La correspondance Jérôme Lalande et Nevil Maskelyne : un exemple de collaboration internationale au XVIIIe siècle
p. 109-128
Remerciements
Je tiens ici à remercier très vivement M. Jonathan Harrison, bibliothécaire à Saint John’s College Library, Cambridge (R.-U.), qui a mis gracieusement à ma disposition les copies des lettres de Lalande à Maskelyne conservées à la bibliothèque du collège. Je remercie également M. Adam Perkins, conservateur du département des manuscrits ainsi que Mesdames et Messieurs les bibliothécaires de la Cambridge University Library, qui m’ont apporté leur aimable et efficace aide tout au long de mes recherches dans les archives du Royal Greenwich Observatory.
Texte intégral
1La guerre de Sept ans venait juste de s’achever par la paix de Paris signée le 10 février 1763. Cependant, la nouvelle qu’un horloger britannique avait inventé un chronomètre de marine répondant aux normes imposées pour la détermination des longitudes en mer par l’Act de la Reine Anne de 1714 avait fait le tour de l’Europe1. Ainsi, la solution astronomique des distances lunaires qui commençait à se répandre trouvait là une forte concurrence2.
2En allant à Londres, Lalande espérait lui aussi obtenir plus de détails sur la fameuse H4, la montre chronomètre de John Harrison. Les liens qu’il tissa au cours de ce voyage se prolongèrent par une correspondance continue avec plusieurs savants britanniques dont Nevil Maskelyne, devenu astronome royal. C’est cette correspondance que nous allons étudier ciaprès, pour la période comprise entre 1766 et 1788.
Le corpus de lettres
3Les papiers de Lalande ont été dispersés par ses héritiers3. Mais à Cambridge (Angleterre), nous avons repéré deux lots de lettres de Lalande à Maskelyne. Le premier et le plus important est un lot de onze lettres conservées à la Saint-John’s College Library. Une de ces lettres constitue un addentum pour Maskelyne à une lettre adressée à Giuseppe Piazzi, alors à Londres. Le second lot de huit lettres fait partie des archives de l’observatoire de Greenwich, conservées à la Cambridge University Library ; deux d’entre elles accompagnent une lettre d’Edme-Sébastien Jeaurat pour l’une, et une lettre de Jean-Baptiste Delambre pour l’autre4.
Premier voyage à Londres en 1763
4Lalande quitta Paris le vendredi 4 mars, et le 15, il était à Londres. Il visita immédiatement James Short, puis alla présenter ses devoirs au duc de Nivernois, ambassadeur de France. Il rencontra Nevil Maskelyne pour la première fois le jeudi 17 mars, et dîna en sa compagnie ainsi qu’avec quelques autres personnalités à la Mittre Tavern avant de se rendre à la séance de la Royal Society5.
5Envoyé à l’île de Sainte-Hélène (1761-1762) pour observer le passage de Vénus, Maskelyne avait emporté avec lui les tables de la Lune de Mayer, les Éphémérides de La Caille, la Connaissance des temps pour 1760 – le premier volume réalisé sous la direction de Lalande – et les volumes pour 1761 et 1762. Il avait aussi pour ambition de vérifier la méthode de La Caille pour trouver les longitudes à partir de la Lune, en utilisant un octant. Le long voyage en mer lui permit d’acquérir une solide expérience des observations astronomiques à bord, ce qui fut déterminant pour la suite de sa carrière6.
6En avril 1763, il publia The British mariner’s guide, qui, écrivait-il, était appuyé entièrement sur son expérience personnelle7. Cet ouvrage offrait une méthode pratique et assez rapide d’utilisation des tables des distances de la Lune au Soleil ou aux étoiles pour le méridien de Greenwich, pour la détermination de la longitude en mer avec une bonne précision. Cet ouvrage parut donc alors que Lalande était à Londres. Maskelyne et Lalande se rencontrèrent environ cinq ou six fois au cours du séjour de l’astronome français. Maskelyne savait alors ce qu’il devait aux volumes de la Connaissance des temps édités par Lalande, ce qu’il reconnut d’ailleurs plusieurs fois dans ses écrits de l’époque, et Lalande trouvait un astronome aussi appliqué que lui à défendre une astronomie efficace au service de la société, et en particulier auprès des marins. Mais Lalande fréquenta davantage James Short et l’astronome John Bevis.
7Au mois de mai, le duc de Nivernois, ambassadeur de France, reçut Charles Camus et Ferdinand Berthoud, envoyés par l’Académie des sciences pour examiner la montre de John Harrison, H4, et Lalande qui participait aux dîners de l’ambassadeur, les accompagna dans leurs visites. Ils repartirent cependant sans avoir pu examiner la dite montre. Lalande quitta Londres le 10 juin 1763.
Le Nautical Almanac et la Connaissance des temps
8La correspondance avec Maskelyne qui nous est parvenue est incomplète. La première lettre date du 27 novembre 1766 et est une réponse à un échange de lettres antérieur. Dans cette première lettre, Lalande félicitait Maskelyne pour sa nomination comme astronome royal :
« Je vous fais mon plus sincere compliment monsieur de la belle place que vous occupés actuellement, personne en angleterre n’en etoit plus digne que vous, et personne en france n’a eu plus de plaisir que moi d’apprendre la justice que l’on vous a rendue8. »
9Il l’informait de la bonne réception des Philosophical Transactions, donnait des nouvelles de l’impression du volume de l’Académie pour 1760 qui allait paraître et de celui pour 1764 à moitié imprimé. Il remerciait aussi le savant anglais pour les renseignements que ce dernier lui avait adressés le 18 juillet dernier.
10Dans son courrier, Maskelyne annonçait la prochaine parution de nouvelles tables. Il s’agit probablement du premier volume du Nautical Almanac présenté au Board of Longitude en 1765, mais qui paraît très tardivement en janvier 1767 pour cette même année9. Dans la préface de la première livraison du Nautical Almanac, Maskelyne expliquait qu’il avait utilisé les tables manuscrites de Tobias Mayer pour la Lune et le Soleil, les tables de Halley pour les planètes, la nouvelle édition des tables des éclipses de Jupiter par Pehr Wilhelm Wargentin, publiées par Lalande en 1759 dans la Connaissance des temps pour 176010. La table pour le quatrième satellite fut publiée dans la Connaissance des mouvemens célestes pour 176611. Maskelyne proposait des tables des distances lunaires donnant les positions de la Lune par rapport aux étoiles de référence du zodiaque et au Soleil toutes les trois heures, par rapport au méridien de Greenwich. Permettant d’éviter des calculs longs et difficiles pour la détermination des longitudes, ces tables allaient rapidement rencontrer le succès auprès des marins12.
