Chapitre X. Éditer la Guerre froide
p. 217-249
Texte intégral
1Au lendemain des Première et Seconde Guerres mondiales, il était difficile d’utiliser plus de moyens pour la propagande. La Guerre froide est parvenue peut-être à égaler cette mobilisation, période pendant laquelle la culture est un relais essentiel de la propagande politique, en tant que média, support ou par le prestige de ses plus illustres représentants1.
2Dans cette période de grandes tensions, la société française se transforme sensiblement. Le temps des pénuries et de l’inflation laisse progressivement la place à la prospérité2. Le revenu national par habitant retrouve son niveau de 1931 en 1949. Face à cette société changeante, le PCF adopte différents visages. Il est d’abord une force d’opposition majeure, capable de mobiliser un quart de l’électorat. Il se fait le héraut de la lutte anti-impérialiste américaine en politique extérieure, au nom de la paix et de l’indépendance nationale, et de la lutte économique et sociale en politique intérieure. Il présente un troisième visage, singulier, celui d’une organisation politique capable de proposer une culture politique distincte de la culture républicaine, majoritaire, une « contre société » avec son vocabulaire, ses pratiques, ses symboles, sa mémoire, et ses livres.
Culture, politique et économie
3Entre 1947 et 1956, presque 63 % des titres de journaux créés à la Libération disparaissent3. En 1946, la presse communiste rassemblait 168 titres, pour un tirage cumulé atteignant presque 7 millions d’exemplaires ; en 1952, cette presse ne représente plus que 90 titres pour un tirage de 3,64. À l’instar de la presse, l’édition française au début de la Guerre froide est un secteur en crise. Après l’embellie des années 1944-1947, la production baisse entre 10 et 20 % de 1947 à 19505. Cette crise affecte d’abord les maisons d’édition les plus jeunes, car financièrement fragiles. De surcroît, les livres sur la Résistance et la période de l’Occupation ont lassé le public. Les Éditions de Minuit connaissent ainsi une situation commerciale de plus en plus précaire. Le livre demeure un média concurrencé par la presse, la radio et le cinéma, d’autant qu’il est relativement cher dans un contexte encore dominé par des conditions de vie spartiates : jusqu’au milieu des années cinquante, l’alimentation représente encore 50 à 60 % des dépenses des foyers ouvriers6. Le pouvoir d’achat des salariés n’augmente de manière significative que dans les années cinquante7, période pendant laquelle l’urbanisation et le développement du salariat modifient les modes de vie8. L’édition cherche et trouve alors un second souffle. À partir de 1954, ce secteur renoue avec la prospérité, avec un taux de croissance entre 6 et 11 %9.
4Cette sortie de crise est accompagnée de changements dans le monde de l’édition. Dans le secteur littéraire, Gallimard parvient à maintenir sa position dominante10. Néanmoins, les jeunes romanciers trouvent accueil ailleurs, comme chez Minuit ou au Seuil. Les sciences humaines sont dominées par les Presses universitaires de France, qui ont absorbé à la veille de la guerre Alcan, E. Leroux et Rieder. Le marché du livre de philosophie est représenté par Vrin, suivi de loin par Aubier, Gallimard et Plon jusqu’au milieu des années cinquante11. La littérature enfantine se porte relativement bien, encore dominée par Hachette. Après le renouvellement des années trente (le Père Castor, Bourrelier), les maisons d’édition spécialisées dans le livre de jeunesse affirment toujours leur devoir éducatif. Les livres diffusent désormais un message de paix, faisant disparaître l’enfant guerrier12. Du côté de la bande dessinée, la production américaine ne domine plus, concurrencée par de nouveaux créateurs, défendus en particulier par les entreprises belges (Castermann, Dargaud et Jean Dupuis)13.
5L’époque est surtout heureuse pour les entreprises capables d’occuper le créneau de la littérature populaire, comme Hachette, Albin Michel ou Flammarion. Fruits de plusieurs décennies d’expérience, ces éditeurs français maîtrisent ce secteur, parvenant à toucher le grand public par différents circuits de distribution14. Les « anciens » sont rejoints par des « nouveaux », comme les Presses de la Cité (1944), René Julliard (1946) et Robert Laffont (1948), qui adoptent une politique commerciale agressive. Le roman populaire se renouvelle : le roman policier avec Fleuve noir (1949) ou Gallimard et sa « Série noire » en 1945, la littérature destinée à la jeunesse avec l’apparition des littératures de série, le roman sentimental avec le succès considérable de la « presse du cœur15 ». Les éditeurs proposent au public de nouvelles formes éditoriales et à des coûts attractifs. En 1947, apparaissent les clubs de livre, avec le Club français du livre (CFL), créés sur le modèle américain, dont le principe est de fournir des livres, reliés, à des abonnés. En 1957, le CFL en compte 300 00016. Toutefois, le tirage moyen reste aux alentours de 3 000 exemplaires17. Toujours en 1947, les États-Unis influencent aussi le marché français, avec le lancement de Sélection, revue sur le modèle du Reader’s digest américain, édition mensuelle qui condense une sélection d’articles ou d’extraits de livres. Son succès est rapide et considérable (200 000 exemplaires en mars 1947). En 1954, Sélection crée la série « Sélection du livre » et bascule de ce fait dans l’édition de livre18. Ces réussites sont en partie le résultat de l’impact des techniques modernes de marketing sur le marché du livre.
6Cette recherche constante de nouvelles parts de marché est à l’origine d’une autre innovation : le livre de poche. En février 1953, Hachette, par le biais de sa filiale la Libraire générale française (LGF), lance cette collection de livres brochés, de petit format et à prix réduit. Cette « innovation » poursuit la longue quête du livre populaire à prix modique, depuis la « révolution Charpentier » de 1838, et s’inspire aussi dans une certaine mesure du modèle américain du « pocket book ». Cette collection, dont le tirage moyen représente 300 000 exemplaires, accueille d’abord des romans puis d’autres textes en 1955. Les traductions représentent le tiers des titres publiés. Enfin, elle accueille un large spectre d’auteurs, d’Aragon aux auteurs qui ont figuré dans la liste noire, en passant par le Zéro et l’infini de Koestler19. Conséquence de la crise économique et de cette dynamisation du marché du livre populaire, l’édition française est touchée par une série de rachats pendant les années cinquante, qui donne naissance à des groupes d’édition20. En 1954, cinq entreprises réalisent le quart du chiffre d’affaires du secteur21. Deux maisons d’édition se distinguent dans ce phénomène de concentration : Hachette22 et un nouveau venu, les Presses de la Cité, qui possèdent leur propre entreprise de diffusion, les Messageries du Livre23. Le monde de la distribution en revanche demeure inchangé. Officiellement, la librairie concerne environ 20 000 points de vente à la fin des années cinquante, dont 2 000 à 3 000 librairies traditionnelles24. Le réseau de distribution populaire est donc toujours aussi vaste et protéiforme.
7Alors que le contexte politique et intellectuel est tendu, le monde des éditeurs politiques est quasi désert. Depuis 1947, la SFIO a abandonné l’activité éditoriale permanente : le livre n’est plus un média politique25. Les Éditions ouvrières, qui ont succédé en 1937 à la Librairie de la Jeunesse ouvrière chrétienne fondée en 1929, sont une des rares maisons engagées dans le champ éditorial. La droite réapparaît de manière plus manifeste, après une après-guerre discrète, avec la revue et les éditions la Table ronde en 1948. Elles revendiquent à la fois l’héritage littéraire des « vaincus » et une position de non-engagement, qui vise aussi bien les communistes que Sartre26. La maison d’édition des « Hussards » connaît cependant d’importantes difficultés financières. L’édition de droite et d’extrême droite est dynamisée surtout par les lois d’amnistie aux condamnées pour fait de collaboration, en 1951-1953, puis par les soubresauts politiques et sociaux de la France (guerres coloniales et poujadisme27).
8L’édition française est-elle à ce point apolitique ? La Guerre froide a certes marqué la littérature d’essais et le monde des revues, mais ces tirages visent un public restreint28. En y regardant de plus près, la politique a été pourtant un « créneau » populaire largement exploité. D’après les Nouvelles Littéraires en 1955, les trois meilleures ventes depuis la Libération concernent, en premier, G. Guareschi et Le Petit Monde de Don Camillo, édité par le Seuil à 1,2 million d’exemplaires ; puis, V. Kravchenko, J’ai Choisi la Liberté, édité par Self, vendu à 527 000 ; enfin, A. Koestler et Le zéro et l’infini, chez Calmann-Lévy, avec 450 000 exemplaires vendus29. La politique est donc singulièrement présente dans l’édition française et se vend via les formes les plus populaires de la littérature30. La littérature d’espionnage, dont l’âge d’or coïncide avec la Guerre froide au sens large (1950-1964), est un autre bon exemple de textes populaires qui diffusent une idéologie simpliste, arrimée en permanence à l’actualité politique31. Les éditions du PCF ont-elles su profiter de ce contexte ?
La direction et ses éditions
9Les effectifs du Parti communiste entament à partir de 1947 un repli sensible, passant de 760 000 à 330 000 adhérents en 1957. Ces changements d’échelle n’entament pas sa position de parti de masse et de parti ouvrier32. Écoles, cercles d’études, université populaire sont là pour aider les militants dans la lutte. Mobilisés sur tous les fronts – comme la défense de la paix33 –, les intellectuels servent des revendications, sociales, culturelles, politiques variées34. Le PCF se pose en défenseur de l’indépendance et du patrimoine national, avec l’esthétique réaliste socialiste, qui revient en force, défendue notamment par Aragon, bien que cette notion continue de poser des problèmes de définition. La science est également mobilisée, avec le lyssenkisme de 1948 à 195235. Dans tous ces domaines, le PCF, en particulier par la voix d’A. Lecœur, se pose en digne héritier du courant ouvriériste des années vingt.
10La Guerre froide donne au PCF un rôle inédit d’intermédiaire culturel avec l’Europe de l’Est. Le Kominform est certes un « bureau d’information » international pour les partis communistes de par le monde, mais il n’est pas la copie du Komintern36. Les liens éditoriaux sont désormais bilatéraux. En décembre 1944, L. Moussinac informe la commission d’édition qu’il a obtenu de l’Ambassade d’URSS « la priorité de lecture » sur les œuvres soviétiques destinées à l’étranger37. Les Éditions en langues étrangères, à Moscou, et leurs équivalents dans les démocraties populaires fournissent des textes traduits en français38. Les pays de l’Est recourent également aux organismes chargés du commerce extérieur et des échanges littéraires internationaux, qui contrôlent les traductions à l’étranger sur le modèle soviétique du Mejdounarodnaïa Kniga (Livre international)39. En 1952, les communistes français fondent une société en charge des relations culturelles avec l’URSS et les démocraties populaires, l’Agence littéraire et artistique parisienne (ALAP), présidée par Georges Soria40. Outre la production de spectacles, elle gère les droits d’auteurs avec ses homologues étrangers, soviétiques et d’Europe centrale, commande des traductions et promeut des maisons d’édition du PCF et « amies » dans ces régions41. Le PCF met donc en œuvre une organisation parallèle à celle de la diplomatie française.
11Les hommes, les idées, les médias : les communistes français disposent de moyens de mobilisation conséquents, sur des thèmes aussi variés que la paix ou la science prolétarienne. Le 14 octobre 1947, il est décidé de « revoir le travail de la commission des éditions et sa composition », qui est placée sous le contrôle de la Section idéologique, alors dirigée par E. Fajon42. Le 27 octobre, la commission enfle, passant de 9 à 18 membres : Aragon, Bugeaud, M. Dufriche, J. Ducroux, R. Hallery, R. Hilsum, M. Hilsum, J. Bruhat, M. Kriegel-Valrimont, J. Jérôme, R. de Jouvenel, J. Julien, J. Laffitte, J. Kanapa, L. Moussinac, G. Périlhou, F. Valignat et A. Voguet43. Sont représentées les trois générations qui composent le PCF : celle entrée en militance à la naissance du Parti, celle qui a adhéré dans les années trente, et celle apparue pendant et après la guerre. Parmi les nouveaux venus, 5 ont été adjoints pour les motifs techniques : M. Hilsum (directrice de Hier et Aujourd’hui), R. Hilsum (devenu chef de fabrication des Éditions sociales), R. de Jouvenel (co-fondateur de Chant du Monde), G. Périlhou (directeur du CDLP) et A. Voguet (spécialiste de la presse). Ils sont rejoints en mars 1948 par Pierre Daix, qui travaille depuis septembre aux Éditions sociales44. Le groupe des « administratifs » est incarné par Marcel Dufriche (CGT, membre du Comité central), Raymond Hallery, Jacques Julien, Fernande Valignat (membre du Comité central). La section idéologique est représentée par J. Laffitte et J. Kanapa. Parmi les disparitions, il faut noter celle C. Morgan, appelé à la direction des Lettres françaises, et surtout R. Garaudy. Quant à L. Moussinac, il devient en 1947 directeur de l’Institut des hautes études cinématographiques45. Cette période est surtout marquée par la nomination de F. Billoux à la tête de la section idéologique en remplacement d’E. Fajon, qui de ce fait hérite de « la responsabilité politique des éditions46 ».
