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Chapitre VI. Vichy et la normalisation des comptabilités privées

p. 175-198


Texte intégral

1L’armistice entre en vigueur le 25 juin 1940. Les pleins pouvoirs constituants sont attribués à Philippe Pétain par l’Assemblée nationale le 10 juillet 1940. Un régime soumis à des contraintes « d’une rare pesanteur » se met en place1. La situation de guerre et de blocus et la tutelle de l’occupant constituent des handicaps permanents pendant l’Occupation2. La convention d’armistice oblige à verser un lourd tribut quotidien aux occupants et son application rompt l’unité politique et économique de la nation3. Les administrations comme les dirigeants des entreprises sont pris de court par la gravité de la situation. L’organisation, jusqu’alors maître mot de cercles étroits de réformateurs, devient un impératif général pour tenter de s’adapter. Le traumatisme de la débâcle, de l’armistice puis de l’occupation décime les défenseurs de l’économie libérale et du secret des affaires. De nouvelles structures sont installées par le gouvernement de Vichy pour réorganiser l’économie et réagir à la pénurie et à la présence allemande. L’enregistrement et l’exploitation d’informations sur les activités productives individuelles et l’harmonisation des pratiques comptables font désormais partie des outils de gouvernement. Les projets les plus autoritaires dessinés avant la guerre sont mobilisés pour satisfaire les besoins d’un État contraint de répartir des ressources rares et ceux des organisations professionnelles chargées d’adapter la production au nouveau contexte.

2La législation de Vichy bouleverse ainsi forcément l’organisation antérieure. La loi du 16 août 1940 réorganise la production industrielle et créée les Comités d’organisation (CO)4. Les professions sont placées sous le double contrôle des CO et de l’Office central de répartition des produits industriels (OCRPI) qui collectent les données nécessaires à l’encadrement des activités5. La réponse aux questionnaires officiels est désormais obligatoire6. Pour s’adapter et satisfaire les demandes des CO, les organisations professionnelles doivent améliorer leurs connaissances sur l’activité de leur secteur et inculquer à leurs membres une habitude statistique et comptable. Les réflexions sur les méthodes de l’économie dirigée sont engagées et les conditions d’une collaboration à la normalisation comptable sont réunies avant la guerre à l’échelle confédérale. Elles sont moins avancées au niveau fédéral et régional qui paraissent démunis face à l’accélération des réformes. Jamais les velléités de contrôle sur les entreprises n’ont été poussées aussi loin, jamais non plus elles n’ont suscité si peu de résistances. Les caractéristiques du plan comptable se précisent en quelques semaines au sein des Contributions directes. La période qui s’ouvre en mai-juin 1940 est bien celle de « la France des chiffres ».

Des réformes décisives

3Dès juillet 1940, les études sur le plan comptable général sont relancées. Le 5 octobre 1940, la direction générale des Contributions directes soumet pour examen un avant-projet de plan aux chefs des brigades de vérification du département de la Seine7. Le 6 décembre 1940, Chezleprètre termine un rapport confidentiel qui sert de base aux études de la commission interministérielle du plan comptable8. Les recherches progressent également dans le secteur privé. En septembre 1940, la CEGOS présente aux sociétés et aux groupements adhérant une proposition de plan comptable de vingt pages9. La connaissance des prix de revient (comptabilité industrielle) subit la plus forte pression à partir de la loi du 21 octobre 1940 qui établit un lien direct entre prix de revient et prix de vente et la rend incontournable10. Les nouveaux impératifs économiques remettent également les projets de réorganisation des services du contrôle fiscal à l’ordre du jour. Ils servent aussi les professionnels de la comptabilité qui cherchent à faire reconnaître leurs compétences.

Les fortes pressions des Contribution directes

4L’occupation n’entraîne pas de rupture majeure en matière fiscale, mais elle s’accompagne d’un renforcement du contrôle et de la lutte contre la fraude11. L’organisation de l’encadrement économique, l’adaptation des impôts d’avant la guerre aux nouvelles conditions de l’armistice et la réorganisation des services fiscaux sont à l’ordre du jour. Les études des Contributions directes sur l’information économique et sur le plan comptable sont accélérées. Dans son rapport du 6 décembre 1940, Chezleprètre recommande d’utiliser la déclaration annuelle de BIC pour compléter les renseignements disponibles sur l’activité, alléger la charge des enquêtes pesant sur les entreprises et faciliter le contrôle fiscal12. Il suggère de faire établir la formule de la déclaration en double exemplaire, l’un destiné au calcul de l’impôt et l’autre à l’élaboration des statistiques nationales. Chezleprètre voit dans la généralisation du plan comptable quatre avantages majeurs : la réduction de la durée des vérifications, l’augmentation du rendement des impôts, le soutien au contrôle des prix et l’amélioration de la qualité de l’information disponible sur l’activité économique13. Détaillant les composantes du plan comptable à introduire et ses conditions d’application, il définit le bilan et sa classification ainsi que le compte d’exploitation et propose en annexe des modèles détaillés de cadres officiels14. Il suggère que dans les six mois suivant la publication du décret les groupements professionnels établissent un cadre et un plan comptable détaillés, ainsi qu’un cadre de bilan et un compte de profits et pertes pour leur profession. Il est également prévu que ces cadres et plans soient publiés au Journal officiel dès qu’ils auront été approuvés par une « commission permanente d’organisation des comptabilités » restant à organiser. Bien qu’il recommande d’imposer la réforme par décret, Chezleprètre invite à modérer les obligations des organisations professionnelles et à prévoir des modalités spéciales pour les petites entreprises. En guise de conclusion, il préconise de définir des règles uniformes d’évaluation des éléments du bilan et d’organiser un ordre des experts comptables, capable d’établir « autant de comptabilités qu’il y a de branches », pour achever la réforme. En faisant des progrès de la comptabilité une pièce essentielle du contrôle de l’État sur l’économie. Ces propositions répondent aux attentes gouvernementales. Elles font aussi de Chezleprètre un acteur majeur de la réglementation à venir, même si toutes ses idées ne sont pas retenues15. Les aspects les plus contraignants de son projet, en particulier le délai de six mois imparti aux organisations professionnelles, l’obligation comptable imposée par décret et la nécessité pour l’entreprise de dresser autant de comptabilités qu’elle a d’activités, sont rejetés.

5La rapidité nouvelle de la progression des travaux resserre d’autant plus la pression sur les producteurs et les commerçants que les modifications des impôts d’avant la guerre s’accompagnent d’une nette augmentation des exigences comptables. La fiscalité des entreprises subit deux transformations majeures : la mutation de la taxe d’armement en taxe sur les transactions (loi du 26 juillet 1940)16, et le remplacement de la taxe spéciale des entreprises travaillant pour la défense nationale par un prélèvement temporaire sur les excédents de bénéfice réalisés depuis le 1er septembre 1939 qui doit être perçu jusqu’à la fin de l’année suivant la cessation des hostilités (loi du 30 janvier 1941)17. À partir de 1942, la réforme de la taxe à la production et celle des modes de calcul des stocks visant à éviter que l’inflation et la pénurie n’acculent les entreprises à la faillite complètent les mutations. Ces modifications s’accompagnent d’un renforcement des obligations comptables. La circulaire du 24 décembre 1941 concernant la taxe sur les transactions par exemple, oblige les assujettis à « tenir une comptabilité » assez précise pour « déterminer les opérations taxables »18. L’évaluation du prélèvement temporaire sur les excédents de bénéfices impose aussi la tenue d’une comptabilité régulière. Concernant les entreprises relevant de la cédule des BIC, ce prélèvement exige un calcul complexe reposant sur l’évaluation de l’excédent de bénéfice imposable, égal à la différence entre le bénéfice net retenu pour l’établissement de l’impôt cédulaire et un bénéfice dit de comparaison, équivalant soit à la moyenne des bénéfices nets totaux des exercices clos en 1937 et 1938, soit à 6 % des capitaux engagés, augmenté s’il y a lieu de la rémunération normale du chef d’entreprise. Le prélèvement peut atteindre 80 % pour la tranche la plus élevée dès que le bénéfice actuel s’élève au double du bénéfice de la période de comparaison. Son calcul conduit à clarifier la définition du bénéfice imposable et à envisager une nouvelle réglementation en matière de stocks. Dans cette optique, la loi du 30 janvier 1941 insère dans le Code des impôts une disposition générale définissant le bénéfice imposable par la différence entre la valeur de l’actif net à la clôture et à l’ouverture de l’exercice, retenant ainsi toutes les plus-values réalisées.

