De Chambéry à Turin : Le transfert de la capitale du duché de Savoie au XVIe siècle
p. 165-177
Texte intégral
1Le transfert de la capitale de Chambéry à Turin fournit l’un des exemples les plus intéressants de propagande et d’usage idéologique de l’histoire italienne. L’historiographie officielle, pendant une longue période allant des années du Risorgimento à celles du régime fasciste a voulu voir (et surtout faire voir) dans cet événement la preuve irrévocable de la « vocation » italienne dont la famille régnante aurait fait preuve depuis le XVIe siècle. Le choix de Turin comme capitale du duché a été ainsi interprété, avec une bonne dose de téléologie, comme le premier signe de cette mission nationale dont les Savoie se feraient les promoteurs trois siècles plus tard, en conduisant le processus d’unification de la péninsule et en la libérant de la domination étrangère1. Dans la seconde moitié du XIXe siècle cette vision, typique de l’école « sabaudista2 », correspondait aux exigences de la rhétorique des lendemains du Risorgimento alors que Turin avait désormais perdu sa primauté face à Rome3, s’efforçant de présenter la soumission commune à la couronne de Savoie comme un élément véritablement unificateur d’un pays hétérogène et fragmenté, peinant à se sentir une nation4. Au cours des deux décennies fascistes, cette soumission aux Savoie était un élément essentiel de la propagande nationaliste et des revendications revanchardes mises en avant par le régime mussolinien. Dans tous les cas, la lecture qui était faite du transfert de la capitale à la lumière d’une politique, celle des princes de Savoie, « che è ancora piemontese, ma che è già italiana », comportait une interprétation fortement idéologique du passé5. Un passé adapté, avec des déformations souvent considérables aux besoins d’une politique culturelle s’efforçant de démontrer, pendant presque un siècle, la « nécessaire » identité italienne de la Maison de Savoie et des terres soumises à cette dernière6. Ce n’est pas un hasard si les accords qui entre 1858 et 1860 décidèrent du passage de Nice et de la Savoie à la France de Napoléon III7 furent à plusieurs reprises stigmatisés par les nationalistes italiens comme une sorte de « trahison » aux dépens de terres qui, formant le berceau de la souche savoyarde8, devaient se considérer, sinon de fait, au moins en théorie, italiennes de tous les points de vue9. C’est également pour ces raisons que fut aussi justifiée l’agression fasciste contre la France, déjà attaquée par la blitz-krieg nazie. Le 10 juin de cette année, le duce avait en fait harangué depuis le Palazzo Venezia une foule exultant à la perspective de rendre à l’Italie les frontières d’avant les trop nombreuses amputations subies au cours des siècles : sur les pancartes brandies sur la Piazza Venezia pour rappeler les territoires qui devaient redevenir italiens, avec la Dalmatie, la Corse et Nice se trouvait aussi la Savoie10. Considérer celle-ci comme une terre « naturellement » italienne, arrachée à la mère patrie sous l’effet d’intrigues diplomatiques qui avaient porté à un traité « legalmente valido, quantunque politicamente ingiusto11 », témoignait d’une méconnaissance de l’histoire de cette réalité politico-institutionnelle – l’État savoyard – qui pendant plus de SIX siècles se caractérisait justement par sa nature poliedrique, déterminée par l’extension progressive de l’autorité de la maison de Savoie sur les deux versants des Alpes, l’italien et le français. Ce dernier continuait cependant, à maintenir sa propre identité linguistique, culturelle et politique, même face aux élans homogénéisateurs partant de la cour des Savoie.
2Ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qu’enfin libérés des conditionnements idéologiques et de la propagande, on commença à étudier l’histoire de l’État savoyard à la lumière de ce difficile équilibre entre ses deux composantes (savoyarde et piémontaise, ou de façon plus générique et anachronique, française et italienne). Désormais, l’opinion la plus répandue semble être que l’on se trouve face à un état « amphibie12 », caractérisé par des systèmes d’équilibrages complexes, qui convergent cependant, en particulier au cours du XVIe siècle, vers la prééminence de la branche piémonto-italienne, mais selon un processus entamé depuis longtemps, et non sous l’effet d’une intuition démiurgique des ducs13.
3En 1572, au moment où Turin devenait siège permanent de la cour des Savoie, assumant ainsi un rôle de capitale qu’elle détenait déjà de fait depuis plusieurs décennies14, la géographie du duché entrait dans une phase d’évolution rapide. Au lendemain de la paix de Cateau-Cambrésis, subsistait encore la bipartition traditionnelle (géographique et linguistique) entre les territoires en deçà des monts et les territoires au-delà des monts.
4S’il est maintenant connu que dès le début du XVIe siècle, le poids de la composante piémontaise à l’intérieur de l’organisation étatique avait augmenté au point de laisser deviner les prémices d’une hégémonie qui se manifesterait pleinement au cours des XVIe et XVIIe siècles, il est vrai cependant que, d’un point de vue territorial, les domaines ultramontains continuaient à représenter la superficie la plus consistante du duché. Des Alpes à la Saône, du Rhin au lac Léman, l’état savoyard se présentait sous la forme d’un quadrilatère homogène et compact à l’intérieur duquel étaient comprises les régions, Savoie, Bresse, Bugey, Valromey, Gex, qui avaient été le berceau de la branche régnante. À ces régions s’ajoutait la vallée d’Aoste qui, bien que ne se trouvant pas à proprement parler ultra montes, mais bien intra montes15, constituait un élément naturel de jonction et de communication entre la Savoie, la Suisse et le Piémont.
