Introduction. Données préliminaires : les mutations d’une grande place économique
p. 21-33
Texte intégral
1Il y a quarante ans, en 1971, Richard Gascon publiait un magistral ouvrage sur Lyon et ses marchands au XVIe siècle, une œuvre devenue depuis un monument incontournable de l’historiographie lyonnaise, autant qu’un pilier de l’histoire économique du « beau XVIe siècle ». Dans ce livre de référence qui visait à « éclairer quelques points de l’économie du grand commerce de l’Europe à partir d’une meilleure intelligence de l’économie de Lyon et de ses foires1 », Gascon nous dressait le portrait passionnant d’une ville qui, en quelques décennies, à la charnière des XVe et XVIe siècles, connut une mutation formidable. Cité aux horizons encore étroits au temps de Louis xi, peuplée de quelques 20 000 âmes – dont une poignée d’artisans et de petits marchands – Lyon devint en effet sous le règne de François Ier « une des capitales commerciales et bancaires et une grande ville parmi les plus peuplées de l’Occident2 », digne en tous points d’être comparée à Florence, Anvers, Londres ou Séville. Dans un contexte économique redevenu favorable au lendemain de la longue guerre de Cent Ans, Lyon, forte de son positionnement à l’interface de deux économies-monde, la méditerranéenne et la nordique, sut valoriser ce formidable atout qu’étaient les quatre foires annuelles concédées initialement par Louis xi en 1464, puis rétablies par Charles viii en 1494, pour devenir une plaque tournante en Europe du commerce de l’argent, des soieries et des épices. En quelques décennies donc, les conditions de la vie urbaine changèrent complètement, la population tripla et se diversifia avec l’installation de colonies de marchands étrangers, italiens surtout, mais aussi flamands et allemands, cette cosmopolitisation de la société marchande étant parallèle à la modélisation d’un nouvel espace commercial élargi à l’Europe toute entière.
2Mais entre la fin du XVe et le milieu du XVIIe siècle, le centre de l’économie-monde, animé par un étrange mouvement pendulaire, se déplace du nord de l’Italie vers les rivages de la mer du Nord, de la sérénissime Venise à Anvers, d’Anvers à Gênes, et de Gênes à Amsterdam. Ces mutations ne sont pas sans effets sur les activités lyonnaises. Elles affectent la nature des échanges, restructurent les réseaux du commerce et de la banque, modifient les aires d’approvisionnement et de marché mais, à en croire Richard Gascon, ne déclassent en rien Lyon qui, profitant de sa position géographique, continue à s’imposer comme un des acteurs essentiels du commerce entre le monde méditerranéen et le domaine nord-occidental, de la Suisse aux Pays-Bas et à l’Angleterre. Située sur la marge occidentale du faisceau de villes de foires qui relie alors l’Italie du nord aux Pays-Bas3, elle fait toujours partie du centre économique de l’Europe. Ville de foires et place bancaire active, remarquablement située à l’interface de cette aire centrale et de sa grande périphérie occidentale, la cité du Rhône, qui fait alors figure de capitale économique du royaume, apparaît pour les villes italiennes comme un relais incontournable. Elle leur permet en effet d’approvisionner le marché français en épices et en soieries. D’ailleurs, la présence de marchands transalpins sur les bords de la Saône témoigne de la subordination de Lyon aux pôles italiens, en particulier Florence, Milan, Lucques et Gênes. Point de passage obligé de presque toutes les marchandises issues du monde méditerranéen et destinées aux marchés du nord, Lyon est devenue « le fondement du commerce italien et en grande partie du commerce espagnol et flamand4 ». Tout au long du siècle, soieries, toiles et draps, mais aussi les productions de la métallurgie allemande, continuent à alimenter les foires de Lyon, où ils côtoient les épices et les soieries venues d’Espagne, d’Italie et du Levant. Mais de nouvelles marchandises font leur apparition, comme ces épices portugaises repérées pour la première fois en 1508, lors de la foire de Pâques5. Par ce biais, Lyon, ville de l’intérieur, touche désormais au commerce atlantique, sans pour autant que ces nouveaux courants d’échanges venus de l’océan ne bousculent les courants préexistants. Bien que ces épices semblent disparaître après 1540, la ville subit aussi, et de manière plus durable, le contrecoup positif du commerce de l’argent d’Amérique et de l’essor du trafic des Flottes des Indes, tous deux largement contrôlés depuis Séville par les banquiers génois. Or ces derniers, relayés à Madrid et aux foires de Medina-del-Campo par d’autres marchands italiens, comme les Bonvisi par exemple6, ont des correspondants à Lyon, même s’ils ne sont pas aussi nombreux ni aussi puissants que les Florentins ou les Lucquois. La ville devient donc une plaque tournante dans le circuit compliqué des lettres de change qui s’établit entre l’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas, et parvient ainsi à maintenir sa position pendant toute la durée du « siècle des Génois », entre 1560 et 1620. Mais, avec le XVIIe siècle, le règne de la marchandise succède au règne de la finance. Anvers et Gênes sont déclassées au profit d’Amsterdam. Les Italiens quittent Lyon et la ville trouve son salut en se reconvertissant dans la fabrication des étoffes d’or, d’argent et de soie. L’ère de la Grande Fabrique s’annonce et, avec elle, une nouvelle prospérité qui va s’épanouir tout au long du XVIIIe siècle.