6Le durcissement des contrôles des déclarations incite les contribuables à se plier aux exigences du fisc. Il est facilité par les recoupements et par les échanges de données entre les régies, les déclarations de taxe sur les transactions par exemple étant communiquées dès 1942 aux agents chargés des BIC19. L’augmentation des renseignements disponibles sur les entreprises et sur les secteurs d’activité ne sert pas seulement le contrôle fiscal puisque la direction de la documentation économique, opérationnelle dès avril 1941, cherche à utiliser les comptabilités privées pour obtenir les informations statistiques nécessaires à l’encadrement de l’économie nationale20. Pour que la direction remplisse sa mission, Chezleprètre, devenu directeur, recommande de choisir son personnel « parmi les meilleurs spécialistes » des vérifications comptables de l’administration. Il invite aussi à réorganiser en profondeur le contrôle fiscal en déchargeant « les agents du cadre principal des travaux matériels », en « les consacrant au contrôle » et en regroupant dans un contrôle central les « travaux matériels assurés jusque-là dans plusieurs contrôles ». Ces suggestions tiennent compte du bilan des expériences entamées avant la guerre qui est rédigé en décembre 1940. Elles sont examinées par la commission chargée d’étudier les améliorations à apporter aux contrôles centraux reconstituée à partir du 13 février 194121. Le 29 avril 1941, la commission étudie la réforme globale présentée par Chezleprètre et décide d’en retenir deux aspects importants : la réforme de l’organisation matérielle des contrôles centraux et la préparation du recrutement massif de commis instruits en « comptabilité élémentaire ». La dernière étape du projet Chezleprètre, passant par le remaniement des circonscriptions d’inspection et par la mise en application d’un plan comptable général, est reportée à plus tard. La recherche d’amélioration de l’organisation des services reste à l’étude pendant toute l’Occupation22. Les contrôles fiscaux bénéficient néanmoins de plusieurs soutiens. Il en est ainsi de l’introduction de procédés mécanographiques pour établir les statistiques des impôts et des taxes et du répertoire général des producteurs défini par la loi du 14 avril 1942, de l’affermissement de l’arsenal juridique de lutte contre la fraude fiscale et contre le marché noir (loi du 15 mars 1942), de la réglementation de la coopération entre les administrations (loi du 3 juillet 1943) et de l’institution d’une procédure exceptionnelle permettant de taxer d’office les contrevenants à certaines dispositions d’ordre économique (arrêté du 8 décembre 1943)23. Pourtant, les résultats ne sont pas à la mesure des attentes. Les difficultés de circulation entre les zones, la complexité de la législation fiscale et la présence des Allemands freinent les opérations de contrôle, tandis que l’insuffisance du personnel qualifié, conséquence du blocage des embauches, constitue le point noir du système24. En 1941, on ne trouve que 160 vérificateurs de comptabilité pour contrôler 44 702 déclarations souscrites par les contribuables passibles du prélèvement sur les excédents de bénéfice. Au 15 octobre 1941, ces vérificateurs n’ont examiné que 949 déclarations. Même en concentrant les contrôles sur les plus grandes affaires, l’insuffisance des moyens est criante. Ces difficultés renforcent les espoirs suscités par la définition du premier plan comptable français25.

Le premier plan comptable général

7Le décret du 22 avril 1941 charge une commission interministérielle de définir le plan comptable26. La séance inaugurale de cette commission se tient le 15 mai 1941 et ses travaux aboutissent à la rédaction d’un rapport présenté le 24 mars 1942 à Yves Bouthillier, ministre, secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances, qui donne son accord à sa publication. Le texte est publié par l’imprimerie Delmas sous le titre Le plan Comptable. Projet de cadre comptable élaboré par la commission interministérielle instituée par le décret du 22 avril 1941. Il représente un compromis entre plusieurs aspirations : celles des directions ministérielles de l’Économie et des Finances et celles de la Production industrielle (MPI), celles des représentants des organisations patronales et des ingénieurs conseils groupés autour de Coutrot dans le COST, ou réunis à la CEGOS, celles des comptables professionnels et celles d’autres institutions publiques ou privées.

8Les travaux préliminaires sont menés tambour battant. Les CO adaptent ensuite le cadre général qui vient d’être établi aux conditions de leurs ressortissants. Ces dispositions résultent d’un accord entre la tendance dirigiste et centralisatrice, représentée par le MPI, par les services du ravitaillement et du contrôle des prix et par les autorités d’occupation, et celle qui tient compte de l’incapacité de la plupart des entreprises de se plier sans transition à un cadre comptable homogène. La seconde tendance est défendue par les représentants des organisations patronales les plus progressistes cherchant moins à renforcer les capacités du contrôle de l’État sur l’économie qu’à soutenir les entreprises. Le compromis ouvre la voie à une normalisation originale résultant d’une concertation assez large impliquant des professionnels, mais dominée par les représentants de l’État français27. Le plan reste conçu comme un outil de gouvernement28.

9La commission interministérielle est présidée par Coutrot jusqu’à son décès en mai 1941, puis par Detœuf, président du CO de la construction électrique. Chezleprètre est son secrétaire général. D’ultimes retouches y remplacent les trois représentants du COST en voie de dissolution, par ceux du Comité d’information interprofessionnel (CII), héritier de la CGPF institué par le décret du 30 avril 194129. La commission compte une cinquantaine de membres : experts comptables, représentants des CO, représentants de la CEGOS ou du CII, délégués des secrétariats d’États et des ministères et juristes. Sa composition est laborieuse, chacun souhaitant y être représenté, ce qui montre que de nombreux ministères, directions et groupements catégoriels ont pris conscience des enjeux de la définition d’un plan comptable30. Les pressions les plus fortes viennent du MPI qui souhaite peser sur les travaux, mais dont la représentation est limitée par les directions économiques et financières.

10Les débats des séances plénières concernent les objectifs du plan comptable. Deux grandes tendances se dessinent : celle que défend Fourastié, qui estime suffisant de réglementer le bilan, le compte d’exploitation et le compte des pertes et profits, et celle que mène Detœuf, qui considère que le plan doit réserver une place centrale à la comptabilité industrielle pour permettre de calculer les prix de revient et de renseigner à la fois « l’exploitant, les actionnaires et les prêteurs31 ». La question est tranchée par les deux sous-commissions de travail formées par la commission comprenant des représentants des CO, du CII, des experts comptables et de l’administration. La première sous-commission est celle des règles chargée de préparer l’avant-projet de cadre comptable et de rédiger les directives pour les CO. La seconde sous-commission se consacre à la préparation de la terminologie à employer. Le point de vue de Fourastié, qui ne participe à aucune des sous-commissions, n’est pas défendu32. Celui de Detœuf l’emporte.

11Ces travaux intéressent le plus haut niveau de l’État français comme le précise l’amiral Darlan, vice-président du Conseil, fin novembre 194133. Ils sont rondement menés. Le 29 décembre 1941, Chezleprètre demande au ministère de l’économie nationale de donner ses impressions sur l’ordre des classes comptables retenues avant « une dernière mise au point34 ». Le 3 janvier 1942, Bouthillier indique que les sous-commissions ont presque achevé leurs études35. Le premier rapport confidentiel de la commission interministérielle retient une numérotation des comptes discontinue dans les classes et réserve des intervalles pour permettre aux CO de dédoubler certains comptes36. Il s’achève par plusieurs vœux : introduire des règles assez souples pour qu’elles puissent s’adapter « aux nécessités de la vie économique » et « aux progrès de la technique comptable », et soutenir la réforme par d’autres mesures consolidant l’encadrement de l’activité37. Le développement de « la comptabilité économique nationale » et la réforme de la comptabilité publique font partie des mesures évoquées. Pour accélérer le changement, le rapport suggère que les grands secteurs économiques établissent une « comptabilité centrale » rassemblant les comptabilités des établissements privés ou des services publics. Il conclut en souhaitant que la réglementation aboutisse à deux améliorations majeures : celle de « l’information de l’administration » et de « la qualité des données statistiques » sur l’activité nationale et celle du contrôle des impôts et des prix. Ce document est complété par un nouveau rapport de Chezleprètre consacré aux nécessités objectives du plan comptable transmis au directeur général des Contributions directes le 10 mars 1942.

12Chezleprètre précise que depuis l’institution de l’impôt sur les bénéfices, les chefs d’entreprises ont été incités à développer leur comptabilité dans un but « de défense fiscale », et en dehors de toute quête « de transparence ». Reconnaissant que le contrôle exigé par la pénurie oblige désormais à introduire des règles rigoureuses, il propose de faciliter l’adaptation des producteurs et des commerçants en organisant des « cours gratuits » pour les comptables en activité et en s’appuyant sur « une solide organisation professionnelle ». La réforme est inscrite dans un mouvement plus général de développement de l’information économique puisque Chezleprètre fait nommément référence à « la création d’un Institut national des statistiques par la loi du 11 octobre 1941 » témoignant de la « préoccupation du gouvernement d’être informé exactement de la situation du pays38 ». Il signale que les travaux de cet Institut sont « conditionnés par l’existence de comptabilités uniformes » permettant de puiser les renseignements « à l’origine », c’est-à-dire dans les comptabilités des entreprises.

13L’importance des attentes formulées à l’égard du plan comptable explique que de nombreuses voix réclament qu’il soit rendu obligatoire. Dans son rapport de décembre 1941, la commission interministérielle précise qu’il doit faire l’objet d’une loi et de décrets d’applications. Chezleprètre suggère de recourir à « des entreprises témoins », pour affiner les règles adoptées et surmonter les problèmes les plus délicats. Aucune de ces modalités n’est finalement retenue. L’obligation est rejetée par Pierre Cathala, ministre secrétaire d’État à l’Économie et aux finances, après la publication du plan comptable39. Le ministre invoque trois arguments. Le premier tient à sa volonté de ne pas heurter les habitudes et les « méthodes de gestion » des chefs d’entreprise qui seraient « considérablement troublés » par une loi. Le second renvoie à la pénurie de papier, jugée incompatible avec une loi obligeant à en utiliser une « quantité très importante ». Le dernier argument provient de l’insuffisance des effectifs des experts comptables expérimentés qui empêche toute généralisation rapide. Le rejet de l’obligation légale impose une procédure beaucoup plus longue prévoyant que les plans professionnels établis par les CO seront soumis à l’examen d’un comité d’adaptation du plan comptable, créé par l’arrêté du 18 octobre 1943, avant d’être rendus obligatoires40.

14Il reste à convaincre les chefs d’entreprises du bien-fondé de la normalisation. Les arguments sont réunis par Detœuf dans une note adressée au secrétariat d’État aux Affaires économiques en mars 194241. Précisant la philosophie du plan comptable, Detœuf insiste à la fois sur son caractère « impératif » dans une économie de pénurie et sur le fait qu’il ne répond pas seulement aux circonstances, mais aux besoins permanents de l’intervention de l’État. Permettant d’éliminer « un des vices dont souffre ce pays » qui est « l’absence d’information », le plan peut combler également la « méconnaissance des prix de revient réels » des producteurs et des CO qui paralyse les tentatives d’organisation des professions et de la répartition. Detœuf précise toutefois que sa généralisation exige une « éducation préalable » des chefs d’entreprise et « une période d’adaptation ».