5Un coup grave avait été porté à l’unité territoriale de la terra vetus savoyarde en 1533, quand Genève s’était affranchie du contrôle ducal et s’était transformée en un centre de propagation du calvinisme en dépit des tentatives répétées des Savoie pour reprendre possession de la cité rebelle. La consolidation de la présence réformée dans les comtés helvètes mit un frein aux projets d’expansion savoyarde dans le secteur des Alpes du nord-ouest et, en même temps, favorisa l’affirmation d’une autre direction d’agrandissement territorial : vers la mer et la plaine padane.
6Les domaines au-delà des monts (le duché d’Aoste, la principauté de Piémont et le comté de Nice) étaient caractérisés par une hétérogénéité socio-économique notable et une fragmentation géographique, politique et culturelle. Le Piémont en particulier, présentait la frontière la plus fluide et la plus perméable à l’intérieur de l’État : extrémité sud-ouest de l’axe qui reliait Chambéry à Turin à travers les Alpes, le Piémont savoyard était frontalier avec les marquisats de Saluces et de Montferrat, deux microétats16 à l’insertion problématique à l’intérieur de la « géométrie du pouvoir17 » des Savoie.
7Et pourtant c’était justement cette terre, destinée à être au cours du XVIe siècle le théâtre des guerres d’Italie entre Espagnols et Français (avec des conséquences dramatiques aussi pour l’équilibre institutionnel du duché) qui était en train de devenir le nouveau centre de gravité politique et économique de l’État. Il n’y a pas lieu ici d’analyser les raisons qui ont entraîné la progressive hégémonie des territoires italophones sur les francophones : il serait peut-être suffisant de mettre en avant le caractère plus plat des premiers, favorisant un tissu urbain plus riche et, donc, plus ouvert aux voies de communication et aux activités productives et commerciales que les seconds. Ces derniers étant en revanche caractérisés par un relief moins praticable et en conséquence moins doté d’infrastructures « compétitives » sur le plan démographique et économique18. De la même façon, nous n’aborderons pas ici le processus par lequel Turin s’est imposé aux autres communautés du Piémont : nous nous limiterons à rappeler que l’essor de Turin remonte à la première moitié du XVe siècle, en relevant que l’hégémonie de Turin a été décrétée, par un choix délibéré moins des ducs (dont la cour resta mobile et non sédentaire pendant encore une bonne partie du XVIe siècle) que de leurs appareils bureaucratiques et administratifs19. Les magistratures qui s’étaient installées à Turin pour administrer les territoires en deçà des monts (en premier lieu le Conseil cismontano et le Consilium cum domino residens)20 furent à la fois cause et conséquence de la naissance des institutions qui allaient favoriser ultérieurement l’affirmation de la ville piémontaise. C’est le cas de l’université, définitivement établie en 1436 par les ducs à Turin, celle-ci gagnant ainsi la bataille contre d’autres centres qui avaient été pour quelque temps sièges provisoires de l’institution universitaire. L’établissement de l’université dans la ville, outre le prestige qui en découlait, assurait la présence d’un milieu dirigeant à employer dans les appareils administratifs devenant indissociables de l’identité de Turin21.
8Donc, si la cité s’assura la suprématie sur les autres communautés piémontaises aussi (et peut-être surtout) « par les pressions d’un personnel bureaucratique en rapide expansion et lié à la cité par de multiples liens22 », la famille des Savoie ne resta cependant pas étrangère à ce phénomène. Du reste, Turin s’était soumise aux Savoie en 1280 : c’était donc une cité de fidélité ancienne par rapport à d’autres centres urbains importants du Piémont, entrés plus tard dans l’orbite savoyarde. Il n’est donc pas étonnant que les Turinois aient multiplié au cours du XVe siècle les invitations à ce que la résidence du duc « habia ad essere omnino ad Thaurino23 ». Turin était en outre devenue une étape obligatoire pour tout duc au lendemain de son investiture. En 1497 le duc Philibert II, après avoir assisté aux obsèques de son père (célébrées à Chambéry le 16 novembre), se hâta de rejoindre Turin où il arriva à peine deux semaines plus tard, le 28 novembre24. Son successeur, Charles II, résida de préférence dans les domaines en deçà des monts : son choix détermina toute la cour, et en premier lieu sa femme, la duchesse Béatrice, qui séjourna beaucoup plus longtemps à Turin qu’à Chambéry, en particulier pendant les périodes d’absence de son mari, au point d’éprouver la nécessité d’un représentant de la famille ducale dans le nouveau centre névralgique de l’État25.
9Ce qui était alors en train de se profiler, était une hégémonie non plus limitée aux seuls domaines piémontais, mais étendue à l’ensemble du duché. L’essor de Turin était en effet l’expression du déplacement d’un versant à l’autre des Alpes du centre de gravité non seulement géopolitique, mais aussi socioéconomique, culturel et linguistique.
