Chapitre III. La diffusion et la lecture communistes
p. 65-80
Texte intégral
1Parallèlement à la constitution de maisons d’édition, les communistes français mettent en place une diffusion confiée à des organisations spécifiques. Ce sont à elles que sont confiées la vente des documents aux organisations du Parti et la distribution auprès des militants, mais vente et lecture ne sont nullement garanties.
Une diffusion partisane « traditionnelle », 1921-1932
2Jusqu’à la création du BEDP, en 1926, c’est la Librairie de l’Humanité qui se chargeait de la diffusion. À son arrivée à la tête des éditions, C. Calzan réclamait une entreprise spécifiquement chargée de la diffusion. Les innovations sont finalement modestes.
3Le principe de fonctionnement est inchangé. Les comités régionaux et certains rayons importants reçoivent un dépôt du BEDP, qu’ils revendent aux militants. À charge pour ces responsables de régler le BEPD dans un délai de trois mois1. L’Agit-prop invite les militants à exposer, montrer, vendre ces brochures en tout lieu et en toute occasion, dans les réunions politiques, dans et à la sortie des usines2, sur la voie publique, et même sur leur lieu de villégiature, ce qui permettrait de toucher le milieu rural3 : c’est la naissance des fameuses « tables de littérature ». Cette organisation n’est pas née ex nihilo : elle est aussi l’héritière d’une pratique ancienne, qui a aussi intégré les usages populaires en matière de diffusion. En effet, depuis le XVIIIe siècle, alors que les élites se procurent des livres dans les librairies, les milieux populaires y ont accès par d’autres et nombreux biais : colportage, cafés, épiceries, bazars et, depuis le Second Empire, kiosques (dites bibliothèques) de gare4. Les « tables de littérature » n’avaient a priori rien de troublant pour la population, et pour le PCF elles sont effectivement prioritaires. Certains éditeurs de gauche, comme G. Valois et Rieder, ont accusé la Bibliographie de la France, principal organe commercial et professionnel de la librairie, de censurer leurs annonces et organisent une campagne de dénonciation en 1931. Or, L. Cical refuse de s’y associer5. Le Parti communiste considère en effet ses structures éditoriales comme totalement étrangères au monde de l’édition « traditionnelle » et ses militants ont la priorité sur les libraires. Par conséquent, la diffusion du PCF est d’abord militante et a le plus grand mal à dépasser le milieu partisan.
4En dépit de tous ces efforts d’organisation, les résultats sont décevants : le militant français est un « mauvais lecteur » – sans que l’on sache précisément si la direction considère qu’il ne lit pas suffisamment ou qu’il lit de « mauvais » livres. Différentes mesures sont prises. En avril 1926, G. Marrane adopte la méthode coercitive : « Une partie du budget des régions leur sera fournie en livres. Ces livres leur seront décomptés de 50 % de réduction. C’est ainsi que pour une subvention de 3 000 francs [1 500 euros] par mois, nous enverrons la valeur de 300 francs [155 euros] de livres, dont la valeur réelle sera de 600 francs [310 euros]. La région y trouvera son compte et nous obligerons nos camarades à diffuser notre littérature6. » En 1927, une circulaire précise le rôle essentiel du responsable local à la littérature, entre gestionnaire, éducateur et censeur : « Le responsable [à la diffusion] doit être seul pour commander, recevoir et régler la littérature. Il fera attention à son stock qui doit être fréquemment renouvelé. Il n’essaiera pas de vendre des rossignols, car les événements politiques vont vite et une brochure, dont le contenu est bon à un moment, peut-être mauvais à un autre. Il les retournera donc au BEDP si la cellule les juge périmés7. » En 1928, on ajoute un nouveau service, l’Office mensuel, qui prend la suite du système des « colis8 » : fournir à un abonné un certain nombre de livres, brochures et revues, préalablement choisis par le BEDP, système qui coûte néanmoins une cinquantaine d’euros9. Son relatif échec pousse le PCF à créer des offices moins importants. En 1933, cinq types d’office sont proposés, allant de 10 à 57 euros environ10.
5L’affaire des Œuvres complètes de Lénine est un bel exemple de l’échec de la diffusion militante11. En mai 1928, le Secrétariat envoie une circulaire aux membres du Parti, aux comités de rayons et aux comités régionaux pour en organiser la vente par souscription12. Le BEDP propose les 4 volumes publiés par an pour 45 euros au lieu de 80. Est joint un bulletin de souscription où le militant doit apposer le « cachet de l’organisation et de la signature de son secrétaire13 ». En 1931, 137 militants communistes ont souscrit à cette publication14. Ouvrages complexes, prix de vente élevé, organisation administrative lourde… : la lecture militante communiste est perçue comme une contrainte, coûteuse et bureaucratique.
6Pourtant les maisons d’éditions du PCF tentent dès l’origine de se présenter sous un jour favorable. En toute logique la presse communiste est a priori le principal soutien sur lequel les éditions du PCF peuvent compter. Or, les relations avec L’Humanité sont extrêmement mauvaises. Les publicités sont payantes et jusqu’au Front populaire, le quotidien ne rend compte au maximum que d’un quart des ouvrages des ouvrages publiés par le PCF… En 1934, un responsable des éditions se plaint : « La presse amie et particulièrement L’Huma ne témoigne pas le même intérêt. Notre publicité payante elle-même, y subit une censure maladroite, est triturée et enfin reléguée au voisinage des semelles, cuirs ou matelas15… » Ce silence relatif de la presse communiste est d’autant plus dommageable que les échos de cette production dans la presse « bourgeoise » sont faibles. En décembre 1930, l’Agit-prop envoie une circulaire à tous les journaux régionaux : « La diffusion de la littérature du parti n’a pas du tout l’ampleur qu’elle devrait avoir. Nos organisations négligent ce travail qui permet de répandre nos idées et de ramasser des fonds pour notre action. Pour commencer un travail de diffusion systématique, avons pensé que chaque journal régional devait avoir une chronique régulière des livres. C’est pourquoi nous vous envoyons la bibliographie ci-dessous que nous vous prions d’insérer et renouvellerons chaque semaine. Bien entendu si vous avez sur place quelqu’un pour faire une chronique régulière sur ce sujet, c’est préférable16. »
7Pour rompre cet isolement, au sein et surtout hors du PCF, le BEDP et les ESI utilisent des moyens de publicité propres à l’édition « bourgeoise ». D’abord, ils éditent et diffusent des catalogues. Dans le cas du BEDP, le catalogue de 1931, qui compte 400 références, ressemble bien plus à un guide de lecture, puisqu’il mêle les deux fonctions du BEDP, éditeur et diffuseur17 : il signale la production du PCF et celle des éditeurs « bourgeois » qu’il diffuse, stock complémentaire indispensable pour combler les lacunes du fonds18. Ces « catalogues » se distinguent aussi de l’édition « bourgeoise » en diffusant des objets militants : cartes postales, bustes de Jaurès et Lénine, portraits, chansons, médailles et insignes. Ce mode de présentation change radicalement avec le catalogue des ESI. Il est structuré de la même manière que les éditeurs « bourgeois », c’est-à-dire par collection, et dans une mise en page soignée et aérée. L’image projetée est celle d’une maison d’édition consacrée aux sciences et aux belles-lettres. N’y figure aucun argumentaire à destination des militants, ce qui montre qu’en 1934 le public visé est plutôt celui des milieux intellectuels et sympathisants.
