• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15381 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15381 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Newsletter
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses universitaires de Rennes
  • ›
  • Histoire
  • ›
  • Mouvements ouvriers et crise industriell...
  • ›
  • Déclin industriel et résistances ouvrièr...
  • Presses universitaires de Rennes
  • Presses universitaires de Rennes
    Presses universitaires de Rennes
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Crise industrielle et politique de reconversion Les conflits sociaux issus de la désindustrialisation Des expériences et des identités ouvrières Les bases de la résistance Le paysage social aujourd’hui Notes de bas de page Auteur

    Mouvements ouvriers et crise industrielle

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Déclin industriel et résistances ouvrières dans les Asturies depuis les années 1970

    Rubén Vega Garcia

    Traduit par Laurent Jalabert

    p. 67-83

    Texte intégral Crise industrielle et politique de reconversion Les conflits sociaux issus de la désindustrialisation Des expériences et des identités ouvrières Les mineurs Les ouvriers de la sidérurgie Les chantiers navals Élargir la mobilisation Les bases de la résistance Le paysage social aujourd’hui Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Les Asturies1, depuis le début du XXe, avec la Catalogne et le Pays basque, ont été l’une des régions les plus industrielles d’Espagne, l’une de celles dans lesquelles les mouvements ouvriers ont été les plus importants. Peu diversifiée, l’industrie asturienne repose sur l’exploitation des mines de charbon et la métallurgie. C’est autour de ces secteurs que s’est effectué le peuplement de la région, mais aussi l’ensemble de l’organisation sociale. Les conflits sociaux et politiques y sont aussi liés. L’image des Asturies est restée associée à celle de « la forteresse ouvrière » depuis la révolte des mineurs en 1934, véritable soulèvement révolutionnaire devenu l’événement de référence pour toute l’opposition à l’époque du régime franquiste2.

    2En raison de cette puissance du mouvement ouvrier, quand les industries traditionnelles montrèrent les premiers symptômes de leur affaiblissement, l’État assuma les pertes du capital privé par une politique de nationalisation, allant jusqu’à se transformer en principal chef d’entreprise de la région notamment pour l’industrie minière du charbon (création de HUNOSA, en 1967) et pour la sidérurgie (l’UNINSA devient l’ENSIDESA en 1973). Dès lors, quand se font sentir les effets de la crise internationale en 1973, l’emploi dans le secteur public industriel concerne plus de 50 000 travailleurs, ce qui représente autour d’un tiers de l’emploi industriel et 12 % du total régional. Au fur et à mesure que l’impact de la crise se traduit par des fermetures d’entreprises et des destructions d’emplois dans le secteur privé, la permanence de l’industrie publique a garanti l’emploi industriel des incidences des jeux du marché. Son poids a même continué à augmenter de manière tardive, jusqu’à ce que le gouvernement se lance dans une politique de restructuration. La division entre entreprises publiques et privées est une clef essentielle pour expliquer les processus de reconversion industrielle depuis plus de vingt ans dans la région.

    3L’implication directe de l’État dans des secteurs où il existait une longue tradition de lutte ouvrière ajoute une dimension politique aux conflits. Elle offre des conditions plus favorables pour les travailleurs qui perdent leur travail. Dans le secteur privé, les circonstances sont plus défavorables. Plus rarement cependant, notamment dans le textile ou la construction navale, des plans de reconversion incluent des mesures sociales qui assouplissent l’ampleur de la crise (indemnisations pour licenciements, accroissement de la protection sociale en cas de chômage, retraites anticipées, replacements dans d’autres entreprises…). La portée de ces mesures est cependant très inégale et répond en réalité presque exclusivement à la pression exercée par les salariés, soit parce qu’ils ont anticipé les phénomènes, soit car ils obtiennent des mesures d’aide au cours de mobilisations. La force des syndicats et leur combativité dans les luttes ont été des facteurs déterminants pour la survie de certaines entreprises dont la viabilité économique était douteuse.

    4Globalement, les problèmes dont souffrent les Asturies à la fin du XXe siècle correspondent à une crise des industries traditionnelles (mines, sidérurgie, construction navale…), aggravée par un contexte qui coïncide avec l’ouverture de l’Espagne aux marchés mondiaux et à son intégration dans l’espace européen. Si les effets sociaux ont été retardés ou amortis initialement par la présence des grandes entreprises publiques et par le rôle des syndicats, à long terme ceux-ci sont bien plus profonds, même si de nombreux fonds publics destinés à la réalisation de nouvelles infrastructures, à des plans de relance ou à des aides sociales (sous la forme de préretraite) sont injectés dans les circuits économiques3.

    Crise industrielle et politique de reconversion

    5À la fin des années 1970, en raison des difficultés posées par la sortie de la dictature, mais aussi de par la faiblesse des gouvernements centristes, notamment face au mouvement ouvrier, les politiques de reconversion industrielle sont systématiquement repoussées. Les fermetures et les pertes d’emploi se succèdent sans qu’il n’existe aucune réponse venue de gouvernements englués dans des querelles politiciennes. C’est l’accumulation de déficits, mais aussi les exigences posées par la négociation de l’entrée de l’Espagne dans la Communauté européenne, qui obligent le pouvoir à affronter les diverses crises sectorielles. Malgré l’existence de quelques plans, rarement appliqués, c’est le gouvernement socialiste, vainqueur des élections législatives de 1982, qui mènera une vraie politique de suppression d’emplois dans les industries les plus touchées. La collaboration de l’un des deux syndicats majoritaires (UGT, socialiste) à cette politique ne s’avère pas suffisante pour neutraliser une « résistance ouvrière » croissante qui donna lieu à des confrontations dures dans les rues entre des travailleurs et des policiers, ainsi qu’à des mobilisations de citoyens de grande ampleur. Des grèves générales de 24 heures ont même lieu dans quelques-unes des zones les plus touchées.

    6Les Asturies constituent un bel exemple de cette situation : sidérurgie, construction navale et textile sont soumis à des fermetures de sites et des licenciements massifs, tandis que l’industrie minière parvient à retarder son déclin. L’économie asturienne reste donc artificiellement protégée des effets sociaux les plus durs de la crise. Malgré des pertes croissantes, les entreprises publiques maintiennent en effet leur activité économique et amortissent un taux de chômage qui ne cesse pas de croître, même s’il est maintenu sous la moyenne nationale jusqu’au milieu des années 1980. Les problèmes se concentrent dans les PME dans les secteurs du textile, les verreries, la céramique… où des conflits fréquents pour la défense de l’emploi se développent. Les taux d’activité dans ces secteurs sont alors extraordinairement faibles, ce qui crée des difficultés sur le marché du travail pour les jeunes et les femmes, sans compter ceux qui perdent leur emploi et deviennent chômeurs de longue durée.