15Malgré son caractère non officiel rappelé par l’éditeur, le rapport de la commission interministérielle fait l’objet d’une importante demande venant probablement des responsables des CO et du commerce ou de l’industrie42. La première édition est vite épuisée et l’imprimerie Delmas fait un nouveau tirage avant la fin de 1942. Un troisième tirage est effectué en avril 1943, Delmas ayant réuni mille souscriptions. La présentation du plan comptable et de la comptabilité proposée par Fourastié dans son premier Que sais-je ? publié aux PUF à la naissance de la collection en février 194343 et préfacé par Chezleprètre connaît un succès encore plus important44. Comme l’indique le préfacier, l’ouvrage s’adresse non seulement aux élites, mais aussi aux cadres de direction, qui ont jusque-là « été tenus éloignés de l’enseignement et surtout de la pensée comptables ».

16La rapidité de l’évolution succède à des décennies de piétinement. Le changement est d’autant plus notable qu’il s’accompagne de la création de l’ordre professionnel des experts comptables et des comptables agréés.

La création de l’ordre professionnel

17La commission interministérielle d’organisation de la profession d’expert-comptable est donc créée en même temps que celle du plan comptable. Ses travaux aboutissent à deux lois du 3 avril 1942, publiées au JO du 18 avril, introduisant les statuts de l’ordre des experts comptables et des comptables agréés et réglementant les titres et les professions correspondants45. Ces lois sont complétées par celle du 20 août 1942, réglementant les titres et les professions d’expert-comptable et de comptable agréé46, et par celle du 15 mars 1943, prolongeant les délais retenus pour examiner les demandes d’inscription au tableau et la délivrance du certificat d’aptitude de comptable agréé47.

18La formation de l’Ordre répond aux souhaits des professionnels de l’avant-guerre et à ceux de deux experts comptables qui s’adressent directement au gouvernement de Vichy et dont les rapports ont été conservés dans les archives de la commission interministérielle du plan comptable. Le rapport d’Elie Bayot, expert-comptable à Vichy, destiné au général Brécard, secrétaire général du cabinet de Pétain, du 12 novembre 1940 est complété par celui de Jean Martin, président fondateur du Syndicat national des experts comptables qui exerce à Montluçon le 25 novembre 194048. Ces professionnels réclament à la fois la création d’un ordre et le renforcement des contraintes pesant sur les comptabilités des entreprises. Ils se présentent comme de véritables auxiliaires de l’économie organisée et de la lutte contre la fraude et sont en partie satisfaits par l’organisation définie en avril 1942. L’Ordre alors créé se compose de « professionnels pratiquant la science des comptes et remplissant les conditions fixées par la loi ». Un Conseil national coiffant des conseils régionaux est chargé de la formation professionnelle, de l’organisation des épreuves des examens des experts comptables et de la préparation des candidats. Le principe est ainsi posé d’un diplôme d’expert-comptable « sanctionnant une culture de degré supérieur » et une excellente pratique confirmée par cinq ans de stage49. Ces changements répondent en grande partie aux critiques adressées au décret de 1927. Les textes reconnaissent en outre la responsabilité des comptables à l’égard de leurs bilans ainsi que la nécessité de préserver leur indépendance, ce qui n’était pas complètement établi auparavant. Ils mettent l’Ordre au service du contrôle économique et de la répartition et ne se préoccupent pas des réticences éventuelles des organisations patronales50.

19Les structures introduites portent la marque de Vichy. Elles sont xénophobes puisqu’elles écartent toute personne étrangère, exception faite des comptables allemands qui bénéficient d’un traitement spécial, et racistes, excluant les juifs. Elles définissent une organisation strictement hiérarchisée, contrôlée par un commissaire du gouvernement rattaché au Conseil supérieur, nommé par décret sur proposition du ministre secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances, et par des commissaires régionaux affectés auprès des ordres régionaux, désignés par arrêté du ministre sur la proposition du commissaire du gouvernement51. Jusqu’à décembre 1943, le commissaire du gouvernement est Chezleprètre, il est également vice-président de la commission consultative pour la formation professionnelle des experts comptables prévue par le décret du 3 avril 194252. Son approbation et celle des commissaires régionaux sont nécessaires pour valider les décisions des conseils de l’ordre. Toutes les fonctions de responsabilité sont nominatives53. Ces textes reconnaissent néanmoins les principes de l’autocontrôle de la profession puisqu’ils définissent le tableau (liste officielle des promus) et créent des chambres de discipline. Ce faisant, ils confèrent à la profession une légitimité à laquelle elle ne pouvait pas prétendre avant la guerre. Ils distinguent les experts comptables des comptables agréés selon le niveau de diplôme, le niveau de licence universitaire étant exigé pour l’expertise. Les experts comptables doivent également posséder le brevet professionnel de comptable institué par application du décret du 1er mars 1931, ou avoir réussi l’examen préliminaire au stage d’expert-comptable et justifier dans ce cas de trois années de pratique professionnelle. La fonction exercée les distingue des comptables agréés. L’expert-comptable « fait profession habituelle d’organiser, vérifier, apprécier et redresser les comptabilités et les comptes de toute nature ». Il procède aussi à des études de statistiques et de documentation économique pour le compte des entreprises privées ou de l’économie nationale. Il peut effectuer des travaux entrant dans les attributions des comptables agréés, sous la seule réserve de ne pas en faire l’objet principal de ses activités. Le comptable agréé « tient, centralise, arrête et surveille » les comptabilités. La loi retient en outre le cas des comptables salariés qui peuvent être inscrits au tableau de l’Ordre en qualité de comptables agréés dans certains cas : si leur compétence est reconnue par les conseils de l’ordre et s’ils exercent depuis plus de dix ans, ou bien s’ils ont plus de 35 ans le jour de la promulgation de la loi. Des dispositions transitoires sont introduites pour favoriser l’adaptation des professionnels concernés. Le Conseil supérieur de l’ordre doit rédiger un « code des devoirs professionnels » et arrêter les dispositions du règlement intérieur soumis à l’agrément du ministre secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances et du secrétaire d’État à l’Éducation nationale et à la Jeunesse54. Selon la loi, « le premier tableau complet de l’Ordre » est à publier dans le courant de janvier 1943 et doit être révisé chaque année pendant quatre ans.

20L’Ordre dispose d’un Bulletin et publie son premier numéro en octobre 1943 présentant la séance inaugurale du 21 septembre. Les allocutions de Paul Caujolle, nommé président55, de Cathala et de Chezleprètre sont publiées. Cathala précise que l’Ordre ne doit pas apparaître « comme un organe réunissant plus particulièrement les auxiliaires de la fiscalité », mais qu’il doit établir « le code de sa moralité professionnelle ». Comme l’indique le second Bulletin publié en avril 1944, la profession s’étoffe lentement56. Elle comprend alors 1 687 experts comptables et 4 653 comptables agréés. Les fondateurs de l’Ordre ont bien conscience de la nécessité de renforcer ces effectifs et de garantir un niveau élevé de compétences. Caujolle se félicite des efforts entrepris depuis la création de l’Ordre pour développer la formation comptable et tisser des liens avec les facultés57. Les centres de formations se multiplient en effet. La conférence du 8 novembre 1943, organisée à la demande de Jean Bichelonne et à son cabinet, aboutit à la décision de créer un institut comptable auprès de la faculté de droit de Paris. Les professionnels qui y assistent contribuent à atténuer la mainmise du MPI sur l’organisation de la profession58. Ce ministère n’envoie aucun représentant à la réunion consacrée à la formation des comptables présidée par le doyen Ripert de la faculté de droit de Paris le 11 novembre 1943. Les discussions aboutissent à la mise en forme de l’arrêté du 3 février 1944, signé par le ministre de l’Éducation nationale, créant un institut des techniques économiques (section comptable) auprès des facultés de Paris, Lyon et Toulouse. Les instituts offrent des formations de trois ans éventuellement complétées par une année de préparation. Les matières juridiques y sont enseignées par les juristes et l’Ordre se charge des travaux pratiques. Le CNAM est impliqué dans cette réforme après la création d’un cours de technique financière et comptable des entreprises décidée par le décret du 5 mai 194459. L’ESOP intervient également.

21L’ouverture de l’Université à l’enseignement de la comptabilité symbolise à elle seule la nouvelle reconnaissance d’une pratique et d’une profession marginalisées avant la guerre. La « France du chiffre » et la nébuleuse calculatrice reçoivent ainsi un renfort conséquent. Pourtant, le bilan des réformes reste en demi-teinte.

Bilan en demi-teinte

22En faisant du plan comptable un élément essentiel de l’encadrement de l’économie, les autorités de Vichy et les Allemands ne suscitent pas l’enthousiasme des organisations patronales. Établi pendant l’Occupation et « à l’ombre des Contributions directes », le plan est victime d’une « erreur psychologique énorme » qui le met potentiellement au service de la collaboration et du fisc60. À partir de 1943 et du renforcement des exigences allemandes, ceux qui prônent l’obligation comptable peuvent apparaître soit comme des collaborateurs convaincus de la nécessité de mettre la production française au service du Reich, soit comme les victimes d’une illusion consistant à penser que la clarification des comptes ne sert pas l’effort de guerre allemand. Au terme de l’Occupation, ces tensions assombrissent le bilan de la progression de la nébuleuse calculatrice.

Un outil au service des vérifications des comptabilités privées ?