10Chambéry subit le plus gravement les conséquences de cette lente mais inexorable transformation de l’état savoyard. La démographie le confirme : si en 1415 Chambéry et Turin avaient une population plus ou moins équivalente, au cours du siècle, Turin, malgré des périodes de crises graves, connut une croissance nettement supérieure à celle de Chambéry, dont la population demeura relativement stable26. En fait, Chambéry avait toujours été une « capitale concurrencée », même au Moyen Âge, quand les appareils administratifs étaient établis dans la cité, alors que le prince et la cour préféraient résider dans d’autres localités de Savoie (Bourget et Thonon en premier lieu27). En outre, si l’absence d’université avait privé Chambéry de ce vivier de professionels, à Turin elle avait accompagné et suivi tout à la fois l’affirmation d’un appareil bureaucratico-administratif efficace. De la même façon, l’absence d’une cour épiscopale (qui – on le sait – était une véritable « vitrine du temps28 »), avait représenté un autre élément de faiblesse face à Turin, siège épiscopal promu en 1513 siège archiépiscopal par Léon X29. La chaire épiscopale transformait n’importe quel centre urbain en une civitas : il s’agissait d’une distinction hautement significative dont les ducs – souverains d’un état très pauvre en villes30 – étaient bien conscients et qui, en plusieurs occasions, conditionna la politique ecclésiastique des Savoie, décidés à augmenter le nombre des sièges épiscopaux aussi pour accroître le prestige du duché dans le contexte italien, dans lequel le nombre des évêques dont chaque prince pouvait se vanter était considéré comme un élément déterminant pour « sortir du rang31 ».
11Les indices des difficultés de Chambéry à maintenir une primauté que les équilibres de l’État ne justifiaient plus depuis longtemps déjà, se multiplient au début du XVIe siècle. L’absence prolongée de la cité du Consilium cum domino residens, poussa les trois états transalpins à réclamer à Charles II que le tribunal s’établisse une année ou un semestre sur deux en Savoie. Si la chambre des comptes restait à Chambéry (mais les pressions se multipliaient en faveur de la création d’une chambre correspondante pour le Piémont) il n’avait cependant pas été possible d’éviter l’entrée de personnalités piémontaises dans le Conseil de Chambéry, le tribunal correspondant au conseil cismontano pour les territoires transalpins32.
12L’invasion française du duché, en 1536, gela ce processus, qui reprit cependant en 1560 quand Emmanuel-Philibert reprit possession de ses domaines. Turin, qui au temps de l’occupation française avait témoigné envers les nouveaux seigneurs d’une souplesse considérée par beaucoup comme dénuée de scrupules33, était désormais prête à devenir formellement ce qu’elle était déjà dans les faits depuis environ un siècle : une capitale.
13Il ne s’agissait pas cependant d’un simple échange de rôle, d’un banal transfert de compétences d’une cité à une autre, d’un versant à l’autre des Alpes. Turin devint vite une ville différente, non seulement de Chambéry (dont les habitants, avec « quella nobiltà et quei popoli », avaient « sempre mostrato di voler restare poco satisfatti che i duchi di Savoia habitassero in Piamonte34 »), mais aussi de ce qu’elle-même avait été au cours des siècles précédents.
14Quand Emmanuel-Philibert reprit possession de Turin en 1563, la ville qui n’était pas particulièrement peuplée (moins de 14 000 habitants, mais dans les mêmes années Chambéry en comptait à peine 4 00035), conservait encore les dimensions et la structure urbanistique de l’époque médiévale, elle-même modelée sur l’implantation antérieure du quadrilatère romain36. C’est une ville à l’urbanisme modeste et dépourvue de monuments remarquables, au point de peiner à offrir une demeure convenable au duc, lequel – remarquent avec pertinence les ambassadeurs vénitiens – devait constater qu’il n’y avait pas dans tous ses états une seule ville digne d’être considérée comme « metropoli di tutte le altre » ou un palais dans lequel il puisse « alloggiare onoratamente37 ». Ce n’est pas par hasard qu’à son arrivée Emmanuel-Philibert s’installa – comme l’avaient déjà fait les gouverneurs français – dans le palais de l’évêque, seule structure dans la ville adaptée en une certaine mesure à la fonction de représentation, mais qui se révéla bien vite inadaptée aux exigences d’une cour en expansion38. De là la volonté explicite du prince, reprise après 1580 par son successeur Charles-Emmanuel Ier, de construire une résidence ducale adaptée – également en termes de représentation – aux besoins d’une dynastie émergente. Les ingénieurs et architectes des ducs travaillèrent pendant plus d’un siècle à ce qui, dans l’intention de Charles-Emmanuel, devait être le « palazzo novo grande39 », établi à proximité du dôme qu’il finit par assimiler au cours du XVIe siècle, quand la chapelle du Saint Suaire de la cathédrale fusionna avec la chapelle palatine, manifestant ainsi la volonté des Savoie de trouver dans le sacré et ses espaces des éléments de prestige et de légitimation.
15La résidence des ducs et le siège de la cour ne pouvaient cependant pas être laissés sans un système défensif adéquat. De là une autre décision d’Emmanuel-Philibert, très révélatrice de sa volonté de transformer Turin : la construction d’une puissante forteresse militaire. La citadelle, confiée aux meilleurs ingénieurs de l’époque et réalisée en seulement deux ans, fit de Turin, la meilleure place forte du Piémont40.
16Comme les autres capitales européennes (de Paris à Madrid), Turin fut conçue comme le centre d’un vaste territoire modelé par les exigences du duc et de la cour. De là l’idée – qui en revanche n’avait jamais mûri à Chambéry – d’entourer la nouvelle capitale d’une série de résidences extra-urbaines où le prince pouvait séjourner « commode et decenter » : c’était les prodromes de la « corona di delizie » (de Mirafiori à Rivoli, de Stupinigi à Venaria), version subalpine de ce « phénomène territorial qui, dans toutes les cours de l’Europe du XVIIe siècle, accompagna les cités-capitales les distinguant de toutes les autres installations urbaines41 ».