8Toutefois, BEDP et ESI veulent surtout toucher le plus grand nombre : les livres sont souvent vantés pour leur aspect « pratique19 » ou « concret ». Les publicités publiées dans L’Humanité pour L’Almanach ouvrier et paysan sont exemplaires : c’est « le plus utile, le plus attrayant » ou une « véritable encyclopédie populaire20 ». L’argumentaire devient plus original avec les romans ; les ESI et le BE semblent s’inspirer des éditeurs populaires. Terres défrichées de M. Cholokov est présenté comme l’histoire des « drames de la collectivisation21 ». Il y a une véritable utilisation du vocabulaire et de la dramaturgie du roman populaire, au risque de déplaire à l’autorité politique. Le Service d’éditions de l’Internationale critique d’ailleurs la banderole qui entoure le roman de A. Fadeïv, La Défaite22, dont une expression – « les passions primordiales » – reprise par Monde et Lectures, leur déplaît souverainement : « Nous pensons qu’il aurait mieux valu souligner le caractère guerrier et héroïque de ce livre au lieu de ce côté sexuel qui ne ressort pas au point où vous l’utilisez23. » En 1933, la présentation de La Défaite se présente à nouveau sous un jour plus viril, proche de l’univers de la littérature populaire : « Dans la taïga sanglante… La chevauchée sanglante et la débâcle d’un détachement de partisans », peut-on lire sur le bandeau qui entoure le livre24. La frontière entre monde militant et monde marchand est visible, mais pas infranchissable.
9Le chiffre d’affaires passe de 154 000 euros en 1925 à 458 000 euros en 1920, puis en 1931 il franchit le seuil des 500 000 euros25. Les données financières révélées par les archives sont partiellement trompeuses, puisque les organisations du PCF sont en dette vis-à-vis du BEDP26. Le 31 décembre 1934, les créances douteuses sont de 14 000 euros environ27, soit 8 % du chiffre d’affaires. Les ventes les plus importantes concernent les brochures traitant de la réorganisation du Parti et les ouvrages de formation. Elles profitent aux auteurs français autant qu’aux kominterniens, alors que leur part dans le catalogue n’est pas égale. Les meilleures ventes concernent d’abord les éditions populaires du BE. Les militants achètent des Pages choisies de Lénine, des brochures de N. Boukharine mais aussi près de 10 000 exemplaires de Comment doit travailler la cellule d’usine de M. Victorine (Librairie de l’Humanité, 1925) et Faisons vivre nos cellules d’A. Ferrat (Librairie de l’Humanité, 1925). Le livre d’A. Marty, la Révolte de la mer noire (BE, 1927), est un succès populaire. Dans le fonds des ESI, les ouvrages qui ont le plus de succès sont les romans, les livres pour enfants et les ouvrages de la collection la « Bibliothèque marxiste ». Mais les chiffres de ventes cumulés ne dépassent pas 10 000 exemplaires, sauf dans un cas : le livre pour enfant écrit par P. Vaillant-Couturier, Jean sans pain, édité en 1932 et vendu à 14 700 exemplaires au bout de deux ans. Dans la « Bibliothèque marxiste », les livres de Lénine, Engels et Marx dépassent le seuil des 6 000 exemplaires vendus. Le succès des romans soviétiques est relatif : La Semaine de I. Libedinski, publié en 1927, est toujours en librairie en 1934, après plus de 6 700 exemplaires vendus. La clientèle du BE est plus populaire que celle des ESI.
10Les textes de formation politique ne sont pas plus vendus que les textes de vulgarisation politique traditionnelle. H. Lozeray dans son rapport de 1931 souligne cette évolution : « Notre public préfère la littérature d’agitation […] car elle est moins aride et plus facile à assimiler, elle a en outre l’avantage d’être liée avec des événements politiques et économiques intéressant immédiatement les ouvriers » ; elle est aussi « généralement bon marché28 ». Lors de la conférence nationale du PCF, qui se tient à Ivry en juin 1934, les représentants de l’Agit-prop diffusent un questionnaire dans l’assemblée et récupèrent ainsi une « quarantaine » de réponses. À la question « Que pensez-vous des brochures éditées ces 3 derniers mois ? », des militants répondent qu’elles sont intéressantes car elles ne sont pas chères, ce sont des ouvrages de vulgarisation et elles portent sur des thèmes locaux29. Cette importance accordée à la propagande politique dans ses aspects les plus rudimentaires se retrouve dans les enquêtes menées sur les lectures des élèves des écoles de cadres et écoles élémentaires : c’est bien la presse et les revues qui demeurent le support de lecture privilégié. Les élèves des écoles de cadres, au bagage scolaire plus solide que ceux des écoles élémentaires, semblent avoir lu davantage de textes théoriques30.
11Face à ces résultats insatisfaisants, la Section française d’Agit-prop propose en novembre 1931 une nouvelle organisation du travail : « Organiser un appareil de diffusion des éditions31 », qui doit atteindre les militants et les masses32. Le Bureau d’éditions, de diffusion et de publicité perd ses attributions de diffusion, devenant le Bureau d’éditions (BE), au profit d’une nouvelle entreprise créée en 1932, le Centre de diffusion du livre et de la presse (CDLP).
Le CDLP, une entreprise de diffusion politique moderne ?