    7Dans la première moitié des années 1980, les processus de reconversion industrielle négociés deviennent le pivot de la politique économique du gouvernement, ce qui génère des conflits sociaux. Chez HUNOSA (charbon), un premier Plan triennal (1981-1983), appelé « plan de reconversion », a été suivi par d’autres (1984-1986 et 1987-1990). Mais la restructuration effective de l’industrie minière sera repoussée jusqu’à la décennie suivante. Chez ENSIDESA (sidérurgie), les premières opérations conduisent à la fermeture des installations les plus vétustes, ce qui provoque la perte de milliers d’emplois à partir de 1984. En même temps, le secteur naval, en déclin depuis les années 1970, voit sa capacité productive et son volume d’emploi se réduire. On assiste à la fermeture de trois usines dans la baie de Gijon. À son tour, la plus grande entreprise textile de la région (Confections Gijon), qui a survécu à la difficile conjoncture de la fin des années 1970, époque où ont disparu bien de ses concurrents de petite taille, voit sa situation se détériorer régulièrement jusqu’à sa fermeture en 1989. Dans leur ensemble, les diverses reconversions industrielles entreprises dans la première moitié des années 1980 conduisent au terme de leur exécution à une perte de 16 700 postes de travail directs, et 29 645 si on inclut l’emploi induit. L’impact s’avère très supérieur à celui initialement prévu et fait des Asturies la Communauté autonome la plus touchée par les politiques de reconversion. Le bilan de la période 1978-1985 fait apparaître une perte de plus de 40 000 emplois industriels4.

    8L’industrie minière du charbon, située complètement à la marge du marché grâce aux subventions publiques, reste préservée, malgré ses nombreuses pertes financières. La relative souplesse de la Communauté européenne, le poids des syndicats qui refusent toute négociation et la menace de mobilisations massives par les mineurs asturiens expliquent que les restructurations attendues soient différées. Le phénomène se maintient jusqu’au début des années 1990. Le plan de reconversion de l’industrie minière coïncide alors avec le second plan de la sidérurgie, mais aussi avec une crise généralisée dans d’autres secteurs productifs. À partir de 1991, le démantèlement industriel des Asturies s’accentue. La région est plongée dans une crise généralisée qui affecte en même temps que l’industrie minière, la sidérurgie, la construction navale, les industries d’armement, l’aluminium, les industries chimiques (engrais), l’agriculture et la pêche. 30 000 emplois disparaissent. Dans l’industrie, entre 1990 et 1994, 21 066 à 24 800 emplois sont perdus selon les sources5. À ces dates, l’industrie minière perd quelque 6 500 emplois : fermetures de puits et réductions de personnel se succèdent.

    9Les plans de relance économique n’ont qu’une capacité très faible pour régénérer le tissu économique. Les aides de l’État se concentrent surtout sur les retraites et préretraites, subventions qui cherchent à éviter des tensions sociales et une détérioration plus profonde du climat social dans le but d’éviter des phénomènes de marginalisation ou de délinquance. Le mouvement ouvrier ne peut donc empêcher une désindustrialisation régionale importante, même s’il obtient des fonds publics qui atténuent ses effets sociaux immédiats. L’intervention de l’État est restée minimale, ce dernier se contentant de jouer le rôle de régulateur des restructurations du secteur industriel. Elle a répondu à une logique centrée sur des réductions de la capacité productive, que devaient compenser des aides sociales minimes. La perspective engagée vise donc plus à la fermeture à long terme des sites de production qu’à la modernisation de ceux-ci ou à leur survie. À la seule exception de la sidérurgie, qui a bénéficié à cette époque d’importants investissements et d’un assainissement financier, avant que l’État ne procède à sa privatisation, les autres secteurs n’ont pu éviter la question de leur viabilité.

    10La réduction de l’emploi concerne d’abord le secteur public dont le poids a radicalement diminué suite à la privatisation de la sidérurgie et des chantiers navals établis à Gijon. En parallèle, les chefs d’entreprises ont profité des politiques de reconversion pour se défaire des excédents de main-d’œuvre. En rendant responsable le pouvoir politique des politiques de reconversion, ils ont ainsi déplacé les pressions des travailleurs vers la sphère politique tout en profitant des fonds débloqués pour l’accompagnement social de la crise. L’intérêt du patronat au maintien de l’activité dans des secteurs en crise s’est avéré très faible, de sorte que les fermetures d’usines et l’absence d’investissements ont constitué les caractères dominants de l’industrie navale et du textile. Quant à l’arrivée de nouveaux capitaux dans la sidérurgie, la privatisation a été seulement accompagnée d’un projet qui pariait sur la modernisation productive, avec un plan d’investissements en accord avec cet objectif. La reprise des chantiers navals par le secteur privé n’a conduit qu’à la requalification des terrains industriels pour la construction de logements en bords de mer, signifiant la mort du secteur.

    11Bien que les mobilisations du début des années 1990, notamment une grève générale, aient réclamé une prise en compte globale de la crise régionale, celle-ci a été toujours abordée par un traitement sectoriel et fragmenté, qui ne tenait pas compte de son impact territorial. Les plans de relance économique et les fonds qui y ont été consacrés n’ont pas été guidés par une stratégie constante, ce qui a réduit leur efficacité. Les pressions ouvrières et les mobilisations des citoyens qui les accompagnaient ont pourtant forcé l’État à drainer vers les Asturies, tant des subventions sociales que des aides pour l’investissement et la construction de nouvelles infrastructures. Mais une fois les premières protestations passées, les rivalités politiques locales sont revenues au premier plan, en ôtant par là même encore plus d’efficacité aux ressources disponibles. Depuis cette époque, l’économie asturienne connaît des taux de croissance inférieurs à la moyenne nationale et des faiblesses structurelles persistantes. Les conséquences sont d’ordre démographique, avec des taux de natalité extraordinairement faibles, des soldes migratoires négatifs et une tendance légère à la perte de population : 1 129 556 habitants au recensement de 1981, 1 075 329 en 2001.

    12La désindustrialisation a conduit à redessiner l’économie asturienne. Le poids de l’industrie y est réduit de moitié : de 116 960 emplois (31,6 %) en 1980, on passe à 61 745 (16,8 %) en 2000. Le retrait de l’État (55 000 emplois du secteur nationalisé ont disparu entre 1980 et 1993) est particulièrement marqué au moment où intervient la seconde reconversion sidérurgique et où celle du charbon est déjà entamée. Dans les années suivantes, le processus se poursuit avec de nouvelles réductions d’emplois et des privatisations dans la sidérurgie (1997), l’aluminium (1998), l’armement (2001), les chantiers navals (2006) et l’industrie minière, qui passe sous la barre des 3 000 travailleurs en 2007. Quant aux entreprises privatisées incluses dans les programmes de reconversion, nombreuses sont celles qui ont fermé leur porte : le chantier naval « Cantabrique et Rirait » en 1985 ; l’usine « Gijon textile Confections » en 1989 et « Naval » en 2009. Ce dernier chantier naval se trouve actuellement en cessation de paiements après trois années de gestion désastreuse. Seule Aceralia, intégrée dans un grand groupe sidérurgique international (ARBED initialement, Arcelor-Mittal actuellement), maintient des standards de compétitivité acceptables, bien que la crise mondiale de 2008 fasse apparaître aussi des ombres d’incertitudes sur son futur.