11L’Académie de marine de son côté commença à publier une traduction d’extraits du Nautical Almanac avec autorisation du gouvernement anglais en 1772. Et la même année, Lalande signalait dans la Connaissance des temps que certaines tables étaient extraites des éphémérides anglaises, tables que Maskelyne lui avait envoyées dès qu’elles avaient été calculées13.
12En 1774, il citait explicitement l’astronome royal : les calculs avaient été faits « sous la direction de M. Maskelyne, astronome royal d’Angleterre ; le mérite et la réputation de ce célèbre auteur justifient encore la préférence que j’ai donnée à cet ouvrage14 ». Dans sa correspondance, Lalande rappelait qu’il ne fallait pas oublier de lui envoyer le Nautical Almanac15. Il le recevait en feuilles et le faisait relier ; il se disait aussi flatté de voir ses tables utilisées par Maskelyne16. Le 14 février 1788, à l’occasion d’une lettre adressée à Piazzi, de l’observatoire de Palerme, alors à Londres, il priait ce dernier de demander à Maskelyne d’envoyer très rapidement
« la solution d’une difficulté qui s’est présentée a m. méchain en voulant imprimer dans la connoissance des tems de 1790 les tables de m. maskelyne pour le mouvement horaire de la lune ; je vous prie de me répondre là-dessus17… »
13Sur la demande du maréchal de Castries, ministre de la marine, une nouvelle division avait été opérée afin de rendre l’acquisition de la Connaissance des temps moins dispendieuse pour les marins, et d’en étendre l’usage dans la marine marchande18. Les tables devaient se référer au méridien de Paris dès l’édition pour 1789. Les tables de la Lune, publiées à Londres au milieu de 1787, y furent introduites afin qu’on en puisse faire usage pour 1790, « les commissaires du Bureau des longitudes en Angleterre ont bien voulu en faire remettre un exemplaire à l’Académie, plus de six mois avant d’en avoir ordonné la publication19 ».
14Le 30 octobre 1788, Lalande annonçait à Maskelyne, que les nouvelles tables du mouvement horaire de la Lune de Delambre paraîtraient dans la Connaissance des temps pour 1791. On imprimerait également les tables de Jupiter et de Saturne dès qu’elles seraient finies20.
15La lecture des éditions successives de la Connaissance des temps montre la dépendance des Français vis-à-vis des Britanniques. Le Nautical Almanac était établi grâce au concours de plusieurs astronomes et calculateurs, dont le travail était in fine vérifié par Maskelyne. En France, la Connaissance des temps devait se faire à moindres frais. Cette dépendance se reconnaît dans l’allégeance au travail de Maskelyne21. En 1786, Méchain regrettait de ne pas pouvoir tenir compte des dernières tables de Mayer pour la Lune, perfectionnées par Maskelyne, tables qui n’avaient pu être publiées à temps pour les introduire dans cette édition de la Connaissance des temps pour 178922.
16Mais qu’en est-il dans le Nautical Almanac ? Il n’y a pas de référence à la Connaissance des temps. Comme dans cette dernière, l’origine des tables et leur auteur sont précisées. La seule référence est celle des tables des satellites de Jupiter établies par Wargentin, publiées par Lalande dans la Connaissance des temps.
L’attraction des montagnes (1775-1778)
17Dans la deuxième période de cette correspondance qui s’étend du 15 novembre 1775 au 22 janvier 1778, l’attraction des montagnes reste le sujet principal. Lors de l’expédition pour la mesure d’un arc de méridien à l’équateur (1735-1744), Pierre Bouguer, aidé de Charles de La Condamine, avait montré que la déviation de la verticale du fil à plomb était due l’attraction exercée par la masse rocheuse du Chimborazo, l’un des sommets les plus élevés des Andes23 (figure 3).
18Les mesures d’un degré de méridien se multiplièrent au cours des vingt années suivantes. La querelle sur la figure de la Terre avait amené César Cassini de Thury et Nicolas-Louis La Caille à vérifier la méridienne de Paris, de Dunkerque à Perpignan, entre 1739 et 1741. Les mesures obtenues par la détermination d’un degré de méridien dans les états pontificaux entre 1750 et 1755 par les pères Christophe Maire et Roger Boscovich, puis dans la province du Piémont par le père Gianbattista Beccaria à partir de 1760, comme la détermination du méridien de Vienne entre 1761 et 1765 par le père Joseph Liesganig, montraient que l’effet d’attraction de la montagne était un fait non négligeable. Le 16 juin 1756, La Caille avait annoncé qu’il tenait compte du résultat de Maire et Boscovich, et qu’il lui fallait se résoudre à abandonner les mesures faites à Perpignan, soupçonnant l’influence des Pyrénées sur la verticale du fil à plomb24.
19En 1774, Maskelyne recommença « la curieuse expérience » de Bouguer, sur le Schiehallion, en Écosse. Cette montagne était assez homogène, isolée des montagnes voisines, entourée d’une vallée basse, sablonneuse et plate, s’étendait d’est en ouest, et était accessible au nord et au sud, d’une hauteur qui permettait d’installer deux stations, l’une au nord, l’autre au sud se répondant sur le même méridien, et à la même altitude. L’observation de la distance des étoiles au zénith dans le plan du méridien de chaque côté de la montagne se ferait par rapport à la direction du fil à plomb. Au nord, le fil à plomb donnerait une étoile trop au sud, et au sud, il donnerait une étoile trop au nord. La différence de latitude ainsi calculée pourrait être comparée à celle obtenue sur le terrain entre les deux stations. L’écart entre les deux différences serait le double de la déviation de la verticale25. Le 6 juillet 1775, Maskelyne présentait son travail à la Royal Society26. Il montrait que l’influence de la masse rocheuse de la montagne était conforme à la théorie newtonienne, et donnait une valeur relative de la densité de la Terre27.