23Le développement de la normalisation comptable s’accompagne d’une évolution des pratiques et des résultats des services du contrôle. Le bilan de l’Occupation en matière de vérification des comptabilités est honorable, même s’il reste insuffisant pour les déclarations de BIC. Au rythme de l’année 1944, les entreprises ne pourraient être vérifiées que tous les 18 ans, mais l’effet des incitations à clarifier les comptabilités des grandes affaires exercées par les contrôles est visible61. L’ampleur des efforts fournis par les services est notable : plus de 20 000 contrôles sont effectués en 1943 et 1944 alors que la situation se dégrade dans une grande partie des départements,. Interrompues en septembre 1939, les vérifications des comptabilités des entreprises recommencent dès le second semestre de 1940. Certaines entreprises suivies avant la guerre sont à nouveau contrôlées. C’est le cas de la manufacture de caoutchouc Michelin par exemple, dont les exercices 1933-1934 et 1935 sont vérifiés en 1936 puis qui reçoit la visite de l’inspecteur au quatrième trimestre de 1940 et en juillet 194162. Les vérifications de l’été 1941 donnent des résultats « très substantiels » pour le prélèvement exceptionnel et les réserves63. La réorganisation des services contribue à améliorer l’efficacité des opérations.

24Les contrôles de l’industrie chimique, de la grosse métallurgie et des corps gras (groupe Unilever), puis des entreprises hydro-électriques relèvent désormais du service de documentation et de statistiques64. Pour remplir une charge de travail croissante, en particulier pour faciliter le « délicat travail d’interprétation des documents » auquel condamne le désordre des comptabilités des sociétés, le service se scinde en deux sections. La première section compte six agents et un inspecteur principal et se consacre aux grandes industries disposant de services comptables (chimie, grosse métallurgie, corps gras : le groupe Unilever, entreprises hydro électriques). La seconde, créée courant avril 1941 avec un effectif réduit, s’intéresse à des affaires de plus petite taille intégrées au secteur de la construction d’appareils indéfrisables pour coiffeurs et à celui des constructions de compteurs à gaz et d’appareils électriques. Les résultats obtenus sont conséquents et la plupart des redressements sont acceptés par les intéressés. À partir de 1942, le service de documentation et de statistiques établit également des monographies professionnelles à titre expérimental pour se doter d’outils de contrôle permanents. Suivant les propositions de Chezleprètre, ces monographies doivent retracer les « conditions d’activité normale des entreprises » d’une profession65. Elles utilisent les informations collectées lors des contrôles qui sont enregistrées dans un bulletin retenant les bilans des entreprises, les comptes d’exploitation, les comptes de profits et pertes et les frais généraux. Le croisement de ces données avec celles jugées caractéristiques de la profession fait ressortir les dissimulations et permet de redresser les comptes. Les monographies sont établies pendant toute l’Occupation66. Certaines s’appuient essentiellement sur les vérifications de comptabilités67. Il en est ainsi de la description de l’activité des marchands de bestiaux résultant d’une enquête pionnière effectuée en Bretagne. L’enquête permet aussi d’établir plusieurs principes essentiels des vérifications de comptabilités : l’importance de la spécialisation des agents enquêteurs, la nécessité de travailler en série et par catégorie d’activités et l’intérêt d’une solide préparation permettant de disposer de renseignements précis sur l’exercice de la profession dans la région et sur le détail de ses activités. Des monographies des secteurs concentrés sont également faites visant à mettre en évidence les « liens de filiation et d’interdépendance entre les sociétés dépendant de six grands groupes68 ». Les motifs des choix des secteurs retenus ne sont pas précisés, mais la démarche participe à la politique anti trust de Vichy. Ces contrôles ne semblent pas intéresser outre mesure les autorités allemandes puisque les agents français qui les effectuent peinent à obtenir les laissez-passer nécessaires à l’exercice de leur fonction en zone occupée ou interdite et ne bénéficient d’aucune dispense particulière les autorisant à déplacer les dossiers fiscaux d’une zone à l’autre. Ce désintérêt n’empêche pas le service de documentation et de statistiques de répondre à la direction des Prix à partir de la fin de 1941 s’engageant à améliorer l’efficacité du contrôle des prix. Il mobilise pour cela sa documentation et organise des enquêtes pour corriger les surévaluations des prix de revient des CO69. Les autorités allemandes, cherchant à réduire le prix des fournitures et à contrôler l’évolution du coût de la vie des troupes d’occupation, s’impliquent alors en commanditant certaines enquêtes. Elles interviennent parfois directement, par exemple lors de l’enquête sur les frais de fabrication des huiles végétales métropolitaines de la fin de 194370. L’enquête prescrite par la direction des Prix vise à examiner les propositions du CO des corps gras qui soumet un projet d’arrêté fixant les prix des huiles végétales métropolitaines à l’homologation des autorités d’Occupation. Comme ces prix leur paraissent exagérés, les services économiques allemands veulent organiser eux-mêmes une enquête. Ils rencontrent deux collaborateurs de la direction de la documentation économique et un représentant de la direction des Prix à l’Hôtel Majestic à Paris et se mettent d’accord sur l’organisation d’une enquête sur les frais de fabrication auprès de la société Astra, choisie comme établissement témoin par la direction de la documentation économique. L’enquête commence le 29 décembre 1943. Même si la tâche des enquêteurs est facilitée par la qualité des « méthodes comptables en usage dans l’entreprise », la brièveté du délai imparti oblige à se contenter de puiser les renseignements dans la comptabilité. Le travail est achevé le 3 janvier 1944 et ses conclusions sont présentées à la direction des Prix le 7 du même mois. Les frais de fabrication ressortent à 77 francs par tonne de graines traitée en décembre 1943, alors que le dossier du CO, que la direction des Prix se proposait d’homologuer et qui se référait également à la société Astra, mentionnait 163 francs. Le rapport de la direction générale conclut à la nécessité de procéder le plus souvent possible à la vérification des dossiers des CO et de disposer d’un personnel suffisamment nombreux pour assurer ces vérifications. Dans une note adressée au directeur général des Contributions directes le 1er décembre 1943, Chezleprètre indique que la centralisation des informations des différents services de documentation et des impôts peut aussi faciliter les contrôles71. L’usage de cette documentation pour calculer le rapport moyen entre la valeur du stock usuel et le chiffre d’affaires « pour le plus de professions possibles » fournit déjà de très bons résultats puisqu’une enquête effectuée à partir de 1 300 fiches concernant 58 professions permet de réduire de nombreuses « exagérations des CO ».

25Ni ces résultats, ni les différentes pressions qu’ils subissent ne suffisent à convaincre les assujettis d’améliorer leurs pratiques comptables. En 1944 selon le service de vérification, moins d’un tiers des contribuables faisant une déclaration d’après le bénéfice réel « dispose d’une comptabilité régulière et complète » établie conformément aux prescriptions du Code du commerce72. Le service invite alors à une « rééducation générale des contribuables » pour améliorer la situation. Le contexte de l’Occupation ne s’y prête pas.

Interventions allemandes dans l’élaboration du plan comptable

26Alors que la convention d’armistice n’autorise aucune intervention des autorités allemandes dans la normalisation comptable française, les intrusions du docteur Michel, chef de la section économique de l’administration militaire en France, sont avérées. Il cherche d’abord à être informé des travaux en cours sur le plan comptable, puis intervient pour influencer les modalités retenues. Ce mépris pour la convention d’armistice montre que les progrès de la comptabilité privée en France représentent un enjeu important pour les Allemands. Pourtant, leur intérêt pour les commissions constituées avec leur aval en avril 1941 n’est pas immédiat. Compte tenu de la lenteur des travaux français avant la guerre et du fait de leur propre expérience, les Allemands peuvent penser que les projets n’aboutiront pas avant longtemps. Or, ils sont surpris par la rapidité des études de la commission interministérielle et cherchent alors à s’engager plus massivement.

27Leur volonté de s’immiscer dans l’élaboration du plan comptable français s’explique par leur besoin de limiter l’augmentation des prix et de contrôler la répartition des ressources. Les experts envoyés vérifier les comptabilités des entreprises françaises pour limiter leurs exigences en matière de tarifs se plaignent de la complexité des documents à examiner73. Il n’est donc pas surprenant que les autorités allemandes réagissent le 7 octobre 1941, lorsqu’elles apprennent par des représentants de l’économie nationale et des Finances que la commission interministérielle ébauche un plan comptable. Le 20 octobre 1941, Michel demande à la direction des Prix de lui transmettre avant le 15 novembre les principes établis par cette commission afin qu’il puisse « ouvrir une discussion » sur la question74. Il juge alors l’unification des plans comptables « dans toutes les entreprises industrielles » nécessaire à « l’exercice d’un contrôle des prix » et se montre très favorable à la philosophie exprimée par la commission. Le lendemain, Chezleprètre informe Detœuf que les autorités allemandes exigent « la mise au point et la mise en vigueur d’un plan comptable officiel avant le 31 décembre 194175 ». Cette requête n’est pas confirmée, mais d’autres demandes formulées par Michel sont satisfaites. La direction des Prix présente aux Allemands « les dispositions arrêtées par la commission interministérielle » et Chezleprètre est chargé de conduire les négociations sur la mise en œuvre de la loi comptable76. Le 7 novembre 1941, il leur transmet un premier rapport « sur le sens des travaux de la commission » envoyant une copie au directeur général des Contributions directes précisant qu’il s’est cantonné « volontairement » à un cadre « de généralités ». Chezleprètre invite à accélérer les travaux préalables à la définition d’un plan français pour éviter « de se voir imposer des méthodes inspirées par les Allemands ». Aucune des sources examinées ne confirme la réalité des pressions allemandes sur la définition du plan. En revanche, ces pressions sont visibles en 1943 puisque les dispositions retenues par la commission interministérielle pour diffuser le plan comptable suscitent des réticences de la part des autorités d’occupation77. Le 18 juin 1943, Bichelonne informe Douffiagues qu’il souhaite « reprendre » la question avec le secrétaire général pour les questions économiques78. Michel demande alors aux autorités françaises d’envoyer une délégation « de techniciens » discuter de ces dispositions avec les représentants des services économiques allemands. Le 1er juillet, il se tourne vers la direction des Prix et réclame d’introduire « des modifications très importantes » dans le projet. La nature des modifications attendues n’est pas précisée dans les archives. Les modalités retenues par la commission ne sont pas modifiées, l’obligation n’étant pas introduite.

