au XIIe siècle, rend compte de la variole qui a pu le toucher. Elle met ainsi en évidence la manière dont ses contemporains qualifient la maladie, par antonymie, la taxant de bénédiction (εὐλογία), « pour la rendre », dit-il, « par une appellation pieuse, plus supportable pour ceux qu’elle consume37 ». D’autres calamités naturelles comme des maladies endémiques peuvent être appréhendés grâce à la correspondance. La malaria en est une38. L’étude de la correspondance dans ce cas est d’autant plus intéressante qu’elle nous donne une image de certaines provinces impériales sujettes au pullulement de l’anophèle responsable de cette maladie39. De son côté, la correspondance de Nicéphore Grégoras, au XIVe siècle, est restée célèbre pour les prédictions que son auteur y propose. Dans une lettre adressée au sébaste Michel Kaloeidas, il prédit en effet une éclipse du soleil qui sera visible, avance-t-il, le 14 mars 1333 ; il se vante, en outre, d’avoir déjà réalisé une telle prédiction pour une éclipse passée, celle du 30 novembre 133140.
11De la correspondance privée à celle de nature officielle il n’y a qu’un pas que nous pouvons aisément franchir dans la mesure où cette dernière peut aussi servir l’historien des catastrophes naturelles et des phénomènes extra ordinaires. Si l’on en croit les lettres conservées de Léon Choirosphaktès, le souverain Syméon de Bulgarie, s’adressant à Léon, aurait avoué à quel point l’empereur Léon VI l’avait étonné, deux ans plus tôt, en lui annonçant « l’éclipse de soleil et l’époque où elle se produirait, en précisant non seulement le mois, la semaine, le jour, l’heure et l’instant, mais encore en nous révélant le temps que durerait cette éclipse ». Et Syméon d’insister sur les autres connaissances de l’empereur relatives aux « mouvements et [aux] révolutions célestes41 ». Une affirmation qui, si elle renvoie au savoir astronomique des Byzantins les plus érudits, est redondante avec les propos d’Anne Comnène soulignant la maîtrise d’un savoir identique chez son empereur de père face aux émissaires petchénègues déjà mentionnés42.
12Plus tôt déjà, les détails donnés par Michel II sur la révolte de Thomas le Slave, dans la lettre qu’il adresse à Louis le Pieux le 10 avril 824, mentionnent aussi une autre catastrophe : un tremblement de terre. Ce dernier survient sur la Propontide, dans le port de Panion, où se sont réfugiés nombre de partisans du rebelle – alors que ce dernier a déjà été pris par les forces impériales d’après le basileus. La lettre avance que, comme les derniers opposants refusaient de se rendre « et préféraient mourir, Dieu envoya un séisme qui jeta bas les murailles comme à Jéricho, et ils tombèrent entre nos mains : c’est un miracle que Dieu a fait pour nous43 ». Si le séisme est le signe divin et donc légitime de la victoire impériale, c’est davantage le vent qui dispersa auparavant la flotte de Thomas et assura la supériorité de l’escadre défendant Constantinople44.
Les sources normatives
13À son tour, la correspondance officielle invite à considérer d’autres textes, de nature plus normative. En soi, les textes législatifs faisant référence à une catastrophe naturelle sont logiquement rares. Ceux qui doivent être mentionnés ici sont ceux qui décrivent tout ou partie des conséquences d’une de ces catastrophes, et l’attitude répréhensible de certains hommes aux détriments d’autres à leur suite. La peste dite de Justinien en fournit un bon exemple. On note en effet qu’une Novelle est promulguée en 544 contre les abus et les profits trop élevés qui seraient réalisés par ceux exploitant la situation. Dans ce cas, c’est la hausse excessive des prix des biens et des services qui est remise en cause ; elle doit disparaître pour revenir au niveau de ceux d’avant l’apparition de la peste45.
14Peu de temps auparavant, c’est un autre épisode, cette fois de famine, dont on peut entrevoir une trace dans les actes officiels impériaux. Une Novelle impériale datée du 15 juin 535 fait référence à cet épisode ayant affecté la Thrace et condamne les profits qu’en ont tiré certains aux détriments d’autres46. Des sources du même type peuvent plutôt faire une allusion à une catastrophe naturelle, sans être davantage précises sur la nature exacte de cette dernière – comme une Novelle datée du 15 mars 560 s’y emploie47. De tels textes peuvent aussi légiférer sur certaines attitudes des hommes, attitudes répréhensibles car pouvant conduire aux famines, pestilences ou tremblements de terre. Dans les Novelles 77 et 141, Justinien condamne ainsi pour les mêmes raisons la pédérastie ou d’autres attitudes blasphématoires48. Les sources normatives étrangères à l’Empire livrent également des indications dignes d’intérêt49.
Les discours, monodies, homélies
15Les références aux catastrophes naturelles se prêtent aussi à d’autres types de texte, entre sources normatives et narratives : les discours, harangues et autres monodies. Michel Psellos en donne un exemple, au sujet du séisme du 23 septembre 106350. Le célèbre rhéteur et homme de cour du XIe siècle ne prononce pas là un discours qui serait un hapax dans la littérature byzantine. Il semble lui-même avoir été l’auteur d’une monodie sur l’effondrement de la coupole de Sainte-Sophie. Il est d’ailleurs probable que le séisme l’ayant provoqué soit antérieur à Psellos, s’il concerne bien celui du 25 octobre 98951, mais il n’est pas certain qu’il s’agisse bien de Sainte-Sophie de Constantinople52, ni donc que Psellos en soit l’auteur53. L’écroulement de la coupole de la « Grande église » est plus certain pour l’année 1346, précisément connu grâce à deux monodies54. Comme l’a souligné récemment Marie-Hélène Congourdeau, cette chute a nécessairement été perçue comme un événement spectaculaire par les Byzantins du fait qu’elle ne fût pas liée à un tremblement de terre précis, mais plutôt la conséquence d’une série de secousses antérieures55. Plus d’un demi-siècle plus tôt, le tremblement de terre qui affecta la cité de Dyrrachium, en mars 1270, est lui aussi en filigrane d’un court passage d’un panégyrique en l’honneur de l’empereur Michel VIII. Notons que ce n’est pas tant le séisme qui est enregistré en tant que tel, mais bien plus ses effets : les destructions de la ville et la situation d’abandon dans laquelle elle se trouve alors56. Plus tôt encore, ce sont davantage certains aspects des débuts de la pandémie de peste Justinienne que le poète latin Corippe décrit dans une œuvre épique, la Johannide, qu’il déclame à Carthage en 54957.
16Il est possible de rapprocher ces textes d’un autre type de discours et de document écrit, davantage lié à la sphère religieuse : les homélies. Les références aux catastrophes naturelles peuvent en effet y apparaître, quoique de manière inégale selon les textes. Pour la fin de notre période, retenons la littérature homilétique relative à la peste Noire et ses effets, notamment mentaux58. Dans l’une de ses homélies, le patriarche de Constantinople Kallistos s’insurge contre une multiplication des blasphèmes contre la Providence, dans une capitale d’Empire touchée par un des premiers retours de peste, entre septembre 1361 et août 1362. Des informations qui ne sont pas sans lien avec celles indiquées par la correspondance de Dèmètrios Kydônès : les unes et les autres mettent en évidence les conséquences psychologiques de la mortalité élevée qui touche les habitants de Constantinople, et de la désorganisation qui s’en suit59. Peu de temps après, au début des années 1380, le patriarche Nil de Constantinople a, lui, rédigé une prière intitulée « Pour la cessation de l’invasion barbare [turque], de la guerre civile, de la famine et de la peste », ce dernier fléau devant être rapproché d’un autre retour de peste dans la capitale, au début de son patriarcat60. Pour sa part, Romanos le Mélode est resté célèbre pour avoir rédigé un hymne « Sur le tremblement de terre et l’incendie », dans la seconde partie des années 530, source non négligeable pour la connaissance de la sédition Nika sous le règne de Justinien, ainsi que certains des tremblements de terre qui caractérisent cette même période61.
17Plus largement, la littérature homilétique doit être incluse par les historiens des séismes, non pas tant pour la description de ceux-ci en tant que phénomènes naturels, mais plutôt pour l’explication chrétienne que l’on en donne, renvoyant aux péchés des hommes – comme l’attestent, à leur tour, deux homélies de Jean Chrysostome pour le début de la période62. Lesquelles ne sont nullement isolées, bien au contraire, car la mention de séismes dans un tel type de texte doit encore être remarquée, ensuite, au XIIe siècle, dans une homélie de Néophyte le Reclus63. Notons avec Gilbert Dagron que, si cette dernière s’inspire d’ailleurs de Jean Chrysostome, elle fait aussi référence à plusieurs séismes survenus entre le IVe et le XIIe siècle, dont la mémoire liturgique est conservée dans le Synaxaire de Constantinople, autre source qui mérite attention pour notre propos64.
18Il convient de souligner à quel point cette mémoire est très tôt entretenue. En 557, année dont le 14 décembre est marqué par un séisme à Constantinople, bien décrit par l’historien Agathias65, les journées du 26 janvier, du 25 septembre et du 7 octobre sont déjà celles de commémoration liturgique de tremblements de terre antérieurs66. D’autres textes, comme le Ménologe de Basile II ou encore le Typicon de Sainte-Sophie – deux sources pour la connaissance du calendrier ecclésiastique de Constantinople – permettent d’établir, pour le Xe siècle au moins, la chronologie annuelle des huit commémorations, accompagnées de processions67. Ces rappels de séismes passés ne sont pas sans confusion ni chevauchement – en particulier pour ceux remémorés les 25 septembre et 26 janvier – enchevêtrement mémoriel que Brian Croke s’est donné pour tâche de démêler. Au reste, le même Synaxarium Ecclesiae Constantinopolitanae indique l’organisation de processions commémorant d’autres phénomènes naturels extraordinaires, comme des éclipses, des comètes et d’autres dommages majeurs ayant affecté Constantinople comme des incendies68.
Les notulae et les colophons
19Enfin, genre singulier au sein de ces documents narratifs grecs, les colophons et notulae des manuscrits méritent toute notre attention. Les byzantinistes connaissent bien l’apport de ces textes, pour concis et donc succincts en informations qu’ils paraissent de prime abord69. Ils s’avèrent au contraire des documents de tout premier ordre, sans doute davantage pour la seconde partie de notre période. Leur lecture reste donc indispensable pour nombre de phénomènes naturels, notamment quelques accidents climatiques70. Pour les épisodes sismiques, les catalogues récents de Guidoboni et Comastri font un usage attendu de ce type de sources, soulignant la place qui leur revient dans la sismologie historique71. Dans le cas des tremblements de terre, nous retiendrons ici que si ces mentions peuvent quelquefois induire en erreur le lecteur72, elles sont au contraire, et le plus souvent, des données très précieuses pour connaître la date d’une secousse ressentie, à l’heure près73. Elles s’avèrent aussi des sources quelquefois uniques pour la connaissance de tels épisodes, faits d’autant plus remarquables qu’elles concernent souvent des lieux éloignés de la capitale impériale74. Notules et colophons n’échappent pas aux mentions conjointes de phénomènes naturels multiples et distincts qui troublent l’ordre terrestre et l’organisation humaine, dans des séquences chronologiques courtes et en lien avec d’autres événements historiques75.