12Les autres mesures sont une réponse au contexte économique et politique : le PCF n’a plus les moyens de posséder deux maisons littéraires. En décembre 1947, les éditions France d’abord sont absorbées par les éditions Hier et Aujourd’hui47, puis les éditions Hier et Aujourd’hui et de la Bibliothèque française fusionnent en décembre 194848. Le 20 avril 1949, la nouvelle société s’appelle « Les Éditeurs réunis » et s’installe au 33, rue Saint-André-des-Arts, ancien siège de la Bibliothèque française49. Signe du caractère précipité de l’opération, personne n’a vérifié que ce nom était libre de droit. Or il est utilisé par une librairie parisienne, « russe blanc » de surcroît. Est ajouté in extremis un adjectif50. Le 12 octobre 1949, naissent donc les Éditeurs français réunis (EFR). Qui doit diriger la nouvelle maison d’édition ? La « question de la direction » dure un an et demi, période pendant laquelle les EFR sont dirigées par M. Hilsum et Aragon. En décembre 1950, M. Hilsum est finalement écartée au profit de R. Hallery, qui a quitté le CDLP pour devenir président directeur général des EFR, au côté d’Aragon, qui en devient le directeur littéraire51. R. Hallery est un jeune cadre communiste prometteur. Né en 1920, il adhère à 16 ans au Parti communiste. La guerre interrompit sa scolarité aux Arts et Métiers. Il entre dans la clandestinité en 1940, devenant responsable des Jeunesses communistes puis du Front national en région parisienne. Arrêté en juillet 1941, il est déporté à Mauthausen en avril 1944, où il participa à la Résistance dans le camp au côté d’Auguste Havez. En mai 1945, il devint un permanent du Parti communiste français et travailla au secrétariat administratif aux côtés d’E. Dutilleul jusqu’à sa mort et d’Auguste Havez, où il s’occupa du dossier du CDLP. En 1947, il suivit l’école centrale pendant 4 mois puis remplaça G. Périlhou à la tête du CDLP52. C’est pour ses qualités politiques et administratives qu’on le place à la tête des EFR. La tâche est délicate car les EFR sont placées sous l’autorité de trois fortes personnalités : J. Jérôme, F. Billoux et Aragon.
13La Guerre froide ne modifie pas les processus éditoriaux. La commission des éditions est toujours investie d’une double mission, établir le programme des publications et « examiner les livres édités dans d’autres maisons qui doivent être soutenus ou dénoncés53 », avec un Secrétariat qui conserve le pouvoir de décision, notamment sur les textes « sensibles ». C’est le cas en 1953-1954 avec la publication de la thèse de R. Garaudy, pilotée en haut lieu54. En octobre 1949, il est décidé de « faire éditer le livre bleu sur le procès Rajk55 ». En 1955, le Secrétariat demande à ce que soit publié à 2 000 exemplaires « Le Livre Blanc sur le procès du Parti communiste Allemand56 ». La réédition du livre de Marcel Willard, La Défense accuse, fait l’objet d’un soin constant sur une période relativement longue. Les grandes campagnes, comme celle en faveur de la libération d’Henri Martin, sont systématiquement accompagnées de livres57. Cette sensibilité aiguë à l’actualité a son revers : certains ouvrages sont parfois commandés puis abandonnés au dernier moment. C’est le cas de l’Histoire du socialisme en France de Samuel Bernstein, finalement interdit de publication58.
14Le suivi d’un texte est généralement confié à un cadre – le plus souvent F. Billoux – chargé de discuter avec l’auteur. Ainsi le Secrétariat demande à D. Desanti de revoir son livre sur les femmes et désigne E. Fajon pour « avoir une conversation à ce sujet » avec elle59. La littérature romanesque, y compris les œuvres d’Aragon, n’échappe pas à ce contrôle. Ainsi, le 27 septembre 1949, M. Servin demande qu’Aragon supprime un certain nombre de personnages dans les Communistes. Motif : « Les uns sont purement et simplement des traîtres, quant aux autres : “dans le doute abstiens-toi”60. » Pour les livres les plus délicats, la direction recourt volontiers au contrôle collectif. H. Lefebvre, passé du statut de « philosophe du Parti » à une position moins confortable, se souvient du sort du manuscrit de Contribution à l’esthétique, finalement publié en 1949 : « Pas une phrase qui n’ait été subodorée, flairée, palpée, tâtée et relatée par les douaniers de l’intelligentsia61. » Pour sortir de cette situation, H. Lefebvre ajoute au manuscrit une citation d’A. Jadnov et surtout une phrase totalement inventée attribuée à Marx. Le livre est accepté ! En 1955, le manuscrit d’un livre sur la Résistance écrit par Guy Serbat, professeur de lettres et ancien FTP, avec l’aide de C. Tillon, est examiné par une commission composée de R. Guyot, P. Villon et Claudine Chomat, le tout sous le contrôle de F. Billoux, avant d’être définitivement enterré62.
15Ces actes de contrôle ne doivent pas être interprétés comme une simple censure, c’est-à-dire comme une volonté d’empêcher la diffusion de telle ou telle information. Il s’agit – encore et toujours – de constituer un corpus de textes vrais, conformes, scientifiques, à un instant donné. L’édition des œuvres complètes de M. Thorez est de ce point de vue un des exercices les plus sensibles politiquement de l’après-guerre (24 volumes dont 16 parus entre 1950 et 1956). À leur propos, J. Ducroux écrit en 1955 : « Il serait bon que ces textes, une fois la décision prise [de les publier], fussent relus soigneusement de bout en bout, ne serait-ce que pour éliminer quelques noms propres qu’il faudra faire disparaître63. » Cette mise à jour des références historiques et de la culture politique communiste est tellement ardue que cela conduit en 1955 à l’arrêt de l’édition des Œuvres et le retrait des volumes encore en vente, soit les volumes I à IX. On envisage même de détruire les stocks disponibles. Coût de l’opération, alors que l’appareil éditorial du PCF n’est guère vaillant : entre 87 000 et 105 000 euros64. Les Éditions sociales doivent donc corriger ces neufs volumes, avec pour gageure de parvenir à ne pas modifier le volume d’Index… Finalement, les corrections à effectuer sont réunies dans un document de 36 feuillets, dont 17 pour les neuf volumes65. Pour la troisième édition de Fils du peuple en 1954, les éditeurs se heurtent aux mêmes difficultés. M. Thorez relit la biographie, aidé de J. Ducroux, V. Joannès, J. Duclos. Les éditeurs doivent retirer du texte les noms de A. Marty (6 pages), A. Lecœur (2) et C. Tillon (4). Même les illustrations sont revues. Ce souci d’établir un « canon » devient une quête sans fin puisque toutes les publications sont liées, comme en témoigne J. Ducroux : « Bien entendu toutes les références de bas de pages devront être revues, il devra être tenu compte notamment de tous les textes déjà publiés dans les Œuvres de Maurice Thorez, des dernières éditions des Classiques du marxisme [Classiques du peuple] publiées par les Éditions sociales66. » Dans une note de travail, M. Thorez énumère une liste d’éléments à revoir dans le manuscrit de Fils du peuple dont celui-ci : « Relire attentivement (moi)67. » Cette seule phrase résume cette quête continue de canonisation de l’imprimé, labeur collectif et politique, au prix d’une autocensure inscrite dans la discipline militante.
16Comme par le passé, la direction du Parti délègue son autorité à différentes instances, mais l’imprimatur reste de sa responsabilité. Elle affirme sans hésitation la double nature des maisons d’édition, sans en résoudre les contradictions : une officine de propagande soumise à l’autorité politique ; des maisons d’édition dirigées au moins formellement par des hommes et des femmes pourtant responsables de la politique éditoriale.
Officines de propagande ou maisons d’édition ?
17Les éditions connaissent deux ruptures : les années 1949-1952, paroxysme de la Guerre froide, et 1953-1956, période où l’édition française sort de la crise et de reflux de la propagande. Alors que le nombre de titres baisse dès 1948, le PCF tente de maintenir le tirage moyen à un niveau relativement élevé – près de 18 000 en 1949 – mais la baisse est inexorable : en 1951, le tirage moyen passe en dessous du seuil des 10 000 exemplaires ; en 1953, il atteint moins de 6 00068. Le changement est aussi qualitatif. En 1956, la production éditoriale du Parti communiste français est constituée d’un tiers d’essais, d’un tiers de textes littéraires et d’un tiers de livres pour enfants.
18Contrairement au domaine littéraire, l’entrée dans la Guerre froide et la crise de l’édition n’entraînent aucune modification de l’organisation des Éditions sociales69. Elles quittent le 64, boulevard Auguste-Blanqui en 1955, pour le IIe arrondissement, au 95, boulevard Sébastopol70. Installées rive droite, elles sont géographiquement plus près du pouvoir politique communiste que du cœur de la vie éditoriale française. L’évolution de leur production et des tirages coïncident avec une chronologie politique, et non économique. Certes, en nombre de titres, leur production annuelle baisse. Elles publient en moyenne 35 titres en 1949-1952 contre 27 en 1953-1956. On retrouve ces deux décrochages de 1950 et 1953 pour les tirages : fort de 17 000 exemplaires en 1948, le tirage moyen baisse brutalement en 1950 avec 14 500 exemplaires et à nouveau en 1953 avec 6 500. En 1956, il est de 4 800 exemplaires.
19De 1948 à 1956, les Éditions sociales ont multiplié les collections (17) et les séries d’œuvres (4). Or, seules 3 collections sont encore publiées en 1956, « Problèmes » (16 titres, imprimés à 5 700 exemplaires en moyenne), « La Culture et les hommes » (12 titres, 5 200) et « Les Classiques du peuple » (23 titres, 5 800), ces deux dernières ayant été créées en 1950. Alors que les Éditions sociales n’éditent plus de manuels stricto sensu, les collections à visée pédagogique sont nombreuses : « Conférences de l’Université nouvelle » (1948-1953 ; 4 titres, 8 000), « les Grandes Conférences de La Pensée » (1948-1953 ; 4 titres, 7 700) et « les Polémiques de la Pensée » (1950 ; 1 titre). L’édition de discours, genre emblématique de la littérature politique, a disparu du catalogue.
20La naissance de La Nouvelle Critique en 1948 ne crée pas de dynamique, même si son directeur J. Kanapa dirige la collection « Problèmes71 ». Créée en concurrence avec La Pensée, après l’affaire Lyssenko, et pour contrebalancer le succès d’Esprit et des Temps modernes, cette revue est animée par une équipe plus jeune que celle La Pensée. La Nouvelle Critique devient même éditeur, publiant 21 titres, imprimés en moyenne à 5 300 exemplaires. Elle crée trois collections qui concurrencent les Éditions sociales : « Questions scientifiques » et « Questions d’histoire » en 1952, et les « Essais » en 1956. Si relations privilégiées des Éditions sociales avec une revue il y a, elles se nouent avec La Pensée. Reprise en 1945, elle est le domaine de G. Cogniot. Elle tente une synthèse entre un contenu politique, une culture classique, et une forme professorale72. Les liens privilégiés avec les Éditions sociales sont attestés par le fait que G. Cogniot est omniprésent dans les souvenirs des témoins retrouvés, ce qui expliquerait le rôle relativement effacé de R. Garaudy dans l’histoire des Éditions sociales.
21Entre 1948 et 1956, la part des traductions représente 40 % du catalogue, ce qui est considérable au regard de l’édition française. Mais ce poids n’a pas la même signification qu’avant-guerre. Les œuvres de Marx et Engels (22 et 13 titres) sont plus nombreuses que celles de Staline et Lénine (16 titres chacun). La part des traductions du russe représente 20 % du catalogue en moyenne. Les auteurs soviétiques autres que Staline et Lénine sont rares : L. A. Leontiev, G. Plekhanov et B. Tchaguine. Quant à Staline, « auteur » ô combien important, le PCF n’édite en réalité que 13 titres et 3 rééditions. L’IMEL a sans aucun doute arrêté la chaîne de publication des œuvres après 1956, époque où Lénine retrouve la première place. Ce corpus limité d’auteurs s’explique par la préférence pour les séries, éditions d’œuvres choisies ou œuvres complètes, qui répond à la fois au culte d’une figure politique et au désir de faire œuvre scientifique. Les Éditions sociales publient ainsi 8 volumes des œuvres de Marx (1947-1954), dont les premier et deuxième livres du Capital, 5 volumes des œuvres de Engels (1950-1952) et les volumes des œuvres de Staline (1953-1955). Dans la même logique, il y a aussi et surtout les Œuvres complètes de M. Thorez à partir de 1950.
22Le travail de traduction change de sens et de nature. De vecteur d’importation d’une culture politique, il devient un outil naturel de construction politique et scientifique. Deux périodes se distinguent. Avant 1950, les Éditions sociales puisent encore dans un vivier de textes déjà traduits. Elles se lancent dans la réédition du Capital à partir de 1948 (en 6 000 et 5 000 exemplaires), reprenant la traduction de J. Roy, revue par Alix Guillain73, et de Socialisme utopique et socialisme scientifique de Engels, traduit par P. Lafargue. À partir de 1950, les Éditions sociales font appel régulièrement à des universitaires pour les traductions. Signe de leur nouveau rôle, la mention d’un ou plusieurs traducteurs sur les ouvrages devient la norme. En premier lieu, Émile Bottigelli, membre du Parti depuis 1934, agrégé d’allemand, enseignant à l’ENS de Saint-Cloud, commence à travailler en 1950 pour les Éditions sociales sur les œuvres complètes de Engels. Trouver les personnes compétentes n’est pas chose simple, avant qu’une « jeune garde » se présente, avec des hommes comme Gilbert Badia, à partir de 1953. Et même au-delà de cette date, « on n’était pas si nombreux que ça », m’a-t-il déclaré74. G. Badia, communiste depuis la guerre, avait été journaliste à Ce Soir, et après des problèmes politiques, enseigna l’allemand dans le secondaire. L’édition d’une nouvelle traduction du Livre II du Capital en 1953 permet de mettre en avant une nouvelle équipe, composée d’anciens traducteurs et nouveaux venus : Émile Bottigelli, Edna Cogniot, Catherine Cohen-Solal et Gilbert Badia75. Les Éditions sociales s’orientent peu à peu vers un nouvel objectif : produire des publications engagées, établies par des intellectuels.