28L’autorisation de publier le rapport de la commission interministérielle comme celle de diffuser le Bulletin de l’Ordre à partir d’octobre 1943 attestent néanmoins de l’aval des autorités d’Occupation79. L’un des motifs de l’épuration de Chezleprètre est bien celui de faits d’intelligence avec l’ennemi, on lui reproche en particulier plusieurs initiatives visant à intéresser les Allemands « à l’application d’une loi sur le plan comptable dont la mise en vigueur avait été reconnue inopportune en période d’occupation par les pouvoirs publics80 ». Le bilan des pressions allemandes sur la normalisation comptable française présente encore trop de zones d’ombre pour pouvoir être clairement établi. Il influence néanmoins certaines réactions des organisations patronales face aux réformes.

Le besoin de souplesse des organisations patronales

29Les organisations patronales sont bouleversées par l’Occupation. La loi du 16 août 1940 et le décret du 9 novembre 1940 suppriment « les groupements généraux rassemblant à l’échelle nationale les organisations professionnelles patronales » et définissent une organisation provisoire de la production industrielle les plaçant au cœur du système de la répartition81. Les organismes dissous (CGPF, Comité des forges, Comité des houillères) survivent dans le CII et dans les CO. Le CII sert d’organe de liaison des CO et de centre de documentation pour les pouvoirs publics82. Il est dirigé par de Tavernost, ancien délégué général du CCOP dont il absorbe l’école rebaptisée ESOP83. Detœuf préside le conseil de perfectionnement du CII jusqu’en juin 1941, puis Henri Fayol lui succède. Dauphin-Meunier remplace de Tavernost comme directeur de l’ESOP. Bien qu’elles soient moins développées qu’à la CEGOS, les préoccupations comptables de l’ESOP se manifestent à travers la réorganisation de sa section d’études et la création de la section de contrôle comptable à l’initiative de deux experts comptables, Bertand Fain et Gustave Doyen, en novembre 194184. La section dirigée par Caujolle prépare les auditeurs à des postes financiers dans les CO ou dans les banques populaires ou à l’examen final du diplôme d’expert-comptable. Selon Culmann qui y enseigne, ses cours visent moins à approfondir des « connaissances » qu’à former une nouvelle « mentalité » permettant « aux Français » de « comprendre les données fondamentales de leur économie » et de ne plus « se bercer d’illusions85 ». Une session sur la « normalisation des comptabilités » est organisée en novembre 1941, puis une séance est consacrée à l’étude du plan comptable et au calcul des prix de revient en décembre 194386. Jean Parenteau présente alors l’état des travaux de l’Union textile en vue de l’adaptation et de l’application du plan comptable. L’ESOP aborde également les questions fiscales. Son programme du 25 janvier au 10 février 1941 par exemple, comprend un cours dispensé par Jacques Desmyttère, secrétaire général adjoint du CO des industries textiles87.

30La réorganisation professionnelle entreprise par Vichy promeut les adeptes de l’encadrement des professions et du chiffrage aux postes de responsabilités. À l’exception notable de Milhaud, écarté en application des lois antisémites, la plupart des animateurs patronaux modernistes d’avant la guerre se retrouvent aussi dans les foyers d’études de Vichy. Auguste Detœuf et Raoul de Vitry, par exemple, sont au Conseil d’études économiques créé par le décret du 15 mai 194188. Les chambres de commerce sont moins valorisées et leurs positions sur les travaux de la commission interministérielle du plan comptable, auxquels le CII est très favorable, sont négatives89. Le 23 mars 1942, le président de l’Assemblée des présidents des chambres de commerce informe les Affaires économiques du sentiment d’inquiétude qu’ils suscitent dans les milieux du commerce et de l’industrie90. Il réclame que les chambres de commerce soient représentées à la commission pour éviter que le plan comptable ne serve que les préoccupations « fiscales ou administratives ». Dans sa réponse du 14 avril 1942, Jean Filippi indique que les craintes formulées manifestent une « opposition de principe » à toute tentative de rationalisation et qu’elles ne sont plus justifiées depuis le début des travaux de la commission et l’élargissement de la représentation de l’industrie et du commerce. Aux délégués du CNOST et du CII se sont ajoutés onze représentants des CO, trois représentants des établissements de crédit et onze experts comptables. La présence de Detœuf témoigne également de la volonté de ne pas assigner à la commission des buts « purement administratifs ou fiscaux ». Les vingt-neuf délégués des milieux professionnels sont « bien au fait des questions » à aborder et ils peuvent sans difficulté faire contrepoids aux arguments des vingt fonctionnaires présents, parmi lesquels on ne trouve que quatre membres des administrations financières. Filippi souligne aussi que la prépondérance des professionnels a été particulièrement accusée au sein de la sous-commission des règles qui s’est inspirée « des nécessités d’ordre économique » pour établir l’avant-projet de plan comptable. Il ajoute que l’une des « caractéristiques fondamentales » des modalités d’application du plan réside dans l’étroite collaboration demandée aux CO. Pour conclure, Filippi invite le président de l’Assemblée des présidents à « dissiper les appréhensions injustifiées » dont il s’est fait l’interprète, sans rassurer91. Le 8 juillet 1942, Paul Vandier, président de la commission des questions financières et fiscales de la chambre de commerce de Paris, présente un autre rapport critique sur la rationalisation des comptabilités, publié dans le bulletin hebdomadaire de la chambre92. Ce rapport est plus ouvert que le précédent. Considérant que la mise à l’écart de la chambre de commerce représente un « danger » pour la liberté et pour le secret des affaires et reconnaissant que le plan comptable est indispensable au calcul du prix de revient et à l’économie dirigée, il réclame que ses modalités d’application soient assez souples pour faciliter la décision du chef d’entreprise sans s’immiscer dans la gestion financière, qui est son « domaine réservé ». Vandier rejette toute idée de loi comptable privant le chef d’entreprise de la maîtrise « de sa gestion et du gouvernement de son entreprise ». Son rapport témoigne surtout des craintes suscitées par la menace de généralisation des règles de la comptabilité financière. Conseillant aux entreprises de tenir une double comptabilité distinguant le bilan destiné à l’extérieur de celui dont l’usage est interne, Vandier précise qu’aucune réforme ne peut aboutir tant que les fondements des relations « entre l’entrepreneur et l’état » et ceux du système fiscal ne sont pas profondément réformés, ce qui exige une profonde « éducation du public ». La nécessité de prendre du temps pour diffuser les règles du plan comptable est également défendue par Detœuf, qui ne souscrit pas au conseil de Vandier relatif à l’établissement de deux comptabilités93. Le rapport Vandier est commenté par le journaliste André Terrasse dans le quotidien économique du soir, La vie industrielle, commerciale, agricole, financière du 12 août 194294. Il est interprété comme un révélateur de la capacité des chambres de commerce à reconnaître la nécessité de certaines réformes, même si elles enfreignent les « règles libérales » auxquelles elles sont attachées. Terrasse considère que la véritable crainte des chambres vient moins du risque encouru par le secret des affaires que de celui de voir le plan comptable devenir un « instrument d’oppression fiscale ». Comme Vandier, il appelle à une « réforme profonde de la fiscalité » et à une modification radicale des « rapports existant entre l’entrepreneur et l’État » pour permettre le changement.

31Les différentes mesures envisagées par la commission interministérielle du plan comptable retiennent également l’attention de l’UIMM. La question est évoquée par le conseil de direction du 15 mai 194195. La consistance précise des travaux de la commission n’est pas détaillée mais la menace d’une obligation est dénoncée. La question n’est plus abordée par le conseil de direction avant le 19 février 194296. Il est alors indiqué que le rapport de la commission du plan comptable vient d’être remis au ministre des Finances qui doit le transmettre aux CO pour avis. Jean Dupin, directeur de l’un des établissements de la compagnie des produits chimiques, électro-métallurgiques Alais, Froges et Camargue depuis 1939 et membre du CO des métaux non ferreux97, se dit « préoccupé par le projet ». Il déplore que « les auteurs du plan comptable » soient « dominés par le souci de déterminer avec précision le prix de revient », ce qu’il juge marginal comparé aux besoins du moment. Lenté, président de l’Union, est également critique affirmant que « sur ces bases, l’institution d’un plan comptable risque de bouleverser l’organisation industrielle française ».

32La souplesse de la procédure adoptée par la commission interministérielle pour diffuser le plan comptable rassure à la fois les chambres de commerce et l’UIMM : les plans comptables professionnels établis par les CO et acceptés par le comité d’adaptation du plan comptable, créé au ministère des Finances par l’arrêté du 18 octobre 1943, ne seront pas généralisés sans une décision du directeur du CO98. Les CO sont invités à présenter rapidement leurs propositions au comité d’adaptation afin qu’il s’assure qu’elles respectent les indications officielles concernant les dix classes de compte adoptées, les comptes principaux et leurs subdivisions, les libellés, les définitions et les règles ainsi que les modalités retenues pour la dernière classe de compte consacrée à la comptabilité des prix de revient99. Les procédures initialement envisagées ont été assouplies. L’idée de sélectionner des entreprises témoins et d’observer leurs adaptations au cadre établi comme celle de faire entériner les plans des CO par un arrêté ministériel sont abandonnées. En outre, le comité d’adaptation est ouvert aux représentants des intérêts privés et aux comptables. Présidé par Chezleprètre, il réunit des représentants des principales directions ministérielles intéressées (direction de l’économie générale et direction des Prix, MPI), cinq experts comptables choisis sur proposition du Conseil supérieur de l’ordre, un représentant de la chambre de commerce de Paris et quatre personnalités du commerce et de l’industrie100. Les délégués des petites et moyennes entreprises, désignés en accord avec Léon Gingembre, attaché à la direction de l’organisation professionnelle du MPI, sont satisfaits par la non-application du plan comptable aux entreprises soumises au régime du forfait101.

