La folle guerre de Georges Bataille dans Le Coupable
p. 83-94
Texte intégral
1La première édition du Coupable a paru en février 1944 (Gallimard, coll. « Les Essais »). Un état antérieur du début du livre avait été publié dans la revue Mesures en avril 1940, sous le pseudonyme de Dianus1. La deuxième édition date de janvier 1961 ; elle comporte une « Introduction » de l’auteur, d’abord parue sous le titre « La Peur » dans la NRF du 1er novembre 1960. Le texte de cette deuxième édition a été reproduit dans la collection « L’Imaginaire » ; il est loin d’être identique à celui de la première. Aussi citerai-je ici l’édition originale2.
2Le livre a été écrit entre septembre 1939 et l’été 1943. Quelques lettres permettent d’en suivre la genèse, notamment une missive adressée à Jean Paulhan, en date du 26 février 1940 : « Je ne voudrais pas qu’ils [les textes à paraître dans Mesures] soient publiés sous mon nom3. » Livre inconcevable, donc, sans le jeu avec le pseudonyme ? Pourtant, dès l’édition originale, la couverture porte le nom de l’auteur (ce qui n’avait pas été le cas, par exemple, pour Histoire de l’œil). Raymond Queneau, agissant pour le compte des éditions Gallimard, suggère le 26 juin 1943 un changement du titre : et c’est ainsi que Bataille, qui vient de lire Les Mouches, et qui médite sur la culpabilité dont Oreste, à ses yeux, se défait trop facilement, propose, dans sa réponse du 5 juillet de remplacer « L’Amitié » par Le Coupable4.
3D’autre part, Bataille a donné quelques indications sur son livre après sa publication. Dans un projet d’Avertissement pour la Somme athéologique, il fournit une précision chronologique importante : « Le début du Coupable (L’Amitié et Les Malheurs du temps présent) a tout d’abord été rédigé durant la première partie de la guerre, de septembre 1939 à août 1940. Le tome II, L’Expérience intérieure, de l’hiver 1941 à août 19425. » Voici donc un livre dont la rédaction encadre celle de L’Expérience intérieure, même si ce dernier livre est publié (en 1943) avant Le Coupable. Lequel fonctionne, on en fera l’hypothèse, comme un espace de transition entre le dehors (la guerre) et le dedans (l’expérience intérieure). Enfin, dans un entretien enregistré en février 1961 et qu’on peut entendre dans le film d’André S. Labarthe, Bataille à perte de vue (1997), l’auteur déclare : « Je dois dire que Le Coupable est le premier livre qui m’ait donné une sorte de satisfaction, anxieuse d’ailleurs, que ne m’avait donnée aucun livre et qu’aucun livre ne m’a donnée depuis. C’est peut-être le livre dans lequel je suis le plus moi-même, qui me ressemble le plus… parce que je l’ai écrit comme dans une sorte d’explosion assez rapide et assez continue. » Notons la métaphore de l’explosion.
4Le Coupable est un livre étrange et difficile, tout comme L’Expérience intérieure. Livre à méditer, plutôt qu’à expliquer. Le biographe allemand de l’écrivain, Bernd Mattheus, le résume ainsi : un « plaidoyer emphatique pour une existence non-discursive6 ». Mais ce propos n’indique pas la spécificité du Coupable dans l’œuvre de Bataille. Pour en approcher, il me semble qu’il faut plutôt se demander : quel lien entretient Le Coupable avec la guerre et l’Occupation ? Un lien oblique mais néanmoins capital, qui conduit vers une lecture partielle mais révélatrice. Voici en effet la première phrase du livre, après l’Avertissement et le bref poème liminaires : « La date à laquelle je commence d’écrire (5 septembre 1939) n’est pas qu’une coïncidence. » Entre le texte et la guerre, il y a aura donc à la fois évitement (c’est juste une coïncidence) et consonance profonde (c’est plus qu’une coïncidence). Il s’agira ici d’étudier cette coïncidence partielle entre Le Coupable et la guerre, en mettant l’accent sur la consonance, alors que le texte, lui, la voile, la dérobe, dans une espèce de jeu de cache-cache avec la guerre.
5Certes, on a déjà mis en rapport Le Coupable et la fracassante déclaration de Bataille dans la « Méditation héraclitéenne » qui clôt le dernier numéro de la revue Acéphale, en juin 1939 : « Je suis moi-même la guerre. » Mais on ne s’est guère demandé par quelles opérations précises – mise en scène d’un sacrifice et d’une explosion, déplacements, renversements, héroïsation – Bataille entend produire et écrire, dans Le Coupable, cette identification délibérément scandaleuse.
6Je présenterai ce qu’on pourrait baptiser l’hyperguerre du Coupable, puis je tenterai de déployer les significations du titre, avant de conclure en esquissant des comparaisons possibles.