23Du côté des œuvres françaises, les Éditions sociales recourent également à des intellectuels pour la plupart reconnus ou diplômés de l’Université : G. Cogniot, A. Cornu, J. Baby, R. Garaudy, R. Barjonet, F. Grenier, V. Leduc, V. Michaut. Ces textes construisent la culture politique communiste française, en puisant dans l’histoire du mouvement ouvrier. En 1949 est lancée l’éphémère collection les « Belles Pages du mouvement ouvrier », où les Éditions sociales publient J. Guesde, J. Jaurès, J. Duclos et M. Thorez, édifiant un pont entre passé et présent. Elle est remplacée en 1950 par les « Classiques du peuple », avec Marat et ses Textes choisis. Les « Classiques du peuple » doivent réaliser le vieux rêve des éditions du Parti depuis la fin des années vingt, renouer avec un patrimoine textuel du mouvement ouvrier français, du XVIIe siècle à la Commune, de Lucrèce à Jaurès. D’après R. Hilsum, cette collection est née d’une idée d’E. Fajon et a été dirigée par deux « co-directeurs officieux » Jean Varloot et Albert Soboul76. Cette série est initialement destinée aux militants et sympathisants des milieux populaires. Mais à partir de 1956, elle est recommandée « de plus en plus largement aux enseignants, aux étudiants et aux élèves, et à tout un immense public désireux de trouver à sa portée des œuvres de haute valeur du patrimoine culturel progressiste de l’humanité77 ». L’histoire concerne un noyau éditorial limité (22 titres, imprimés en moyenne à 5 600 exemplaires) mais constant dans le catalogue, et reflète également ce renouvellement de la culture communiste française, relativement équilibrée entre les ouvrages sur l’histoire de l’URSS, la Seconde Guerre mondiale, le mouvement ouvrier français et l’histoire de France. Continuant l’expérience du Front populaire, les Éditions sociales recourent à des historiens professionnels confirmés, comme Albert Soboul ou Jean Bruhat, ou débutants, comme Claude Willard et Jean Bouvier78.
24La défense de l’URSS et du nouveau monde communiste revêt les habits neufs du document, du guide ou du récit de voyage, avec les collections « Documents sur l’URSS » (1949-1952 ; 3 titres ; 6 000 puis 3 000 exemplaires) et surtout « Démocraties populaires » (1950-1953 ; 7 titres ; 5 400). Les livres marquants sont Petit Guide sincère de l’union soviétique de G. Cogniot79, et Au pays de Staline de F. Grenier (3 éditions en 1949 et 1950, imprimées à plus de 15 000 exemplaires).
25La biographie ou l’exercice autobiographique demeure un genre populaire80, bien qu’il soit quantitativement mineur, avec 15 titres, et surtout politiquement délicat à l’époque du stalinisme. Les EFR abandonnent la collection « Grandes figures » des éditions Hier et Aujourd’hui et l’éphémère série « Exemples » (1949, éditée à 6 000 exemplaires)81. Cette dernière collection devait narrer « l’histoire de la Résistance dans chaque département et celle concernant les immigrés patriotes82 ». Jean Chaintron se voit confier sa mise en œuvre, c’est-à-dire une « centaine de titres » d’une trentaine de pages. Vers la fin de l’année 1949, 70 manuscrits sont quasiment prêts. C’est alors que le Bureau politique informe J. Chaintron de l’arrêt du projet : « Ce n’est pas que cela soit mal fait, me répondit Billoux, bien au contraire, mais il faut changer de conception : une vue d’ensemble de l’histoire de la Résistance doit être d’abord élaborée et ces brochures viendront ensuite corroborer et illustrer la ligne générale83. » Célébrer des individus risque de produire une mémoire éclatée de LA résistance communiste. « Exemples » n’accueille finalement que trois titres : sur Guy Mocquet, sur les mineurs en grève en 1941, héros collectif84, et sur A. Dalidet, hors collection. Rien au-delà de 1949. Cet échec sera suivi par celui du projet de C. Tillon et de G. Serbat d’écrire un livre sur l’histoire des FTP85. La stratégie adoptée par le mouvement communiste international et le stalinisme à la française conduit le PCF à ne pas célébrer ses propres héros et à s’incarner dans la figure exclusive de son secrétaire général86. L’effort biographique concerne les grands dirigeants du mouvement communiste mondial, Staline (2 titres en 1950) qui s’efface au profit de Lénine (3 titres entre 1950 et 1956), P. Togliatti (1 titre en 1954). L’autobiographie de M. Thorez, Fils du peuple, a droit à trois rééditions (1949, 1950 et 1954), à l’audience bien différente87. À l’été 1949, Fils du peuple est réédité à 120 000 exemplaires, chiffre considérable. La deuxième édition de 1950 est une édition de demi-luxe du livre en 1950, à 5 000 exemplaires mais avec un tirage de tête, édition illustrée par les grands artistes du Parti (Picasso, Amblard, Auricoste, Fougeron, Milhau, Pignon, Taslitzky). En 1954, la troisième édition revient à une forme éditoriale plus banale, avec un premier tirage relativement modeste (10 000 exemplaires). Les versions de 1949 et de 1954 sont accompagnées d’un guide sur la bonne manière de lire Fils du peuple, biographie devenue un manuel88. Mais seule l’édition de 1949 fait l’objet d’une campagne de l’envergure de celle de 1937 (déplacements, signatures, campagne de presse, intervention à la radio finalement censurée)89. À la fin 1949, près de 350 000 exemplaires auraient été diffusés90, pour atteindre 450 000 exemplaires au printemps 1950, soit 300 000 exemplaires de plus qu’en 1937-193891. En 1954, la campagne de diffusion est beaucoup plus modeste. Les Éditions sociales médiatisent donc une culture politique à deux visages : une culture politique populaire, réduite mais encore forte avec Fils du peuple, une autre plus universitaire avec ses traductions plus exigeantes et le retour aux sources politiques. Cette évolution conduit à une révolution de palais.
26G. Cogniot, éditeur de l’ombre, a su attirer auteurs et traducteurs et orienter les Éditions sociales vers des corpus de référence, renforçant le poids des universitaires dans ce qui devient une écurie d’auteurs92. Cette évolution conduit en 1953 à l’apparition de doléances nouvelles. La maison d’édition est alors coiffée par une commission, dite « commission consultative », composée de 27 personnes, éditeurs et intellectuels du Parti, dont Garaudy est absent93. Elle n’agit pas en commission de contrôle politico-édiorial mais en collectif d’auteurs. Ses membres demandent en effet que s’améliorent les relations entre les « intellectuels communistes » et les maisons d’édition, « que les manuscrits présentés soient vraiment soumis à des comités de lecture compétents », et « les décisions prises soient vraiment le fruit d’un travail plus collectif94 ». De surcroît, la commission accuse les directeurs de collections de n’avoir fait jusqu’à présent qu’un travail de censeur95. Enfin, il lui paraît impérieux d’« élargir le cercle des auteurs96 », y compris aux non communistes97. Les Éditions sociales doivent s’implanter durablement dans le milieu universitaire et soutenir la comparaison avec d’autres entreprises majeures du secteur académique, y compris en matière de vulgarisation scientifique : elles doivent « concurrencer publications répandues comme ouvrages, collections “Que sais-je ?” (PUF), “Archéologique” (Plon), la revue Science et vie, les Digest98… » La direction du PCF résiste. En 1954, lorsque F. Billoux présente les « tâches et organisation de la section centrale d’éditions », il défend, retrouvant les accents des années vingt, l’« édition de toutes les brochures proposées par les différentes sections de travail et décidées par la direction du Parti99 ». Mais ce blocage est de courte durée.
27J. Ducroux, directeur des Éditions sociales depuis la Libération, est la première victime de cette situation. En janvier 1950, le Secrétariat avait déjà envisagé sa mise à l’écart100. En septembre 1955, J. Ducroux est renvoyé dans des conditions sans doute brutales (il semble que sa santé en ait été profondément altérée) mais mal connues101. Pour l’équipe des Éditions sociales, la surprise est totale. Pour certains auteurs (A. Cornu, J. Bruhat, E. Bottigelli), c’est l’incompréhension102. Le seul élément avéré qui ait pu fragiliser sa position dans le Parti est l’évolution politique de son épouse, Flora. Flora Ducroux, communiste, d’origine juive, médecin ophtalmologue, avait exprimé ouvertement ses doutes sur les fondements de l’affaire des blouses blanches et prit alors ses distances avec le PCF, avant de le quitter103. Mais ce renvoi peut aussi être analysé comme un changement de génération et de perception de la mission des Éditions sociales. Il suffit pour s’en convaincre d’examiner la biographie des remplaçants.
28Le 4 novembre 1955, Guy Besse et Robert Brécy sont nommés par le Secrétariat respectivement directeur et directeur adjoint des Éditions sociales104. Né en 1918, G. Besse a adhéré au PCF en 1943. En 1950, il est reçu à l’agrégation de philosophie. Parallèlement à son activité d’enseignant105, il donne des cours à l’École fédérale des cadres du Parti à partir de 1952 et se voit confier la tâche de contrôler l’activité des cellules étudiantes à Paris. Il fait donc partie de la Section idéologique et devient membre du Comité central en juillet 1956106. Enfin, il a fait partie de la commission consultative. Son adjoint a un profil bien différent et plus proche de celui de J. Ducroux. Robert Brécy, né en 1912, a été obligé d’interrompre ses études à 14 ans pour des raisons familiales et devient comptable en suivant les cours du soir. Pendant le Front populaire il adhère à la CGT puis au PCF et suit les cours de l’Université ouvrière. Résistant, il rencontre J. Billiet avec qui il travaille lorsque ce dernier est nommé directeur des Beaux-Arts à la Libération. Il devient ensuite secrétaire d’H. Wallon, au Front national. En 1945, il travaille à la Section centrale d’éducation, où il organise et dirige des écoles. En 1948, il est le rédacteur en chef des Cahiers du communisme107 et en 1953 il assiste en tant qu’invité aux réunions de la commission consultative des Éditions sociales. L’année suivante il devient le secrétaire de G. Cogniot108. Les Éditions sociales sont donc dirigées à la fois par un intellectuel, reconnu comme tel par l’Alma Mater, et par un « technicien », un intellectuel d’institution, formé par le Parti et proche de G. Cogniot. Leurs points communs sont également intéressants. Ils font partie de l’équipe de la Section idéologique et ont une activité d’enseignant dans les écoles du Parti.
29Pour G. Besse, la mission des Éditions sociales est de former les militants par des textes accessibles et peu chers et d’éditer des textes proches des normes universitaires : « Elles doivent mener de front : l’édition des grands classiques du marxisme-léninisme et des grands humanistes du passé ; - la publication d’ouvrages théoriques approfondis (philosophie, économie, politique, histoire, etc.) ; - la publication d’ouvrages plus ramassés, de prix modiques traitant de sujets très actuels et s’adressant à un public extrêmement large. Il y aura lieu, d’autre part, d’étudier sérieusement dans les masses les éditions populaires des grands classiques du marxisme-léninisme109. »
30Les Éditions sociales ne sont plus une simple officine de propagande. Elles publient et diffusent des ouvrages à finalité politique mais qui ne correspondent plus aux brochures politiques publiées en nombre pendant l’Entre-deux-guerres et à la Libération. À partir de 1953, la maison d’édition se trouve aux prises avec deux points de vue : d’une part l’approche de la direction qui cherche à éditer des ouvrages les plus accessibles possible pour les militants, dans le respect de l’orthodoxie, menant à la construction d’un quasi catalogue-miroir de la direction du PCF ; d’autre part, celle des intellectuels communistes qui souhaitent œuvrer pour des éditions « scientifiquement » irréprochables et des œuvres de vulgarisation respectueuses de l’état des savoirs. Alors que cette maison d’édition était surveillée de près par le pouvoir politique, elle devient le terrain d’une « déstalinisation » avant la lettre, menée discrètement par ses propres auteurs.
31Le sort des EFR est bien différent. En décembre 1950, Aragon en devient le directeur littéraire tandis que la direction officielle est confiée à R. Hallery. Les Éditions sociales sont dirigées par un technicien (J. Ducroux), un politique (F. Billoux) et un financier (J. Jérôme). Le sort des EFR dépend d’un quatuor presque semblable : un homme de lettres (Aragon), un administrateur (R. Hallery), un politique (F. Billoux) et un financier (J. Jérôme)110, ce dernier s’estimant compétent dans un rôle d’éditeur, même occulte, et dont les relations avec Aragon ne cessent de se dégrader. La direction du Parti semble totalement absente de la vie de cette maison d’édition. Or, les EFR sont un pur produit de la Guerre froide.
32Représentant 57 % de la production du PCF en 1952, avec une moyenne de 37 titres par an, ce sont bien les EFR qui occupent alors le devant de la scène. Ils n’échappent pas à la période de baisse (14 %) à partir de 1953. Quant au tirage, c’est une véritable chute, de 17 500 exemplaires en 1949 à 4 200 exemplaires en 1956. Les romans de langue française (51,5 %) et de langue russe (31,8 %) constituent toujours l’immense majorité de ces textes. En 1950, E. Triolet écrit à sa sœur : « En général, les Éditeurs français réunis (sous la direction d’Aragon) sortent actuellement les livres soviétiques pour ainsi dire en gros111 ! » Rares sont les auteurs non soviétiques qui se distinguent : Jorge Amado, Pablo Neruda et son Chant général (1950-1953), Mihail Sadoveanu et Martin Andersen Nexö. Les romanciers soviétiques sont mis en valeur en particulier dans la collection « Le pays de Staline », créée en 1949112. Cette collection, qui doit in fine proposer 24 volumes au public113, accueille d’abord les primés du prix Staline, créé en 1939114. « Le Pays de Staline » fait long feu. Comme prévu, la collection s’arrête en 1951, mais seuls 12 volumes sont parus, avec un tirage moyen de 3 500 exemplaires. Les romans ne se vendent pas115. Cette déconvenue n’est pas conjoncturelle. Pendant les années cinquante, l’édition des romans soviétiques se heurte aux soubresauts de la vie littéraire soviétique, qui se multiplient après la mort de Staline116. Le cas d’Ilya Ehrenbourg montre que les Français ont suivi pas à pas la célébration, le purgatoire et la réhabilitation du romancier en URSS. Mais au milieu des années cinquante, les EFR doivent choisir de franchir ou non le Rubicon de la déstalinisation. En décembre 1954, des romanciers soviétiques tentent de secouer le joug du jdanovisme, comme Ilya Ehrenbourg, Alexandre Tvardovski, Constantin Paustovski, Vera Panova, lors du IIe congrès de l’Union des écrivains, auquel assiste Aragon117. En 1954, un an seulement après sa parution en Union Soviétique, les EFR éditent les Saisons de Vera Panova, roman assimilé à la littérature dite « du Dégel » et mis en cause en URSS118. Mais, autre roman symbolique de cette contestation, Le Dégel de I. Ehrenbourg, est édité décembre 1954 en France par une revue liée au PCF, Défense de la paix, et non par les EFR119. Les EFR restent donc au milieu du gué, menacés d’être en continuel décalage avec les décisions des tribunaux littéraires soviétiques et les choix des éditeurs bourgeois français, qui investissent quant à eux dans la littérature du Dégel120. Chose nouvelle, les romanciers français sont également mis en avant dans la promotion du réalisme socialiste121 : A. Wurmser (9 titres), P. Daix, René Jouglet, André Stil (7 titres), Pierre Courtade, Pierre Gamarra, J. Laffitte (4), André Kédros, Martine Monod, Paul Tillard (3), J. Fréville (avec une réédition de Pain de brique), P. Abraham. Signe de ce lien privilégié avec une esthétique, Aragon n’y publie que sa série Les Communistes, éditée dans la Bibliothèque française.