    Les conflits sociaux issus de la désindustrialisation

    13Les politiques de restructuration des secteurs et des entreprises en crise ont été dans les Asturies largement liées à la capacité de mobilisation que pouvaient exprimer des salariés, qui ont bénéficié d’un soutien large de la société civile comme de la classe politique. Bien que le processus soit apparu inexorable, c’est bien la pression exercée par les mouvements sociaux qui permet d’expliquer le caractère différé de certaines reconversions, la survie de certaines entreprises, voire l’ampleur des compensations offertes aux travailleurs licenciés.

    14Les conflits pour défendre l’emploi industriel dans ces entreprises en crise se sont donc succédés depuis la fin des années 1970 avec pour arrière-fond la crainte d’un futur incertain qu’annonçaient les fermetures de sites industriels. Cela a donné lieu à des mobilisations citoyennes, surtout dans les bassins miniers et à Gijon. En janvier 1983, alors que vient de se former le nouveau gouvernement socialiste, la convergence de divers conflits provoque l’appel à une grève générale de 24 heures à Gijon, qui paralyse complètement non seulement l’activité productive, mais la vie des citoyens. Dans une ville privée de tout trafic, les rues ne se remplissent que pour le défilé de la plus grande manifestation de leur histoire. Elles deviennent le théâtre d’un malaise partagé. Même si l’unité syndicale est moins présente dans les années suivantes, les manifestations sont innombrables et de nouvelles grèves générales ont lieu6.

    15Malgré leur intensité et le vaste soutien social qu’elles trouvent, ces mobilisations ouvrières des premières années n’empêchent pas les divisions syndicales ou politiques. La réponse des syndicats majoritaires oscille entre l’acceptation (UGT) des politiques de reconversion et l’opposition frontale (CC.OO.). Les syndicats minoritaires sont sur la même ligne. Aux moments les plus critiques cependant, les syndicats sont débordés.

    16Les plus actifs ont été les ouvriers de la sidérurgie et ceux des chantiers navals qui, entre 1983 et 1985, mènent des mobilisations constantes. Gijon est paralysée par quatre grèves générales. Les réductions d’effectifs et la fermeture de plusieurs chantiers navals ne peuvent pas être évitées, mais les conditions initialement offertes aux travailleurs licenciés (ceux qui ne bénéficient des procédures de retraites anticipées) sont améliorées de manière substantielle par rapport aux prestations chômage, aux garanties de reclassement… À partir de 1985 cependant, le chantier de Gijon Naval reste soumis à une perpétuelle menace de fermeture et demeure un foyer conflictuel permanent. Les mobilisations deviennent plus radicales : barricades de pneus enflammés, barrages routiers, confrontations avec la police… Cela ne provoque pas pour autant l’essoufflement du soutien de la population. Cette stratégie d’action collective vise à exercer une pression politique constante qui, pour l’essentiel, répondait à des méthodes issues de la lutte antifranquiste. Ces militants obtiennent la survie de leur entreprise, imposent même des changements dans la direction et dans l’actionnariat des sociétés concernées et parviennent à impliquer dans les conflits les institutions autonomes (gouvernement régional) et locales (municipalité). Des approches semblables, mobilisation radicale et recherche de médiations politiques, se retrouvent dans les luttes des ouvrières de « Confections Gijon ». Malgré le retrait du propriétaire, celles-ci obtiennent que le gouvernement régional s’implique dans un « plan textile » pour la survie de l’entreprise (plan qui échoua). Ces femmes poursuivent l’occupation des installations pendant quatre ans, réclamant toujours la reprise des activités. Cette ténacité dans les luttes explique certainement les mesures sociales relativement larges obtenues par les salariés. Un syndicat minoritaire, la CSI, particulièrement bien implantée dans les deux secteurs, y joue un rôle premier7.

    17L’industrie minière quant à elle conserve plus de 22 000 travailleurs en 1981 malgré des pertes croissantes depuis 1967. Sa survie est liée aux deux chocs pétroliers, l’État comme les collectivités locales la considérant comme une ressource énergétique de substitution à préserver. Les procédures de réduction d’effectifs sont donc négociées selon des plans de reconversion lents à cette époque, qui passent le plus souvent par des mesures sociales de départ en retraite anticipé. Cela n’empêche cependant pas des mobilisations croissantes, particulièrement intenses en 1984 et 1987. Le maintien d’une activité à perte jusqu’au début de la décennie suivante s’explique donc à la fois par le caractère public de l’entreprise HUNOSA, mais aussi par le poids des syndicats.

    18La restructuration de l’industrie minière coïncide avec une recrudescence de la crise asturienne à partir de 1991. La sidérurgie est l’objet d’une seconde phase de reconversion, et pour la première fois, se pose la question de la fermeture de puits de mine. La réaction des syndicats, unanimes et forts du soutien de la société civile, se traduit par une vaste grève générale dans toute la région. Le conflit est médiatisé, avec la séquestration pendant les fêtes de Noël en 1991 de dirigeants dans un puits de mine, ou encore l’organisation d’une marche de plusieurs centaines de travailleurs de la sidérurgie vers Madrid. Pour autant, les négociations ne débouchent que sur des mesures proches de celles de 1985 : politiques de subventions pour de nouveaux investissements, plans sectoriels… Aucune solution globale n’est envisagée à l’échelle régionale. Certaines mesures sociales restent cependant favorables pour les mineurs qui bénéficient de retraites anticipées et maintiennent leur pouvoir d’achat.

    19De problèmes plus sérieux se posent cependant assez vite pour les jeunes particulièrement touchés par le chômage. À partir de 1992, l’industrie minière entre dans un lent processus d’extinction (de plus de 18 000 salariés à moins de 3 000 actuellement). La sidérurgie, une fois assainie, est privatisée, vendue à la société luxembourgeoise l’ARBED. Le secteur industriel ne représente plus que 20 % de l’emploi régional. La puissance des syndicats s’est déliée, même si elle reste encore plus forte que dans le reste de l’Espagne. Les cultures ouvrières changent brutalement, notamment en raison du chômage des jeunes et du départ en retraite ou en préretraite de nombreux militants syndicaux. Les quelques conflits partiels qui ont eu lieu ces dernières années ont permis de sauvegarder des emplois menacés (« Metalúrgicos de Duro-Felguera » et « Gijon Naval »), mais le contexte social et politique se dégrade considérablement, les conflits perdant leur caractère global et devenant plus isolés.

    20En définitive, pendant plus de vingt ans, les mineurs, les ouvriers de la sidérurgie et des chantiers navals ont montré une grande force de mobilisation face aux effets sociaux de la crise industrielle. Ces secteurs, les plus homogènes, étaient aussi socialement les plus intégrés, et disposaient enfin de syndicats très organisés. Ils ont pu ainsi exercer une pression politique qui a permis de différer les restructurations et d’en anesthésier les conséquences les plus traumatiques pour les salariés (préretraites, hausse des prestations au départ, reclassements, etc.). En outre, les mobilisations ont facilité la venue de fonds publics visant à compenser les fermetures de sites industriels (construction de nouvelles infrastructures, aides à la création d’emploi). Ainsi, la stratégie syndicale a permis d’amortir les effets les plus directs de la crise, à défaut d’empêcher un processus de désindustrialisation dont la logique lui échappait.