20La Royal Society honora l’astronome royal de sa plus haute distinction, la médaille Copley, le 30 novembre suivant. Dans son discours, le président John Pringle28 rendait hommage aux académiciens français qui avaient observé à l’équateur, mettait Maskelyne dans leurs foulées, et concluait :
« Nous avons la satisfaction de voir le principe de la gravitation universelle si fermement établi par ce dernier pas de cette analyse, qu’aujourd’hui les plus scrupuleux ne peuvent pas hésiter plus longtemps à embrasser ce principe29. »
21Or à l’automne 1775, dans le Journal des sçavans, en annonçant la parution du volume des Philosophical Transactions pour 1775, contenant le mémoire de Maskelyne, Lalande minimisait son entreprise. Ce n’était pour le savant français, qu’une mesure de plus. Selon lui, Maskelyne ne faisait que confirmer ce que les prédécesseurs avaient constaté :
« [Maskelyne] a été faire des observations pour connaître la déviation du fil à plomb, causée par l’attraction des montagnes ; il l’a trouvée de onze secondes, ce qui confirme les observations données à ce sujet par M. Bouguer, le P. Beccaria, le P. Liesganig & M. de La Caille qui, tous, ont remarqué cet effet latéral de l’attraction des montagnes30. »
22Comme responsable de la Connaissance des temps, Jeaurat était en relation avec Maskelyne qui lui avait envoyé de nombreuses feuilles numérotées préparatoires à la prochaine livraison du Nautical Almanac. Le 16 novembre 1775, Jeaurat le remercia, tout en lui demandant les feuilles manquantes. Sa lettre était jointe à quelques lignes de Lalande du 15 novembre31. Jeaurat écrivait :
« Mais selon vôtre derniere lettre j’éspere grace à votre complaisance avoir le tout completement à la fin de cette année ainsi que vôtre journal contenant vos excellentes et interressantes observations sur l’attraction des montagnes, je n’ai pas manqué de reprocher à nôtre confrere de Lalande le parti qu’il a pris d’inserer dans le journal des savants et d’une manière desobligeante pour vous, les observations de Messieurs de La Caille, Liessunig et Beccarie sur la mesure des dégrès du meridien appliquée mal a propos à l’attraction des montagnes ; ses observateurs n’avoient pas en effet cette mesure en vues, et leurs experiences ni peuvent pas cadrer. »
23Se déclarant garant de la bonne volonté d’un Lalande « affligé », Jeaurat ajoutait :
« Des qu’il auroit recu votre travail [celui de Maskelyne] et vos resultats, qu’il insereroit alors et sur le champ un extrait de votre travail dans le même journal des savants et que cet extrait seroit fait de manière a vous donner une satisfaction complette32. »
24D’ailleurs, Lalande confirmait cette intention :
« Vous pouvés compter que dés que votre mémoire paroitra j’en rendrai compte dans le journal, de manière à faire voir la supériorité de votre travail sur tout ce qui s’étoit fait auparavant, la certitude et la nouveauté de vos résultats33. »
25Dans le compte rendu du Gradus Taurinensis, que Lalande publia dans le Journal des sçavans de février 1776, il ignorait encore le travail de Maskelyne, et félicitait le père Beccaria d’apporter, s’il en était besoin, une preuve indiscutable de l’effet des montagnes sur la direction du fil à plomb34. Si en novembre 1775 Lalande semblait n’avoir pas lu le mémoire de Maskelyne et donc n’en avait pu saisir l’importance, en février 1776 il était certainement au courant de la portée de ce mémoire, mais attendait toujours d’en recevoir la version imprimée.
26La discussion entre les deux savants dut se poursuivre, les lettres de Lalande accompagnant toujours celles de Jeaurat. Le 4 mars 1776, à une feuille d’errata demandée par Maskelyne, Lalande joignit une note extraite du mémoire de La Caille de 175835. Lalande insistait en rappelant aussi que dans l’ouvrage du père Beccaria, Gradus Taurinensis, que Maskelyne avait sûrement lu, disait-il, l’attraction des montagnes observée était bien sensible. Mais il encensait cependant Maskelyne en l’assurant d’être « le premier qui [ait] fait des observations exactes pour cet objet avec d’excellens instruments36 ».
27Le 23 mai, enfin, Lalande accusait réception du mémoire de Maskelyne, envoyé le 6 mai, « qui est très curieux et dont je rendrai compte dans le journal des savans comme vous le merités ». Puis il ajoutait : « je n’ai jamais pretendu mettre ce que l’abbé de la Caille a dit sur l’attraction du Canigou, en comparaison avec un travail aussi curieux que le vôtre et aussi complet37. »
28Mais dans ce même mois de mai 1776, il avait déjà rendu un relatif hommage à l’astronome royal :
« En comparant la masse de la montagne à celle de la terre entière, M. Maskeline (sic) a reconnu que la densité moyenne de la Terre, est environ le double de celle de la montagne. Ainsi tous les doutes sur l’attraction universelle, doivent être enfin dissipés ; & il n’y a pas de Physicien, qui ne doive, du moins à cet égard, être dorennavant Newtonien. Tel est le résultat etc.38. »
29La guerre d’Indépendance des colonies d’Amérique s’accentuait, la France décidait d’intervenir en janvier 1778. Il fallut attendre l’ouverture des préliminaires de paix à Paris en janvier 1783 (la guerre était finie depuis 1781), pour que des relations normales entre l’Angleterre et la France fussent rétablies.
Quand la théorie et l’observation s’accordent (1786-1788)
Échanges franco-britanniques
30Au cours de la période 1783-1789 qui suivit la guerre d’Indépendance, un véritable engouement pour l’Angleterre, se développa : on admirait le régime parlementaire, la monarchie constitutionnelle, le développement industriel et commercial de la Grande-Bretagne. Les liens entre les savants de l’Académie royale des sciences et les membres de la Royal Society une fois renoués, une correspondance intensive s’échangea39.
31Très proche de Joseph Banks, président de la Royal Society, le très francophile Charles Blagden séjourna à Paris en juin et juillet 1783. Sa première visite fut pour Lalande, qui le reçut chaleureusement mais ne sembla pas donner suite à cette entrevue. Blagden rencontra ensuite Laplace et Antoine Lavoisier, et se lia avec Jean-Baptiste Le Roy et Claude-Louis Berthollet. De retour en Angleterre au début du mois d’août, il entretint avec soin une correspondance avec la communauté française dont de nombreux académiciens, mais peu d’astronomes. D’autres suivirent cet exemple, et nombreux furent les voyageurs entre 1783 et 1789 qui traversèrent la Manche dans un sens comme dans l’autre munis de recommandations de tel ou tel de ces savants.