33Les œuvres complètes apparaissent également dans le catalogue : Œuvres complètes de M. Gorki à partir de 1949 éditées par les éditions Hier et Aujourd’hui préparées par Jean Pérus, de Jules Vallès à partir de 1950 par Lucien Scheler, et d’Anton Tchekov à partir de 1952 également par J. Pérus. Ces trois entreprises donnent une image fidèle de la production des EFR, à la fois au service de la littérature soviétique présentée comme un modèle depuis le début des années trente, de la littérature russe classique et du roman français. Sans doute est-ce la marque de l’éditeur Aragon depuis l’expérience de la Bibliothèque française.
34Les EFR ont aussi leur revue. Europe fait une entrée remarquée dans la Guerre froide en publiant in extenso les minutes de la session de l’Académie des sciences agronomiques d’URSS, présentant la théorie de Lyssenko. Lorsque la revue rejoint le catalogue des EFR, malgré les efforts d’Aragon pour faire durer l’esprit d’union de la Résistance autour du noyau communiste, les compagnons de route sont partis ou sur le départ122. Europe demeure la revue d’Aragon, qui alterne une position très exigeante en matière littéraire et des demandes impératives en matière politique, ce qui en fait une revue littéraire singulière, notamment par l’usage de numéros spéciaux peu polémiques et son ouverture (trait hérité de l’Entre-deux-guerres) vers les littératures étrangères.
35La Bibliothèque française a édité des pamphlets restés fameux : L’Internationale des Traîtres en 1948 et Tito, Maréchal des traîtres en 1950 de R. de Jouvenel, Américains au Havre de Pierre Aubery et La Guerre d’Hitler continue d’Yves Farge en 1948, ou Un combat pour la vérité : Kravchenko de Jean Marcenac en 1950. Les EFR publient en revanche peu d’essais (28 titres). Chaque intervention dans l’actualité prend l’apparence de l’expertise (universitaire, journalistique) : c’est L’Affaire Rajk, compte rendu sténographique en 1949, de J. Segal, Mitchourine, Lyssenko et le problème de l’hérédité en 1951, La Colombe vole sans visa, de D. Desanti, Matricule 2078 : l’affaire Henri Martin, d’Hélène Parmelin, J’ai choisi Mac Carthy (Faux témoin) d’H. Matusow.
36Des témoins dépeignent Aragon en guetteur de talents, un « éditeur » en somme. André Stil a débuté dans l’écriture au travers du journalisme. Alors rédacteur en chef de L’Humanité, Aragon l’encourage à écrire. Il fait publier ses premiers textes dans Europe, Les Étoiles, les Lettres françaises : « Et un moment est venu où il m’a conseillé de faire de tout cela un livre, qu’il a édité, et défendu comme il sait le faire123. » Aragon s’empare prestement d’une nouvelle achevée en 1955 – « avant même que j’aie fini » écrit A. Stil – pour l’éditer dans une édition de luxe aux EFR sous le titre Lever de rideau sur la question du bonheur124. P. Daix témoigne lui aussi de cette même attention et précipitation. En 1950, journaliste aux Lettres françaises, il écrit un roman, dont Aragon lit le manuscrit : « Il le donna tout de suite à composer. J’aurai les épreuves dans huit jours. […]. Le Parti avait besoin de ce livre [pour la Bataille du livre]. Et tout de suite125. » Pierre Courtade fait également partie de cette moisson. Journaliste, il fait ses débuts de romancier avec un recueil de nouvelles, Les Circonstances, en 1946, publié à la Bibliothèque française. Alors qu’il fait partie du groupe de journalistes d’Action, il ne suit pas P. Hervé dans sa polémique avec Aragon. Aragon lui en sait-il gré ? Il poursuit avec Elseneur en 1949, puis aux EFR avec Jimmy en 1951 et la Rivière noire, roman qui dénonce la guerre d’Indochine, en 1953126. C’est Aragon qui sollicite Lucien Scheler pour devenir l’éditeur des œuvres de J. Vallès127. Le témoignage de J. Bouissounouse montre que les EFR ont aussi endossé le rôle ingrat de la Bibliothèque française, celui d’être l’éditeur des « refusés » : « J’avais terminé mon livre sur la Résistance italienne, Dix jours pour un, et je le portais à Gallimard avec qui j’avais un contrat. Il fut refusé. Je le donnai ailleurs. Il fut refusé. Pas un lecteur, paraît-il ne s’intéresserait à cette Résistance, et la nôtre commençait à lasser. Déconcertée, je donnai mon manuscrit à Aragon qui l’envoya sans attendre à l’imprimerie et consacra au livre un article qui m’emplit de joie. Après ce grand roman, vendu dans toutes les cellules, je fus promue grand écrivain, la règle étant de valoriser tous les plumitifs sympathisants128. »
37A. Stil donne une autre explication à cette quête de nouveaux talents : se sentant isolé, « il avait besoin de jeunes cadres intellectuels […] qui soient avec lui129 ». Comme la Bibliothèque française, les EFR lui permettent d’affirmer et de défendre ses positions politico-esthétiques. Ses choix ne sont pas toujours dictés par le seul « amour des lettres ». En 1947, il a « préparé » l’autobiographie de Jean Laffitte, citée en exemple par la direction du PCF, Ceux qui vivent, pour les Éditions Hier et Aujourd’hui130. La carrière littéraire de ce dernier a donc été lancée aussi par le directeur littéraire des EFR131. Le seul roman d’Aragon publié aux EFR, est la première partie des Communistes, roman refusé par Gallimard. Mais sa diffusion, organisée par le PCF, a constitué un point de rupture dans son rôle de romancier du Parti132. Tous ces écrits participent à la construction d’une identité, une histoire et une culture politique. Mais il est certain que les relations d’Aragon, écrivain, éditeur, membre du Comité central à partir de 1950, avec les EFR sont sans doute une bonne métaphore de ses relations avec le Parti communiste.
38Nombre de textes venant d’URSS et des démocraties populaires ont été publiés dans le cadre de relations de type « institutionnel » – par l’intermédiaire d’agences commerciales et artistiques d’État, mais des romans sont aussi nés via un réseau de relations individuelles intellectuelles et politiques. Aragon joue là encore un rôle central. Du fait de leur situation personnelle et familiale, Aragon et E. Triolet ont tissé depuis longtemps des relations dans le milieu intellectuel et littéraire soviétique, hors et dans les sphères officielles. De même, Le Chant du mineur de l’écrivain tchèque Maria Majerova est publié par les EFR grâce à son traducteur François Kérel, qui propose le texte à Aragon133.
39Au début des années cinquante, les EFR sont en proie à de grandes difficultés. Aragon tente de défendre publiquement leur avenir en décembre 1952. Au plus haut de l’ascension politique d’Auguste Lecœur, lors d’une session du comité central, Aragon dénonce vigoureusement et publiquement l’ouvriérisme du Parti qui condamne ses éditions. Il accuse la presse de ne pas jouer son rôle de relais, les organisations de diffusion de « boycotter » les romans soviétiques, et les communistes français de se rendre coupables d’une grave indifférence à l’égard de la patrie du socialisme en ne lisant pas sa littérature. Quant à la production française, il critique ce qui a été fait jusqu’alors – sans se mettre en cause. Les manuscrits qu’on lui envoie ne sont pas « publiables134 ». Avec le retour de M. Thorez et l’éviction de A. Lecœur, s’amorce un changement. Pour Aragon c’est aussi un certain retour en grâce135. Il a même l’opportunité de défendre la littérature soviétique dans les Cahiers du communisme en novembre 1955136, au moment de la parution de son Introduction aux littératures soviétiques… chez Denoël. Mais en avril 1954, la direction du Parti fait tomber le couperet sur les EFR : « Tenir compte qu’aux Éditeurs Français Réunis, trop de romans de valeur inégale ont été publiés sur des thèmes identiques. » Le rôle de la littérature n’a pas varié depuis les années vingt : « Établir le programme de diffusion des romans en tenant compte essentiellement de ceux qui nous aident dans la lutte137. »
40Face aux revendications des Éditions sociales et l’échec politique et commercial des EFR, F. Billoux met sur pied en juin 1954 une nouvelle « section des Éditions138 ». Elle rassemble G. Cogniot, Aragon, J. Ducroux, R. Brécy au nom du CDLP, J. Jérôme, J. Fréville, Roire (édition musicale), G. Sadoul, L. Moussinac, et même R. Garaudy. Le panel est vaste, tant dans les fonctions comme dans les générations139. Or, rien de tangible ne sort de cette section.
41En décembre 1955, R. Hallery, toujours PDG officiel et de facto gestionnaire des EFR, en dresse le bilan commercial. L’année 1955 se présente mieux que l’année précédente, mais les résultats positifs sont à mettre au crédit des nouveautés, en particulier francophones, car, précise-t-il, pour les étrangers ou les « classiques » « la vente est beaucoup plus lente et plus difficile ». Quant aux « titres anciens », « la vente générale est extrêmement faible ». Seule solution : brader ces titres, voire recourir à la « mise au pilon dans les cas désespérés140 ». Dès 1955, les années « Guerre froide » du catalogue sont un vrai poids mort.
42Après avoir soutenu l’ouvriérisme du Parti, tenté de défendre aussi ses propres choix, avalé les couleuvres de la campagne de diffusion des Communistes, la crise que traversent les éditions et l’absence de réponse claire du côté politique constituent probablement un moment critique pour Aragon. Quant aux problèmes avec ses « tutelles » officielles ou officieuses, F. Billoux écrit avec lassitude en 1957 : « Un malaise persistant existe entre Aragon et J. Jérôme. Je fais [souvent] le juge de paix, l’arbitre141. » Cette prise de distance d’Aragon, qui demeure néanmoins directeur, est rendue possible par l’arrivée d’un « adjoint », en 1955, François Monod. Fils de Gustave Monod, agrégé de philosophie, membre du CVIA, il fait partie de la classe moyenne cultivée. Après des études à Aix, il entre à l’école Estienne en 1941 pour suivre des cours de dessin lithographique, formation qui mène à l’édition d’art, au graphisme publicitaire et au maquettisme. À l’image de son père, qui est entré dans la Résistance en 1940, F. Monod rejoint les Forces françaises libres en Afrique du Nord et participe au débarquement en Italie et à la campagne d’Alsace. A la Libération, il adhère au PCF et travaille aux côtés de Maximilien Vox de 1945 à 1948, qui dira de lui qu’il avait « le génie de la typographie »142. Par la suite, il participe à la création du « Livre de poche » chez Hachette. Parallèlement, il écrit ; son talent de poète est remarqué par P. Eluard et Aragon143. Son épouse Martine Monod est romancière. De même que le PCF fait appel à des hommes comme G. Besse, diplômé de l’université, il recourt à un homme de lettres connaissant très bien les arcanes de l’édition.
43F. Monod réalise « son rêve », celui d’être un éditeur au service de ses idées, malgré les appels à la prudence de son ami P. Daix. La désillusion est redoutable : « Je pensais qu’Aragon fort de son prestige recouvré, écrit P. Daix, imposerait l’autonomie de François qui était son adjoint aux éditions. Mais il se borna à poursuivre la petite guerre d’escarmouche contre Jean Jérôme qu’il menait depuis toujours. François abordait l’appareil avec toutes ses illusions sur le parti idéal. Je le voyais se cogner, s’écorcher. Billoux était son vrai patron. Et chaque fois, François se laissait prendre aux belles paroles pour être déchiré par les faussetés qu’elles recouvraient. Il avait dû se libérer des servitudes d’un trust [Hachette] et s’engluait dans les calculs à la petite semaine de gestionnaires provinciaux et bornés144. » La tâche est également lourde. En 1955, R. Hallery a déclaré que les « romans ne se vendent plus145 » ce qui est corroboré par un document écrit par F. Monod sur la situation des EFR en septembre 1956, avant la crise hongroise :
« Outre les questions posées dans ma note générale se pose celle de l’existence même des EFR en tant que maison d’édition littéraire éditant des romans français contemporains.
Sur ce plan, d’ici un an, si la même politique est poursuivie, la maison n’existera plus146. »
44En un an, il n’est même plus question du poids des « titres anciens », mais de l’inexistence de manuscrits publiables. De surcroît, dès le début des années cinquante, les EFR sont victimes d’une fuite des auteurs, qui partent, avant même de quitter le Parti, vers d’autres maisons d’édition, comme Pierre Courtade pour Julliard, le nouvel éditeur qui « monte147 ». Contrairement aux Éditions sociales, F. Monod ne dispose pas d’une « écurie » potentielle d’auteurs prêts à constituer le nouveau catalogue des EFR. Et Aragon n’aide guère.