Les sources non grecques
20Comme pour tout sujet d’envergure dans le temps et l’espace byzantins, les byzantinistes ne sauraient se tenir qu’aux seules sources en langue grecque. Le recours à d’autres documents issus des domaines étrangers à l’Empire est même indispensable, aussi du fait que nombre de nos catastrophes dépassent les confins frontaliers et les limites strictes ou théoriques entre États76. En outre, la comparaison avec des territoires plus ou moins proches de l’Empire est toujours instructive, notamment dans le cadre de la diffusion des épidémies devenant pandémies77. De ce fait, les sources narratives arabes, syriaques, arméniennes ou encore latines doivent-elles être prises en considération pour d’autres phénomènes comme ceux liés à la météorologie et au climat – comme s’y est employé récemment Ioannis G. Telelis78.
21De telles sources livrent parfois des informations absentes des textes grecs, rédigés pourtant par des témoins contemporains des événements. Les Annales Regni Francorum de la période carolingienne mentionnent ainsi un tremblement de terre, sous l’année 815, dont auraient été témoins deux émissaires de Louis le Pieux envoyés à Constantinople. Cette secousse, qui dura cinq jours, au mois d’août de cette même année, n’affecta pas seulement cette cité, mais aussi d’autres, note l’annaliste – certainement d’après le rapport qu’en auraient établi les légats, une fois de retour en Occident79. À notre connaissance, ce séisme n’est pas attesté dans les sources grecques80.
22Le fait n’est pas sans rappeler la transmission par la voie diplomatique d’autres types d’informations, relatives à d’autres phénomènes naturels, pouvant apparaître dans des textes latins, en complément cette fois-ci des données des textes grecs. Michael McCormick a ainsi récemment attiré l’attention sur un passage de la Chronique de Moissac dans lequel il est fait mention de l’hiver rigoureux qui aurait touché, en 763-764, tant « la Gaule » que la « Thrace et l’Illyricum », avec de nombreux oliviers et figuiers gelés sur pied81. Une telle précision géographique dans une chronique considérée comme isolée – en tout cas par rapport à Byzance – ne peut que surprendre. McCormick la met en parallèle avec la présence de légats carolingiens et pontificaux dans l’Empire byzantin au même moment, émissaires à partir desquels l’information aurait été transmise. Celle-ci est pleinement corroborée par les données des sources grecques, et d’autres latines pour les terres plus occidentales, quant à l’extrême rigueur de cet hiver82. Elle semble, quoi qu’il en soit, l’unique mention de nature météorologique relative à Byzance dans une source latine du VIIIe siècle83.
23Plus largement, tout voyageur étranger dans l’Empire, quel qu’il soit et quelle que soit la nature de son déplacement, est susceptible de laisser des informations pour notre propos – si son témoignage a été conservé, évidemment. Les pèlerins provenant d’Occident et se dirigeant vers Jérusalem, ou bien de retour depuis la Terre Sainte, peuvent fournir de telles données car ils traversent une bonne partie du bassin oriental de la Méditerranée. Retenons, pour la fin de la période, les détails suggestifs livrés par le chanoine milanais Pietro Casola, témoin d’un violent séisme suivi d’un tsunami, le 1er juillet 1494, alors qu’il séjourne à Candie, sur l’île de Crète84. Au printemps 1323, ce sont deux frères originaires d’Irlande qui évaluent à près de 24 000 le nombre des morts dans la cité de Dyrrachium à la suite de la violente secousse qui se produisit un demi-siècle plus tôt85. De tels voyageurs peuvent donc se faire les relais d’une mémoire des catastrophes, à l’image du Florentin Christophe Buondelmonti, au XVe siècle, qui, de passage à Rhodes, rappelle que le Colosse a été renversé « par de fréquents tremblements de terre » provoquant la mort – même s’il avoue que ce n’est là qu’une version possible de cet événement, d’autres avis prévalant encore de son temps, sans qu’il ne puisse personnellement en juger86.
24On ne saurait donc négliger, ni encore moins oublier, toutes les sources étrangères à l’Empire, y compris lorsqu’il s’agit de textes plus normatifs87. Dans l’une d’entre elles au moins, il est dit que les dérèglements d’ordre naturel scanderaient la vie politique de l’État byzantin, suggérant des liens étroits entre deux éléments a priori distincts dans l’histoire d’une même civilisation : d’après un voyageur chinois du VIIe-VIIIe siècle, en effet, il suffit que survienne « dans l’Empire un malheur ou quelque chose d’inhabituel, ou [que] le vent et la pluie arrivent à une saison qui n’est pas la bonne », pour que l’empereur soit aussitôt déposé et remplacé. Belle allusion, tant à l’instabilité qui toucherait la succession sur le trône byzantin, qu’aux caprices de la météorologie pouvant conduire à des révoltes88. Pour leur part, et pour la fin du millénaire byzantin, les registres de l’administration ottomane peuvent fournir de précieux indices pour évaluer l’impact de la peste en dehors des principales cités, dans les villages et hameaux de Macédoine occidentale, par exemple89.
Les sources épigraphiques et archéologiques
25Ces sources écrites « traditionnelles » présentées, restent les sources non littéraires. Elles aussi sont multiples et méritent un grand intérêt, même si, a priori, elles devraient livrer moins de données qui nous intéressent. Un examen attentif démontre cependant tout le parti que l’historien peut en tirer, en particulier pour nourrir des questions débattues autour de catastrophes majeures comme la peste de Justinien.
26À ce titre, les données épigraphiques et les épitaphes s’avèrent une ressource complémentaire aux textes très instructive, voire indispensable, pour la haute époque et l’appréhension de la peste Justinienne (541-542), comme Jean Durliat l’a souligné90. Il faut noter avec lui que le très faible nombre de mentions expresses de la peste dans l’épigraphie est en soi une information, même si l’on sait bien que peu d’inscriptions, funéraires ou autres, font allusion aux épidémies91. Jean Durliat a toutefois pu en trouver trace dans quelques rares inscriptions en Byzacène, à Sbeïtla : des épitaphes concernant la mort de quatre, voire cinq, enfants entre fin janvier et début février 543, ensevelis dans la même église, qu’il considère comme frères et sœurs victimes de la peste92. D’autres ressources épigraphiques doivent être néanmoins mentionnées dans le cas de cette même peste, quoique le lien entre cette maladie et le décès des personnes concernées reste aussi hypothétique – certaines à Rome, quelques mois plus tard93 ; d’autres en Sicile, vraisemblablement quelques mois plus tôt94 ; ou encore au tout début de l’épidémie, lorsque la peste se répand en Palestine, dans la seconde partie de l’année 54195.
27Dans le cas des secousses telluriques, une inscription peut venir compléter les éléments d’un texte : la description par Procope d’un séisme, suivi d’un important tsunami, qui fut ressenti en 551 du golfe de Corinthe jusqu’à l’ouest de Patras trouve ainsi un prolongement avec la base dressée en l’honneur d’un certain Théodose, célébré comme le « rénovateur de la ville96 ». Une autre inscription nous apprend que l’empereur Romain III Argyre a fait restaurer la partie orientale de l’arcade de l’église Sainte-Sophie à Constantinople, en une période pendant laquelle il est établi que la capitale fut frappée par des séismes attestés par les chroniqueurs Skylitzès ou Zonaras97. Quelquefois, une inscription seule détaille une secousse passée inaperçue des sources écrites, comme c’est le cas de celle sur la porte de Charisios, toujours dans la capitale impériale. Réalisée en juillet 1197, elle rappelle qu’un séisme de peu antérieur a causé la destruction de plusieurs portes et autres bâtiments pourtant solidement construits, ainsi que le rôle de l’empereur Alexis III dans sa reconstruction98.
28Les sources épigraphiques, même en faible quantité pour cette période, ne sauraient suffire pour présenter les sources non-littéraires à notre disposition. Les ressources monétaires et la numismatique apportent des compléments de vue qui ne paraissent nullement secondaires. Réévaluées récemment par Peter Sarris, les données monétaires tendent même à aller à l’encontre des analyses de Durliat, démontrant en tout cas la coïncidence chronologique entre l’apparition de la peste et la crise financière dans laquelle l’État de Justinien est alors plongée99.
29L’ensemble de ces données nous conduit à l’archéologie d’une manière générale. Celle-ci, naturellement, doit être incluse par ses résultats dans les évidences historiques que l’historien doit connaître pour traiter des catastrophes naturelles. Si l’on en reste à la peste Justinienne, force est de constater avec Hugh Kennedy, que ses effets restent délicats à appréhender au regard des apports de cette science – y compris en Syrie, région pourtant particulièrement fouillée depuis plusieurs décennies100. Si l’on peut observer un avant et un après années 540 sur le plan des bâtiments construits ou employés dans les principales cités ou dans les villages des zones rurales, la chronologie fine de ce qui pourrait démontrer une crise démographique reste très délicate à établir et le lien avec la peste nullement certain, tant la région souffre d’autres maux pouvant conduire aux mêmes résultats (séismes, épisodes militaires et menace perse)101. Les apports de l’archéologie et, notamment, de l’épigraphie s’avèrent tout autant, sinon plus, aléatoires lorsque l’on cherche à isoler d’autres épisodes naturels très ponctuels dans le temps, ainsi le fameux brouillard qui a assombri le ciel méditerranéen en 536-537102.
30Les preuves archéologiques sont sans doute plus pertinentes pour appréhender les effets de certains séismes. En effet, la position au sol de certains bâtiments anciens, après une campagne de fouille, révèle de manière quelquefois nette l’effet d’un tremblement de terre dans la zone concernée. Le cas est flagrant pour quelques vestiges de la cité de Hiérapolis en Phrygie. Une photo aérienne montre ainsi clairement la manière dont est survenu l’effondrement d’un bâtiment de 24 m de long, identifié à un entrepôt commercial le long de la rue dite « de Frontinus » : à la suite d’une secousse, il a basculé vers le sol dans son intégralité103. Si l’on reste en Asie mineure, dans sa partie occidentale, de récentes recherches menées à Pergame ont conduit à voir dans certaines traces archéologiques les effets d’une secousse tellurique ayant affecté cette cité – secousse bien attestée par les textes104. Plus largement, l’intérêt pour l’archéologie a donné naissance à une nouvelle discipline, l’archéosismologie105.
31Reste, enfin, l’apport scientifique des sciences dites « auxiliaires » il y a encore peu de temps, comme la dendrochronologie ou la palynologie. Elles sont précieuses pour la reconstitution de l’évolution du climat, en Méditerranée orientale médiévale comme ailleurs106. Elles fournissent un complément d’information par rapport à d’autres données, mais restent d’un emploi relatif pour l’étude d’une catastrophe naturelle précise – sauf si celle-ci a pu avoir des conséquences durables. Dans le cas du brouillard dense qui marqua les conditions atmosphériques d’une bonne partie de l’espace méditerranéen en 536-537, la dendrochronologie vient compléter les données des textes. Elle tend à montrer que ce phénomène a sans doute eu des répercussions dans des zones plus éloignées que ce seul espace. Les cernes des chênes du nord de l’Europe témoignent, par exemple, d’une croissance qui ralentit dans la seconde partie des années 530, croissance en nette chute, surtout par rapport aux années et aux décennies précédentes107.
