Goulien, une recherche ethnologique dans le Cap Sizun en 1962-19641
p. 153-167
Texte intégral
1En 1962, dans le cadre des « enquêtes de Pont-Croix » centrées pour l’essentiel sur l’étude pluridisciplinaire de la commune de Plozévet, en pays bigouden2, je me suis vu confier la mission d’effectuer parallèlement, en solitaire, une recherche d’ethnologie globale à Goulien (Cap Sizun). Les diverses enquêtes lancées en 1961 par la Délégation générale à la recherche scientifique et technique visaient essentiellement le problème de « l’adaptation du monde agricole et rural français aux conditions de la vie moderne ». Celles concernant Plozévet n’étaient pas les seules ; d’autres, de caractère plus extensif, avaient été entreprises ailleurs, telles celles confiées à l’Institut français d’opinion publique (IFOP) sur « le moral des paysans », ou au Centre d’études économiques sur « la dimension optimale des exploitations et les prévisions de main-d’œuvre ». Pour sa part, le Groupe de sociologie rurale du Centre d’études sociologiques avait entrepris dans le même cadre sur un échantillonnage de cantons français, selon les méthodes propres à la sociologie, un « inventaire typologique des sociétés rurales françaises », qui devait se prolonger par une étude comparée des changements selon ces divers types de sociétés.
2Mais ce qui caractérisait le travail entrepris à Plozévet, à l’initiative du docteur Gessain (alors directeur du Musée de l’homme et président du Comité d’analyse Économique, démographique et sociale de la DGRST), c’était à la fois son caractère intensif et localisé, dont on espérait de grands progrès dans la connaissance globale d’une collectivité rurale contemporaine, et sa multidisciplinarité qui aurait dû, dans l’esprit des promoteurs, déboucher sur une véritable interdisciplinarité permettant de mieux traiter certains domaines situés aux frontières de plusieurs disciplines. Pour favoriser celle-ci, des rencontres hebdomadaires rassemblaient les chercheurs présents sur le terrain et des réunions générales avaient lieu périodiquement à Paris3.
3Cependant, en raison du fait que le chiffre relativement élevé (près de 3 800 habitants) de la population de cette commune « pouvait créer une certaine lourdeur » dans le dépouillement des enquêtes, du fait aussi qu’elle paraissait à certains égards assez mal représentative d’une commune rurale bretonne « moyenne », par crainte que le nombre considérable de chercheurs qui allaient y passer plus ou moins de temps (de 1961 à 1965, près d’une centaine) ne finisse par modifier le terrain, afin, donc, de pouvoir confronter les données obtenues à Plozévet avec d’autres pouvant servir de référence, il fut rapidement décidé de confier l’étude d’une commune plus homogène, à la population moins nombreuse et plus représentative, à un seul chercheur. La commune choisie fut Goulien ; et je fus ce chercheur.
Pourquoi j’ai été choisi par les responsables du projet ?
4Pour une telle tâche, le docteur Gessain souhaitait s’adresser à un ethnologue, et cela, sans doute, pour plusieurs raisons mêlées, la moindre n’étant pas, sans doute, que lui-même, spécialiste d’anthropologie physique certes, mais aussi ancien élève de Mauss, se sentait d’abord ethnologue. Et on pouvait sans doute percevoir également là une sorte de défi lancé à la multidisciplinarité en montrant comment, en appliquant tout simplement la méthode ethnographique traditionnelle, un chercheur solitaire immergé dans une société villageoise était, d’une certaine façon, mieux à même qu’une équipe nombreuse mais trop hétéroclite et trop éclatée, de démêler l’écheveau compliqué du « phénomène social total ».
5On désirait cependant sortir de l’approche « étude de la vie traditionnelle » qui aurait risqué de dominer une monographie confiée à l’un des rares spécialistes d’ethnologie française de l’époque, par exemple à un chercheur du Musée national des arts et traditions populaires qu’il aurait été facile de solliciter puisque Georges Henri Rivière s’intéressait de près aux « enquêtes de Pont-Croix4 ». Ce qu’on souhaitait, c’est que soit prise en compte « la totalité de l’actuel » et, si possible, avec le même esprit neuf qu’en aurait un jeune chercheur débarquant pour la première fois dans une société exotique jusque-là totalement inconnue de lui.