32Le climat était donc particulièrement propice aux échanges et aux entreprises communes entre les deux pays. C’est d’ailleurs à l’automne 1787, que fut réalisée, en quelques semaines, la jonction des observatoires de Greenwich et de Paris40. Ni Lalande, ni Maskelyne ne participèrent à cette entreprise. En Angleterre, Banks avait souhaité que Maskelyne n’intervînt pas, ce qui était dans l’intérêt de l’observatoire de Greenwich. La précédente expédition de Maskelyne en Écosse – dont l’objet n’entrait pas directement dans sa charge d’astronome royal – avait entraîné un retard important dans la parution du Nautical Almanac. Si cette aventure de la jonction des méridiens eut un certain retentissement au sein du public cultivé, elle ne fut pas abordée dans les lettres de Lalande.
33Cette période de la correspondance de Lalande avec Maskelyne est la plus riche – on compte treize envois de Lalande à Maskelyne – et se termine juste après le retour de Lalande d’Angleterre à l’automne 1788. Le 14 février 1788, il écrivait son impatience de rencontrer Maskelyne l’été suivant41. Le 16 juin, il annonçait sa visite à Greenwich avant la fin juillet42. Le 1er juillet, comptant arriver le 20 juillet, il le remerciait pour son envoi et, il proposait de le faire lui-même avant la fin du mois :
« Je vous fais mille remerciemens mon cher et aimable confrere de [la] grande et obligeante lettre que vous avés bien voulu m’ecrire (…) je me propose d’aller vous remercier moi meme avant la fin du mois et renouveller connoissance avec un ami de ma jeunesse, qui ma toujours été cher43. »
Deuxième voyage en Angleterre (1788)
34Arrivé en Angleterre, il visita les uns et les autres44, mais n’oublia pas d’observer. En particulier, il observa la conjonction inférieure de Vénus du 7 août, une des plus importantes jamais observées. Il commença le 3 au château de Bleinheim, où il observa en compagnie du duc de Malborough, le 4 chez Thomas Hornsby à Oxford, et le 8 à Greenwich, où le temps était couvert, avec Maskelyne45. En juin, il avait demandé à Maskelyne de ne pas oublier cette conjonction46. Ces savants lui envoyèrent d’ailleurs leurs observations. Ces dernières ajoutées aux observations parvenues de l’Europe entière lui permirent de compléter son étude de Vénus, et de dresser des tables de la planète.
35Le 27 août il fit ses adieux :
« Recevés mes adieux mon cher confrere, et mes remerciemens de tout l’accueil que vous m’avés fait, et qui a rendu mon voyage des plus agreables ; j’irais tout rempli de satisfaction et d’admiration celebrer dans mon pays le zele des astronomes anglois, et surtout le votre47. »
36Le 1er octobre, il remerciait de nouveau l’astronome royal : « je ne vous ai pas encore remercié de toutes les marques d’amitié que vous m’avés données en Angleterre, mais j’y ai été bien sensible », puis poursuivit sur différentes observations astronomiques48. Dans la dernière lettre que nous possédons, du 30 du même mois, il annonçait avoir obtenu l’ouvrage de Leonhard Euler, Theoria Motus Corpurum Solidorum, demandé par Maskelyne, et qu’il était en mesure de le lui expédier « à la première occasion49 ».
L’observation des planètes
37La collaboration scientifique entre Lalande et Maskelyne s’est établie essentiellement sur l’échange et la vérification d’observations astronomiques utiles pour le calcul des tables. Elle se poursuivit à ce niveau avec les successeurs de Lalande à la direction de la Connaissance des temps, Jeaurat et Méchain. Ainsi lit-on dans la correspondance combien Lalande insistait pour qu’on observât certains phénomènes, ou pour qu’on lui transmît les observations des planètes, ou bien que l’on voulût bien vérifier les calculs. Par exemple, le 31 août 1786, il lui demandait de ne pas oublier la conjonction inférieure de Vénus du 4 janvier prochain, si utile pour la théorie de la planète, et de vérifier une observation de Vénus du 14 mars 176650. Le 18 octobre 1786, il le remerciait pour la vérification de cette dernière observation. Il discutait dans cette même lettre de l’observation par Maskelyne du « passage de l’Aigle » du 27 septembre, qui à son avis donnait une ascension droite trop petite : « n’y auroit-il pas une faute d’écriture ?51 ». Il réclamait aussi, dans cette dernière lettre, les observations de Mercure des mois d’août et septembre, observations dont il avait demandées à ce qu’elle fussent faites au mural de Greenwich, entre le 26 août et le 25 septembre :
« Quoiquil y ait très longtems que je n’aye reçu de vos cheres nouvelles le bien de l’astronomie m’inspire la confiance de vous écrire pour vous prier d’observer avec soin mercure a votre mural aux environs du 26 aout et du 25 septembre tems de ses plus grandes diggressions dans ses apsides…52 »
38Lui-même avait observé Mercure au début de cette période et, le 31 août, il annonçait à son correspondant que ses observations s’accordaient avec ses tables. Il disait aussi qu’il était actuellement occupé à calculer les observations de Maskelyne pour la conjonction de Vénus de 1766, en désirant fortement que Maskelyne eût observé les dernières53.