3Alors que le Grand Siècle tire à sa fin, Lyon s’affirme déjà comme une grande ville industrielle et s’octroie une réelle autonomie économique. Conservant les avantages de sa situation géographique, elle continue de participer, à l’échelle de l’Europe, à la redistribution des marchandises entre le nord et le sud et semble avoir maintenu ses positions commerciales, même si ses foires n’ont plus le lustre d’antan. Le commerce lyonnais semble toutefois privilégier davantage le marché national et se tourner à nouveau vers la Méditerranée, l’Espagne et l’Italie, mais dégage en 1698 un excédent conséquent de 8 millions de livres7. Lyon n’a donc pas bénéficié du tournant qu’a représenté l’émergence de la nouvelle économie atlantique au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle. Toutefois, à la faveur de la guerre de Succession d’Espagne, elle est bientôt amenée à jouer un rôle de premier ordre dans le trafic des piastres captées par la course française et les commerces d’Espagne et de la Mer du Sud, notamment grâce aux relations que certains de ses marchands entretiennent avec Saint-Malo et Marseille, ce dont témoignent, par exemple, les livres de compte du banquier Melchior Philibert, correspondant des Magon et de Raymond Bruny8. Ainsi, alors que l’organisation du système européen s’est complexifiée et que les échanges se sont intensifiés, Lyon n’est plus au centre de la nouvelle économie-monde née autour d’Amsterdam, mais fait bien partie des « brillants seconds9 » comme en témoignent la présence de colonies marchandes étrangères établies dans ses murs et l’abondance des marchandises débarquées sur les quais de la Saône, qui s’entassent dans ses magasins avant d’être redistribuées vers les marchés de l’intérieur et de l’Europe du nord-ouest ou de gagner l’Espagne.
4Quand s’ouvre le XVIIIe siècle, Lyon, alors deuxième ville du royaume par le nombre de ses habitants, semble bien à l’étroit derrière des murailles dont la construction s’est achevée une cinquantaine d’années auparavant. Le site urbain occupe un espace plutôt restreint – 364 hectares – à la confluence de la Saône et du Rhône, entre les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse. Les gravures d’époque nous montrent une ville où l’essentiel de la population se répartit entre la rive droite de la Saône, au pied de Fourvière, et le cœur de la presqu’île, où les densités semblent très élevées, en particulier dans la paroisse de Saint-Nizier. Par contre, les pentes de la Croix-Rousse, occupées par des établissements religieux, sont nettement moins bâties, tout comme les hauteurs de Fourvière et l’extrémité sud de la presqu’île, à la confluence, là où, dans un environnement plus aéré et plus verdoyant, s’élève l’église de l’abbaye d’Ainay, de l’autre côté de cet ancien pré dont Henri iv fit autrefois une place d’armes et que son petit-fils Louis xiv offrit au Consulat qui, en retour, fit une place de cette « belle cour ». C’est donc dans cet espace confiné, cerné de murailles décrépies qui ne sont plus guère entretenues depuis le milieu du XVIIe siècle, que vit l’essentiel des quelques 90 000 habitants recensés en 1697 par l’intendant du Lyonnais, Lambert d’Herbigny, le reste se répartissant entre les trois faubourgs de Vaise et de la Croix-Rousse au nord et de la Guillotière à l’est, sur la rive gauche du Rhône, trois « gros villages » dont les habitants vivent de l’élevage, de la viticulture et du maraîchage. Au cours du XVIIIe siècle, la ville se transforme et s’embellit, ce dont témoigne par exemple l’aménagement des abords de la place Bellecour, autour de laquelle s’élèvent de somptueux hôtels particuliers et de beaux immeubles de rapport, tout comme dans le quartier des Terreaux, et bientôt un nouveau panorama, dominé par l’hôtel-Dieu et son dôme, se dresse devant les yeux de tout voyageur qui arrive à Lyon par l’est. Sa population passe de 100 000 à 150 000 âmes10, ce qui en fait la deuxième ville du royaume et la place, à l’échelle de l’Europe, au même rang que Florence, Gênes, Amsterdam, Anvers ou Genève. L’essentiel de cette expansion intervient dans la deuxième moitié du siècle, mais s’explique davantage par un solde migratoire positif que par le seul accroissement naturel. Selon Maurice Garden, 2 000 nouveaux arrivants s’installent chaque année dans la ville11. Comme toutes les grandes métropoles, Lyon attire des migrants venus de tout le royaume, même si les plus nombreux sont bien entendu originaires des régions voisines, le Dauphiné, le Forez et l’Auvergne, la Bresse et la Bourgogne, mais aussi de Provence et du Languedoc, sans oublier de la région parisienne. D’autres encore arrivent de l’étranger, notamment de Savoie, de Franche-Comté et du Comtat Venaissin, et viennent renforcer de leurs talents et de leurs bras le savoir-faire et les capacités de production des métiers de la soie. Lyon a donc tout, au XVIIIe siècle, d’une ville cosmopolite, caractéristique qu’elle partage avec les grands ports de la façade océanique et avec toutes les principales métropoles économiques du continent.