    Des expériences et des identités ouvrières

    21Le dénominateur commun que partagent les trois secteurs (construction navale, sidérurgie et mine) dans ces luttes sociales renvoie à la mémoire collective des expériences du même type accumulées dans le passé. Celui-ci explique largement la cohésion des groupes en lutte et constitue un important atout pour la défense des intérêts collectifs. Les mineurs partagent un passé comme groupe social et cultivent une conscience active de leurs luttes historiques qu’ils utilisent comme un argument politique particulièrement efficace. Les ouvriers de la sidérurgie n’ont pas ce même passé commun en raison de leurs origines diverses : salariés asturiens provenant d’entreprises privées dans lesquelles le mouvement ouvrier a bénéficié d’une implantation solide et immigrants venus élargir le personnel d’une entreprise publique soumise à de vifs contrôles, n’ont pas toujours fait preuve de la même fermeté dans la négociation. Même si les restructurations ont conduit à la concentration des ouvriers dans une même entreprise, la présence de deux sites industriels, Gijon et Avilés, aux réalités socio-politiques différentes ont affaibli leur lien avec l’environnement social. Pour leur part, les travailleurs des chantiers navals ne disposent pas d’un enracinement qui puisse faciliter une cohésion identitaire aussi forte que les mineurs, le développement du secteur n’ayant pas été très important jusqu’aux années 1960-1970. Pour autant, le souvenir des luttes sociales menées dans ces années se révéle décisif pour expliquer leur extraordinaire capacité de résistance. Ces expériences accumulées, la cohésion interne des groupes et les sympathies et les appuis qu’ils sont capables d’attirer s’avèrent déterminants. Quand les conflits se prolongent dans le temps, ils se transforment en phénomène de « résistance ». Dans de tels cas, la capacité de lutte dépend de facteurs subjectifs. Même si, parfois, les personnels se divisaient (chantiers naval ou textile), les noyaux les plus combatifs ont été capables de soutenir des conflits prolongés sans perdre l’appui de la population. Dans le cas extrême de l’entreprise métallurgique Duro-Felguera, des militants licenciés ont pu retrouver un emploi après avoir déplacé la question vers la scène politique8.

    Les mineurs

    22Mais ce sont bien les mineurs qui de par leur passé révolutionnaire et leur capacité d’opposition au franquisme, se sont fait craindre par les gouvernements successifs. S’appuyant sur des organisations syndicales puissantes (des taux d’affiliation autour de 90 %), ils ont influencé non seulement les pouvoirs municipaux, mais aussi le gouvernement autonome et la direction régionale du parti socialiste. Dans ces conditions, les données économiques deviennent secondaires. Le secteur, bien que déficitaire, reste protégé. Les mineurs obtiennent même que leur activité ne soit pas concernée par les négociations pour l’entrée de l’Espagne dans la Communauté européenne. Cette influence politique leur permet de gagner du temps, même si en 1987 le gouvernement essaye pour la première fois de restructurer l’entreprise publique HUNOSA. Il se trouve confronté à une réaction vigoureuse des mineurs pendant des mois. En 1991, le second plan de réduction des personnels permet aux mineurs de quitter l’entreprise dans de meilleures conditions que celles obtenues par tout autre secteur reconverti : réduction de personnel sur la base exclusive de retraites anticipées, aucun licenciement, maintien du pouvoir d’achat pour les salariés. Il est vrai que les fortes mobilisations s’appuient sur un soutien important de la société civile et que l’impact qu’a eu l’action des mineurs sur les autres secteurs est perçu comme une menace politique.

    Les ouvriers de la sidérurgie

    23Les sidérurgistes asturiens ont quant à eux des traditions fort différentes dans les deux usines qui restent en fonctionnement. Ceux de Gijon maintiennent les traditions combatives des anciennes entreprises privées où, depuis les premières décennies du siècle, ils ont repris les modes de lutte des organisations socialistes, communistes et anarcho-syndicalistes. Au contraire, ceux d’Avilés appartiennent à une grande entreprise publique qui, depuis sa création dans les années 1950, a suscité une gestion paternaliste visant à limiter les conflits de travail. Au moment d’affronter la reconversion, le mouvement syndical est marqué par cette dualité, ôtant ainsi de la force aux mobilisations ouvrières9. De plus, avant d’être menacés par la crise profonde de leur activité, les ouvriers de la sidérurgie asturienne ont bénéficié d’une longue période où ils jouissaient de salaires importants et de conditions avantageuses qui les transformaient en une espèce d’aristocratie ouvrière. Ce fait a contribué à renforcer un isolement social que la direction de l’entreprise cultivait de manière consciente. Cela a nourri une image négative de travailleurs privilégiés et faiblement solidaires des autres secteurs. Quand les incertitudes ont plané sur le futur de la sidérurgie, son poids fut tel dans l’économie asturienne qu’il permît l’émergence d’un slogan politique unanime : « sauver ENSIDESA, c’est sauver les Asturies ». Mais, les mobilisations dans la sidérurgie ne bénéficièrent pas de retombées sociales comparables à celles obtenues par les mineurs10.

    Les chantiers navals

    24Les travailleurs de la construction navale appartiennent à des entreprises moyennes (de plusieurs centaines de travailleurs), trois relevant du capital privé, la dernière étant un chantier naval public. Jusqu’aux années 1960, le secteur se caractérise par des formes de production encore artisanales dans des petits centres de travail. À partir de cette époque, la hausse de la demande entraîne une modernisation du secteur : mécanisation des processus de production, nombreuses embauches, etc. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, apparaissent conjointement dans le secteur naval des luttes politiques pour la démocratisation du pays, et des revendications sociales (hausse des salaires par exemple) liées à une conjoncture favorable. Ces expériences accumulées durant les années 1970 forgent une cohésion interne du mouvement ouvrier qui s’avéra décisive pour affronter la restructuration de la décennie suivante. Jeunes et syndicalistes socialement bien intégrés, disposant d’une mémoire de luttes récentes victorieuse, habitués à des actions collectives efficaces (assemblées générales, actions de rue…) surent défendre leurs emplois et la survie des entreprises11.

    Élargir la mobilisation

    25Le succès des mobilisations ne résulte pas seulement de leur ampleur, mais davantage des appuis qu’elles trouvent dans la société. Depuis la fin des années 1970, il est apparu vital pour l’économie asturienne de défendre certains secteurs. La sidérurgie a été ici décisive. La première grande manifestation de ce type a lieu en 1978. La devise « Sauver ENSIDESA, c’est sauver les Asturies » apparaît déjà. Les mineurs n’ont pas eu besoin d’insister sur les conséquences dévastatrices que la fermeture de HUNOSA pouvait avoir pour l’ensemble des équilibres sociaux. Quant aux travailleurs de chantiers navals, dont le poids numérique était inférieur, ils ont redoublé leurs efforts pour expliquer leur activité et l’emploi induit qu’elle générait. Cet effort de conscientisation a permis d’éviter leur isolement et facilité leur influence vers la sphère politique.