12L’organisation de la diffusion est essentielle pour le PCF, comme elle l’est pour l’édition française. Elle soucie même le Komintern en 1929, qui veut tout connaître des « phénomènes qui touchent à la vente d’un livre (distribution gratuite, saisie, conditions dans lesquelles l’écoulement est facile, conditions pour le contraire, etc.) parce que très souvent il manque des données pour faire une analyse sérieuse et tirer des conclusions valables33 ». Après la Première Guerre mondiale, les éditeurs les plus importants s’en remettent volontiers à des sociétés de diffusion, des commissionnaires, qui fournissent les distributeurs que sont les libraires. En premier lieu, l’empire Hachette avec ses Messageries, fondées en 1897, a développé un service spécifique à la vente des livres à partir de 192534. Son principal concurrent est la Maison du Livre français créée par Larousse en 1920, à laquelle G. Valois a participé35. À partir de 1927, la politique commerciale d’Hachette devient plus agressive : il devient le diffuseur exclusif de ses clients36. Pour Hachette et la Maison du Livre français, les éditions militantes comme celles du PCF ne présentent aucun intérêt, les volumes de ventes espérés étant probablement bien en deçà d’un quelconque seuil de rentabilité. Toutefois desservir massivement l’ensemble du territoire par des sociétés spécifiques est devenu un enjeu économique majeur.
13Ce changement dans l’organisation du marché du livre concerne également des éditeurs engagés. En désaccord avec les administrateurs de la Maison du Livre français, G. Valois quitte le conseil d’administration en 1932 et créée une autre entreprise de diffusion en février 1933, la Maison coopérative du Livre, qui fait finalement faillite en 193537. Les deux principaux associés sont la Librairie Valois et la Librairie du Travail38. En 1933, L. Cical confie un dépôt à la Maison coopérative du Livre mais refuse d’aller plus loin en dépit des sollicitations de G. Valois39. Pour le PCF, l’enjeu est uniquement politique et il est hors de question de s’associer à quiconque. Par ailleurs, cette entreprise ne prend pas a priori en compte une réalité culturelle : les militants d’origine modeste n’entrent pas dans une librairie. Comme l’écrit un journaliste : « L’expérience démontre que les ouvriers regardent l’exposition de livres comme dans la rue ils s’arrêtent à la vitrine d’un libraire, mais la vente ne se fait pas40. »
14Lors du VIIe congrès (11-19 mars 1932) du PCF, la direction appelle à réorganiser l’appareil de diffusion, afin de permettre la « conquête de la majorité de la classe ouvrière41 ». Dans la foulée, le Centre de Diffusion du Livre et de la Presse est créé, installé au 132, rue du Faubourg-Saint-Denis (Xe arrondissement). Le CDLP a été déclaré officiellement au Tribunal de commerce le 25 mars 193342, avec pour seul propriétaire, Gaston Bensan. Né le 5 novembre 1906 à Tlemcen, en Algérie, Gaston Bensan, alias Gabriel Bensoussan, a adhéré au Parti communiste en 192443. En 1932, le CDLP emploie 23 personnes44 : 18 s’occupent de tâches essentiellement administratives (comptabilité, facturation, expédition, tenue des fichiers clients) ; 2 libraires (dont P. Nizan à la Librairie de l’Humanité) ; 5 personnes se consacrent à l’activité de propagande stricte à savoir les « prolipros45 ». Parmi eux, seul est connu Pierre Saint-Dizier, « instructeur général », c’est-à-dire représentant du CDLP pour l’ensemble du territoire national. P. Saint-Dizier, dessinateur industriel de formation, a été secrétaire du Secours rouge international, jusqu’à sa nomination au CDLP, en janvier 193346.
15Comme la Librairie de L’Humanité et le BEDP avant lui, le CDLP est chargé de la diffusion de l’ensemble du matériel de propagande (livres, brochures, tracts, affiches, photos etc.). Le seul changement introduit par cette nouvelle structure est l’institution des « prolipros », militants chargés spécifiquement de la diffusion locale du matériel de propagande, en quelque sorte les représentants commerciaux et politiques du CDLP, encadrés par P. Saint-Dizier. D’après la police française, les prolipros sont une douzaine vers 193347. Le « prolipro », responsable d’une localité, doit se mettre en contact avec les responsables de la diffusion dans les rayons et les cellules, suivre les abonnements et les commandes, les livrer et surtout encaisser les factures et reprendre les invendus. Le CDLP exige (encore et toujours) des organisations qu’elles nomment un responsable local de la propagande, qui se charge de la gestion des commandes, de la distribution et du règlement des achats. Un militant de Cadenet décrit son travail : « 1) Je passe à domicile, dans les cafés, cinémas bourgeois ; 2) vente individuelle et à la criée ; 3) vente dans toutes les réunions même bourgeoises ; 4) vente le dimanche dans les petites localités du canton, et principalement chez les paysans48. » En 1934, d’après G. Bensan, le CDLP comptait 5 000 correspondants mais « sur ce nombre, 275 camarades seulement représentent les cellules ou les rayons qui s’occupent de diffusion49 ».
16En outre, le CDLP a deux délégués régionaux appointés, appelés « instructeurs régionaux » à Marseille et à Lyon, qui sont chargés de centraliser toutes les commandes des organisations pour leur région. Il s’agit de Bensimon et Laufer. Ce dernier disparaît de l’organigramme du CDLP en 1937, après une gestion hasardeuse50, et est remplacé par Haillaincourt. S’y ajoute Gaston Coquel à Roubaix à partir de 1934. Ces trois régions ne sont pas choisies au hasard : ce sont effectivement les trois principaux lieux de vente en province pour le Parti. G. Coquel s’était vu retirer brutalement ses responsabilités à la tête des Jeunesses communistes l’année précédente et son arrivée au CDLP est certainement un pis-aller. Cette nomination montre aussi la médiocre considération politique dont jouit le CDLP. Les instructeurs régionaux sont également chargés de représenter le CDLP au niveau local et d’y contrôler les commandes et les paiements, tandis que P. Saint-Dizier continue d’être le principal « représentant de commerce » du CDLP. De fait, ils sont considérés comme politiquement responsables de l’activité des cellules de leur région.
17En 1933, le CDLP édite un énorme catalogue de 96 pages51. Le caractère fortement militant de cette entreprise y transparaît dans le fait que, comme pour le BEDP, les ouvrages sont classés par thèmes (sociologie, histoire, mouvement ouvrier international, URSS, l’Internationale et les partis communistes, problèmes politiques, l’église et son histoire, éducation, littérature), même s’il y a des encarts décrivant les grandes collections du PCF. Le catalogue se termine aussi par les « portraits, cartes postales, chansons, pièces [de théâtre], insignes, etc.52 ».