45Aragon conserve des prérogatives : il a en effet la charge de diriger « l’ensemble des traductions soviétiques » aux EFR148. Constatant que les EFR ne peuvent ou ne veulent pas diffuser les œuvres les plus novatrices, il obtient – contre l’avis de F. Billoux, qui ne veut pas voir « tous les bons romans chez les autres149 » – de proposer ces manuscrits ailleurs. Le 12 octobre 1955, le Secrétariat du PCF autorise « le camarade Aragon à accepter la proposition de la maison Gallimard pour l’édition d’une collection des romans soviétiques sous sa direction150 ». C’est la naissance de la collection « Littératures soviétiques ». Cet abandon n’est pas seulement la confirmation du moindre intérêt de la direction du PCF pour la production romanesque. Il est aussi le signe d’une reconfiguration des milieux intellectuels (en France et à l’Est) et d’une partie du champ éditorial. Les éditeurs français recommencent à exploiter le « créneau » des littératures venues de l’Est, via des circuits licites ou illicites. Gallimard le fait à la manière d’un éditeur ayant pignon sur rue, laissant aux concurrents (Julliard en particulier) les prises de positions les plus engagées, en lien direct avec l’actualité151. L’accord du PCF est politiquement prudent : Aragon est un auteur maison ; contrairement à Julliard, Gallimard n’a pas besoin d’adopter des positions politiques marquées pour se faire une place sur le marché ; cette maison d’édition travaille sans doute de longue date avec les autorités soviétiques ; enfin, elle donne aux lettres soviétiques un prestige que les EFR ont été incapables de leur donner. Mais, le Parti communiste ignore ou feind d’ignorer que, pour Gallimard, il s’agit d’abord d’une opportunité commerciale. La maison de la rue Sébastien-Bottin défend d’abord ses propres intérêts, ce que confirmera l’affaire Pasternak. La création de « Littératures soviétiques » incarne le retrait d’Aragon, qui cherche désormais à reconquérir sa légitimité littéraire et intellectuelle, loin du Parti. Chez Gallimard plutôt qu’aux EFR. La Guerre froide est donc synonyme de « réalisme socialiste », mais aussi de baisse des ventes et de marginalisation, littéraire et éditoriale des EFR. Sitôt le réalisme socialiste mis au second plan, la politique éditoriale devient inexistante.
46En dépit de la crise de l’édition, le Parti crée deux nouvelles maisons d’édition : en 1949, le Cercle d’art, maison spécialisée dans le livre d’art, et en 1955 une autre consacrée au livre pour enfant, la Farandole.
47Le 15 décembre 1949, Cercle d’Art est constitué à Paris, à l’adresse de l’ancienne annexe des ESI avant-guerre152. Elle rejoint alors la rive droite pour s’installer au 95, boulevard de Sébastopol dans le IIe arrondissement153. Elle trouve son origine de la rencontre entre une opportunité commerciale, un éditeur débutant, Charles Feld, et un contexte politique.
48Une des racines de Cercle d’art se trouve en Belgique. Pendant la guerre, E. Fried avait décidé de créer une maison d’édition clandestine en 1941, avec l’aide de J. Fonteyne et de son beau-frère Michel Goffart, maison d’un genre particulier puisqu’elle publie des livres sur l’art belge, qui était une réponse à la politique de germanisation de la Belgique154. À la fin de la guerre, le Parti communiste belge liquide les stocks155. En 1950, les Lettres françaises annoncent la naissance d’une « nouvelle collection franco-belge », Cercle d’art, aux Éditeurs français réunis156. Pour cette opération, il est probable qu’on ait fait appel aux talents financiers et d’organisation du discret J. Jérôme, qui aboutit à la création de « Cercle d’art de Paris », qui doit solder ces publications157.
49Rien ne destinait Charles Feld à devenir éditeur. Né à Varsovie en 1919, il arrive en France avec ses parents au début des années vingt. Bonnetier de profession, il milite au PCF pendant le Front populaire. En 1937, il épouse une journaliste de L’Humanité, Nelly Toussenel. La Seconde Guerre mondiale a été dévastatrice pour C. Feld. Ses parents meurent en déportation. Son frère, Maurice Feld, 18 ans, membre de l’Organisation spéciale, est arrêté en 1942 et fusillé en 1943158. C. Feld quitte Paris en 1940 pour la zone Sud et entre en résistance à Lyon. Il devient imprimeur et journaliste par la force des choses, en créant en mai 1941 le journal clandestin Fraternité, organe du Mouvement national contre le racisme. À la Libération, il essaie de poursuivre cet engagement avec la revue Fraternité qu’il codirige pendant un temps avec sa belle-sœur Juliette Jonvaux159. Il fait également partie des Combattants de la paix160. Après le métier d’imprimeur et de journaliste, C. Feld découvre celui d’éditeur. En février 1948, il apparaît dans l’organigramme de la Bibliothèque française dont il devient gérant161. Son passage à la Bibliothèque française, dont une des singularités était d’éditer des livres d’artistes, a été déterminant. P. Picasso illustre un Carmen en 1949, c’est-à-dire au moment où C. Feld y travaille. Inspiré par ces rencontres et cette nouvelle activité professionnelle, C. Feld a l’idée d’une maison d’édition consacrée à l’art, en parle à J. Jérôme, qui s’empare du projet162.
50Le Parti communiste s’intéresse alors sérieusement à la peinture. Se félicitant de l’adhésion de grands peintres, comme Picasso ou Léger, le PCF suit aussi les prescriptions d’A. Jdanov. S’il célèbre Picasso et publie son portrait, le PCF ne reproduit pas ses œuvres163. La promotion du réalisme socialiste en peinture sert le travail d’André Fougeron, Boris Taslitzky ou Jean Amblard164. En matière de presse, il n’y a qu’un titre spécialisé, Arts de France, qui a pour origine les revues clandestines L’Art libre et L’Art français, rattachées au Front national des arts. À la Libération, la revue est patronnée par l’Encyclopédie de la Renaissance française et aidée pour la partie administrative par la Bibliothèque française. Le comité de rédaction est composé d’historiens et de critiques d’art, compagnons de route et communistes. En 1946, avec les débuts de la crise de la presse, la revue passe chez Bordas165. Ses conditions matérielles s’améliorent et elle adopte des positions moins sectaires que la Nouvelle Critique166. À l’été 1949, c’est la rupture. Bordas abandonne la revue167, qui entre dans le combat du nouveau réalisme en peinture. Le lectorat ne suit pas et la revue se transforme en Tribune du nouveau réalisme en 1951, accueillie dans les Lettres françaises. Ainsi, au moment où il décide de défendre le réalisme français, le Parti communiste a peu de médias à sa disposition. Pourquoi alors ne pas utiliser Cercle d’art de Paris ?
51Les origines de Cercle d’art sont donc multiples. L’analyse du catalogue montre que la complexité est même sa marque de fabrique. Il n’a édité que 36 titres pendant cette période et sa production ne décolle qu’à partir de 1954. Le premier titre du catalogue est Le Pays des mines de Fougeron en 1951, manifeste du réalisme socialiste français, dont on prépare deux éditions : une « courante », accompagnée de textes d’A. Lecœur et d’A. Stil, une seconde luxueuse avec une préface de J. Fréville. Les approches monographiques sont minoritaires dans le catalogue, mais croissent à partir de 1954-1955 : Daumier en 1951 ; Goya et L’Exemple de Courbet en 1952, Louis Milltelberg en 1953, Jean Effel, Alexandre Steilen présenté par F. Jourdain en 1954, Picasso, Goya, Effel et Léger en 1955. Les livres politiques, qui constituent l’essentiel du catalogue, sont fortement liés à l’actualité et surtout au pacifisme : Visage de la paix de P. Eluard, Témoins de notre temps de J. Fréville, Retour d’Algérie de Jacques Dubois illustré par B Taslitzky et Mireille Miailhe, La Guerre et la Paix de C. Roy illustré par Picasso, ou le Massacre des innocents d’H. Parmelin, Images pour Ethel et Julius Rosenberg en 1955. Les trois œuvres sur lesquelles la maison d’édition a le plus investi sont la Guerre et la Paix de Roy et Picasso, L’Anthologie sur l’art de P. Eluard, et un ouvrage sur l’œuvre de Fernand Léger168. Le projet initial de L’Anthologie sur l’art était de proposer au lecteur une réflexion sur l’art et le regard au travers d’une compilation importante d’œuvres – plus de 220 auteurs sont référencés. Pour P. Eluard, les peintres étaient des guides dont la fonction morale et sociale est d’aider à accéder à la vérité169. Cette œuvre politique et pédagogique est pourtant unique dans le catalogue.
52Contrairement à la légende, Picasso n’est un « auteur Cercle d’art » que sur le tard, à partir de 1953, lorsque l’étiquette réaliste est abandonnée170. Cercle d’art n’a pas été non plus l’éditeur de l’art réaliste socialiste d’URSS. Les arts graphiques soviétiques sont totalement absents du catalogue. La création en URSS avait pourtant le plus grand mal à se faire connaître hors de ses frontières. La censure à l’Ouest explique cette situation, mais pas seulement : l’Union soviétique cultive alors une culture autarcique, où les contacts avec l’extérieur doivent être absolument évités171. La mort de Staline change la donne172. En 1954, C. Feld profite de la « détente » pour prendre des contacts en Union Soviétique173. Les premières réalisations sont modestes. La reproduction d’œuvres se trouvant dans les musées soviétiques commence tardivement et par des œuvres de… Picasso, qui se trouvent dans les musées de Léningrad et Moscou, et qui n’est exposé en Union Soviétique qu’à partir de 1956174. C. Feld obtient du Parti communiste de l’URSS l’autorisation de prendre des photos en avril 1954. En septembre 1956, le Cercle d’art annonce au public : « Pour la première fois, les portes du Musée de l’Ermitage se sont ouvertes devant une équipe de photographes des éditions Cercle d’art qui ont obtenu l’exclusivité de reproduire les toiles du Musée et de ses réserves. Des toiles célèbres de toutes les écoles seront, pour la première fois, reproduites en couleurs et notamment les merveilleux joyaux de l’École française175. » En sort un ouvrage de référence sur Poussin en 1957176. La diffusion de l’art soviétique passe de fait par des sujets annexes : les Ballets soviétiques, de G. Oulanova en 1954 ou le Cirque de Moscou, présenté par Tristan Rémy en 1956.
53Charles Feld fera de l’année 1953 l’année de naissance officielle de Cercle d’Art, marquant ainsi son rejet de ce qui a été fait jusqu’alors177. Elle a soutenu le réalisme socialiste français, par un genre éditorial qui mêle politique et livre d’artiste. En revanche, elle n’a pas immédiatement promu l’histoire de l’art, même « engagée », en direction du grand public, alors que L’Anthologie des écrits sur l’art en était le projet. Néanmoins il y a la capacité de rebond formidable de cette maison d’édition. Alors que les EFR tombent de Charybde en Scylla avec l’abandon de la doctrine esthétique de Jdanov, Cercle d’art s’appuie sur des monographies dont la vente est quasi assurée : Picasso, Léger, Goya. Cercle d’art abandonne le livre d’artiste pour le livre d’art. Symbole de cette « normalisation » éditoriale, Cercle d’art investit dans le créneau des livres d’étrennes à partir de 1954178.
54Fondée en 1955, la Farandole, seule maison d’édition française exclusivement dédiée aux livres pour enfants, est certes née de la Guerre froide, mais pas uniquement. Comme avant-guerre, le marché du livre pour enfants est largement dominé par des entreprises familiales (surtout spécialisée dans l’édition scolaire) fondées au siècle précédent179. Le livre pour enfants étant intrinsèquement porteur d’enjeux politiques et éducatifs forts, il est donc logique que le PCF s’y intéresse de nouveau. Pourtant, si on ôte la collection « Jeunesse héroïque », la place de ces publications est pauvre en 1955 : 7 titres seulement de 1945 à 1947, dont des classiques (L’Île au trésor de R. L. Stevenson ; Les Trois Méchants gros de I. Olecha ; Gargantua et Pantagruel de Rabelais ; Robin des bois…). Les EFR publient aussi quelques titres, 9, entre 1949 et 1952. Peu d’inédits (dont les Mots enchantés de P. Gamarra en 1952, illustré par Zuka), et 4 traductions du russe. Ce bilan surprend, car M. Hilsum, qui avait dirigé avec G. Sadoul Mon Camarade avant-guerre, est à la tête des éditions Hier et Aujourd’hui. Il l’est plus encore lorsqu’on sait l’engagement du PCF dans le vote de la loi de 1949 et sur la promotion du livre pour la jeunesse. À partir de 1953, il n’y a plus aucune nouveauté à destination des jeunes lecteurs.
55De 1946 à 1949, les éditions Hier et Aujourd’hui sont chargées de « Jeunesse héroïque », devenue moins « rentable » au début de la crise de la presse. Avec la Guerre froide, ces brochures retrouvent aux yeux des dirigeants une certaine valeur : martiales dans leurs propos, populaires dans la forme et le prix de vente, à mi-chemin entre le livre et la presse180. Mais, en 1949, le Secrétariat décide de « suspendre provisoirement » « Jeunesse héroïque ». On envisage le recours à de nouveaux auteurs, une autre organisation commerciale et un nouveau circuit de diffusion, qui transformeraient « Jeunesse héroïque » en journal181, ce qui ne correspondait plus « au goût des enfants et adolescents182 ». Or, le PCF a déjà un journal pour enfants, Vaillant, fondée en 1945, qui marche bien183. De toute évidence, le départ de M. Hilsum (et le probable désintérêt d’Aragon pour ce genre) et la Guerre froide ont littéralement achevé une collection, déjà atteinte par la crise de la presse et par l’évolution du goût du public.
