Chapitre VI. 1939-1941 : sauvegarder le Parti
p. 145-166
Texte intégral
1L’annonce de l’existence du pacte germano-soviétique, signé le 23 août 1939, entraîne l’interdiction de la presse communiste, puis le 26 septembre 1939 la dissolution du PCF. Les communistes entrent alors dans la clandestinité, ainsi que leur propagande, action vitale devenue politiquement et matériellement délicate.
1939-1940 : L’année sans livres
2La « Drôle de guerre » place le PCF dans une situation inédite. Il se trouve acculé à la clandestinité totale. Même au plus fort de la répression à la fin des années vingt, seule une partie de son organisation était clandestine. Comment organiser la propagande politique dans ces circonstances, alors que la plupart des militants n’ont connu que l’action politique au grand jour ?
3Pendant l’Entre-deux-guerres, le parlement français avait doté le pays d’une législation sur l’administration du pays en cas de guerre, touchant notamment aux libertés publiques1, qui sert de socle législatif et réglementaire pendant la « Drôle de guerre ». Ainsi, dès 29 juillet 1939 est créé un commissariat général à l’Information, à qui est confiée, par décret du 27 août, la censure préventive de la presse et de la radio. Le décret du 24 août 1939 sur les publications autorise les préfets à effectuer des saisies administratives et le ministère de l’Intérieur à suspendre toute publication2. Le 20 septembre 1939, le préfet de la Seine arrête : « Toute découverte de tracts à caractère communiste sur le territoire d’une commune entraînera l’internement administratif immédiat d’un ou plusieurs militants notoirement connus résidant sur le territoire de cette commune sans préjudice des poursuites judiciaires3. » Avec le décret-loi du 26 septembre 1939, le PCF est dissous. Dans son premier article, est « interdite […] toute activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d’ordre émanant ou relevant de la Troisième Internationale communiste ou d’organismes contrôlés en fait par cette Troisième Internationale ». L’interdiction concerne « la publication, la circulation, la distribution, l’offre au public, la mise en vente des écrits périodiques ou non, des dessins et d’une façon générale de tout matériel de diffusion tendant à propager les mots d’ordre de la Troisième Internationale ». Les infractions sont passibles de 1 à 5 ans d’emprisonnement et jusqu’à 5 000 francs d’amende4. Le 18 novembre, le gouvernement autorise, sur simple décision préfectorale, l’internement des individus soupçonnés d’être dangereux pour la défense nationale.
4Dès avant la promulgation de ces textes, L’Humanité et Ce Soir sont saisis le 25 août 1939, puis en vertu du décret du 26 août, la suspension des titres menaçant l’ordre public est prononcée. La répression gouvernementale comporte un deuxième volet : celui des séquestres. Le 22 novembre 1939, la première chambre du tribunal civil de la Seine nomme Moulin administrateur judiciaire, séquestre-liquidateur des biens du PCF dans le département. Le 8 septembre 1940, une loi organise la liquidation des biens du PCF et des groupements assimilés au profit de l’Assistance publique à Paris et des bureaux de bienfaisance en province5. Le 18 novembre, les administrateurs Moulin et Gervais sont chargés du sort de 149 sociétés (entreprises et associations) de la région parisienne6. Quantité de journaux, associations politiques, culturelles ou sociales, français ou étrangers, entreprises, syndicats, sont mis sous séquestre dans toute la France, comme Radio-Liberté, l’Association des Maisons de la culture, la Fédération du papier-carton7 … Les journaux sont les principales organisations touchées. On notifie l’interdiction de paraître le 27 septembre 1939 à L’Humanité, Ce Soir, Mon Camarade, Regards, Russie d’aujourd’hui, aux Cahiers du bolchevisme, à la Correspondance internationale, l’Internationale communiste ; le 11 octobre à Clarté et Commune8.
5Le 27 septembre 1939, le CDLP est dissous9. La saisie comporte treize machines à écrire, des meubles, des films, et environ 2 700 volumes10. Au début du mois d’octobre, huit perquisitions ont été effectuées dans des librairies, où, annonce le préfet de police, « a été saisi un très important matériel de propagande communiste11 ». Le 29 septembre 1939, une saisie des ESI est effectuée12, en présence d’un vendeur, Prouvost, et de L. Moussinac – R. Hilsum, mobilisé, est alors absent de Paris. L’opération requiert une « vingtaine d’inspecteurs ». Dix tonnes de livres sont emportées13. La police perquisitionne le BE le 2 octobre14. Cette première vague de saisies se termine tardivement, le 22 février 1940, par la perquisition aux éditions musicales Chant du Monde15. Parmi les livres, brochures, périodiques, tracts, saisis par la police, il est décidé de prélever un exemplaire de chaque titre et de détruire le reste. Le 24 octobre 1939, 21 tonnes de documents ont été pilonnées et transformées en pâte à papier16. Le PCF, désormais clandestin, doit non seulement défendre sa position politique auprès de la population mais trouver les moyens matériels de la faire connaître…
6La direction du PCF est dispersée. E. Fried est depuis la fin du mois d’août à Bruxelles, où il est rejoint en octobre par J. Duclos et M. Tréand. A. Marty, membre du Comité exécutif de l’IC, est à Moscou. M. Thorez et R. Guyot sont mobilisés. M. Thorez déserte et rejoint Bruxelles le 4 octobre avant de se réfugier à Moscou le 7 novembre. Benoît Frachon reste à Paris. Les liaisons avec le Komintern s’effectuent par Bruxelles et Amsterdam.
7En novembre 1939, la police française retrouve un compte rendu d’une séance du Secrétariat du PCF du 31 octobre 1939, où est « résolu d’aider directement les partis communistes intéressés en mettant à leur disposition le matériel de propagande dont ils auront besoin » et « décidé d’imprimer en masse la littérature révolutionnaire nécessaire (tracts, papillons et brochures) en Hollande et en Belgique » ; « Le Bureau du Komintern [OMS] à Amsterdam est spécialement chargé de cette tâche » mais on envisage également le soutien des communistes suédois, à Stockholm. Il s’agit d’utiliser les infrastructures préexistantes : les Éditions Pegasus à Amsterdam, l’Imprimerie Aurora à Anvers, les éditions Arbetarkultur Forlag à Stockholm17. La Suisse a peut-être constitué un centre de propagande18. D’après un document du 25 mars 1940, le Komintern organise le financement des éditions en Europe occidentale en assurant un soutien matériel aux organisations se trouvant en Hollande, Angleterre, Belgique et Suisse. Une partie de ce budget, et non des moindres (41 %) est destinée à « l’édition illégale des publications en allemand et français en Hollande et Belgique19 ».
8Les autorités françaises soupçonnent à raison la Belgique d’être le principal centre d’édition clandestine du Parti communiste français20. Le Parti communiste belge n’est pas encore menacé par son gouvernement, même si ses publications sont particulièrement surveillées. Les établissements qui peuvent prêter main-forte aux communistes français sont le Centre de diffusion du livre (CDL) et les éditions Germinal21, qui éditent la revue belge Le Monde, qui remplace Correspondance internationale22, et l’Internationale communiste23. José Gotovitch estime qu’avec l’arrivée d’une partie de la direction du PCF, Bruxelles devient le centre des « éditions francophones de l’IC ». Par la suite, l’attitude du gouvernement belge vis-à-vis du PCB se durcit obligeant les communistes à mettre en place une organisation clandestine. Elle devient efficace au printemps 1940, lorsqu’ont lieu en avril les premières arrestations qui ralentissent le rythme des publications24. J. Duclos, déjà responsable de l’Agit-prop avant-guerre, s’occupe prioritairement de la propagande25. En novembre 1939, la police française arrête un militant belge, Félix Coenen26, soupçonné d’assurer la liaison entre les partis communistes belge, français et hollandais27. Il est aidé par l’avocat Jean Fonteyne, qui avait travaillé pour l’ambassade soviétique et France-Navigation28. Le PCF avait fait appel à ce dernier pour assurer la défense des députés communistes français jugés en mars 1940. Ses multiples déplacements transfrontaliers aident à la diffusion des publications fabriquées en Belgique29. Le principal responsable des éditions clandestines d’Europe occidentale est Daan Goulooze, membre du Parti communiste hollandais, qui travaille directement avec Rudolf Appelt, directeur du Service d’éditions de l’Internationale depuis 193830. Quant à J. Wertheim, il est interné en France, à Montargis, jusqu’au 10 janvier 1940 où il est libéré31. Il sera arrêté et déporté par les Allemands, tout comme D. Goulooze en 1943 qui, seul, en réchappe32. Le réseau des maisons d’édition de l’Internationale s’adapte aux événements. La propagande est la seule action à mener, à la fois pour préserver la cohésion politique des sections du Komintern et tenter de convaincre les populations du bien-fondé de la position des communistes dans l’abandon de la ligne antifasciste au profit exclusif d’une ligne anti-impérialiste.