6Il se trouvait qu’à cette époque, je souhaitais mener parallèlement des recherches d’ethnologie française et d’ethnologie « exotique ». J’avais entrepris en 1959, pour ma thèse de troisième cycle, l’étude du village alsacien de ma femme et j’envisageais pour l’avenir de m’intéresser également à d’autres régions de France, comme par exemple mon « pays » d’origine, le Rouergue. D’autre part, je m’étais engagé dans les études indonésiennes et j’avais pu, grâce à une bourse de l’Indonésie, séjourner quinze mois dans ce pays en 1960-1961.
Mes antécédents
7De formation classique, intéressé par l’histoire et la géographie humaine, mais aussi par l’étude des langues, le folklore, l’ethnologie et les sciences religieuses, j’avais interrompu des études qui, via l’hypokhâgne et la khâgne, m’entraînaient sans grand enthousiasme vers un inévitable avenir d’enseignant, pour l’inconnu d’une « licence libre » (il n’existait à l’époque que des licences d’enseignement et des licences dites « libres » composées en quelque sorte « à la carte ») comportant les certificats d’ethnologie générale, d’histoire des religions, de sociologie et de psychologie sociale. J’avais suivi, ensuite, au Musée de l’homme le stage du Centre de formation aux recherches ethnologiques que dirigeait André Leroi-Gourhan et, parallèlement, les cours d’indonésien de l’École des langues orientales tout en entamant des recherches en Alsace pour mon troisième cycle que j’avais reprises à mon retour d’Indonésie.
8C’est là que Leroi-Gourhan, sollicité par le docteur Gessain pour lui trouver un jeune ethnologue correspondant à ses besoins et susceptible de se charger de l’étude de Goulien, m’avait recontacté. Cette offre allait tout à fait dans le sens de ce que je souhaitais faire par la suite : continuer mes recherches sur la France en ayant trois ou quatre solides points d’ancrage qui, tout en me permettant de mener un certain nombre d’études approfondies, me donneraient la possibilité de comparaisons et ce constant recul qui me paraissait aussi indispensable à l’ethnologue qu’est nécessaire son insertion – qui lui est antinomique – dans le milieu qu’il a à connaître. C’est d’ailleurs ce même souci de rendre proche ce qui est étranger, tout en gardant la faculté de voir comme d’un œil étranger ce qui est proche, qui me faisait souhaiter mener de front des recherches d’ethnologie française et d’ethnologie exotique.
9Des conversations à Paris avec Leroi-Gourhan et avec le docteur Gessain puis une visite de prise de contact de quelques jours à Plozévet et Goulien en juin 1962 me décidèrent rapidement à accepter l’offre qui m’était faite. En septembre, j’étais à pied d’œuvre.
Commande de départ et premiers contacts avec le terrain
10Bien qu’il se fût agi d’un travail de commande, les consignes données au départ furent extrêmement générales, se bornant à peu près à ce que j’ai exposé plus haut. Mais, bien que travaillant en solitaire, je devais tenir compte du fait que mon travail n’était pas isolé mais s’inscrivait dans un ensemble.
11Ma participation aux réunions hebdomadaires à Plozévet ou à Pont-Croix, mes conversations avec les différents collègues que j’y rencontrais, les accompagnant à l’occasion sur leur terrain, la lecture de certains « patrons » ou chercheurs intéressés – de diverses disciplines, d’ailleurs – (au hasard de la mémoire : Robert Cresswell, Georges Friedmann, Jacques Gutwirth, Robert Mandrou, Georges Henri Rivière, etc.) m’amenaient progressivement à inclure telle ou telle question dans mes préoccupations, à développer tel aspect, à rechercher telles ou telles données, à mettre en regard avec ce qui avait été trouvé à Plozévet. Le fil directeur orientant chacun des domaines abordés restait néanmoins toujours la question du « changement ».
