Choisir une capitale
p. 99-102
Texte intégral
1Après avoir interrogé les fonctions des capitales ancestrales, une autre approche considère maintenant les capitales créées à la Renaissance, soit ex nihilo, soit à partir de villes existantes mais jusqu’alors dépourvues de ce titre. Le cas le plus célèbre de la Renaissance est Madrid, choisie par la volonté du roi, parce que située au centre de la péninsule et dépourvue de fonctions et de dignité de capitale, à la différence de bien des cités composant la monarchie composite ibérique et qui avaient été le caput regni de Valence, Navarre, Castille… Le choix de la nouvelle capitale n’incombe cependant pas toujours au monarque. Au Mexique, c’est le conquistador, Hernan Cortès qui décide d’établir la capitale de ce nouvel ensemble territorial sur les ruines de la capitale aztèque. En Pologne, l’union de Lublin qui établit un nouvel ensemble politique composé de la Pologne et du duché de Lituanie décide que les diètes se réuniront désormais non dans les métropoles des deux états, Vilnius ou Cracovie, mais dans une autre cité, Varsovie. La résidence du roi, établie à partir de 1611 ravale Cracovie à sa fonction de capitale cérémonielle assurant le couronnement et l’inhumation des princes.
2Dans le choix d’une capitale, la position géographique centrale n’est pas toujours déterminante, mais les questions de sécurité jouent aussi. Vilnius a connu un essor important lorsqu’il fallut protéger la couronne polonaise contre les Russes. Mexico est certes au cœur d’un ancien réseau de collecte et d’approvisionnement, mais est aussi retenue pour sa position quasi insulaire, qui en fait une ville facile à défendre.
3Toutefois, en même temps que le prince semble faire de la capitale sa création, il est aussi soucieux de faire de celle-ci la réminiscence d’une autre. Comme si l’imitation et la tradition devaient toujours accompagner l’acte créateur inaugural. À Mexico, le choix de Cortès vise à assumer l’héritage aztèque et la translatio imperii en établissant le palais et la cathédrale sur les ruines du palais de Montecuhzoma et du temple païen. Moscou, qui devient capitale religieuse et politique vers 1480 revendique par les rituels monarchiques alors élaborés et les légendes diffusées une triple filiation avec Rome, Byzance et la Russie kiévienne. La tabula rasa n’est donc pas revendiquée à la différence plus tard de la fondation de Saint-Pétersbourg, qui veut faire l’économie de la filiation moscovite et byzantine mais revendique cependant celle de Kiev et de Rome. La capitale de la Renaissance, même lorsqu’elle est une promotion ou une création nouvelle ne revendique pas comme certaines capitales contemporaines d’être sans passé ni sans modèle.
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