Florence cité dominante : les historiens et le problème de la capitale
p. 85-97
Texte intégral
1Dans le débat que les historiens ont engagé depuis quelques années sur l’idée de capitale, le cas de Florence occupe une place à part1. Le sens commun des valeurs culturelles et une certaine forme de banalisation du rapport à la Renaissance florentine donnent à penser que le statut de capitale s’applique à la cité de l’Arno sur le registre de l’évidence partagée. Or, il suffit de parcourir rapidement les recherches disponibles et les travaux les plus accessibles en italien ou en anglais pour se convaincre que Florence est volontiers pensée sous d’autres concepts et avec d’autres modèles que celui de capitale : des formulations comme ville dominante, città dominante, città principale, ruling city qui sont courantes, renvoient à la pérennité séculaire de la dimension citadine de l’expérience historique de Florence, mais aussi et surtout à la possession d’un domaine territorial, à un espace régional assujetti – approximativement une Toscane des Florentins – c’està-dire à des rapports de domination entretenus avec d’autres communautés. La référence à l’idée de capitale n’est évidemment pas absente des travaux, et elle s’associe pour le début de la période moderne avec la naissance et le développement du principat médicéen et du grand-duché de Toscane2. Mais, reconnaissons-le tout de suite, parler de Florence comme capitale des Médicis a souvent été une simple commodité d’usage par assimilation avec les autres États de la première modernité. La dualité Florence-Toscane est un outil explicatif beaucoup moins invoqué que le rapport cité dominante et communautés sujettes, qui reste un schéma d’analyse puissant. Un constat identique s’impose si l’on interroge le concept de capitale en termes d’histoire urbaine : rares sont encore aujourd’hui les travaux qui abordent l’étude des phénomènes urbains ou des structures sociales à partir d’une réflexion sur la dynamique de capitale3. Dans un champ historiographique de la Toscane moderne d’une étonnante richesse en matière politique et culturelle, comme le montre la production fortement renouvelée des dix dernières années, le choix qui contourne intellectuellement la notion de capitale n’est pas accidentel et il mérite d’être explicité4. En effet, le problème renvoie ici à deux types de difficultés. On songe d’abord aux modèles d’interprétation des espaces assujettis par la cité florentine : s’il est vrai qu’il est constitutif de notre expérience de la modernité qu’un territoire ait une capitale exerçant sur lui un pouvoir de commandement, le cas florentin, celui d’une cité dominante, invite à redéfinir le modèle étatique qu’il suppose. D’autre part, le deuxième enjeu de la question de la capitale réside dans l’installation de la monarchie médicéenne à Florence au début du XVIe siècle : du coup, on s’interrogera sur les signes de la capitalité d’une ville comme Florence, qui demeure avant tout, y compris à l’aube du principat médicéen, la città principale d’un État citadin.
Florence, cité dominante : une autre centralité
2Le processus de formation étatique d’une cité qui s’est emparée d’une domination d’ampleur régionale est bien connu pour Florence dans ses principales étapes : elles conduisent la commune au-delà de la maîtrise et de la consolidation de son contado entamées au XIIIe siècle vers une dynamique d’expansion territoriale qui ne fut ni continue, ni linéaire. En simplifiant à l’excès, on peut rappeler qu’après avoir dépassé les limites de son contado, elle atteint de petites villes moyennes proches (Pescia en 1339, Prato en 1350, San Gimigniano en 1351, San Miniato en 1370, etc.). Dans la deuxième moitié du XIVe siècle, et surtout après 1380, elle s’en prend à des cités voisines, authentiques civitates, au sens plein de sièges d’évêché : Pistoia en 1351, Volterra en 1361, Arezzo en 1384 ; Pise est conquise en 1406. Florence acquiert Cortona en 1411. Des bourgades comme Castrocarro, le port de Livourne en 1421 et de nombreuses localités mineures viennent prendre place dans cette configuration. Si l’on se place dans la deuxième moitié du XVe siècle, le domaine de Florence recouvre une superficie d’environ 12 000 km2 (soit un triplement par rapport au contado florentin d’environ 4 000 km2)5. Revisité à partir de la décennie 1970-80 autour de la notion d’État régional, la question du dépassement du cadre communal ne se limitait pas à une extension spatiale, mais elle impliquait une réflexion sur les liens complexes entre centre et périphérie et autorisait des comparaisons fortes avec le Milanais ou la Terre-Ferme vénitienne6. Penser Florence comme capitale renvoie à la formation d’un espace économique entre le XIIIe et le XVIe siècles, un espace dont le sens s’intégrait à une histoire longue de la péninsule largement accréditée alors dans l’historiographie italienne et française7. Pour les historiens qui travaillaient sur la pénétration de la propriété florentine dans les campagnes pisanes, sur les secteurs manufacturiers de la laine et de la soie, ou sur le marché des grains, il était envisageable de saisir un parallèle entre construction d’un État régional et formation d’une économie régionale dont Florence était le pôle central voire hégémo8. Au même moment, l’histoire du peuplement et de l’urbanisation insistait sur les transformations, les crises et les adaptations que connaissait la Toscane entre le XIVe et le XVIe siècles : avec un réseau polycentrique, formé autour d’une ancienne ville-géante de plus de 100 000 habitants, devenue dans la nouvelle configuration urbaine du XVIe siècle une capitale redimensionnée autour de 60 000 à 70 000 habitants9.