18En 1934, G. Bensan tire un bilan plus que positif de la création du CDLP : il souligne l’importance de certains chiffres de vente et d’abonnement et la possibilité de « toucher tous les milieux53 ». Il n’en attribue pas le bénéfice à l’organisation seule : le contexte politique et la « qualité meilleure du contenu » en sont les principales causes. Cet enthousiasme est-il justifié ? En termes de chiffres d’affaires, la diffusion de la littérature passe de 625 000 en 1932 à 1,3 million d’euros en 193454. Mais entre 1933 et 1934, les pertes sont multipliées pratiquement par trois55. Le CDLP a hérité à sa création des stocks de l’ancien BEDP, et aussi des impayés de sa clientèle, évalué en 1934 à 74 000 euros56. Entre 1933 et 1934, les ventes ont baissé de 30 % en raison, dit-on, d’une « production est nettement insuffisante », du manque de supports publicitaires et la réorganisation a perturbé le fonctionnement de l’établissement57. Enfin, les militants ne répondent pas en masse aux sollicitations du CDLP. Pour la section d’Agitprop, les cellules « ne commandent pas toutes de la littérature », ce qui l’oblige à « leur adresser un petit colis de littérature d’office », qui leur est facturé. La contrainte donne-t-elle de bons résultats ? L’Agit-prop est évasive : « Elles le diffusent et se reposent ensuite sur leurs lauriers. Parfois, elles écrivent : n’envoyez plus d’office58. »
19Les résultats du CDLP entraînent de fortes tensions. Les éditeurs, c’est-à-dire L. Cical, n’ont pas apprécié de voir une partie de leur prérogative disparaître, et accusent le Centre d’incurie. Toutefois, le PCF choisit de laisser la clientèle non liée au PCF (les librairies, les particuliers hors militants) aux éditeurs59. Le 7 décembre 1934, le Secrétariat du PCF décide de remplacer G. Bensan par Lucien Vannier, qui travaillait au CDLP depuis le 1er mars 193460, et par Marceau61.
20La fondation du CDLP ne change rien au principe de la diffusion : elle reste militante, même si à partir de 1934 le PCF tient aussi compte d’une diffusion au-delà du monde partisan. La création de cette entreprise est le signe, certes, d’une ambition pour atteindre les masses mais aussi celui d’une certaine impuissance. Chaque difficulté rencontrée se traduit par une réorganisation matérielle, non par une remise en cause des principes.
Discours sur la lecture
21Le regard que ce « parti de type nouveau » porte sur la lecture est intrinsèquement lié à sa conception du militantisme et de l’action politique. L’acte de lire n’est pas neutre : il peut tout aussi bien servir la cause du prolétariat (former des révolutionnaires professionnels) que la menacer. Et, si le livre est un des outils de la formation politique des cadres, des militants et des masses, il a aussi un poids symbolique : il représente la culture légitime, voire « bourgeoise », un certain rapport au savoir et au pouvoir. Contrairement à la presse, la lecture de livres est marquée par le soupçon d’intellectualisme. Dans ce contexte où les questions d’organisation sont omniprésentes, la réflexion sur la lecture militante est peu présente dans les discours et débats.
22Dans une circulaire de juin 1925, le Secrétariat du PCF rappelle aux fédérations « qu’un gros effort doit être fait dans le domaine de l’éducation. Nos camarades ne lisent pas assez62 ». On y souligne la « paresse intellectuelle » du militant français, son manque de « culture sérieuse ». Se référant au tirage moyen des brochures et leur vente, on en conclut que « 96 % de nos membres ne lisent rien ». Or, chaque militant doit posséder une bibliothèque de « 15 à 20 ouvrages de fond » : « Il faut que chaque membre du PCF travaille lui-même à son instruction comme communiste et se tienne au courant des événements saillants, du développement du mouvement international par la lecture des Cahiers du bolchevisme et des brochures que publie le Service d’Éditions du Parti63. » Lire devient une injonction, par le biais des mots d’ordre publiés dans la presse communiste, dans un bandeau en haut ou bas de page, comme celui-ci : « AVEC le prix de cinq apéritifs on peut acheter un livre ou plusieurs brochures64. »
23Mais la lecture demeure une activité ambiguë. Comment lire sans parvenir, sans devenir un intellectuel ? Il suffit que les textes soient « pratiques ». En 1925, pour inciter à lire La Maladie infantile du communisme65, un journaliste de L’Humanité écrit : « Les autres livres de Lénine apprennent le communisme, celui-ci donne quelque chose d’infiniment précieux et d’indispensable : la manière de le mettre en pratique66. » Le Manuel élémentaire du communisme, en 1929, est paré de toutes les vertus : « Court et clair exposé des principes essentiels de la théorie communiste », « sous une forme à la fois concrète et vivante et qui en rendent la lecture très facile ». Mieux : « Les Précis, les A. B. C. communistes publiés jusqu’ici n’étaient que des ouvrages théoriques. Le Manuel est à la fois théorique et pratique67. » Les lecteurs sont donc supposés adopter une attitude passive vis-à-vis du savoir, comme dans l’univers scolaire. Il ne s’agit pas d’étudier un ouvrage philosophique sur lequel on exerce son esprit critique mais un manuel, un abrégé, où l’on apprend le marxisme-léninisme68. V. V. Adoratsky explique que si la lecture du Capital de Marx est essentielle dans une vie de militant, ce n’est pas dans le but de « faire du lecteur un savant, un rat de bibliothèque qui ferait de la science pour la science ou pour son plaisir69 ». Même J. Fréville alors en charge de la page culturelle de L’Humanité déclare en 1931 : « Donc, nous ne sous-estimons pas l’utilité des livres. Mais condamnons sans hésiter la thèse des sociaux-démocrates, qui pose en principe que seul un prolétariat instruit peut faire la révolution. Car une pareille affirmation n’aboutit qu’à la consécration du réformisme70. » Les livres « ne peuvent à eux seuls former des révolutionnaires » mais les circonstances semblent leur donner une nouvelle légitimité : celui qui ne lit pas « se ravale au rang des illettrés » et ne peut donc éduquer, former de nouveaux militants. Par la lecture, les militants renforcent le Parti71. Ces propos doivent encourager la lecture mais en même temps mettent en garde sur ses dangers : c’est un « rapport au savoir » que l’on diffuse, qui « interdit » au militant « d’en user comme d’un capital personnel » afin qu’il ne devienne pas, comme l’écrit B. Pudal, « une menace pour l’institution mais l’un de ses instituteurs éperdus de reconnaissance pour l’immensité du savoir auquel il lui a été donné d’aborder, avec humilité72 ».