9En région parisienne, le 26 octobre, paraissent les premiers numéros de L’Humanité clandestine ; le 1er décembre c’est L’Avant-Garde qui reparaît. Pendant l’hiver 1939, la police française saisit huit ballots d’imprimés, dont L’Humanité, à Roubaix33. En janvier 1940, un numéro de 68 pages des Cahiers du bolchevisme est imprimé. Pour la police, cette édition n’a pu se faire qu’en Belgique ou dans les pays d’Europe du Nord34. Néanmoins, d’août à octobre 1939, l’organisation de la propagande a été aussi le fait d’individus ou de petits groupes isolés, qui œuvrent localement35. En région parisienne, des centres de productions ronéotypées se sont concentrés dans la banlieue est36. Les documents sont manuscrits37, dactylographiés ou ronéotypés : il suffit d’avoir une machine à écrire et des stencils, matériel courant avant-guerre, utilisé dans les bureaux et comme méthode d’édition d’appoint.
10Au milieu du mois de septembre 1939, lors d’une réunion entre E. Fried, B. Frachon, J. Duclos et G. Cerreti à Lille, il a été décidé de relancer la propagande du PCF, en particulier l’édition illégale de L’Humanité en France même38. Début octobre, B. Frachon, rentré à Paris, s’attelle la mise en place d’un appareil de propagande clandestin39 : « à la période actuelle, c’est la question de propagande et de clarification de notre position qui est essentielle », écrit-il au Secrétariat du PCF le 3 décembre 193940. Il faut expliquer sans relâche la politique du Parti aux communistes eux-mêmes et aux masses et appuyer les revendications sociales de la population41. Le 6 novembre 1939, la direction du PCF a diffusé un tract qui demande aux militants d’éditer, avec différents procédés, tracts et papillons42. Mais rééditer L’Humanité est la priorité. B. Frachon confie d’abord à Victor Michaut, ancien rédacteur politique du journal puis à Paul Maertens, ouvrier papetier, la responsabilité de sa rédaction. En novembre, ce travail est finalement confié à Pierre Villon, d’abord avec Lucien Sampaix (ancien secrétaire général du quotidien), puis seul, jusqu’en octobre 1940.
11Parallèlement, la direction demande à Georges Ternet d’organiser un réseau d’imprimeries clandestines43. Ternet, pseudonyme de Georges Liebherr, a été administrateur de L’Humanité de 1939 jusqu’à sa saisie. Il doit trouver du papier et du matériel (imprimeries et ronéotypes) avec pour objectif surtout de constituer une véritable imprimerie typographique, ce qui permettrait de se passer de l’aide belge. Il y eut des tentatives du même ordre depuis août, mais fruit de volontés isolées, sans lien direct avec une direction elle-même éclatée. Ainsi, François Le Marrec, gérant de l’imprimerie de l’Union des syndicats, avait organisé l’impression typographique de documents de propagande, jusqu’à la perquisition du 15 octobre 193944. Mais, en matière d’imprimeries typographiques, seule technique capable de produire des documents en grande quantité, l’activité est très limitée. Ce recours aux techniques plus rudimentaires s’explique d’abord par le fait que l’impression typographique nécessite des moyens matériels importants et complexes à réunir et que les autres techniques présentent l’avantage de la discrétion et de la souplesse, même si la productivité est moindre et donne de facto aux militants une certaine liberté dans la rédaction45. En 1939-1940, L’Humanité paraît surtout sous forme ronéotypée, reproduite au total de 120 000 à 150 000 exemplaires46. 49 numéros sont édités jusqu’au 24 mai, dont 4 imprimés47.
12Outre les obstacles techniques et matériels, le Parti communiste est rapidement confronté à une autre difficulté, organiser la diffusion. Du 24 août au 2 septembre 1939, la police parisienne a arrêté 135 personnes pour distribution de tracts, et 191 entre 3 septembre au 23 octobre48. La question de la sécurité devient essentielle. En février 1940, une circulaire exige des militants la plus grande discipline : « Dès que le matériel est édité, il doit être réparti à chaque camarade par les responsables des groupes qui les diffuseront dans les boîtes à lettres, dans les escaliers des immeubles, sur la banquette des trains, partout, mais avant tout dans les entreprises49. » En raison des risques, les lieux publics sont un temps délaissés. Ces craintes sont fondées. Le 9 avril 1940, la politique anti-communiste du gouvernement se durcit encore avec le décret Sérol, qui menace de la peine de mort les personnes qui se seraient rendues coupables d’une action de démoralisation de l’armée ou de la nation50.
13Au début des hostilités, l’appareil éditorial du Parti communiste est inutilisable. P. Villon s’occupe désormais de L’Humanité. R. Hilsum est sous les drapeaux. Reste L. Moussinac, esseulé, qui est réduit à gérer ce qu’il reste des éditions, essayant de préserver en particulier les stocks qui ont survécu à la perquisition d’octobre51.
14Cette parenthèse s’achève au printemps. En avril, une seconde vague de répression désorganise le réseau de propagande clandestin. Le 5 avril 1940, la principale imprimerie clandestine du PCB est découverte par la police. Le 9 avril, l’armée allemande entre au Danemark et en Norvège. Les ESI, plongées pourtant dans la plus totale inactivité, sont soupçonnées par la préfecture de police d’abriter un centre de propagande52 et à nouveau perquisitionnées et dissoutes par décret le 27 mars 194053. Le 4 avril, le préfet de la Mayenne envoie des policiers perquisitionner l’imprimerie Floch, fournisseur des ESI. Le résultat des saisies est édifiant : 22 292 volumes, imprimés entre 1936 et 1938. La saisie concerne la Fosse aux indiens de J. Icaza Coronel, Chants révolutionnaires, Pouchkine, Manière de blanc de M. Arnaud54 … La même opération est menée dans l’imprimerie Comte-Jacquet à Bar-le-Duc, dans laquelle L. Moussinac a reconnu que se trouvait « un dépôt de volumes interdits », tels Les Trois Méchants Gros de I. Olecha, Hans et son lièvre L. Tezner et Le Serpent à plume de R. Duchateau55… Leur dangerosité politique pose question… Les mesures répressives ne s’arrêtent pas là. L. Moussinac est arrêté le 22 avril 194056. Incarcéré à la prison de la Santé, il est envoyé en juin 1940 au camp de Gurs puis à Périgueux. Il sera libéré en mai 1941. Le Syndicat des éditeurs achève à sa manière cette expulsion de la vie sociale : fin avril, il radie du syndicat L. Moussinac et le mois suivant R. Hilsum, coupables d’une conduite qui « n’est pas conforme à l’esprit de la Corporation57 ».
15Avec l’arrivée des troupes allemandes à Paris le 14 juin 1940, les liaisons avec l’Internationale deviennent encore plus difficiles et le choc de la débâcle et l’exode font à nouveau éclater la direction du PCF à Paris. La ligne anti-impérialiste demeure mais les discours sur l’attitude à adopter face aux occupants allemands sont contradictoires.