3Florence a donc pu être pensée comme capitale ou plutôt comme métropole d’un État régional selon des logiques qui associaient dans un cadre géographique cohérent, la puissance économique, le poids des hommes et la capacité à s’affirmer comme centre politique majeur. Or, on doit bien constater que l’interprétation de la cité dominante s’est déplacée, non seulement parce que l’accent a été mis davantage sur l’État territorial et sa formation, mais aussi parce que les historiens italiens et anglo-saxons nous incitent à le regarder autrement dans une série de travaux achevés dans les années 1990-2000, dont on ne retiendra ici très arbitrairement que quelques éléments10. La logique de fond des Florentins dans leur rapport aux espaces conquis, assujettis ou exploités, réside beaucoup moins dans l’administration d’un État que dans la conservation politique d’un dominio qui n’est ni unitaire, ni unifiant. En effet, le domaine florentin est une mosaïque résultant de l’agrégation d’entités de taille et de statut très différents (des cités, des centres urbains mineurs, des communautés rurales) tenus ensemble par des accords contractuels. De cette diversité fondatrice témoignent les pactes d’assujettissement et les rapports négociés qui englobent en permanence de multiples aspects (juridiques, fiscaux, militaires, territoriaux, etc.). Le fonctionnement de ce système s’accompagne de la capacité législative maintenue des cités sujettes en matière de statuts, source d’un droit local appliqué, réformé, encouragé sous le contrôle vigilant de Florence. Une telle pluralité n’est pas contredite par les juridictions mises en place vigoureusement par les Florentins ou par le maillage, parfois serré, de ses officiers territoriaux, qui sont des citoyens éminents (accompagnés de juristes et de notaires) que la dominante envoie siéger dans les communautés sujettes11. Ces recteurs y exercent, en vertu des conventions passées, des droits de justice (criminelle ou civile), des attributions administratives, et ils participent à des opérations politiques locales ; mais l’essentiel est peut-être ailleurs, en particulier, dans le rôle permanent de médiation qu’ils entretiennent par de l’arbitrage ou des solutions transactionnelles visant à garantir la paix et la conservation stable du dominio. Les relations concrètes, bien qu’inégales et déséquilibrées, entre les membres de la classe dirigeante florentine et une partie des élites sujettes montrent l’attention accordée à une reconnaissance réciproque qui passe entre autres par des liens clientélaires12. En résumé, l’interprétation du schéma étatique florentin s’est déplacée vers un modèle dont l’ordonnancement serait plutôt de type fédéré : un État de cités et de communautés fait de relations asymétriques et qui n’obéit à aucun projet unitaire. Si on suit cette vision du stato fiorentino, il faut admettre que Florence s’est préoccupée du maintien de sa domination – en termes politiques et militaires – et des délicats mécanismes du consensus territorial, non de l’intégration de ses composantes ou de l’assimilation dans une entité commune.
4On saisit par là toute la difficulté qu’il y aurait à identifier sans précaution critique une capitale ou un même un projet de capitale dans une telle formation territoriale. D’abord parce qu’on ne peut pas déceler un lien de dépendance uniforme envers Florence, ni d’expression réelle de conscience collective toscane ; ensuite parce que le Stato Fiorentino, du point de vue qui nous occupe, c’est d’abord la cité florentine et ses projections sur le territoire ; enfin, parce que la légitimité fondamentale ne réside pas dans une capitale auto-proclamée, mais dans la reconnaissance réciproque qu’entretiennent les communautés soumises et la classe dirigeante florentine autour d’un ensemble de pratiques de négociation, d’arbitrage et de tutelle. Dès lors, il s’agit moins de diagnostiquer une souveraineté inachevée ou l’incapacité à instaurer une authentique capitale que de comprendre la cité dominante dans d’autres termes que ceux de la centralisation imparfaite du commandement ou de l’élaboration difficile d’une identité déduite de l’impérialisme florentin, identité collective qui n’existe que sur le registre du virtuel13. Lorsqu’on examine le rôle des Médicis dans la seconde moitié du XVe siècle en direction du dominio, on constate que notamment à l’époque de Laurent le Magnifique, leur capacité d’action politique passe par des liens de patronage entretenus avec les communautés à travers des réseaux épistolaires bi-latéraux : ils ont pour enjeux des pressions clientélaires visant des charges locales, des interventions auprès des recteurs sur des causes judiciaires, des médiations sur des matières contentieuses relevant des magistratures florentines, ou encore des arbitrages de conflits locaux14. De ce point de vue, les Médicis n’ont pas capté ou détourné la souveraineté territoriale d’une capitale : ils ont déployé – en fonction de leurs intérêts et avec des résultats inégaux – une capacité parallèle de médiation des affaires des communautés, en vue de conserver l’équilibre négocié du territoire et de former sur eux et sur leurs interventions une forme de consensus des sujets, opération délicate dans laquelle ils ont parfois cruellement échoué, en accentuant les tensions et les crises. Quoi qu’il en soit de ces différentes hypothèses de lectures de l’État florentin, il est clair que le modèle de la civitas et de la domination territoriale qu’elle instaure doit être pris en compte selon sa propre rationalité, et à ce titre la cité dominante n’est pas la forme étatiquement faible de la ville-capitale des États monarchiques.