L’hyperguerre du Coupable : sacrifice et explosion
7On le sait : Bataille est en délicatesse avec les genres (pour ce qu’ils supposent d’ordre, d’homogénéité, voire de stratégie maîtrisée, de souci d’écrire des livres repérables et convenables). C’est ce qu’illustrent ses hésitations au sujet du Coupable. Dans une lettre à Queneau du 21 juin 1943, Bataille écrit : « Ce livre est du même ordre que L’Exp[érience intérieure] mais encore moins ordonné, beaucoup plus journal7. » Dans le même sens va le prière d’insérer pour l’édition de 1961 : « Le Coupable est le récit d’une expérience “mystique” paradoxale, formé à partir des pages d’un journal rédigé de septembre 1939 à l’été de 19438. » Mais les traces que laisse cette origine sont minces : peut-être une citation du Journal de Stendhal (p. 170-171) ? L’ancrage temporel existe, mais au fil des quatre sections du Coupable il se fait de moins en moins solide, signe d’une volonté de « triompher de la vulgarité des circonstances » (p. 33). Certes l’autodestination, quasi statutaire pour un journal, est affirmée : « Je ne pourrais cependant les [ces textes] faire lire à aucun de mes amis. Par là, j’ai l’impression d’écrire de l’intérieur de la tombe » (p. 24). Mais, d’une part, elle est fictive, puisqu’il y a publication, à la fois projetée et réalisée. D’autre part, au livre est attribuée une certaine portée pragmatique : « Ce que j’écris diffère en ceci d’un journal », qu’il s’agit, face au lecteur, de « l’amener à sa décision », celle de mettre « la nature en question » (p. 163). L’enjeu est de conduire le lecteur à une réorganisation de sa vie qui en soit la désorganisation radicale, par l’ébranlement de tout le donné et de tout le possible au profit de l’impossible (extase, abîme, etc.).
8À la hauteur d’un tel dessein, un je qui à la fois parle, ou écrit – et qui se prétend mort. Le livre se présente du même geste comme anthume et posthume, puisque l’écrivain dit chercher « maintenant les amis, les lecteurs qu’un mort peut trouver » (p. 86). Un tel je n’est pas vraiment celui d’un diariste, ou d’un « journaliste intime », comme disait Georges Duhamel dans le prologue du Notaire du Havre (1933). Certes, on remarque ici et là quelques autobiographèmes, par exemple l’allusion à « mon père aveugle » (p. 29). Mais de la première à la seconde version, ce trait s’estompe, et l’on n’a plus le journal d’un homme, « mais seulement celui d’une pensée qui se cherche9 ». De toute façon, dès le texte de 1944 prévalait le plus souvent la distinction, qu’expose L’Expérience intérieure, entre « je » (soumis à la raison, empiriquement situable) et ipse (absurde, inconnaissable) : c’est cet ipse qui s’exprime derrière le masque du je.
9À un tel je est attribué dans un avertissement liminaire le pseudonyme Dianus. Si ce terme contracte Dieu et anus, le souverain et le déchet, on y déchiffre une variation sur le Lord Auch (Dieu aux chiottes) d’Histoire de l’œil. Mais Bataille nomme aussi de la sorte le roi meurtrier et potentiellement sacrifié du bois de Nemi, toujours sur le qui-vive parce que menacé de mort, et donc incarnation de l’angoisse10. L’intérêt de cette référence mythologique est de mettre tout le livre sous le signe du sacrifice. Quel en est le sens, au juste ?
10Un détour permettra de répondre. Au tout début du chapitre intitulé « La guerre » qu’on lit dans un texte, « La Limite de l’utile », auquel Bataille travaille entre 1939 et 1945, et qui se trouve donc contemporain de la rédaction du Coupable, l’écrivain note : « Je veux montrer qu’il existe une équivalence de la guerre, du sacrifice rituel, et de la vie mystique11. » Et il s’appuie sur un livre d’Ernst Jünger, Der Kampf als inneres Erlebnis (1922), qu’il cite dans la traduction française de 1934, La Guerre, notre mère12. Livre auquel il sera aussi fait allusion dans Le Coupable. Pour Jünger, qui a été lieutenant sur le front, il s’agit, dans une œuvre exaltée, de (re)vivre la guerre non pas du dehors, comme une nécessité subie, mais du dedans et comme une affirmation, un mouvement supérieur. Mettre en scène une équivalence analogue entre guerre, sacrifice et vie mystique, voilà l’un des enjeux majeurs du Coupable.