5L’histoire que partagent Lyon et les soieries remonte au XVe siècle quand, en 1466, considérant « la grant vuidange d’or et d’argent que chaque an se fait de [son] royaume, au moyen et occasion des draps d’or et de soye qui sont débités et exploités en diverses manières », Louis XI décida de créer une manufacture de soie à Lyon, encourageant pour ce faire la venue d’une quinzaine de maîtres et d’ouvriers italiens auxquels il accorda toute une batterie d’exemptions fiscales pour une durée de douze ans. Mais les Lyonnais, qui pouvaient jusqu’alors importer sans droits de douane toutes les soieries italiennes et espagnoles qui faisaient la réputation de leurs foires, refusèrent l’imposition royale de 2 000 l.t. qui devait permettre de financer le projet, soucieux sans doute de ménager les marchands et les banquiers italiens déjà installés en grand nombre dans leurs murs et dont certains étaient en train de consolider leur implantation, à l’instar des puissants Médicis qui venaient de transférer sur les bords du Rhône leur succursale de Genève. Cette attitude profita à Tours où le roi fit transférer sa manufacture. Il fallut attendre plusieurs décennies avant qu’une ordonnance de François Ier n’accorde en 1536 à deux Piémontais natifs de Cheresco, le marchand de mercerie et de draperie Étienne Trinquet et son associé Barthélemy Nariz, les privilèges nécessaires à l’établissement d’une nouvelle manufacture de velours et de taffetas. Le coup d’envoi est donné à une nouvelle activité qui se développe rapidement, renforcée en 1540 par l’obtention du monopole de l’importation des soies grèges – brutes – de toutes provenances. En 1553 la ville comptait déjà 12 000 personnes vivant du tissage de la soie12. Un siècle plus tard, en 1683, à la fin du ministère de Colbert, elles ne sont plus que 10 000 pour 2 000 métiers à tisser mais, d’après un rapport du Consulat, à la veille de la Révolution le nombre de métiers est pratiquement passé à 15 000 et ce sont alors 58 500 Lyonnais qui vivent directement de cette activité13.
6Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la Grande Fabrique lyonnaise regroupe quelques 80 professions différentes qui interviennent dans la production d’étoffes de grande qualité dont la réputation est désormais devenue mondiale. Selon Maurice Garden, l’activité de la Fabrique triple entre 1660 et 169014. En un siècle la production s’est diversifiée. Aux taffetas et aux velours des origines se sont ajoutés les satins, les draps d’or et d’argent et, après la mise au point, en 1605, du métier à la grande tire de Dangon, de somptueuses étoffes façonnées à motifs, d’une qualité équivalente à celle des plus belles soieries italiennes. Mais, dans la dernière décennie du siècle, la soierie lyonnaise est touchée par une grave crise qui trouve ses origines à la fois dans la révocation de l’édit de Nantes et le départ d’une partie de ses ouvriers qualifiés de confession réformée, dans les guerres qui la privent d’une partie de ses débouchés les plus fructueux à l’étranger et empêche l’arrivée de soies du Piémont, et dans la fiscalité royale qui, en ces temps troublés, augmente le poids des charges pesant sur les corps de métiers de la soie. Fort heureusement, le marasme n’a qu’un temps, avant que le XVIIIe siècle ne s’affirme comme celui de la soie. Faisant fi des aléas de la conjoncture, l’activité de la Grande Fabrique repart de plus belle pour doubler entre 1720 et 176015. Puis la production continue de progresser jusqu’aux crises de 1786. Le Consulat et la Chambre de Commerce ont uni leurs forces pour soutenir cette activité essentielle à l’économie de la ville. Le premier a, de tous temps, subventionné et encouragé les innovations à tous les stades de la production et accompagné l’implantation de nouvelles manufactures. La seconde a, dès sa création en 1702, défendu bec et ongles l’industrie de la soie, notamment en combattant les importations de toiles peintes des Indes, campant sur des positions ouvertement protectionnistes. Aussi peut-on affirmer sans risques, en croisant les propos de Françoise Bayard avec ceux de Maurice Garden, que si, au XVIIIe siècle, l’industrie de la soie est bien « un élément moteur de l’économie lyonnaise », la soierie lyonnaise s’impose sans conteste comme « un élément essentiel de l’économie française16 ». À la fin de l’Ancien Régime, on estime à plus de 5 000 le nombre de maîtres et à plus de 50 000 celui des personnes qui travaillent dans leurs ateliers, sur 14 000 ou 15 000 métiers. Le fonctionnement de la Fabrique s’appuie alors pleinement sur ces maîtres façonniers et leurs compagnons qui fabriquent les pièces de tissus, vêtements, rubans et autres passements pour le compte des marchands fabricants, véritables ordonnateurs et principaux bénéficiaires du système qui, en amont, leur fournissent la soie avant de se charger de l’écoulement de la production à travers le royaume et, au-delà des frontières, dans toute l’Europe.