16Le 24 mai 1940, la publication de L’Humanité clandestine est interrompue. Le même jour, D. Goulooze, responsable des liaisons à Amsterdam, envoie un télégramme au Secrétariat du Comité exécutif de l’Internationale : « Profiter légalement presse, parlementaires et travail d’édition58. » Le 15 juin, J. Duclos et M. Tréand, à Bruxelles depuis octobre, regagnent Paris. L’Humanité réapparaît clandestinement le 17 juin59. Le 18, la direction parisienne du PCF entame ses premières négociations avec l’ambassadeur d’Allemagne, Otto Abetz, pour obtenir la reparution légale du quotidien. Le jour même, la préfecture de police manifeste auprès des Allemands son opposition à la reparution du journal60. La même démarche est adoptée pour faire reparaître Ce Soir. Le 22 juin 1940, le Komintern élabore une circulaire qui encourage la reparution de L’Humanité mais sans se compromettre avec les Allemands61. Le texte parvient trop tard à Paris. À la mi-juillet, les Allemands n’ont toujours pas donné les autorisations attendues par J. Duclos, M. Tréand, J. Catelas et Me R. Foissin. C’est alors que les contacts sont rétablis avec l’Internationale. Le 20 juillet 1940, M. Thorez et G. Dimitrov envoient une longue lettre où ils fixent la politique du PCF vis-à-vis de l’Occupant : ils condamnent fermement les contacts pris avec O. Abetz. La propagande doit se placer sur le terrain des revendications sociales et de la vie quotidienne de la population. Quant à la question d’une organisation strictement clandestine, ils ne tranchent pas : « Juste utiliser toutes possibilités légales, mais en renforçant organisations illégales62. » À Moscou, on essaie de prendre la mesure de ce qui se trame à Paris et de transmettre des directives, qui progressivement insistent sur la résistance à l’occupant. Le 5 août, l’Internationale exige que les communistes français à Paris mettent fin aux négociations, ce qui n’est accompli qu’à la fin du mois. Au 20 août, 19 100 exemplaires de journaux locaux ont été diffusés, et 14 700 exemplaires de L’Humanité63. Le 18 juillet, J. Duclos annonce que le PCF a fait imprimer l’« appel du 10 juillet64 », connu sous le titre Au peuple de France, à 34 400 exemplaires, diffusé à partir de la fin août, après la fin des négociations avec Abetz65.
17La direction du PCF en France met donc plusieurs semaines à faire son deuil d’une action légale, qui reposait sur l’obligation sans cesse réitérée d’exploiter toutes les possibilités d’action66. Mais cette politique a un prix élevé : pendant cette période, plus de 200 militants sont arrêtés pour leur travail de diffusion de la presse communiste67 ; la police découvre trois centres d’impression (ronéotypes) clandestins à Paris et se saisit de 20 000 exemplaires de la Vie ouvrière et de 10 000 tracts68.
18Cette tentation légaliste a également concerné les éditions. Le 30 juin 1940, J. Duclos qui informe la direction du Komintern sur l’avancée des négociations en vue d’une reparution légale de L’Humanité et de Ce Soir, fait la proposition suivante :
« Nous allons essayer de faire rouvrir des ESI et nous allons essayer de savoir ce que sont devenus les stocks de livres de cette librairie car si notre littérature pouvait se diffuser maintenant après dix mois de privation, ce serait extrêmement utile pour nous69. »
19Les événements empêchent la direction parisienne de dépasser le stade de l’intention.
20Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne en France, aurait déclaré : « Je ne connais en France que trois puissances : la banque, les communistes et la Nouvelle Revue française70. » Les Allemands considéraient comme impératif la maîtrise des entreprises médiatiques, communistes et non communistes. Après avoir subi les perquisitions et saisies des autorités françaises, les sièges des éditions du PCF subissent celles des Allemands. Après avoir réquisitionné les Messageries Hachette le 30 juin 1940, les Allemands entrent le 1er juillet 1940 dans les bureaux du CDLP, au 25 rue d’Alsace, société déjà sous séquestre depuis octobre 1939. Ils y saisissent environ 500 volumes71. En août, comme d’autres maisons d’édition « bourgeoises » (Sorlot, Albin Michel, Kra…), les locaux des ESI et du BE sont investis et réquisitionnés72. Pourtant, les dirigeants communistes espèrent encore une possibilité de propagande légale. Le 8 août 1940, J. Duclos et M. Tréand annoncent à G. Dimitrov : « Le discours de Molotov73 est publié légalement sans demande de permission en 35 milles exemplaires et on continue74. » Cette brochure de 8 pages paraît d’ailleurs avec une mention tout à fait singulière à la dernière page : « Discours du camarade Molotov édité illégalement par le Parti communiste français, l’Ambassade d’Allemagne ayant refusé l’autorisation de la faire imprimer légalement. »
21La désorganisation du Parti communiste, l’éclatement géographique de sa direction et la répression policière contredit en partie l’image d’un parti rompu à la clandestinité. Par ailleurs, la question de la réédition des livres et brochures ne s’est posée que dans un deuxième temps, au début de 1940, lorsque l’infrastructure clandestine de la presse est à peu près solide et que la nécessité de maintenir la cohésion idéologique du Parti communiste s’impose.
1940-1941 : Le Parti communiste français, premier éditeur clandestin
22La saisie et mise sous séquestre du BE, des ESI et du CDLP n’ont pas provoqué d’émotion dans la profession. Les éditions Payot, F. Nathan et A. Colin réclament à la police et aux administrateurs provisoires la restitution des stocks de livres en dépôts aux ESI, au CDLP et dans les autres librairies du Parti communiste75. De même, des imprimeurs s’organisent pour obtenir le paiement de leurs créances76.
23L’édition française est placée sous trois autorités : la Propaganda-Abteilung Franckreich, dépendant du commandement militaire, l’Ambassade d’Allemagne et le ministère de l’Information du gouvernement de Vichy. En zone libre, le décret du 27 août reste en vigueur. Les services de la censure, dépendant toujours de l’administration de l’Information, sont établis à Clermont-Ferrand. Un des axes de la politique allemande, dans l’édition comme ailleurs, est la prise de participation allemande dans les entreprises françaises, ce contrôle économique qui passe aussi par l’« aryanisation », comme celle des éditions Ferenczi, Nathan ou Calmann-Lévy. La politique antisémite vise à la fois les auteurs et les éditeurs : le 3 octobre 1940, les juifs sont exclus de toute profession culturelle ; le 2 juin 1941, ils sont expressément interdits de toute fonction dans « l’édition et l’impression d’ouvrages ». En mai 1940, le gouvernement Reynaud avait créé des groupements chargés de recenser les besoins en papier et d’organiser sa répartition. En mai 1941, le Comité d’organisation des industries, arts et commerce du livre gère tous les problèmes matériels, humains et a fortiori politiques, du petit relieur au grand diffuseur de livres. Une de ses tâches les plus importantes est de répartir le papier. Parallèlement, Vichy instaure une Commission de contrôle du papier d’édition par décret du 1er avril 1942. Le 27 avril, une ordonnance impose aux journaux, revues et maisons d’édition un accord de publication préalable, délivrée sous la forme d’un numéro d’autorisation. Comme pour la presse, la censure politique se double d’une censure indirecte par l’octroi de papier. Le contingent de papier disponible, déjà faible par rapport aux besoins, diminue pendant la guerre : de 960 tonnes en janvier 1942, il ne dépasse pas 100 tonnes à partir de mai 194377.
24En matière de censure, les autorités d’occupation comme Vichy peuvent compter sur les éditeurs français. Le 28 septembre 1940, ces derniers prennent les devants et proposent aux autorités allemandes une convention de censure dans laquelle ils « ont pris l’engagement de ne rien publier qui puisse nuire au prestige et aux intérêts allemands78 ». Ceci leur permet de travailler sans attendre, à charge pour eux de respecter les listes d’ouvrages interdits. En août 1940, les Allemands diffusent une première liste de livres, appelée « liste Bernhard », à retirer de la vente et de la consultation en général, qui comporte 143 titres. Sont visés expressément toute la littérature d’émigration de langue allemande, éditée en particulier par les Éditions du Carrefour, les Éditions du 10 mai et les éditions Prométhée. Les ouvrages édités par le PCF se résument à 2 références du catalogue des ESI : S. Erckner, L’Allemagne, champ de manœuvre édité en 1934 et Theodore Balk, Race, mythe et vérité édité en 1935. Ce n’est donc pas le communisme en tant que tel qui inquiète les nazis mais la propagande de l’opposition allemande. Cette première liste entraîne la saisie et la destruction de 20 000 volumes. Une deuxième liste, appelée « liste Otto », corrigée grâce aux bonnes dispositions des éditeurs français, comporte 135 titres début octobre. Les livres dénoncés sont ceux qui « par leur esprit mensonger et tendancieux ont systématiquement empoisonné l’opinion publique française » et sont « jugés anti-allemands, des œuvres d’écrivains juifs et des livres anti-communistes [sic] ». 13 titres édités par le BE et les ESI s’y trouvent : tous parlent de l’Allemagne. En mars 1942, une troisième liste, appelée « deuxième liste Otto », vise surtout les auteurs juifs. Désormais, il est interdit de publier les œuvres de Marx. Seul un titre édité par le PCF y figure : Par la révolution la paix, de R. Rolland. Ces listes sont modifiées par la suite. À partir de mai 1943, les auteurs russes sont exclus de la vente. Par ailleurs, la première liste Otto a interdit parmi les livres de Marx « seulement » Morceaux choisis (Gallimard) et pour R. Luxembourg Lettres à Kautsky (PUF). Dans la deuxième liste, le seul titre de Lénine interdit est Cahiers sur la dialectique d’Engels (Gallimard)79. Seuls 16 titres édités par le PCF sont interdits par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce résultat s’explique par les deux priorités des nazis : exclure les publications antinazies et les auteurs juifs de l’édition française. Les conditions d’élaboration de ces listes sont une autre cause. En effet, encore eut-il fallu que les Allemands aient eu les moyens d’effectuer un repérage soigné de la production française depuis 1921… Or, les rédacteurs de ces listes se sont référés aux stocks existants dans les maisons d’édition et chez les diffuseurs, alors que l’essentiel de la diffusion des éditions du PCF passe par le canal militant. Enfin, la police française a accompli un travail de destruction peut-être suffisant pour que les éditeurs français et les Allemands jugent inutile de mettre à l’index des livres pilonnés depuis plusieurs mois. En matière de destruction de la propagande communiste, les Allemands ne font qu’achever le labeur de la police parisienne, amplement accompli pendant la « Drôle de guerre ».
