Un second recours. La médecine savante
p. 55-56
Texte intégral
1Un médecin est un docteur en médecine sous l’Ancien Régime. Len sens du terme est resté le même qu’aujourd’hui. Le docteur, ici en médecine, relève depuis fort longtemps, des « arts libéraux » et il est un homme de savoir (uniquement un homme jusqu’en 1875 en France) consacré par le diplôme universitaire le plus élevé. En revanche, le sens du terme chirurgien a changé. Aujourd’hui un chirurgien est un médecin qui s’est spécialisé en chirurgie. Sous l’Ancien Régime, tel n’est pas le cas. Il n’est pas diplômé de l’Université. Après avoir été garçon ou apprenti chirurgien, il est reçu après un examen devant une Communauté de maîtres en chirurgie. Le chirurgien de son côté, ou plutôt « le maître en chirurgie » appartient aux « arts mécaniques ». À ce titre, les chirurgiens se regroupent en « Communautés », comme les épiciers et les droguistes, dont ils sont séparés juridiquement, à leur vif plaisir, depuis plusieurs décennies ; et cela alors que les médecins forment des Collèges ou des Facultés de médecine pour les « docteurs-régents » (cas des villes universitaires).
2En principe, depuis l’édit de Marly (1707), les chirurgiens sont uniquement chargés des « maladies externes » (plaies, blessures, entre autres exemples) et leur activité thérapeutique se limite à des saignées, à des lavements, à des incisions, à la dentisterie, à la pose de sangsues, notamment. Seuls les maîtres en chirurgie dit « de grande expérience », dont certains possèdent la « Maîtrise ès arts » au XVIIIe siècle, ont le doit de pratiquer les « grandes opérations ». Quant aux Maîtres en chirurgie dit « de légère ou petite expérience », leur bagage restreint tout comme la facilité de leur examen devant la Communauté restreignent – théoriquement – leur activité aux « petites opérations », et à la prescription et l’usage des 3 remèdes les plus habituels à l’époque : la purge, la saignée et les vomitifs. Reste à savoir si la pratique correspond à la théorie… Quant aux sagesfemmes diplômées, reçues devant une Communauté de chirurgien, elles n’ont pas de corporation qui leur soit propre.
3En ce qui concerne les professions médicales, le subdélégué de Saint-Malo n’a pas répondu, de même qu’une vingtaine de ses 63 collègues de Bretagne à l’enquête (sur le corps médical), ordonnées en 1786 par le Contrôle général et relayée par les intendants des provinces et leurs subdélégués, et cela à l’instigation de la jeune et dynamique Société royale de médecine fondée en 1776. La réponse à l’enquête n’a point été conservée dans les archives de l’intendance de Bretagne pour la subdélégation de Saint-Malo. De ce fait, les effectifs médicaux des médecins, des chirurgiens et des sages-femmes alors en exercice dans la subdélégation malouine échappent à l’historien ; tout comme les appréciations du subdélégué sur les compétences et les qualités du corps médical de la subdélégation ; et cela à la différence d’autres intendances ou d’autres provinces, tel l’Anjou voisin.
4À partir d’archives riches et dispersées s’impose dès lors un travail de reconstitution des effectifs et des catégories médicales pour Saint-Malo et le pays malouin. Soit une recherche minutieuse que rendent possibles les archives communales, hospitalières, maritimes et militaires de Saint-Malo, les archives d’Ille-et-Vilaine et celles de la Société royale de médecine (Paris), dont quelques médecins malouins furent les correspondants. À cela s’ajoutent les fonds de la Marine, de la guerre et des hôpitaux, conservés aux archives Nationales et au département des manuscrits de la Très Grande Bibliothèque (Paris). Dans la même perspective on a dû colliger les articles traitant de Saint-Malo, les uns anciens comme les articles de J. Letaconnoux, de A. Dupuy, d’Henri Sée, les autres récents de Jean Meyer en particulier. De même, ont été utilisés avec profit des ouvrages anciens, tel que celui du Docteur Levot La médecine et les médecins de Saint-Malo (1906) et d’autres plus récents, tels que L’histoire de Saint-Malo dirigée par André Lespagnol et celle de la Bretagne placée sous la direction de Jean Delumeau. Le dépouillement des mémoires de D.E.S. et de Maîtrise dirigés par J. Delumeau et F. Lebrun sur Saint-Malo, Saint-Servan et le pays malouin ont été d’un précieux secours. Il en va de même des ouvrages si importants d’Alain Croix pour les XVIe et XVIIe siècles, d’André Lespagnol pour les Messieurs de Saint-Malo au XVIIe siècle et pour les villes en Bretagne au XVIIIe siècle de Claude Nières. Sans oublier les thèses de médecine dirigées à Nantes par le professeur J.-P. Kernéis sur les « chirurgiens navigants » ni, bien sûr, le livre d’Alain Roman sur la traite des Noirs à Saint-Malo. Relire les grosses thèses d’État d’Henri Fréville et de Jean Meyer et y picorer à loisir fut tout aussi indispensable. Sans eux, sans elles, sans nombre d’autres ouvrages (cf. bibliographie), le chapitre qui suit n’aurait pu être écrit.
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