Georgium Sidus
39Lalande aborda la question d’Uranus en 1788. William Herschel l’avait découverte en 1781, et l’avait nommée en 1783, Georgium Sidus, en l’honneur du roi Georges III d’Angleterre. Lalande avait besoin des observations des quadratures de la planète observée par Maskelyne tout au long de 1788. Il écrivait le 12 mars :
« Je sens bien qu’on ne peut observer a present la quadrature de Herschel, Georg. Sidus, mais les observations faites quand il passe à 7 h au méridien, sont aussi bonnes que celles de la quadrature pour déterminer la distance au Soleil54. »
40Maskelyne n’était sans doute pas d’accord, car le 16 juin, Lalande répondait :
« Vous verres par les quadratures de Georgium Sidus que j’ai tirées de vos observations, ephem. de Berlin 1790 p. 205, que l’erreur de nos tablesdiffere de 29 à 30’’d’une quadrature a l’autre jusqu’en 178[5]. voilà pourquoi j’aurois bien voulu avoir deux ou trois observations de votre derniere quadrature l’automne dernier, je vous l’ai fait mandé aves instance, je suis surpris que vous me les refusies ; n’est-ce pas une satisfaction pour vous que de voir l’utilité de vos observations constatée si promptement à la vue de tous les astronomes de l’europe. il n’est pas besoin que les observations soient precisement dans la quadrature. a un mois de distance il y a encore les ¾ de l’effet55. »
41Il en parlait encore le premier juillet56. Au retour de Londres, il insistait à nouveau et demandait à nouveau à Maskelyne de ne pas oublier de lui envoyer ses observations :
« Je vous prie de m’envoyer les deux premières observations que vous pourries faire au méridien de Georgium Sidus à la fin de ce mois ; l’erreur de nos tables étoit de 20” en moins par celle du printemps que vous m’avés communiquées, mais au mois d’octobre elle doit être de 20” en sens contraire ou en excès et c’est de la que je conclus qu’il faut augmenter de 0,017 la distance au Soleil, mais je ne commenceroi pas les nouvelles tables que je n’aye cette confirmation, et je préfere les observations de votre lunette méridienne à toutes les autres57. »
42Le 30 octobre 1788, il commençait sa lettre par :
« Voila le tems mon cher confrere ou vous pouves voir Georgium Sydus au meridien, le matin, je suis bien impatient d’en avoir deux bonnes observations et je vous prie de me les envoyes tout de suite par la poste58. »
43Lalande et Delambre calculaient alors la table de cette nouvelle planète59. De semblables demandes se répétèrent pour Jupiter et Saturne dont les tables calculées par Delambre furent publiées par Méchain dans la Connaissance des temps.
Jean-Baptiste Delambre et les tables de Jupiter et Saturne
44Une révolution en ces temps agités s’opérait aussi en astronomie de position. Un des premiers essais de Laplace en théorie céleste fut un petit opuscule, Theorie du mouvement et de la figure elliptique des planètes (1784) qu’il s’empressa de distribuer à ses amis et collègues60. Il poursuivit ce travail théorique qui trouva par le calcul des tables effectué par Delambre, une vérification magistrale61. En 1788, Laplace publiait deux mémoires sur la théorie de Jupiter et de Saturne62. Dans ces mêmes volumes, Lalande publiait son propre travail, sur Vénus (1788), et un cinquième mémoire sur la théorie de Mercure dans le suivant, suivi de très nombreux mémoires, préparatoires à la nouvelle édition de son Astronomie et surtout à ses Tables qui paraîtront en 1792. Dans sa lettre de 10 octobre, Lalande signalait que Delambre se servait déjà des observations de Maskelyne nouvellement parvenues pour le Soleil63. Les procès-verbaux des séances de l’Académie témoignent du rôle des informations astronomiques contenues dans les lettres échangées entre Lalande et Maskelyne. Analyser l’histoire des travaux astronomiques de Lalande durant cette fin des années 1780 doit nécessairement faire appel à l’étude de la correspondance.
45À ces mêmes séances de l’Académie, Delambre avait soumis plusieurs mémoires, et les rapporteurs, on s’en doute, comme Lalande, Laplace, Joseph-Louis de Lagrange, Méchain ou Cassini, ne tarissaient pas d’éloges. Par exemple, le 3 mars 1787, Cassini, Lalande et Méchain lurent un rapport sur un nouveau mémoire sur les tables solaires basées sur les observations de La Caille et réduites par Delambre. Ce dernier avait utilisé des observations de Maskelyne déterminées « avec un soin extraordinaire64 ». Le 17 juillet 1787, Delambre demandait à Maskelyne les tables non publiées de Bradley pour les oppositions de Jupiter et Saturne65. Le 12 mars 1788, Lalande redemandait les tables non publiées des observations de Hadley faites au grand mural, toujours pour Jupiter et Saturne66. Mais Maskelyne ne les envoya, sous forme d’un grand tableau, que le 9 décembre suivant, commenté en latin67.
46En avril 1788, Lagrange, Lalande et Méchain remettaient un rapport sur un mémoire de Delambre concernant les tables de Saturne et Jupiter, calculées en utilisant la théorie de Laplace et les meilleures observations depuis un siècle, dont celles tirées du catalogue des trente-quatre étoiles de Maskelyne « que cet astronome a dressé avec un soin particulier d’après une longue suite d’observations ». Les rapporteurs insistaient sur le zèle et le savoir de Delambre68. Lalande parlait de ces nouvelles tables dans sa lettre du 16 juin 178869. Mais Delambre n’était toujours pas élu à l’Académie, malgré les efforts de ses collègues astronomes.
47Lalande, impatient, s’était tourné vers la Royal Society. Dans ses lettres à Maskelyne des 19 juin et 20 juillet 1787, Lalande insistait pour que Maskelyne intervint en faveur de Delambre aux prochaines élections d’associés étrangers :
« Je [m’associe] a mon ami pour vous faire ses remerciemens. Il fait actuelement une excellent usage de votre précieux recueil d’observations. nous n’avons pas de plus habile astronome que lui, et je vous prie de tacher de le faire recevoir a la Société royale, il a besoin de cette recompense, car il n’en reçoit aucune en France, il ne peut pas encore etre de notre academie, et il n’a aucune place, mais son zele suffit à tout70. »
48Le 14 février et le premier juillet 1788, il le suppliait à nouveau. Lalande réitéra encore sa demande pour Delambre dans sa lettre du 30 octobre 1788. Mais ces interventions restèrent sans succès. Il fallut cependant attendre le 5 mai 1791 pour que l’astronome français soit élu à la Royal Society et 1792 pour qu’il entre dans la classe de géométrie de l’Académie royale des sciences de Paris.