25À l’automne 1940, la stratégie du Parti communiste, composé de quelques milliers de militants, consiste en la défense des prisonniers et la revendication sociale. Elle s’exprime au travers de la propagande seule. Mais il est désormais politiquement illusoire d’espérer faire publier officiellement des titres de presse et de livre. Les liens avec la Belgique demeurent encore importants. Jusqu’à la stabilisation de l’organisation clandestine du PCF, les relations avec le Service d’éditions de l’IC s’effectuent toujours par D. Goulooze, puis à partir de 1941, par E. Fried. En Belgique, les ouvrages publiés avant le 10 mai 1940 sont autorisés à la vente : « Toutes les rééditions passent donc pour des éditions datant d’avant le 10 mai, écrit-il à G. Dimitrov et R. Appelt. À la requête d’Yves [J. Duclos] envoyons en France 1 500 exemplaires de toutes les rééditions80. » Toutefois la Belgique n’est plus un sanctuaire. Comme en France, le 13 août 1940, le commandement militaire allemand interdit la diffusion des livres anti-allemands, et le 20 août est instaurée la censure préalable81. En septembre, le PCF veut se passer de la Belgique pour imprimer sa propagande. Le 27 septembre 1940, un pas est fait : « Sortons aujourd’hui Huma imprimée, notre diffusion va s’amplifiant82. »
26En septembre 1940, la constitution d’un appareil technique était une priorité : « La multiplication des centres d’édition, la recherche de moyens plus perfectionnés (l’imprimerie) est une tâche primordiale, lit-on dans la Vie du Parti. S’efforcer de reproduire au maximum d’exemplaires les numéros de l’Humanité fournis à titre de modèle. Utiliser les moyens d’expression les plus variés. » La propagande doit être à la fois « intense et voyante83 ». Les « imprimeries » clandestines du PCF cachent des réalités très différentes, qui vont de la simple reproduction manuscrite à la « ronéo ». L’impression typographique demeure marginale, mais elle a un impact politique réel. Le recours à la typographie frappe les policiers, c’est la démonstration de la force (réelle ou fantasmée) du Parti communiste, comme le montre cet extrait de rapport : « Les derniers numéros de L’Humanité, imprimés, sont des petits chef-d’œuvres de typographie. Leur format s’est d’ailleurs accru et ils sont maintenant lisibles à l’œil nu84. »
27Dès l’hiver 1939-1940 se dessine une organisation qui cumule le recours à plusieurs techniques. Antoine Legendre, responsable du réseau des ronéos à partir de 1940, explique le lien entre choix technique et stratégie politique :
« Le procédé d’édition déterminait la forme d’organisation du travail illégal ronéo et imprimé. Ainsi, sur le champ de bataille de la presse où se menait une lutte politique et idéologique acharnée, le centre ronéo, c’était la cavalerie aux tirages rapides ; l’imprimerie, c’était le char lourd avec ses tirages de masse85. »
28G. Willard de son côté décrit les centres ronéos comme « légers et mobiles », « plus nombreux » et qui « purent quadriller le terrain d’une façon plus fine », malgré une productivité au moins 100 fois inférieure à une machine typographique. Le Parti communiste aurait réussi à créer six « imprimeries » en région parisienne entre août 1940 et février 194186. À ces deux techniques, s’en ajoutent d’autres, plus souples et plus artisanales encore : la reproduction dactylographiée, manuscrite ou encore celle de la pâte à polycopier87. Elles ont une portée strictement locale, mais ô combien indispensable lorsque la répression touche le centre politique ou frappe les liaisons. Signe de la vitalité de la propagande communiste clandestine pendant l’hiver 1940-1941, le 17 octobre, le préfet de la Seine prend un arrêté, repris dans les autres départements, qui interdit de vendre sans autorisation du papier pour duplicateurs, des machines à écrire, des duplicateurs de tous ordres et ensuite des stencils et de l’encre88.
29La direction clandestine du PCF ne laisse pas les militants libres du contenu des textes : elle édite un bulletin, Notre propagande, qui leur donne des modèles de texte à reproduire89. D’autres journaux, comme La Vie du Parti ou L’Humanité, diffusent les mots d’ordre à reprendre. Mais la répression, en détruisant les liaisons, empêche aussi les mots d’ordre d’être diffusés ou bien compris. La direction s’alarme : « À différentes reprises, les militants communistes chargés de l’organisation de la propagande clandestine, ont constaté que les tracts édités clandestinement […] étaient en totale contradiction […]. Les militants responsables ont pu se rendre compte qu’il s’agissait là du travail d’éléments de base, momentanément privés de directives, du fait de l’arrestation récente de leurs chefs immédiats et qui avaient tenu néanmoins à assurer le tirage des feuilles clandestines dont ils étaient habituellement chargés90. » Ces orientations se heurtent également au manque de papier et de stencils, qui devient un vrai obstacle à la propagande au premier trimestre 194191.
30En octobre 1940, P. Villon, responsable de L’Humanité clandestine, est arrêté. Il est remplacé par Michel Feintuch, dit Jean Jérôme. Né en 1906, proche des milieux sionistes dans sa prime jeunesse, il a appris la comptabilité et devient vendeur en Pologne. Après plusieurs années d’activité syndicale, il adhère au Parti communiste vers 1924-1925. Face à la répression, il part pour la Belgique en 1926. Il milite alors dans la MOI (Main-d’Œuvre Immigrée). En 1929, il est expulsé de Belgique pour la France, où il continue son travail militant, notamment pour l’Internationale syndicale rouge. À partir de 1936, il est responsable de l’aide financière aux brigades internationales pendant la guerre d’Espagne, sous le pseudonyme de Leblanc. Ses liaisons avec le PCF ne sont rétablies que pendant l’été 1940 et M. Tréand le charge d’organiser l’édition de matériel imprimé et ronéotypé avec Henri Janin, Raymond Dallidet et Georges Ternet92.
31Ils sont entourés d’autres militants. R. Hilsum a repris contact avec le Parti communiste après sa démobilisation. En septembre, il participe à l’édition de L’Université libre à la demande de P. Villon, jusqu’au printemps 1941. Sous le nom de Robert Mortier, il a travaillé au réseau des imprimeries clandestines à partir de février 1940. Le Parti communiste fait appel à un peintre, Roger Payen, né en 1913, qui, d’après la police, est le « responsable national technique, chargé de toute la partie concernant le matériel ». Au début de l’année 1941, l’ancien administrateur de Regards, Léon Kameney, dit « Noël », devient son adjoint93. Avec Jean Jérôme, ce dernier est chargé de coordonner les imprimeries de la région parisienne utilisées pour l’impression de L’Humanité clandestine. Antoine Legendre est nommé responsable du réseau des ronéotypes et travaille sous l’autorité de Félix Cadras, secrétaire à l’organisation, qui coiffe la mise en place du réseau d’imprimeries au niveau national ou de la zone Nord94.
32C’est à cette époque que le Parti communiste recourt au service d’un imprimeur, Jacques London, né en 1910 à Kiev. Propriétaire de l’Imprimerie centrale commerciale, dans le IXe arrondissement, il avait travaillé pour le Parti communiste avant-guerre. C’est encore le cas de décembre à février 194195. Il participe notamment avec les imprimeurs François Le Marrec, Roger Tirand et Rudolph Zeiler à l’édition de L’Humanité clandestine. D’octobre 1940 à juin 1941, date de sa découverte par la police parisienne, le PCF recourt à une autre « vraie » imprimerie : l’imprimerie Rotophot (Xe arrondissement), spécialisée dans l’édition de luxe, a mis ses machines au service du Parti communiste, avec une production évaluée à des centaines de milliers d’exemplaires de tracts par mois96. Cette imprimerie appartenait à un juif qui l’avait cédé à son chef d’atelier Arthur Bouchilloux. Ce dernier a été approché par un ouvrier du livre, ancien confrère de l’imprimerie Lang, militant communiste, Marcel Billon97.
33Le premier numéro de L’Humanité « zone Sud » paraît le 15 août 1940. Organiser un réseau d’impression clandestine en province s’avère plus complexe, à la fois pour des raisons techniques et politiques. La forte centralisation politique sur Paris rend l’autonomie régionale en matière de propagande délicate. Trouver des machines, de l’encre, du papier, tout y est plus compliqué. Ainsi, les débuts à Lyon sont fort modestes. Faute de liaisons régulières avec le « Centre », on se débrouille entre soi. Un militant lyonnais donne un témoignage très éclairant sur cette période : « À ce moment-là, notre action a été surtout une action de propagande. Tous les soirs on s’en allait avec la ronéo, chez l’un, chez l’autre. On éditait des tracts avec des moyens de fortune. Il fallait fabriquer des encres à roneo avec de la suie et de l’alcool à brûler. Le papier, il fallait se débrouiller, le voler ou le faire voler, ou l’acheter par des moyens détournés. La première résistance a commencé comme cela : informer. Au début, c’était même des textes tapés à la main98. »
34Grâce en particulier à Joannès Chabert, les militants lyonnais se procurent deux machines à écrire à Vaise, et une ronéo à Villeurbanne et à la Guillotière. Pour le papier, ils en achètent individuellement par rame, mais pour la plus grande part ils dépendent entièrement des envois de Paris pendant les premiers mois99. Après l’arrestation de J. Chabert, G. Ternet est envoyé à Lyon, probablement au début de 1941 pour reprendre cette organisation, avec l’aide d’un ouvrier linotypiste Léon Méric, jusqu’à leur arrestation en mars100. Les liaisons au sein de la zone Sud s’établissent progressivement, avec le rôle croissant d’un étudiant, Jacques Laurent, qui organise l’impression de journaux et de tracts, entre Vichy, Clermont-Ferrand et Grenoble, jusqu’à son arrestation en mai 1941101. La situation reste très inégale d’un lieu à l’autre. Ainsi, ce n’est qu’en mai 1941 que les responsables tourangeaux s’attellent à l’organisation de la propagande dans leur région102. Pour assurer le transport des matières premières (papier, encore, machines…) et la propagande imprimée, les cheminots ont joué un rôle important103. La propagande se développe même en prison, où les communistes organisent des cours104.
35Jusqu’en septembre 1940, il est impossible d’éditer en France la moindre brochure, puisqu’il faut pour cela posséder une imprimerie typographique. Bruxelles fut considérée pendant un temps comme un recours. C’est là qu’est édité le compte rendu du procès des 44 députés communistes français en mars 1940, publication décidée en avril et effective en septembre grâce à J. Fonteyne105. Pendant l’hiver 1940, lorsque le PCF dispose enfin de l’infrastructure indispensable, la question des éditions – donc des besoins en formation – est abordée. Certes, les Cahiers du bolchevisme ont continué de paraître, avec un numéro à la fin de l’année 1940 imprimé à 20 000 exemplaires, et un second pendant le 1er trimestre 1941106. Le Parti a essayé aussi de retrouver des stocks qui ont échappé à la police française et aux Allemands. J. Duclos, M. Tréand et B. Frachon annoncèrent fièrement à G. Dimitrov en octobre 1940 : « Nous avons trouvé dix mille exemplaires de l’Histoire du parti bolchevik, que nous diffusons107. » À partir de la fin de l’année 1940, le Parti communiste réussit à éditer 10 brochures et de janvier à juin 1941 une quinzaine environ. L’Histoire du parti bolchevik d’abord. Les stocks ayant été épuisés, le Parti réédite partiellement la brochure, découpée en chapitres en mars et avril 1941 : le chapitre IV, qui a été préalablement publié par les Cahiers du bolchevisme108, les chapitres VI, VII109 et XII110. Enfin, le Parti réédite des classiques de la littérature communiste : le Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels en février, Travail salarié et capital en mars, Salaires, prix et profits en avril de Marx, Des principes du léninisme de Staline et Socialisme utopique et socialisme scientifique de Engels en avril, et en mai deux textes de Lénine, L’État et la révolution et La Maladie infantile du communisme. Cette liste illustre encore une fois la volonté du PCF de reconquérir et réaffirmer son identité politique. Le 11 octobre, M. Tréand, sous le pseudonyme de Simon, écrit que le Parti communiste a organisé l’impression de différents documents dont « une brochure pour les jeunesses sur Staline tirage 50 000 exemplaires », « 2 cours éducatifs faits par Politzer tirage 3 000 chacun ». Quant au « discours de Molotov », paru en août 1940111, il « est encore réclamé tirage 100 000112 ». Le lien entre édition et formation se confirme les mois suivants. « Nous devons accroître notre vigilance, écrit M. Tréand. Formation des cadres. Nos cours. Nos éditions. […] Pour répondre aux besoins des masses, publication d’un programme. Nous menons lutte idéologique113. » La priorité est donnée à la formation idéologique stricte, symbolisée par l’édition de la collection « La Doctrine communiste de Marx – Engels – Lénine – Staline, en six cours », qui commence à la fin de 1940114. En dépit de ces circonstances exceptionnelles, et même à cause d’elles, la direction du PCF expose à nouveau aux militants la bonne manière de lire et d’étudier. Deux études sont possibles, individuelle et collective. Individuellement, il faut étudier ces brochures « plume à la main », prendre des notes qu’il faudra cacher et donner son exemplaire à un autre camarade sitôt la lecture achevée. La lecture collective doit se faire au sein d’un groupe de trois personnes, ce qui permet le contrôle mutuel115.
36Le Parti communiste n’abandonne pas la littérature d’agitation. À la même époque, il édite une collection « La Politique communiste » qui comporte 5 volumes entre décembre 1940 et mars 1941 et qui a la particularité d’être ronéotypée, d’où une pagination faible116. Elle expose aux militants et aux masses la position du Parti communiste vis-à-vis du conflit et des alliances en cours. L’impérialisme est l’ennemi, mais c’est dans le registre de la littérature d’agitation que l’on retrouve les bases d’une position pour une lutte en vue de l’indépendance nationale et contre le régime de Vichy117. Une des plus célèbres brochures publiées dans la clandestinité est Révolution et contre-révolution au XXe siècle de G. Politzer, imprimée en février 1941, avec pour sous-titre : Réponse à Or et sang de M. Rosenberg. Sa publication a été décidée en décembre 1940 ou janvier 1941 en des termes claires : « Nous menons lutte idéologique. Réponse à Rosenberg, théoricien de l’accrochage idéologique de la France à l’axe118. » D’après R. Bourderon, l’initiative aurait été prise par G. Politzer, qui a fait part à A. Dallidet en décembre 1940. G. Politzer est alors plongé dans la clandestinité, engagé dans la reprise de la politique du PCF à l’égard du milieu universitaire et travaille aussi à la rédaction de brochures de formation politique119. Son texte s’attaque aux théories racistes des Nazis, en prenant acte du discours d’un des idéologues du parti nazi, Rosenberg, prononcé à Paris en décembre 1940. Il s’inscrit dans la bataille de l’antifascisme, qui n’est pourtant plus la priorité du PCF, et donne la première démonstration depuis le début de la guerre d’une dénonciation de l’idéologie nazie, et non plus seulement de l’impérialisme. La brochure est imprimée en février 1941 à 10 000 exemplaires120 ; le texte parait aussi en même temps dans une première version dans la revue clandestine qu’il anime, La Pensée libre121 et republié ensuite dans les Cahiers du bolchevisme la même année122.
37La diffusion des brochures devient intense à partir de mars 1941. Formation idéologique des quelques milliers de militants qui subsistent, lutte contre l’impérialisme, dénonciation du nazisme : on passe du silence à un éventail relativement large de discours. Après une phase de torpeur, cette variété de textes illustre les différentes positions sur la lutte à mener, de la dénonciation de l’impérialisme et du régime de Vichy à la timide reprise du combat antifasciste.
38Mais cette vitalité nouvelle de la propagande est à la mesure de la répression. En ce qui concerne les imprimeries clandestines parisiennes et de la petite couronne, la répression se fait en deux vagues : de juillet 1940 à janvier 1941, avec un pic en novembre-décembre 1940, période pendant laquelle 17 imprimeries et lieux de stockages sont découverts ; de mars à juillet 1941, où la police découvre 10 imprimeries et dépôts. Les effets de la répression sont temporaires et le PCF fait montre d’une capacité de réaction étonnante. La production du matériel de propagande ralentit pendant une semaine environ, puis reprend sous des formes élémentaires puis complexes. L’organisation communiste clandestine est désormais efficace, et le recours à des techniques de reproduction variées, rudimentaires ou élaborés, permet de surmonter la disparition temporaire des « centres » clandestins.
39La deuxième vague de répression de l’hiver et printemps 1941 a des conséquences beaucoup plus importantes. De surcroît, en avril 1941, à la demande du ministère de l’Intérieur, les peines encourues pour propagande, selon les décrets de 1939 et 1940, sont alourdies123. L’imprimeur Jacques London échappe à une arrestation en février 1941 et se réfugie en zone Sud124. Le 12 février 1941, la police parisienne arrête Edmond Savenaud, responsable de la propagande clandestine dans la région parisienne125. Le 27 mars 1941, c’est le tour de Lucien Sampaix, responsable de la rédaction de L’Humanité clandestine. À la suite de l’arrestation d’André Bréchet (sous le nom d’Émile Courtois) le 28 juin 1941126, cadre de la région parisienne, la police parisienne arrête 30 personnes qui travaillent pour la propagande, bien souvent des responsables de dépôts. Cette opération conduit à la saisie de 2 tonnes de papier et de 200 000 brochures127. En juin 1941, la police interrompt l’activité clandestine de l’imprimerie Rotophot128. 20 tonnes de papier sont saisies.
40Les sources que j’ai exploitées donnent la part belle à Paris et sa région, mais il semble que Paris soit effectivement le centre de la propagande pour le Parti communiste clandestin. Selon un rapport du ministère de l’Intérieur d’avril 1941, de septembre 1940 à juin 1941, 34 « imprimeries » au sens large (typographiques et ronéos) sont découvertes en région parisienne. En province, il y en aurait moins de 10, Lyon et Marseille étant les deux centres les plus importants. Toutefois, ce déséquilibre n’empêche pas une répression également sévère en province129. Le 13 mars 1941, G. Ternet est arrêté, condamné aux travaux forcés à perpétuité et incarcéré à la maison d’arrêt de Saint-Étienne dont il s’évade le 20 septembre 1942130.
41Ce rôle politique et technique central de Paris a de sérieuses conséquences sur la sécurité. Le 15 avril 1941, la situation est critique : l’organisation centrale de la propagande à Paris n’a plus de papier131. Par conséquent, la répression qui frappe la région parisienne, où sont concentrés les fournisseurs de matériels, touche la province qui ne bénéficie plus des envois de papier, d’encre, etc.132. La répression touche aussi les diffuseurs133, et la direction du PCF s’inquiète des effets dès décembre 1940. Le préfet de la Seine décide, par un arrêté du 20 septembre 1940, que la découverte de tracts communistes sur le territoire d’une commune du département entraîne l’internement administratif de militants134. En octobre 1940, en Seine-et-Oise, la préfecture organise même la convocation des 331 militants notoirement connus pour les avertir « qu’ils seraient tenus pour responsables en cas de nouvelles distributions de tracts135 ». Les premières consignes de sécurité du Parti communiste sont communiquées pendant l’hiver 1940-1941136 et un mode d’emploi est imprimé en février137. Ces mesures sont à l’origine de la création à l’automne 1940 de l’Organisation spéciale, chargée de protéger les distributeurs de tracts138.
42De septembre 1940 à l’attaque allemande contre l’Union soviétique, le Parti communiste se raffermit tant sur le plan idéologique que sur celui de l’organisation. Ces conditions expliquent pourquoi les livres redeviennent des supports possibles pour la propagande. Les conditions techniques et la mise en place d’un réseau d’imprimeries typographiques sont des préalables à l’existence de ces éditions. La répression policière accompagne la création des éditions clandestines du Parti communiste mais ne parvient pas réellement à ralentir la propagande.
Notes de bas de page
1 G. Rossi-Landi. La Drôle de guerre : la vie politique en France, 2 septembre 1939-10 mai 1940. A. Colin– Fondation nationale des Sciences politiques, 1971, p. 85.
2 P. Amaury. De l’information à la propagande d’État : les deux premières expériences d’un « ministère de l’information » en France. LGDJ, 1969, p. 617-647.
3 D. Peschanski. « La répression anticommuniste dans le département de la Seine (1940-1942) ». Vichy, 1940-1944 : Archives de guerre d’Angelo Tasca. Milan/Paris : Feltrinelli/CNRS, 1986, p. 111-137.
4 Journal officiel, 27 septembre 1939, p. 11770.
5 Lettre du ministre d’État à l’Intérieur au directeur général de l’enregistrement, 23 octobre 1940, B 48 753, CAF.
6 Liste sur les dissolutions par dates, notifiées par la Préfecture de police (décret du 26 septembre). 20010216/34/830, CAC.
7 Liste des organisations dissoutes, 20010216/34/829, CAC.
8 Ibid.
9 Le PCF depuis sa dissolution, 15 décembre 1939, 19960325/4, CAC.
10 Listes et rapports sur les groupements et associations d’obédience communistes dissous en 1939, s. d., Ba 1928, Arch. PPo.
11 Lettre du préfet de police de Paris au ministre de l’Intérieur, 4 octobre 1939. 20010216/34/829, CAC.
12 Délégation judiciaire. 20 mars 1940. Ba 2445, Arch. PPo.
13 Lettre du commissaire principal (Délégation judiciaire) au directeur de la Police judiciaire, 1er décembre 1939, Ba 2445, Arch. PPo.
14 Lettre du préfet de police au ministre de l’Intérieur, 14 mars 1940. F7 14 809, CARAN.
15 Rapport du commissaire principal à la direction de la Police judiciaire, 22 février 1940. Ba 2445, Arch. PPo.
16 Lettre du directeur adjoint de la Police judiciaire à l’administrateur provisoire, 24 octobre 1939. Ba 2445, Arch. PPo.
17 Note : consignes données par le Komintern aux partis communistes d’Europe et d’Amérique ; préparatifs pour une diffusion massive de littérature révolutionnaire, Paris, 13 novembre 1939, 20010216/6/78, CAC. Voir également : Note : Paris ; 13 novembre 1939. Consignes données par le Komintern aux partis communistes d’Europe et d’Amérique, 1267, MAE.
18 Rapport de la direction de la Police judiciaire au commissaire divisionnaire, inspection générale des services, 9 novembre 1939, 20010216/6/78, CAC.
19 Moscou – Paris – Berlin : télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941. Tallandier, 2003, p. 181-182.
20 Le PCF depuis sa dissolution, 15 décembre 1939, 19960325/4, CAC.
21 Rapport de la direction de la Police judiciaire au commissaire divisionnaire, inspection générale des services, 9 novembre 1939, 20010216/6/78, CAC.
22 S. Courtois. Le Parti communiste français dans la guerre. De Gaulle, la Résistance, Staline. Ramsay, 1980. p. 51.
23 J. Gotovitch. Du rouge au tricolore : les communistes belges de 1939 à 1944 : un aspect de l’histoire de la résistance en Belgique. Bruxelles : Labor, 1992, p. 63.