La domination territoriale de la république au principat : continuité et renforcement
5Il convient de rappeler que la position de cité dominante qu’assume Florence – sous des régimes de forme républicaine ou sous le système politique médicéen – doit prendre en compte des phénomènes de crises territoriales. La crise du domaine florentin entre 1494 et 1512, la désagrégation du territoire pendant le siège de 1529-1530, ou encore les troubles qui accompagnent les débuts du principat de Côme Ier en 1537 sont une autre manière de poser des questions qui ne relèvent pas seulement des fonctions de commandement d’une capitale. En effet, le phénomène de la crise du domaine ne se réduit pas au dessaisissement des périphéries par une capitale isolée dans un contexte d’invasion, de rébellion et de sécession ; elle est plutôt le signe du démantèlement bi-latéral de la logique de négociation qui surplombe en permanence l’État florentin et fonde la coexistence territoriale. Sans chercher à analyser la perception que les Florentins ont eue de ces crises, on rappellera à la suite de travaux récents que la conscience de l’articulation difficile entre città et stato n’est pas absente des grands textes classiques de l’historiographie florentine du XVIe siècle, qu’il s’agisse de Machiavel, de Francesco Guicciardini, ou des historiens du principat (Benedetto Varchi, Giovan Battista Adriani, Scipione Ammirato)15. Alors que ces textes appartiennent à un genre narratif florentino-centrique, où les villes sujettes occupent une place secondaire voire marginale, on y retrouve l’écho des enjeux de la puissance régionale de Florence : les fondations violentes de sa domination, l’opposition radicale des intérêts de la cité et de ceux des sujets, le défipermanent que représente la soumission d’anciennes cités libres, la difficile conservation du domaine dans le contexte des guerres d’Italie16.
6En tenant compte d’une part de la rupture que représente la fondation de la monarchie médicéenne (d’abord avec l’installation d’Alexandre de Médicis à la tête de la République en 1532, puis avec l’élection de son successeur Côme Ier en 1537) et d’autre part des prolongements de cette autorité ducale dans des fonctions et des charges techniques nouvelles au sein des organes traditionnels et des magistratures, l’émergence d’une capitale florentine, centre de décision politique et siège d’une réorganisation administrative, pouvait prendre sens par rapport aux courants attachés à une conception forte de l’État moderne, identifiant le principat à une monarchie absolue appuyée sur une bureaucratie centralisée. Ce sont certains des éléments de ce modèle que l’on trouvait au début du XXe siècle chez un respectable historien des institutions comme A. Anzilotti, ou dans l’ouvrage classique sur l’histoire de la pensée politique florentine par R. von Albertini, et dont on percevait les échos chez un excellent spécialiste des archives médicéennes comme A. d’Addario17. L’hypothèse sous-jacente était que la stabilisation d’un nouveau pouvoir central fort correspondait à la résolution des crises internes de la cité républicaine, mais aussi à une volonté de rééquilibrage entre une capitale et des composantes territoriales. Dépassant les anciens égoïsmes du patriciat florentin, le gouvernement central du duc aurait pris en charge un rapport plus équilibré entre Florence et son dominio ; il le ferait autoritairement et avec des principes tendant à l’homogénéisation administrative, la régularisation des procédures et à une certaine forme de rationalité étatique. Dans une perspective différente, c’est chez un historien des structures sociales du pouvoir comme R. Burr Litchfield, un historien attentif à l’émergence précoce d’une bureaucratie, reconquise ensuite par la noblesse florentine du XVIIe siècle, que se formule le plus franchement l’affirmation de la « capitale ducale » comme caractéristique des transformations urbaines de Florence entre 1530 et 163018.