32Plus largement, toutes ces données dendrochronologiques et palynologiques, auxquelles il faut ajouter l’analyse de l’évolution du niveau des lacs, permettent de repérer tant les « accidents » climatiques ou autres que les évolutions sur la moyenne ou longue durée. De ce fait, elles viennent compléter les textes108. Gageons que les résultats des analyses issues des sciences expérimentales seront sans doute les plus riches d’enseignement dans les prochaines années, comme les analyses moléculaires incitent à le croire dans le cas de la compréhension de la peste de Justinien, son apparition, sa diffusion et sa disparition109. L’étude des charniers du haut Moyen Âge, attestés par les textes et liés a priori à cette pandémie, devrait donner de prochains résultats stimulants en ce sens110. De même l’étude comparée des textes et des carottes glaciaires permet d’établir un lien suggestif entre des phénomènes climatiques exceptionnels comme des hivers rigoureux et une activité volcanique attestée par la présence de sulfate SO 4 dans la glace. L’analyse des prélèvements effectués sur certains glaciers du Groenland vient ainsi compléter nos connaissances de l’hiver 763-764, rigoureux à Byzance comme dans le reste de l’Occident chrétien111.
33Il faut se garder, toutefois, de voir dans tout changement brusque révélé par l’apport de ces sciences le signe d’une calamité naturelle, ou même d’une rupture liée à des facteurs uniquement naturels et environnementaux. Des analyses palynologiques dans la zone du lac actuel de Nar Gölü, sud-ouest anatolien, montrent très clairement une phase de déclin de l’agriculture et une progression de la forêt à partir des années 664-678 environ, et ce pendant près de deux siècles. Le phénomène est d’autant plus remarquable qu’il fait suite à une période pluriséculaire de croissance des terres mises en culture, notamment céréalière (BOP : Beyşehir Occupation Phase), et qu’aucune raison environnementale ou liée à une catastrophe naturelle ne semble l’expliquer. Cette phase de déclin peut, au contraire, être comprise comme l’un des effets du rôle de l’homme dans l’environnement, en l’occurrence les raids arabo-musulmans dans cet espace, bien connus par les textes112.
Les sources iconographiques
34On ne saurait terminer cette rapide présentation de la documentation disponible sans évoquer les ressources iconographiques. Des images méritent pleine attention du fait qu’elles offrent, par définition, une représentation réelle ou « imagée » des dits phénomènes, outre la variété du type d’image en question (peintures, fresques, enluminures, voire mosaïques) et la nature de la catastrophe représentée113. Le plus souvent, de telles représentations sont logiquement en lien avec des épisodes et textes bibliques, en particulier ceux tirés de l’Apocalypse, ou plus largement avec la tradition eschatologique byzantine. Il n’est toutefois pas inconsidéré d’établir un parallèle entre de telles images et des événements historiques connus.
35C’est le cas avec une fresque du katholikon du monastère de Dionysiou, dans le Mont Athos (voir l’illustration 1). Figurant un épisode du Jugement dernier, elle nous montre des maisons, bâtiments et églises renversés par un séisme, un paysage bouleversé où des failles gigantesques ont englouti des victimes humaines, le tout sous un ciel traversé par des météorites dont certaines achèvent leur course sur les zones habitées. Récemment, Guidoboni et Comastri ont rapproché cette image d’un séisme survenu à une date incertaine, peut-être entre mai et août 1456, et attesté par une notule dans un manuscrit athonite de Vatopédi114.
36De son côté, une enluminure d’un manuscrit du Livre de Job du XIIIe siècle dépeint ainsi un paysage marqué par la neige hivernale, alors que c’est une tempête de grêle, préjudiciable au vignoble et aux terres cultivées, qui est au centre d’une autre enluminure des œuvres de Grégoire de Nazianze, réalisée quatre siècles plus tôt (voir l’illustration 2). L’intérêt de cette dernière représentation est donc d’illustrer un phénomène naturel historique plus qu’un épisode biblique115.
37Les images tirées de la Bible mais réalisées à l’époque byzantine demeurent une source pour la connaissance de cette dernière, notamment la vie liturgique de la communauté dans le cas des fresques du XIIe siècle représentant des épisodes de maladie et de guérison116. Plus largement, la comparaison avec des images liées à des phénomènes similaires en Occident pourrait aussi ouvrir des perspectives enrichissantes117.
Conclusion
38À l’issue de cette présentation, on s’accordera aisément sur le constat de la multiplicité des sources disponibles aux historiens. Ces derniers peuvent, au total, puiser dans tous les types, ou presque, de documents laissés par les hommes du Moyen Âge, qu’ils soient de langue grecque ou non. Il convient même, au contraire, d’affirmer qu’aucun élément de notre documentation ne saurait être laissé de côté. C’est là toute la richesse, comme la difficulté, d’appréhender les catastrophes naturelles, dans leur ensemble ou par type de catastrophe, sur tout ou partie du millénaire byzantin.
39Figure 3 – Le séisme d’Éphèse. Maître de l’école de Rimini, Scènes de la vie de saint Jean l’Evangéliste, fresque, vers 1330-1340, Rimini, église Sant’Agostino. [Source : http://www.aparences.net/trecento/images/maitre1.jpg].
Notes de bas de page
1 De multiples références seront logiquement indiquées dans les notes qui vont suivre, sans prétendre à l’exhaustivité. Pour une présentation de l’état récent de la recherche sur la géographie historique de l’Empire, cf. Koder J., « Historical Geography », dans XXe Congrès International des Études Byzantines, Pré-actes I. Séances plénières, Paris, 2001, p. 345-350 ; de même que certaines des contributions relatives à cette dimension géographique de l’histoire de l’Empire dans Belke K., Hild F., Koder J. et Soustal p. (éd.), Byzanz als Raum. Zu Methoden und Inhalten der historischen Geographie des östlichen Mittelmeerraumes (Veröffentlichungen der Kommission für die Tabula Imperii Byzantini, Bd. 7), Vienne, 2000, nous y reviendrons.
2 Dans le cadre du Congrès International des Études Byzantines tenu à Londres en 2006, une table ronde a précisément été organisée sur le thème Natural World, sous la direction de Nancy P. Ševčenko : voir Jeffreys E. (éd.), Proceedings of the 21st International Congress of Byzantine Studies, vol. II : Abstract of panel papers, Londres, 2006, p. 73-78. Les liens entre l’homme et son environnement naturel pour la haute période (IVe-VIe siècle) sont au cœur d’une étude récente : Sinakos A. K., Ἂνθρωπος και περιβάλλον στην πρωτοβυζαντινή εποχή (4ό-6ό αι.) (Βιβλιοθήκη Ιστορικών Mελετών, 3), Thessalonique, 2003 ; voir la recension qu’en donne Ioannis G. Telelis, avec des compléments bibliographiques, dans la revue Byzantinische Zeitschrift, 98/2, 2005, p. 605-609. Ce dernier rappelle aussi que les sections 5B, 6A, 7A et 7B de cette même revue peuvent fournir des indications bibliographiques essentielles sur ces mêmes thèmes.
3 Voir les références données récemment par I. G. Telelis, « Climatic Fluctuations in the Eastern Mediterranean and the Middle East AD 300-1500 from Byzantine Documentary and Proxy Physical Paleoclimatic Evidence – A Comparison », Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik, 58, 2008, p. 167-207, et plus précisément en introduction, pp. 167-169. Pour une présentation heuristique et épistémologique du sujet, voir en particulier l’introduction de ce même auteur dans son ouvrage monumental et désormais fondamental : Μετεωρολογικὰ ϕινόμενα καί κλίμα στό Βυζάντιο (Ἀκαδημία Ἀθηνών Κέντρον Έρεύνης τἢς Έλληνηκἢς καί Λατινικἢς Γραμματείας [Πονήματα 5]), Athènes, 2004, I, p. 1-50 ; de même, Chrysos E., « The Byzantine Sources as documentary Evidence for the Reconstruction of historical Climate », dans Frenzel B., Pfister C. et Gläser B. (éd.), European climate reconstructed from documentary data : methods and results (= Paläoklimaformschung/Paleoclimate Research, 7), Stuttgart-Iena-New York, 1992, p. 17-31 ; ainsi que Stathakopoulos D. C., « Reconstructing the Climate of the Byzantine World. State of the Problem and Case Studies », dans Laszlovsky J. et Szabó p. (éd.), People and Nature in historical Perspective, Budapest, 2003, p. 241-250.
4 Ainsi, en dernier lieu : Geyer B., « Physical Factors in the Evolution of the Landscape and Land Use », dans Laiou A. E. et al., The Economic History of Byzantium, from the Seventh through the Fifteenth century, Cambridge (MA), Harvard University Press, 2002, I, p. 31-45, et plus précisément p. 37 sq. La présentation des données physiques de l’empire byzantin est presque un passage obligé dans la présentation de la civilisation byzantine : cf., par exemple, Guillou A., La civilisation byzantine, Paris, 1990, p. 17-92. La part de la géographie physique dans l’histoire de l’Empire est aussi au cœur des travaux de l’historien Johannes Koder, dont un aperçu d’ensemble, à la date de 2007, est donné en liminaire du volume de Mélanges qui lui a été dédié : Belke K., Kislinger E., Külzer A. et Stassinopoulou M. A. (éd.), Byzantina Mediterranea. Festschrift Johannes Koder zum 65. Geburtstag, Vienne-Cologne-Weïmar, 2007, p. XXIX-XLVI ; il est directement impliqué dans la rédaction de la série Tabula Imperii Byzantini, dont les volumes sont des outils de travail précieux pour les historiens : cf. Koder J., « Perspecktiven der Tabula Imperii Byzantini. Zu Planung, Inhalt und Methode », Geographia Antiqua, 5, 1996, p. 75-86. Une présentation globale des caractéristiques naturelles de l’Empire est aussi donnée dans Id., Der Lebensraum der Byzantiner. Historisch-geographischer Abriß ihres mittelalterlichen Staates im östlichen Mittelmeerraum (Byzantinische Geschichtsschreiber, 1N), rééd. avec des addenda bibliographiques, Vienne, 2001 (1re éd. : Graz-Vienne-Cologne, 1984), p. 13-75 (et p. 175-198 pour le complément bibliographique relatif à notre sujet).
5 Sur leurs conséquences dans le monde rural, voir Kaplan M., Les hommes et la terre à Byzance (VIe-XIe siècle), Paris, 1992, passim (et plus précisément, p. 455-464). Sur le plan militaire, l’impact de la peste lors de la défaite décisive des Byzantins face aux Arabo-musulmans au Yarmouk vient d’être réévalué par D. Woods, « Jews, Rats, and the Battle of Yarmûk », dans Lewin A. S. et Pellegrini p. (éd.), The Late roman Army in the Near East from Diocletian to the Arab Conquest, Oxford, 2007, p. 367-376 (voir également plus bas).
6 Nous ne prétendrons pas, ici, faire le tour complet d’un aussi vaste sujet, tant dans sa dimension historique qu’historiographique. Nous n’en présenterons donc que quelques aspects, renvoyant à des études plus précises pour tel ou tel point. L’ensemble du millénaire s’étalant du Ve au XVe siècle sera appréhendé, outre quelques références au IVe siècle de notre ère ; rares sont les tentatives de synthèse couvrant le millénaire, voir toutefois : Sidéris G., « Quelques aspects des catastrophes naturelles à Byzance et de leurs effets sur la société (seconde moitié du VIe-milieu Xe siècle) », dans Buchet L. et al., Vers une anthropologie des catastrophes, Paris, 2009, p. 163-178. Mettant un terme à ce travail, un article de Marie-Hélène Congourdeau a paru sur ce même sujet, pour la période des Paléologues – et nous la remercions, ainsi que Marie-Hélène Blanchet, de nous en avoir fait part : Congourdeau M.-H., « Les Byzantins face aux catastrophes naturelles sous les Paléologues », Revue des Études byzantines, 67, 2009, p. 151-163.