7Au cours du XVIIIe siècle, le nombre de marchands aurait presque doublé à Lyon, passant de 150 en 1728-1729 à 287 en 1786-1788, l’augmentation étant vraisemblablement postérieure à 1750, puisqu’en 1749-1751 ils auraient été aussi nombreux que vingt ans plus tôt17. Comparer ces estimations avec les chiffres avancés pour les principales places portuaires du royaume à la fin de l’Ancien Régime n’a d’autre intérêt que de mesurer la force du négoce lyonnais à l’aune des négoces portuaires. C’est ainsi que, pour Marseille, Charles Carrière avance « prudemment » les chiffres de 250 à 275 négociants au début du XVIIIe siècle et environ 750 à la veille de la Révolution, soit un triplement des effectifs, cette croissance étant d’ailleurs proportionnelle à celle du volume des affaires traitées dans le port18. à Bordeaux, selon Paul Butel, il y aurait 452 négociants en 1777, soit trois fois plus qu’en 173019. Philippe Gardey, qui s’est appuyé sur les Almanachs de commerce, d’arts et métiers pour la ville de Bordeaux, a compté 583 maisons de négoce pour l’année 1779 et a en recensé 793 à la veille de la Révolution, en 1787, le maximum ayant été atteint en 1785, avec 897 maisons dénombrées20. À Nantes, Jean Meyer estime les négociants à 230 en 1725, puis leur nombre double pratiquement au cours du siècle pour atteindre 400 en 178921. Ailleurs, les chiffres sont plus modestes, dans la mesure où il s’agit de places de moindre envergure ou de ports dont la croissance est plus récente, comme Le Havre qui compterait une centaine de négociants dans les années 1780. Au même moment ils seraient 268 à Dunkerque, autour de 150 à Bayonne et Saint-Malo, moins de 80 à Lorient et La Rochelle22. Enfin, au delà des frontières du royaume, à Cadix, autre partenaire portuaire du négoce lyonnais, le nombre de ceux qui déclarent pratiquer le commerce à grande échelle passe, toutes catégories confondues, de 138 en 1713 à 529 en 1753, avant d’être estimé entre 907 et 1 041 par le recensement de 1773, puis à 1227 en 178623. On le voit donc bien, sans être aussi importante que dans les plus grands ports qui s’ouvrent alors sur l’Atlantique, l’augmentation des effectifs du négoce lyonnais est loin d’être négligeable et, en étant pratiquement comparable à celle qui s’observe à Nantes par exemple, elle atteste bien qu’une réelle dynamique commerciale anime alors les quais du Rhône et de la Saône.
8Mais la situation des négociants de Lyon est-elle comparable à celle de leurs confrères des ports ? Sur un plan purement sémantique, le terme de négociant se serait imposé plus tardivement sur les bords du Rhône que sur les grandes places portuaires. Définie par Savary en 1675, la figure du négociant se distingue du marchand. Comme le merchant anglais, le négociant pratique le commerce de gros et le cercle de ses affaires est international. À l’occasion, il sait aussi se faire banquier, assureur et armateur. Ce n’est donc pas un hasard si, à Saint-Malo, le terme s’est imposé dès le tout début du XVIIIe siècle. André Lespagnol rappelle qu’il fait son apparition dans la « cité corsaire » dès les années 1680, avant d’être utilisé de manière systématique pour désigner les plus riches marchands, comme dans le rôle de capitation de 1701 où il relève « un total de 148 contribuables désignés expressément comme négociants (ou négociantes dans 15 cas)24 ». En rapprochant ce rôle avec le registre « pour servir à l’enregistrement des actes de société et déclarations de consors de navires » des années 1681 à 1686, il constate par ailleurs que le terme de négociant se serait donc substitué à celui de « bourgeois et marchand25 », dénomination que, pour notre part, nous rapprocherons raisonnablement du « marchand bourgeois » de Lyon. Cette dernière appellation était aussi la plus couramment utilisée à Marseille, loin devant celles de marchand banquier ou de marchand négociant. Mais bientôt, dès les années 1706-1707, le terme de négociant commence à la remplacer tant dans les registres paroissiaux que dans les actes notariaux. Même si en 1765 encore, le négociant marseillais peut être un banquier qui ne se mêle que d’argent, à partir de 1710 les rôles de l’impôt du dixième ont adopté le terme pour désigner les marchands les