    26Les actions radicales n’apparaissent donc plus alors comme des obstacles insurmontables, pourvu qu’elles soient combinées avec des actions à caractère plus vaste au service d’objectifs légitimes comme la défense de l’emploi et le maintien du tissu économique régional. Le refus d’accepter la logique du marché, particulièrement présent dans les attitudes des mineurs et des ouvriers de la construction navale, est compensé par des arguments qui répondent à une logique d’« économie morale ». Pour les mineurs, l’idée-force est celle d’une « supposée dette historique » que le pays dans son entier a contractée avec les travailleurs qui extrayaient le charbon dans des conditions difficiles quand il était la principale source d’énergie. La répression qu’ils ont subie, la militarisation du secteur, les maladies professionnelles contractées… se transforment en un « impôt du sacrifice rendu » au moment où le charbon a cessé d’être prioritaire. La lutte revêt ainsi une charge morale qui conduit au refus d’accepter l’idée de la non-rentabilité des exploitations houillères. En outre, les mineurs contestent l’importation de charbon sud-africain « souillé de sang » par l’apartheid et, plus généralement, celles des pays du Tiers-monde où l’on ne respecte pas le droit du travail, si durement conquis par les mineurs asturiens en Espagne.

    27À leur tour, les ouvriers du chantier naval, Gijon Naval, rejettent avec obstination les données économiques de non-rentabilité des entreprises, pourtant apparemment incontestables. S’appuyant sur les luttes passées des années 1970, où, parce qu’ils avaient obtenu la modernisation de leur outil de production ils avaient conquis de nouveaux marchés, ils refusent les arguments économiques : les exigences de partage de quotes-parts de production dans le cadre de l’entrée de l’Espagne dans la Communauté européenne, la plus grande compétitivité des chantiers japonais ou coréens… Ils attribuent à l’absence d’investissements et à une gestion déficiente du patronat, les mauvais résultats de l’entreprise. Enfin, les syndicats sont persuadés que la fermeture du chantier naval a pour objectif de libérer des milliers de mètres carrés constructibles sur le bord de mer dans un but spéculatif. C’est donc tout l’environnement du chantier naval qui est concerné par la fermeture, une menace qui ne pèse donc pas seulement sur la vie économique d’une entreprise, mais sur l’ensemble de l’environnement urbain12.

    28Ces arguments, basés sur des considérations sociales, défient le discours dominant, qui fait régner la logique du marché. Ils perdent cependant leur force quand ceux qui les défendent entrent en contradiction avec d’autres salariés qui perçoivent dans les restructurations urbaines de nouvelles perspectives d’emplois. Au total, le mouvement ouvrier dans les Asturies perd de sa force quand il place en contradictions divers groupes les uns par rapport aux autres. Seuls les mineurs, parce qu’ils ne génèrent aucun mouvement d’opposition, conservent leur force jusqu’au bout.

    Les bases de la résistance

    29La capacité du mouvement ouvrier à réagir dépend de son passé. Là où il a su créer antérieurement des bases idéologiques et organisationnelles fortes, il dispose de noyaux consistants et exerce une certaine influence sociale qui lui donne de plus grandes possibilités pour opposer une résistance aux processus en cours. L’explication des comportements doit donc être placée dans une perspective historique, par l’analyse des trajectoires passées, des expériences et traditions dont les groupes qui soutiennent la mobilisation sont les véhicules. Dans les espaces asturiens où s’est exprimé un fort mouvement ouvrier dans le passé, les travailleurs ont mieux lutté pour défendre leurs emplois collectivement. La résistance y a été plus grande et la lutte plus efficace que dans d’autres zones du pays. La stratégie la plus efficace a été celle des mobilisations radicales combinées aux pressions politiques. Les institutions officielles ne peuvent rester étrangères à la pression sociale, surtout quand celle-ci parvient à s’exercer au-delà du monde ouvrier en lui-même et touche l’ensemble de la société.

    30Par contre, dans les grandes agglomérations urbaines, le mouvement social, plus dilué, rend plus difficile la recherche d’appuis larges dans la société. Le lien social entre les zones de travail et les habitants des quartiers, comme la subsistance d’une identité culturelle propre dans ces derniers s’érodent lentement, lissés par des croissances urbaines dont l’ampleur disloque les « communautés » ou diminue une visibilité. La classe ouvrière tend vers une plus grande hétérogénéité et ses noyaux organisés se déconnectent de l’environnement social. Styles de vie nettement individualistes, organisations syndicales ne disposant que d’une incidence faible dans le tissu social… autant de facteurs qui contribuent à affaiblir la protestation ouvrière. Après avoir joué un rôle de premier ordre dans les luttes lors de la transition à la démocratie, les zones industrielles de Madrid et Barcelone ont disparu de la scène sociale. Affaiblis par l’ampleur de la crise, les ouvriers concentrés dans la périphérie des deux capitales n’ont pas su transformer leurs problèmes en cause collective. Leur poids social et leur capacité organisationnelle étaient insuffisants pour attirer une forte population dans des mobilisations générales si on les compare à ce qui est arrivé dans des secteurs et des régions de petite taille.

    31Dans celles-ci, les mobilisations concernent toute la société. Des mouvements se développent à partir des usines, puis débordent de leur cadre pour toucher toute la société avec une certaine facilité. Dans certaines circonstances extrêmes, la radicalité des conflits concerne l’ensemble de la population. Il en est ainsi en 1983 à Sagunto, en 1987 à Reinosa, en 1994 à Linares ou en 1996 dans les bassins miniers de Léon, qui vivent des explosions sociales profondes. Les cas de Gijon et des bassins miniers asturiens seraient des cas intermédiaires, comme peuvent l’être aussi Vigo, le Ferrol, Carthagène, Cadix ou une partie de la ria de Bilbao. Ici, ce sont les quartiers à forte culture ouvrière, qui permettent de maintenir les luttes. Ces villes connaissent de vastes processus de mobilisation sociale polarisés autour du mouvement ouvrier. Quand celui-ci s’est épuisé, des noyaux combatifs de ces quartiers se sont maintenus.

    32Pour autant, les conditions ne cessent de se dégrader. La culture ouvrière, l’action collective, la lutte syndicale ou la conscience de classe, présentes dans les groupes qui ont joué un rôle central dans les conflits les plus significatifs, sont sérieusement menacées par les transformations sociales et économiques des dernières décennies. Pour l’essentiel, discours, leaders, organisations et groupes qui ont soutenu la mobilisation sont des héritages de la fin du franquisme ou des débuts de la période dite de « transition ». Les phénomènes postérieurs sont très peu présents. Les ouvriers des chantiers navals à Gijon ont conservé notamment des référents à des schémas idéologiques, à des conceptions organisationnelles, à des formes d’action collective et à des règles de sociabilité, forgés dans les phases culminantes de l’antifranquisme. Beaucoup ont maintenu de manière consciente un esprit de lutte, une volonté de participation aux mobilisations… l’expression d’une culture de « valeurs solidaires ». Cette réalité est incontestablement liée à la forte intégration du mouvement ouvrier dans des quartiers où ont donc aussi subsisté des comportements et des valeurs propres de la culture ouvrière. Le phénomène a été particulièrement visible lorsqu’en 2004, deux leaders syndicaux de Gijon Naval ont été emprisonnés pour avoir créé des troubles lors de journées de mobilisation. La campagne de solidarité a suscité des soutiens d’une ampleur extraordinaire : marches de milliers de personnes, réalisation de deux films documentaires présentés à l’ouverture du Festival international de cinéma de Gijon en 200713. Dans le même sens, les syndicats des mineurs parce qu’ils ont maintenu des liens importants avec le maire conservateur de la capitale régionale, ont obtenu dans les négociations avec le gouvernement de droite de José María Aznar, des accords rapides et particulièrement généreux.