7L’existence d’un projet centralisateur médicéen, indexé sur le développement quantifiable d’une bureaucratie associée à un État moderne en formation, dont Florence serait la capitale montante, est depuis longtemps un schéma interprétatif délaissé. D’abord parce que les historiens du principat ont su regarder l’espace politique de la Toscane non comme un État d’offices, mais comme un système de pouvoirs d’ampleur régionale qui se saisit dans les périphéries mieux que dans le centre, et où l’autorité forte du duc coexiste avec la pluralité des droits des communautés sujettes19. Ensuite parce que dégagés de la référence à la formation de l’État moderne, certains travaux soulignent avec force la continuité qui existe sur une période longue entre la civitas et le princeps dans le rapport juridico-administratif aux commu20. Si l’on prend le cas des Nove Conservatori della Giurisdizione en charge de ces questions et de ces contentieux, le fondement juridique sur lequel s’appuient les magistrats, la véritable base de la décision des magistrats florentins demeure la capacité d’arbitrage et l’exercice de la tutelle d’une civitas dominans. Si l’on admet que le Stato fiorentino est une association de coexistence politique où les communautés conservent une large part d’auto-administration, tout le langage juridique, tout le matériel conceptuel de règlement des contentieux, tout l’édifice des représentations collectives fait du prince le dépositaire d’une tutelle, qui est une stricte émanation des prérogatives de la cité florentine. Le duc de Florence ne serait donc pas dans la position équivalente à celle d’un prince territorial construisant le monopole d’une capitale à la tête d’un regnum, mais il apparaîtrait bien davantage comme le souverain d’un État de matrice citadine, dont la puissance tutélaire vise à maintenir la coexistence des communautés.
8On aurait tort de sous-évaluer les effets que le paternalisme autoritaire du duc de Florence peut tirer de la subrogation des droits de la cité dominante et même de la pluralité persistante des pouvoirs. Ses moyens d’action sont nombreux : une capacité intrusive dans les normes d’organisation de la vie politique locale et de leurs oligarchies inamovibles ; une supervision continue des affaires décidées localement en conseil à travers le réseau des cancellieri dei Nove, des notaires-secrétaires nommés ; un renforcement du gouvernement par suppliques (intensifiant la remontée des mémoriaux et des demandes de grâce) ; une autorité décisionnelle mais aussi transactionnelle qui joue sur différentes médiations (les ambassades à Florence, les circuits de correspondance ducale et les relais clientélaires agissant au centre comme dans les périphéries). Le modèle juridico-politique de la cité dominante, assumé par la figure institutionnelle du prince n’enferme pas le duc de Florence dans l’immobilisme : tout indique plutôt qu’avec un souverain autoritaire comme Côme Ier le pacte fondamental qui fait tenir ensemble Florence, ses élites et ses sujets a été durablement enraciné. Cette stabilité même est la réponse à l’absence d’un dualisme classique entre capitale et duché.
Les usages médicéens de la capitalité : Florence città principale
9S’il est bien entendu que, sous la dynastie des premiers Médicis, Florence n’est pas au dominio fiorentino ce que Naples est au royaume, ou Turin au duché, en revanche, les signes de la primauté de la cité principale et ce que l’on pourrait appeler les marqueurs de la capitalité se sont diversifiés et multipliés avec le principat. On associe volontiers la notion de capitale au geste fondateur d’un souverain ou d’une dynastie qui l’a choisie dans un passé proche ou dans l’obscurité des temps immémoriaux. Florence n’a pas été choisie comme capitale. Elle impose d’elle-même sa propre légitimité historique à la figure institutionnelle du prince qui en est partiellement l’émanation. Cependant, si on devait retenir malgré tout un acte fondateur, un geste ayant un sens explicite d’assignation qui scelle le lien entre le prince et sa ville, alors il faudrait examiner d’abord la construction de la forteresse sous Alexandre de Médicis (juillet 1534-décembre 1535)21. La proposition est paradoxale, parce que l’édification d’une citadelle caractérise chez les Florentins le statut d’une cité sujette, et que la décision a été perçue comme acte d’asservissement tyrannique. Pourtant dans la logique de ceux qui l’ont conçue ou approuvée, la forteresse signifie l’impossibilité d’une dissociation spatiale entre le prince et la cité, entre les Médicis et la ville. La forteresse est un moyen puissant de conjurer la fatalité des départs forcés de 1494 et 1527, et elle est le premier lieu monumental où s’exprime la valeur de capitale assignée parce que la possession de la citadelle équivaut désormais à la maîtrise effective du pouvoir souverain sur Florence. Une telle signification s’est encore renforcée entre 1537 et 1543, tant qu’un gouverneur la commande au nom de l’empereur, garantissant une rigoureuse dépendance médicéenne envers Charles Quint. Aussi l’historien G. B. Adriani interprète-t-il la restitution, obtenue en 1543 par une contrepartie financière, comme un triomphe personnel du duc Côme célébré dans l’allégresse unanime à Florence et dans le dominio22. Il s’agit d’un acte de libération de sa ville et de l’État où le duc se ressaisit de la plénitude de son pouvoir, une reprise de possession de Florence qui le rend aux yeux de tous « principe assoluto dello stato suo ».