plus importants, ceux qui vendent en gros et arment les navires, et font désormais bien la distinction entre les négociants et les marchands. Plus riche et plus puissant, le négociant est, selon la formule de Charles Carrière, « l’homme du XVIIIe siècle » à Marseille26. Il traite un volume d’affaires plus important dans un espace beaucoup plus étendu et ses activités, polyvalentes, ne se limitent pas à la marchandise puisqu’il peut également intervenir dans l’armement maritime, l’assurance, la banque et parfois l’industrie. Il en est alors de même à Bordeaux où le terme négociant, qui désigne autant les commissionnaires que les armateurs, les assureurs ou les banquiers, regroupe, selon les almanachs de la fin du XVIIIe siècle, « tous ceux qui traitent et font commerce de marchandise et d’argent », tandis que le marchand, en gros ou en détail, est définit en fonction de sa spécialisation, marchand drapier, marchand toilier ou marchand de graisseries par exemple27. Si le terme de négociant apparait bien dans la plupart de nos ports avant 1710, il se banalise dès avant 1750 et ce sont souvent tous les marchands, y compris les plus modestes, qui se l’attribuent. Davantage que le niveau de fortune, et l’envergure des affaires traitées, c’est le type d’activités qui définit le négociant dans une place portuaire. « Il est commissionnaire, consignataire, fondé de pouvoir, hôte, affréteur, munitionnaire. C’est d’abord un brasseur d’affaires autour d’un axe central maritime », écrit à son propos, en guise de synthèse, Gérard Le Bouëdec28.
9La dimension maritime en moins, nous pouvons, pour présenter le négociant lyonnais, conserver les mêmes qualificatifs que ceux qui sont usités alors pour leurs confrères des grandes places portuaires. En effet, dans la seconde partie du XVIIIe siècle, le nom de marchands n’est plus revendiqué à Lyon que par ceux qui se spécialisent dans le négoce des épices, des toiles, des draps et de la mercerie, ainsi que par les marchands fabricants qui dominent la Grande Fabrique de soieries, et dans l’orbite de qui travaillent des centaines de maîtres, parfois assistés d’un compagnon et d’un apprenti. Tout au long du XVIIIe, la part de ces différentes catégories de marchands recule puisque, s’ils représentaient encore 87 % des gens « de marchandise » et plus des deux tiers des fortunes marchandes vers 1730, à la veille de la Révolution ils ne sont plus que 60 % et ne représentent plus qu’un quart des fortunes marchandes. Progressivement, par les profits réalisés, le négoce s’impose donc sur la marchandise, la diversification des affaires permettant de ne plus dépendre d’un seul marché et d’optimiser ainsi les possibilités de réaliser des bénéfices, voire de réaliser quelques « bons coups ». Toutefois, les maisons de négoce lyonnaises qui font de la commission et de la consignation leurs principales activités restent des sociétés de dimension modeste. Ceux qui les animent sont avant tout des « négociants moyens dont les apports au mariage sont inclus entre 20 000 et 50 000 l. t.29 ».
10Une autre différence est à souligner entre le négoce lyonnais et les négoces portuaires. Il semble moins figé. Si, à différentes époques, quelques figures marchandes paraissent se détacher, aucune dynastie marchande ne s’impose durablement à l’image des Magon de Saint-Malo, des Bruny et des Roux de Marseille ou des Gradis de Bordeaux. Pas de millionnaires non plus, à l’image des Bouteiller, Drouin, Grou à Nantes, ou des Paul Nairac, Jean Pellet, François Bonnaffé et Antoine Journu30 à Bordeaux, du moins pas avant les Suisses protestants de la fin du XVIIIe siècle. En effet, à Lyon, les noms ne se pérennisent pas, les descendants de ceux qui font fortune dans le commerce préférant intégrer la robe ou la noblesse.
11Au dessus d’une « masse considérable de commerçants besogneux [qui] végètent aux limites de la misère et abandonnent des actifs qui ne dépassent pas 1 000 l. t. », et qui constituent selon Pierre Léon la « piétaille du négoce31 », le monde des affaires s’ouvre à partir d’un seuil d’actif de 100 000 l. t. et, à Lyon, les fortunes peuvent atteindre les 200 000 l. t. Mais on est loin des fabuleuses fortunes amassées par les négociants millionnaires des ports.