12En débarquant sur le terrain, je connaissais assez peu de chose de la Bretagne. J’ai gardé un souvenir très présent de la première promenade que j’ai faite, seul, le soir de mon arrivée, après le dîner à l’hôtel Poupon – quartier général de l’équipe –, dans les rues désertes de Pont-Croix, et du sentiment d’étrangeté que j’ai éprouvé à ce moment-là – sans que rien de bien défini pût me permettre de le justifier –, comme si je m’étais trouvé dans une contrée lointaine ou peut-être plutôt dans un monde autre ; et comment, le jour où Roger Morillère, le cinéaste de l’équipe, me laissa tout seul avec ma petite valise au bourg de Goulien, sous la grande réclame « Vêtements Saint-Michel – ho tilhad labour – », peinte sur la façade nord, et donc sans aucune fenêtre, de la boulangerie Quéré, j’eus l’impression de me trouver abandonné sur quelque île étrangère.
13Sans doute y avait-il là pour une bonne part ce trac qui doit saisir tout chercheur avant de pénétrer sur son terrain pour y jouer son rôle d’ethnologue ; mais jouait aussi, c’est sûr, le fait d’aborder un univers culturel en grande partie nouveau, et cela d’autant plus qu’il ne m’avait pas été possible de me préparer par des lectures systématiques. Ce n’est qu’ultérieurement que le recours aux sources bibliographiques existant à l’époque m’a permis de situer les données recueillies dans leur cadre breton (un peu oublié, me semble-t-il, pour Plozévet, par nombre de chercheurs).
14Mon premier contact, en juin 1962, eut donc lieu sans l’interposition entre moi et l’objet de mon étude, d’un savoir qui aurait pu m’aider à mieux en percevoir certains aspects, mais qui aurait pu aussi me faire perdre cette « naïveté » qui rend parfois plus sensible l’œil de l’observateur. En 1962, Goulien était une commune d’environ 700 habitants (le recensement en indiquait 721, mais un pointage famille par famille des personnes résidant effectivement en permanence sur place ne me permit d’en comptabiliser que 684). De toute façon, après avoir crû régulièrement pendant le XIXe siècle jusqu’en 1866 puis, après un court répit, jusqu’en 1906, la population n’avait cessé depuis cette date de décroître non moins régulièrement, tandis que l’âge moyen des habitants augmentait très sensiblement.
15Les professions agricoles regroupaient plus de 78 % de la population active ; plus de 30 % de la population adulte était non active. En fait, les habitants de Goulien se répartissaient en deux grandes catégories sociales : les paysans, 73 familles tirant l’essentiel de leur subsistance d’exploitations agricoles, dont 71 d’entre elles étaient propriétaires, et les autres, soit 91 familles, dont l’essentiel du revenu était d’origine non agricole et provenait le plus souvent de sources extérieures à la commune (même si certains le complétaient par des activités agricoles d’appoint). Il devait vite m’apparaître que ces deux catégories s’opposaient sur de nombreux points.
Élaboration d’un projet de recherche
16L’orientation générale qu’il m’avait été demandé de prendre (étude de l’« adaptation du monde agricole et rural aux conditions de vie modernes ») m’avait amené à faire porter ma recherche, pour commencer, sur des aspects qui ne sont pas, en général, ceux qu’un ethnologue traditionnel, travaillant de sa propre initiative, aurait abordés en premier – à savoir les conditions de travail des diverses professions, agricoles et non agricoles, et les conditions de vie des familles (équipement, travaux domestiques, etc., comparés si possible à cinquante ans de distance, entre 1911 et 1962). En plus de l’enregistrement objectif des changements, était étudiée également la perception du changement, tant dans la durée (depuis la jeunesse des informateurs ou d’après ce qu’ils savaient de l’époque des « vieux parents ») que pour ce qui concernait le présent (puisque le monde rural était secoué de bouleversements qui étaient d’ailleurs à l’origine du choix du thème général des enquêtes orchestrées par la DGRST). De ce point de vue, mes objectifs n’étaient pas très différents de ce qu’auraient pu être ceux d’un sociologue rural soumis à la même commande.
17La différence, c’est que je ne comptais pas m’en tenir là et que je prévoyais aussi de m’intéresser à l’analyse de la société et de son fonctionnement, ainsi qu’aux traditions populaires et aux systèmes de relations sous-jacentes – et non pas comme d’autres chapitres à traiter chacun pour soi, mais dans une perspective globale, dans leurs rapports les uns avec les autres et avec ce qui précède, ainsi qu’en tenant compte de la dimension temporelle et des phénomènes de dynamique.