56Pour la majorité des professionnels et des éducateurs, l’édition pour enfant vise à défendre des valeurs altérées par la guerre. Certains aspirent à un renouveau du genre, déjà lancé au milieu des années trente autour du Père Castor, et à une reconnaissance esthétique et littéraire184. Mais surtout les années cinquante sont une période où, aux yeux des militants de la lecture pour la jeunesse, deux clans s’affrontent : les éditeurs commerciaux qui corrompent les jeunes contre ceux qui diffusent des valeurs humaines, luttent pour l’amitié entre les peuples et enrichissent le patrimoine littéraire185. Reprenant le combat d’avant-guerre, les élus communistes ont d’autres priorités. Ils déposent le 20 mai 1947 un projet de loi censurant la presse destinée aux enfants, contre l’appel au « banditisme, [à] la paresse, [au] vol », pour la défense de la presse française et le contrôle des importations d’éditeurs étrangers, principalement américains186. Comme le souligne T. Crépin, si les groupes de pression communistes et catholiques ont l’objectif commun de « moraliser la presse enfantine », cela est insuffisant pour organiser une action commune : chaque « lobby » agit de son côté187. La loi, dite « sur les publications destinées à la jeunesse », est finalement votée le 3 juillet 1949. Le Parti communiste n’est pas parvenu à obtenir que la loi limite les importations de dessins venant de l’étranger188. En conséquence, bien que l’ayant réclamé, il ne la vote pas. La loi institue une Commission de surveillance et de contrôle de cette presse, installée en 1950, où le PCF est représenté. Victime à la fois de difficultés économiques et de l’exercice de cette censure, la presse américaine ou américanisée en sort affaiblie. C’est alors la renaissance de la bande dessinée belge – le Journal de Spirou (Dupuis) et le Journal de Tintin (Éditions du Lombard– Dargaud) lancés en France en 1946 et 1948189. Le PCF continue le combat. En 1949, par le biais de l’Union des Femmes Françaises, il crée un Comité pour la défense de la littérature et de la presse pour la jeunesse (CDLPJ), qui ne parvient pas à s’imposer et disparaît en 1953190.
57C’est au terme de ces engagements successifs et de ce succès relatif, que naît la Farandole191. Lors des réflexions sur le devenir des Éditions sociales et des EFR, le secrétariat décide d’adopter plusieurs « programmes » éditoriaux dont l’un relatif à l’« édition de livres pour les enfants et les jeunes » le 21 juillet 1955192. La Farandole est fondée une semaine après, le 29 juillet. Elle est installée rive gauche, au 3, cour du Commerce Saint-André des Arts, dans le VIe arrondissement, et dirigée par Madeleine Gilard et Paulette Michel193. M. Gilard est née en 1906 en Espagne, où elle passe toute son enfance et son adolescence. Elle n’a pas fait d’études supérieures, mais maîtrise plusieurs langues (l’espagnol, l’anglais, l’allemand, le russe). Elle exerce plusieurs métiers (secrétaire, rédactrice, journaliste). C’est en tant que traductrice qu’elle travaille pour le Mouvement de la paix après la Seconde Guerre mondiale. Elle a aussi le goût de l’écriture (elle a publié son premier texte dans Confluence en 1941)194. Directrice administrative, P. Michel, de son vrai nom, Pola Fabelinska, est née en 1909 en Pologne. En 1927, elle part pour Paris pour y suivre des cours de piano. Elle adhère au PCF l’année suivante. Son engagement politique prend le pas sur sa carrière musicale, et elle devient permanente. Pendant les années trente, elle travaille pour différents syndicats. Elle épouse J. Jérôme en 1939. Elle entre dans la clandestinité avec son mari et devient membre des FTP. Jusqu’en 1955, elle travaille essentiellement comme traductrice (elle parle le polonais et le russe et peut traduire l’anglais et l’allemand) ou se présente comme professeur de piano195. En novembre 1954, les Lettres françaises la présentent comme travaillant aux EFR196. Tous les témoins interrogés par F. Pipet s’accordent à faire d’elle la véritable directrice de la Farandole. M. Gilard même présentait sa propre fonction comme celle d’une « assistance éditoriale ». J. Ollivier, membre de l’équipe de Vaillant et l’un des auteurs phares de la maison, nuance cette déclaration : « Madeleine Gilard serait ce qu’on appelle aujourd’hui “directeur de collection”. Quant à Paulette Michel, elle était directeur général et assumait un rôle beaucoup plus administratif197. » Ainsi, la Farandole était, comme les Éditions sociales ou les EFR, dirigée par plusieurs personnes. Ce schéma est toutefois différent sur un point essentiel : P. Michel a encouragé M. Gilard à reprendre la plume pour les enfants, genre dans lequel elle est devenue un auteur de référence198.
58Dès 1956, la production est conséquente : 22 titres, et 4 nouvelles collections. Dès l’origine, la maison d’édition choisit de mener une politique éditoriale différenciée en fonction des tranches d’âge. « Jour de fête », collection d’albums, s’adresse aux plus de 9 ans, et « Prélude », collection plus engagée, est destinée uniquement aux adolescents, tranche d’âge qui n’intéressera ses concurrents que dix ans plus tard199. Enfin, comme les grands éditeurs, et à des fins éducatives, elle lance aussi sa collection de « documentaires » – c’est-à-dire de vulgarisation scientifique –, « Savoir et connaître ». Les auteurs de la Farandole font partie du courant dit « réaliste » dans la littérature enfantine. Par réalisme, il faut entendre la volonté des auteurs d’intégrer les réalités sociales dans les textes – sans exclure le recours à l’imaginaire – avec un très grand souci de pédagogie et un soin très particulier accordé à la qualité tant de l’écriture que de l’image200. Certains de ces auteurs ont été lancés par un éditeur novateur des années trente, Bourrelier : Colette Vivier, Andrée Clair, Georges Nigremont (pseudonyme de Léa Pelletier), Madeleine Gilard, Pierre Gamarra et Jean Ollivier. Tous défendent la légitimité de cette littérature, longtemps considérée comme un genre mineur.
59L’originalité de la Farandole apparaît dès ses débuts : elle privilégie les adolescents et le genre romanesque, plutôt que le récit illustré201. Elle défend des genres traditionnels, comme le roman d’aventure, en essayant, à l’instar de Bourrelier, Magnard ou des éditions de l’Amitié, de les renouveler afin d’ouvrir le jeune lecteur sur le reste du monde dans un esprit de tolérance202. Cette ouverture n’est pas singulière. Flammarion en 1952 et Nathan en 1954 adoptent la même ligne éditoriale203. Ici, les éditeurs communistes n’occupent pas seuls un segment de ce marché éditorial, mais ils appartiennent à un courant et sont reconnus par leurs concurrents.
60Le pluriel s’impose donc : il s’agit bien des maisons d’édition du PCF. Si la Guerre froide a été pour tous une période de mobilisation, elle n’a pas été vécue de manière identique. Après la crise de l’édition, certaines subissent la crise politique de plein fouet. Les Éditions sociales sont une maison d’édition d’institution. Elles émanent du cœur même de l’identité communiste, la section idéologique. Elles produisent des œuvres pour la formation politique. Les EFR sont chargés de l’accessoire, du périphérique, de l’agitation. Après que les œuvres « jdanoviennes » ont perdu audience et crédibilité, la ligne éditoriale ne parvient pas à se renouveler. En revanche, Cercle d’art et la Farandole, périphériques à la propagande du Parti, font montre d’une créativité réelle qui les sauve du changement de conjoncture.
Notes de bas de page
1 P. Du Bois. « Guerre froide, propagande et culture (1945-1953) ». Relations internationales, no 115, automne 2003, p. 437-454.
2 P. Guillaume. Histoire sociale de la France au XXe siècle. Op. cit., p. 113-114.
3 Y. Guillauma. Presse et pouvoirs de 1944 à 1958. Op. cit., p. 459 ; - P. Eveno. L’Humanité, une entreprise politique. L’Humanité de Jaurès à nos jours. Nouveau Monde, 2004, p. 199-210.
4 Note no 2, 1952, 10 p. dact., F7 15346, CARAN.
5 I. de Conihout. « La Conjoncture de l’édition ». Op. cit., ; - H. Renard et F. Rouet. « L’économie du livre : de la croissance à la crise ». L’Édition française depuis 1945. Cercle de la Librairie, 1998, p. 640-737 ; - Voir Annexe 4.
6 D. Borne. Histoire de la société française depuis 1945. A. Colin, 2002, p. 27.
7 P. Guillaume, Histoire sociale de la France au XXe siècle. Op. cit., p. 114 ; - H. Brousse. Le Niveau de vie. PUF, 1969, p. 27.
8 D. Borne. Histoire de la société française depuis 1945. Op. cit., p. 7.
9 H. Renard et F. Rouet. « L’économie du livre ».Op. cit.
10 A. Simonin. « L’édition littéraire ». L’Édition française depuis 1945. Cercle de la Librairie, 1998, p. 30-87.
11 O. Godechot. Le Marché du livre philosophique en France de 1945 à nos jours. Maîtrise d’histoire, dir. Jacques Marseille : université Paris-I, 1996, p. 104.
12 Livre, mon ami : lectures enfantines, 1914-1954. Op. cit., p. 99-104 ; - M. Piquard. L’Édition pour la jeunesse en France de 1945 à 1980. Villeurbanne : Presses de l’ENSSIB, 2004, 391 p.
13 A. Fourment. Histoire de la presse des jeunes et des journaux d’enfants (1768-1988). Op. cit., p. 270.
14 J.-P. Mazaud. « Les Consommateurs de livres : les marchés de la librairie Hachette ». Le Temps des Médias, automne 2004, no 3, p. 83-94.
15 S.-M. Bonvoisin et M. Maignien. La Presse féminine. PUF, 1986, p. 22-24. En pleine crise de la presse, Nous Deux est imprimé à 300 000 exemplaires en octobre 1947, puis 700 000 en octobre 1948. En 1954, le tirage atteint 1,5 million d’exemplaires. Dans S. Giet. Nous Deux 1947-1997 : apprendre la langue du cœur. Louvain : Peeters. Paris : Vrin, 1997, 151 p.
16 A. Cerisier. Les clubs, une médiation de l’avenir ? Où va le livre ? La Dispute, 2002, p. 155-180.
17 A. Cerisier et F. Richaudeau. Le Phénomène des clubs. L’Édition française depuis 1945. Cercle de la librairie, 1998, p. 119-167.
18 T. Cottour. Un géant au format de poche, l’arrivée du Reader’s Digest en France (1946-1954). DEA d’histoire, dir. P. Milza, Paris : IEP, 1992, 176 et 253 p.
19 A. Pagnier. Le Livre de poche : histoire des premières années d’une collection (1953-1961). DEA d’histoire, dir. J.-F. Sirinelli. Paris : Institut d’études politiques, 2000, p. 83 ; - J.-P. Mazaud. « Les Consommateurs de livres : les marchés de la librairie Hachette ». Op. cit. Le succès est confirmé à partir de 1958 lorsque la collection est copiée, par « J’ai lu » en 1958 et les Presses de la Cité (« Presses Pocket ») en 1962.
20 F. Piault. « De la “rationalisation” à l’hyperconcentration ». L’Édition française après 1945. Cercle de la Librairie, 1998, p. 628-639.
21 P. Monnet. Monographie de l’édition. Cercle de la Librairie, 1956, p. 44.
22 Par exemple, Hachette prend le contrôle de Grasset en 1954 et de Fayard en 1958. J.-P. Mazaud. De la librairie au groupe Hachette (1944-1980). Op. cit., p. 228.
23 F. Piault. « De la “rationalisation” à l’hyperconcentration ». Op. cit.
24 N. Hubert. « La librairie française à l’aube de profonds changements (1955-1970) ». Histoire de la librairie française, Cercle de la Librairie, 2008, p. 267.
25 F. Cépède. « Les Maisons d’édition du Parti socialiste S.F.I.O. ». Cahiers et revue de l’OURS, mai-juin 1993, no 211, p. 8.
26 Après avoir été la maison d’édition des Hussards au début des années cinquante, la Table ronde prendra fait et cause pour l’Algérie française à partir de 1958 : P. Louis. La Table ronde : une aventure singulière. La Table ronde, 1992, 259 p.
27 A. de Menech. Histoire de l’édition d’extrême droite en France de 1944 à 1997. Maîtrise d’histoire, dir. D. Cooper-Richet et J.-Y. Mollier : université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 1999, 151 p.
28 A. Simonin. « Écrire le politique : quelques formes contemporaines du livre politique ». Où va le livre ? La Dispute, 2002, p. 181-196.
29 « Les Plus Forts Tirages de l’édition française en 1955 ». Les Nouvelles Littéraires, 16 février 1956, p. 1-2.
30 P. Balmand. « Les Best-sellers de la Guerre froide ». L’Histoire, janvier 1992, no 151, p. 74-77.
31 E. Neveu. « Trente ans de littérature d’espionnage en France, 1950-1980 ». Vingtième siècle, revue d’histoire, avril-juin 1986, no 10, p. 51-65.
32 S. Courtois et M. Lazar. Op. cit., p. 272.
33 Y. Santamaria. L’Enfant du malheur : le Parti communiste français dans la lutte pour la paix (1914-1947). Éditions Seli Arslan, 2002, 315 p.
34 G. Sapiro. « Formes et structures de l’engagement des écrivains communistes en France. De la “Drôle de guerre” à la Guerre froide ». Sociétés & représentations, décembre 2002, no 15, p. 155-176.
35 J. et D. Kotek. L’Affaire Lyssenko. Complexe, 1986, 238 p. ; - D. Lecourt. Histoire réelle d’une « science prolétarienne ». PUF, 1995, 287 p.
36 L. Marcou. Le Kominform. Le communisme de Guerre froide. Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977, 344 p.
37 Réunion de la commission d’édition, 12 décembre 1944, 2 p. dact., Arch. N. Devers-Dreyfus.
38 Elle remplace les Éditions pour les travailleurs étrangers, initialement destinées aux travailleurs étrangers vivant sur son sol.
39 I. Popa. « Un transfert littéraire politisé. Circuit de traductions des littératures d’Europe de l’Est en France, 1947-1989 ». Actes de la Recherche en sciences sociales, no 144, septembre 2002, p. 55-69.
40 M.-P. Rey. La Tentation du rapprochement : France et URSS à l’heure de la détente (1964-1974). Publications de la Sorbonne, 1991, p. 296 ; Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI ; - Dossier Georges Soria, 19890464/6/2638, CAC ; - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Op. cit.
41 M.-P. Rey. La Tentation du rapprochement. Op. cit., p. 296-298 ; - T. Gomart. Double Détente : les relations franco-soviétiques de 1958 à 1964. Publications de la Sorbonne, 2003, p. 84-89.
42 Décisions. Secrétariat, 14 octobre 1947, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis. Le 18 septembre les attributions au sein du Bureau politique sont les suivantes : « Travail idéologique » (E. Fajon) ; les intellectuels (L. Casanova) ; Cahiers du communisme (V. Michaut) ; La Pensée (G. Cogniot). Décisions. Bureau politique, 18 septembre 1947, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
43 Décisions. Secrétariat, 27 octobre 1947, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
44 Décisions. Secrétariat, 15 mars 1948, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
45 Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Op. cit. ; - Dossier Léon Moussinac, 19890464/5/2129, CAC.