7 Stathakopoulos D. C., Famine and Pestilence in the Late Roman and Early Byzantine Empire. A systematic Survey of subsistence crises and epidemics (Birmingham Byzantine and Ottoman Monographs, 9), Aldershot, 2004, p. 177-386 (Catalogue of Epidemics and Famines from 284 to 750 AD), précédé d’une analyse typologique et thématique des crises pendant cette même période.
8 Pour les plus récents : ibid., p. 110-154 (« The Justinianic Plague ») ; Horden P., « Mediterranean Plague in the Age of Justinian », dans Maas M. (éd.), The Cambridge Companion to the Age of Justinian, Cambridge, 2005, p. 134-160 ; et l’ouvrage collectif, doublé d’une très riche bibliographie, Little L. K. (éd.), Plague and the End of Antiquity. The Pandemic of 541-750 Cambridge, 2007. Ces trois références ne sauraient suffire à présenter l’ensemble de la production historiographique sur le sujet depuis plus de trente ans désormais, et notamment les travaux pionniers de J.-N. Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, Paris, 1975 (ici I, p. 25-48), ainsi que celui de p. Allen, « The “Justinianic” Plague », Byzantion, 49, 1979, p. 5-20 ; d’autres études seront donc logiquement indiquées dans les notes qui vont suivre.
9 Voir, en particulier, son article fondateur : « Pour une étude de la peste noire à Byzance », dans ΕΥΨΥΧΙΑ, Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler, Paris, 1998, p. 149-163 (notamment p. 152-163, avec ce qu’elle qualifie de « premier catalogue des poussées de peste », entre 1347 et 1470, contenant 43 entrées). En lien avec la pandémie de peste des VIe-VIIIe siècles, voir aussi Id., « La société byzantine face aux grandes pandémies », dans Patlagean É., Maladie et société à Byzance, Spolète, 1993, p. 21-41 ; et, dans un souci de comparaison avec l’Islam, Id. et Melhaoui M., « La perception de la peste en pays chrétien byzantin et musulman », Revue des Études byzantines, 59, 2001, p. 95-124.
10 Congourdeau, « Pour une étude… », op. cit., p. 150-151 et ses références.
11 Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα…,, op. cit., contenant une recension chronologique des dits phénomènes, tant à partir des sources internes qu’externes à l’Empire (ibid., p. 74-485 et 495-710) ; une présentation plus synthétique de ce catalogue est donnée p. 799-829. La numérotation de ces phénomènes, à laquelle il sera fait référence dans les notes qui vont suivre, est aussi celle adoptée dans Id., « Climatic Fluctuations… », op. cit., p. 193-207 (Catalogue of Meteorological Phenomena. AD 300-1500). Une version réduite de ce catalogue est aussi fournie dans une étude plus ciblée du même auteur : « Medieval Warm Period and the Beginning of the Little Ice Age in Estearn Mediterranean. An Approach of Physical and Anthropogenic Evidences », dans Belke et al., Byzanz als Raum, op. cit., p. 223-243 (ici p. 234-237).
12 Guidoboni E., avec la collaboration d’A. Comastri et de G. Traina, Catalogue of ancient Earthquakes in the Mediterranean area up to the 10th century, Rome, 1994 ; Guidoboni E. et Comastri A., Catalogue of Earthquakes and Tsunamis in the Mediterranean Area from the 11th to the 15th century, Rome, 2005. Nous suivrons ces deux catalogues et leur numérotation, avec les abréviations suivantes : Guidoboni non, pour la première, Guidoboni-Comastri non pour la seconde. Chacun de ces deux outils est agrémenté de cartes et d’une riche bibliographie. Notons que les sources de langue grecque intégrées dans le second ouvrage sont le fait d’Antonio Rigo (sans négliger que des sources dans d’autres langues peuvent concerner l’Empire byzantin : arabes, syriaques, arméniennes, latines, etc.). Sa recension par A. Failler, Revue des Études byzantines, 64-65, 2006-2007, p. 384-387, apportera de précieux compléments.
13 Voir la présentation synoptique qu’en donne Guidoboni, Catalogue of ancient Earthquakes…, op. cit., p. 17-20.
14 Citons, entre autres, Downey G., « Earthquakes at Constantinople and Vicinity AD 342-1454 », Speculum, 30, 1955, p. 596-600 ; Wirth P., « Zur “byzantinischen” Erdbebenliste », Byzantinische Forschungen, 1, 1966, p. 393-399, qui complète l’étude de Downey ainsi que celle de Venance Grumel (voir plus bas) pour la période 1222-1457 ; Ambraseys N. N. et Finkel C., « Long-terme Sismicity of Istanbul and of the Marmara Sea Region », Terra Nova, 3, 1991, p. 527-539 ; enfin, Evangelatou-notara F., Σεισμοί στο Βυζάντιο άπò τòν 13ο μέχρι καì τòν 15ο αίώνα. ’Ιστορικὴ έξέταση, Athènes, 1993, qui présente une chronologie détaillée de ces secousses pour les trois derniers siècles (p. 145-153), précédée d’une longue analyse, notamment séisme par séisme (p. 17-111).
15 Guidoboni E. et Ebel J. E., Earthquakes and Tsunamis in the Past. A Guide to Techniques in Historical Seismology, Cambridge, 2009.
16 Schove D. J. et Fletcher A., Chronology of Eclipses and Comets, AD 1-1000, Woodbridge, 1984 ; voir aussi Yeomans D. K., Comets. A Chronological History of Observation, Science, Myth and Folklore, New York, 1991.
17 Grumel V., La chronologie, Traité d’études byzantines, I, Paris, 1958, p. 457-481 (avec les corrections qu’apportent les recensions et catalogues récents).
18 Voir ainsi le rapide constat dressé, pour sa période d’étude, par É. Patlagean, Pauvreté économique et pauvreté sociale à Byzance (IVe-VIIe siècles), Paris-La Haye, 1977, p. 74. En dépit de sa variété, l’historien reste souvent sur sa faim, comme nous allons le voir (cf. Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., p. 5 sq.).
19 Cf. Hunger H., Die hochsprachliche profane Literatur der Byzantiner, Munich, 1978, I, p. 252. Nous ne séparons volontairement pas, dans cette catégorie des chroniqueurs, les chronographes (du type Jean Malalas, Théophane…), des historiens de l’Église (Eusèbe de Césarée, Évagre le Scholastique…) et autres historiens (Michel Psellos, Anne Comnène…). Nous verrons toutefois qu’ils ne peuvent tous être placés sur un pied d’égalité au regard des quantités d’information qu’ils livrent, ainsi que de la précision de cette information.
20 Mazal O., Manuel d’études byzantines, Turnhout, 1995, p. 133 ; plus largement, Gallina M., « Centre et périphérie : identité et différences (XIe-XIIIe siècles) », dans Byzantina-Metabyzantina. La Périphérie dans le temps et l’espace. Actes de la 6e séance plénière du XXe Congrès international des Études byzantines, Paris, 2003, p. 57-76 (en particulier les p. 60-61).
21 Anne Comnène, Alexiade, VII, II, 8, éd. Leib B., Paris, 1943, II, p. 92-93. Cet épisode et cette éclipse sont habituellement datés du 1er août 1087 : cf. Malamut É., « L’image byzantine des Petchénègues », Byzantinische Zeitschrift, 88, 1995, p. 105-147, ici p. 136-137. La date du 2 octobre 1084 a été proposée par Ferrari d’Occhieppo K., « Zur Identifizierung der Sonnenfinsternis während des Petchenegenkrieges Alexios’I. Komnenos (1084) », Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik, 23, 1974, p. 179-184, mais elle se heurte à des contradictions : cf. les commentaires de Paul Gautier dans Theophylacti Achridensis Opera, éd. et trad. Gautier P., Corpus Fontium historiae Byzantinae (CFHB), no 16/1, Thessalonique, 1980, p. 74, n. 27. Une date antérieure, celle du 16 février 1086, a pu être proposée récemment par J. Shepard, « Past and Future in Middle Byzantine Diplomacy : some Preliminary Observations », dans Balard M., Malamut É. Et Spieser J.-M., Byzance et le monde extérieur. Contacts, relations, échanges, Paris, 2005, p. 171-191 (ici p. 171, n. 1, et ses références aux travaux inédits de Peter Frankopan).
22 Cf. Hunger, Die hochsprachliche profane Literatur…, op. cit., I, p. 262-263. Sur les phénomènes naturels plus généralement : ibid., p. 268-271. Voir aussi les considérations plus succinctes dans « Natural Phenomena », Oxford Dictionary of Byzantium, éd. Kazhdan A. P., New York-Oxford, 1991, II, p. 1440.
23 Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 1, 16, 168 et 221.
24 Elles seront présentées dans une autre partie (voir infra, « Exploitation des sources et pistes de recherche historiographique : le domaine byzantin »).
25 Les différentes Vitae de Pachôme livrent de multiples informations sur certaines pénuries et autres épisodes épidémiques en Egypte au IVe siècle : voir les références et commentaires donnés par Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., p. 184-187, no 7 et 8, et p. 191-192, no 14.
26 Patlagean, Pauvreté économique…, op. cit., p. 75.
27 Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., p. 177-178, no 2 (voir également les no 4 et 6).
28 Ibid., p. 367, no 204 (voir également les no 205, 207, 209, 211-213, en lien avec d’autres mentions de peste proches dans le temps et l’espace). La période relative à cet épisode est celle des fonctions de métropolite qu’André occupe : cf. Auzépy M.-F., « La carrière d’André de Crète », Byzantinische Zeitschrift, 88, 1995, p. 1-12 (ici, p. 4-5) ; Bourbou C., Health and disease in Byzantine Crete (7th-12th centuries A. D.), Medicine in the Medieval Mediterranean, 1, Farnham-Burlington, 2010, p. 15, date l’épisode peu de temps avant 740. Pour l’analyse de la maladie et la possibilité qu’elle soit une épidémie de peste, voir Détorakès T. E., ’H πανώλης εν Κρήτη. Συμβολή εις την ιστορί αν των επιδημιών της νήσου », Epistèmonikè Epetèris tès Philosophikès Scholès tou Panepistèmiou Athènôn, 2e série, 21, 1970-1971, p. 118-136 (ici, p. 119-120).
29 Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα, op. cit., no 652 et ses références à la Vie de Saint Romylos. Vers 1350, toujours dans le cadre de la sainte Montagne, un autre saint, Maxime le Kausokalybe, prévoit, lui, une tempête (ibid., no 657).
30 Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., p. 66-68. Ce schéma se répète dans tout l’Empire, en milieu insulaire comme en milieu continental, dans les grandes villes comme dans le monde rural, ainsi que le met en avant son catalogue jusqu’au milieu du VIIIe siècle (ibid., no 2, 18, 35, 66, 85, 204 et 219). Id., « Rain Miracles in Late Antiquity : an Essay in Typology », Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik, 52, 2002, p. 73-87. Si ce n’est pas un tel miracle, ce sont des prières qui permettent au saint et à ses compagnons, traversant la Galatie et la Cappadoce de retour de Constantinople, d’être épargnés du froid intense qui glace ces territoires : Vie de Sainte Mélanie (Sources chrétiennes, 90), éd. et trad. Gorce D., Paris, 1962, chap. 56, p. 239-241 ; cf. Malamut É., « Voyages et littérature voyageuse à Byzance : un autre espace, une autre société (IVe-XIIe siècles) », dans Dierkens A. et Sansterre J.-M., Voyages et voyageurs à Byzance et en Occident du VIe au XIe siècle, Liège, 2000, p. 204 et 210, à propos d’un épisode qui doit être daté de février 437 (cf. Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα, op. cit., no 87). Retenons d’ailleurs que si cette sainte quitte Constantinople et brave le froid, un choix inverse peut être fait par d’autres, qui préfèrent attendre sagement la fin des frimas dans la capitale impériale : voir l’exemple proposé par Telelis I. G., « Weather and Climate as Factors affecting Land transport and Communications in Byzantium », Byzantion, 77, 2007, p. 432-462 (ici p. 448).