18Ma première visite en juin 1962 m’avait permis de prendre la mesure de mon terrain. De longues entrevues avec le recteur, le maire, le secrétaire de mairie m’avaient donné une vue d’ensemble de la situation et des problèmes que ces interlocuteurs y percevaient ; une demi-journée chez un agriculteur qui m’avait été indiqué comme représentatif m’avait donné une idée de l’agriculture locale et des conditions de vie des paysans ; une visite chez un érudit régionaliste m’avait ouvert des perspectives sur le passé local et m’avait fourni une première amorce de bibliographie.
19En septembre, je vins m’installer. D’abord logé dans un bâtiment désaffecté de l’école publique, je passai le premier mois à multiplier les contacts, rendant visite systématiquement à tous les conseillers municipaux ainsi qu’aux plus vieux habitants de la commune que j’interrogeai sur les changements survenus depuis leur jeunesse. Ces visites avaient pour but, non seulement d’amorcer ma recherche, mais au moins tout autant de me faire connaître et admettre.
20Les tractations que je menais dans le même temps pour louer une petite maisonnette, dans la perspective de la venue prochaine de mon épouse, étaient en partie marquées de la même préoccupation : il s’agissait de me démarquer nettement du statut de « touriste », c’est-à-dire de vacancier – seul exemple connu d’étranger à la région à qui on ait l’habitude de consentir parfois des locations (à un prix évidemment prohibitif pour un chercheur débutant, surtout pour un long séjour). Les « autorités » locales, fort heureusement, appuyèrent mes efforts. Le recteur avait annoncé mon arrivée en chaire et le secrétaire de mairie, de son poste stratégique de café-quincaillerie dont il était à la fois le propriétaire et le tenancier, répercuta les informations me concernant auprès de ses clients-administrés.
Déroulement de ma recherche pendant mon principal séjour sur le terrain (septembre 1962-juin 1964)
21En acceptant la proposition du docteur Gessain de travailler à Goulien, je lui avais exprimé mon souci de ne pas abandonner tout à fait ma recherche en Alsace. Il avait fort gentiment tenu compte de ce souci et il avait été convenu que tous les trois mois, il me serait possible de m’interrompre un mois pour me rendre sur mon autre terrain.
22Ce rythme devait s’avérer extrêmement favorable pour mon travail à Goulien : un séjour ininterrompu aurait pu engendrer la lassitude ou la satiété. Pendant chaque interruption, au contraire, mes idées mûrissaient et j’abordais chaque nouveau séjour avec un intérêt renouvelé et parfois dans une perspective nouvelle.
Établissement d’un recensement
23Ce fut une des premières tâches à laquelle je m’attelai grâce à l’aide du secrétaire de mairie qui connaissait évidemment sa commune sur le bout des doigts. On utilisa comme base la liste nominative du recensement qui venait d’être faite dans l’année. Chaque ménage fut reconstitué dans sa réalité, situé sur la carte, etc. Les commentaires formulés à cette occasion par mon aide bénévole étaient évidemment une source d’information extrêmement riche. Ce recensement devait servir de document de base à beaucoup d’autres enquêtes.
Apprentissage du breton
24Dès notre première rencontre, le recteur, qui était léonard (né dans le nord du Finistère), mais qui avait souvent exercé son ministère en Cornouaille et qui maîtrisait bien les particularités dialectales propres au Cap Sizun, s’était offert à m’apprendre le breton. Pendant tout mon séjour, je me rendis chez lui régulièrement pour des leçons faites à partir des manuels de Tricoire (Komzom, lennom a skrivom brezoneg) et de Stephan et Seité (Deskom brezoneg) complétées par des exercices de lecture et de traduction de Buhez hor zalver Jesus-Krist, de Buhez ar zent et d’Eur zac’had marvailhou. Suivaient ensuite des exercices de conversation.
25Je n’avais pas un besoin absolu du breton : à part quelques rares vieilles femmes exclusivement bretonnantes, presque tous les habitants de Goulien étaient bilingues. Beaucoup, surtout parmi les non-agriculteurs (retraités de l’armée ou de la « Royale », marins de commerce, artisans maçons, etc.), et même s’ils parlaient breton entre époux, entre amis de la même génération ou dans les cafés, proclamaient leur désintérêt pour ce « patois » et leur souhait de sa disparition rapide. Les paysans s’y montraient plus attachés, mais tous considéraient avec scepticisme mes efforts linguistiques et s’étonnaient de mes sages professions de foi en faveur des langues et cultures régionales.
