1 L’on pense ici aux études « critiques » pionnières effectuées dans les années 1960 en France : cf. Bourdieu P. et Passeron J. -C., Les Héritiers, Paris, éd. Minuit, 1964 ou encore Bourdieu P. et Passeron J. -C., La reproduction, Paris, éd. Minuit, 1970 ; voir aussi Baudelot C. et Establet R., L’école capitaliste en France, Paris, éd. Maspero, 1971. Pour les critiques ultérieures à ces travaux, voir Boudon R. L’inégalité des chances. La mobilité sociale dans les sociétés industrielles, Paris, éd. Hachette, 1973.
2 Plusieurs sociologues évoquent un phénomène d’euphémisation et de déni des classes sociales dans les sciences sociales, comme on va le voir au chapitre 1.
3 Les cas de « réussite scolaire » en milieu populaire sont par exemple soulignés dans un article de Zeroulou Z., « La réussite scolaire des enfants d’immigrés. L’apport d’une approche en terme de mobilisation », Revue française de sociologie, 29, 1988, p. 447-470 ; J. -P. Terrail fait de même dans le chapitre « L’issue scolaire : de quelques histoires de transfuges », Destins ouvriers : la fin d’une classe ?, Paris, PUF, 1990, p. 223-258. On peut encore citer à ce sujet le travail de Lahire B., Portraits de familles : heurs et malheurs scolaires en milieux populaires, Paris, éd. Gallimard/Le Seuil, 1995.
4 Cf. Hutmacher W., Quand la réalité résiste à lutte contre l’échec scolaire. Analyse du redoublement dans l’enseignement primaire genevois, Cahier n° 36, Genève, Service de la recherche sociologique, 1993. L’auteur note également dans les années 1990 que les débats sociaux et politiques semblent avoir mis une sourdine au thème de l’inégalité sociale devant l’école et l’inégalité en général.
5 L’on pense ici aux recherches de Duru-Bellat M., Jarousse J. -P. et Mingat A., « Les scolarités de la maternelle au lycée », Revue française de sociologie, volume XXXIV ; 1993, p. 43-60 ; ou encore de Dubet F. et Duru-Bellat M., L’hypocrisie scolaire. Pour un collège enfin démocratique, Paris, Le Seuil, 2000 sans oublier le travail de Terrail J. -P., De l’inégalité scolaire, Paris, éd. La Dispute, 2002.
6 La recherche de Thin D., Quartiers populaires. L’école et les familles, Lyon, PUL entreprend en effet de décrire les modes de socialisation et certains traits des modes de vie des classes populaires tout en les confrontant au mode scolaire de socialisation.
7 Cf. par exemple Tedesco E., Des familles parlent de l’école, Belgique, éd. Casterman, 1979 ; Testanière J., Les enfants des milieux populaires et l’école. Une pédagogie populaire est-elle possible ?, Thèse de doctorat, Paris IV, Université La Sorbonne, 1980 ; ou encore de Périer P., École et familles populaires, sociologie d’un différend, Rennes, PUR, 2005. Ces auteurs ne décrivent que le rapport aux devoirs, aux enseignants ainsi que les aspirations scolaires en milieu populaire.
8 Sur les 20 enseignant-e-s travaillant à l’école des Bains que nous avons côtoyé-e-s régulièrement durant notre recherche ethnographique, l’on compte seulement 2 hommes (cela reste vrai également si l’on tient compte des autres enseignantes interviewées et travaillant dans une autre école du quartier de l’Étoile). Nous avons donc décidé d’indiquer à chaque fois le terme enseignant au féminin sauf dans les cas où référence explicite était faite à un enseignant masculin. En fait, les statistiques disponibles pour Genève indiquent une très forte féminisation du monde enseignant à l’école primaire. En effet, près de 84 % des enseignant-e-s du primaire sont des femmes (cf. L’enseignement à Genève, Ensemble d’indicateurs du système genevois d’enseignement et de formation, SRED, éd. 2009, p. 47).
9 Nous utiliserons le terme d’agent scolaire pour parler de l’ensemble des professionnels qui travaillent ponctuellement ou plus régulièrement au sein de l’établissement scolaire : outre les enseignantes qui s’y rendent tous les jours, il faut encore mentionner le travailleur social chargé de faire le lien entre les institutrices et les familles, les infirmières scolaires qui ont une antenne dans l’école ou encore les psychologues du service médico-pédagogique qui ont une permanence d’écoute en cas de problème enseignant au sein de l’établissement.
10 Rares sont en effet les travaux à caractère monographique qui se sont intéressés à pénétrer au sein même des établissements pour en comprendre le fonctionnement (mis à part, semble-t-il, les travaux de Masson P., Les coulisses d’un lycée ordinaire, Paris, PUF, 1999 ; et de Van Zanten A., L’école de la périphérie. Scolarité et ségrégation en banlieue, Paris, PUF, 2001) et surtout pour confronter le point de vue des enseignantes à celui des parents en faisant « se croiser les regards » au guichet (en classe, en réunion des parents). En Suisse, à Genève, de telles recherches ethnographiques, qui, de surcroît donnent la parole aux familles des classes populaires sur la thématique de l’école de manière qualitative, n’existent pas.
11 Cf. Ariès P., L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Paris, Le Seuil, 1973. L’auteur parle à ce propos du maintien au sein des classes populaires d’une absence de sentiment de l’enfance durant tout le XIXe siècle, sentiment de l’enfance qui a d’abord émergé dans les classes bourgeoises.
12 Pour la France, voir les travaux de Thin, op. cit. et de Périer op. cit. En Suisse et à Genève, aucune recherche récente n’a été réalisée sur le développement du partenariat « famille-école » dans une perspective critique. Les uniques travaux sur cette question sont plutôt de l’ordre de la recherche-action et cherchent à évaluer les dispositifs scolaires (cf. Jaeggi J. -M. et Osiek F., Extension du réseau d’enseignement prioritaire à six nouvelles écoles genevoises. Deuxième rapport intermédiaire, Genève, SRED, 2008).