31 Voir, entre autres exemples, mais toujours tirés des textes hagiographiques, Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 2, 7, 19, 138, 149, 174, 204. Même remarque pour la fin de la période, et en lien avec les événements climatiques : cf. Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα, op. cit., no 633, 634, 651, 652 notamment. Cette constatation doit toutefois être nuancée, comme l’indiquent certains passages des Miracles de saint Demetrius, dans Lemerle P., Les plus anciens recueils des Miracles de Saint Démétrius et la pénétration des Slaves dans les Balkans, Paris, 1979-1981, I, p. 72-82, § 29-45 ; p. 100-103, § 68-72 ; p. 103-108, § 73-80. Cf. Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 156, 157, 189 (et, dans une moindre mesure quant à sa précision, no 169).
32 Patlagean, Pauvreté économique…, op. cit., p. 77.
33 Malamut É., Sur la route des saints byzantins, Paris, 1993, p. 233. Dans d’autres épisodes, ces mêmes saints réalisent d’autres miracles pendant des traversées maritimes, évitant des tempêtes ou intervenant pour protéger d’autres voyageurs de leurs effets néfastes (ibid., p. 239). Enfin, les saints luttent contre la famine par leurs interventions, nous permettant de mieux connaître certains épisodes de ce type de catastrophe, ou encore organisent des processions pour lutter contre la sécheresse ou des nuées de sauterelles, comme la Vie de Théodore de Sykéôn en donne de nombreux témoignages (ibid., p. 265-266 et 268-270). Sur ce dernier récit, voir désormais Sidéris, « Quelques aspects des catastrophes naturelles… », op. cit., p. 166-170, et son analyse lexicographique.
34 Dagron G., « Quand la terre tremble… », Travaux et Mémoires, 8, 1981, p. 87-103 (ici p. 91 et pour ce qui suit).
35 Sur ces séismes : Guidoboni, no 203 (mai 526), 218 (9 juillet 551) et 225 (décembre 557). Cette Vita livre aussi des renseignements sur la peste en cette zone, vers 542 (cf. Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 107).
36 Congourdeau, « Pour une étude… », op. cit., p. 153 (avec les références). La datation précise retenue par Marie-Hélène Congourdeau est celle donnée par la Chronique brève éditée par Peter Schreiner ; une homélie du patriarche Kallistos s’élève contre la multiplication des blasphèmes, témoignage implicite de la démoralisation générale. Sur la correspondance de Kydonès, comme d’autres témoignages épistolaires liés à la peste Noire jusqu’en 1453, voir désormais Timplalexi P., Medizinisches in der byzantinischen Epistolographie (1100-1453), Francfort, 2002, p. 101-113.
37 Théodore Prodromos, Epistolae, éd. Migne J.-P., Patrologiae cursus completus. Series graeca, Paris, 133, col. 1249-1250 et 1256, Ep. 4 (lettre adressée à l’orphanotrophe Aristènos « sur la variole qui s’est emparé de lui », διὰ τὴν κατασχοῦσαν λοίμωξιν) et 6 (au métropolite de Trébizonde ; dans cette seconde lettre, il en vient à se plaindre du diagnostic hasardeux du médecin qui l’examine). Cf. la présentation de ces lettres et des maladies à l’époque médio-byzantine par Marie-Hélène Congourdeau dans Metivier S. (dir.), Économie et société à Byzance (VIIIe-XIIe siècle). Textes et documents, Paris, 2007, p. 179. Voir aussi les commentaires de Timplalexi, Medizinisches…, op. cit., p. 16-17, 27 et 256.
38 Timplalexi, Medizinisches…, op. cit., p. 95-98 (έλώδης πυρετός).
39 Aucune étude de synthèse, à notre connaissance, n’existe sur la malaria dans le monde byzantin. On peut avoir un aperçu de ses effets grâce à des monographies régionales quelquefois. Voir ainsi Dauphin C., La Palestine byzantine : peuplements et population, II, Oxford, 1998, p. 467-472 ; et, plus récemment, Id., « Fièvres et tremblements : la Palestine byzantine à l’épreuve de la malaria », dans Buchet L., Dauphin C. et Séguy I., La paléodémographie. Mémoire d’os, mémoire d’hommes. Actes des 8e journées anthropologiques de Valbonne (5 au 7 juin 2003), Antibes, 2006, p. 101-118. Certaines régions italiennes sont évidemment concernées, tant qu’elles restent byzantines, et l’on a d’ailleurs pu observer que les zones où, au XXe siècle, la maladie génétique de thalassémie mineure est endémique correspondent à celles tenues par l’Empire vers 650 ; un même constat a été dressé pour le territoire des États modernes correspondants à celui de l’Empire de Justinien. Cette coïncidence ne serait pas remarquable si la médecine moderne n’avait pas établi un lien entre cette maladie et la résistance à la malaria : cf. McCormick M., Origins of the European Economy. Communications and Commerce, A. D. 300-900, Cambridge, 2001, p. 38-39. L’observation est d’importance, car elle signifie que la frontière politique impériale se doublait aussi d’une frontière écologique, sinon pathologique. Le constat pourrait être étendu dans le temps et l’espace. Présent à Famagouste sur l’île de Chypre fin 1394-début 1395, de retour de Terre Sainte, le notaire Nicolas de Martoni y fait état du « climat très malsain » provoquant « une épidémie », « presque à chaque saison »- belle définition d’une maladie endémique, non sans lien établi par le même voyageur avec le « grand marais » proche de la dite cité. En outre, il précise que si des hommes en meurent en grand nombre, ce sont davantage les Génois, récemment maîtres de la cité, que « les Grecs », majoritaires sur l’île et très anciennement présents. On soulignera enfin que, de manière indépendante à Nicolas de Martoni, un autre pèlerin, Ogier d’Anglure, établit le même constat d’une île « particulièrement malsaine et insalubre pour ceux qui n’ont pas l’habitude d’y vivre » : Nicolas de Martoni et Ogier d’Anglure, Vers Jérusalem. Itinéraires croisés au XIVe siècle, trad. Tarayre M. et Chareyron N., Paris, 2008, p. 136-137, 141 et 306.
40 Nicéphore Grégoras, Correspondance, éd. Guilland R., Paris, 1927, p. 136-137, n. 4 ; p. 150, n. 1 ; p. 152-153, n. 1 et 2. Il convient de compléter tant les éléments de la correspondance de Grégoras que les commentaires de Guilland par ceux de Moguenet J., Tihon A., Royez R. et Berg A., Nicéphore Grégoras. Calcul de l’éclipse du soleil du 16 juillet 1330, Amsterdam, 1983, passim (avec l’édition de l’Exposé du calcul d’une éclipse de Soleil, d’après la grande Syntaxe de Ptolémée et ensuite d’après les Tables faciles, p. 42-89). Rappelons que ce genre de prédiction est « à la mode scientifique » à Byzance dans la première moitié du XIVe siècle, comme le soulignent Moguenet et al., ibid., p. 11 – ce qui est particulièrement illustré par Nicéphore Grégoras, mais aussi par son rival, le moine calabrais Barlaam de Seminara (cf. ses Traités sur les éclipses de soleil de 1333 et 1337, éd. Moguenet J. et Tihon A., Louvain, 1977, p. 52-79).
41 Kolias G., Léon Choerosphactès, magistre, proconsul et patrice, Texte und Forschungen zur Byzantinischen-Neugriechischen Philologie, 31, Athènes, 1939, p. 76-77 (lettre 1).
42 Comme l’a bien noté Shepard, « Past and Future… », op. cit., p. 172. Voir également supra, n. 21.
43 Cette lettre ne nous est parvenue que dans une version latine, éd. Werminghoff A., Monumenta Germaniae Historica, Leges III, Concilia II (Concilia Aevi Karolini I, pars II, Hanovre, 1908, p. 477-478 pour ce passage) ; cf. Dölger F., Regesten der Kaiserurkunden des Oströmischen Reiches von 565-1204, 1. Teil, 1. Halbband Regesten 565-867, zweite auflage, unter mitarbeit von J. Preiser-Kapeller und A. Riehle besorgt von A. E. Müller, Munich, 2009, no 408 ; la traduction est celle de p. Lemerle, « Thomas le Slave », Travaux et Mémoires, 1, 1965, p. 257 ; voir aussi, plus récemment, les analyses de Claudia Sode, « Der Brief der Kaiser Michael II. und Theophilos an Kaiser Ludwig den Frommen », dans Hoffmann L. M., Zwischen Polis, Provinz und Peripherie. Beiträge zur byzantinischen Geschichte und Kultur, Wiesbaden, 2005, p. 141-158 (ici, p. 145). La cité de Panion est nommée Panadus dans la lettre du basileus, mais apparaît davantage sous cette première forme dans le récit de chroniqueurs qui confirment qu’un séisme l’a affectée à la fin de cet épisode de tentative d’usurpation, interprété comme véritable signe divin (γίνεται δή τι θεόθεν σημεῖον αὐτοῖς) selon le chroniqueur Génésios : Iosephi Genesii Regum Libri Quattuor, éd. Lesmueller-Werner A. et Thurn I. H., Corpus Fontium historiae Byzantinae (CFHB), no 14, Berlin, II, 9, p. 31 ; voir aussi le Continuateur de Théophane : Theophanes Continuatus, Bekker I. (éd.), Bonn, 1838, p. 71.
44 Ainsi dans les propos de Jean Skylitzès, Σύνοψις ιστοριῶν, éd. Thurn I. H., Corpus Fontium historiae Byzantinae (CFHB), no 5, Berlin-New York, 1973, p. 35, s’inspirant du Continuateur de Théophane ; voir aussi sa traduction récente : Empereurs de Constantinople, texte traduit par B. Flusin et annoté par J.-C. Cheynet, Paris, 2003, p. 35 ; récit parallèle, mais sans mention du vent, chez Joseph Génésios, op. cit., qui souligne que cette démolition des remparts consécutive au séisme, et permettant aux forces impériales d’investir la place, fut interprétée par ceux qui étudient les séismes comme le signe de défaite de Thomas, ce qui advint en effet : « ὅ τοȋς σεισμοσκόποις σημεȋον ἣττης, ὅθεν γεγένηται τούτο. » (cf. Lemerle, « Thomas le Slave », op. cit., p. 275, avec les références). Pour la datation, cf. Jean Skylitzès, trad. Flusin, op. cit., p. 39, n. 69, où il est rappelé que la capture de Thomas eut lieu en octobre 823, ce qui place le séisme ce même mois ou très peu de temps après ; la date de 824 reste adoptée par Guidoboni, no 259, p. 376, à la suite de Grumel, Chronologie…, op. cit., p. 479. Soulignons toutefois que la lettre impériale ne mentionne nullement la comète terrifiante qu’évoque Georges le Moine, présentée comme signe avant-coureur des affrontements engendrés par les prétentions de Thomas : voir Lemerle, op. cit., p. 259 et n. 15 pour les références et le lien qu’il faut établir entre les propos de Georges le Moine et la description de Théophane, reprise mot pour mot par le premier, mais relative à la comète visible le 4 novembre 812 (cf. Grumel, Chronologie…, op. cit., p. 471).