26Dans ce contexte, et ne vivant pas dans une famille bretonnante, il m’était difficile de dépasser un certain seuil et d’en arriver à faire du breton un véritable outil de travail, soit pour l’utiliser dans mes enquêtes, soit pour me mêler aux conversations de café ou même simplement pour saisir au vol ce qui s’y disait. Il me fut cependant utile lorsque j’enquêtai sur les traditions populaires et me permit de tisser des relations d’amitié plus confiantes avec quelques informateurs particulièrement intéressants, restés attachés, eux, aux traditions ancestrales. Mon intérêt pour la langue et pour les traditions bretonnes contribua aussi sans doute à donner une certaine image de moi et de ma recherche aux habitants de Goulien et à façonner nos rapports.
Visites à certains spécialistes
27J’entends par là les détenteurs d’un savoir particulier visités pour ce savoir-là. Je ne me bornais pas, pour cette quête, aux limites de la commune, mais l’élargissais à l’ensemble du Cap Sizun, vu comme la plus petite unité géographico-culturelle englobant Goulien. C’est d’ailleurs à Cléden et à Pont-Croix que j’ai rencontré les principaux d’entre eux : l’« érudit local » Daniel Bernard, le « paysan artiste » Clet Bonis et le conseiller agricole Édouard Morvan (futur militant du Mouvement des « Paysans Travailleurs ») qui, les uns et les autres, ont grandement contribué à m’aider à replacer Goulien dans son contexte capiste.
Interviews et enquêtes systématiques
28J’ai mentionné mes visites systématiques aux conseillers municipaux et aux « vieux ». Les autres catégories de population chez qui j’ai effectué des enquêtes systématiques spécifiques incluent : les responsables des différents groupements (MRJC, groupement des producteurs de petits pois, groupements d’utilisation de matériel en commun, société de chasse, association des parents d’élèves de l’école publique – il n’y avait pas d’association de parents d’élèves des écoles libres dispersés dans de trop nombreuses institutions –, associations familiales) ; les artisans (ou anciens artisans) de divers corps de métier, encore actifs ou disparus ; les commerçants ; « le » marin-pêcheur. Avec l’aide de mon épouse, j’ai pu aussi réaliser une enquête polyvalente touchant 133 familles (80 % des familles de Goulien), incluant la quasi-totalité des familles d’agriculteurs. Les données rassemblées contenaient, en plus des renseignements agricoles concernant, non seulement ces derniers mais aussi certaines familles ayant une activité agricole d’appoint, des renseignements sur la composition de la famille et quelques données sur chacun de ses membres (y compris les enfants, frères et sœurs résidant ailleurs, dans la commune ou au-dehors), quelques renseignements biographiques sur le ménage et le chef de famille, des données sur l’équipement et les travaux ménagers, des renseignements sur l’utilisation des loisirs.
Visites régulières à certaines familles d’exploitants et travaux des champs
29Après quelques tâtonnements, j’ai choisi quatre exploitations agricoles offrant un éventail de variables (taille, « modernité ») qui, sans parler de « représentativité » au sens où l’emploient les sociologues, m’introduisirent à la diversité des situations existant dans la commune. J’allais passer dans chacune d’entre elles une demi-journée à un jour (selon les activités en cours) chaque semaine, y observant les travaux mais aussi, bien sûr, entrant peu à peu en contact plus étroit avec la vie de la famille et avec ses préoccupations.
30Dans les exploitations visitées régulièrement, il était naturel que j’en vienne très vite à donner un « coup de main », ce qui faisait mieux accepter ma présence, rendait mes rapports avec les familles visitées plus intimes (tant pendant le travail que pendant le repas ou casse-croûte) et secondait mon observation. Mais, bientôt, il parut normal d’entrer aussi dans le réseau d’entraide d’autres familles avec lesquelles nous étions aussi en rapport. Beaucoup d’informations nous sont arrivées dans ces circonstances spontanément sans avoir à les chercher (sur des questions parfois insoupçonnées et sur lesquelles je n’aurais donc sans doute jamais enquêté).