10La question de la résidence souveraine est intimement liée au marquage de la ville-capitale, or dans le cas de Florence, elle a indubitablement imprimé un caractère d’assignation monarchique à la ville, sans effacer pour autant les formes anciennes de la cité. Le transfert de la résidence familiale dans le palais de la Seigneurie est décidé par Côme Ier et il est effectué en mai 1540, un an après son mariage avec Éléonore de Tolède. Des raisons multiples peuvent être invoquées, mais on en retiendra une seule, celle que donne à nouveau son historiographe G. B. Adriani, en soulignant qu’il s’agit là encore de signifier un lien indissoluble entre le prince et la ville : « Il fit cela pour montrer qu’il était prince absolu, arbitre du pouvoir, et pour décourager ceux qui imaginaient sur les exemples du passé, la séparation entre le pouvoir de la cité et celui des Médicis23. » Du point de vue qui nous occupe ici – les marqueurs de la capitalité – l’installation du duc est déterminée par le caractère spécifique d’un palais qui est, depuis la fin du XIIIe siècle, le lieu d’exercice légitime de la puissance publique et qui fait l’objet de profondes transformations sous le règne de Côme Ier24. Si l’on en croit Vasari dans son Raggionamento, où il développe, sous forme de dialogue avec le prince Francesco, de longs discours sur l’interprétation des décors, il s’agissait dans l’esprit du duc de ne pas abolir le sens du palais républicain dans une résidence monarchique nouvelle fondée ex novo25. Le duc aurait pu jeter à bas le vieil édifice des Prieurs et fonder sa grandeur sur un bâtiment nouveau, mais il ne l’a pas voulu, affirme Vasari, par respect pour ces murs porteurs d’une forme politique ancienne qui a donné naissance au principat. En rejetant la rupture entre l’ancien et le nouveau, entre les pierres des régimes républicains et les images de la gloire médicéenne, Vasari défend ici la thèse de la continuité et de l’achèvement, donnant aux décors du palais ducal le sens de l’accomplissement et du perfectionnement : ce que l’ossature du vieux palais républicain gardait d’imparfait, d’instable et de mal formé, s’achève et s’accomplit dans l’idée, la forme et le dessin, qu’incarne l’ordre princier. En termes de capitalité, le cas de l’urbanisme florentin est peut-être entièrement à réexaminer dans une perspective comparable. Certes, les choix urbanistiques de Côme ont parfois joué fortement dans la restructuration des espaces, si l’on songe au chantier des Offices (1560-1580)26. Mais les mécanismes de l’assignation médicéenne sur Florence s’effectuent davantage dans une forme de continuité et de réaménagement, où les ruptures du tissu urbain et les créations sont moins nombreuses que le maintien d’une sorte de statu quo urbanistique. Dans sa capitale, il semble que le duc Côme ne cherche pas à faire surgir des espaces neufs pour l’ordre politique, mais plus souvent à s’approprier et à réaménager les espaces existants liés au passé républicain, ou encore à installer les images d’un certain type de souveraineté dont les fondements seraient civiques27.
11Des éléments multiples entrent donc dans la capitalité florentine avec l’instauration du principat : elle est la città principale d’un État florentin composé de cités soumises qui sont d’anciennes cités libres ; sa domination territoriale lui donne une primauté issue d’une matrice citadine séculaire, sur laquelle se surimpose la puissance du prince. Il suffit de se reporter au témoignage d’un agent de la diplomatie vénitienne comme Vincenzo Fedeli, observateur attentif du principat en 1561, pour saisir cette capacité de Florence à porter les signes de capitalité. Après avoir décrit un Stato di Firenze formé de sept villes bien assises et solidement fortifiées et de treize autres places fortes, le diplomate affirme que « la capitale de cet État est la cité de Florence, là où réside le prince, là où demeure le gouvernement, là où se font entendre les magistrats, là où la justice est rendue à tous les peuples, là où sont visibles les richesses privées et publiques, là où habitent les nobles familles qui gouvernaient la république, là où fleurissent les hommes excellents dans toutes les disciplines, dans tous les savoirs, dans tous les domaines (en sorte qu’ils rivalisent avec les anciens), là où le culte divin est grandement honoré28 ». Dans ce modèle de città principale, il ne fait aucun doute que le discours sur Florence véhicule des éléments textuels classiques hérités de la tradition humaniste des éloges de la cité, à laquelle se superpose l’image d’une ville tenue par le duc Côme, dont le vénitien décrit ailleurs tous les mécanismes de contrôle les plus coercitifs. Florence est città principale dans une hiérarchie des dignités urbaines qui la met au premier rang des villes principales d’Italie ; elle l’est aussi par la prééminence incontestée sur les villes secondaires de Toscane ; elle l’est enfin par la place qu’y occupe la concentration des pouvoirs, anciens avec les palais des familles patriciennes, ou nouveaux avec le prince et ses magistrats.