Sociabilité
49La correspondance étudiée ici est d’abord une correspondance astronomique, faite d’échanges d’informations que l’on appellerait aujourd’hui professionnelles, et qui tiennent surtout de la routine du travail d’astronome (réduction d’observations, contrôle des calculs, échanges de données). Mais elle est aussi, comme nous l’avons vu, le moyen de faire agir un réseau de relations pour favoriser une carrière, ou des rencontres (la recommandation pour Piazzi, par exemple). Mais elle ne se réduit pas à ces expressions, elle exprime aussi les sentiments, de façon convenue selon les codes du XVIIIe siècle. Lalande ne se démarquait pas d’une politesse exagérée, commune en ce temps, envers Maskelyne. Alors même qu’il le pressait de façon assez autoritaire de lui envoyer ses observations, ou qu’il considérait avec légèreté parfois son travail, comme nous l’avons vu dans le cas de l’attraction des montagnes, il l’assurait, dans le même temps, et de façon excessive, de ses bons sentiments. Il n’oubliait pas d’associer son ami Anthony Shepherd à ces compliments, à propos duquel il écrivait le 31 août 1786 :
« J’ai eu le plaisir de parler souvent de vous avec notre ami Shepherd, je l’ai prié de cultiver pour moi votre amitié qui m’est précieuse. Notre zèle pour l’astronomie doit éteindre entre nous toute semence de division ou nationale ou scientifique, et je vous prie de croire que de mon côté rien ne peut affaiblir les sentiments de considération et d’attachement que je vous ai voüés pour la vie71. »
50Il aimait aussi le vin : « Nous avons bu a votre santé, bien des fois avec le docteur Shepherd, il m’a promis de vous le dire72. » Le nom de Shepherd revient d’ailleurs souvent dans la correspondance de Lalande à Maskelyne. C’est par Shepherd qu’il faisait passer son courrier, ainsi pour l’envoi des observations, demanda-t-il à Maskelyne de le lui confier :
« Quand vous me ferés l’amitié de m’ecrire, remettés s’il vous plait votre lettre a m. Shepherd a moins quelle ne soit pressée, il me l’adressera sous le couvert de m. le baron de Breteuil ministre d’etat, c’est l’adresse dont il a coutume de se servir pour moi73. »
51Quand il prépara son second voyage à Londres, Lalande écrivit à Maskelyne de prévenir plusieurs personnes et en premier lieu Shepherd74.
52Mais les lettres contiennent aussi d’autres salutations plus chaleureuses. Maskelyne était marié depuis 1784 avec Sophia Rose, de vingt ans sa cadette75. Lalande n’oubliait pas de saluer madame Maskelyne. Il écrivait le 10 octobre 1786 : « M. Oriani part pour Milan, & me charge de vous faire mille complimens et a votre aimable dame. Il ma inspiré une grande envie de conoitre cette charmante personne76. » Le 1er octobre 1788, dans le souvenir des moments d’heureuse amitié, il écrivait : « mille respects à la belle madame Maskelyne, vous etes bien heureux d’avoir de si belles observations d’un côté, et de si bonnes de l’autre77. »
53Après 1788, les échanges se ralentirent. Les nouvelles tables de Lalande parurent en 1792, rendant les astronomes français moins dépendants des observations anglaises. Les liens se distendirent au cours de la Révolution pour des raisons évidentes.
54Malgré la contribution indirecte, mais indispensable de Maskelyne, au fonctionnement de l’astronomie de position en France, il ne fut pas correspondant officiel de l’Académie royale des sciences, lors de sa pleine activité ; il ne semble pas être venu en France. Reconnaissance bien tardive, il ne fut élu associé étranger de la première classe du nouvel Institut qu’en 1802.
Conclusion
55De la lecture de cette correspondance, dont il reste encore à explorer78, on peut retenir que les différentes politiques n’altérèrent pas les relations scientifiques79. Comme il a été souvent dit, ces hommes sont d’abord des citoyens d’un monde du savoir qui se désignait comme une république dont les membres étaient reliés par un vaste et dense réseau épistolaire, les journaux, et autres publications savantes, qui transcendaient les positions nationales80. Cependant, si au XVIIe siècle et dans la première partie du XVIIIe siècle, l’expression d’une république des lettres s’impose, la distinction d’une espèce nouvelle, les sciences, dans un genre bien reconnu, les lettres, est telle que l’on est habilité à parler de république des sciences, ainsi qu’Irène Passeron l’écrit dans une étude récente81.
56À l’intérieur de cette république des sciences, la république astronomique jouit d’un statut particulier82. En effet, au contraire des réseaux classiques de correspondance, l’échange est constamment « nourri de la nécessité de compiler des données », donnant à l’astronome et donc à cette correspondance un statut quasi-disciplinaire, prélude à la professionnalisation de la science au XIXe siècle83. La correspondance de Lalande avec Maskelyne entre dans cette catégorie. Elle est différente dans sa globalité de la correspondance de Blagden, par exemple, par ailleurs étudiée, car celle-là aborde finalement peu d’événements extérieurs à l’astronomie elle-même, alors que celle-ci est nourrie d’anecdotes ou de nouvelles en sus de l’information scientifique (concernant ici plus particulièrement la chimie), cette dernière apparaissant d’ailleurs sous la forme de comptes rendus d’expériences, plutôt que de questionnement et de partage sur l’objet d’étude84. Comme nous l’avons vu, l’attitude de Lalande face à l’annonce du travail de Maskelyne sur l’attraction des montagnes reste ambiguë. Le sujet lui paraissait marginal, et il ne s’y intéressa que peu, pour y revenir davantage dans un contexte élargi peu d’années plus tard.
57La dernière période étudiée livre une correspondance au contenu très spécialisé. À peine personnelle (elle est jointe parfois au courrier d’autres savants, comme dans le cas de Delambre) – mais au ton fébrile – la lettre est tout d’abord un document disciplinaire, un manuscrit astronomique complété par des feuilles d’annotations strictement astrométriques, de relevés d’observations ou de calculs. Ces feuilles sont souvent séparées de la lettre qui les accompagnait, comme c’est le cas pour les archives de Maskelyne à l’observatoire de Paris, pour entrer dans un dossier relevant du travail en cours. Il en est de même dans les archives de Maskelyne à Cambridge, dans le fonds de l’observatoire de Greenwich.
58Une étude critique de cette correspondance, en particulier sur la dernière période, permettrait de mieux comprendre l’élaboration des nouvelles tables astronomiques (qui marquent un tournant en astronomie et qui seront de grande longévité) établies à Paris à la fin du XVIIIe siècle, basées sur la mise à l’épreuve par Laplace lui-même de ses théories, et sur les observations des astronomes de l’Europe, et entre autres celles de Maskelyne.
Notes de bas de page
1 Philippe Despoix, « Mesure du monde et représentation européenne au XVIIIe siècle : le programme britannique de détermination de la longitude en mer », Revue d’histoire des sciences, t. 53-2, 2000, p. 205-233.
2 Guy Boistel, L’Astronomie nautique au XVIIIe siècle en France : Tables de la Lune et longitudes en mer, Thèse de doctorat, 3 tomes, Nantes, 2001, (commercialisée en 2003 par l’ANRT., université Lille-III, en 2 volumes).