11Toujours dans ces pages sur « La guerre » de « La limite de l’utile », Bataille définit le sacrifice comme « une sorte de mimétisme », par lequel l’homme se met au rythme de l’univers – rythme qui d’évidence, en 1939, est celui de la guerre et donc de l’angoisse. Le Coupable se veut dès lors le simulacre d’un sacrifice, ou « une “comédie” de sacrifice » : « Il n’y a qu’à pousser les choses jusqu’au bout, à s’attarder de telle sorte que le déchirement retentisse sur nos vies13. » S’attarder : on y reviendra. Bataille insiste sur la supériorité du sacrifice « religieux » par rapport au sacrifice que consentent les soldats : ces derniers n’ont en vue que l’efficacité, ils ne se perdent pas pour se perdre.
12Le sacrifice se trouve bien au centre du Coupable : « J’ouvre les yeux sur un monde où je n’ai de sens que blessé, déchiré, sacrifié » (p. 64). Mais ce sacrifice malgré tout n’est pas réel (Sartre à propos de L’Expérience intérieure : Bataille « se crucifie à ses heures »). Il s’agira donc d’une méditation, d’un exercice spirituel14. Dès la première page Bataille fait allusion au Livre des visions d’Angèle de Foligno, dans la traduction d’Ernest Hello, qui sera plusieurs fois citée. Il évoque ensuite les exercices spirituels de Loyola : « Je n’ignore pas les pratiques chrétiennes » (p. 53). Il en parle parfois avec humour : « Je m’efforce, au cinquième étage, de m’abîmer dans la méditation » (p. 77). Il ne s’agit pas véritablement d’une méditation mystique, pour trois ou quatre raisons. D’abord parce que l’expérience n’est pas liée à la confession d’un dogme. Ensuite parce que l’ascétisme de la laideur, comme dit Bataille, cède la place à un ascétisme orgiaque. Et encore parce qu’il n’y a plus de chemin : « qui discernerait une voie dans le chaos que j’introduis ? » (p. 26). Enfin, parce qu’il n’y a plus de Dieu : « Je n’ai pas de Dieu à supplier » (p. 20). L’objet de toute cette méditation, c’est la guerre, et non Dieu : « J’étais sûr que l’extase pouvait se passer de la représentation de Dieu » (p. 47).
13Quelle est la méthode de cette méditation sacrificielle ? Il y a bien une méthode, dans le sens de « violence faite aux habitudes de relâchement » (p. 41). Bataille écrit : « Personne ne prend la guerre aussi follement » (p. 17). Qu’est-ce donc que prendre la guerre ? Saisir, comprendre ? Pas vraiment. L’écrivain revendique des « doigts légers, insaisissants » (p. 110). Il explique nettement sa méthode : « concentrer l’attention sur le souffle », « donner au flux des images […] l’équivalent d’un lit de fleuve au moyen de phrases ou de mots obsédants » (p. 52).
14Ces mots sont ceux qui relient la guerre extérieure et l’expérience intérieure : la brûlure et la blessure, la sauvagerie et l’explosion, le supplice et l’horreur, l’angoisse ou la peur. « Dans la guerre, je voyais ce qui manque à la vie si l’on dit qu’elle est quotidienne : ce qui fait peur, communique l’horreur et l’angoisse » (p. 81). Ce que Bataille nomme communication passe dès lors par le désir de produire des intensités extrêmes, et par la saturation de la raison du lecteur, le recours à une pensée sauvage, qui s’appuie sur des mots, ou plutôt des vocables, chargés d’une force quasi-magique15.
15Il faut d’autre part susciter des images, dans la plus pure tradition ignatienne : « Assis au bord d’un lit, en face de la fenêtre et de la nuit, je me suis exercé, acharné à devenir moi-même un combat » (p. 21-22). Ou encore : « Sur le mur de l’apparence, j’ai projeté des images d’explosion, de déchirement. […] J’imaginais la profondeur d’un volcan, ou la guerre, ou ma propre mort » (p. 47). Au fond, il s’agit d’imaginer et de vivre une « anticipation de la mort » (p. 164), d’écrire au plus près de la mort et de sa mort : « Je suis déjà si mort que, pour mon effroi de mourir, j’ai de l’indulgence. […] ce que je dis se décompose dans la mort » (p. 168). Le texte se veut testamentaire et posthume, intense et funèbre à la fois.