12Au début de notre période, le commerce lyonnais s’étend sur tout le royaume et, au-delà, la cité du Rhône entretient des relations commerciales avec les principales nations européennes, mais aussi, de manière indirecte cette fois, avec le Levant et les espaces coloniaux français et espagnol, principalement en Amérique. Le Dictionnaire Universel du Commerce décrit d’ailleurs Lyon comme « une des villes de France les plus célèbres par la richesse et l’étendue de son négoce », lequel « consiste en la fabrique des draps d’or et d’argent, et de toute sorte d’étoffes de soie, comme velours, damas, satins, moires, taffetas, etc. [une ville], où, année commune, il n’entre guère moins que pour onze millions de matières d’or, d’argent et de soie ». Mais la ville pratique aussi « le commerce de l’or trait et filé », celui des futaines et des basins, des toiles du Beaujolais, des rubans, y compris de Saint-Étienne et de Saint-Chamond, « de toute sorte de quincaillerie », de fromages, de mercerie, ainsi que de librairie et de papeterie32.
États | Valeur des exportations | Valeur des Importations | Ce que Lyon envoie | Ce que Lyon tire |
Espagne |
| 2,5 M. Lt. en marchandises | Dorures, draperies, toiles, futaines, safran, papier. | Laines, soies, drogues pour la teinture, piastres et lingots d’or et d’argent. |
Italie | 6,7 M. l.t. | 10 Mit. |
| Soies. |
Suisse | moins de 1 M.l.t. | 2,5 M.l.t. | Draperies, chapeaux, safran, vins, huiles savon, mercerie. | Soies et fleurettes, toiles, fromages, chevaux. |
Allemagne | plus de 1,5 M.l.t. | 400 000 Lt. | Comme vers la Suisse + étoffes de soie et argent, et « beaucoup de dorures ». | Etain, cuivre, fer blanc, mercerie. |
Hollande | moins de 500 000 l.t. | 1 M.l.t. | Taffetas noirs, étoffes de soie, d’or et d’argent. | Draps, toiles. |
Angleterre | 3 M.l.t | 700000 a 800000 Lt. | Taffetas lustrés, « la plupart noirs », étoffes de soie, brocards d’or et d’argent | Draps, serges, étain, plomb, bas, mercerie, poivre, drogues pour la teinture, « quelquefois des soies ». |
Tableau 1. – Le commerce de Lyon en Europe au début du XVIIIe siècle, vu par Jacques Savary. (Savary des Bruslons J., op. cit., p. 30-31).
« Cette ville se trouvant par sa situation presque au milieu de la France, et dans la route la plus aisée, elle sert pour ainsi dire, à réunir le négoce des diverses provinces, qui viennent y aboutir ; et qu’ainsi non seulement elle envoie de part et d’autre les marchandises qui sont comme de son cru et qui se fabriquent dans ses manufactures ; mais encore qu’elle enrichit son commerce de toutes celles qu’elle rassemble et qu’elle tire de quantité d’autres lieux. »
13Dans une étude sur les aires du commerce lyonnais portant sur la période 1763-1771, « période faste pour le commerce français et lyonnais qui connaît alors une remarquable expansion », Maurice Garden montre, à partir de l’analyse de 67 bilans de faillites de marchands dont l’actif est supérieur à 50 000 l. t., comment les marchands lyonnais privilégient le marché intérieur tandis que les négociants et les marchands fabricants réalisent entre 20 et 25 % de leurs affaires à l’étranger, en particulier sur les marchés ibériques, au Portugal et en Espagne où Cadix s’impose comme premier partenaire étranger du commerce lyonnais33. À travers ces échanges avec l’Espagne, l’espace atlantique cesse alors d’être marginal dans la géographie du commerce lyonnais. Aussi convient-il de s’interroger sur les retombées que le développement des économies atlantiques et des colonies d’outre-mer, mais aussi l’essor du grand commerce maritime qui l’accompagne, vont avoir sur l’économie lyonnaise.