3 Voir Simone Dumont et Suzanne Débarbat dans ce volume. Voir Simone Dumont, Un Astronome des Lumières : Jérôme Lalande, Paris, Vuibert, Observatoire de Paris, 2007.
4 Voir tableau en fin d’article pour les références des lettres.
5 Jérôme Lalande, Journal d’un voyage en Angleterre, 1763, publié avec une introduction d’Hélène Monod-Cassidy, Oxford, Voltaire Foundation, Taylor Institution, 1980.
6 Derek Howse, Nevil Maskelyne, the seaman’s astronomer, Cambridge, Cambridge University Press, 1989, p. 23, p. 27-31, et p. 33.
7 Nevil Maskelyne, The British mariner’s guide, London, 1763. Cet ouvrage est imprimé aux frais de Maskelyne.
8 Saint John’s College Library, Cambridge (SJL par la suite), Doc-10. Dans les extraits de lettres cités dans cet article, l’orthographe et la ponctuation originales ont été respectées.
9 The Nautical Almanac and Astronomical Ephemeris for the year 1767, published by order of the Commissioners of longitude, Londres, W. Richardson, S. Clark, 1766. Ce premier volume est suivi rapidement du volume pour 1768. Cf M. Croarken, « Tabulating the Heavens: Computing the Nautical Almanac in 18th century England », in IEEE Annals of the History of Computing, vol. 25, no 3, July-Sept. 2003, p. 48-61, voir p. 52.
10 N. Maskelyne, Nautical Almanac pour 1767, op. cit., Préface. Lalande, Connaissance des temps pour 1760 (1759), p. 179-186. Lalande en parle dans Connaissance des mouvemens célestes pour 1765, Préface. La Connaissance des temps (prit le titre de Connaissance des mouvemens célestes pour les années 1762-1767), voir Guy Boistel, op. cit., t. 1, p. 181-203. P.-W. Wargentin, directeur de l’observatoire de Stockholm, consacra sa vie à l’étude des satellites de Jupiter.
11 N. Maskelyne, Nautical Almanac pour 1769 (1768). Lalande, Connaissance des mouvemens célestes pour 1766, (1764), p. 211.
12 Voir National Maritime Museum, Royal Greenwich Observatory, Man is not lost: A record of two hundred years of astronomical navigation with the Nautical Almanac 1767-1967, London, HM’s Stationery Service, 1968.
13 Pour la première fois dans Connaissance des temps pour 1774, (1772), avertissement, p. 2.
14 Connaissance des temps pour 1775, (1774), avertissement, p. 2.
15 SJL, Doc-11, et Doc-14, pour le Nautical Almanac pour 1791. Il en sera de même pour Edme-Sébastien Jeaurat qui remercie Maskelyne pour l’envoi du Nautical Almanac, Cambridge University Library, Archives (CUL par la suite), RGO/35/8. Jeaurat est responsable de la Connaissance des temps de 1775 à 1784. Pierre Méchain lui succède de 1785 à 1792.
16 SJL, Doc-11. Probablement les nouvelles tables destinées à la seconde édition de l’Astronomie dont les trois premiers tomes sont parus en 1771 et le quatrième en 1781.
17 SJL, Doc-16.
18 Connaissance des temps pour 1790, (1788), avertissement p. 2. Registre manuscrit des procès-verbaux des séances de l’Académie royale des sciences, 1788, séance du 22 juin, p. 130.
19 Connaissance des temps pour 1790, (1788), avertissement, p. 2.
20 CUL, RGO/35/15. Voir aussi Connaissance des temps pour 1791, (1789), avertissement p. 2-3
21 Connaissance des temps pour 1774, (1772), p. 262-263.
22 Connaissance des temps pour 1789, (1786), avertissement, p. 2-3.
23 Pierre Bouguer, « Examen des attractions sur Chimboraço », La Figure de la Terre, Paris, Jombert, 1749, p. 379-394.
24 N. de La Caille, « Mémoire sur la vraie longueur des degrés du méridien en France », Histoire de l’Académie royale des sciences pour 1758 avec les mémoires, Paris, 1763, mém. p. 237-244, voir p. 243.
25 D. Howse, Seaman’s […], op. cit. p. 134-137.
26 N. Maskelyne, « An Account of observations made on the mountain Schehallion for finding its attraction », Philosophical Transactions of the Royal Society, vol. 65, part. II, Londres, 1775, p. 500-542. Ce mémoire est précédé d’une communication faite en 1772 par l’astronome royal sur le projet de mesurer l’attraction des montagnes: « A Proposal of measuring the attraction of some hill in this kingdom by astronomical observations », Philosophical Transactions of the Royal Society, vol. 65, part. II, 1775, p. 495-499.
27 Ibidem, p. 533.
28 John Pringle, A Discourse on the attraction of mountains, delivered at the anniversary meeting of the Royal Society, 30 novembre 1775, Londres, Royal Society, 1775.
29 John Pringle, « Discours sur l’attraction des montagnes », Observations sur la physique, l’histoire naturelle et les arts, 6 mai 1776, traduit par Jean-Baptiste Le Roy, p. 418-434, précédé d’une lettre, p. 416-418. Ce discours fut publié également à part (Paris, Imp. Clousier, 1776), voir p. 17. Voir aussi in Observations sur la physique, l’histoire naturelle et les arts, op. cit., p. 433. Italiques dans le texte original.
30 Journal des sçavans (Amsterdam, Rey), novembre 1775, p. 160.
31 CUL, RGO/35/8.
32 CUL, RGO/35/8. L’absence de Maskelyne du RGO en 1774 et la mort d’un calculateur avaient entraîné un retard important dans la préparation du Nautical Almanac pour 1776, qui ne parut qu’en 1775. Ce retard se répercuta sur la préparation de la Connaissance des temps qui dépendait du « zèle » de Maskelyne pour fournir les tables à Jeaurat. Voir Journal des sçavans (Amsterdam, Rey), décembre 1775, p. 397-399, voir p. 398.
33 CUL, RGO/35/8.
34 Journal des sçavans (Paris, Lacombe), février 1776, p. 90-93. Lalande avait annoncé en juillet 1775, dans ce même journal, la parution du Gradus Taurinensis, Journal des sçavans (Paris, Lacombe), juillet 1775, p. 499. Joannes Baptista Beccaria, Gradus Taurinensis, Augustae Taurinorum, ex Typographia Regia, 1774, ch. V, art. VI.