17Comme dans les autres capitales, la galerie remplit à Turin une fonction spécifique : espace destiné à recevoir et à conserver les riches collections, fruit du goût pour le collectionnisme, typique des princes de la Renaissance, qui n’avait pas laissé indifférents les ducs de Savoie. Ces derniers l’avaient certes déjà cultivé à Chambéry, sans lui consacrer cependant un espace spécifique et identifiable d’un point de vue architectonique comme « Wunderkammer » comme le sera en revanche à Turin la « Grande Galleria », voulue par Emmanuel-Philibert et enrichie par Charles-Emmanuel42.
18En peu d’années, donc, Turin, capitale de fait depuis plusieurs décennies, commença par la volonté délibérée des ducs, à revêtir à la fois l’aspect et l’équipement d’une capitale43. Si son hégémonie dans les domaines savoyards s’était affirmée presque indépendamment des intentions de la maison régnante, sa transformation en théâtre du prestige dynastique et de la puissance d’un état émergent fut en revanche le fruit d’un projet précis des ducs.
19Déjà à partir de la deuxième moitié du XVIe siècle, avec Emmanuel-Philibert, Turin est de fait une ville rituelle, modelée par la cour pour satisfaire ses exigences politiques, cérémonielles et de propagande. Il s’agit d’une réalité, qui, observée de près, n’avait jamais été celle de Chambéry, sinon de façon marginale, dans des espaces limités (le palais ducal, la Sainte-Chapelle) et dans des occasions spécifiques, comme les obsèques des princes (dont les dépouilles cependant ne restaient pas en ville mais étaient transportées en dehors d’elle à l’abbaye de Hautecombe44) ou des cérémonies religieuses « extraordinaires45 », comme les ostensions du Saint-Suaire. La plus importante relique de la dynastie, donnée aux Savoie en 1453, fut gardée dans la Sainte Chapelle du château de Chambéry – enrichie d’indulgences et privilèges46 – jusqu’aux années trente du XVIe siècle et ensuite entre 1560 et 157847. En 1506, Jules II en avait autorisé le culte public, en en fixant la fête le 4 mai : ce jour-là, une grande procession se déroulant dans les rues de la ville aboutissait à la place du château où la relique était exposée aux fidèles48. Le transfert du Suaire de Chambéry à Turin en 1578 (justifiée officiellement comme un geste de courtoisie envers Charles Borromée, désireux de vénérer la relique, mais dans l’impossibilité de traverser les Alpes) a été interprété comme une sorte de légitimation sacrale du nouveau rôle joué par la cité piémontaise49. À partir de 1578, les ostensions se multiplièrent devenant des occasions extraordinaires pour célébrer le prestige de la maison ducale. Turin se transforma ainsi en décor de ce spectacle de pouvoir et de dévotion, avec la cour pour organisatrice, interprète et spectatrice. Les lieux symboliques de l’autorité du prince (en particulier le palais ducal et la place du château, au remodelage urbanistique desquels sont invités également les propriétaires des édifices qui les bordent, et auxquels le duc concède exemptions et privilèges à condition qu’ils agrandissent et embellissent leurs palais en les rendant conformes à la fonction de représentation que la place est en train de revêtir50) sont l’environnement naturel de ces cérémonies publiques auxquelles accourent les habitants de la ville et les dévots provenant d’autres provinces de l’état51. Ce n’est pas un hasard si les descriptions les plus intéressantes de ces cérémonies, dans lesquelles la piété se mêlait aux exigences de la propagande, proviennent des ambassadeurs et des agents étrangers résidant à Turin qui, de simples témoins, devenaient souvent les protagonistes du cérémoniel religieux de cour. Leur présence stable dans la capitale du duché représentait aussi une nette différence avec le passé. Si au cours des années pendant lesquelles Chambéry avait été capitale, le système des relations diplomatiques du duché était de fait encore à peine esquissé, quand Turin la supplanta, ce système devint plus articulé et se développa avec la présence permanente à la cour du nonce apostolique et des ambassadeurs de Venise, France et Espagne, outre la présence occasionnelle d’une série de représentants d’autres souverains (Florence, Mantoue, Angleterre, princes allemands)52.
20Même s’il est dominé par le Saint Suaire, le rituel religieux dont Turin est l’objet ne se limite pas à celui-ci, mais tend à inclure tous les espaces sacrés de la ville, progressivement absorbés dans une perspective dont le centre est le prince, sa famille et la cour elle-même. Les églises de Turin, en particulier celles de tradition plus ancienne (du sanctuaire marial de la Consolata à celui du Corpus Domini, et aux églises conventuelles de Saint-Dominique et de Saint-François) sont en fait insérées dans un cérémonial de cour, fréquentées solennellement par la famille ducale et son entourage, objets de forts investissements, presque au point de constituer des espaces sacrés d’une nature différente, non plus symboles de l’identité civique, mais bien du prestige dynastique53. Un destin significatif est celui de la cathédrale Saint-Jean, à première vue un patron qui semble entrer difficilement dans les stratégies mises en œuvre par la cour ducale. Les Savoie décident – après quelques hésitations – d’y installer le Saint Suaire, non certes avec l’intention de confier la relique à la ville, mais bien d’absorber jusqu’au temple du saint patron dans une dimension dynastique. La chapelle du Saint-Suaire représente moins le sancta sanctorum de la cathédrale qu’un point de compénétration entre le dôme et le palais ducal, dont il constitue l’espace sacré le plus important et le plus représentatif, mais également le plus privé et exclusif54.
21La planification d’une architecture religieuse « contribuant à réorganiser un espace politique troublé par les dissensions religieuses55 » et répondant à la piété du prince et au programme idéologique de la cour est un autre élément significatif de la « nouvelle » capitale savoyarde. Sous Emmanuel Philibert et Charles-Emmanuel Ier, Turin s’enrichit de fait de nouveaux édifices religieux, souvent liés aux nouveaux ordres appelés par les princes, qui expriment à travers les formes du sacré des messages politiques et diplomatiques clairs en direction de l’intérieur et de l’extérieur du duché. Quelques exemples seulement seront retenus : l’église des Saints-Martyrs, voulue par Emmanuel-Philibert et confiée aux jésuites pour garder les reliques des anciens patrons de la ville qui de cette façon finirent par être retirés à la traditionnelle gestion des autorités civiques56 ; ou l’église de Saint-Laurent, toujours édifiée par Emmanuel-Philibert (qui la confia aux théatins) à proximité du palais ducal à la suite d’un vœu émis en souvenir de la victoire de Saint-Quentin, mais aussi comme signe de l’alliance avec Philippe II, alliance qui peu de temps après, en 1585, allait se concrétiser par les noces de son fils aîné et de l’Infante Catelina57 : ou encore l’exemple de l’église de Santa Maria del Monte des capucins, un sanctuaire marial voulu par Charles-Emmanuel sur la colline de Turin pour remercier la Vierge, mais aussi pour célébrer l’obtention auprès du pape d’une province capucine indépendante de celles de Milan et de Gênes58.
22La grande procession qui eut lieu en janvier 1591 pour saluer l’arrivée des reliques de saint Maurice (protecteur de la maison régnante et patron de l’ordre chevaleresque homonyme devenu pour la dynastie un instrument de promotion internationale59) manifeste – peut-être plus encore que les ostensions du Saint Suaire, qui demeurent des rituels statiques – la nouvelle topographie céleste de la capitale60. Les lieux-clés de cette dernière coïncident avec les sacralités dynastiques proposées (sinon imposées) par la cour à la ville selon les critères (« séduction, neutralisation par extension, appropriation, imposition de nouveaux cultes ») auxquels on a efficacement ramené les stratégies des souverains pour faire front au regain des identités civiques de leurs capitales61. Comme dans d’autres villes élevées au rang de capitale ou de résidence d’une cour à Turin, les processions civiques traditionnelles connurent la progressive réorganisation des pouvoirs urbains (dans leur nombre et leurs fonctions) au bénéfice exclusif des autorités ducales et de la dynastie. En ce sens, les rites turinois liés au Corpus Domini, à la Vierge Consolatrice ou aux Saints Martyrs ne sont pas si différents des rites madrilènes dédiés à Notre-Dame d’Atocha62 ; ou des rites napolitains du Corpus Domini dans lesquels « il dialogo cerimoniale intavolato tra il viceré, gli eletti e l’arcivescovo esigeva un delicato gioco di gesti che riflettevano i poteri in lotta per il controllo della capitale63 » ; ou encore des rites parisiens en l’honneur de la patronne sainte Geneviève, dont le culte au cours du XVIIe siècle « est complètement capturé au profit de la protection de la famille royale64 ».
23Les dynamiques de sacralités contribuent donc également à définir le rôle de capitale que Turin assuma au cours du XVIe siècle. Une ville dont la population en moins d’un siècle, des temps de l’occupation française, à la fin du règne de Charles-Emmanuel Ier (1630) fit plus que tripler, s’élevant à un peu plus de 30 000 habitants65. Son urbanisme, de l’ancien quadrilatère romain, se développa vers le sud et vers le Pô, s’enrichissant de nouveaux espaces (palais, églises, places) faisant fonction de miroir « de l’autorité et de la continuité dynastique66. Certes, les dimensions et la démographie de Turin étaient encore loin de celles d’autres villes dominantes de la péninsule italienne. Cependant, l’impulsion donnée à la ville par la dynastie en un peu plus d’un demi-siècle, à partir du moment où la fonction de centre de gravité des états de Savoie passa d’une réalité factuelle à un fait reconnu, fut déterminante pour faire de Turin, à la différence de Chambéry, la capitale d’un « état moderne », avec toutes les limites et la prudence (historiographique et autres) que cette expression requiert67. Ce fut peut-être justement ce projet appliqué à Turin au cours du XVIe siècle et dont les ducs furent les maîtres d’œuvre et leur cour le laboratoire, qui fut à l’origine des considérations exprimées, il y a quelques années par l’un des plus grands historiens des villes européennes. Marino Berengo remarquait en effet qu’aux yeux du voyageur qui au XVIIe siècle traversait l’Italie à partir des Alpes descendant jusqu’au Tibre et qui en conséquence, rencontrait de nombreuses villes de la péninsule (dont certaines étaient de grands conglomérats urbains, des centres de micro-états ou des sièges de princes et de cours), Turin seule, pourtant restée aux marges de la grande floraison communale italienne, pouvait apparaître, de tous les points de vue, comme une vraie capitale68.
Notes de bas de page
1 À ce propos, le jugement porté par Luigi Cibrario sur Carlo Emanuele Ier est très significatif, non seulement il acheva « l’œuvre de son père, en réunissant en une seule nation les peuples divers situés en deçà et au-delà des Alpes, remplaçant les intérêts municipaux par des intérêts communs », mais il s’efforça également de libérer l’Italie du joug étranger, conquérant ainsi « des Alpes à la mer de Sicile » la réputation de « libérateur de la glorieuse péninsule » (Cibrario L., Storia di Torino, I, Turin, 1846, p. 443-444).
2 Merlotti A., « Casa Savoia e la storia : una questione politica », dans Castelnuovo E. (dir.), La Reggia di Venaria e i Savoia. Arte, magnificenza e sotira di una corte europea, Turin, U. Allemandi, 2007, p. 333-340, en part. p. 335-337.
3 Djament-Tran G., « Le débat sur Rome capitale (1861-1871) : choix de localisation et achévement de la construction nationale italienne », Revue historique, 649, 1/2009, p. 99-118.
4 Ruffolo G., Un paese troppo lungo, Turin, Einaudi, 2009.
5 Cognasso F., Storia di Torino, Milan, Martello, 1959, p. 6. « Cognasso vedeva nel trasferimento della capitale da Chambéry il segno della “missione” (quella, appunto, “di essere la sua capitale”), affidata a Torino da Emanuele Filiberto, un principe “che pensava da re, non da duca” e che, forse proprio per questo, “aveva visto le grandi capitali europee” » (p. 205).
6 Barberis W., « I Savoia. Quattro storie per una dinastia », dans Barberis W. (dir.), I Savoia. I secoli d’oro di una dinastia europea, Turin, Einaudi, 2007, p. xv-li, en part. p. xxii-xxiv.
7 Varaschin D. (dir.), Aux sources de l’histoire de l’annexion de la Savoie, Bruxelles, 2009.
8 Carassi M., « Céder à la France le berceau de la Maison de Savoie. Une décision politique difficile vue à travers les correspondances confidentielles du premier ministre comte de Cavour », ibid., p. 167-172.
9 Giglioli A., Italia e Francia 1936-1939 : Irredentismo e ultranazionalismo nella politica estera di Mussolini, Rome, Jouvence, 2001, p. 507-508. « La propaganda del regime mussoliniano non fu peraltro identica in tutti questi territori verso i quali si dirigevano le storiche rivendivcazioni nazionali dell’Italia… A Nizza e nella Savoia essa fu circoscritta al piano scientifico-culturale : in particolare il Ministero degli Esteri sovvenzionò riviste e pubblicazioni che sostenevano le tesi dell’italitnità dei territori in questione » (ibid., p. 164).
10 Le 30 novembre 1938, un discours tenu devant la chambre dei fasci e delle corporazioni par le gendre du duce, Galeazzo Ciano, s’était conclu avec l’explosion d’« une vraie tempête d’acclamations et de cris : Tunisi, Corsica, Nizza, Savoia » (Del Boca A., Gli italiani in Libia. Dal fascismo a Gheddafi, I, Bari, Laterza, 1988, p. 288). Le projet avait fait l’objet d’une vaste propagande jusqu’à une chanson populaire qui revendiquait pour l’Italie « Nizza, Savoia, Corsica fatal, Malta baluardo (rempart) di romanità, Tunisi, nostre sponde (nos rivages), monti e mar » (le texte complet dans Curatola G., Ritmi littori : rivisitazione del fenomeno fascismo attraverso la sua produzione canora, con i testi di 263 canti, Stradella, Aurora, 2002, p. 176).
11 Giglioli A., Italia e Francia, op. cit., p. 508.
12 Ossola C., Raffestin C. et Ricciardi M. (dir.), La frontiera da Stato a Nazione. Il caso Piemonte, Rome, Bulzoni, 1987.
13 Marini L., Savoiardi e piemontesi nello stato sabaudo (1418-1601), Rome, Istituto storico italiano per l’eta moderna e contemporanea, 1962 ; Barbero A., « Savoiardi e piemontesi nel ducato sabaudo all’inizio del Cinquecento : un problema storiografico risolto ? », Bollettino storico-bibliografrico subalpino, 87, 1989, p. 591-637 ; Barbero A., Il ducato di Savoia : amministrazione e corte di uno stato franco-italiano (1416-1536), Rome/Bari, Laterza, 2002.
14 Barbero A., Un’oligarchia urbana. Politica ed economia a Torino fra Tre e Quattrocento, Romam Viella, 1995 ; Barbero A., « Il mutamento dei rapporti fra Torino e le altre comunità del Piemonte nel nuovo assetto del ducato sabaudo », dans Comba R. (dir.), Storia di Torino, 2, Il basso Medioevo e la prima età moderna (1280-1536), Turin, Einaudi, 1997, p. 373-419.
15 Erba A., La Chiesa sabauda tra Cinque e Seicento. Ortodossia tridentina, gallicanesimo savoiardo e assolutismo ducale (1580-1630), Rome, Herder, 1979, p. 6.
16 Sul concetto di « microstato », voir Raviola A. B., L’Europa dei piccoli stati: dalla prima eta moderna al declino dell’Antico Regime, Rome, Carocci, 2008.
17 L’expression vient de C. Raffestin (Raffestin C., « L’evoluzione del sistema delle frontiere del Piemonte dal XVI al XIX secolo », dans La frontiera da Stato a Nazione, op. cit., p. 101-111, en part. p. 103).