33Malgré cette souplesse, le comité d’adaptation du plan comptable reçoit peu de propositions. Il examine le plan professionnel du CO de l’industrie aéronautique au cours de quatre séances organisées en décembre 1943102. Le projet soulève des oppositions. À la séance du 13 décembre, Detœuf indique qu’il suscite « de petites gênes », de Peyrecave, directeur de l’entreprise phare du secteur et opposé à la méthode des prix de revient, considère qu’il s’agit au contraire d’un « profond bouleversement103 ». Au terme des débats, le CO définit des dispositions sur la comptabilité générale et en recommande l’application aux sociétés du secteur à partir du 1er janvier 1944104. Ces dispositions correspondent quasiment à celles de la commission interministérielle. Les dispositions concernant la comptabilité des prix de revient bénéficient d’un échéancier particulier puisqu’elles ne doivent pas être appliquées avant le 1er janvier 1946. Les autres plans soumis au comité d’adaptation ne suscitent pas de si longues discussions : celui de la Parfumerie est jugé « très fantaisiste » et ceux de la Blanchisserie-Teinturerie ou du Papier ne sont pas complètement achevés à la Libération105. Quelques grandes entreprises organisent toutefois leur comptabilité selon le plan comptable général sans attendre que leur profession les y engage. Il s’agit par exemple de deux organismes d’État (l’Imprimerie nationale et les mines domaniales de potasse d’Alsace106) et de quelques entreprises privées comme les établissements Goulet-Turpin de Reims (maison à succursales multiples de 700 magasins). La lenteur des travaux préoccupe et justifie l’ultime proposition de Chezleprètre le 13 juin 1944, quelques jours à peine après le débarquement en Normandie, recommandant d’instituer un comité supérieur de la comptabilité, organisme permanent chargé de mettre au point le système comptable et de résoudre les difficultés méthodologiques qui freinent les études des CO107. Chezleprètre suggère aussi que ce comité soit consulté sur tout projet concernant la tenue des comptabilités. Sa réalisation est reportée.

34Ainsi, la publication du plan comptable de 1942 ne parvient pas davantage que les dispositions réglementaires ou législatives retenues à écorner l’autonomie comptable des entreprises qui ne le souhaitent pas. La méfiance des organisations professionnelles paraît plus forte que la détermination des directions ministérielles et celles des autorités allemandes à mettre de l’ordre dans les comptabilités privées. Qu’elle soit conçue comme un instrument de contrôle ou bien comme un outil au service de l’entreprise, la normalisation effective progresse davantage dans les textes que dans les faits. L’ampleur de l’héritage est pourtant sans précédent : l’Occupation laisse un plan comptable général, des commissions et une profession spécialisée.

*

35La rapidité avec laquelle Vichy définit un cadre comptable et fonde une profession contraste avec les lenteurs de l’avant-guerre. En un an à peine, un plan comptable sort des cartons pour être publié et devient l’objet d’une large demande comme le montrent ses rééditions successives. La souplesse qui préside à son application garantit son succès. Même fortement influencé par des personnalités qui représentent les administrations fiscales et financières (Chezleprètre), ou les grandes entreprises (Detœuf), ce plan reste facultatif mais chaque CO peut l’adapter aux professions de son ressort. La concertation établie entre les directions ministérielles, les organisations professionnelles et les professionnels de la comptabilité pour le définir et le diffuser, comme la création de l’ordre des experts comptables et des comptables agréés sont destinées à durer.

36Toutefois, l’édifice reste inachevé. Le développement de la comptabilité industrielle initialement prévue par la commission interministérielle est repoussé. Le plan comptable général ne reçoit aucune sanction légale et le CO de l’industrie aéronautique est le seul à en recommander l’application. À partir de 1943 et du resserrement des contraintes économiques et politiques, la normalisation comptable sert davantage le contrôle que les intérêts des entreprises. Les ambitions consistant à établir une relation durable entre les chiffres publics (statistiques) et les chiffres privés (comptabilité) n’aboutissent pas non plus. L’incapacité, et peut-être aussi l’inertie, de la plupart des entreprises qui ne tenaient pas de comptabilité régulière avant la guerre à appliquer un plan comptable demeure une réalité que le pouvoir coercitif de Vichy ne peut surmonter.

37L’ombre portée de Vichy et de la collaboration entache cet édifice et sa survie n’est pas acquise à la Libération. Sa fragilité apparaît déjà dans le flou qui entoure le rapport de la commission interministérielle : ce document n’a aucun caractère officiel, alors que les autorités politiques de Vichy et de l’Occupation lui donnent leur aval108. Les changements introduits restent à adapter à un contexte redevenu démocratique en revalorisant le poids des acteurs privés et en affichant une distinction officielle entre la comptabilité générale et la comptabilité analytique, puisque les organisations patronales refusent l’amalgame.

Notes de bas de page

1 Table ronde sur « Vichy entre l’archaïsme et la modernité », François Bloch-Lainé, Patrick Fridenson, Richard Kuisel, Michel Margairaz, Philippe Mioche et Henry Rousso dans Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), Vichy et les Français, Paris, Fayard, p. 357-368, p. 360.

2 M. Margairaz, « Conclusions », dans H. Joly (dir.), Les comités d’organisation et l’économie dirigée du Régime de Vichy, Caen, Centre de recherche d’histoire quantitative, 2004, p. 295-310, p. 310.

3 André Straus, « Le financement des entreprises de production d’électricité pendant la Seconde Guerre mondiale », dans Denis Varaschin (dir.), Les entreprises du secteur de l’énergie sous l’occupation, Arras, Artois Presses Université, 2006, p. 132-146. L’auteur rappelle que le paiement des frais d’occupation s’est élevé à 859 milliards de 1940 à 1944 et que, de ce fait, le total des opérations budgétaires dans cette période s’est traduit par un déficit de 1 215 milliards et de 1 400 milliards entre 1939 et 1945, p. 135.

4 Hervé Joly, « Les comités d’organisation ; un ensemble vaste et disparate », dans H. Joly (éd.), Les comités d’organisation…, ouvr. cit., p. 83-108.

5 CAEF B 643. Direction des enquêtes et vérifications nationales. Note du directeur de la documentation économique au directeur des Contributions directes, 31 mai 1943.

6 Michel Volle, Histoire de la statistique industrielle, Paris, Economica, 1982.

7 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Direction générale des Contributions directes.

8 Idem. Confidentiel. Rapport présenté par Chezleprètre, directeur des enquêtes régionales et de la documentation économique, à la commission de la normalisation des comptabilités, Paris.

9 Id. CEGOS, exemple de plan comptable envoyé aux sociétés et groupements adhérents, 25 septembre 1940.

10 Id. Notes de la direction de l’économie générale sur la production, non signées, 21 novembre 1940.

11 CAEF B 671. Renouvellement des stocks, de l’outillage et du matériel. Direction générale des Contributions directes. Note de Watteau adressée au secrétaire général pour les questions économiques, 9 mai 1941.

12 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Direction générale des Contributions directes. Confidentiel. Rapport présenté par Chezleprètre à la commission de la normalisation des comptabilités, Paris.

13 CAEF B 55 188. Commission interministérielle du plan comptable. Présentation du projet confidentiel et non définitif du plan comptable (1942), exemplaire remis à Pierre Douffiagues, noté : « à ne pas communiquer » par le secrétaire général de la commission. Douffiagues, inspecteur des Finances, est le chef de cabinet du ministre des Finances.

14 Idem. Les annexes détaillent le plan comptable, le compte d’exploitation et le compte des pertes et profits avec et sans inventaire permanent, p. 30-81.

15 CAEF 1 C 33 526. Dossier personnel no 5430. Jacques Chezleprètre.

16 CAEF B 43 358. Taxe d’armement. Direction générale de l’Enregistrement, des Domaines et du Timbre, division centrale. Loi du 26 juillet 1940 (JO du 29 juillet 1940) et instruction no 4492.

17 CAEF B 58 871. Réformes fiscales. Circulaire no 2164 du 28 avril 1941.

18 Idem. Circulaire relative à la communication aux agents des Contributions directes du chiffre d’affaires déclaré pour l’assiette de la taxe sur les transactions, 24 décembre 1941. Cette obligation est déjà prévue par l’article 66 de la loi du 25 juin 1920 qui crée la taxe sur le chiffre d’affaires.

19 Id. Note au sujet des renvois des fiches annotées dans les contrôles, signée Adéodat Boissard, directeur général de l’Enregistrement.

20 CAEF B 641. Contrôle fiscal (1946-1952). Renseignements statistiques. Note pour le ministre de l’économie sur la direction de la documentation économique, Chezleprètre, 8 juin 1943.

21 CAEF B 42 116. Direction générale des Contributions directes. La commission chargée d’étudier les améliorations à apporter au fonctionnement des contrôles centraux est organisée par l’arrêté du 10 janvier 1939 (voir infra).

22 Idem. Bureau central et du personnel. Organisation et fonctionnement des contrôles centraux, note signée Chezleprètre, 20 mars 1942.

23 CAEF B 43 159. Fraudes fiscales. Répression des fraudes.

24 CAEF B 42 115. Réorganisation de l’administration des Contributions directes. Organisation des services des Contributions directes (1945). Note du directeur général des Contributions directes au directeur du personnel, 5 décembre 1941.

25 Sur ce premier plan voir par exemple : J. Richard, « Plans comptables », dans Bernard Colasse (dir.), Encyclopédie de comptabilité, contrôle de gestion et audit, Paris, Economica, 2000, p. 943-959 ; Peter Standish, « Les origines du plan comptable général français, rapport du centre de recherche et de documentation des experts comptables et commissaires aux comptes », Dossier Minerve, no 4, janvier 1992 ; B. Touchelay, « À l’origine du plan comptable français des années trente aux années soixante, la volonté de contrôle d’un État dirigiste ? », CCA, juillet 2005, p. 61-88.