16Enfin, le souffle intervient sur deux plans. D’un côté, en tant que technique corporelle favorisant la méditation (Bataille fait allusion à un livre d’Eliade sur le tantrisme). De l’autre, un enjeu majeur de l’écriture est de trouver un rythme : « Mes propres phrases me semblent loin de moi : il y manque la perte de souffle » (p. 87). Le Coupable se présente comme un livre en éclats, fait de fragments, tantôt narratifs, tantôt aphoristiques, mais qui tous glissent vers le non-savoir, à la différence des fragments romantiques16. Par cette fragmentation, le livre mime, même imparfaitement, la récurrente perte de souffle ; il retourne ainsi la figure reçue de l’inspiration, tout en cultivant à plaisir sa propre informitas. Dans l’Avertissement liminaire, on lit : « Le recueil publié sous ce titre est un livre achevé. » Pourtant le texte, difficile à suivre, est présenté comme fait de « notes fébriles » (p. 76), rien de plus. Minimisation, certes, stratégie habituelle chez Bataille. Mais c’est aussi que « le désordre est la condition de ce livre » (p. 40). Si bien que dans une lettre à Queneau (18 août 1943), Bataille peut écrire : « En tout cas cela m’est presque indifférent qu’il y ait des coupures » de « passages scabreux17. » Le Coupable est… coupable, comme Le Spleen de Paris, selon la célèbre dédicace à Arsène Houssaye. Si l’on compare le livre de 1944 au texte publié dans Mesures en 1940, on voit tout de suite que Bataille ajoute des fragments – s’il peut ainsi en intercaler, c’est donc qu’ils ne se suivaient pas –, ou bien à l’occasion coupe un fragment en deux : il réarticule et désarticule.
17La brièveté des fragments enregistre le passage fugace de la chance, qui fait échapper au carcan de la raison, avant que le souffle ne défaille. L’encre cède alors la place au blanc – plusieurs lignes blanches, parfois, en 1944, qui ne seront pas maintenues avec la même ampleur en 1961. Ne pas finir, interrompre, voilà un geste d’écriture fondamental chez Bataille18. Un effet poétique est visé : Bataille repérait chez Jünger un certain « lyrisme de l’horreur » (p. 254). Mais dans le chapitre « La guerre », déjà cité, l’écrivain fait valoir que c’est la lenteur de la guerre 1914-1918, son enlisement, qui a permis à Jünger d’approfondir son sens, et ouvert le champ à son lyrisme. Face à la guerre-éclair menée en 1940 par les Allemands, les blancs du Coupable chercheraient-ils à recréer cette lenteur ? À aller vers la poésie comme « discours ralenti » (Victor Chklovski) ? À s’attarder dans la blessure et dans le déchirement ? C’est possible. Mais il est sûr que la forme fragmentaire reconduit vers Héraclite, pour qui polemos est la loi profonde du monde. Les fragments donnent dès lors à voir une espèce d’explosion du texte, dont les équivalents thématiques sont fournis par le volcan vu en rêve, sur le point d’entrer en éruption, à la fin de la première partie du Coupable, ou bien par le spectacle du cratère de l’Etna, à la fin de la quatrième et dernière partie.
18Résumons. Selon Bataille, la guerre en cours doit, d’un côté, s’effacer derrière une autre guerre, plus essentielle, et inachevable : « Le réel, le possible, la cohésion et l’au-delà de la cohésion cernent l’homme de tous côtés comme un ennemi vigilant : guerre sans paix ni trêve imaginables, sans victoire ni défaite à espérer » (p. 96). D’un autre côté, elle fournit une occasion favorable pour mener cette guerre essentielle. La guerre « historique » implique en effet la suspension des projets ordinaires et encombrants (Bataille cite le mot de Nietzsche sur die Umwissenheit um die Zukunft). De plus, un « temps de guerre révèle l’inachèvement de l’histoire » (p. 37), et permet de s’accorder à cet inachèvement, contre la prétention de Hegel à une totalisation de l’histoire par la philosophie. La guerre vaut comme chance, comme tremplin : « Le changement et l’agitation sont propices à la réflexion blessante – quand le temps de paix ne l’est guère » (p. 85).
19Bataille propose donc une attitude tout à fait singulière : face à la guerre, face à l’occupation, ni lamentation, ni analyse, ni passivité, ni résistance. Mais surenchère. La guerre est déclarée… Bataille la surdéclare pour son propre compte : « Un blessé crie ! je suis sourd au fond de ma solitude, où le chaos dépasse celui des guerres » (p. 89, je souligne). La guerre mondiale fait rage, Bataille s’enrage. Elle se fait aux dépens du monde, Bataille veut l’utiliser dans l’économie de sa dépense. Il se lance dans un double assaut : de générosité destructrice, comme dans le potlatch (modèle de la dynamique propre à son écriture), et de « négativité », non pas au sens hégélien (l’action), mais au sens bataillien (l’élan vers « l’hétérogène » et vers le pire). Si l’on a pu voir dans L’Expérience intérieure un dépassement du christianisme – dans Sur Nietzsche, en 1945, Bataille cite le terme nietzschéen d’« hyperchristianisme19 » –, Le Coupable tente un dépassement (non dialectique, bien sûr) de la guerre, une hyperguerre.