24Un des lieux emblématiques de la lecture est la bibliothèque. Les écoles ne pouvant former tous les militants, la bibliothèque est rapidement considérée comme un secours. Elle est un lieu et un outil qui jalonne l’histoire du mouvement ouvrier. La SFIO avait ainsi sa propre bibliothèque, héritée en partie du Parti ouvrier français73. Depuis l’origine, la Librairie de l’Humanité cumulait plusieurs fonctions, édition, distribution, diffusion et bibliothèque. En mars 1923, le Bureau politique se dote officiellement d’une bibliothèque, appelée « la Bibliothèque du Parti74 ». Au début des années vingt, M. Martinet, alors directeur littéraire de L’Humanité, appelle les militants à se doter de collections d’ouvrages, symbolisées par la « planchette à livre75 ». Par ailleurs, les « bibliothèques ouvrières », les « bibliothèques municipales » sont autant d’établissements vers lesquels on estime que les militants communistes peuvent se tourner76. On lit en 1926 dans l’Humanité : « Beaucoup de bons camarades désirent profiter de leurs courtes heures de loisir, pour s’instruire ou chercher des documents indispensables pour certains travaux, mais ils ne savent où trouver des renseignements sur ces centres d’études. » Si le journal indique la Bibliothèque nationale, la bibliothèque Mazarine, la bibliothèque de l’Arsenal et la bibliothèque Sainte-Geneviève, les bibliothèques des coopératives, comme celle de la Semaille à la Bellevilloise, sont également conseillées77.
25Une circulaire de juin 1924 avait demandé aux fédérations de se doter d’une bibliothèque, la Librairie de l’Humanité devant fournir aux cellules les livres et brochures à des prix réduits (25 % de remise en 1925)78. En 1925, la sous-section des éditions demande même que « chaque rayon […] se constitue une bibliothèque renfermant la totalité des ouvrages publiés par le Parti (les plus importants, si possible, à plusieurs exemplaires)79 ». Les livres et revues qui doivent constituer les collections de ces bibliothèques sont référencés dans des listes, diffusées par exemple par Les Cahiers du bolchevisme. Les exigences sont élevées puisqu’est demandé à chaque bibliothèque d’acquérir « un exemplaire au moins de tous les ouvrages publiés dans les collections Bibliothèque communiste, Petite Bibliothèque communiste, Cahiers communiste, Cahiers du militant, ainsi que de divers livres ou brochures importants ne rentrant pas dans les collections, au total une cinquantaine de volumes80 ». La bolchévisation relance ces appels : toutes les cellules doivent se doter d’une bibliothèque. En mars 1926, l’Internationale estime que ces bibliothèques doivent « satisfaire les besoins des membres de la cellule qui n’ont pas toujours les moyens d’acheter des livres, mais ceux-ci devront être prêtés aux ouvriers sympathisants afin de les gagner à la cause du communisme81 ». En 1934, 400 cellules sur 2 000 environ disposeraient d’une bibliothèque.
26Ces bibliothèques sont probablement très modestes et éloignées de ce que les bibliothécaires professionnels estiment être une « vraie » bibliothèque. Du fait de son rapprochement avec les milieux intellectuels, avec la création notamment de l’Association des Écrivains et Artistes prolétariens (AEAR) en 1932, le Parti communiste est en liaison avec une association rattachée à l’AEAR, l’Association des bibliothèques prolétariennes (ABP). L’association réunit des « bibliothèques de municipalités ouvrières, des syndicats ouvriers, des coopératives ouvrières » et a « comme critérium et comme devise : servir par le livre la classe ouvrière en lutte pour son émancipation82 ». Via le CDLP, elle propose son aide pour créer des bibliothèques, fournit des listes de livres, explique comment « opérer un classement scientifique et marxiste », « effectuer une révision idéologique des ouvrages contenus dans votre bibliothèque » et faire de la publicité pour attirer des lecteurs : « Ainsi l’ABP grâce à son service de documentation pratique et théorique et à ses relations avec les organisations similaires à l’étranger, vous aidera à transformer votre bibliothèque en un centre d’éducation de classe83. » L’ABP explique comment organiser le prêt et les diverses opérations bibliothéconomiques, diffusant ainsi les idées les plus modernes qui agitent alors la profession de bibliothécaire (accès direct aux livres sans intermédiaire, prêt gratuit)84. Les effets furent sans doute limités, d’autant que la question de l’organisation des collections importe moins au PCF que celle de la lecture proprement dite.
27En effet, la lecture de mauvais livres et la lecture erronée peuvent transformer le militant en ennemi de classe. La bolchévisation exige d’« élever le niveau idéologique de l’ensemble du Parti ». Or, « l’écrasante majorité s’instruit individuellement par la lecture des éditions communistes », mais cela est fait « au hasard, sans plan, sans but » d’où des « résultats maigres ». D’où la naissance d’un discours sur la bonne manière de lire, à l’école ou individuellement. En 1928, le Bureau central d’éducation doit « publier régulièrement des plans de lecture et d’étude en donnant des indications bibliographiques précises et en fournissant des schémas de lecture pour l’étude des ouvrages qui ont trait aux différentes questions du marxisme et du léninisme ». Les Cahiers du bolchevisme exposent en 1932 la bonne méthode de lecture c’est-à-dire crayon à la main, pour souligner les passages importants et prendre des notes. De plus, on encourage la création de cercles et de groupes d’études, qui pratiqueront « la lecture collective », « sans professeur85 », le groupe prémunissant contre l’erreur individuelle. Le système de l’Office mensuel permet aussi d’orienter et donc de contrôler les lectures des militants, comme il permet probablement aussi de répondre à l’attente de certains d’entre eux pour qui la lecture est une pratique difficile, y compris dans le choix des ouvrages à lire86.
28Si lire n’est pas un moyen de s’élever culturellement ou socialement, les livres édités par le PCF se présentent pourtant sous une forme savante : préface, introduction, avertissement, notes de bas de page, bibliographie, index. Ce paradoxe s’explique par l’importance accordée au « paratexte » comme moyen d’encadrer la lecture, c’est-à-dire d’en contrôler au maximum la réception87. Le lecteur ne doit pas être abandonné à lui-même. Lire est influencé par la mise en page, la typographie, l’appareil critique ; le Parti communiste doit donc construire des garde-fous, imposer une interprétation orthodoxe des textes. On retrouve cette volonté de contrôle dans d’autres milieux et d’autres époques88, mais elle est poussée ici très loin du fait de l’importance accordée à l’idéologie.