46 Décisions. Secrétariat, 4 octobre 1948, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
47 Absorption de la société des éditions France d’Abord par la société des éditions Hier et Aujourd’hui, 12 décembre 1947, Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI.
48 Bibliothèque française, acte du 28 décembre 1949 ; - Hier et Aujourd’hui, acte du 25 mars 1949, Tribunal de commerce de la Seine, INPI. Le pacte d’accord de fusion est ratifié par M. Hilsum et C. Feld le 21 mars : Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI.
49 Éditions Hier et Aujourd’hui. Assemblée générale extraordinaire, 20 avril 1949, Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI.
50 Témoignage de Raymond Hallery ; Dossier personnel, Arch. Du PCF (sur dérogation).
51 EFR. Transformation en société anonyme, 18 décembre 1950 ; - Procès verbal de la première séance du conseil d’administration, 18 décembre 1950, Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI.
52 Rapport hebdomadaire du préfet de Seine-et-Oise aux autorités d’occupation, 27 juillet au 3 août 1941, 1 W 272, AD des Yvelines ; - Dossier individuel, Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives– Bureau Résistance ; - Dossier CDLP, Ga C 12, et dossier Nelly Feld, Ga F 15, Archives de la Préfecture de Police de Paris ; - Ceux de l’édition : dictionnaire biographique de l’édition et des arts graphiques. France Expansion, 1977, p. 21.
53 F. Billoux, Tâches et organisation de la section centrale d’éditions. Compléments de décisions. Bureau politique, 24 juin 1954, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
54 Décisions. Secrétariat, 17 juillet 1953 et 9 juin 1954, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis. La thèse, la Théorie matérialiste de la connaissance, est éditée par les PUF en 1953.
55 Décisions. Secrétariat, 25 octobre 1949, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis. Il s’agit de l’Affaire Rajk : compte rendu sténographique complet, EFR, 1949, 459 p.
56 Décisions. Secrétariat, 8 décembre 1955, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis. Publié aux Éditions sociales, 1956.
57 Décisions. Secrétariat, 9 juin 1953, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis ; - H. Parmelin. Matricule 2078 : l’affaire Henri Martin. EFR, 1953, 423 p.
58 Décisions. Secrétariat, 23 avril et 6 août 1951, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
59 Décisions. Secrétariat, 6 août 1954, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
60 Lettre de M. Servin à R. Hallery, 27 septembre 1949, 54, Fonds Aragon-Triolet, BnF.
61 Henri. Lefebvre. La Somme et le reste. Méridiens Klincksiek, 1989, p. 196.
62 Décisions. Secrétariat, 3 février 1955, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis ; - Ch. Tillon. On chantait rouge. R. Laffont, 1977, p. 487. D’après Raymonde Tillon, le manuscrit de cette Histoire de la Résistance aurait été confisqué par la direction du PCF et les plombs détruits. Le livre réécrit par C. Tillon paraîtra finalement en 1962 chez Julliard : R. Tillon. J’écris ton nom liberté : des camps nazis à l’Assemblée nationale. Éditions du Félin, 2002, p. 123-124. Quant à G. Serbat, son livre Le PCF et la lutte armée 1943-1944 paraîtra en 2001 chez l’Harmattan, après sa mort.
63 Lettre de Joseph Ducroux à Lucette Maucherat, 11 février 1955, Fonds Maurice Thorez, 626 AP 214, CARAN. Il s’agit ici de la préparation de la traduction des Œuvres complètes en roumain.
64 En euros constants. Lettre de François [Billoux], [1955], Fonds Maurice Thorez, 626 AP 214, CARAN.
65 J. Ducroux. Note à Hallery, 21 juin 1954, Fonds Maurice Thorez, 626 AP 214, CARAN. Pour parvenir à la fois à établir une édition politique réussie et scientifiquement exacte, on embauche le bibliothécaire du Comité central, Antoine Legendre, pour la vérification des textes originaux et les citations : Lettre de Joseph Ducroux à Lucette Maucherat, 23 juin 1955, Fonds Maurice Thorez, 626 AP 216, CARAN.
66 J. Ducroux, Remarques concernant Fils du peuple, 21 juin 1954, Fonds M. Thorez, 626 AP 212, CARAN.
67 Note manusc., s. d., Fonds M. Thorez, 626 AP 212, CARAN.
68 En 1958 le tirage moyen de l’édition français est de 11 870. Dans H. Renard et F. Rouet. « L’économie du livre ». Op. cit.
69 Réunion de l’Assemblée générale ordinaire du 8 juin 1950. Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI.
70 Demande d’inscription modificative, 25 novembre 1955 ; - Délibération du Conseil d’administration du 22 septembre 1955, Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI.
71 G. Streiff. Jean Kanapa, 1921-1978. Op. cit., p. 184, 202 et 235 ; - Décisions. Secrétariat, 28 juillet 1953, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
72 J. Verdès-Leroux. Au service du Parti. Le Parti communiste, les intellectuels et la culture (1944-1956). Fayard, 1983, 585 p. Son tirage baisse progressivement, passant de 10 000 exemplaires en 1945 à 7 000 en 1949 (La Pensée, F41 1493, CARAN), puis 5 000 en 1955 (1970354/45 et 47, CAC) ; - F. Matonti. La Double Illusion de la Nouvelle Critique : une revue du P. C. F. (1967-1980). Th. de doct. de science politique, dir. E. Pisier : université Paris-I, 1996, p. 33-41. Le tirage de La Nouvelle Critique est de 7 500 exemplaires en 1949 et atteint 6 000 en 1955 : 1970354/19 et 45, CAC.
73 L. Moussinac. « Alix Guillain ». Les Lettres françaises, no 355, 22 mars 1951, p. 6.
74 Témoignage de Gilbert Badia.
75 J. Bénard. « Une nouvelle traduction française du livre II du Capital ». La Pensée, mars-avril 1953, no 47, p. 41-46 ; - J. Baby. « Le quatrième tome du Capital ». Ibid., septembre-octobre 1953, no 50, p. 23-25 ; - G. Badia. « Le Capital est-il lisible ? » Ibid., mars-avril 1954, no 54, p. 75-82.
76 R. Hilsum. « Entretien avec C. Willard. Du dadaïsme aux éditions du P.C.F. ». Cahiers d’histoire de l’Institut de recherche marxiste, 1983, no 12, p. 89-108.
77 La Bibliographie de la France. Annonces, 21 septembre 1956, no 38, p. 3495.
78 P. Assouline. « Jean Bouvier, le communisme et la banque ». L’Histoire, novembre 1987, no 105, p. 75-77.
79 Il y aurait même eu un faux en langue anglaise, ce que le PCF interpréta – à juste titre – comme la preuve du succès de l’œuvre originale. Note manusc., 6 f., Fonds Guy Besse, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis (sur dérogation).
80 R. Sentenac. Rapport sur les Bibliothèques de la Bataille du livre. 3 septembre 1951, 7 p. dact., Arch. N. Devers-Dreyfus.
81 Jean Chaintron parle de « Mémorial Exemples », avec un tirage de 5 000 exemplaires.
82 Décisions. Secrétariat, 10 janvier 1950, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
83 J. Chaintron. Le Vent soufflait devant ma porte. Le Seuil, 1993, p. 300-302.
84 M. Lazar. « Damné de la terre et homme de marbre : l’ouvrier dans l’imaginaire du PCF du milieu des années trente au milieu des années cinquante ». Annales ESC, septembre-octobre 1990, no 5, p. 1071-1096.
85 C. Tillon. On chantait rouge. R. Laffont, 1977, p. 487.
86 M. Lavabre. « Memory and partisan identity: the case of the French Communist Party ». European Journal of political science, 1986, vol. 14, no 1-2, p. 171-186.
87 Fils du peuple au 26 avril [1950], 1 f. dact ; - F. Billoux, Note au secrétariat du Comité central : projet de plan de diffusion de Fils du Peuple, 14 mars 1960, Fonds M. Thorez, 626 AP 212, CARAN.
88 « Conseils pour l’étude personnelle et collective de Fils du Peuple de Maurice Thorez ». Apprendre, septembre 1949, no 5, p. 17-18 ; - Apprendre, décembre 1950, no 11 (no spécial sur le 30e anniversaire du PCF).
89 Entre le 10 septembre et le 28 octobre 1949, il se déplace dans 40 villes de France, ce qui représente plus de 62 000 signatures. État de diffusion de Fils du peuple, mois de septembre [1949], 1 f. dact. ; - État de diffusion de Fils du peuple, mois d’octobre [1949], 1 f. dact, Fonds M. Thorez, 626 AP 212, CARAN. M. Kriegel-Valrimont. « Fils du Peuple triomphera de la Voix de l’Amérique ». L’Humanité, 16 novembre 1949, p. 1. L’intervention de M. Thorez, enregistrée peu avant cette interdiction, a été publiée dans L’Humanité : M. Thorez. « Le Gouvernement interdit l’émission… ». L’Humanité, 16 novembre 1949, p. 1. ; - Fils du peuple. Interdiction d’en parler à la radio, 1949, Fonds M. Thorez, 626 AP 212, CARAN.
90 Livraisons de Fils du peuple (directement de l’imprimeur aux divers organismes), fin décembre 1949, 1 f. dact., Fonds M. Thorez, 626 AP 212, CARAN.
91 F. Billoux. Note au secrétariat du Comité central : projet de plan de diffusion pour Fils du Peuple, 14 mars 1960. Fonds M. Thorez, 626 AP 212, CARAN ; Tableau Fils du Peuple. État de la diffusion par fédération au 30 avril 1950, 1 f. dact. Fonds M. Thorez, 626 AP 212, CARAN.
92 Témoignage de Hélène Schwartzenberg ; - Témoignage de Gilbert Badia ; - J. Mortier et H. Roussel. « Gilbert Badia ». Cahiers d’histoire, octobre-décembre 2004, no 93, p. 133-136.
93 Aragon, G. Badia, Barrabé, G. Besse, Cavein, G. Cogniot, F. Cohen, M. Cornu, J. Desanti, J. Ducroux, A. Dumeix, J. Gaillard, P. Hervé, J. Jérôme, I. Joliot-Curie, P. Labérenne, J. Lévy, R. Meyer, P. Michel, Orcel, M. Prevost, Riolo, Rioux, Robinson, Schatzmann, G. Soria, C. Willard. Commission consultative d’édition, caract. scientif. et tech., 28 janvier 1954, Fonds Guy Besse, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis (sur dérogation).
94 Étude et rôle de la commission. Réunion du 25 mars 1954, Fonds Guy Besse, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis (sur dérogation).
95 Réunion du 28 octobre 1954, Fonds Guy Besse, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis (sur dérogation).
96 Étude et rôle de la commission. Réunion du 25 mars 1954, Op. cit.
97 Réunion du 28 octobre 1954, Fonds Guy Besse, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis (sur dérogation).
98 Ibid.
99 François Billoux. Tâches et organisation de la section centrale d’éditions. Décisions. Bureau politique, 25 novembre 1954, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
100 Décisions. Secrétariat, 10 janvier 1950, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
101 Témoignage de F. Frontisi-Ducroux.
102 Témoignage d’Hélène Schwartzenberg.
103 Flora Ducroux (1910-1996), juive agnostique, d’origine roumaine, arrive en France en 1929 pour faire des études de médecine. Elle fut l’ophtalmologue de la famille Thorez et travailla dans un établissement proche du PCF. En 1954 ou 1955, au moment où elle quitte le Parti communiste, elle installe son propre cabinet. Témoignage de F. Frontisi-Ducroux.
104 Décisions (Annexe). Secrétariat, 4 novembre 1955, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis. ; - L’éviction de Joseph Ducroux prend effet juridiquement bien plus tard. Francis Cohen lui succède en tant que PDG le 12 novembre 1956. Extrait de délibération du Conseil d’administration du lundi 12 novembre 1956 ; - Demande d’inscription modificative, 11 décembre 1956. Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI. ; - Lorsque R. Brécy est renvoyé et exclu, Joseph Pintus ne lui succède officiellement que le 24 juin 1959. Demande d’inscription modificative, 10 décembre 1959. Arch. Tribunal de commerce de la Seine, INPI.
105 Il quitte l’enseignement secondaire pour le CNRS en 1967.
106 Dossier Guy Besse, 19890464/7/2935, CAC. Le fait qu’il soit membre du Comité central est considéré comme un facteur essentiel dans la nomination : d’après G. Streiff, une rumeur faisait de J. Kanapa un directeur potentiel des Éditions sociales, mais le fait qu’il ne soit pas membre du CC aurait été déterminant. Dans G. Streiff. Jean Kanapa. Op. cit., p. 253-254.
107 Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Op. cit., 1997 ; - Dossier Robert Brécy, GA B5, PPo.
108 Commission consultative d’édition, caract. scientif. et tech., 28 janvier 1954, Fonds Guy Besse, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis (sur dérogation) ; - Décisions, Secrétariat, 11 février 1954, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
109 Propositions de programme pour les Éditions sociales, 20 janvier 1956, Fonds Guy Besse, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis (sur dérogation).
110 Témoignage de Raymond Hallery.
111 L. Brik et E. Triolet. Correspondance, 1921-1970. Gallimard, 2000, p. 327.
112 Proposition pour la collection, 2 f. manusc., s. d., Fonds Aragon-Triolet, BnF.
113 Bibliographie de la France. Annonces, 5 mai 1950, no 18, p. 1545.
114 I. Popa. « Le réalisme socialiste : un produit d’exportation politico-littéraire ». Sociétés et représentations, décembre 2002, no 15, p. 261-292.
115 Fernand Dupuy. Intervention. Comité central, 5-7 décembre 1952, Gennevilliers, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
116 A. Baudin. Le Réalisme socialiste de la période jdanovienne, 1947-1953. Tome 2 : Usages à l’intérieur, images à exporter. Bern : Peter Lang, 1998, p. 351-352.