12Il importe de souligner que le discours sur la capitalité de Florence, tel qu’on le saisit vers 1560, n’implique aucune forme de monopole et qu’il n’empêche pas de penser simultanément d’autres formes de prééminences urbaines placées sous la souveraineté du duc. C’est le cas à partir de la conquête du territoire de l’État Siennois, que Côme se voit confier par un acte d’inféodation de Philippe II en 1557, et adopte la titulature de duc de Florence et de Sienne. Après la visite effectuée à Sienne en 1560, et surtout après le texte de Réformation de 1561, se dessine une formule de cloisonnement juridique entre deux États distincts, l’État de Florence et l’État de Sienne, liés seulement en la personne du duc Côme. S’étant assuré du contrôle sur une classe dirigeante globalement consolidée, il laisse Sienne conserver sa tradition juridique et ses prérogatives sur un territoire qui est historiquement le sien et qu’elle domine économiquement29. Comme le note V. Fedeli, lorsqu’il énumère les signes de prééminence de la ville sous la rude domination de Côme, Sienne donne son nom au territoire, possède un État et elle est città principale ; c’est d’elle dont dépendent le gouvernement et les institutions dans la forme traditionnelle des lois ; elle a la dignité que lui confère un palais public où siège encore une seigneurie30. On le comprend, il ne s’agit donc pas de deux capitales concurrentes ou complémentaires, mais bien plutôt du point de vue juridico-politique d’une dualité, et même d’une dualité étanche dans laquelle la capitalité de Florence et celle de Sienne ne se recoupent pas.
13L’attribution du titre de grand-duc de Toscane par le pape Pie V en 1569 a pesé fortement sur les rapports diplomatiques et la querelle des rangs entre les dynasties italiennes, mais elle ne modifie pas le fonctionnement organique de l’État de Florence et de l’État de Sienne31. La concession d’un titre de souveraineté sur la Toscane – qui signifie bien plus que les deux entités préexistantes – ne fait pas disparaître le caractère bicéphale du pouvoir de Côme Ier mais participe à sa légitimation32. Rappelons pour écarter toute ambiguïté qui projetterait sur les années 1570 une réalité jusqu’alors introuvable, qu’il n’y a pas plus de construction unifiante d’une capitale de la Toscane médicéenne, qu’il n’y en avait précédemment. La montée en puissance des non-florentins, familles de juristes ou de secrétaires provinciaux, n’est pas un phénomène lié à la fixation du titre granducal, car c’est un choix plus ancien amorcé dès les années 1540, et elle n’implique aucune toscanisation de l’idéologie de gouvernement, qui reste adaptée aux cadres des cités de Florence, de Sienne ou des villes sujettes. En revanche, deux agents de transformation ont largement contribué à façonner le profil d’une capitale ducale : la lente émergence de la cour et l’efficacité des cérémonies. La cour de Côme Ier est restée une maison de taille limitée et peu ouverte aux vieilles familles florentines, mais elle croît rapidement à la fin du XVIe siècle, et joue un rôle primordial dans la reconnaissance européenne de la dynastie33. Elle a peut-être aussi initié à plus long terme une dynamique urbaine en déplaçant certains axes vers le palais Pitti, devenu ensuite son siège permanent. Ce qui s’affirme avec ampleur, bien au-delà de la ville et des États médicéens, c’est la nécessité de faire dire à Florence par des actions rituelles la pleine légitimité de la dynastie nouvelle34. Les grandes scénographies des entrées mobilisent autour des Médicis un vaste répertoire de gestes, d’images et de textes ; elles invoquent si nécessaire l’archéologie d’une toscanité factice, construite autour d’une Étrurie mythique ; elles intègrent pleinement la dynastie nouvelle à la société des princes. Les cérémonies et les festivités rituelles apparaissent comme de vastes machines à la taille de la ville, capables de remodeler un passé urbain et de fabriquer une authentique capitalité florentino-médicéenne, telle au moins qu’on la perçoit dans les cours européennes. L’identification de Florence comme capitale ducale est en train de devenir un fait d’opinion qui dépasse largement les horizons de la Toscane, et l’on peut se demander si cette dimension n’est pas d’abord une réalité extra-florentine et même extérieure aux États du grand-duc, une réalité tautologique qui s’affirme elle-même par l’attraction qu’exerce en Italie et en Europe ce qu’il est convenu d’appeler la capitale des Médicis.
14En se limitant à ces quelques remarques, on comprend que la référence à la capitale puisse conserver une place dans la réflexion qui a attribué à Florence depuis les XIIIe -XIVe siècles un ensemble de critères de puissance qu’elle concentre comme métropole régionale à un haut niveau. On peut aussi sans doute à l’autre extrémité de l’arc chronologique, parler de capitale ducale pour désigner un moment de l’histoire d’une ville assignée à une dynastie et à une organisation curiale. Mais rappelons que l’histoire urbaine de la Florence médicéenne est un chantier encore largement ouvert : il reste à comprendre comment l’installation de la monarchie et l’implantation de la cour ont en quelque sorte pris dans la ville elle-même, ce qui équivaudrait à mieux connaître la société des quartiers et les effets induits par le palais sur la ville. En revanche, ce qui est déjà établi, c’est la nécessité de penser sous d’autres catégories que celle de capitale d’un État moderne l’ensemble du système de pouvoirs que le duc de Florence intègre en se saisissant du Stato fiorentino. La complexité et l’intérêt du principat médicéen résident dans l’obligation de penser de façon non contradictoire le prince et la cité, sans assimilation possible aux fondements politiques et sociaux des monarchies territoriales. Or l’ambiguïté est d’autant plus grande que les Médicis ont concentré les usages de la capitalité (des palais, des services de gouvernement, des images de propagande dynastique…) pouvant faire assimiler Florence à bien des capitales monarchiques de son temps. De tels dispositifs, qui font converger sur elle de la façon la plus visible et la plus évidente les signes de la capitalité florentino-médicéenne, sont à comprendre en partie hors de l’espace étatique soumis au grand-duc. L’aptitude de Florence à signifier la capitalité est forte. Elle l’est peut-être même plus dans la péninsule et en Europe qu’auprès des sujets du prince.