24 Op. cit., 1992, p. 69-74.
25 R. Bourderon. La Négociation. Été 1940 : crise au PCF. Syllepses, 2001, p. 21.
26 J. Gotovitch. Op. cit., p. 63.
27 Rapport de la direction de la Police judiciaire au commissaire divisionnaire, inspection générale des services, 9 novembre 1939, 20010216/6/78, CAC.
28 Moscou – Paris – Berlin. Op. cit., p. 374.
29 J. Gotovitch. Op. cit., p. 25, 45, et 63-64.
30 Op. cit. p. 233.
31 Lettre du préfet de police au ministre de l’Intérieur, 14 mars 1940. F7 14809, CARAN.
32 P. Broué. Op. cit., p. 1007.
33 Le PCF depuis sa dissolution, 15 décembre 1939, 19960325/4, CAC.
34 Information : Activité de l’Internationale communiste, 16 mars 1940, Ba RG 55 Carton 9, Arch. PPo.
35 Activité actuelle du Parti communiste, 5 octobre 1939. 20010216/2/45, CAC.
36 8 novembre 39. Ba RG 55 Carton 7, Arch. PPo.
37 Information : Activité des militants de l’ex Parti communiste, 11 octobre 1939, Ba RG 55 Carton 9, Arch. PPo.
38 S. Courtois et A. Kriegel. Eugen Fried. Le grand secret du PCF. Le Seuil, 1997, p. 331-332.
39 S. Courtois. Le Parti communiste français dans la guerre. Op. cit., p. 77.
40 P. Buton. « Le Parti, la guerre et la révolution, 1939-1940 ». Communisme, no 32-34, 1993, p. 41-67.
41 19960325/4, CAC.
42 Information : Activité des éléments communistes, 6 novembre 1939, Ba RG 55 Carton 9, Arch. PPo.
43 « Sur place, Bt [Benoit Frachon] a fait savoir qu’il escomptait faire imprimer partielle[ment]. » M. Thorez. « Notes inédites, novembre 1939 ». Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, 1983, no 14, p. 119-130.
44 Le procureur de la République au procureur général, 29 mai 1942. Dossier Le Marrec, 3360 A41, BB18 3340, CARAN ; - L’Humanité clandestine, 1939-1944. Fac-similé. Éditions sociales, 1975, p. 11 ; - P. Chauvet. La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Témoignages. À compte d’auteur, 1979, p. 92.
45 I. Poitte. La Propagande clandestine du Parti communiste dans la banlieue nord de la région parisienne pendant l’Occupation (1940-1944). Maîtrise d’histoire, dir. J. Girault : université Paris-XIII, 1998, p. 27-28.
46 L’Humanité clandestine, 1939-1944. Fac-similé. Éditions sociales, 1975, p. 11.
47 Conversation avec R. Belin, P. Darnar et A. Vassart. Vichy, 1940-1944 : Archives de guerre d’Angelo Tasca. Milan/Paris : Feltrinelli/CNRS, 1986, p. 340-341.
48 Activité des services de la préfecture de police en matière de répression des menées communistes et du défaitisme, 24 octobre 1939. 20010216/34/829, CAC.
49 L’activité des éléments clandestins de l’ex-parti communiste, 27 février 1940. 20010216/2/35, CAC.
50 D. Peschanski. La France des camps : l’internement, 1938-1946. Gallimard, 2002, p. 92. Albert Sérol est garde des Sceaux.
51 Dossier Moussinac, 19890474/5/2129, CAC ; - G. Sadoul. « Léon Moussinac, l’art et le cinéma ». Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, no 9, 1er trimestre 1968, p. 73-76.
52 Fermeture d’une librairie communiste, [1940]. Ba 2445, Arch. PPo.
53 ESI, B 48 765, no 307, CAF.
54 Lettre du préfet de la Mayenne à la Direction nationale de la Sûreté nationale, 8 avril 1940, F7 14809, CARAN.
55 Lettre du directeur de la Police judiciaire au directeur général de la Sûreté nationale, 29 mars 1940, F7 14809, CARAN.
56 Dossier Moussinac, 19890464/5/2129, CAC.
57 J.-Y. Mollier. Édition, presse et pouvoir en France au XXe siècle. Fayard, 2008, p. 58.
58 Moscou – Paris – Berlin. Op. cit., p. 227.
59 S. Courtois. Le Parti communiste français dans la guerre. Op. cit. p. 133.
60 Principales affaires traitées, s. d., Ba RG juin 1955 Carton 10, Arch. PPo.
61 M. Narinski. « Le Komintern et le Parti communiste français, 1939-1941 ». Communisme, 1993, no 32-34, p. 11-40.
62 Moscou – Paris – Berlin. Op. cit., p. 265-267
63 Organisation du PC en région parisienne, 20 août 1940, Ba Carton 7, Arch. PPo.
64 S. Courtois. « Un été 1940 : Les négociations entre le PCF et l’Occupant allemand à la lumière des archives de l’Internationale communiste ». Communisme, 1993, no 32-34, p. 85-112.
65 Moscou – Paris – Berlin. Op. cit., p. 297. Le tract est signalé dans l’actuelle Seine Saint-Denis début septembre : J. Clesse et S. Zaidman. La Résistance en Seine Saint-Denis. Syros, 1994, p. 62.
66 Voir par exemple les instructions que reçoit Charles Tillon in : C. Tillon. On chantait rouge. R. Laffont, 1977, p. 309.
67 Moscou – Paris – Berlin. Op. cit., p. 283.
68 Principales affaires traitées, s. d., Ba RG juin 1955 carton 10, Arch. PPo.
69 Annexe. Communisme, 1993, no 32-34, p. 113-127.
70 P. Vauthier [Maurice Noël]. « Une position est nettoyée ». Les Cahiers de la Libération, no 1, septembre 1943, p. 36.
71 Notes. Ministère des finances, 25 février 1942. B 48 765, CAF.
72 P. Fouché. L’Édition française sous l’Occupation. Bibliothèque de littérature française contemporaine de l’université Paris-VII, 1987, p. 63 ; - Lettre du ministre secrétaire d’État à l’Intérieur au garde des Sceaux, 29 octobre 1943. 1320 W 151, Arch. de Paris. La plupart des immeubles occupés par le PCF et ses organisations sera utilisée par les Allemands pendant l’Occupation. Le sous-sol du siège des ESI, au 24 rue Racine, servit de lieu de torture par la Gestapo : C. Desprairies. Paris dans la collaboration. Le Seuil, 2009, p. 128.
73 Rapport du camarade Molotov, président du conseil des commissaires du peuple, à la VIIe session du Soviet Suprême de l’URSS. PCF, 1940, 8 p.
74 Moscou – Paris – Berlin. Op. cit., p. 283.
75 Lettre de M. Moulin à Nicolle, directeur de la Police judiciaire, 23 octobre 1939 ; Lettre des Éditions Payot, 30 octobre 1939 au commissaire de police de VIe arrondissement. Ba 2445, Arch. PPo.
76 Information. Créanciers de l’ex-Parti communiste, 18 octobre 1939, Ba RG 55 Carton 9, Arch. PPo.
77 P. Fouché. L’Édition française sous l’Occupation. Bibliothèque de littérature française contemporaine de l’université Paris-VII, 1987, passim.
78 Syndicat des éditeurs, « Note sur l’édition française », 6 décembre 1940, F60 532, CARAN.
79 P. Fouché. L’Édition française sous l’Occupation. Op. cit., p. 287-305.
80 Moscou – Paris – Berlin. Op. cit., p. 387.
81 M. B. Fincœur. « Le Monde de l’édition en Belgique durant la Seconde Guerre mondiale : l’exemple des éditions de la Toison d’or ». Leurs Occupations : l’impact de la Seconde Guerre mondiale sur la littérature en Belgique. Bruxelles : Textyles– CREHSGM, 1997, p. 21-60.
82 Op. cit., p. 333.
83 La Vie du Parti, septembre 1940, no 9, p. 7.
84 L’action communiste, 15 avril 1941. 300 W 47, AD Yvelines.
85 L’Humanité clandestine, 1939-1944. Fac-similé. Éditions sociales, 1975, p. 31.
86 G. Willard. L’Humanité. La Presse clandestine, 1940-1944. Colloque d’Avignon, les 20-21 juin 1985, 1986, p. 151-157.
87 Rapport hebdomadaire, 4 novembre 1940, Ba RG juin 1955 Carton no 10, Arch. PPo.
88 Arrêtés préfectoraux, 300 W 49, AD Yvelines ; - Ba RG juin 1955 Carton 10, Arch. PPo.
89 Il a d’abord été édité fin 1940 sous forme de guide : Instruction secrète de la direction illégale du Parti communiste, [20 octobre 1940], F7 14974, Dossier 26000, CARAN. En mai 1940, il se transforme en périodique, sous le titre Notre propagande, bulletin intérieur à l’usage des groupes. Dans : P. et R. Roux-Fouillet, Catalogue des périodiques clandestins (1939-1945). Bibliothèque nationale, 1954, 293 p.