117 M. Aucouturier. Le Réalisme socialiste. Op. cit., p. 108. ; - L. Marcou. Ilya Ehrenbourg. Un homme dans son siècle. Plon, 1992, p. 296-297 ; - P. Daix. Aragon. Une vie à changer. Flammarion, 1994, p. 468.
118 I. Popa. La Politique extérieure de la littérature. Op. cit., p. 259.
119 Ce roman, édité en URSS en avril 1954, est publié en France d’abord en livraison puis en volume dans la revue Défense de la paix, dirigé par Pierre Cot, en 1954, puis par Gallimard (dans une nouvelle traduction) en 1957. Claude Roy exprime un réel enthousiasme à sa lecture : « Nous avons lu la première livraison de Dégel dans Défense de la paix et sommes très impatients de connaître la suite » (lettre, 21 juillet 1954). Dialogues d’écrivains. Op. cit., p. 678 ; - E. Berard. La Vie tumultueuse d’Ilya Ehrenbourg. Ramsay, 1991, p. 306.
120 I. Popa. La Politique extérieure de la littérature. Op. cit., p. 125.
121 R. Lahanque. Le Réalisme socialiste en France (1934-1954). Op. cit., 1 060 p.
122 M.-C. Bouju. « Europe et ses éditeurs, 1923-1949 ». Europe, 1923-1998 : Une revue de culture internationale. Europe, no Hors série, 1998, p. 10-24 ; - N. Racine. « Europe ». Dictionnaire des intellectuels français. Le Seuil, 1996, p. 457-459.
123 A. Stil. L’Optimisme librement consenti. Conversation avec Pierre-Luc Sérillon. Stock, 1979, p. 91. Les livres publiés sont : Mot “mineur”, camarades. Bibliothèque française, 1949, 191 p. (1er tirage, 6 000 ex. ; réimp. : avril 1952 : 5 500) ; La Seine a pris la mer et 6 autres histoires pour la paix, E.F.R., 1950, 215 p. (1er tirage : 6 000 ex.) ; Les trois tomes du Premier Choc, EFR, 1951-1953 (10 000 ex.).
124 A. Stil. Une vie à écrire. Entretiens avec Jean-Claude Lebrun. Grasset, 1993, p. 18.
125 Il s’agit de la Dernière Forteresse, EFR, 1950. P. Daix. J’ai cru au matin. R. Laffont, 1976, p. 237.
126 P. Aron. « Être ou ne pas être réaliste socialiste. L’Exemple d’Elseneur de Pierre Courtade ». Sociétés et représentations, no 15, décembre 2002, p. 217-228 ; - J. E. Flower. Pierre Courtade : the making of a party scribe. Oxford : Berg, 1995, p. 247.
127 G. Sapiro. La Guerre des écrivains. Op. cit., p. 669.
128 J. Bouissounouse. La Nuit d’Autun. Calmann-Lévy, 1977, p. 194. Dix jours pour un est publié par les EFR en 1950.
129 A. Stil. Une vie à écrire. Op. cit., p. 66-67.
130 P. Daix. Aragon. Une vie à changer. Flammarion, 1994, p. 442.
131 R. Lahanque. Le Réalisme socialiste en France (1934-1954). Op. cit., p. 757.
132 Voir le remarquable travail de C. Grenouillet : Lecteurs et lectures des Communistes d’Aragon. Besançon : Presses universitaires franches comtoises, 2000, 323 p.
133 I. Popa. « Le réalisme socialiste : un produit d’exportation politico-littéraire ». Sociétés et représentations, décembre 2002, no 15, p. 261-292.
134 L. Aragon. Comité central, 5-7 décembre 1952, Gennevilliers, 19 p., Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
135 Victor Joannès. Notes (no 2). 9 février 1954, manusc., Fonds Maurice Thorez, 626 AP 202, CARAN.
136 L. Aragon. « Comment lire les littératures soviétiques ». Cahiers du communisme, novembre 1955, no 11, p. 1421-1431.
137 Bureau politique. Décisions sur le travail idéologique et d’éducation, 2 avril 1954, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
138 Elle est placée sous la responsabilité d’Étienne Fajon.
139 Compléments de décisions. Bureau politique, 24 juin 1954, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
140 R. Hallery. Situation E.F.R, 27 décembre 1955, dact. 6 p. et 3 p. d’annexes, Fonds Aragon-Triolet, BnF.
141 Lettre de F. Billoux [à G. Gosnat ?], 13 décembre 1957, Fonds Maurice Thorez, 626 AP 55, CARAN. Les tensions entre Aragon et J. Jérôme sont confirmées par P. Daix : témoignage de Pierre Daix.
142 Je remercie Sybille Monod pour ces renseignements ; - M. Vox. « Hommage à François Monod ». Les Lettres françaises, 9-15 mars 1961, no 866, p. 3.
143 P. Daix. J’ai cru au matin. R. Laffont, 1976, p. 300.
144 Op. cit., p. 348-349.
145 Éditions, [1955], 1 f. manusc., Fonds M. Thorez, 626 AP 202, CARAN.
146 François Monod. Note complémentaire sur les EFR, 11 septembre 1956, 1 f. manusc., Fonds Aragon-Triolet, BnF. Souligné dans le texte.
147 M.-C. Bouju. « Les Maisons d’édition du PCF en 1956 : l’année de toutes les crises ». Le Parti communiste français et l’année 1956, Département de la Seine Saint-Denis– Conseil général, 2007, p. 141-147.
148 Décisions. Secrétariat, 26 janvier 1956, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
149 Éditions, [1955], 1 f. manusc., Fonds M. Thorez, 626 AP 202, CARAN.
150 Décisions. Secrétariat, du 12 octobre 1955, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
151 I. Popa. La Politique extérieure de la littérature. Op. cit., p. 481-486.
152 Cercle d’Art. Statuts, 15 décembre 1949 ; - Assemblée générale extraordinaire, 17 mars 1950, Arch. du Tribunal de commerce de Paris, INPI.
153 Répertoire des éditeurs, Cercle de la Librairie, 1956, p. 26.
154 J. Gotovitch. Du rouge au tricolore : les communistes belges de 1939 à 1944. Op. cit., p. 60-87 et 290-340 ; - S. Courtois et A. Kriegel. Eugen Fried. Op. cit., p. 377.
155 Arts de France, 1946, no 5 ; - Bibliographie de la France. Annonces, 19 mars 1948, no 11, p. 909.
156 « La collection “Cercle d’art” (Éditeurs français réunis) ». Les Lettres françaises, 30 mars 1950, no 305, p. 3.
157 Dossier Nelly Feld; Arch. PPo. Michel Feintuch [Jean Jérôme], GA F3, Arch. PPo ; - Jean Jérôme, 19910695/4/5238, CAC.
158 Maurice Feld (né le 27 septembre 1924), dit Jacques. Brigades spéciales 2, dossier 9, Arch. PPo. C. Feld témoignera lors du procès des Brigades spéciales à la Libération.
159 Dossier Fraternité, F41 1304, CARAN ; - Témoignage de Raymond Hallery ; - Témoignage de Jacqueline Feld.
160 Dossier Nelly Feld. GA F15, Arch. PPo ; - R. de Jouvenel. Confidence d’un sous-marin du P.C.F. Op. cit., p. 29 et 49.
161 Extrait de l’acte sous seing privé, 20 février 1948, Arch. N. Devers-Dreyfus ; - lettre du 28 avril 1948, 54, Fonds Aragon-Triolet, BnF.
162 Témoignage de Raymond Hallery.
163 A. Giry. « La Nouvelle Abstraction et la critique de L’Humanité, 1945-1951 ». Art et idéologies, l’art en Occident, 1945-1949. Saint-Etienne : Centre interdisciplinaire d’étude et de recherche sur l’expression contemporaine, 1978, p. 133-143.
164 L. Fougeron. « Un exemple de mise en images : un “réalisme socialiste” dans les arts plastiques en France (1947-1954) ». Sociétés & représentations, décembre 2002, no 15, p. 195-214.
165 Art libre, Art français, Arts de France, F41 1044, CARAN.
166 C. Robert. Les Échanges artistiques entre la France et l’URSS (1945-1985) : les arts plastiques. Thèse de doctorat d’histoire de l’art, dir. G. Monnier : Paris-I, 2000, p. 555.
167 Arts de France, no 21-22, 1948 et no 23-24, 1949. J.-P. Chimot. « Avatars de la théorie de l’art dans Arts de France (1945-1949) ». Art et idéologies, l’art en occident, 1945-1949. Saint-Etienne : Centre interdisciplinaire d’étude et de recherche sur l’expression contemporaine, 1978, p. 145-158.
168 Bibliographie de la France. Annonces, 18 novembre 1955, no 46, p. 1738.
169 A. Daspre. « Eluard et l’Anthologie des écrits sur l’art ». Eluard a cent ans. L’Harmattan, 1998, p. 219-233.
170 L. Fougeron. « Un exemple de mise en images : un “réalisme socialiste” dans les arts plastiques en France (1947-1954) ». Op. cit.
171 A. Baudin et L. Heller. Le Réalisme socialiste de la période jdanovienne, 1947-1953. Bern : Peter Lang, 1997, p. 255 et passim.
172 Les échanges culturels entre l’URSS et le reste du monde sont facilités par son adhésion à l’UNESCO en avril 1954. En mai 1956, les discussions sur ces échanges entre les diplomaties soviétiques et françaises commencent.
173 C. Robert. Les Échanges artistiques entre la France et l’URSS (1945-1985). Op. cit., p. 324-325.
174 Ibid., p. 305-312.
175 Bibliographie de la France. Annonces, 21 septembre 1956, no 38, p. 3481.
176 Ch. Sterling. Musée de l’Ermitage. La peinture française de Poussin à nos jours. Éditions Cercle d’art, 1957, 243 p.
177 Cercle d’art. 1953-1963 : À l’occasion de leur 10e anniversaire pendant 10 semaines du 1er septembre au 15 novembre 1963 les Éditions Cercle d’art vous offrent des avantages exceptionnels, dépliant (BnF, Q10).
178 Bibliographie de la France. Annonces, 3 décembre 1954, no 49, p. 4735.
179 M. Piquard. L’Édition pour la jeunesse en France de 1945 à 1980. Op. cit., p. 26 et 41-48.
180 Décisions. Secrétariat, 18 mai 1948, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
181 Décisions. Secrétariat, 6 décembre 1949, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
182 Op. cit.
183 J.-F. Murraciole. Les Enfants de la défaite : la Résistance, l’éducation et la culture. Presses de Sciences Po, 1998, p. 279-294 ; - A. Fourment. Histoire de la presse des jeunes et des journaux d’enfants. Op. cit., p. 218 ; - R. Medioni. Pif Gadget : la Véritable Histoire des origines à 1973, 2003, Vaillant, p. 23-34 ; - H. Filippini. Histoire du journal et des éditions Vaillant. Grenoble : Glénat, 1978, p. 121. Le titre du journal est en lien avec le mouvement d’enfants, lié au Parti communiste, l’Union des Vaillants et des Vaillantes.
184 Livre, mon ami : lectures enfantines, 1914-1954. Op. cit., p. 99-112.
185 Cité par M. Piquard. L’Édition pour la jeunesse en France de 1945 à 1980. Op. cit., p. 271.
186 Op. cit., p. 283.
187 T. Crépin souligne aussi la mobilisation des associations professionnelles d’auteurs et dessinateurs : T. Crépin. « Le Mythe d’un front commun ». « On tue à chaque page » : la loi de 1949, sur les publications destinées à la jeunesse. Éditions du Temps– Musée de la Bande Dessinées, 1999, p. 43-51.
188 M. Piquard. L’Édition pour la jeunesse en France de 1945 à 1980. Op. cit., p. 201. ; - T. Crépin. « Haro sur le gangster ! » : la moralisation de presse enfantine, 1934-1954. Op. cit., p. 315.
189 Dargaud est français.
190 T. Crépin. « Le Comité de défense de la littérature et de la presse pour la jeunesse : les communistes et la presse enfantine dans la Guerre froide ». Libraries and Culture, vol. 36, no 1, 2001, p. 131-142.
191 F. Pipet. La Farandole de 1955 à 1965. Histoire d’une maison d’édition. Maîtrise d’histoire, dir. A. Prost et N. Gérome : université Paris-I, 1995, 148 p. ; - R. de Jouvenel. Confidence d’un sous-marin du P.C.F. Op. cit., p. 43.
192 Décisions. Secrétariat, 21 juillet 1955, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
193 Archives du Tribunal de commerce de la Seine, INPI. Les actes de sociétés de la Farandole, détenus par l’INPI et consultés par F. Pipet, ont depuis disparu.
194 N. Diament. Dictionnaire des écrivains français pour la jeunesse, 1914-1991. L’École des Loisirs, 1993, p. 287-289. Elle a publié un seul roman, Camille, en 1984. Renseignements fournis par Marie-Louise Guedj et Elisabeth Marcoux.
195 Dossier Jean Jérôme, Ga F3, Arch. PPo ; - Dossier Paulette Michel, Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives– bureau Résistance, Arch. de l’Armée de terre, Vincennes ; - Renseignements fournis par la famille. Je remercie Emmanuel Debono pour son aide.
196 R. Lacôte. « Chez les éditeurs (suite) ». Les Lettres françaises, no 543, 25 novembre 1954, p. 2.
197 F. Pipet. La Farandole de 1955 à 1965. Op. cit., p. 9-10.
198 N. Diament. Dictionnaire des écrivains français pour la jeunesse. Op. cit., p. 287-289.
199 M. Piquard. L’Édition pour la jeunesse en France de 1945 à 1980. Villeurbanne : Presses de l’ENS-SIB, 2004, p. 275.
200 Op. cit., p. 60-67 et 87-91.
201 F. Pipet. La Farandole de 1955 à 1965. Op. cit., p. 20-24.
202 M. Piquard. L’Édition pour la jeunesse en France de 1945 à 1980. Op. cit., p. 266-273.
203 M. Piquard. L’Édition pour la jeunesse en France de 1945 à 1980. Op. cit., p. 243 ; - Livre, mon ami : lectures enfantines, 1914-1954. Op. cit., p. 100.
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