14Grâce aux travaux prestigieux qui ont porté sur les villes de l’Atlantique, leurs activités et leurs acteurs économiques, les ports français et leurs élites négociantes n’ont plus guère de secret pour les historiens d’aujourd’hui. Mais à notre connaissance personne n’a encore tenté de saisir, depuis une ville de l’intérieur, qui plus est une place économique de premier rang, les conséquences que l’essor de l’économie atlantique a pu avoir sur les activités marchandes et/ou manufacturières, sur les stratégies que les négociants développèrent pour tirer partie eux aussi d’un mouvement de croissance dont profitaient alors à plein les grandes places portuaires. Par sa position géographique, par son passé et par la nature de ses activités, Lyon se prête bien à une telle entreprise. Il s’agit à la fois de mettre en évidence les relations qui s’établissent au XVIIIe siècle entre notre ville et les espaces coloniaux ultramarins, de comprendre comment elle s’est intégrée dans le jeu du grand commerce transocéanique, et de quelle manière elle a pris part à la mise en place d’une nouvelle économie-monde européenne. Cependant la nature et le contenu de nos sources nous ont amené à limiter le champ de notre étude aux seules colonies tropicales de l’aire antillaise et des Mascareignes et à laisser de côté, à l’exception de la Louisiane, le vaste espace nord-américain et en particulier la Nouvelle-France. Certes, il y eut des échanges entre Lyon et ces terres froides, ne serait-ce que pour approvisionner en peaux de castor et autres pelleteries les chapeliers de la ville, tandis qu’une soixantaine de Lyonnais seulement s’installaient dans la vallée du Saint-Laurent entre 1608 et 1759, ne constituant qu’un peuplement marginal34. Mais nous avons dû nous incliner devant les sources : pas de correspondance, aucune trace de créanciers de Québec ou de Montréal dans les actes de procuration, les protests de lettres de change, les bilans de faillite ou les comptabilités des négociants lyonnais. Non sans regrets, nous avons dû restreindre notre champ d’investigations à l’Atlantique des plantations. Mais l’émergence de sociétés similaires dans l’océan indien et, surtout, l’envol du commerce libre et les bouleversements qui touchent alors les îles de France et de Bourbon, notamment pendant l’intendance du Lyonnais Pierre Poivre, nous ont amenés à élargir notre aire océanique à l’océan indien et aux Mascareignes. En outre, la nature des principales productions de la fabrique lyonnaise, étoffes de soie et rubans, étant à l’origine d’un important commerce avec l’Espagne, nous avons également suivi leur trace jusqu’à Cadix, pour nous approprier cet Atlantique espagnol organisé autour de la Carrera de Indias, pont jeté entre la veille métropole castillane et ses colonies du Nouveau Monde, Nouvelle Espagne, Nouvelle Grenade et Pérou où, en ce XVIIIe siècle, les articles de Lyon trouvent davantage qu’aux Antilles un débouché important, au point d’en faire très certainement leur premier marché ultramarin, un marché approvisionné par deux canaux, celui, légal, de la Carrera et l’autre, illégal, de l’interlope antillais à partir des colonies françaises de la mer des Caraïbes.
15Devenu depuis quelques années l’enjeu de passionnants débats historiographiques, le monde atlantique se trouve donc au cœur de notre sujet. Au moment où la nouvelle histoire atlantique propose de « renverser les perspectives », notre démarche a pour objet, à partir de l’exemple de Lyon, de mesurer quelle influence l’essor de l’économie océanique a pu avoir sur les villes de l’intérieur et en particulier sur celles qui, aux siècles précédents, avaient pu contribuer à la première mise en valeur de ces espaces maritimes. Il s’agit en effet de montrer comment une ville qui, avant 1650, impulsait et contrôlait en partie le grand commerce atlantique, a réagi quand, au cours d’un mouvement de bascule encore mal connu, s’est opéré le glissement des pôles de commandement et d’initiative vers le littoral et les grands ports du Ponant. De manière corollaire, on peut également s’interroger sur les répercussions que le développement du monde atlantique a eues en retour sur ses activités, sa population et ses modes de consommation. Mais la vision que nous aurons de l’Atlantique dans les pages qui suivent reste celle d’un espace de liaison entre deux aires économiques interdépendantes qui entretiennent entre elles des rapports déséquilibrés avec, d’un côté, des métropoles – France et Espagne – pourvoyeuses de produits manufacturés indispensables aux sociétés ultramarines et exerçant une main mise incontestable sur les échanges et, de l’autre, des colonies qui fournissent aux économies métropolitaines les « denrées » et les « matières » réclamées par leurs industries et leurs populations, sucre, café, indigo, coton, argent, etc. De la même manière nous suivrons ceux qui, depuis Lyon, choisissent l’aventure coloniale et, à Nantes, Bordeaux ou Lorient, s’embarquent pour les « Isles » dans le dessein d’y faire fortune et avec le projet d’en revenir après s’y être enrichis. Nous tâcherons néanmoins de faire ressortir les liens, connexions et interactions qui pouvaient exister entre une ville manufacturière de l’intérieur du royaume de France et ce vaste espace transnational qu’est devenu l’Atlantique. Dans une démarche globalisante, nous prendrons également le parti d’intégrer l’océan indien comme un prolongement de l’Atlantique, dans la mesure où les ports qui participent à l’intermède du commerce libre entre 1769 et 1785 sont les ports du grand commerce atlantique et que les réseaux mis à contribution pour financer les armements, constituer les cargaisons de l’aller et écouler les retours sont les mêmes que ceux du commerce atlantique. Comment à travers un double réseau, celui des ports français animateurs du commerce ponantais et celui du commerce de Cadix maître de la Carrera de Indias, Lyon a pu à la fois ressentir le contrecoup du basculement qui s’est opéré au cours du XVIIe au profit des places portuaires avant de prendre part elle aussi à la mise en valeur des colonies ultramarines et de tirer profit de la mise en place d’une aire économique océanique, à la fois atlantique et indienne.