20La première phrase de Jean Giono, dans sa préface à la réédition des Carnets de moleskine de son ami Lucien Jacques, en juillet 1939, se lit ainsi : « Quand on n’a pas assez de courage pour être pacifiste, on est guerrier. » Bataille échappe à cette dichotomie : ni mobilisé ni démobilisé, ni guerrier ni pacifiste, il fait, avec un étrange courage, la guerre – quoique non soldat et non résistant. Pour Giono, le guerrier est moutonnier, le pacifiste est seul. Bataille, atteint de tuberculose, en congé, est pourtant un combattant solitaire, à Vézelay. Voici un homme que son nom semble suffire à impliquer dans une guerre essentielle, un homme qui, comme pris dans la logique de son pseudonyme, tente de signer la guerre et de se l’assigner, un homme qui veut déployer et déborder la guerre dans son œuvre. Mais cette situation et ce désir paradoxaux font aussi de lui le coupable. Ou plutôt, il tire parti de cette situation pour se faire le coupable par excellence.
Culpabilité et monstruosité consenties
21Michel Surya, dans son apologie perpétuelle de Bataille, soutient que l’écrivain ne pouvait qu’être fasciné par la guerre, dans la mesure où, « pour horrible que soit la guerre, elle seule délivre une société des avarices, des calculs et des intérêts », ainsi que « du temps, du travail, des projets et des fins20 ». La paraphrase est exacte, mais défendre ainsi Bataille n’est-ce pas oublier… tout simplement le titre du livre ? Et du coup affadir toute sa force scandaleuse ?
22Le texte du Coupable revendique fermement une culpabilité multiple.
- La culpabilité à figure mythique découle de l’Avertissement, qui, on l’a dit, met en scène Dianus, le prêtre de la Diane de Némi, auquel le je s’identifie : « Je suis le roi du bois, le Zeus, le criminel… » (p. 174). Régicide et roi à la fois, Dianus est d’abord celui qui sacrifie autrui à sa quête de souveraineté : alors que la France a perdu sa souveraineté, Bataille se sert de Dianus pour réaffirmer la sienne. Mais Dianus est aussi l’amant de Diane (Kotchoubey de Beauharnais, que Bataille rencontre en juin 1943), et comme tel celui qui mêle l’érotisme à la mystique et à la guerre. Je ne résiste pas au plaisir de citer ici un mot de Blanchot, commentant les premières lignes du Coupable : « Écrire sous la pression de la guerre, ce n’est pas écrire sur la guerre mais dans son horizon et comme si elle était la compagne avec laquelle on partage son lit21. » Coucher avec la guerre ! Blanchot en somme explicite l’inscription du bandeau publicitaire qui en 1961 entourait le livre : « Érotisme et tragédie. » Enfin, notons que, s’il est une espèce de Zeus, Dianus est un dieu. Or : « Pour un dieu, la guerre ou la prostitution ne sont que la nature des choses, qui ne peut être ni bonne ni mauvaise, mais seulement divine » (p. 19). Divinité de la guerre.
- La culpabilité ontologique revêt deux formes : celles de l’échec… et du succès. L’échec du petit moi borné auquel il est si difficile d’échapper : « Je me sens rire. Je suis coupable d’être moi ? De ne pas être l’autre ? De ne pas être mort ? Si l’on y tient » (p. 79) – sans oublier que l’homme est toujours coupable de s’opposer à la nature (voir p. 196). L’échec aussi de l’absence d’accès à la gloire, c’est-à-dire à la pleine affirmation de la vie (« Elle est là où s’affirme la vie », p. 149). L’échec enfin, dans l’angoisse, de la mise en action et de la mise en question, qui se déjouent l’une l’autre (voir p. 197-198). Mais le succès lui aussi est coupable, selon le prière d’insérer de 1944 : « Le fait d’être arrivé au sommet est considéré […] comme une faute dont il s’est rendu coupable. » De plus, la réussite de l’expérience « crée la situation où se trouvent niées les voies – négatives – qui menaient vers elle » (p. 143), puisque ladite réussite implique une forme rassurante d’approbation et de satisfaction.
- La culpabilité scripturale provient tout d’abord du simple « fait d’écrire ce carnet », à cause duquel le je se dit « comme en faute à l’égard de [sic] projet formé – au lieu de rire à l’unisson du temps » (p. 143). Écrire n’est pas rire, écrire suppose un projet qui trahit et l’extase et l’instant. D’autre part, la faute d’écrire procède du plaisir que le sujet prend à ses propres aveux – Bataille avait lu et médité les exemples fournis par les personnages de Dostoïevski, ou par son ami Leiris, qui développait l’idée de confession périlleuse, dans le prière d’insérer de L’Âge d’homme, en 1939. Dans son Gilles de Rais en 1958, Bataille montrera que l’aveu n’est pas un effacement, mais une réitération de la faute, une manière de rallumer la flambée (ce que savaient déjà les prêtres catholiques, interdisant au pénitent non seulement la confession publique, mais aussi de retracer en détail son péché).