    33Le cas des chantiers naval à Gijon révèle que les stratégies de lutte les plus radicales, y compris l’usage de violences parfois, ne constituent pas une réponse irrationnelle du mouvement social, lorsqu’elles défendent des revendications qui n’ont pu être obtenues par des voies conventionnelles. Les autorités politiques ont d’ailleurs eu face à ces mobilisations des attitudes perverses qui se sont le plus souvent retournées contre elles. Elles oscillent entre la tentation répressive de transformer les conflits de travail en une simple question d’ordre public (tactiques de pourrissement des conflits, plus grandes dotations policières) et la nécessité de céder à la pression sociale quand celle-ci s’est révélée assez intense, en adoptant des attitudes d’ouverture au dialogue (quand elles se sentaient défiées par les démonstrations de force).

    34Dans la mesure où ils refusent les lois du marché en essayant de défendre l’emploi, ces mouvements opposent deux logiques : l’une de nature économique, l’autre à caractère social. De façon pas forcément consciente, la mobilisation sociale, conteste la validité du discours économique et technocratique sur lequel repose la logique de la désindustrialisation. La dimension socio-politique acquise par ces conflits place l’État devant des contradictions manifestes : ils l’obligent à s’occuper d’objectifs difficilement conciliables, la « rationalisation » économique et le maintien de l’ordre social. Les réponses données sont inégales en fonction de la conjoncture : répression, renvoi des plans sociaux, extension des couvertures sociales… constituent des solutions possibles auxquelles l’Espagne a recouru. Dans les Asturies, les discours optimistes et peu fondés des autorités ont souvent soulevé le scepticisme de la population, discréditant le Gouvernement et le Parlement régional. La persistance de la crise a créé un abîme entre le crédit accordé au discours officiel et la perception qu’en avaient ceux qui étaient les plus touchés.

    Le paysage social aujourd’hui

    35Les solutions adoptées pour le traitement des effets sociaux de la désindustrialisation ont conduit dans les Asturies à un affaissement du taux activité et à un maintien relatif du niveau de revenus. À la fin de l’année 2001, seulement 36 % des Asturiens de plus de 16 ans travaillaient, contre 45 % en Espagne. Le maintien du pouvoir d’achat dans ces circonstances repose principalement sur des transferts financiers de l’État par le biais de retraites et retraites anticipées. Il s’agit, par conséquent d’une situation transitoire qui repose sur une solidarité inter-générationnelle. Le niveau de vie des plus jeunes – très touchés par le chômage – reste garanti par leurs aînés, même s’ils sont devenus inactifs. La dépendance des enfants vis-à-vis de leurs parents dépasse largement la période de la jeunesse (départ très tardif du foyer, aides financières familiales), ce qui crée des structures familiales dans lesquelles les liens sont prolongés de manière anormale. Malgré l’ampleur des aides sociales distribuées ou des dotations pour le redéploiement industriel de ces bassins, l’état d’esprit dominant est présidé par le pessimisme et la frustration. La comparaison avec un passé idéalisé (temps de prospérité ou pour souligner le caractère épique des luttes soutenues) hante les esprits. Cette sensation est particulièrement intense dans les bassins miniers, où les subventions (préretraites, bourses d’études, fonds pour des grands travaux, aides à l’investissement) sont pourtant plus généreuses. Les jeunes, dans leur majorité, considèrent qu’ils n’ont pas été capables de défendre ce qui avait été conquis par leurs pères et grands-pères et par conséquent, qu’ils n’ont pas été à la hauteur des générations précédentes. Dépourvus de perspectives professionnelles valorisantes, ils traversent une violente crise d’identité. La culture ouvrière entre en crise à son tour sans qu’aucune alternative n’apparaisse pouvant offrir une cohésion sociale comparable.

    36Le phénomène est renforcé par les particularismes propres au secteur minier. Les anciens mineurs occupent en effet une place importante dans la société, soit parce qu’ils ont quitté les exploitations précocement en raison de maladies professionnelles, soit parce qu’ils ont connu des difficultés au début de leur départ en retraite. Bien qu’inactifs, ils ont conservé leur attitude revendicative face à la détérioration constante de leur pouvoir d’achat, maintenant dans le mouvement social une légitimité acquise à l’époque de la dictature. Les différentes reconversions industrielles placent en dehors de la vie active des milliers de travailleurs qui ne peuvent justifier leur état d’inactifs par la maladie ou l’arrivée à l’âge de la retraite. Dans une région où la culture du travail industriel est considérée comme un facteur de prestige social et comme un marqueur identitaire, la cessation d’activité précoce nécessite une auto-justification permanente pour les ouvriers soumis à des processus de reconversion. Un malaise se dégage pour ces hommes (préretraités), qui s’engagent alors dans une multitude d’activités bénévoles, notamment associatives (associations de quartiers, culturelles, sportives, de loisirs…), dans lesquelles ils maintiennent leurs réseaux sociaux et expriment leurs inquiétudes sociales et politiques.

    37Pour l’ensemble de la société, la figure du préretraité est associée à des jugements contradictoires. D’une part, sa présence constitue un rappel des suppressions d’emploi dans le tissu industriel et, d’autre part témoigne de la défaite de la mobilisation sociale. En outre, les compensations sociales qui ont permis le maintien de leur niveau de vie et le versement de subventions très importantes pour aider l’essor de nouveaux secteurs ne constituent pas des solutions pour l’avenir. Le slogan « pain pour aujourd’hui et faim pour demain » s’impose dans la société. Pour les jeunes, l’intégration au marché du travail passe par la voie migratoire ou l’acceptation de revenus et de conditions de travail précaires.

    38Cependant, à court terme, le système avantageux des préretraites associé à d’autres formes de couverture sociale, a permis d’éviter le développement de nouvelles difficultés sociales (forte pauvreté, consommation de drogues, délinquance, marginalité…) parce qu’il a généré une cohésion intergénérationnelle. Selon les rapports de police du ministère de l’Intérieur, les Asturies seraient l’une des Communautés espagnoles avec les plus bas niveaux de délinquance. Quinze ans après les grands plans de reconversion, les aides sociales négociées constituent toujours un amortisseur face à la crise. L’État a acheté la paix sociale. Son prix a été fixé en fonction de la capacité de mobilisation des ouvriers, et dans les Asturies, celle-ci a été particulièrement forte.