Notes de bas de page
1 Charle C. et Roche D. (dir.), Capitales culturelles, capitales symboliques, Paris et les expériences européennes, Paris, 2002 ; Les villes capitales au Moyen Âge, XXXVIe congrès de la SHMES (Istanbul, 1-6 juin 2005), Publications de la Sorbonne, Paris, 2006.
2 On trouve ponctuellement des références à la capitale chez des historiens soucieux de saisir l’ensemble du territoire de la Toscane médicéenne au XVIe siècle (voir par exemple Spini G., « I Medici e l’organizzazione del territorio », Storia dell’arte italiana, vol. XII, Einaudi, 1983, p. 168).
3 Litchfield R., Florence ducal capital, 1530-1630, New York, 2008 (ACLS Humanities E-Book).
4 On peut suivre le déplacement des grands axes de la recherche sur le principat médicéen à partir du recueil de E. Fasano Guarini (L’Italia moderna e la Toscana dei principi, Discussione e ricerche storiche, Le Monnier, 2008). Pour un bilan récent, Boutier J., « Les formes et l’exercice du pouvoir, Remarques sur l’historiographie récente de la Toscane à l’époque des Médicis (XVIe -XVIIe siècles) », dans Ascheri M. et Contini A. (dir.), La Toscana in età moderna (secoli XVI-XVIII), Politica, istituzioni, società : studi recenti e prospettive di ricerca, Florence, 2005, p. 1-58.
5 Sur ces phases d’expansion et les nombreuses recherches qui s’y rapportent voir De La Roncière C., « De la Ville à l’État régional, La constitution du territoire », dans Boutier J., Landi S. et Rouchon O. (dir.), Florence et la Toscane, XIVe-XIXe siècle, Les dynamiques d’un État italien, Rennes, 2004, p. 15-38.
6 Fasano Guarini E., « État moderne et anciens États italiens : éléments d’histoire comparée », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1998, t. 45-1, p. 32-38.
7 On rappellera le rôle donné par F. Braudel aux métropoles formant le quadrilatère d’une Italie avancée ; dans la même ligne, sur l’histoire économique de ces capitales, Aymard M., « La fragilità di un’economia avanzata : l’Italia e le trasformazioni dell’economia », Storia dell’economia italiana, Turin, p. 24.
8 Malanima P., « La formazione di una regione economica : la Toscana nei secoli XIII-XV », Società e storia, VI, 1983, p. 229-269 ; Epstein S., « Stato territoriale ed economia regionale nella Toscana del Quattrocento », La Toscana nel tempo di Lorenzo il Magnifico, Politica, economia, cultura, arte, Pise, 1996, t. III, p. 869-890.
9 Ginatempo M. et Sandri L., L’Italia delle città, Il popolamento urbano tra Medioevo e Rinascimento (secoli XIII-XVI), Florence, 1990.
10 Zorzi A. et Connel W., Lo stato territoriale fiorentino (secoli XIV-XV) Ricerche, linguaggi, confronti, Atti del seminario internazionale di studio, San Miniato, 1996, et la version anglaise des actes du même séminaire, Florentine Tuscany, Cambridge, 2000 ; on se reportera en particulier à la vision d’ensemble proposée par l’article de Zorzi A., « La formazione e il governo del dominio territoriale fiorentino », Lo stato territoriale …, op. cit., p. 189-221.
11 Sur le sens politique de ces fonctions, cf. Zorzi A., « Gli ufficiali territoriali dello stato fiorentino (secoli XIV-XV) », Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa, IV s., Pise, 1997, p. 191-212.
12 Pour le contenu de l’interaction politique entre clients de Pistoia et patrons florentins, voir par exemple Connel W., Fazioni e clientele in uno stato repubblicano del’400, Florence, 2000.
13 Voir néanmoins une tentative récente pour reproposer le schéma de l’inachèvement à partir des textes des chanceliers humanistes, Gilly P., « L’impossible capitale ou la souveraineté inachevée : Florence, Milan et leurs territoires (fin XIVe-XVe siècle) », Les villes capitales…, op. cit., p. 75-95. Une autre approche du lexique de l’imperium au service de la cité et des Médicis, dans Brown A., « Il linguaggio dell’impero », Lo stato territoriale …, op. cit., p. 255-270.
14 Une analyse de ces différentes formes d’intervention dans Salvadori P., Dominio e patronato, Lorenzo dei Medici e la Toscana nel Quattrocento, Rome, 2000.