45 Novelle 122, dans Corpus Iuris Civilis, éd. Kreuger P., Mommsen T., Schoell R. et Kroll W., Berlin, 1880, III, p. 592-593 ; cf. Durliat, « La peste du VIe siècle… », op. cit., p. 112, n. 22, qui précise qu’il s’agit d’un édit, de portée limitée donc, adressé aux préfets du prétoire et de la Ville, et concernant cette dernière pour l’essentiel ; voir aussi Little L. K., « Life and Afterlife of the First Plague Pandemic », dans Id., Plague and the End of Antiquity…, op. cit., p. 22, établissant un parallèle avec une ordonnance de 1349 promulguée dans le royaume d’Angleterre lors de la peste Noire.
46 Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 91, p. 265 (avec les références). Cette famine est à l’évidence liée à des raisons climatiques, mais aucun document connu ne vient l’attester, ni confirmer qu’il s’agit de la deuxième mauvaise récolte en Thrace, comme le suggérait Patlagean, Pauvreté économique…, op. cit., p. 76.
47 Cf. Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 134, p. 305 (avec les références). La Novelle peut faire allusion à la peste qui s’abat alors sur Constantinople, tout comme à un tremblement de terre attesté pour le mois de décembre de l’année 557 (cf. Guidoboni, no 225), ou encore à d’autres événements militaires.
48 Cf. Dagron, « Quand la terre tremble… », op. cit., p. 91-92 (avec les références), qui souligne en outre que Néophyte le Reclus, au XIIe siècle, reprend longuement ce thème à son tour, attribuant faussement la Novelle à l’empereur Léon Ier et la datant de 472, année qui aurait vu une pluie de cendres s’abattre sur Constantinople – l’erreur renvoie à l’épisode biblique de la destruction de Sodome et Gomorrhe.
49 Voir infra, « Exploitation des sources et pistes de recherche historiographique : le domaine byzantin ».
50 Cf. Gautier P., « Monodies inédites de Michel Psellos », Revue des Études byzantines, 36, 1978, p. 91-151 (ici, pp. 143-151) ; Spadaro M. D., « Un inedito di Psello dal Cod. Paris. Gr. 1182 », ’Ελληνικά, 30, 1977-1978, p. 84-91 (texte p. 92-98). Michel Psellos mentionne aussi ce séisme dans l’une de ses lettres, Epistola, Ep. no 79, Sathas K. N. (éd.), Μεσαιωνικὴ Βιβλιοθὴκη, V, Paris-Venise, 1876, p. 312-313 ; cf. Guidoboni-comastri, no 029 (avec les références à d’autres travaux auxquels il convient d’ajouter la vue d’ensemble donnée par Vercleyen F., « Tremblements de terre à Constantinople : l’impact sur la population », Byzantion, 58, 1988, p. 165-166).
51 Comme l’a suggéré p. Würthle, Die Monodie des Michael Psellus auf den Einsturz der Hagia Sophia, Paderborn, 1917, de même que C. Mango, « The Collapse of St. Sophia, Psellus and the Etymologicum Genuinum », dans Duffy J. et Peradotto J., Gonimos. Neoplatonic and Byzantine Studies presented to L. G. Westerink at 75, Buffalo, 1988, p. 167-174 (non consulté).
52 Gautier, « Monodies inédites… », op. cit., p. 96, n. 51, suggère d’y voir davantage une référence à la Sainte-Sophie de Nicée, ce à quoi un extrait d’une Chronique brève fait allusion (cf. Guidoboni-Comastri, no 029, p. 47).
53 Voir les vues de Guidoboni, no 298, p. 405, qui rappelle à l’occasion que l’église Sainte-Sophie s’écroula entièrement à trois reprises dans l’histoire de l’Empire : en 558, en 989 et en 1346 (que le catalogue donne de manière erronée sous l’année « 1436 »).
54 Kourousis S., « Aἱ ἀντιλήψεις περὶ τῶν έσχάτων τοῦ κόσμου καὶ ἡ κατά τò ἔτος 1346 τῶσις τοῦ ρούλλου τἢς ’Αγίας Σοφίας°» Έπετηρὶς Εταιρείας Βυζαντινῶν Σπουδῶν, 37, 1969-1970, p. 211-250, textes p. 236-240 et 247-250. L’auteur rectifie les vues de Kumaniecki quant à la première monodie, puisque celui-ci datait l’écroulement du 7 mai 558 et attribuait la monodie à Procope : Kumaniecki K., « Eine unbekannte Monodie auf den Eisturz der Hagia Sophia im Jahre 558 », Byzantion, 30, 1929-1930, p. 35-43.
55 Congourdeau, « Les Byzantins face aux catastrophes naturelles… », op. cit., p. 151, 159, 161. Nous verrons la manière dont la chute de la coupole a pu être interprétée de manière erronée, car trop rapidement, par certains modernes.
56 Previale L., « Un panegirico inedito per Michele VIII Paleologo », Byzantion, 42, 1943, p. 1-49 (ici, p. 3 ; cf. Guidoboni-comastri, no 126. Ce séisme est bien connu, notamment grâce à la description faite par Georges Pachymère. Notons que sa date a fait l’objet de discussions, celle de mars 1270 étant retenue, mais encore discutée : voir le point donné ibid., p. 283, ainsi que les arguments d’A. Ducellier, « Les tremblements de terre balkaniques au Moyen Âge : aspects matériels et mentaux », dans Bennassar B. (éd.), Les catastrophes naturelles dans l’Europe médiévale et moderne, Toulouse, 1996, p. 75, n. 60, étude ignorée du catalogue de Guidoboni et Comastri.
57 Cf. Little, « Life and Afterlife of the First Plague… », op. cit., p. 14 (avec les références). Nous incluons ici cette source et son auteur qui, s’ils ne sont pas de langue grecque, relèvent toutefois bien de l’Empire du VIe siècle. Voir aussi Durliat, « La peste du VIe siècle… », op. cit., p. 115 ; Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., p. 293, établit un lien entre ce discours relatif à l’arrivée de l’épidémie en Afrique du Nord et d’autres sources de nature épigraphique, à Sbeïtla, sur lesquelles nous reviendrons.
58 De multiples « homélies sur la peste » ont été rédigées durant cette période, cf. Congourdeau, « La société byzantine face aux grandes pandémies », op. cit., p. 33 (avec les références).
59 Marie-Hélène Congourdeau parle de « démoralisation générale » à l’endroit de cet épisode, avec les références à l’homélie du patriarche Kallistos : Congourdeau, « Pour une étude… », op. cit., p. 153 ; Id., « Les Byzantins face aux catastrophes… », p. 154.
60 Prière du patriarche Nil pour la cessation de l’invasion barbare, de la guerre civile, de la famine et de la peste, éd. Müller J., Byzantinische analekten, Vienne, 1853, p. 356-359, cité par Congourdeau, « Pour une étude… », p. 156, avec la datation.
61 Romanos le Mélode, Hymnes, éd. Grosdidier de Matons J., Paris, 1981 (Sources chrétiennes, no 283), Hymne no LIV, p. 470-499, précédé d’un commentaire ; voir en particulier le § 13, p. 484-485, ainsi que les § 15-16, p. 488-489.
62 Dagron, « Quand la terre tremble… », op. cit., p. 95 (avec les références).
63 Ibid., p. 96.
64 Synaxarium ecclesiae Constantinopolitanae. Propylaeum ad AASS Novembris, éd. Delehaye H., Bruxelles, 1902, notamment aux dates du 25 septembre, du 26 octobre, du 6 novembre et du 9 janvier, correspondant respectivement aux secousses des années 437, 726, 472 et 879 (p. 79-80, 166, 198-199 et p. 380) ; cf. Dagron, « Quand la terre tremble… », op. cit., p. 96.
65 Cf. Downey, « Earthquakes… », op. cit., p. 598, (avec les références à d’autres sources) ; Guidoboni, no 225.
66 Respectivement ceux des années 447, 438 et 525 : Croke B., « Two Early Byzantine Earthquakes and their Liturgical Commemoration », Byzantion, 51, 1981, p. 122-147 (ici, p. 125-126) ; cf. Guidoboni, no 180, 176 (sous l’année 437) et 204 (sous l’année 526-527, avec les problèmes soulevés par d’autres témoignages).
67 Très précisément les 9 et 26 janvier, 17 mars, 16 août, 25 septembre, 7 et 26 octobre, 14 décembre : Croke, « Two Early Byzantine Earthquakes… », op. cit., p. 125, n. 19, avec des nuances quant aux références des années de ces séismes par rapport à celles données par Dagron, « Quand la terre tremble… », op. cit., p. 96. Ce type de processions n’existe pas seulement dans la capitale impériale, mais aussi à Alexandrie, peu de temps avant le début de la période du moins, comme nous l’apprend Sozomène décrivant les Alexandrins dans des processions solennelles et annuelles pour remercier Dieu de les avoir épargnés, en référence au séisme de 365 et au tsunami qui suivit : Croke, « Two Early Byzantine Earthquakes… », op. cit, p. 125 (avec les références).
68 Cf. Croke, « Two Early Byzantine Earthquakes… », op. cit., p. 146 (avec les références).
69 Cf. Die byzantinischen Kleinchroniken, Schreiner p. (éd.), Corpus Fontium historiae Byzantinae (CFHB), no 12/1-3, Vienne, 1975-1979 ; voir aussi Jeffreys E., « Chronicles, Short », dans Oxford Dictionary of Byzantium, op. cit., I, p. 447.
70 Ils restent peu fréquents : Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα, op. cit., passim (notamment les no 372, 635 ou 687 pour la seconde partie du millénaire).
71 On lira de ce fait avec attention la notice qui leur est consacrée dans Guidoboni-comastri, p. 867-868 (avec les renvois aux vingt-six références de ce même ouvrage dans lesquels ils paraissent, pour la période qui va du début du XIe siècle jusqu’au XVe siècle, références relatives à dix-neuf secousses telluriques). Voir en outre Guidoboni et Ebel, Earthquakes…, op. cit., p. 85-90.
72 Par exemple Guidoboni-comastri, no 108, p. 261.
73 Ainsi, entre autres cas, ibid., no 104, p. 238, et no 203, p. 486.
74 Pour ces mentions uniques, voir par exemple ibid., no 167, 197, 276, auxquels il faut ajouter les no 235, 237, 247, 349, 350 et 357 relatifs à la seule île de Chypre ; mentions qui se rapportent, en outre, à des lieux éloignés des épicentres (Guidoboni et Ebel, Earthquakes…, op. cit., p. 89-90).
75 Ainsi le lien entre catastrophes naturelles, tremblements de terre, famines ou invasions de sauterelles d’une part, incursions sarrasines sur les territoires de l’Italie méridionale de l’autre, que Stéphanos Efthymiadis a observé dans les notules des trois rédactions de la chronique brève dite siculo-sarrasine : Efthymiadis S., « Chrétiens et Sarrasins en Italie méridionale et en Asie mineure (IXe-XIe siècle). Essai d’étude comparée », dans Jacob A., Martin J.-M. et Noyé G., Histoire et culture dans l’Italie byzantine. Acquis et nouvelles recherches, Rome, 2006, p. 596, avec renvois à Schreiner, Die byzantinischen Kleinchroniken, op. cit., I, p. 331-332, no 4 (sauterelles : βροῦχος), no 9 (famine) et no 10 (séisme).
76 En matière de séismes, l’exemple-type reste sans doute celui du 8 août 1303 (cf. Guidoboni-comastri, no 160, p. 335-363) : si l’épicentre est en Crète vénitienne, il se fit ressentir en Asie mineure, Syrie et Égypte, alors que le tsunami qui le suivit eut des effets jusqu’en Adriatique. De multiples sources le décrivent, voir la liste donnée par ces deux auteurs, ainsi que le complément de Failler, op. cit., p. 386.