35 La Caille, art. cit., p. 243.
36 CUL, RGO/35/17.
37 SJL, Doc-11.
38 Journal des sçavans (Amsterdam, Rey), mai 1776, p. 544-551, voir p. 550-551. Il est remarquable que l’intérêt de Lalande pour la montagne, comme terrain d’expériences pour les savants, va se développer après cet épisode, à partir de décembre 1778. Lire à ce sujet l’article de Gilles Bertrand, « Le Laboratoire montagnard de l’astronome Lalande : du Voyage en Italie à ses comptes rendus dans le Journal des sçavans (1769-1786) », in Sophie Linon-Chipon et Daniela Vaj (dir.), Relations savantes : Voyages et discours scientifiques, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2006, p. 299-325.
39 Voir Danielle M. E. Fauque, « An Englishman abroad: Charles Blagden’s visit to Paris in 1783 », Notes and Records of the Royal Society, vol. 62, 2008, p. 373-390.
40 Voir Jean-Pierre Martin et Anita McConnell, « Joining the observatories of Paris and Greenwich », Notes and Records of the Royal Society, vol. 62, 2008, p. 355-372.
41 SJL, Doc-16.
42 Ibidem, Doc-18.
43 Ibid., Doc-19.
44 Ibid. Il cite Shepherd, Piazzi, Darquier, Herschel et Deluc.
45 Lalande, Conjonction inférieure de Vénus, le 7 août 1788, avec une nouvelle détermination de l’aphélie de Vénus et de son moyen mouvement, [s.d.], [s.l.].
46 SJL, Doc-18.
47 CUL, RGO/35/16.
48 SJL, Doc-20.
49 CUL, RGO/35/15. Leonhard Euler, Theoria motus corpurum solidorum seu rigidorum, Rostochii, Gryphiswaldiae, A. F. Röse, 1765 [Rostock et Greifswald].
50 SJL, Doc-13.
51 SJL, Doc-14. Lalande a reçu une lettre de Maskelyne datée du 11 octobre à laquelle il répond le 18, à la suite de cette lettre du 10 qui tarde à partir.
52 CUL, RGO/35/18.
53 SJL, Doc-13. Il s’agissait de vérifier l’accord entre les positions prévues par les tables et celles réellement observées.
54 SJL, Doc-17. Le premier nom de la planète Uranus a été la planète d’Herschel, nom conservé par les Français. W. Herschel proposa l’appellation de Georgium Sidus en 1783, cf « A letter from W. Herschel », Philosophical Transactions of the Royal Society, vol. 73, 1783, p. 1-3. On trouve aussi l’appellation Georgian Planet.
55 SJL, Doc-18.
56 Idem, Doc-19.
57 Idem, Doc-20.
58 CUL, RGO/35/15. Il est exceptionnel qu’une lettre passe par la poste dont le service coûtait cher au destinataire, ce qui, ici, souligne l’urgence de la demande.
59 Delambre remporta, entre autres, le prix de l’Académie royale des sciences pour son étude du mouvement de la nouvelle planète, en 1790.
60 D. Fauque, art. cit., p. 383.
61 Voir Roger Hahn, Le système du monde : Pierre Simon Laplace, un itinéraire dans la science, Paris, Gallimard, 2004, p. 80-81.
62 Pierre-Simon Laplace, « Théorie de Jupiter et de Saturne », Histoire de l’Académie royale des sciences pour 1785, (1788), mém. p. 33-160 ; Idem, « Suite de la théorie de Jupiter et de Saturne », Histoire de l’Académie royale des sciences pour 1786, (1788), mém. p. 201-234. De nombreux mémoires de Lalande suivent.
63 SJL, Doc-14. Voir aussi Archives de l’observatoire de Paris (AOP pour la suite), in mss Delambre, recueil de tables, Z-137 (1) et Z-139 (1).
64 Registre manuscrit des procès-verbaux des séances de l’Académie royale des sciences, 1787, 3 mars, p. 67.
65 CUL, RGO/35/20. Voir ArOP, mss Delambre, tables in Z-157.
66 SJL, Doc-17.
67 AOP, in mss Delambre, Z-156, f° 11.
68 Registre manuscrit des procès-verbaux des séances de l’Académie royale des sciences, 1788, 26 avril, p. 92-99, voir p. 95, et p. 98. Voir ArOP, in mss Delambre, Z-156.
69 SJL, Doc-17.
70 CUL, RGO/35/21 et RGO/35/20.
71 SJL, Doc-13. Antony Shepherd, Plumian professor à Cambridge, enseignait l’astronomie, et faisait partie du Board of Longitude.
72 SJL, Doc-14.
73 SJL, Doc-14.
74 Voir aussi note 44. SJL, Doc-19.
75 D. Howse, op. cit., p. 142-146.
76 Lalande à Maskelyne, 10 octobre 1786, réitéré le 12 mars, 27 août et 30 octobre 1788.
77 SJL, Doc-20.
78 En particulier, il faudrait confronter les feuilles manuscrites astronomiques de Maskelyne conservées dans les archives de l’observatoire de Paris, avec les informations des lettres de Lalande, dans l’optique d’une étude approfondie de la réalisation de la Connaissance des temps, ou des tables astronomiques de Lalande et Delambre, en relation avec les mémoires de Laplace.
79 Voir sur ce sujet Gavin De Beer, The sciences were never at war, Londres, Nelson, 1960.
80 Voir Daniel Roche, Les républicains des lettres. Gens de culture et Lumières au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1988.
81 Claire Salomon-Bayet, L’institution de la science et l’expérience du vivant. Méthode et expérience à l’Académie royale des sciences 1666-1793, Paris, Flammarion, 1978, p. 115-116, citée par Irène Passeron, « La république des sciences, réseaux de correspondances, des académies et des livres scientifiques », Dix-huitième siècle, vol. 40, 2008, p. 5-27, voir p. 5.
82 René Sigrist, « Quand l’astronomie devint un métier : Grandjean de Fouchy, Jean III Bernoulli et la “république astronomique”, 1700-1830 », Revue d’histoire des sciences, t. 61-1, 2008, p. 105-132 ; I. Passeron, Ibidem, p. 20.
83 I. Passeron, Ibid., p. 20.
84 Voir D. Fauque, art. cit.
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