    39Ce processus n’a cependant pas été sans séquelle pour le mouvement social, notamment pour les syndicats. Obligés de négocier et d’accepter les fermetures de sites pour obtenir des compensations sociales, ils ont été associés aux processus de liquidation, donc à des agents ayant une importante responsabilité dans les maux qui affligent la société actuelle. Leur participation active aux plans de reconversion ou aux projets de redéploiements industriels les place davantage dans une situation d’administrateur que dans une attitude revendicative susceptible de générer un mouvement social. Si les taux de syndicalisation restent forts dans les Asturies (102 000 adhérents en 2008, le taux le plus élevé d’Espagne), les attitudes ont changé. La majorité des militants sont passifs et perçoivent le syndicat comme une agence qui rend des services, rejettent l’idée traditionnelle d’un militantisme actif. On leur reproche notamment une attitude de clientélisme. Les jeunes s’en éloignent. Cela contribue à accentuer la dissolution de la culture ouvrière dans les jeunes générations. Un rapport récent sur la jeunesse dans les bassins miniers conclut :

    « Dans une région si syndicalisée […], la distance de la jeunesse envers les organisations syndicales mérite une attention spéciale. Les syndicats miniers payent leur implication directe dans la vie politique et souffrent du même rejet que la vie politique en général. La distance des jeunes avec les syndicats est le résultat de la forte syndicalisation elle-même dans le passé. Les syndicats, en raison de leur pouvoir et leur influence dans les mairies, administrations et entreprises, s’étaient transformés en agences de placement, de promotion, de partage des ressources, créant ainsi un réseau de dépendances et amitiés dans les régions minières […]. La grande majorité des jeunes ne peut entrer dans ce réseau et en profiter. Elle perçoit les syndicats comme les défenseurs de privilèges venus du passé14. »

    40Face à cette tendance dominante, des minorités militantes continuent à se revendiquer des héritages du mouvement ouvrier et cherchent dans celui-ci des outils pour le présent. On trouve ainsi à Gijon plusieurs groupes, notamment « le comité des Jeunes de Turón », qui recherche dans les mobilisations passées un moyen de recréer un dynamisme économique et social dans la zone. De même, le groupe « Okupas », toujours à Gijon, en 2008, a initié des activités culturelles dans une ancienne usine abandonnée. L’histoire ouvrière, notamment la commémoration de la révolte de 1934, a été l’objet de conférences, qui ont permis d’évoquer le mouvement ouvrier et la crise industrielle. Le secteur culturel a largement investi le terrain de la mobilisation sociale, donnant même naissance à une nouvelle forme d’ouvriérisme militant. La musique, la littérature notamment le théâtre, le cinéma ont particulièrement investi la mine, soit par une approche un peu nostalgique et romantique, soit pour dénoncer la situation de crise. Dans le domaine musical, si l’on trouve quelques exemples dans le rock, le folk et la chanson traditionnelle, les dénonciations les plus acides proviennent d’un type musical spécialement propice pour les expressions transgressives ou provocantes comme le hip-hop15.

    Notes de bas de page

    1 Traduction de Laurent Jalabert

    2 Erice Sebares F., « Entre el mito y la memoria histórica : las huelgas de 1962 y la tradición épica de la Asturias roja », in Vega Garcia R. (dir.), Las huelgas de 1962 en Asturias, Trea/Fundación Juan Muñiz Zapico, Gijón, 2002 ; et Molinero C., « La referencia asturiana en la oposición al franquismo », in Vega Garcia R. (dir.), op. cit.

    3 Le processus de désindustrialisation des Asturies et les politiques appliquées pour y répondre, ont été étudiés dans Kolher H.-D. (dir.), Asturias : el declive de una región industrial, Trea, Gijón, 1996.

    4 Les données proviennent de la « Comisión de Representantes en la Empresa Publica del Principado de Asturias » (CREP, 1988 et 1992) et des séries statistiques de la « Sociedad Asturiana de Estudios Económicos e Industriales » (SADEI).

    5 SADEI, « Breve análisis del tamaño de los establecimientos industriales en Asturias », Revista Asturiana de Economía, no 2, 1995 et « Evolución y cambios del empleo industrial asturiano », Revista Asturiana de Economía, no 6, 1996.

    6 Sur ces conflits, cf. Vega Gargia R., Crisis industrial y conflicto social. Gijón 1975-1995, Trea, Gijón, 1998.

    7 Sur le conflit des ouvrières dans la confection, cf. Prieto Fernandez C. (dir.), Ike. Retales de la reconversión. Trabajo femenino y conflicto social en la industria textil asturiana, Madrid, Ladinamo, 2004.

    8 Le conflit de Duro-Felguera a fait l’objet d’un film documentaire, Resistencia (2007, dir. Lucinda Torre).

    9 Vega Garcia R., « Cultura local y comportamientos sindicales de los trabajadores asturianos », in Santiago Castillo et Ortiz de Orruno J.-M. (dir.), Estado, protesta y movimientos sociales, Bilbao, Asociación de Historia Social y Universidad del País Vasco, 1999 ; et « La presencia comunista en las ciudades industriales : Gijón y Avilés », in Eri F. (dir.), Los comunistas en Asturias (1920-1982), Gijón, Ediciones Trea, 1996.

    10 La sidérurgie n’a pas ainsi généré des grèves générales comme les mines ou même les chantiers navals.

    11 Vega Garcia R., « La fuerza del pasado. Experiencia y memoria en las movilizaciones de los trabajadores de astilleros », in Castillo S. et Fernandez R. (dir.), Campesinos, artesanos, trabajadores, Milenio, Lérida, 2001.

    12 Un bon reflet de cette approche sur les ouvriers asturiens se retrouve dans le film, Los lunes al sol (2002, dir. León de Aranoa F.), dont le metteur en scène a réalisé à Gijon un important travail de recherche documentaire, notamment auprès des ouvriers, n’hésitant pas à assister à quelques-unes de leurs assemblées générales.

    13 El astillero. Disculpen las molestias (2007, dir. Zapico A.) et Cándido y Morala, ni un paso atrás (2007, dir. Arias R.).

    14 Köhler H.-D. et Martin V., Una mirada a la juventud de las comarcas mineras asturianas, Consejo de la Juventud del Principado de Asturias, Oviedo, 2006, p. 111-112.

    15 Voir notamment le rappeur Stoned Atmosphere et son videoclip Patria sin sol, dans lequel il expose la vision de désespoir et de frustration de la jeunesse des zones minières.

    Auteurs

    Laurent Jalabert (trad.)