29Les questionnaires des « biographies », auxquels chaque militant doit se soumettre à partir de 1931, comportent des questions sur la culture des individus, passée et présente. Ces biographies sont comme des « mises en scène » de soi : les militants s’efforcent d’y répondre, en imaginant ce que le Parti communiste attend du « bon » militant. En 1933, le questionnaire qui comprend 74 questions en compte 7 sur le capital culturel du militant. Parmi elles, une seule traite de la lecture de livres et est formulée de la manière suivant : « Qu’avez-vous lu de Marx, Engels et Lénine et dans quelle mesure avez-vous étudié ces ouvrages ? » On en revient donc à une fonction très réduite de la lecture : elle se résume à quelques titres, pour une fonction politique, et le Parti communiste ignore le reste des pratiques de lecture de livres89.
30Les journalistes et dirigeants communistes restent quasi muets pendant les années vingt sur la littérature populaire. Les débats sur la culture dite prolétarienne menés principalement par des intellectuels comme H. Barbusse ou M. Martinet n’amènent pas à s’interroger sur les autres lectures des militants. Les critiques littéraires liés au PCF s’intéressent davantage à la littérature dite « bourgeoise », décadente, qui permet au lecteur de s’évader, à partir du mensonge romanesque, qui masque ou écarte la « vérité historique90 ». Ces attaques visent rarement les éditeurs. La « pieuvre » Hachette est dénoncée une seule fois en 192691, et si, on s’alarme dans le quotidien du Parti de l’usage de la publicité par les éditeurs92, ses chroniqueurs n’en continuent pas moins de rendre compte chaque année des prix littéraires93. Lors de l’affaire du roman de M. Cholokov en 1933, le Parti communiste attaque certes les éditions Gallimard mais en restant très mesuré dans ses propos, et de surcroît par la plume d’un communiste étranger : « La NRF, “sérieuse” maison littéraire, a beau tenir sous sa dépendance et dans la crainte toute une pléiade d’écrivains français ; jeunes et vieux, tout écrivain honnête, en France comme dans le monde entier, n’en protestera pas moins bien haut contre de pareils procédés de terreur blanche en littérature94. » Et c’est bien cette étonnante « dépendance » qui empêche le PCF de s’attaquer plus frontalement à ce foyer intellectuel, dont nombre de ses compagnons de route, comme André Gide, André Malraux ou Jean-Richard Bloch, font partie, en pleine lutte pacifiste et antifasciste. Paradoxalement, L’Humanité rend bien mieux compte de la vie littéraire dans ses aspects les plus mondains et intellectuels que des pratiques de lecture des milieux populaires. Même une revue très impliquée dans le débat sur la littérature prolétarienne comme Monde reste quasi-muette sur la littérature lue par le plus grand nombre.
31L’existence du roman populaire sort du non-dit avec le roman-feuilleton de L’Humanité, rubrique essentielle dans la vie d’un quotidien. Mais ce n’est qu’à partir de 1930 que le PCF s’attaque directement à la littérature populaire, comme s’il en découvrait subitement l’existence. La raison est politique. Le PCF doit partir à la conquête des masses et lors de la 2e conférence internationale des écrivains révolutionnaires, l’UIER a appelé les Français à dénoncer cette littérature dont le « développement » est « considérable95 ». J. Fréville, R. Garmy et P. Nizan sont les principaux militants qui s’y attellent. La littérature populaire est pourtant totalement absente des autobiographies de militants communistes : ont-ils respecté les interdictions ou bien recomposé une bibliographie idéale pour se conformer au modèle militant96 ? Ce discours sur la lecture populaire a sans doute conduit à taire certaines pratiques, d’autant qu’il perpétue une tradition, en droite file des positions du mouvement ouvrier français depuis la fin du XIXe siècle.
32La bolchévisation a donné naissance à une nouvelle organisation éditoriale, entièrement dévouée à la formation des militants, assurée par différentes structures (écoles de cadres, écoles élémentaires, cours par correspondance). Désormais, toutes les étapes du processus éditorial sont placées sous le contrôle du Komintern : choix des textes, choix des auteurs et traducteurs, choix de la mise en page, contrôle du paratexte…
33Au début des années trente, une nouvelle direction du PCF est en train de se mettre en place. Apparaît dans le même temps, la volonté du PCF d’une plus grande implication dans la vie intellectuelle et culturelle française. Ce changement conduit le Secrétariat à revendiquer une plus grande autorité sur ce que produisent les éditions du Parti. Ses résultats sont plutôt négatifs : la diffusion est médiocre, au vu des tirages et des résultats financiers. Le public visé par le Parti communiste, de condition sociale modeste, a des moyens financiers limités. Dans ses pratiques culturelles, la lecture est absente ou peu développée. De surcroît, le discours qui accompagne la diffusion est particulièrement sévère. Le plaisir de lire est absent, il ne s’agit pas de lire pour soi : la lecture sert uniquement à l’action militante. Cette littérature atteint néanmoins en partie ces lecteurs, qui effectuent un tri dans la production éditée par le PCF. Les militants communistes, parmi lesquels les ouvriers sont de plus en plus nombreux, achètent de préférence de la littérature d’agitation, écrite par des auteurs français, sur des thèmes nationaux. La culture communiste française, tout juste bolchévisée, échappe déjà au cadre prévu.
Notes de bas de page
1 Les remises, réservées aux militants et aux organisations, augmentent peu : elles sont de 33 % sur les publications du BEDP et de 25 % sur les autres publications.
2 IML, 273, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
3 Section d’organisation centrale. « Les “devoirs de vacances” du communiste ». L’Humanité, 6 juillet 28, p. 4.
4 C. Horellou-Lafargue et M. Segré. Sociologie de la lecture. La Découverte, 2003, p. 33.
5 J. Fréville. « Une initiative qui marquera ». L’Humanité, 23 octobre 1932, p. 5 ; - J. Guéhénno. « Léon Trotsky ». Europe, 15 octobre 1930, no 94 ; - M.-C. Bardouillet. Op. cit., p. 111-112 ; - P. Ory. Nizan : destin d’un révolté, 1905-1940, 1980, p. 92 ; - [Rapport dact.], C. [Cical], novembre 1931, 495/30/734, RGASPI.
6 [En euros constants] IML, 150, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
7 Diffusion de la littérature communiste, 27 avril 1927, 20010216/47/1258, CAC.
8 C. Massart. « Une tribune de la librairie : développons la Librairie de l’Humanité ». L’Humanité, 16 juillet 1922, p. 2.