77 Lire, à ce sujet, l’étude de Congourdeau et Melhaoui, « La perception de la peste… », op. cit., passim.
78 Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα, op. cit., passim. Prises dans leur individualité linguistique, certaines sources peuvent avoir des spécificités qu’il faut connaître pour l’appréhension de tel ou tel phénomène : voir, par exemple, les réflexions de Monory M. G., « “From Whom Does the Writer Write ?” The First Bubonic Plague Pandemic According to Syriac Sources », dans Little (éd.), Plague and the End of Antiquity…, op. cit., p. 59-86.
79 Annales regni Francorum, inde ab a. 741 usque ad a. 829 qui dicuntur Annales Laurissenses maiores et Einhardi, Kurze F. (éd), Monumenta Germaniae Historica (MGH), Scriptores rerum germanicarum in usum scholarum, 6, Hanovre, 1895, p. 143 ; pour la datation, voir Mccormick, Origins of the European Economy…, op. cit., Register 338, p. 904, n. 101.
80 Notons qu’il a échappé à la recension de Guidoboni, qui n’enregistre aucun séisme à Constantinople entre 797 et 849. Le chroniqueur Georges le Moine indique une série de catastrophes, dont des séismes (σεισμοὶ φοβεροί), pendant le règne de Léon V l’Arménien (soit entre 813 et 820), sans autre précision, notamment de date : voir Georges le Moine, Chronicon, de Boor C. (éd.), Leipzig, 1904, II, p. 778 (cf. également Guidoboni, no 258).
81 Chronicon Moissiacense, Pertz G. H. (éd.), Monumenta Germaniae Historica (MGH), Scriptores, I, Hanovre, 1826, p. 294 (sub anno 762) ; McCormick M., « Diplomacy and the Carolingian Encounter with Byzantium Down to the Accession of Charles the Bald », dans McGinn B. et Otten W. (éd.), Eriugena. East and West. Papers of the Eight International Colloquium of the Society for the Promotion of Eriugenian Studies, Chicago and Notre Dame (18-20 october 1991), Notre Dame-Londres, 1994, p. 15-48 (ici p. 19 et 33).
82 Telelis, Μετεωρολογικά ϕαινόμενα, op. cit., no 271, et ses longues analyses, pp. 342-349. Ces dernières avaient été précédées d’une étude présentant les sources grecques sur cet hiver, à partir des données de Théophane le Confesseur et du patriarche Nicéphore : Telelis I. G., Chrysos E. et Métaxas D., « Οι μαρτυρίες των βυζαντινών πηγών για τον δριμύ χειμώνα του έτους 763-4 μ.Χ », Δωδώνη, 18/1, 1989, p. 105-127 ; cet article présente aussi trente et une sources latines mentionnant, de manière plus ou moins brève, les rigueurs de ce même hiver en Occident : ibid., p. 118-119. La chronique de Moissac ne relève pas de cette liste, mais elle s’avère la seule source latine mentionnant des terres byzantines touchées par ce rigoureux hiver qui a laissé des traces écrites jusqu’en Irlande : cf. McCormick M., Dutton P. E., Mayewski P. A., « Volcanoes and the Climate Forcing of Carolingian Europe, AD. 750-950 », Speculum, 82, 2007, p. 865-895 (ici, p. 878-881 et fig. 4, p. 875).
83 Comme le suggère Mccormick, Origins of the European Economy…, op. cit., p. 873, n. 38.
84 Casola P., Viaggio di Pietro Casola a Gerusalemne, éd. Porro G., Milan, 1855, pp. 40-41 (nous n’avons pu consulter cette source et nous référons à Guidoboni-Comastri, no 378-379, p. 822-823). Le même pélerin décrit aussi les effets d’une récente secousse dans la cité de Limassol (24 avril 1491), lorsqu’il y séjourne les 12 et 13 juillet 1494, et il retranscrit les explications que lui en ont données les résidents – un séisme attesté par d’autres récits de pélerinage (cf. Guidoboni-Comastri, no 375, p. 807-808). D’après Ducellier, « Les tremblements de terre balkaniques… », op. cit., p. 70, n. 36, Pietro Casola aurait décrit un séisme « des plus terribles », lié à une explosion volcanique de Santorin, conduisant à l’apparition d’une île nouvelle « nera come carbone » (éd. Porro, p. 95-96). Ces événements sont toutefois situés en 1456-1457 par Alain Ducellier, ce qui semble problématique : au regard d’une source différente, Guidoboni-Comastri, no 334, placent une telle apparition d’une île volcanique dans la mer Égée en 1463 – sans la situer à Santorin.
85 Itinerarium Symonis Semeonis ab Hybernia ad Terram Sanctam, éd. M. Esposito, Dublin, 1960, p. 38. La date de ce séisme, bien décrit par Georges Pachymère, nous y reviendrons, a pu être source de controverses, les historiens retenant généralement celle de 1273. Voir toutefois, en dernière analyse, Guidoboni-Comastri, no 126, qui proposent mars 1270, comme l’avait suggéré avec réserve Evangelatou-Notara, Σεισμοί στο Βυζάντιο … op. cit., p. 27-28 et 146, alors que Ducellier, « Les tremblements de terre balkaniques… », op. cit., p. 75, n. 60, propose plutôt l’année 1269, pour des raisons chronologiques en lien avec la présence angevine dans la ville.
86 Christophe Buondelmonti, dans Legrand É., Description des îles de l’Archipel par Christophe Buondelmonti Paris, 1897, cité dans Van der Vin J. p. A., Travellers to Greece and Constantinople, Ancient Monuments and Old Traditions in Medieval Travellers Tales, Istanbul, Nederlands Historisch-Archaeologisch Instituut, II, p. 655-657. La correspondance privée peut aussi livrer des témoignages précis et surprenants, comme il a été entrevu pour celle en langue grecque : le 30 août 1402, une lettre de Giovanni Contarini en langue vénitienne fournit de multiples détails sur les effets d’un tsunami récent dans le golfe de Corinthe (cf. Guidoboni-Comastri, no 253, p. 548-549).
87 Voir ainsi, entre autres exemples, ce que l’historien de la peste noire à Byzance peut retenir des actes officiels du sénat vénitien : Congourdeau, « Pour une étude… », op. cit., passim (actes relatifs aux possessions vénitiennes en Morée ou en Crète principalement).
88 Cf. Dagron G., Empereur et prêtre. Recherches sur le « césaropapisme » byzantin, Paris, 1996, p. 33-34 (avec le renvoi à cette source chinoise). Selon l’analyse qu’il propose, le « vent » dont il est question ici est celui qui empêche la flotte annonaire d’atteindre la capitale, tandis que la « pluie » renvoie tant aux conséquences des inondations qu’aux sécheresses et à leurs méfaits sur les prix.
89 Kravari V., « L’habitat rural en Macédoine occidentale (XIIIe-XIVe siècles) », dans Belke et al., Byzanz als Raum, op. cit.., p. 83-94 (ici, p. 92-93).
90 Durliat J., « La peste du VIe siècle. Pour un nouvel examen des sources byzantines », dans Hommes et richesses dans l’Empire byzantin, I, (IVe-VIIe siècle), Paris, 1989, p. 107-119 (ici p. 108-109).
91 Une inscription de la cité d’Azra’a atteste la construction d’une église au printemps 542, à l’époque d’un certain évêque Ούάρος qui mourut du πότμος βονβῶνος (sic) : cf. Koder J., « Ein inschriftlicher Beleg zur “justinianischen” Pest in Zora (Azra’a) », dans Stephanos. Festschrift Vladimir Vavrinek (= Byzantinoslavica, 66), 1995, p. 13-18 (ici, p. 16-17, avec une photographie p. 14) ; Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 106, p. 281 (pour la datation).
92 Durliat, « La peste du VIe siècle… », op. cit., p. 108 ; Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 117, p. 292-293 (daté janvier-février 543). Anna Avraméa signale une inscription, retrouvée à Corinthe, sous la forme d’une épigramme de cinq hexamètres pour un certain Pétros, fils de Sergios, prématurément mort de la peste, mais à une date incertaine : Avraméa A., Le Péloponnèse byzantin du IVe au VIIIe siècle. Changements et persistances, Paris, 1997, p. 132, n. 72 (avec les références) ; cf. Feissel D. et Philippidis-braat A., « Inventaires en vue d’un recueil des inscriptions historiques de Byzance. III. Inscriptions du Péloponnèse », Travaux et Mémoires, 9, 1985, p. 368, no 93*.
93 Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 118, p. 293-294.
94 En décembre 542, mais la référence de cette inscription funéraire provenant de Mazara et enregistrant la mort de trois jeunes garçons âgés de douze, dix et huit ans le 27 décembre de la sixième indiction laisse le champ libre à d’autres dates liées à cette indiction, soit 557 et 572 pour les plus plausibles : ibid., no 115, p. 290-291 (avec les références et analyses). Stathakopoulos plaide davantage pour la date de 542 ou celle de 572, car la présence de la peste est attestée par ailleurs en Italie à ces deux dates ; notons enfin que cette inscription commune à trois défunts laisse entendre qu’ils étaient certainement frères, comme dans le cas de Sbeïtla mis en évidence par Jean Durliat.
95 Durliat, « La peste du VIe siècle. », op. cit., p. 108 (Nessana) ; Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 103, p. 278-280 (avec les références bibliographiques et la discussion relative à la pertinence du lien entre ces inscriptions funéraires de Gaza, Ashkalon ou Nessana), cité du Néguev, et la peste elle-même. Voir également Dauphin, La Palestine byzantine…, op. cit., II, p. 512-513.
96 Cf. Guidoboni, no 217, p. 331-332, mais la référence à l’inscription se trouve dans Bousquet B., « Les séismes de l’Antiquité, entre nature et société », dans Jouanna J., Leclant J. et Zink M. (éd.), L’homme face aux calamités naturelles dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Cahiers de la villa Kérylos no 17, Paris, 2006, p. 33-59 (ici p. 51 et n. 67). Nous n’avons pu atteindre Balty J., « L’épigraphie de la Syrie du Nord et le séisme de 458 de notre ère », Les Annales archéologiques arabes syriennes, 40, 1990, p. 176-183. Notons que Guidoboni, no 183, enregistre bien un séisme à Antioche la nuit du 13 au 14 septembre 458 (bien connu, notamment, par une homélie de Severus d’Antioche et d’autres sources grecques et non-grecques) mais sans mention de source épigraphique ni de référence à cette étude de Balty.
97 Pour l’inscription, voir Mango C., Materials for the Study of the Mosaics of St. Sophia at Istanbul, Washington DC, 1962, p. 69-70 ; cf. Guidoboni-comastri, no 010, relié aux mentions de Jean Skylitzès, éd. Thurn, op. cit., p. 386, et de Zonaras, Έπιτoµἠ ίστριῶv, éd. Büttner-wobst T., III, Bonn, 1897, p. 580-581 (séisme du 13 août 1032).
98 Guidoboni-comastri, no 095, p. 217-218 (avec édition de l’ensemble de l’inscription, à compléter et corriger par les observations de Failler, op. cit., p. 386). Une déduction similaire doit être proposée à partir d’une inscription relative à la restauration du monastère de la Théotokos Artokosta au sud d’Argos, à l’époque de Jean VIII Paléologue, en lien avec les données d’une Chronique brève (Guidoboni-comastri, no 277). Il faut noter, plus largement, que nombre d’inscriptions connues d’époque byzantine ne permettent pas toujours de relier de manière certaine des destructions de bâtiments, murailles, portes, etc. avec des séismes : cf. Guidoboni et Ebel, Earthquakes…, op. cit., p. 66-67.