    Professeur d’histoire contemporaine, université de Pau et des Pays de l’Adour

    Rubén Vega Garcia

    Professeur d’histoire contemporaine, université d’Oviedo

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Paysans des Alpes

    Paysans des Alpes

    Les communautés montagnardes au Moyen Âge

    Nicolas Carrier et Fabrice Mouthon

    2010

    Pérégrin d’Opole

    Pérégrin d’Opole

    Un prédicateur dominicain à l'apogée de la chrétienté médiévale

    Hervé Martin

    2008

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Prêtres de Bretagne au xixe siècle

    Samuel Gicquel

    2008

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    Un constructeur de la France du xxe siècle

    La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)

    Pierre Jambard

    2008

    Ouvriers bretons

    Ouvriers bretons

    Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968

    Vincent Porhel

    2008

    L'intrusion balnéaire

    L'intrusion balnéaire

    Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)

    Johan Vincent

    2008

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    L'individu dans la famille à Rome au ive siècle

    D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan

    Dominique Lhuillier-Martinetti

    2008

    L'éveil politique de la Savoie

    L'éveil politique de la Savoie

    Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)

    Sylvain Milbach

    2008

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    L'évangélisation des Indiens du Mexique

    Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)

    Éric Roulet

    2008

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    L'étranger en Bretagne au Moyen Âge

    Présence, attitudes, perceptions

    Laurence Moal

    2008

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Les saints bretons entre légendes et histoire

    Le glaive à deux tranchants

    Bernard Merdrignac

    2008

    Les miroirs du silence

    Les miroirs du silence

    L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934

    Patrick Bourgalais

    2008

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Presses universitaires de Rennes
    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    ePub / PDF

    1 Traduction de Laurent Jalabert

    2 Erice Sebares F., « Entre el mito y la memoria histórica : las huelgas de 1962 y la tradición épica de la Asturias roja », in Vega Garcia R. (dir.), Las huelgas de 1962 en Asturias, Trea/Fundación Juan Muñiz Zapico, Gijón, 2002 ; et Molinero C., « La referencia asturiana en la oposición al franquismo », in Vega Garcia R. (dir.), op. cit.

    3 Le processus de désindustrialisation des Asturies et les politiques appliquées pour y répondre, ont été étudiés dans Kolher H.-D. (dir.), Asturias : el declive de una región industrial, Trea, Gijón, 1996.

    4 Les données proviennent de la « Comisión de Representantes en la Empresa Publica del Principado de Asturias » (CREP, 1988 et 1992) et des séries statistiques de la « Sociedad Asturiana de Estudios Económicos e Industriales » (SADEI).

    5 SADEI, « Breve análisis del tamaño de los establecimientos industriales en Asturias », Revista Asturiana de Economía, no 2, 1995 et « Evolución y cambios del empleo industrial asturiano », Revista Asturiana de Economía, no 6, 1996.

    6 Sur ces conflits, cf. Vega Gargia R., Crisis industrial y conflicto social. Gijón 1975-1995, Trea, Gijón, 1998.

    7 Sur le conflit des ouvrières dans la confection, cf. Prieto Fernandez C. (dir.), Ike. Retales de la reconversión. Trabajo femenino y conflicto social en la industria textil asturiana, Madrid, Ladinamo, 2004.

    8 Le conflit de Duro-Felguera a fait l’objet d’un film documentaire, Resistencia (2007, dir. Lucinda Torre).

    9 Vega Garcia R., « Cultura local y comportamientos sindicales de los trabajadores asturianos », in Santiago Castillo et Ortiz de Orruno J.-M. (dir.), Estado, protesta y movimientos sociales, Bilbao, Asociación de Historia Social y Universidad del País Vasco, 1999 ; et « La presencia comunista en las ciudades industriales : Gijón y Avilés », in Eri F. (dir.), Los comunistas en Asturias (1920-1982), Gijón, Ediciones Trea, 1996.

    10 La sidérurgie n’a pas ainsi généré des grèves générales comme les mines ou même les chantiers navals.

    11 Vega Garcia R., « La fuerza del pasado. Experiencia y memoria en las movilizaciones de los trabajadores de astilleros », in Castillo S. et Fernandez R. (dir.), Campesinos, artesanos, trabajadores, Milenio, Lérida, 2001.

    12 Un bon reflet de cette approche sur les ouvriers asturiens se retrouve dans le film, Los lunes al sol (2002, dir. León de Aranoa F.), dont le metteur en scène a réalisé à Gijon un important travail de recherche documentaire, notamment auprès des ouvriers, n’hésitant pas à assister à quelques-unes de leurs assemblées générales.

    13 El astillero. Disculpen las molestias (2007, dir. Zapico A.) et Cándido y Morala, ni un paso atrás (2007, dir. Arias R.).

    14 Köhler H.-D. et Martin V., Una mirada a la juventud de las comarcas mineras asturianas, Consejo de la Juventud del Principado de Asturias, Oviedo, 2006, p. 111-112.

    15 Voir notamment le rappeur Stoned Atmosphere et son videoclip Patria sin sol, dans lequel il expose la vision de désespoir et de frustration de la jeunesse des zones minières.

    Mouvements ouvriers et crise industrielle

    X Facebook Email

    Mouvements ouvriers et crise industrielle

    Ce livre est cité par

    • Jalabert, Laurent. (2014) Histoire des mouvements sociaux en France. DOI: 10.3917/dec.pigen.2014.01.0563
    • (2011) Ouvrages recensés. Cahiers Jaurès, N° 201-202. DOI: 10.3917/cj.201.0233

    Ce chapitre est cité par

    • Grecu, Maria Voichiţa. (2022) « Autrefois on avait un avenir. » Temporalités, incertitude et déclin minier en Roumanie. Regards croisés sur l'économie, n° 29. DOI: 10.3917/rce.029.0181

    Mouvements ouvriers et crise industrielle

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://0-freemium-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oebooks

    Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Mouvements ouvriers et crise industrielle

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Garcia, R. V. (2010). Déclin industriel et résistances ouvrières dans les Asturies depuis les années 1970 (L. Jalabert, trad.). In L. Jalabert & C. Patillon (éds.), Mouvements ouvriers et crise industrielle (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.104970
    Garcia, Rubén Vega. « Déclin industriel et résistances ouvrières dans les Asturies depuis les années 1970 ». In Mouvements ouvriers et crise industrielle, édité par Laurent Jalabert et Christophe Patillon, traduit par Laurent Jalabert. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2010. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.104970.
    Garcia, Rubén Vega. « Déclin industriel et résistances ouvrières dans les Asturies depuis les années 1970 ». Mouvements ouvriers et crise industrielle, édité par Laurent Jalabert et Christophe Patillon, traduit par Laurent Jalabert, Presses universitaires de Rennes, 2010, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.104970.

    Référence numérique du livre

    Format

    Jalabert, L., & Patillon, C. (éds.). (2010). Mouvements ouvriers et crise industrielle (1‑). Presses universitaires de Rennes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.104937
    Jalabert, Laurent, et Christophe Patillon, éd. Mouvements ouvriers et crise industrielle. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2010. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.104937.
    Jalabert, Laurent, et Christophe Patillon, éditeurs. Mouvements ouvriers et crise industrielle. Presses universitaires de Rennes, 2010, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pur.104937.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses universitaires de Rennes

    Presses universitaires de Rennes

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Flux RSS

    URL : http://www.pur-editions.fr

    Email : pur@univ-rennes2.fr

    Adresse :

    2, avenue Gaston Berger

    CS 24307

    F-35044

    Rennes

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement