De Tenochtitlan à Mexico
p. 113-127
Texte intégral
1Au sein du monde hispanique, la Nouvelle-Espagne est un espace tout à la fois périphérique et neuf (carte 1) et, à l’instar des autres royaumes américains de la Couronne de Castille, éloignée du centre de pouvoir, elle se trouve placée sous la dépendance d’autorités et de modèles extérieurs. Nouvellement conquise, dénuée de corps représentatifs tout comme de coutumes protectrices, elle s’offre comme une matière malléable où s’impriment les politiques et les utopies de la Renaissance puis celles de l’âge baroque. À cet égard, c’est non sans raison qu’on a pu la présenter comme un « laboratoire de la modernité1 ».
2De ce nouveau royaume ajouté à la couronne d’Espagne, immédiatement, Mexico devient la capitale dont le pouvoir s’inscrit dans toute une série de cercles concentriques. Celui de la vice-royauté tout d’abord. Elle est immensément dilatée. D’est en ouest, de l’entrée de la Caraïbe aux îles des Philippines, elle apparaît comme un vaste archipel démesurément étalé qui se perd dans les eaux d’une mer mal maîtrisée et d’un océan à peine reconnu. Du nord au sud, cette vice-royauté devient continentale, des frontières de l’audience de Panama aux grandes plaines d’un Ouest américain aussi mystérieux – et bientôt dangereux – que les eaux du Pacifique. Le statut prestigieux de cet ensemble territorial fait celui de sa capitale : à partir de 1535, Mexico abrite un vice-roi et est reconnue comme une cour2. La vie du palais y est commandée par une étiquette qui, de loin, reproduit celle de Madrid et la cité toute entière se transforme en une vaste scène où se déploient les cérémonies monarchiques qui scandent les temps forts de la vie de la couronne et de la dynastie. Dans les faits cependant, le vice-roi est bien loin de pouvoir tenir les rênes du territoire qui lui est confié : depuis les Philippines, les îles de la Caraïbe, l’Amérique centrale et même la Nouvelle-Galice, les autorités locales dialoguent directement avec Madrid et le Conseil des Indes. Il n’intervient guère aux confins de son domaine que pour soutenir les opérations militaires : alors, il fournit les moyens nécessaires à la défense, en argent, en munitions et en hommes.

Carte 1 – Les expéditions de pacification.
3Le pouvoir de la capitale est plus effectif en matière de justice, mais sur un territoire réduit à la dimension du ressort du tribunal d’audience de Mexico, que préside le vice-roi. En ce sens, Mexico est capitale d’un vaste triangle qui couvre tout le Centre et le Sud de l’actuel Mexique, grosso modo du rio Lerma et du rio Panuco au nord à la pointe du Yucatán au sud. Mais ce tribunal ne connaît que les causes les plus importantes en première instance et ne sert que de tribunal d’appel pour les autres. Concrètement, au demeurant, les autorités locales situées à l’ouest de l’isthme de Tehuantepec retiennent la plupart des causes judiciaires. Finalement, c’est sans doute en tant que siège de gouvernement que Mexico rayonne le plus sûrement. Le gouvernement de Mexico, dont les limites se confondent souvent avec celles de l’audience au nord, s’arrête au sud à la hauteur de l’isthme de Tehuantepec. Si le titre de gouverneur de Mexico, qui se trouve associé à celui de vice-roi, ne donne que des prérogatives au contenu assez flou, il apparaît que dans les limites de son gouvernement le vice-roi dispose d’un pouvoir considérable : jusque sous le règne de Charles II, il nomme la quasi-totalité des officiers royaux des circonscriptions administratives locales, les corregimientos. C’est là l’important. À travers ces relais, il dispose des moyens de gouverner, de s’attacher des fidélités et de marquer l’espace de sa présence.
4En ce sens, Mexico, capitale administrative bénéficie-t-elle d’un pouvoir incontesté sur le territoire de son ressort ? D’une certaine manière, les décisions prises à Mexico et celles qui y sont mises en œuvre portent mieux et plus loin que celles prises à Madrid pour les royaumes péninsulaires. Il n’est point au Nouveau Monde d’aristocraties terriennes enracinées, point non plus de coutumes ancestrales, de franchises locales, de libertés particulières que l’on puisse opposer aux décisions royales. C’est toute la différence avec l’Espagne des señoríos et des fueros où Basques, Aragonais, Catalans, Valenciens, pour le moins, peuvent toujours se retrancher derrière leurs privilèges et s’exonérer ainsi de répondre aux demandes de l’administration royale3. Mais cela ne vaut guère au-delà des limites du gouvernement de Mexico. Partout ailleurs, l’autorité du vice-roi et des tribunaux de la ville se heurte à d’autres pouvoirs : celui, sourcilleux, de l’audience de Guadalajara au nord-ouest, celui, indifférent, des gouverneurs du Yucatan à l’est marquent les limites de l’espace effectivement soumis aux autorités siégeant à Mexico.
5De surcroît, en droit, Mexico est une capitale qui se trouve subordonnée à une autre, Madrid, avec qui elle entretient des rapports comparables à ceux que le vice-roi peut avoir avec le roi. Il est son alter ego mais en reçoit ses ordres, des ordres impératifs qu’il a la liberté d’apprécier et auxquels il peut surseoir en cas de force majeure. Inversement, si le roi se réserve les nominations importantes, pour apprécier la qualité des candidats, il dépend souvent des rapports fournis par les officiers du Nouveau Monde, voire des listes de candidats qui lui sont transmises. Ainsi, à partir de 1521-1524, Mexico, héritière de l’ancien siège des tlatoani de l’empire aztèque, devint la capitale d’un nouveau royaume espagnol, en même temps qu’une ville-relai de l’autorité et de la cour madrilènes. Apparemment logique, cette transformation n’était nullement écrite. À vrai dire, elle est même sans équivalent dans toutes les Indes de Castille. Par sa centralité, par sa capacité à concentrer tous les pouvoirs, par son prestige et par son histoire, Mexico est, à tout prendre, une ville unique. Elle surclasse Santo Domingo, la capitale historique des Indes espagnoles, choisie par Colomb comme le siège de son gouvernement mais qui n’est plus, à partir de 1511, que la capitale d’une audience sans grand prestige. Elle dépasse de très loin Guatemala, ville nouvelle, sans passé glorieux qui se trouve excentrée au sein même de sa propre juridiction. Lima elle-même ne lui est pas comparable. Si la capitale de l’autre grand royaume américain de l’Espagne concentre autant d’institutions de pouvoir et accueille un autre vice-roi, elle n’a pas la même histoire ni la même emprise sur le territoire de sa juridiction : fondée aux portes du Pérou, loin de l’ancienne capitale inca, le Cuzco, elle n’est pas enracinée dans le passé et constamment elle demeure moins peuplée que Mexico.
6La réussite de Mexico est donc un fait à part qui tient largement à la récupération par la ville espagnole du passé préhispanique de l’ancienne capitale aztèque. Comprendre le succès de Mexico, c’est comprendre les raisons de ce choix.
Le choix de Mexico
7Sans relever de l’évidence, le choix de Mexico comme lieu d’implantation de la nouvelle capitale s’imposa très vite. Quelle était la situation du pays au lendemain de l’effondrement de la puissance aztèque, le 13 août 1521 ?
8À cette date, les conquistadors avaient déjà fondé trois villes en Nouvelle-Espagne : Veracruz, au fond du golfe du Mexique, Segura de la Frontera sur la route conduisant de Veracruz à Mexico et Medellin dans l’actuelle région de Córdova. Veracruz avait été fondée sur la côte aussitôt les Espagnols débarqués ; Segura de la Frontera datait de l’année suivante et leur permettait de contrôler l’accès à l’altiplano depuis les rives de la mer caraïbe. Medellin enfin était apparue immédiatement après la chute de Mexico : il s’agissait de tenir une région qui s’était soulevée contre les Espagnols en 1520, au moment où ils s’étaient trouvés en difficulté à Mexico. Là, les nouveaux venus avaient perdu près d’une centaine d’hommes4. Toutefois, depuis la fin des opérations militaires, les Espagnols se trouvaient massés ailleurs : dans trois camps répartis autour de la lagune de Mexico et dans une base arrière située un peu plus à l’est, près de la ville de Texcoco. Le centre de pouvoir effectif était alors Coyoacán, celui des camps militaires où Cortés établit sa résidence.
9Très vite, sans en expliquer les raisons, Cortés choisit de faire nettoyer et reconstruire la ville ennemie dévastée afin d’en faire sa capitale. Le siège avait été très long et très mouvementé : deux mois et demi, de la fin mai au 13 août, en tout soixante-quinze jours de bataille5. Il avait été effroyablement meurtrier et très destructeur. Il avait fallu pour prendre la cité lacustre en détruire les maisons afin de combler les canaux et permettre la progression des assaillants. Mais Mexico ne devait pas connaitre le destin de Carthage. À cet égard, Cortés n’a sans doute pas eu la moindre hésitation sur un choix qui apparaît comme définitif, quelques jours seulement après la prise de la ville. L’ordre d’enterrer les cadavres et de déblayer les rues intervient aussitôt après la fin des combats. Puis, dans la foulée, Cortés autorise le repeuplement de Tlatelolco, la cité jumelle de la capitale aztèque coincée avec elle sur un même îlot, mais pas celle de Mexico. Dès ce moment-là sans doute, les habitants de Tlatelolco notent que la ville voisine est « la conquête particulière des Seigneurs et leur demeure6 ». Cortés, de son côté, quelque temps plus tard, dans un courrier adressé au roi le 15 mai 1522, affirme que la reconstruction de Mexico a commencé quatre ou cinq mois plus tôt, c’est-à-dire probablement avant la fin de l’année 1521 ou au tout début de l’année 15227.
10En prenant cette décision, Cortés redonne à Mexico son statut de capitale politique. En effet, même si l’état aztèque n’avait rien d’un empire centralisé, on ne doute plus aujourd’hui de la réalité du pouvoir que l’ancienne Tenochtitlan exerçait à travers tout le Mexique central8. Sans doute cette question fut-elle été âprement discutée durant des décennies et jusqu’à une date récente, certains auteurs refusaient encore d’employer le terme d’« empire » pour désigner la construction politique des tlatoani de Mexico. Mais le débat est aujourd’hui tranché et, en confrontant les résultats de la recherche historique et ceux de l’archéologie, l’on a acquis une vision assez fine de l’ancienne organisation politique de la région9. Les conquistadors, du reste, ne s’y étaient pas trompés et dès les premières heures de la conquête, ils savaient à quoi s’en tenir10.
11Mais en faisant ce choix politique, Cortés invitait ses hommes à venir s’installer au cœur d’une région hostile, en un site qui, à chaque instant, pouvait se transformer en un véritable piège. Cette décision osée, contrairement à ce qu’affirme Gonzalo Fernández de Oviedo11 n’a donc rien de logique et en aucun cas elle ne fut consensuelle : il semble plus probable, au contraire, que Cortés l’ait imposé à ses compagnons contre l’avis (peut-être unanime !) de son conseil. On se souvenait en effet des très graves dangers que les conquistadors avaient encourus lors de la Noche Triste, ce moment dramatique pour eux où ils avaient dû fuir la capitale sous les flèches de ses habitants et où ils avaient perdu beaucoup d’hommes, noyés dans les eaux des canaux de la ville (30 juin 1520). Coyoacán et Tacuba, tout près au bord de la lagune, ou encore Texcoco, un peu plus à l’est, retenaient bien davantage l’intérêt des capitaines du conseil12. Pendant des années, les colons espagnols frémirent d’être si peu nombreux au milieu d’une ville indigène certes très diminuée mais tout de même peuplée de quelques dizaines de milliers d’Indiens13. Dans ces conditions, comment expliquer la détermination de Cortés ? Plusieurs considérations entrèrent en ligne de compte, la première, d’ordre symbolique, n’étant pas la moindre.
12La découverte de Cortés, aux yeux du monde, c’est avant tout celle d’une ville exceptionnelle. À tel point que les premières descriptions de la Nouvelle-Espagne se résument à celles de sa capitale, présentée comme une cité éblouissante de beauté, étourdissante d’activités, stupéfiante d’opulence. C’est ainsi que la perçoivent les nouveaux arrivants ; c’est ainsi qu’ils la donnent à voir à leurs correspondants européens14. Pierre Martyr d’Anghiera, qui se fait l’écho des rumeurs circulant à la cour d’Espagne, croit savoir que Cortés a découvert « un lac salé [que l’on pense plus étendu que la mer Caspienne] et au centre de ce lac, une ville dont le nom est Tenustitán [Tenochtitlan] alias México… dont le roi est très puissant15 ». L’empire aztèque est le premier état véritablement organisé que les Espagnols découvrent au Nouveau Monde et, après deux décennies passées dans la Caraïbe, au Mexique, ils entrent en contact avec la première grande civilisation urbaine d’Amérique. Cortés se trouve donc pris au piège de son propre discours : il a promis d’ajouter à la couronne d’Espagne un nouveau joyau urbain, gros de toutes les richesses de son commerce. Il ne peut en définitive offrir au roi une cité détruite et se trouve dans l’obligation de la reconstruire au lendemain de la bataille16.
13Le choix de reconstruire Mexico et d’en faire la capitale des vainqueurs est également destiné à impressionner les populations locales. Il s’agit pour lui de montrer sa maîtrise de la situation, son absolue supériorité, tout en récupérant le capital symbolique d’une cité qui jouissait d’un immense prestige auprès des populations de la région17. De fait la ville espagnole est organisée selon les règles d’un urbanisme monumental – non exempt de démesure – sur le lieu même du centre cérémoniel et politique de la cité préhispanique. Le palais de Cortés est élevé à l’emplacement exact de celui de Montecuhzoma, la première cathédrale est édifiée avec les matériaux du grand temple18. Il est au demeurant possible de retracer l’histoire de ces décisions. Plusieurs témoignages rapportent comment au lendemain de leur victoire les Espagnols furent approchés par un certain nombre d’ambassades indigènes représentantes de groupes jusque-là demeurés à l’écart du conflit. Plusieurs sources rapportent notamment la venue des ambassadeurs du caltzontzin, le chef politique des Purépechas qui, plusieurs fois avaient repoussé les assauts des Aztèques et contrôlaient toujours la partie occidentale de la meseta centrale19. Cortés précise qu’ils avaient aussitôt fait le voyage parce que « cette ville était […] importante et […] renommée dans cette région20 ». Selon une tactique déjà éprouvée, Cortés tira immédiatement parti de la situation pour éblouir les nouveaux venus en étalant la puissance de son armée. Il organisa des joutes, un défilé militaire, fit tirer des salves d’artillerie et leur fit visiter le champ de bataille. L’effet attendu ne manqua pas de se produire : « En voyant la ville ruinée, sa puissance et son retranchement puisqu’elle est entourée d’eau, ils furent plus effrayés21. »
14À cet égard, le choix du site de Mexico par Cortés est aussi le choix rationnel d’un soldat sûr de lui, intrépide et audacieux : il entendait par là occuper une position extrêmement forte, se retrancher dans un site défensif dont il avait pu apprécier les qualités au cours de la bataille. Assuré de la maîtrise des eaux de la lagune que lui donnaient les brigantins construits pour assiéger la ville, confiant en la puissance de ses armes à feu, il pouvait se croire là dans une citadelle inexpugnable. Quand il évoque les travaux de reconstruction en cours, Cortés insiste sur leur adéquation aux impératifs militaires. De cette ville, il annonce qu’« on la fait et la fera de telle manière que les Espagnols y seront parfaitement en sécurité et auront une autorité absolue sur tous les Naturels afin qu’ils ne puissent en être attaqués22 ». De fait, les premiers travaux entrepris concernèrent la construction de l’arsenal destiné à abriter les brigantins ; parallèlement, on s’employait à combler les interruptions des différentes chaussées qui reliaient la ville à la terre ferme afin de faciliter d’éventuelles manœuvres de la cavalerie23. Enfin, lorsqu’il s’agit d’habiter la cité, on veilla à y construire des maisons à terrasse jointives afin de ménager la possibilité d’un repli par les toits le long de la chaussée de Tacuba24. Les qualités naturelles du site dispensaient de recourir à une éventuelle muraille, couteuse en moyens matériels et difficiles à tenir, faute d’hommes en nombre suffisant. Les concurrents et adversaires de Cortés ne s’y trompèrent pas, qui perçurent ce choix comme dirigé contre eux-mêmes ; les officiers du roi eux-mêmes en conçurent peut-être quelque crainte25.
15Ainsi bien des raisons conduisirent Cortés à privilégier la solution consistant à reconstruire la ville sur elle-même. Immédiatement, il y trouva des avantages symboliques, politiques et militaires. Très rapidement s’y ajoutèrent des considérations techniques et même pour certains religieuses. Les eaux de la lagune et la présence de nombreux canaux qui s’enfonçaient jusqu’au cœur de l’espace urbain favorisaient l’approvisionnement de la cité ; la multiplication des églises chrétiennes en ce lieu antérieurement voué à l’adoration du démon manifestait le triomphe de la foi chrétienne. Tenir sa capitale, était-ce pour autant tenir l’empire ?
La mise en œuvre de la translatio imperii ?
16Depuis une dizaine d’années, en Espagne, la légitimité des conquêtes effectuées au détriment des autorités amérindiennes faisait l’objet d’un débat. L’un des moyens les plus sûrs de le clore était d’évoquer une donation volontaire des princes autochtones en faveur des rois d’Espagne26. Cortés, peut être le premier, tenta de donner corps à cette lecture de l’histoire de la conquête en prêtant à Montecohzuma un discours de bienvenue qui allait dans ce sens. L’arrivée de Cortés aurait été perçue par l’empereur aztèque comme le retour d’un dieu, Quetzalcoatl, revenu prendre possession d’un domaine dont il avait été, dans une phase antérieure, injustement dépouillé. Convaincu par l’argumentaire que développa Cortés, Montecohzuma aurait fait acte de soumission aux rois de Castille27. Et il serait allé jusqu’à organiser lui-même le transfert du bénéfice des tributs qui lui étaient versés : « Et tous les tributs que vous me remettiez jusque-là, remettez-les lui », aurait-il demandé à ses sujets28. En réinstallant la capitale du nouveau pouvoir au lieu même de l’ancien, Cortés manifestait concrètement cette continuité et se donnait les moyens matériels de récupérer à son profit le produit des circuits économiques et fiscaux préexistants.
17Quelle efficacité pouvait-on attendre d’une telle démarche ? Selon les sources contemporaines, qu’elles soient espagnoles ou indigènes, la victoire des Espagnols aurait déclenché le défilé des ambassadeurs indigènes et de seigneurs des cités de la région, qu’elles fussent soumises à Montecohzuma ou non. Que venaient-ils faire ? Sur ce point essentiel, les sources divergent. Pour les Espagnols, l’affaire était entendue : les princes des environs venaient tout bonnement faire acte d’allégeance aux nouveaux maîtres29. Ainsi, l’argument de la dévolution du pouvoir aux Espagnols par le dernier maître de l’empire aztèque n’était peut-être pas seulement à l’usage de la cour d’Espagne ; il put également servir, sur place, à faciliter la transition politique. On peut cependant douter de la sincérité de l’analyse produite par les conquistadors et leurs porte-parole car les sources indigènes, quand elles existent, ne confirment pas une telle lecture des faits. La suite des événements conduit pareillement à penser que les choses ne furent pas aussi simples30. Évoquant l’ambassade envoyée à Mexico, la Relación de Michoacán montre des Purépechas plus soucieux d’évaluer la dangerosité d’un éventuel adversaire que de se placer sous la protection des Espagnols31.
18Il n’en est pas moins vrai qu’en reconstruisant Mexico, les conquistadors pouvaient espérer réanimer une capitale économique qui attirait à elle toutes les richesses des provinces voisines. La restauration des flux qui y aboutissaient leur permettait d’envisager leur capture à moindres frais. Il s’agissait en somme de préserver l’économie régionale et d’en tirer le meilleur bénéfice. On comprend, après l’expérience désastreuse des îles de la Caraïbe, tout l’intérêt d’une telle stratégie. C’est probablement ce qui explique l’émerveillement des Espagnols devant la splendeur des marchés de l’ancienne Tenochtitlan32. C’est probablement aussi ce qui justifie l’empressement de Cortés à les faire rouvrir une fois passée la furie des armes. Ce fut fait dès 1524 : « On a retrouvé l’ancienne organisation de ses marchés et de son commerce », déclare-t-il au roi dans un courrier en date du 15 octobre33. Au moins partiellement, les Espagnols sont alors récompensés de leurs efforts car, plus précisément, il apparaît qu’« il y a deux grands marchés des Naturels de la terre, l’un se tient dans la partie de la ville qu’ils habitent, l’autre est là où sont les Espagnols. On y trouve tout ce que la terre peut produire car on y vient vendre de partout34 ». Manquent cependant quelques produits de choix entre-temps disparus : les plumes les plus rares, les joyaux et, bien entendu, les métaux précieux.
19Dès l’époque préhispanique, les biens les plus valorisés échappaient partiellement à l’économie de marché et passaient par le circuit du tribut. Une fois la puissance aztèque abattue, ils n’arrivaient plus jusqu’à Mexico. Il fallut donc aux Espagnols identifier les axes qui irriguaient l’économie et les finances impériales, repérer les zones de production, s’adresser directement aux contributeurs les plus importants : il leur fallait saisir et tenir les régions clés. Ils s’y employèrent immédiatement après la prise de Mexico. Bernal Diaz del Castillo se souvient qu’à ce moment-là, « dans les livres de rentes de Montezuma, nous cherchions d’où venait l’or des tributs, où étaient les mines, le cacao, les draps et nous voulions aller dans ces régions que nous voyions dans les livres35 ». Tout naturellement, à la suite des conquistadors, l’administration royale manifesta le plus vif intérêt pour cette question. Le premier vice-roi du Mexique, Antonio de Mendoza (1535-1550) s’efforça de recueillir des informations précises sur le montant et la nature des anciens tributs. À cet effet, il commanda une enquête auprès des serviteurs encore vivants des derniers empereurs aztèques. Les résultats en furent consignés, selon l’ancienne technique, sur des feuilles couvertes de pictogrammes. Telle est l’origine du document connu comme la Matricula de tributos ou encore celle de la deuxième section du Codex Mendoza36. Au milieu du XVIe siècle encore, le roi ordonnait que l’on enquêtât sur cette matière, formulant une demande qui suscita un certain nombre de travaux de la part des missionnaires, alors les meilleurs connaisseurs des sociétés indigènes37.
20Pourtant la Nouvelle-Espagne, y compris dans les frontières de son gouvernement, était bien loin de se confondre avec l’ancien empire aztèque. Elle n’en reprenait ni les frontières ni l’organisation administrative. De tous les points de vue, la conquête, plus qu’une rupture, fut un bouleversement, mais un bouleversement parfois orienté par des logiques plus anciennes.
21En effet, si presque partout les frontières du gouvernement de la Nouvelle-Espagne débordèrent celles de l’ancien domaine des tlatoani de Mexico, les logiques préhispaniques ne furent pas totalement absentes lors de la constitution de ce nouveau territoire. La première expansion du pouvoir de Mexico fut orientée mais non contrainte par l’ancienne géographie politique. De fait, les Espagnols, qui avaient su jouer des rivalités entre les cités et les groupes préhispaniques au moment de la conquête, furent aussi, dans certaines circonstances, instrumentalisés par leurs alliés : ces derniers profitèrent de leur avantage pour régler d’ancien compte. Ainsi la première expédition après la chute de Tenochtitlan, le 30 octobre 1521, est-elle organisée à la demande d’une cité voisine de Segura de la Frontera alors alliée aux Espagnols, Teotitlán, ensuite connue comme Teotitlán del Camino (carte 2). Teotitlán était longtemps demeurée un poste frontière de l’empire, face aux cités mixtèques de l’Oaxaca38. Sans doute, une bonne partie de celles-ci avaient-elles été soumises par Montecohzuma dans les toutes premières années du XVIe siècle. Mais les Mixtèques acceptaient mal cette domination et la paix était loin d’être assurée. Ainsi, quelques années avant l’arrivée des Espagnols, peut-être en 1509, la cité de Zozollan s’était-elle révoltée et il avait fallu organiser contre elle une vaste expédition punitive. À chaque fois, dans tous ces combats, Teotitlan s’était trouvée en première ligne39. À la suite de l’effondrement de la puissance aztèque, les cités mixtèques retrouvèrent une indépendance de fait, que Teotitlan perçut immédiatement comme un échec qui lui était propre et une menace pour elle. Cette expédition fut à l’origine de la pénétration espagnole en Oaxaca ; elle aboutit à la fondation de la ville d’Antequera et, à terme, à l’intégration de toute cette province au gouvernement de Mexico. On connaît plusieurs développements analogues, à l’instar de celui, tout au nord du Mexique central, de la réunion des cités de Metztitlan et de Tototépec au gouvernement de Mexico. Metztitlan et Tototépec étaient deux enclaves indépendantes aux limites de l’empire aztèque qui entravaient la communication de Mexico avec la Huaxtèque côtière. Peu après leur déroute, de passage dans la région, des Tenochcas, dès lors ralliés aux Espagnols, furent pris à parti par leurs anciens ennemis. Ils harcelèrent leur caravane et les moquèrent pour leur défaite. Aussitôt, les Tenochcas les dénoncèrent auprès des Espagnols comme de dangereux adversaires et une expédition conjointe fut montée qui finalement aboutit à la réduction de ces deux seigneuries40. À l’autre extrémité de l’ancien empire aztèque et sur la côte pacifique, la chefferie de Tututepec connut un sort analogue.

Carte 2 – Mexico, capitale de la Nouvelle-Espagne. Source : Thomas Calvo, L’Amérique ibérique de 1570 à 1910, Nathan, 1994.
22Cette fois la dénonciation vint de leurs voisins et ennemis de toujours, les Zapotèques de Tehuantepec qui demandèrent l’intervention des Espagnols, invoquant l’intérêt stratégique de la région, une des portes de la mer du Sud et un passage obligé vers le Soconusco, région productrice de cacao. Pour faire bon poids, ils présentèrent Tututepec comme une région riche en or, un argument dont on avait maintes fois pu vérifier l’efficacité auprès des Espagnols. Cette fois encore l’opération réussit parfaitement41. Ce type de logique joua durablement, au-delà de la phase de conquête proprement dite. Ainsi, progressivement, à partir de 1531, la région de Querétaro, appelée à jouer un rôle essentiel sur la route des mines du Nord du Mexique, fut-elle progressivement investie par les Otomis de Xilotepec. Forts de leur intégration à la Nouvelle-Espagne, s’avançant vers le nordouest, les Otomis, s’appuyant sur leur nouvel allié européen, réduisirent la menace que les Pames faisaient peser sur leurs propres terres42.
23Pourtant, à elles seules, ces stratégies indigènes n’expliquent pas entièrement le dynamisme de l’expansion du nouveau centre de pouvoir espagnol. La configuration du gouvernement de la Nouvelle-Espagne est aussi l’héritage des visées impérialistes et de la vision géopolitique de Cortés. Trois expéditions au moins, lancées vers le nord-est, l’est et le sud-est, relèvent de cette seconde logique. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’intégration du pays huaxtèque au gouvernement de Mexico. Cette lointaine région, coincée entre le fleuve Pánuco et le rivage du golfe du Mexique n’appartenait pas à l’aire d’influence aztèque et nul n’y appela les Espagnols. Pourtant, dès qu’il en eut le loisir, Cortés s’empressa d’y envoyer ses hommes sous la conduite de Vicente López et d’un certain Castañeda puis, dès la fin de l’année 1522, lui-même s’y porta. Entre la prise de l’ancienne Tenochtitlan et son départ pour le Honduras, c’est la seule fois qu’il quitta Mexico. Pourquoi un tel intérêt ? C’est que la région était revendiquée par un concurrent, le gouverneur de la Jamaïque Francisco de Garay, qui y avait envoyé des hommes dès 1519 et tentait désormais d’y prendre pied, dûment investi du titre officiel d’adelantado. Les premières tentatives de Garay avaient été des échecs mais en 1523, « la nouvelle était arrivée qu’on venait de l’île de la Jamaïque avec une grande armada43 », en fait onze navires et près d’un millier d’hommes. Cortés entendait tuer dans l’œuf la possible naissance d’une principauté rivale qui eut limité son pouvoir et hypothéqué l’extension de son propre gouvernement. Il y parvint aisément.
24Moins dramatique, l’expédition de Coatzacoalcos obéit pareillement à des préoccupations d’ordre stratégique, non point politique mais technique cette fois. Il s’agissait de tenir sur la côte du golfe une région remarquée lors des explorations maritimes de 1518 et 1519 pour le grand nombre de ses estuaires. Sur cette côte où les bons ports étaient rares, on espérait pouvoir trouver de précieux abris. Il y avait là, en tout état de cause, de possibles refuges qu’il ne fallait pas laisser à d’éventuels concurrents44. Quant aux raisons qui poussèrent le conquérant du Mexique à lancer Pedro de Alvarado vers le Guatemala, nul n’en faisait mystère et en la circonstance, Cortés lui-même dévoila son jeu : il s’agissait de se porter vers des territoires indigènes réputés pour leur richesse avant que d’autres, venus d’ailleurs, ne les investissent. Très précisément, Cortés redoutait la remontée vers le nord des hommes de l’expédition de Pedro Arias de Avila qui avait pris pied dans la région de l’isthme de Panama45. Plus emphatique, ou plus lucide, Bernal Díaz del Castillo, qui participa à cette expédition, discerne même dans l’entreprise de Cortés la mise en œuvre d’un projet franchement impérialiste46.
25Mais Cortés voyait beaucoup plus loin. S’il entendait bien écarter tous ses concurrents et saisir l’espace le plus large, il rêvait aussi – et surtout – de la Chine et de son fabuleux commerce. Ce tropisme explique son intérêt pour les régions occidentales du Mexique central. Ainsi, très tôt, avait-il conçu les trois expéditions du Michoacán et au-delà de Colima et de Zacatula, régions qui lui avaient été présentées à Mexico même comme autant de portes de la « mer du Sud ». Rapidement il en fit prendre possession au nom du roi et dès le printemps 1522, il faisait construire des navires à Zacatula47. Cet intérêt pour l’Orient explique aussi l’envoi de Cristobal de Olid en direction du Honduras et finalement son incroyable expédition sur les traces du capitaine qui entre-temps s’était rebellé contre lui. En effet, depuis 1518 et une méprise du pilote Alaminos, on croyait à l’existence d’un passage vers le Pacifique à la hauteur de la baie de l’Assomption, sur la côte orientale du Yucatan48.
26La ville de Mexico tirait son dynamisme de celui des conquistadors qui s’y étaient établis. Au-delà des anciennes franges de l’empire aztèque, son autorité s’étendit aussi loin que les nouveaux maîtres se laissèrent porter par leurs chevaux et leurs ambitions, mais pas toujours de façon durable il est vrai puisque les régions situées au-delà de l’isthme de Tehuantepec, géographiquement mal reliées au reste du pays, furent très vite placées en dehors du gouvernement de Mexico49. La concurrence d’autres centres de pouvoir, à l’instar de Guadalajara ou de Guatemala, la volonté de la Couronne, peu encline de voir s’affirmer des puissances locales trop encombrantes, finirent par mettre un terme à l’aventure. Au demeurant, à l’intérieur de ce qui ne fut au lendemain de la conquête qu’une aire d’influence, l’autorité de la ville-capitale était totalement à reconstruire : elle le fut, au terme de quelques années, sur des bases entièrement nouvelles. L’ancienne Tenochtitlan, en effet, était une ville démesurée, entièrement dépendante de son environnement : prédatrice, elle vivait de l’exploitation des territoires voisins. Elle leur imposait ses prélèvements fiscaux et captait une large part de leur commerce. Politiquement, l’empire était un vaste patchwork, un assemblage hétéroclite de cités soumises et de cités alliées, de portions de territoires contrôlés et d’autres dépendants. Mexico elle-même partageait la charge et le profit de cette domination avec deux autres villes du hautplateau, Tacuba et Texcoco50. Toute cette construction s’effondra en 1521 et les anciennes relations de dépendance, largement ignorées des Espagnols, ne survécurent pas plus longtemps. Au cours des années qui suivirent la conquête, la ville relâcha l’emprise qu’elle exerçait sur son environnement. La plus solide des nouvelles institutions mises en place par les Espagnols, l’encomienda, ne faisait pas de Mexico la capitale régionale puisque la moitié des encomenderos fixèrent leur résidence en d’autres endroits. Il fallut attendre les années 1530 et la progressive mise en place des institutions royales pour que l’ancienne capitale aztèque reprenne la main51.
27Assurément, il serait absurde de postuler quelque continuité que ce soit entre l’ancien empire aztèque et le gouvernement de la Nouvelle-Espagne. Toutefois, comme on l’a vu, sans être la continuatrice de Tenochtitlan, Mexico construisit son propre rayonnement à partir de ses legs et de ses vestiges ; en ce sens, elle garda son empreinte et recueillit sa mémoire. De fait, les élites urbaines de la ville revendiquèrent toujours pour elles-mêmes l’enracinement de leur cité dans le passé préhispanique le plus lointain, l’ancienneté apparaissant naturellement comme une preuve de noblesse. Ce poncif autour duquel les patriotes créoles brodèrent à l’infini tout au long de l’âge baroque fut convoqué dès les premières heures de la ville espagnole. Ainsi, en 1538, dans une pétition adressée au Conseil des Indes, le corps de ville réclama-t-il la délimitation d’un territoire soumis à sa juridiction en invoquant le statut de capitale de la ville et son ancienneté. N’était-elle pas « la meilleure, la plus grande et la plus importante [des cités] de cette Nouvelle-Espagne, la plus peuplée, le chef-lieu de toute la Nouvelle-Espagne, ce qu’elle était déjà au temps des Indiens52 » ?
28Près de trois siècles plus tard encore, quand le Mexique fraîchement indépendant chercha à se donner une identité qui le singularisât au sein des nations, les élites de Mexico le présentèrent comme l’héritier de l’empire aztèque. En l’occurrence, on le voit, les continuités institutionnelles et géographiques importent peu. La valeur la plus importante de la ville-capitale, c’est son capital symbolique : l’ancienneté de son histoire, son prestige, sa renommée, son nom.
Notes de bas de page
1 Bernand C. et Gruzinski S., De l’idolâtrie. Une archéologie des sciences religieuses, Paris, Le Seuil, 1988, p. 6.
2 Las cortès virreinales de la monarquia española, éd. F. Cantù, Rome, 2008.
3 « Ces provinces sont absolument toutes la propriété du roi (que Dieu le garde) car, bien qu’il en aille de même partout, ici c’est encore plus vrai qu’ailleurs : le roi est le seul maître et il est un maître absolu de toutes les terres, des eaux, des bois, des lieux comme des vassaux et des rentes. » Lettre du vice-roi Alburquerque à l’évêque Zaga de Bugueiro (1656), dans Archivo Histórico de la Casa Ducal de Alburquerque, 21-2, exp. 24, s. n. Le seul señorío de Nouvelle-Espagne fut longtemps le marquisat concédé à Cortés.
4 Fernández de Oviedo G., Historia general y natural de las Indias, Madrid, Atlas, vol. IV, 1959, p. 154. Bernal Díaz del Castillo, plus précis parle de 84 personnes. Díaz del Castillo D., op. cit., p. 377.
5 Cortés H., Cartas, Mexico, Porrûa, 1992, p. 162.
6 Anales de Tlatelolco, dans Anales de Tlateloco. Unos annales históricos de la nación mexicana y Códice de Tlatelolco, Mexico, Porrúa, 1980, p. 75.
7 Cortés H., op. cit., p. 165.
8 À l’époque préhispanique, Mexico est plus souvent désignée sous son autre nom, Tenochtitlan, un nom que les Espagnols avaient du mal à retenir et à prononcer. Souvent appelée Tenochtitlan-Mexico dans le deuxième quart du XVIe siècle, la cité est tout simplement nommée Mexico par la suite.
9 La bibliographie sur cette question est désormais importante. Pour une approche rapide, on consultera avec profit le dossier « El imperio de la Triple Alianza en el siglo XXI », publié dans Revista española de antropología americana, no 37-2, 2007, p. 81-233 et notamment l’article introductif de Rojas J. L. et Smith M. E. (« El imperio de la triple alianza [Tenochtitlan, Texcoco et Tlacopan] en el siglo XXI », p. 81-97) où l’on trouvera un rapide survol du débat historiographique.
10 Alors qu’il progressait vers la capitale aztèque, Cortés demanda à un seigneur de l’altiplano s’il était vassal de Montecohzuma. Son interlocuteur lui retourna sa question : « Qui n’est pas vassal de Montecohzuma ? » (Cortés H., op. cit., p. 35).
11 Fernández De Oviedo G., op. cit., vol. 4, p. 156.
12 C’est ce qu’affirme Vázquez de Tapia interrogé lors du jugement de résidence qui suivit. Voir Documentos cortesianos, éd. Martinez, 1991, vol. 2, p. 40.
13 Voir la délibération du corps de ville de Mexico en date du 26 mai 1524 dans Actas de cabildo de la ciudad de México, éd. Ignacio Bejarano, Mexico, Municipio Libre, 1889, vol. 1, p. 12. On estime que la ville comptait autour de 175 000 habitants lors de l’arrivée des Espagnols. Elle en aurait eu une trentaine de milliers après sa reconstruction dont deux à trois mille Espagnols sans doute. MatosMoctezuma E., Tenochtitlan, Mexico, Colegio de Mexico et Fondo de Cultura Económica (FCE), 2008, p. 117, et Bennassar B., Cortés, le conquérant de l’impossible, Paris, Payot, 2001, p. 120.
14 Díaz Del Castillo B., Historia verdadera de la conquista de la Nueva España, Mexico, Porrúa, 1983, p. 171 sq., et Cortés H., op. cit., p. 62-68.
15 Anglería P. M. de, Epistolario, Madrid, Góngora, 1957, vol. 4, p. 143.
16 Bennassar B., op. cit., p. 116-121.
17 « Considérant la renommée de la ville de Temixtitan et l’ancienneté de son crédit, il nous a semblé qu’il serait bon que nous la repeuplions… » déclare H. Cortés (Ibid., p. 165).
18 Lafragua J. M. et Orozco y Berra M., La ciudad de México, Mexico, Porrúa, 1987, p. 40.
19 Voir par exemple Fernández De Oviedo G., op. cit., vol. IV, p. 153.
20 Cortés H., op. cit., p. 163.
21 Ibid., p. 166.
22 Ibid., p. 165.
23 À l’époque préhispanique, ces chaussées étaient coupées en différents points afin de permettre la circulation des eaux de la lagune et le passage des canoës. Les interruptions étaient enjambées par des ponts mobiles pour la circulation terrestre.
24 Díaz del Castillo B., op. cit., p. 374 et Cervantes de Salazar F., México en 1554 : tres diálogos latinos, Mexico, UNAM, 2001.
25 Documentos cortesianos, op. cit., vol. 2, p. 40.
26 Díaz del Castillo B., op. cit., p. 197-198.
27 Cortés H., op. cit., p. 52 et Gonzalao Fernández de Oviedo, op. cit., vol. IV, p. 32 et 41.
28 Fernández de Oviedo G., op. cit., vol. IV, p. 41.
29 Diaz del Castillo B., op. cit., p. 378.
30 Anghiera P. M., Décadas del Nuevo Mundo, Madrid, Polifemo, 1989, p. 498.
31 Relation de Michoacan, version et présentation de J. M. G. Le Clézio, Paris, Gallimard, 1984, p. 274-277.
32 Cortés H., op. cit., p. 66.
33 Ibid., p. 196.
34 Ibid., p. 197.
35 Díaz del Castillo B., op. cit., p. 378.
36 Voir Matricula de tributos. Nuevos estudios, Mexico, Secretaría de Hacienda y Crédito Público, 1987 et The Codex Mendoza, éd. Frances F. Berdan et Patricia Rieff Anawalt, Berkeley, University of California Press, 1992, 4 vol.
37 Baudot G., Utopía e historia en México. Los primeros cronistas de la civilización mexicana (1520-1569), Madrid, Espasa-Calpe, 1983, p. 438.
38 « Relación geográfica de Teotitlan (1581) », dans Relaciones geográficas del siglo XVI : Antequera, éd. René Acuña, Mexico, UNAM, 1984, vol. 2, p. 198 et 202.
39 Ross H., Aztec Warfare. Imperial expansion and political control, Norman/Londres, University of Oklahoma Press, 1988, p. 229-230.
40 Cortés H., op. cit., p. 177-178; Díaz del Castillo B., op. cit., p. 385.
41 Díaz del Castillo B., op. cit., p. 396.
42 García Ugarte M. E., Breve historia de Querétaro, Mexico, Colegio de Mexico et FCE, 1999, p. 39-45.
43 Díaz del Castillo B., op. cit., p. 377 et 381-382 ; sur cette guerre, voir le récit détaillé de López de Gómara F., Historia de la conquista de México, Mexico, Porrúa, 1988, p. 214-220.
44 Díaz del Castillo B., op. cit., p. 200-202 et Cortés H., op. cit., p. 175.
45 Cortés H., op. cit., p. 184.
46 Évoquant ce projet, Bernal Diaz déclare que « Cortés avait toujours eu des idées très élevées et, pour ce qui est de l’ambition de commander et de gouverner, il entendait imiter Alexandre de Macédoine » (Díaz Del Castillo B., op. cit., p. 410).
47 León-Portilla M., Hernán Cortés y la mar del Sur, Madrid, Algaba, 2005, p. 40-42.
48 Cortés H., op. cit., p. 184 et Fernández de Oviedo G., op. cit., vol. 2, p. 131. Sur ce point, voir Ragon P., « L’île du Yucatan : routes maritimes, rivages fabuleux et itinéraires de l’imaginaire », Mappemonde, no 3, 1991, p. 1-7.
49 Pour passer de Mexico au Yucatan, seule la route maritime est praticable ; à partir de Mexico, pour atteindre le Guatemala, il faut entreprendre un long voyage terrestre à travers l’Oaxaca puis le long des côtes du Pacifique.
50 Sur ce point, voir Carrasco P., Estructura política-territorial del Imperio tenochca. La triple alianza de Tenochtitlan, Tetzcoco y Tlacopan, Mexico, Colegio de Mexico et FCE, 1995.
51 Himmerich y Valencia Robert, The encomenderos of New Spain, 1521-1555, Austin, University of Texas Press, 1996, p. 53, et Gerhard P., Geografía histórica de la Nueva Espana (1519-1821), Mexico, UNAM, 1986, p. 10-17.
52 Actas de cabildo de la ciudad de México, op. cit., vol. 4, p. 144.
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