18 Castelnuovo G., « Centri urbani, organizzazione del territorio e vie di traffico nell’area alpina occidentale : Chambery, Torino e le loro montagne, X-XV secolo », dans Busset T., Lorenzetti L. et Mathieu J. (dir.), Ville et montagne, Zurich, Chronos, 2000, p. 109-123.
19 Barbero A., Storia del Piemonte. Dalla preistoria alla globalizzazione, Turin, Einaudi, 2008, p. 183-187.
20 Castelnuovo G., Ufficiali e gentiluomini. La società politica sabauda nel tardo medioevo, Milan, F. Angeli, 1994, p. 102 sqq.
21 Naso I., « La scuola e l’Univesità », dans Comba R. (dir.), Storia di Torino, 2: Il basso medioevo, op. cit., p. 597-616.
22 Barbero A., « Il mutamento dei rapporti », art. cit., p. 417.
23 ibid., p. 404.
24 ibid., p. 403.
25 ibid., p. 414-415.
26 ibid., p. 417.
27 Brondy R., Chambéry, histoire d’une capitale (vers 1350-1560), Lyon/Paris, Presses universitaires de Lyon, 1988, p. 74 sqq. ; Griseri A., « Le arti alla corte di Amedeo VIII », dans Comba R. (dir.), Storia di Torino, 2 : Il basso medioevo, op. cit., p. 659-692, en part. p. 661.
28 Meyer F., La maison de l’évêque : familles et curies épiscopales entre Alpes et Rhône (Savoye-Bugey-Lyonnais-Duphine-Comtat Vanaissin) de la fin du XVIe à la fin du XVIIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2008, p. 34-35.
29 Merlo G. G., « La Chiesa e le chiese di Torino nel Quattrocento », dans Comba R. (dir.), Storia di Torino, 2 : Il basso medioevo, op. cit., p. 767-794, en part. p. 784-786.
30 Barberis W., « I caratteri originari del Piemonte sabaudo », dans Bianchi P. (dir.), Il Piemonte come eccezione ? Riflessioni sulla « Piedmontese exception », Atti del Seminario internazionale (Reggia di Venaria, 30 novembre-1 décembre 2007), Turin, Centro Studi Piemontesi, 2008, p. 45-56, en part. p. 49.
31 Encore en 1622, l’évêque de Saluces Agassino Solaro de Moretta conseillait au duc Charles-Emmanuel d’obtenir du pape l’érection de nouveaux sièges episcopaux : « Chè per ogni rispetto sarà utile et honorata tal eretione a vostra altezza, al stato et a’sudditi… Con la residenza de’vescovi s’assicurano più le città et i cittadini, più facilmente li domina, li dispone all’osservanza delli ordini et alla fedeltà… Dimostrerà al mondo maggiormente la pietà sua et il zelo alla religione, et insieme apparirà non esser i stati suoi inferiori ad un regno per numero di città, per moltitudine de’popoli, né per grandeza il stato… E vale al stato et ai popoli perché con la residenza de’vescovi haverano i documenti della religione, la qual difficilmente si conserva senza capo… E’anche utile perché di tanti vescovi qualch’uno ne riuscirà, con i favori et aiuto suoi, cardinale et forsi papa, la qual cosa apportarebbe utile grande e riputatione al stato et a vostra altezza ancora » (Cozzo P., Le geografia celeste dei duchi di Savoia. Religione, devozioni e sacralità in uno Stato di età moderna [secoli XVI-XVII], Bologne, Il Mulino, 2006, p. 300-301).
32 Barbero A., « Il mutamento dei rapporti », art. cit., p. 415.
33 Barbero A., Storia del Piemonte, op. cit., p. 217 ; sur l’occupation française, voir Merlin P., « Torino durante l’occupazione francese », dans Ricuperati G. (dir.), Storia di Torino, 3 : Dalla dominazione francese alla ricomposizione dello Stato (1538-1630), Turin, Einaudi, 1998, p. 7-55.
34 C’est une considération de l’ambassadeur de Venise à Turin (Archivio di Stato di Venenzia, Senato, Dispacci, Savoia, f. 5 [1579-80], no 107, Turin, le 27 septembre 1580).
35 Brondy R., Chambéry, op. cit., p. 263.
36 Cornaglia P., « 1563-1798 tre secoli di architettura di corte. La città, gli architetti, la committenza, le residenza, i giardini », dans La reggia di Venaria e i Savoia, I, op. cit., p. 117-184, en part. p. 118.
37 Comoli Mandracci V., « Le scelte urbanistiche », dans Ricuperati G (dir.), Storia di Torino, 3 : Dalla dominazione francese, op. cit., p. 355-386, en part. p. 367.
38 Mamino S., « L’iconologia della città », dans Ricuperati G (dir.), Storia di Torino, 3 : Dalla dominazione francese, op. cit., p. 387-414, en part. p. 388.
39 Comoli Mandracci V., « Le scelte urbanistiche », art. cit., p. 371-377.
40 Stumpo E., « Spazi urbani e gruppi sociali, 1562-1630 », dans Ricuperati G (dir.), Storia di Torino, 3 : Dalla dominazione francese, op. cit., p. 183-220, en part. p. 191 ; Scotti Tosini A., « La cittadella », ibid., p. 414-447.
41 Comoli Mandracci V., « Le scelte urbanistiche », art. cit., p. 370 ; voir aussi Kieven E., « I Savoia e l’Europa : architettura », dans La reggia di Venaria e i Savoia, I, op. cit., p. 103-116.