9 En euros constants. BEDP, Catalogue, 1931, p. 22. L’Office est composé des abonnements à la Correspondance internationale, aux Cahiers du bolchevisme, à l’Internationale communiste, à la Quinzaine communiste, de tous les livres édités mensuellement par le BE, dans la collection de la « Bibliothèque marxiste », les Œuvres complètes de Marx et de Lénine, et d’autres nouveautés. En 1933, il y aurait un millier d’abonnés : G. Bensan. « Sur la diffusion du livre et de la presse ». Cahiers du bolchevisme, no 9, 1er mai 1934, p. 571-574.
10 En euros constants.
11 Lettre de L. Cical du 16 avril 1929, 495/30/601, RGASPI.
12 La vente se fait aussi en librairie. Lettre de L. Cical du 16 avril 1929, 495/30/601, RGASPI.
13 En euros constants. Circulaire du secrétariat du PCF, 10 mai 1928, aux membres du parti, aux comités de rayons et aux comités régionaux, 495/78/39, RGASPI.
14 H. Lozeray. Rapport sur les Éditions, [1931], IML, 454, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
15 L’auteur fait allusion à la dernière page du quotidien réservé aux encarts publicitaires. Lettre de Koch, 15 février [1935], 495/78/136, RGASPI. Le budget publicitaire représente 3 % du budget total du groupe éditorial du PCF en 1934 : Situation récapitulative, 495/78/136, RGASPI.
16 10 décembre 1930, IML, 444, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
17 Bureau d’éditions. Catalogue. BE, 1931. 64 p. ; - Bureau d’éditions, de diffusion et de publicité. Catalogue. BEDP, janvier 1927, 16 p. ; - Bureau d’éditions, de diffusion et de publicité. Catalogue. BEDP, octobre 1927, 32 p.
18 « Catalogue ». Les Bons Livres. Librairie de l’Humanité, 1922. Non retrouvé.
19 PM. « Relisons nos classiques : la maladie infantile du communisme ». L’Humanité, 29 septembre 1924, p. 3.
20 L’Humanité, 7 novembre 1931 et 28 octobre 1932.
21 Annonces. Bibliographie de la France, no 49, 8 décembre 1933, p. 4310.
22 Traduit par Maurice Parijanine en 1929.
23 Lettre [du SE de l’IC], 10 juillet 1929, 495/78/48-3, RGASPI.
24 Annonces. Bibliographie de la France, 12 juillet 1929, no 28, p. 4135.
25 En euros constants. Centre de Diffusion du Livre et la Presse. Vers une organisation méthodique et systématique de la diffusion. CDLP, [ca1936], p. 5.
26 Henri Lozeray, Rapport sur les éditions, [1931], IML 454, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
27 En euros constants.
28 Henri Lozeray, Rapport sur les Éditions, [1931], IML, 454, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
29 « Ce que disent les délégués à la conférence nationale du parti sur la diffusion de la littérature ». Bulletin de l’Agit-Prop centrale du PCF, no 2, août 1934, p. 16-18.
30 D. Tartakowsky. Les Premiers Communistes français. Op. cit., 1980, p. 154.
31 Plan de travail de la section d’Agit-Prop du CC, 18 novembre 1931, IML 452, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
32 C. S. « Organisons la diffusion de la littérature communiste ». Cahiers du bolchevisme, 15 janvier 1932, no 2, p. 124-127.
33 Lettre du 26 octobre 1929, 495/78/48-3, RGASPI.
34 J.-P. Mazaud. De la librairie au groupe Hachette (1944-1980) : transformations des pratiques dirigeantes dans le livre. Th. de doct. d’histoire, dir. Patrick Fridenson : EHESS, 2002, p. 110.
35 A. Fierro. « Évolution et typologie de la librairie ». Histoire de l’édition français. T. 4 : Le Livre concurrencé, 1900-1950, Paris, Fayard/Cercle de la Librairie, 1991, p. 11-123.
36 M. Puech. Toute l’édition, un hebdomadaire corporatif de l’Entre-deux-guerres, DEA d’histoire, dir. J.-Y. Mollier, université de Versailles– Saint-Quentin-en-Yvelines, 1997, p. 55 ; - J.-P. Mazaud. De la librairie au groupe Hachette (1944-1980). Op. cit., p. 113-114 ; - G. Valois. « La Bataille culturelle ». Les Cahiers bleus, no 118, p. 5-25. Je remercie P. Olivera pour ces renseignements.
37 G. Valois. « Notes sur mes finances de 1878 à 1938 ». La Coopérative culturelle, juillet [1938], no 9, p. 15-16.
38 Registre analytique du Tribunal de commerce de Paris, no 6743, Arch. de Paris.
39 Lettre de la Maison coopérative du livre au BEDP, 22 décembre 1933, Dossier L. Cical, 495/7450, RGASPI.
40 Maertens. Apprenons à lire. L’Humanité, 13 septembre 1932, p. 4.
41 S. Pey. Op. cit., p. 351.
42 Registre analytique du Tribunal de commerce de Paris, no 570-787, Arch. de Paris.
43 Centre de diffusion du Livre et de la Presse et du nommé Bensoussan administrateur-gérant de cet organisme, 23 février 1937, 20010216/47/1258, CAC.
44 Lettre de Lucien Vannier au Secrétariat du PCF, 2 avril 1935, IML 733, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
45 Le nom de « prolipro » est la contraction de « propagande de la littérature et de la presse ouvrière ».
46 La Correspondance internationale [rapport], 15 décembre 1936, 200100216/47/1208, CAC ; - Registre du personnel du CDLP, 1934-1939, Arch. N. Devers-Dreyfus.
47 La Correspondance internationale [rapport], 15 décembre 1936, 200100216/47/1208, CAC.
48 S. Pey. Op. cit, p. 446.
49 G. Bensan. « Sur la diffusion du Livre et de la presse ». Cahiers du Bolchevisme, 1er mai 1934, no 9, p. 571-574.
50 Lettre du CDLP à Laufer, 21 juillet 1936 ; lettre du CDLP à Marrot, 18 février 1937, Fonds CDLP, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
51 Centre de diffusion du livre et de la presse. Catalogue. CDLP, 1933. 96 p.
52 Op. cit., p. 83.
53 G. Bensan. « Sur la diffusion du Livre et de la presse ». Cahiers du Bolchevisme, 1er mai 1934, no 9, p. 571-574.
54 Valeur en euros constant. Centre de Diffusion du Livre et la Presse. Vers une organisation méthodique et systématique de la diffusion. CDLP, [ca 1936], p. 5.