26 Décret no 1847 du 22 avril 1941, JO du 3 mai 1941.

27 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Article 1 du décret du 22 avril 1941 instituant une commission du plan comptable, JO du 3 mai 1941.

28 Bernard Colasse, Peter Standish, « De la réforme 1996-1998 du dispositif français de normalisation comptable », CCA, tome 4, volume 2, septembre 1998, p. 5-27, p. 13. Les auteurs font remarquer à cet égard que c’est le terme de « plan comptable », et non celui de « code » ou de « guide » qui a été retenu.

29 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Note de Douffiagues pour Chezleprètre, 23 mai 1941.

30 Idem. Note de Chezleprètre demandant aux secrétaires d’État aux Communications, aux Travaux et Transports et à la Production industrielle de s’entendre sur la désignation des représentants des CO pour la séance plénière du 10 juillet 1941, 5 juillet 1941. Les CO représentés seront : celui des industries chimiques, de la construction navale, de la production et de la distribution d’électricité et de l’énergie, des combustibles et des minéraux solides et des machines de bureau.

31 R. Boulat, « Jean Fourastié, la productivité… », doctorat, op. cit., p. 154.

32 Ibid. Selon l’auteur, l’éviction de Fourastié « confirme sa position marginale et ses handicaps aux yeux de Detœuf : il n’est pas polytechnicien, il a délaissé une carrière d’ingénieur au profit du droit et des assurances, enfin, il n’est pas spécialiste de la question des prix de revient et de la comptabilité industrielle, qui sont, finalement, les enjeux majeurs des débats de la commission car les décisions prises en ce domaine conduisent à la révision du plan initial », p. 154.

33 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Direction générale des Contributions directes. Lettre au ministre, secrétaire d’État à l’Économie nationale et aux Finances, Vichy, 29 novembre 1941.

34 Ibid. Lettre de Chezleprètre au ministère de l’Économie nationale et des Finances, 29 décembre 1941.

35 CAEF B 55 188. Rapports de la commission interministérielle du plan comptable (janvier-novembre 1942). Lettre d’Yves Bouthillier, 3 janvier 1942.

36 CAEF B 51 173. Ministère des Finances. Direction générale des Contributions directes. Rapport de Chezleprètre à la commission plénière, 31 décembre 1941.

37 CAEF B 55 188. Rapports de la commission interministérielle du plan comptable (janvier-novembre 1942). Commission de normalisation des comptabilités, ministère de l’Économie nationale, plan comptable général, p. 161.

38 Idem. Exemplaire manuscrit remis à Douffiagues, décembre 1941. Remarquons qu’il ne s’agit pas d’un institut mais d’un service.

39 CAEF B 55 189. Comité d’adaptation du plan comptable (janvier 1943-décembre 1945). Note de Douffiagues relative à l’application du plan comptable, 18 juin 1943.

40 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Ce comité est formé de permanents et de six membres non permanents parmi lesquels se trouve obligatoirement le commissaire du gouvernement auprès du CO concerné ou son représentant, le président ou directeur du CO, un ou deux représentants des petites et moyennes entreprises et des grandes entreprises de la catégorie retenue.

41 CAEF B 51 173. Ministère des Finances. Direction générale des Contributions directes. Copie du rapport de Detœuf remis à Filippi, secrétaire général pour les Questions économiques, en vue de lui fournir des arguments de discussion avec les industriels, transmis par Chezleprètre au directeur général des Contributions directes, 21 mars 1942. Annotation de Chezleprètre : « Texte qui reproduit en partie mon rapport personnel du 10 mars 1942. »

42 CAEF B 55 188. Rapports de la commission interministérielle du plan comptable (janvier-novembre 1942). Lettre au secrétaire général de la commission plan comptable au sujet de la diffusion du rapport de la commission interministérielle, signé Zaffreya, rédigé par Douffiagues le 13 novembre 1942.

43 J. Fourastié, La comptabilité, coll. Que sais-je ?, Paris, PUF, 1re éd., premier trimestre 1943.

44 R. Boulat, « Jean Fourastié, la productivité… », doctorat, op. cit. L’ouvrage connaît 21 éditions et 161 000 exemplaires sont vendus jusqu’en novembre 1998, ce qui est un cas unique dans l’histoire de l’édition comptable française, p. 154 et 156.

45 Loi no 467 du 3 avril 1942 d’introduction des statuts de l’ordre des experts comptables et des comptables agréés, JO du 18 avril 1942, p. 1471-1473 ; Loi no 468 du 3 avril 1942 instituant l’Ordre et réglementant les titres et les professions d’expert-comptable et de comptable agréé, JO du 18 avril 1942, p. 1473-1477.

46 Loi no 804 du 20 août 1942, JO du 29 août 1942, p. 2954.

47 Loi no 156 du 15 mars 1943, JO du 16 avril 1943, p. 1046.

48 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Rapport de Jean Martin, Montluçon, 25 novembre 1940. Enregistré à Vichy le 4 décembre 1940.

49 CCIM MJ 83255. Interventions et rôles divers. Examen d’expert-comptable (1927-1941). PV des opérations.

50 CCIM ML 404. Droit et législation. Réglementation du commerce et de l’industrie. Plan comptable (1943-1949). Gabriel Heuillet, inspecteur adjoint du contrôle économique en résidence à Marseille, « Le Plan comptable et le contrôle économique », novembre 1943.

51 BNF. « La vie de l’Ordre », Bulletin de l’ordre national des experts comptables et des comptables agréés, avril 1944, p. 69. Chezleprètre est aussi nommé commissaire du gouvernement auprès du Conseil régional de l’Ordre de Paris à titre provisoire, puis il est remplacé par André Rolland, administrateur à la direction générale des Contributions directes, par l’arrêté du 20 décembre 1943.

52 CAEF 1 C 33 526. Dossier personnel no 5430. Jacques Chezleprètre. Parmi les autres membres de la commission consultative pour la formation professionnelle des experts comptables nommés par l’arrêté du 23 décembre 1942 se trouvent par exemple : le directeur général et l’inspecteur général de l’enseignement technique, ce dernier est aussi président du jury de l’examen final du diplôme d’expert-comptable, les directeurs des principales directions de l’Économie, des Finances, du Trésor et de la Production Industrielle, deux experts comptables (Jean-Baptiste Dumarchey et Yves de la Villeguerin) membres du Conseil supérieur de l’ordre, un professeur à la faculté de droit de Paris.

53 Loi no 467 du 3 avril 1942, JO du 18 avril 1942, p. 1471-1473.

54 BNF. Bulletin de l’ordre national des experts comptables et des comptables agréés, octobre 1943. Membres du Conseil supérieur : Chezleprètre, Doyen, président d’honneur, Marc Barbut, président honoraire, Paul Caujolle, président, et vingt-deux experts comptables dont Jean-Baptiste Dumarchey (Lyon) et Camille Evezard (Paris), Honoré Martin (Paris) et Valentin Lemoine (Paris).

55 R. Boulat, « Jean Fourastié, la productivité… », doctorat, op. cit. « Relevons que lorsque ce dernier est nommé président de l’ordre des experts comptables, une réunion intime associe au restaurant du CII ses amis, à savoir, notamment, Jean Bichelonne, Jacques Chezleprètre, Antoine de Tavernost, Henri Fayol », p. 23.

56 BNF. « La vie de l’Ordre », Bulletin de l’ordre national des experts comptables et des comptables agréés, avril 1944, p. 69.

57 BNF. Paul Caujolle, « Un an au service de l’Ordre », séance inaugurale du Conseil supérieur de l’ordre, Bulletin de l’ordre national des experts comptables et des comptables agréés, octobre 1943, p. 21-37, p. 35.

58 Il s’agit de : Caujolle et de la Villeguérin, expert-comptable, Henri Culmann, secrétaire général de l’organisation professionnelle, Achille Dauphin-Meunier, directeur de l’école supérieure de l’organisation professionnelle (ESOP), ancienne école du CCOP rattaché au CII, et Antoine de Tavernost, délégué général du CII.

59 BNF. Bulletin de l’ordre national des experts comptables et des comptables agréés, janvier 1945. Décret no 1355 du 4 mai 1944, JO du 10 juin 1944.

60 Y. Lemarchand, « Comptabilité », dans Alessandro Stanziani (dir.), Dictionnaire historique de l’économie-droit, XVIIIe-XXe siècles, Paris, LGDJ, Droit et sociétés, recherches et travaux 17, 2007, p. 59-70, p. 63.

61 CAEF B 53 990. Contrôle fiscal. Tableaux de vérifications : bilan et résultats (1943-1958). Note pour le directeur général sur la gestion de l’année 1947, 21 février 1950.

62 CAEF B 643. Direction des enquêtes et vérifications nationales. Avis demandé par la direction générale des Contributions directes, 11 août 1941.

63 Idem. Documentation économique : vérification des comptabilités (période de guerre, 1941-1956). Signé Boileve, directeur des Contributions indirectes, 9 juillet 1943. La vérification de 1940 aboutit à un rehaussement de 354 millions de francs, ce qui fait décider d’un nouveau contrôle en juillet 1941.

64 Idem. Note sur les conditions d’exécution des programmes de vérification de comptabilité pour l’année 1941, signée Pierre, directeur, 9 mars 1942.

65 CAEF B 42 114. Réorganisation de l’administration des Contributions directes (1937-1940). Direction générale des Contributions directes. Réorganisation de 1939. économie générale de la réforme. Note non signée mais probablement de Chezleprètre qui est l’instigateur de la réforme.

66 CAEF B 671. Direction des Contributions directes. Direction des enquêtes et vérifications nationales. Vérification des comptabilités, 11 février 1944.

67 CAEF B 644. Direction des Contributions directes. Monographies. Vérification de la situation fiscale des marchands de bestiaux, 23 février 1944.