42 Mamino S, « L’iconologia della città », art. cit., p. 396.
43 Pollak M. D., Turin, 1564-1680: Urban Design, Military Culture, and the Creation of the Absolutist Capital, Chicago, The University of Chicago Press, 1991.
44 Andenmatten B. et Ripart L., « Ultimes itinérances. Les sépultures des princes de la maison de Savoie entre Moyen Âge et Renaissance », dans Paravicini Bagliani A., Pibiri E. et Reynard D. (dir.), L’itinérance des seigneurs (XIVe-XVIe siècles), actes du colloque international, Lausanne-Romainmôtier, 29 novembre-1er décembre 2001, Lausanne, Université, 2003, p. 193-248.
45 Sur cette typologie voir Dompnier B. (dir.), Les cérémonies extraordinaires du catholicisme baroque, Clermond-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2009.
46 Savio P., Ricerche storiche sulla santa Sindone, Turin, SEI, 1957, p. 292-294.
47 Demotz B., « Une capitale alpine au Moyen Âge », dans Sorrel C. (dir.), Toulouse, Privat, 1992, p. 47-78, en part. 74-77
48 Brondy R., Chambéry, op. cit., p. 269.
49 Cozzo P., La geografia celeste, op. cit., p. 64-66.
50 Comoli Mandracci V., « Le scelte urbanistiche », art. cit., p. 378.
51 En 1697 le nonce écrivait à Rome qu’à l’occasion de l’ostention du 4 mai étaient arrivés à Turin environ 60 000 pélerins : 16 000 de la ville de Turin, 40 000 des autres domaines ducaux et 4 000 étrangers (Savio P., Ricerche storiche sulla santa Sindone, op. cit., p. 330-332).
52 Sur l’évolution des relations diplomatiques des Savoie, Storss C., « Savoyard Diplomacy : A Case of Exceptionalism ? », dans Bianchi P. (dir.), Il Piemonte come eccezione ?, op. cit., p. 95-111.
53 Cozzo P., La geografia celeste, op. cit., p. 23-62.
54 ibid., p. 62-70.
55 Bertrand G., « Introduction », dans Bertrand G. et Taddei I. (dir.), Le destin des rituels. Faire corps dans l’espace urbain. Italie-France-Allemagne. I destino dei rituali. « Faire corps » nello spazio urbano, Italia-Francia-Germania, Rome, École française de Rome, 2008, p. 11-16, en part. p. 13.
56 Signorelli B. (dir.), I Santi Martiri : una chiesa nella storia di Torino, Turin, Compagnia di San Paolo, 2000.
57 Klaiber S., The first ducal chapel of San Lorenzo: Turin and the Escorial, dans Masoero M., Mamino S. et Rosso C. (dir.), Politica e cultura nell’eta di Carlo Emanuele I. Torino, Parigi, Madrid. Convegno internazionale di studi, Turin, 21-24 febbraio 1995, Florence, Olschki, 1999, p. 329-343.
58 Ingegneri G., Storia dei Cappuccini della Provincia di Torino, Rome, Istituto storico dei Cappuccini, 2008.
59 Merlotti A., « Le ambizioni del duca di Savoia. La dimensione europea degli ordini cavallereschi sabaudi fra Cinque e Seicento », dans Garcia Hernan D. H. et Maffi D. (dir.), Guerra y Sociedad en la Monarquia Hispanica. Politica, Estrategia y Cultura en la Europa Moderna (1500-1700), II, Madrid, 2006, p. 661-690.
60 Sur cette procession, cf. Cozzo P., La geografia celeste, op. cit., p. 70-74.
61 Le Gall J.-M., « Les saints des capitales », dans Cabantous A. (dir.), Mythologies urbaines. Les villes entre histoire et imaginaire, préface de M. Delebarre, Rennes, PUR, 2004, p. 263-279, en part. p. 274.
62 Del Rio Barredo M. J., Madrid, Urbs Regia. La capital ceremonial de la Monarquia catolica, Madrid, Marcial Pons, 2000 ; voir aussi Negredo del Cerro F., « La sacralisation de la monarchie catholique. Les cérémonies religieuses au service de la couronne dans les églises madrilènes au XVIIe siècle », dans Dompnier B. (dir.), Les cérémonies extraordinaires, op. cit., p. 229-242.
63 Hernando Sanchez C. J., « Città e cerimoniale : lo spazio urbano e la corte vicereale di Napoli nel XVII secolo », Storia urbana, XXXI, 123 (2009), p. 55-82, en part. p. 80.
64 Le Gall J.-M., Culte de Saint Denis et identité parisienne aux XVIe-XVIIe siècles, dans Boudon O. et Thelamon F. (dir.), Les chrétiens dans la ville, Mont-Saint-Aignan, 2006, p. 143-165, en part. p. 154.
65 Stumpo E., « Spazi urbani », art. cit., p. 197.
66 Comoli Mandracci V., « Le scelte urbanistiche », art. cit., p. 386.
67 Butters H., « Usi mutevoli. Alcune riflessioni sullo “stato moderno” », dans Fantoni M. et Quondam A. (dir.), Le parole che noi usiamo. Categorie storiografiche e interpretative dell’Europa moderna, Rome, Bulzoni, 2008, p. 297-308.
68 Berengo M., L’Europa delle città. Il volto della società urbana europea fra Medioevo ed età moderna, Turin, Einaudi, 1999, p. 3.
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