- La culpabilité historique, j’y reviens, qu’assument Dianus et Bataille, non sans une forte volonté de provocation, tient certes à la distance manifestée à l’égard des circonstances. Pas un seul Allemand n’est évoqué, sauf Jünger, dans ce livre dont une section s’intitule « La divinité du rire », titre qui, tout en s’opposant à la tradition chrétienne (le Christ est réputé n’avoir jamais ri), prend tout son relief en temps de guerre. Que pouvait penser un lecteur de 1944 en lisant que « la mort est la mère de la chance » (p. 112) – même si Bataille vient d’écrire que « la mort est le contraire de la chance » ? Mais surtout, se repliant sur son livre – « depuis que l’état de guerre existe, que j’écris ce livre, le reste me paraît vide » (p. 56) –, Bataille fait de la guerre une expérience intime. Relisons la chute du texte publié dans Mesures en avril 1940, chute qu’on retrouve dans Le Coupable (p. 68) : « Mon présent est l’extase : c’est la foudre qui se joue. Ce qui lui est le plus étranger, c’est la paix. » Il s’agit par exemple de regarder la fameuse image du supplicié chinois « jusqu’à l’accord » (p. 66), et donc, « à l’intérieur de soi-même, de tuer, d’être moralement cruel, d’accord avec le mouvement discordant de tout ce qui est, d’accord avec la mort22 ». Difficile de ne pas donner raison à Gilles Ernst lorsqu’il décrit Le Coupable comme une « apologie de la guerre23 », et cela même si Bataille (ou Dianus) précise : « Je déteste les goûts de ceux qui l’aiment pour se battre. Elle m’attirait, me donnant de l’angoisse » (p. 81). Alors que tant d’écrivains, durant la deuxième guerre mondiale, sont obsédés par le problème de la torture, c’est-à-dire par la question de la question, Dianus s’imagine dans les tenailles et la fonte du non-savoir (p. 100) ; il définit la religion (à bien distinguer des religions) comme la « mise en question de l’existence » (p. 115), dans un « mouvement d’interrogation sans issue » (p. 184), qui est aussi un sacrifice dont le je se veut à la fois le célébrant et la victime. Il y a donc renversement des proportions ou des hiérarchies attendues : au premier plan, non pas la guerre, mais sa guerre, extatique. Renversement aussi de la localisation de la guerre et de la paix, selon le prière d’insérer de 1944 : ne voulant pas mourir sans avoir rien compris, « sans combat », un homme « lutte désespérément pour ne pas sombrer », et « interroge les possibilités dernières » ; « sans rémission possible, il a perdu le repos, la quiétude des autres ». Il faut prendre toute la mesure de ce que Bataille écrit ici : les autres sont en paix, quoique en guerre ; lui, quoique loin de la guerre… a perdu toute paix.
23Résumons de nouveau. Je ne m’intéresse pas de la façon attendue à ce qui se passe en France et dans le monde. Je parle non de formidable malchance, mais de chance. Je naturalise la guerre, j’en fais une catastrophe naturelle (une éruption volcanique) ou une maladie (la peste, p. 75). J’évoque la divinité du rire, j’analyse (dans les dernières pages de mon livre) les relations d’un chatouilleur et d’un chatouillé, mes éclats de texte sont aussi des éclats de rire. Je suggère que la vraie guerre, c’est l’extase non discursive. Mon journal n’est pas un compagnon de combat, il devient lui-même le lieu d’un hyper-combat. On se souviendra dès lors de ce que Barthes écrivait de Bataille dans Le Plaisir du texte : il y a dans son langage « une sorte d’héroïsme insidieux », il ne renonce pas à une « valeur guerrière », il montre trop ses ergots24. Bataille selon Barthes : plus d’ergo (de logique discursive), mais encore trop d’ergots ! Tel serait le troisième déplacement opéré par Le Coupable : un déplacement insidieux de l’héroïsme, qui ne réside pas dans la résistance aux Allemands, mais dans la résistance à la raison. Peut-être Bataille en était-il conscient : « La vie, je l’ai reçue comme une épreuve à surmonter. J’ai grand mal à ne pas m’en faire quelque fabuleux récit » (p. 143).
24Ces trois déplacements confèrent au livre sa valeur pragmatique – quant à l’auteur, ici. Ils reviennent à lui donner une figure monstrueuse, et l’intérêt de Bataille est bien connu, comme celui de Leiris, pour les monstres et pour la laideur, dans le cadre d’une polémique contre la bourgeoisie et ses valeurs idéalistes. Songeons à l’article intitulé « Les écarts de la nature », que Bataille publie dans Documents en 1930 : « les hommes sont avides de stupéfaction ». Et il poursuit : « Un “phénomène de foire” quelconque provoque une impression positive d’incongruité agressive, quelque peu comique, mais beaucoup plus génératrice de malaise. Ce malaise est obscurément lié à une séduction profonde25. » Donc, pour Leiris et pour Bataille, se peindre quelque peu monstrueux serait un gage de séduction paradoxale ? L’un comme l’autre se sont fantasmés en taureau combattant et sacrifié – ainsi, pour Bataille, dans L’Expérience intérieure, à la fin de la section intitulée « Le Labyrinthe », et de même dans Le Coupable (p. 76). Rappelons que le monstre, c’est d’abord l’inclassable26. Comble de l’inclassable, le je coupable est aussi l’innocent : « Nous ne pouvons qu’adorer ou rire (je l’emporte par l’innocence) » (p. 172). Bataille avait d’ailleurs pensé intituler « L’Innocent » ce qui allait devenir Le Coupable27. Pourquoi ? Parce que la culpabilité est malgré tout largement une notion chrétienne ? Et puis : « Le seul moyen d’atteindre l’innocence est de s’établir dans le crime » (p. 196-197), en déchirant la physis par le rire, l’amour, l’extase, et en évitant la faute que, du point de vue de ces expériences, on commet à se maintenir au repos dans la rationalité.
25Pensée paradoxale de la culpabilité, donc, chez Bataille. D’un côté, elle se présente comme ce qui doit être combattu et dépassé : leçon de Nietzsche. De l’autre, elle constitue une source de jouissance en tant qu’elle résulte de la transgression, c’est-à-dire de l’affirmation de notre part maudite.
26Il reste que le scandale qu’aurait pu provoquer Le Coupable n’a pas eu lieu. Le livre eut en effet très peu d’écho immédiat. L’époque ne s’y prêtait guère. Je ne connais que le compte rendu fort sévère de Claude-Edmonde Magny, en janvier 1945, qui porte à la fois sur L’Expérience intérieure et sur Le Coupable : elle soupçonne l’auteur de « complaisances envers sa détresse », demande si une réflexion métaphysique doit « se confondre avec le drame dont elle procède », blâme « chez Bataille un manque de recul par rapport à son expérience, qui l’empêche finalement d’en tirer quoi que ce soit de valable », lui reproche enfin d’hésiter entre le lyrisme et l’objectivité abstraite, etc.28. D’où peut-être L’Abbé C., que Bataille fait paraître en 1950, roman centré sur l’histoire d’un prêtre qui sous l’Occupation trahit la Résistance29. Comme si l’écrivain faisait un pas de plus vers le scandale ?
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27Le Coupable, livre tout à fait singulier ? Peut-être pas au point d’interdire toute comparaison, et l’on pourrait en confronter la première section aux Carnets de la drôle de guerre, écrits durant la même période (de septembre 1939 à mars 1940), mais publiés seulement après la mort de Sartre, ou bien, aux Feuillets d’Hypnos de René Char, écrits entre 1943 et 1944 – un autre texte fragmentaire30. Le fondement théorique de cette comparaison éventuelle est ainsi explicité par Pierre Pachet, dans Les Baromètres de l’âme : « On a envie de dire que les différents journaux écrits à une même époque et dans une certaine langue, même si nécessairement ils s’ignorent parce qu’ils se cachent du public, et donc les uns des autres, n’en entretiennent pas moins des liens étroits. Se parlant à lui-même, chaque écrivain fait la plus grande confiance à la langue du moment. Il entre en communication avec lui-même […] [par] le medium grâce auquel les inconnus entrent en relation31. » Quelle serait, par exemple, cette langue partagée entre Sartre et Bataille, partagée malgré la différence des expériences (Sartre est soldat, Sartre refuse de se perdre, etc.), et même si les mots sont loin d’avoir toujours le même sens ? On devrait y analyser, entre autres, le terme d’angoisse, le refus du moi comme substance, l’équivalence partielle entre la chance (Bataille) et la finitude (Sartre), la tension entre l’intime et l’extime32. Sous ce dernier angle, Le Coupable se veut à la fois expérience de l’intériorisation de la guerre, et de son intensification (la guerre a explosé, sur le plan historique, il reste à faire exploser la guerre, sur le plan athéologique) : en ce sens oriente une formule de la quatrième de couverture pour la réédition de 1961, qui dit que l’expérience relatée est « essentiellement violence rentrée ». Mais l’extase est aussi le fait de se tenir hors de soi, elle suppose le refus de la concentration et un radical mouvement d’extraversion : « Je deviens fuite immense hors de moi-même » (p. 32).