55 Lettre du 9 janvier 1935, du CDLP au Secrétariat, Dossier L. Cical, 495/7450, RGASPI.
56 Lettre de Marceau à la section d’administration, 31 décembre 34, Dossier L. Cical, 495/7450, RGASPI. (en euros constants).
57 Op. cit.
58 J. M. « Les Bibliothèques de cellule ». Bulletin de l’Agit-prop central du PCF, août 1934, no 2, p. 19-20.
59 Lettre de Bertrand au Secrétariat, 4 octobre 34, Dossier Cical, 495/7250, RGASPI.
60 Registre du personnel du CDLP, 1934-1939, Arch. N. Devers-Dreyfus.
61 Décisions du Secrétariat du PCF, 13 février 1934, IML 692, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
62 Circulaire no 35, 11 juin 1925, IML, 66, Arch. du PCF.
63 « Camarade, lis, instruis-toi, si tu veux devenir un véritable bolchévik ». Cahiers du bolchevisme, 1er septembre 1925, no 26, hors texte.
64 L’Humanité, 2 mai 1926, p. 4.
65 Librairie de l’Humanité, 1924, 148 p. (Bibliothèque communiste).
66 PM. « Relisons nos classiques : la maladie infantile du communisme ». L’Humanité, 29 septembre 1924, p. 3.
67 « Un manuel élémentaire du communisme ». L’Humanité, 4 décembre 1929, p. 6.
68 B. Pudal. « Les dirigeants communistes : de “fils du peuple” à “l’instituteur des masses” ». Actes de la recherche en sciences sociales, mars 1988, no 71-72, p. 46-70.
69 Adoratski. « Comment lire le Capital ». Cahiers du bolchevisme, 14 mars 1933, no 6, p. 459-464.
70 J. Fréville. « Que lire en vacances ? » L’Humanité, 4 août 1931, p. 3.
71 C. S. « Organisons la diffusion de la littérature communiste ». Cahiers du bolchevisme, 15 janvier 1932, no 2, p. 124-127.
72 B. Pudal. « Les dirigeants communistes : de “fils du peuple” à “l’instituteur des masses” ». Op. cit.
73 Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l’Internationale ouvrière. Tome I. A. Quillet, 1912, p. 115-117.
74 Procès-verbal du Bureau politique, 26 mars 1923, IML, 45, Fonds PCF, AD Seine-St-Denis.
75 M. Martinet. « Pour une organisation de la culture intellectuelle. V ». L’Humanité, 26 novembre 21, p. 4.
76 G. Tales. « Pour une organisation de la culture communiste : groupes communistes et études sociales ». L’Humanité, 20 novembre 21, p. 4.
77 La Nouvelle Bibliothèque de la Semaille à la Bellevilloise. L’Humanité, 2 octobre 1927, p. 4. Son règlement est contraignant, mais pas plus que les autres bibliothèques populaires de l’époque : « […] l’entrée est gratuite et […] tous nos amis peuvent y étudier à leur gré de 16 à 18 heures et de 20 à 22 heures. Moyennant un droit d’abonnement de 5 francs par an, ils pourront encore emporter chez eux les livres choisis sur le catalogue. » ; - C. Demeulenaere-douyère. « Des sardines Suzette au château d’Automne : les œuvres sociales de la Bellevilloise ». La Bellevilloise (1877-1939) : une page d’histoire de la coopération et du mouvement ouvrier français. Creaphis, 2001, p. 139-158.
78 « Catalogue », Cahiers du bolchevisme, 15 septembre 1925, no 27, hors texte.
79 « Sous-Section des éditions ». Bulletin d’information, 25 juin 1925, no 1, p. 13-14.
80 « Camarade, lis, instruis-toi, si tu veux devenir un véritable bolchévik ». Cahiers du bolchevisme, 1er septembre 1925, no 26, hors texte.
81 « Le Travail d’éducation dans les cellules ». L’Humanité, 5 juin 1922, p. 5.
82 J. Fréville. « Une initiative qui marquera ». L’Humanité, 23 octobre 1932, p. 5.
83 Association des bibliothèques prolétariennes (ABP). « Chronique de bibliothèques ». Le Prolipro, propagandiste de la littérature et de la presse ouvrières, avril 1933, no 1, p. 11.
84 « Comment organiser une bibliothèque syndicale ? » Le Prolipro, propagandiste de la littérature et de la presse ouvrières, octobre 1933, no 4, p. 9-12.
85 Bureau central d’éducation. « Le coin d’éducation léniniste ». L’Humanité, 21 janvier 1928, p. 4.
86 C. Horellou-Lafargue, et M. Segré. Op. cit., p. 73-75.
87 C. Pennetier et B. Pudal. « La certification scolaire communiste dans les années trente ». Politix, 1996, no 35, p. 69-88.
88 P. Bourdieu et R. Chartier. « La Lecture : une pratique culturelle ». Pratique de la lecture. Rivages, 1985, p. 231.
89 C. Pennetier et B. Pudal. « La certification scolaire communiste dans les années trente ». Op. cit., p. 69-88.
90 H. Barbusse. « Les Maladies de la littérature actuelle ». L’Humanité, 14 juillet 1926, p. 4.
91 V. Crastre. « Le romantisme : Librairie Hachette Encyclopédie par l’Image ». L’Humanité, 22 avril 1926, p. 4.
92 V. Méric. « La bonne publicité ». L’Humanité, 7 janvier 1922, p. 1 ; - F. Supplisson. La Promotion du livre par la presse dans les années vingt : critique et publicité littéraire. Maîtrise d’histoire, dir. M. Martin et A. Plessis : université Paris-X– Nanterre, 1992, p. 32.
93 « Le prix Goncourt est décerné aujourd’hui ». L’Humanité. 10 décembre 1924, p. 2 ; - G. Altman. « Quatre romans ». L’Humanité, 10 décembre 1928, p. 4.
94 F. Roubiner. « Le banditisme politique dans la littérature ». Commune, no 5-6, janvier-février, p. 654-655 ; - Id. Littérature internationale, no 1, 1934, p. 168.
95 « Résolution sur les questions de la littérature prolétarienne et révolutionnaire en France ». Internationale communiste, 1931, p. 102-106.
96 M.-C. Lavabre et M. Lazar. « Se rassembler à sa ressemblance. Lecture de quelques récits autobiographiques », 1981-1983. Communisme, 1983, no 4, p. 114-120 ; - J. Vigreux. Waldeck Rochet. La Dispute, 2000, p. 23-24 ; - B. Pudal. « Les dirigeants communistes : de “fils du peuple” à “l’instituteur des masses” ». Op. cit.
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