90 Informations. 4 avril 1941, Ba RG juin 1955, Carton 9, Arch. PPo.
91 L’action communiste, 3 février et 15 avril 1941, 300 W 47, AD Yvelines.
92 R. Bourderon. La Négociation. Été 1940 : crise au PCF. Syllepses, 2001, p. 107-108.
93 Document, 8 mars 1943, Ba 2069, Arch. PPo. On trouve également son nom orthographié « Kamenney ». Léon Isaac Kamaney, né à Varsovie en 1905, est fourreur de profession.
94 Albert. Sur le SP, 2 mai 1941, Ba RG 55 Carton 7, Arch. PPo.
95 Jacques London, 19910695/3/4410, CAC ; - P. Chauvet. La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Témoignages. À compte d’auteur, 1979, p. 95-96.
96 Propagande communiste, 8 juin 1941, Ba RG 1955, carton 4 ; - Rapport hebdomadaire, 9 juin 1941, Ba RG juin 1955 Carton 10, Arch. PPo.
97 P. Chauvet. Op. cit., p. 43. A. Bouchilloux a été déporté à Buchenvald.
98 H. R. Kedward. Naissance de la Résistance dans la France de Vichy : idées et motivations, 1940-1942. Seyssel : Champ Vallon, 1989, p. 273-276. Témoignage de M. Pavoux, 2 juin 1969, Lyon.
99 La réorganisation du Parti à Lyon (Colloque 1983), dact., PCF 4, Arch. 2, 98, MRN.
100 P. Chauvet. Op. cit., p. 139-140 et 439-441. Les imprimeurs lyonnais sont Chêne, mort en déportation, et Percet père et fils, tous deux fusillés.
101 Vichy (Colloque 1983), dact., 13 p., PCF 4, Arch. 2, 98, MRN.
102 État de l’organisation, 26 mai 1941, Ba RG 1955 Carton 9, Arch. PPo.
103 I. Poitte. La Propagande clandestine du Parti communiste dans la banlieue nord de la région parisienne pendant l’Occupation (1940-1944). Maîtrise d’histoire, dir. J. Girault : université Paris-XIII, 1998, p. 35.
104 J. Vigreux. Waldeck Rochet : une biographie politique. Op. cit., p. 118-119.
105 S. Courtois et A. Kriegel. Op. cit., p. 346 ; Jean Fonteyne. Le Procès des quarante quatre. Anvers : Ragendoog, 1940, 231 p. ; F. Génevée. Le PCF et la justice des origines aux années cinquante : organisation, conceptions, militants et avocats. Thèse de doctorat d’histoire, dir. S. Wolikow. Dijon : université de Bourgogne, 2003, p. 298.
106 P. et R. Roux-Fouillet. État et renseignements pour l’édition de Catalogue des périodiques clandestins (1939-1945). Bibliothèque nationale, 1954.
107 Moscou – Paris – Berlin. Op. cit., p. 334.
108 Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’U.R.S.S. Chapitre IV : Mencheviks et Bolcheviks pendant la période de la réaction Stolypienne. Les Bolcheviks se constituent en un parti marxiste indépendant (1908-1912). [mars] 1941, in-16o, 41 p.
109 Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’U.R.S S. Chapitre VI : le Parti bolchevik pendant la guerre impérialiste. La deuxième révolution russe (1914 à mars 1917). Chapitre VII : le Parti bolchevik prépare et accomplit la révolution socialiste d’octobre. [avril] 1941, in-16o, 63 p.
110 Histoire du Parti communiste (bolchévik) de l’U.R.S.S. Chapitre XII : le Parti bolchevik en lutte pour achever la construction de la société socialiste. Application de la nouvelle constitution (1935-1937). 1941, in-16o, 32 p.
111 Rapport du camarade Molotov, président du conseil des commissaires du peuple, à la VIIe session du Soviet Suprême de l’URSS. PCF, 1940, 8 p.
112 Simon. Notes sur les moyens de propagation. 11 octobre 1940, IML 857, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
113 Simon. Rapport, 15 décembre 1940 ou 25 janvier 1941, IML 857, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
114 No 1 : Bases théoriques du communisme. 1940, in-16o, 28 p. ; no 2 : Vers la réalisation du communisme. 1940, in-16o, 35 p. ; no 3 : Vers la réalisation du communisme. Deux systèmes : capitalisme et socialisme. 1940, in-16o, 48 p. ; no 4 : La IIe Internationale, sa dégénérescence et sa décomposition. Mars 1941, in-16o, 48 p. ; no 5 : Vingt Ans de lutte pour le salut du peuple de France. Histoire du parti communiste français. Mai 1941, in-8o, 84 p. ; no 6 : Que veulent les communistes ? Février 1942, in-16o, 87 p.
115 La Vie du Parti, 1941, no 2, p. 32-33.
116 No 1 : La Politique de Montoire-sur-Loire. Décembre 1940, in-32o, 8 p. ; no 2 : Il y a 18 ans, les communistes français luttaient contre l’Occupation de la Ruhr. Février 1941, in-8o, 10 p. ; no 3 : L’Impérialisme américain et la guerre mondiale. Mars 1941, in-32o, 10 p. ; No 4 : L’Extrême-Orient et la guerre mondiale. Mars 1941, in-32o, 10 p. ; no 5 : Un an après la paix soviéto-finlandaise. Mars 1941, in-32o, 10 p.
117 S. Courtois. Le Parti communiste français dans la guerre. Op. cit., p. 162.
118 Rapport de Simon [Maurice Tréand], daté du 15 décembre 1940 (mais indiqué comme daté du 25 janvier 1941). IML, 857, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
119 G. Politzer a rédigé deux des six « cours » alors en cours de publication.
120 Ba 1936, Arch. PPo.
121 Rameau [Georges Politzer]. L’obscurantisme au XXe siècle, une réponse à la conférence d’Alfred Rosenberg à la Chambre des Députés en novembre 1940. La Pensée libre, février 1941, p. 32-51.
122 Ce que M. Rosenberg appelle : « La révolution et la pensée du XXe siècle ». Cahiers du bolchevisme, 2e et 3e trimestre 1941, p. 110-113.
123 Lettre du Garde des Sceaux au secrétaire d’État à l’Intérieur, 2 avril 1941, F7 15277, CARAN.
124 P. Chauvet. Op. cit., p. 95-96.
125 Note, 13 février 1941, Ba RG 1955, Carton 4, Arch. PPo.
126 P. Chauvet. Op. cit., p. 78.
127 Note, 3 juillet 1941, 7 p. Ba 1920, Arch. PPo.
128 Note, 8 juin 1941, Ba RG 1955, Carton 4, Arch. PPo.
129 Ministère de l’Intérieur, Direction générale de la Sûreté nationale, service de police criminelle. [Note], 3 avril 1941, Vichy, F7 15277, CARAN.
130 Ternet (Liebherr). 19890464/1/567, CAC.
131 Albert [Raoul Cadras]. Sur le SP, 2 mai 1941, Ba RG 55 Carton 7, Arch. PPo.
132 Rapport, 27 mai 1941, Ba 1918, Arch. PPo ; L’Action communiste, 15 avril 1941, 300 W 47, AD Yvelines.
133 Quelques conseils pour la diffusion. Notre Propagande, no 1, mai 1941, f. 5.
134 D. Peschanski. « La répression anticommuniste dans le département de la Seine (1940-1942) ». Op. cit.
135 Cabinet de la préfecture de Seine-et-Oise, Rapport mensuel, octobre 1940, 1 W6, AD Yvelines.
136 Note. 6 décembre 1940, Ba RG 55 Carton 9, Arch. PPo.
137 Comment se défendre ? Contre la provocation et le mouchardage, instrument de la répression, février 1941, 26 p.
138 Quelques conseils au diffuseur de matériel et des mots d’ordre du Parti. La Vie du Parti, [1er trimestre] 1941, p. 50-52.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008