28Le Coupable, à la fois intime et extime : Bataille a renoncé à ses activités politiques (celles de « Contre Attaque »), mais il reverse la politique – pour autant que la guerre en relève – dans la mystique. On pourrait penser qu’il accomplit le contraire du parcours que décrit la célèbre formule de Charles Péguy dans Notre jeunesse : Bataille commence en politique et finit en mystique33 ? Mais non : il tente une fusion des deux. Opération à hauts risques, incandescente.
Notes de bas de page
1 « L’Amitié », Mesures, no 2, 15 avril 1940, p. 129-150.
2 Sous la forme de référence entre parenthèses dans le corps du texte de cet article.
3 Choix de lettres 1917-1962, éd. p. p. Michel Surya, Gallimard, 1997, p. 176.
4 Ibid., p. 196.
5 Œuvres complètes (désormais OC), Gallimard, t. VI, p. 373-374.
6 Georges Bataille. Eine Thanatographie, Matthes & Seitz Verlag, München, t. II, 1988, p. 23. Nous traduisons.
7 Choix de lettres, ouvr. cité, p. 190.
8 OC, t. V, p. 493.
9 Gilles Ernst, « Le Coupable, livre de Georges Bataille », Travaux de littérature, no VIII, 1995 (La Culpabilité dans la littérature française), p. 436.
10 Voir Francis Gandon, « Du pseudonyme. Essai d’interprétation sémiotique des pseudonymes de Bataille », Sémiotique et négativité, Didier Érudition, 1986, p. 151-156.
11 OC, t. VII, p. 251.
12 Albin Michel ; nouvelle trad. chez Christian Bourgois, 1997, sous le titre La Guerre comme expérience intérieure.
13 OC, t. VII, p. 258 et 255.
14 Ou, comme le dit Denis Hollier, du « protocole d’exercices spirituels », « Le désir insatisfait », Les Dépossédés, Minuit, 1993, p. 101.
15 Roland Barthes consacrait la fin de son article « Les sorties du texte » aux mots-numen chez Bataille, « mots-valeurs » et non pas « mots-savoirs » (colloque de Cerisy, 1972, repris dans les Œuvres complètes, Le Seuil, t. IV, 2002, p. 375-376).
16 Voir Maurice Blanchot, L’Entretien infini, Gallimard, 1969, p. 515-527.
17 Choix de lettres, ouvr. cité, p. 203.
18 Gilles Ernst parle d’une « poétique de l’interruption », Georges Bataille. Analyse du récit de mort, PUF, 1993, p. 215.
19 OC, t. VI, p. 152.
20 Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Librairie Séguier, 1987, nouv. édition Gallimard, 1992, p. 349.
21 La Communauté inavouable, Minuit, 1983, p. 14.
22 « La limite de l’utile », OC, t. VII, p. 259.
23 Art. cité, p. 429.
24 Le Plaisir du texte, 1973, rééd. coll. « Points », p. 50.
25 OC, t. I, p. 228.
26 « On considérait comme des “monstres” les êtres qui, tout en étant dépourvus d’“essence”, existaient pourtant et qui, lorsque quelqu’un leur demandait ce qu’ils étaient, lui crachaient leur non-être au visage en éclatant de rire » (Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme, 1956, trad. fr. 2002, Éditions de l’Encyclopédie des nuisances/Éditions Ivréa, p. 283).
27 Voir sa lettre à Patrick Waldberg du 12 août 1958, Choix de lettres, ouvr. cité, p. 496.
28 Claude-Edmonde Magny, « À la recherche d’une mystique nouvelle : Georges Bataille », Esprit, janvier 1945 (repris dans Littérature et critique, Payot, 1971, p. 55-56).
29 Histoire qui s’inspire peut-être du procès fait en mai 1948 à Robert Alesch, prêtre qui trahit notamment en 1942 le réseau de résistants auquel appartenait Samuel Beckett, voir James Knowlson, Beckett, Solin/Actes Sud, 1999, p. 405-409.
30 Voir Éric Marty, « Feuillets d’Hypnos. Extase, histoire, engagement », René Char en son siècle, Didier Alexandre et al. éd., Garnier, 2009.
31 Hatier, 1990, rééd. augmentée Hachette, 2001, p. 89.
32 Sur ce mot que nous empruntons à Albert Thibaudet, voir notre Introduction à « Les Mots » et autres écrits autobiographiques, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2010.
33 Voir Aya Nagai, « L’Expérience intérieure en tant que dépassement du christianisme », Bulletin d’études de langue et littérature françaises, no 17, 2008, p. 149.
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