99 Sarris P., « Bubonic Plague in Byzantium. The Evidence of Non-Literary Sources », dans Little (éd.), Plague and the End of Antiquity…, op. cit., p. 119-132 (ici, p. 127-129). L’étude avait paru antérieurement sous le titre suivant : « The Justinianic Plague : Origins and Effects », Continuity and Change, 17, 2002, p. 169-183. L’auteur remet en cause les vues de Durliat en s’appuyant sur d’autres sources, notamment épigraphiques – nous y reviendrons.
100 Cf. Kennedy H. N., « Justinianic Plague in Syria and the Archeological Evidence », dans Little (éd.), Plague and the End of Antiquity…, op. cit., p. 87-95.
101 Le cas est net pour Antioche, Apamée ou Jérash, peut-être moins pour Scythopolis, dans le cas des cités. La peste Justinienne ne semble donc qu’une des causes du déclin observé dans cette espace syrien, sans toutefois qu’il faille opposer de manière tranchée archéologie et données des textes (cf. Kennedy, « Justinianic Plague… », op. cit., p. 95 et ses conclusions).
102 Arjava A., « The Mistery Cloud of 536 C. E. in the Mediterranean Sources », Dumbarton Oaks Papers, 59, 2005, p. 73-94 (ici, p. 84-86). Sur ce brouillard, voir les vues synthétiques de Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα ; op. cit., no 148 (avec présentation des sources écrites p. 223, n. 108), et celles de Stathakopoulos, Famine and Pestilence…, op. cit., no 92. Voir également l’ouvrage collectif qui lui a été consacré : Gunn J. D. (éd.), The Year without Summer. Tracing A. D. 536 and its Aftermath, BAR International Series no 872, Oxford, 2000.
103 Le séisme en question est situé au début du VIIe siècle par Guidoboni, no 231, p. 349-351 (avec des références aux travaux de Francesco D’Andria). Voir aussi la photographie des ruines d’Eleutherna dans Bourbou, Health and Disease…, op. cit., p. 14 (fig. 1.1).
104 Rheidt K., « The 1296 earthquake and its Consequences for Pergamenon and Chliara », dans Stiros S. C. et Jones R. E. (éd.), Archaeoseismology, Fitch Laboratory Occasional Paper, 7, Athènes, 1996, p. 93-103. L’auteur s’appuie en particulier sur les données numismatiques. Cette étude est citée par Guidoboni-comastri, no 151, p. 324-326, avec la présentation des textes utilisés : les Relations historiques de Georges Pachymérès et une notula.
105 Guidoboni et Ebel, Earthquakes…, op. cit., p. 217-219 et 418 sq., soulignent l’intérêt très ancien des archéologues pour les traces avérées ou supposées de tremblements de terre dans les zones fouillées, tout en soulignant les difficultés, pièges ou impasses chronologiques posés par ces relevés. Voir aussi les études rassemblées dans Mcguire W. J., Griffiths D. R., Hancock p. L. et Stewart I. S. (éd.), The Archaeology of Geological Catastrophes, Geological Society, Special Publication no 171, Londres, 2000, notamment l’article de synthèse de R. E. Jones et S. C. Stiros, « The advent of archaeoseismology in the Mediterranean », p. 25-32. Le cas de Sagalassos de Pisidie sera mentionné infra, « Exploitation des sources et pistes de recherche historiographique : le domaine byzantin ».
106 Cf. la présentation suggestive qu’en donne Johannes Koder, « Climatic Change in the Fifth and Sixth centuries ? », dans p. Allen et E. Jeffreys (éd.), The Sixth century : End or Beginning ?, Byzantina Australensia, no 10, Brisbane, 1996, p. 270-285 (ici, p. 272-274) ; à compléter désormais par les données de Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα, op. cit., p. 849 sq., dans lequel ce dernier inclut l’étude de l’évolution des glaciers, du niveau des lacs, etc., de même que dans « Medieval Warm Period… », op. cit., p. 226-228 et fig. 5 p. 240, et « Climatic Fluctuations… », op. cit., p. 184-188 (avec comparaison des données des textes et références à toute la littérature scientifique sur ces disciplines).
107 Cette chute relative de croissance est confirmée dans d’autres espaces géographiques et pour d’autres espèces, mais la zone méditerranéenne demeure encore mal étudiée, comme le constate Arjava, « The Mistery Cloud… », op. cit., p. 77-78 (avec les graphiques et les références). Il faut néanmoins souligner, avec Arjava, que le rythme de croissance des cernes des arbres est déjà en régression, globalement, dès le début du VIe siècle. L’analyse dendrochronologique donne des résultats similaires en Amérique centrale et du Nord : voir les études rassemblées sur ce point dans Gunn éd., The Year without Summer…, op. cit., passim. Le point de départ de ces travaux reste l’article de M. G. L. Baillie, « Dendrochronology Raises Questions about the Nature of the AD 536 Dust-Veil Event », The Holocene, 4, 1994, p. 212-217, où puise aussi Koder, « Climatic Change… », op. cit., p. 276-277 et fig. 7 p. 285.
108 Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα, op. cit., p. 850-864 (avec une analyse par phase chronologique, p. 854-864, et toutes les références des publications scientifiques) ; Id., « Climatic Fluctuations… », op. cit., passim (notamment les conclusions, p. 188-190). L’analyse du niveau des lacs permet d’appréhender les évolutions sur le moyen ou le long terme plus que de repérer des catastrophes limitées dans le temps : voir les travaux de B. Geyer et J. Lefort (avec R. Dalongeville), notamment « Les niveaux du lac de Nicée au Moyen Âge », dans Martin J.-M. (éd.), Castrum 7. Zones côtières littorales dans le monde méditerranéen au Moyen Âge : défense, peuplement, mise en valeur, Rome-Madrid, 2001, p. 77-93 ; plus récemment, des mêmes auteurs, « L’évolution de l’occupation du sol et du paysage », dans Geyer B. et Lefort J., La Bithynie au Moyen Âge, Paris, 2003, p. 534-545 (et le tableau final p. 544) ; également Geyer B., « Les formations alluviales et lacustres », ibid., p. 153-174. Pour d’autres espaces lacustres et mers fermées, voir Telelis, « Medieval Warm Period… », op. cit., p. 226-227.
109 Cf. Mccormick M., « Toward a Molecular History of the Justinianic Pandemic », dans Little (éd.), Plague and the End of Antiquity…, op. cit., p. 290-312 (notamment p. 306-307, pour les liens entre l’appréhension de la diffusion de l’épidémie et le rôle des communications et échanges commerciaux – entre autres aspects ; cf. Id., « Rats, Communications, and Plague : toward an Ecological History », Journal of Interdisciplinary History, 34, 2003, p. 1-25). Soulignons que des recherches récentes (2005) ont permis d’isoler l’ADN du bacille Yersinia pestis dans des restes de squelettes découverts dans le sud de la Bavière (à Aschheim), au sein d’un site daté de la seconde moitié du VIe siècle : voir Little, « Life and Afterlife… », op. cit., p. 19-20 (avec les références). Aucun texte connu n’atteste la présence de l’épidémie en cette zone et il faut supposer, avec l’auteur, que la dite peste s’est répandue en Bavière depuis Vérone et le col du Brenner.
110 McCormick M., « Molecular Middle Ages : Early Medieval Economic History in the Twenty-First Century », dans Davis J. R. et McCormick M., The Long Morning of Medieval Europe. New Directions in Early Medieval Studies, Aldershot, 2008, p. 82-97 (ici, p. 94-96, annonçant, n. 50, l’étude en cours de seize d’entre eux). L’analyse biomoléculaire est aussi indispensable pour appréhender d’autres calamités endémiques comme la malaria : ibid., p. 93.
111 McCormick et al., « Volcanoes and the Climate Forcing », op. cit., passim.
112 Haldon J., « “Cappadocia will be given over to Ruin and become a Desert”. Environmental Evidence for Historically-attested Events in the 7th-10th Centuries », dans Belke et al., Byzantina Mediterranea…, op. cit., p. 217-230, et l’ensemble de la litterature. L’auteur souligne que l’hypothèse d’un séisme a été suggérée, mais qu’elle reste peu convaincante : cf. Leroy S. A. G et al., « Are an Early Byzantine Seismic Event and the end of the Beyşehir Occupation Phase linked ? », dans Shaping the Earth : a Quarternary Perspective, XVI INQUA Congress, 23-30 juillet 2003 (résumé en ligne : [http ://gsa. confex. com/gsa/inqu/finalprogram/abstract_54439. htm]).
113 L’historiographie de l’Occident médiéval tend à intégrer ces images dans son corpus de données sur le sujet, double reflet de l’intérêt pour ces phénomènes naturels, mais aussi de celui porté par les historiens aux images et images-objets (Jérôme Baschet) : cf. Berlioz J., Catastrophes naturelles et calamités au Moyen Âge, Turnhout, 1998, p. 201, soulignant que cette ressource reste surtout utilisable à partir du XIVe siècle. Pour les mosaïques, nous n’avons pas lu Amiran D., « The Madaba Mosaic Map as a Climatic Indicator for the Sixth Century », Israel Exploration Journal, 47, 1997, p. 97-99.
114 Guidoboni-Comastri, no 309, p. 623-624 (et le commentaire de la figure 118). Une représentation de cette fresque est reprise par A. Ducellier, Byzance et le monde orthodoxe, Paris, 1986, p. 13 – en noir et blanc toutefois, et incomplète. Des éléments de comparaison peuvent être avancés avec d’autres images de représentations d’épisodes similaires, fussent-ils sur d’autres supports : voir ainsi la reproduction d’une enluminure figurant Constantinople engloutie aux derniers jours, tirée d’un manuscrit d’un siècle postérieur, dans Dagron G., Constantinople imaginaire. Études sur le recueil des « Patria », Paris, 1984, pl. VII.
115 La grêle aurait affecté Nazianze en 373. Il est tout à fait remarquable que l’enluminure n’occupe que la partie haute d’une page de manuscrit dont la partie basse représente Grégoire de Nazianze prononçant un sermon sur la dite grêle : BNF, ms. grec 510, f ° 78. Les deux manuscrits mentionnés ici et leurs enluminures respectives sont représentés ensemble dans l’ouvrage de M. Kaplan, Tout l’or de Byzance, Paris, 1994, p. 84. Le second est disponible sur le site Mandragore de la BNF. La date de 373 est celle donnée sur le site, mais aucun épisode de grêle n’est enregistré sous cette date par Telelis, Μετεωρολογικὰ ϕαινόμενα, op. cit. ; en revanche les deux épisodes de ce type de phénomène les plus proches apparaissent en juillet 367, à Constantinople (n° 41, p. 113-116) et entre 395 et 408, en Thrace (n° 59, p. 134-136).
116 Cf. Tomekovic S., « Maladie et guérison dans la peinture murale byzantine du XIIe siècle », dans Patlagean É. (éd.), Maladie et société à Byzance, Spolète, 1993, p. 103-129.
117 Voir, dans le cas des séismes, les quelques images reproduites par Guidoboni-Comastri, p. 369 (fresque de l’église Sant’Agostino à Rimini) et 409 (fresque du château de Karlstein, Bohême) pour la fin de la période ; cf. Guidoboni et Ebel, Earthquakes…, op. cit., p. 204-206. On trouvera ci-après une reproduction de la fresque de Rimini.
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