68 CAEF B 643. Direction des enquêtes et vérifications nationales. Les six groupes concernés sont : le trust des Corps gras Unilever (structure de 1941) ; le groupe des mines de Blanzy (structure de 1941) ; l’industrie des constructions électriques en France (structure de 1939) ; l’industrie des chaux et ciments ; le groupe des établissements Kuhlmann ; le groupe des usines Renault.

69 Idem. Note sur les services et bureaux de l’administration des Contributions directes dont les attributions se rapportent à une activité de documentation, d’informations générales ou de statistiques, 21 novembre 1941.

70 Id. Note sur les conditions dans lesquelles s’est effectuée l’enquête sur les frais de fabrication des huiles végétales métropolitaines, 13 janvier 1944.

71 Idem Documentation économique : vérification des comptabilités (1941-1945). Note du directeur de la documentation économique pour le directeur général, 1er décembre 1943.

72 Id. Note pour le conseiller d’État, directeur général, présentant la gestion de l’année 1944.

73 CAEF B 55 188. Rapports de la commission interministérielle du plan comptable (janvier-novembre 1942). Présentation du projet confidentiel et provisoire du plan comptable. Exemplaire remis par Chezleprètre à Douffiagues noté « à ne pas communiquer » (note manuscrite).

74 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Direction générale des Contributions directes. Note sur les plans comptables français et allemand et étude comparative des deux plans, non daté. Annexe 4. Principe de comptabilité pour les entreprises industrielles, signé par le docteur Michel.

75 Idem. Lettre du docteur Michel du 21 octobre 1941 concernant les principes de comptabilité pour les entreprises industrielles communiquée par Chezleprètre à Detœuf.

76 CAEF B 51 173. Ministère des Finances, direction générale des Contributions directes. Direction des enquêtes régionales et de la documentation économique. Note de Chezleprètre pour le directeur général, Paris, 7 novembre 1941.

77 CAEF B 55 189. Comité d’adaptation du plan comptable (janvier 1943-décembre 1945). Note de Douffiagues sur l’application du plan comptable, 18 juin 1943.

78 Idem. « Culmann, secrétaire général à l’organisation industrielle et commerciale du MPI, fait connaître au secrétaire général pour les Affaires économiques le 9 juin le désir de Bichelonne de reprendre avec le ministère des Finances la question du plan comptable. »

79 Peter Standish, The french plan comptable : explanation and translation, Paris, Experts comptables média, 1997, p. 266. Du même auteur, « Origins of the Plan Comptable Général: a Study in Cultural Intrusion and Reaction », Accounting and Business Research, 1990, vol. 20, no 80, p. 337-351, p. 339.

80 CAEF 1 C 33 526. Dossier personnel no 5430. Chezleprètre. Cote soumise à dérogation. Rapport joint à l’arrêté du 26 février 1945 signé René Pleven.

81 D. Fraboulet, « Les comités d’organisation de la métallurgie, des structures et des hommes nouveaux ? », dans H. Joly (éd.), Les Comités d’organisation…, ouvr. cit., p. 109-120. L’auteur précise : « Le décret a effectivement supprimé le Comité des Forges, le Comité des Houillères, la CGPF, ainsi que la CGT et la CFTC. Mais les syndicats régionaux, comme le Groupe des industries métallurgiques et mécaniques de la région parisienne (GIM), les syndicats professionnels patronaux nationaux et même l’Union des industries métallurgiques et minières (UIMM) ont subsisté ; ils ont d’ailleurs joué un rôle non négligeable dans les nouvelles institutions de Vichy. » Extrait de la loi cité et commenté, p. 109.

82 R. Boulat, « Le CCOP, le fonctionnement syndical… », op. cit.

83 R. Boulat, « Jean Fourastié, la productivité… », doctorat, op. cit., p. 80-82.

84 ANMT 57 AS 19. Centre des jeunes patrons (1942-1943). CR du comité de direction, 4 novembre 1943.

85 R. Boulat, « Jean Fourastié, la productivité… », doctorat, op. cit., p. 80-82.

86 ANMT 57 AS 20. Centre des jeunes patrons (1944). CR du comité de direction, 17 décembre 1943.

87 ANMT 57 AS 17. Papiers Jacques Warnier. CCOP. « La vie du CCOP », Bulletin bi mensuel, no 72, 10 février 1941 et 25 janvier 1941.

88 M. Margairaz, L’État, les finances…, t. 1, ouvr. cit., p. 653. Raoul De Vitry est un résistant actif. Il est directeur général d’Alais, Froges et Camargue, président du CO de l’aluminium et du magnésium, et appartenait à l’équipe de techniciens novateurs constituée par Dautry à l’Armement pendant la « drôle de guerre ». Il soutiendra les études de Benoit après la Libération.

89 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Lettre du CII à Filippi, secrétaire général pour les Questions économiques. Objet : diffusion de la doctrine établie par la loi comptable. Coordination des plans comptables établis par les comités, de Tavernost, 22 décembre 1941.

90 CAEF B 55 188. Rapports de la commission interministérielle du plan comptable (janvier-novembre 1942). Réponse de Filippi pour le ministre, au président de l’Assemblée des présidents des chambres de commerce de France, 14 avril 1942.

91 Idem. Réponse de la direction de l’économie générale aux présidents des chambres de commerce de Paris et de Roubaix, signée Olivier Mourre pour le ministre.

92 Id. Rapport présenté au nom de la commission des questions financières et fiscales par Paul Vandier, conclusions adoptées par la chambre de commerce de Paris, séance du 8 juillet 1942. Texte retranscrit sous le titre « Le plan comptable » dans le Bulletin hebdomadaire de la Chambre de commerce de Paris, 1942, no 27-30, 25 juillet 1942, p. 182-191.

93 A. Detœuf, « Exposé sur le plan comptable (conférence faite au CII le 30 juillet 1941) », Production, no 3, octobre 1941, p. 34-39 : le plan comptable « est rendu nécessaire par l’économie moderne, par l’évolution spontanée qu’a subi cette économie depuis une cinquantaine d’années. Malgré son apparence libérale, l’économie était pour une grande partie dirigée ; mais elle ne l’était pas franchement, elle l’était sournoisement et naturellement mal. […] La direction s’est effectuée dans le plus grand désordre. », p. 34-35. Selon Detœuf, « le plan […] élimine l’immoralité liée à l’existence de deux bilans et présente pour la collectivité et pour l’industriel beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients. », p. 37-39.

94 André Terrasse, « Les chambres de commerce et le plan comptable », La vie industrielle, commerciale, agricole, financière, Quotidien économique du soir, 12 août 1942.

95 AUIMM. PV de la réunion du conseil de direction du 15 mai 1941.

96 Idem. Réunion du 19 février 1942.

97 D. Fraboulet : Quand les patrons s’organisent…, ouvr. cit., p. 290.

98 CAEF B 55 188. Commission interministérielle du plan comptable. Réponse à la demande manuscrite « pour le ministre » au sujet des conditions dans lesquelles le plan comptable peut être appliqué aux organismes de l’État ayant un caractère industriel ainsi que dans les entreprises nationalisées, manuscrit non signé.

99 CAEF B 55 189. Comité d’adaptation du plan comptable (janvier 1943-décembre 1945). Arrêté du 18 octobre 1943 sur le comité d’adaptation du plan comptable, signé Pierre Cathala.

100 Idem. Les personnalités retenues sont : Detœuf, président du CO de la construction électrique ; Francin, inspecteur des Finances, directeur-adjoint des services financiers aux manufactures de Saint-Gobain ; de Peyrecave, président secrétaire général de la société Renault Caudron ; Tinayre, secrétaire général de la compagnie générale de TSF ; et un membre du CII.

101 Id. Note pour les directeurs de l’administration centrale, état de la question sur le plan comptable, signée Culmann, 18 novembre 1943.

102 CAEF B 55 189. Comité d’adaptation du plan comptable (janvier 1943-décembre 1945). Examen du plan comptable aéronautique.

103 Idem. Parmi les membres on trouve : Chezleprètre, président ; Blanchet, commissaire du gouvernement directeur des industries aéronautiques ; André Brunet inspecteur des Finances, direction de l’économie générale ; Detœuf ; Dieterlen, secrétaire général du CII ; Francin ; Fourastié, direction des Assurances ; Laroche-Joubert, chambre de commerce de Paris, qui sera le seul à ne pas voter l’arrêté ; ainsi que trois experts comptables (Lemoine, Léon et Rolland) ; le secrétaire général de la société nationale de construction aéronautique du Sud-Ouest ; de Peyrecave ; Tinayre.

104 CAEF B 55 187. Commission interministérielle du plan comptable (1940-1941). Direction générale des Contributions directes. Projets de loi et de décret sur la normalisation des comptabilités, exposé des motifs, non daté.

105 CAEF B 55 189. Comité d’adaptation du plan comptable (janvier 1943-décembre 1945). Historique.

106 CAEF B 55188. Rapports de la commission interministérielle du plan comptable (janvier-novembre 1942). Réponse à la demande manuscrite « pour le ministre » au sujet des conditions dans lesquelles le plan comptable peut être appliqué aux organismes de l’État ayant un caractère industriel ainsi que dans les entreprises nationalisées, non daté.

107 CAEF B 55 189. Comité d’adaptation du plan comptable (janvier 1943-décembre 1945). Rapport au ministre sur l’adaptation du plan comptable, signé Tournier, directeur de l’économie générale, 13 juin 1944.

108 P. Standish, « Origins of the Plan Comptable… », art. cit., p. 349. L’auteur précise que pour renforcer la distance avec le gouvernement, la page qui suit le titre contient une recommandation : « La publication du rapport de la commission interministérielle a été autorisée par le secrétaire général pour les Affaires économiques au ministère de l’économie nationale et des Finances. Cette autorisation ne confère toutefois aucun caractère officiel à la présente édition qui est réalisée sous la seule responsabilité des Éditeurs. »

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