Notes de bas de page
1 Gascon R., Grand commerce et vie urbaine au XVIe siècle. Lyon et ses marchands, Paris, 1971, t. 1, p. 51.
2 Ibid., p. 47.
3 Fernand Braudel parle d’un « espace piqueté de villes-étoiles [qui] se prolonge vers le nord, au-delà des Alpes, par une sorte de voie lactée de cités marchandes [...] et [qui] s’achève par la masse toujours puissante des villes des Pays-Bas et les deux ports anglais de Londres et Southampton ». Braudel F., Civilisation matérielle, économie et capitalisme, t. 3, Le temps du monde, Paris, 1979, p. 142. Wallerstein I., Le système du monde du XVe siècle à nos jours, t. 1, capitalisme et économie-monde, 1450-1640, Paris, 1980.
4 Selon André Navagero, ambassadeur de Venise, en 1528 ; cité par Benoît B., Saussac R., Histoire de Lyon des origines à 2005, Lyon, 2005, p. 108.
5 Gascon R., op. cit., t. 1, p. 88.
6 Bayard F., « Les Bonvisi, marchands banquiers à Lyon, 1575-1629 », Annales ESC, 1971, vol. xxvi, no 6, p. 1234-1269.
7 Braudel F., op. cit., p. 402.
8 ADR, 8B 1107, papiers des marchands, Melchior Philibert.
9 Latreille A. (dir.), Histoire de Lyon et du Lyonnais, Toulouse, 1975, ch. x.
10 Ibid.
11 Ibid.
12 Tassinari B., La soie à Lyon de la Grande Fabrique aux textiles du XXIe siècle, Lyon, 2005.
13 Kleinclautz A., Histoire de Lyon de 1595 à 1814, Marseille, 1978, p. 154.
14 Latreille A. (dir.), op. cit., ch. xi.
15 Latreille A. (dir.), op. cit., ch. xi.
16 Ibid., p. 237. Bayard F., Cayez P., Histoire de Lyon des origines à nos jours, t. 2, Du XVIe siècle à nos jours, Lyon, 1990, p. 117.
17 Garden M., Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, 1970, p. 368.
18 Carrière C., Richesse du passé marseillais. Le port mondial au XVIIIe siècle, Marseille, 1979, p. 69.
19 Butel P., Les négociants bordelais. L’Europe et les Îles au XVIIIe siècle, Paris, 1974, p. 283.
20 Gardey P., Négociants et marchands de Bordeaux. De la guerre d’Amérique à la Restauration (1780-1830), Paris, 2009, p. 83.
21 Meyer J., L’armement nantais dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Paris, 1969, p. 261 ; Olivier Pétré-Grenouilleau avance lui les chiffres de 34 négociants en 1707, 237 en 1729 et 328 en 1783. Pétré-Grenouilleau O., Les négoces maritimes français, XVIIe-XXe siècle, Paris, 1997, p. 145.
22 Le Bouëdec G., Activités maritimes et sociétés littorales de l’Europe atlantique, 1690-1790, Paris, 1997, p. 303.
23 Si trois typologies seulement apparaissent dans le recensement – padrón – de 1713 (hombre de negocio/ negociante, comerciante et cargador a Indias), elles sont nettement plus nombreuses dans le recensement de 1773, même si deux dénominations majeures s’imposent, comerciante et comerciante matriculado/habilitado ; Bustos Rodríguez M., Cádiz en el sistema atlántico. La ciudad, sus comerciantes y la actividad mercantil (1650-1830), Cádiz, 2005, p. 126-127.
24 Lespagnol A., Messieurs de Saint-Malo. Une élite négociante au temps de Louis xiv, Rennes, 1997, t. 1, p. 74.
25 Ibid., p. 75.
26 Carrière C., op. cit., p. 66.
27 Gardey P., op. cit., p. 39-49 et p. 56-62.
28 Le Bouëdec G., op. cit., p. 301.
29 Garden M., op. cit., p. 369.
30 Rappelons au passage que le fondateur de la maison Journu, Claude Journu, le grand-père d’Antoine, était le fils d’un marchand lyonnais, Robert Journu. Butel P., op. cit., p. 322.
31 Braudel F., Labrousse E. (dir.), Histoire économique et sociale de la France, t. 2, 1660-1789, Paris, 1970, p. 615.
32 Savary des bruslons J., Dictionnaire universel du commerce, Paris, 1741, t. 1, p. 29.
33 Garden M., « Aires du commerce lyonnais au XVIIIe siècle », dans Léon P. (dir.), Aires et structures du commerce français au XVIIIe siècle, Paris, 1973.
34 5 seraient arrivés avant 1760, 12 entre 1670 et 1699 et 47 entre 1700 et 1759, ce qui ne représente que 0,75 % des immigrants recensés pour les trois périodes et 0,81 % des immigrants dont les origines sont établies. Harris R.C. (dir.), Atlas historique du Canada, t. 1, Des origines à 1800, Montréal, 1987, planche 45, « Origines françaises de la population canadienne 1608-1759 » par H. Charbonneau et R. Normand.
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