15 Fasano Guarini E., « Città e stato nella storiografia fiorentina del Cinquecento », Marchand J.-J. et Zancarini J.-C. (dir.), Storiografia repubblicana fiorentina (1494-1570), p. 283-307.
16 Un texte emblématique sur ce rapport de la cité à son dominio, Guicciardini F., Dialogo del reggimento di Firenze, éd. G. M. Anselmi et C. Varotti, Turin, 1994, p. 226-228. Sur les fondements violents de la cité florentine à l’intérieur comme à l’extérieur, on relira avec profit les pages lucides que consacre à la pensée machiavellienne Landi S., Machiavel, Paris, 2008, p. 210-230.
17 Anzilotti A., La costituzione interna dello Stato fiorentino sotto il duca Cosimo I de’Medici, Florence, 1910; von Albertini R., Firenze dalla repubblica al principato, Turin, 1970 ; D’Addario A., La formazione dello Stato moderno in Toscana, Lecce, 1976.
18 Litchfield R., Emergence of a bureaucracy, The florentine patricians, 1530-1790, Princeton, 1986 ; id., Florence ducal capital…, op. cit.
19 Sur ce déchiffrement territorial du principat, la référence demeure E. Fasano Guarini (L’Italia moderna e la Toscana…, op. cit.), qui en a marqué toutes les étapes fondamentales.
20 Pour une lecture juridique renouvelée de l’État florentin et de la notion de tutelle au sens juridicoadministratif de l’Ancien Régime, on se reportera aux travaux de Luca Mannori qui ont eu un impact important. Mannori L., Il sovrano tutore, Pluralisme istituzionale e accentramento amministrativo nel principato dei Medici (secoli XVI-XVIII), Milan, 1994 ; id., « Effetto domino. Il profilo istituzionale dello stato territoriale toscano nella storiografia degli ultimi trent’anni », dans Ascheri M. et Contini A. (dir.), La Toscana in età moderna…, op. cit., p. 59-90.
21 Hale J. R., « The end of florentine liberty: the fortezza da basso », dans Rubinstein N. (dir.), Florentine studies. Politics and Society in Renaissance, Londres, 1968, p. 501-532.
22 Adriani G. B., Istoria dei suoi tempi, Venezia, 1587, p. 194.
23 Ibid., p. 146.
24 Sur les sources concernant les réaménagements et les campagnes décoratives : Allegri E. et Cecchi A., Palazzo Vecchio e i Medici, Guida Storica, Florence, 1980.
25 Opere di G. Vasari, t. VII : I ragionementi e le lettere, Florence, 1882, p. 14. Pour un commentaire récent de ces pages célèbres, Najemy J., « Florentine politics and urban space », dans Crum R. J. et Paoletti J. T. (dir.), Renaissance Florence : A social history, Cambridge, 2006, p. 51-53.
26 Sur les différences de vues entre Côme Ier et Vasari à propos de l’espace dégagé pour les Offices, cf. Satkowski L., Giorgio Vasari architect and courtier, Princeton, 1993, p. 30-32.
27 Pour une large discussion sur les usages sociaux des espaces urbains et leur recréation permanente, cf. Crum R. J. et Paoletti J. T. (dir.), Renaissance Florence : A social history…, op. cit.
28 « Relazione di messer Vincenzo Fedeli », Relazioni degli ambasciatori veneti al Senato, vol. III, t. I, Bari, 1916, p. 127. V. Fedeli emploie l’expression capo principale pour désigner la capitalité florentine. Rappelons que le mot italien de capitale au sens ici recherché est absent du Vocabolario della Crusca dans l’édition de 1612.
29 Ascheri M., « Siena senza indipendenza, Repubblica continua », dans Ascheri M. (dir.), I Libri dei Leoni, La nobiltà di Siena in età medicea (1557-1737), Sienne, 1996, p. 11-69.
30 « Relazione di messer Vincenzo Fedeli… », op. cit., p. 130-131.
31 Sur les rivalités entre dynasties italiennes autour des titulatures et des préséances, Spagnoletti A., Le dinastie italiane nella prima età moderna, Bologne, 2003, p. 128-158.
32 Sur la légitimation par le titre pontifical de la dualité du pouvoir cosimien, cf. Fasano Guarini E., « Roma officina di tutte le pratiche del mondo : dalle lettere del cardinale Ferdinando de Medici a Cosimo I », dans Signorotto G. et Visceglia M.-A. (dir.), La corte di Roma tra Cinque e Seicento, Teatro della politica europea, Rome, 1998, p. 271.
33 Chauvineau H., « La cour des Médicis (1543-1737) », Florence et la Toscane…, op. cit., p. 287-301.
34 Casini M., I gesti del principe, La festa politica a Firenze e Venezia in età rinascimentale, Venise, 1996. id., « La corte, il cerimoniale, le feste », Storia della civiltà toscana, t. III : Il principato, Florence, 2003, p. 461-484.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008