31D’autres informations spontanées sont arrivées à nous tout simplement au fil de la vie quotidienne : emplettes chez les commerçants, visites à telle famille pour y chercher du lait et du beurre, à telle autre pour y chercher des œufs, causettes de ma femme au lavoir, rencontres fortuites, services demandés et rendus, etc.
32Les occasions précédemment citées ont été accrues par notre insertion dans la vie collective. Catholiques pratiquants, nous participions évidemment à la vie et aux manifestations religieuses de la paroisse. Inscrits sur les listes électorales, nous votions aux scrutins nationaux et locaux. J’étais régulièrement invité en observateur à de nombreuses réunions de syndicats ou d’associations. Bien sûr, nous avons été de quelques mariages, baptêmes, etc., et nous avons prêté la main au déroulement de diverses fêtes, kermesses, etc.
Mes objets d’enquêtes
33Je me contenterai ici d’une simple énumération de mes sujets d’étude. Pour de plus amples détails, il faudrait se référer à ma publication. Ces sujets comprenaient :
- Les exploitations agricoles : à travers l’étude de mes quatre exploitations-témoins, les données recueillies dans mon enquête systématique sur les exploitations agricoles et les données fournies par les divers groupements agricoles ainsi que par le conseiller agricole de Pont-Croix ;
- Le travail agricole, au présent et dans le passé : à travers mes observations (parfois participantes) et les interviews d’agriculteurs de tous âges ;
- L’équipement domestique : à travers l’enquête systématique famille par famille et l’observation spontanée ;
- La vie domestique et les habitudes alimentaires, au présent et dans le passé : à travers interviews, recueils de recettes et observation ;
- Les familles : à travers l’enquête systématique famille par famille ;
- Les sources de revenus : comme ci-dessus ;
- Les réseaux de clientèle et d’entraide : en combinant les résultats d’enquêtes chez les commerçants et artisans et dans les groupements agricoles, les conversations spontanées et l’observation ;
- Les loisirs, la lecture et l’information : à travers l’enquête systématique famille par famille, l’observation et les conversations ;
- La vie religieuse : à travers l’observation participante, les conversations avec le recteur et avec les habitants croyants, pratiquants ou non, et en utilisant les résultats d’enquêtes de pratique religieuse précédemment faites ;
- Le cycle de vie et les traditions populaires : à travers interviews et observation.
Mes méthodes de recueil, conservation et exploitation des données
Tenue d’un journal de terrain
34Dès ma première visite, j’ai commencé un journal de terrain que j’ai continué jusqu’à la fin. Mon intention était de pouvoir, grâce à ce journal, mieux restituer après coup les notes prises jour après jour dans le cadre de mes enquêtes systématiques. À la relecture, je regrette aujourd’hui de n’avoir pas laissé assez de place dans ce journal à mes impressions subjectives, à mes sentiments personnels. C’est que je voulais qu’il puisse être lu par d’autres que moi et qu’à l’époque, je n’étais pas prêt à laisser à autrui la possibilité d’entrer même bien plus tard dans mon intimité.
Mes prises de notes
35Sauf dans le cas d’enquêtes spécifiques (et même parfois également dans ce dernier cas), je me suis le plus souvent astreint à réduire la prise de notes face à mes interlocuteurs au minimum indispensable (notation de renseignements d’état civil donnés comme tels ou de mots ou d’expressions en breton ou de chiffres ou de dates communiqués expressément pour être enregistrés). Je notais le plus souvent le résultat de mes interviews de mémoire, d’abord le plus tôt possible en abrégé, avant de les rédiger ou de les dicter le soir venu. Cela rendait les rapports avec mes interlocuteurs plus détendus et plus confiants.
36J’ai eu la chance de pouvoir faire dactylographier toutes ces notes par ma femme (grâce à des vacations du Centre de recherches anthropologiques), soit d’après mes notes manuscrites, soit en les lui dictant au magnétophone. Elles étaient classées ensuite par catégories (journal, enquête « exploitations », enquête « vieux », etc.). Elles étaient ensuite indexées pour donner lieu à un fichier-index permettant de retrouver facilement chacun des sujets traités.
Rassembler une documentation photographiée et filmée
37J’avais uniquement obtenu du Centre de recherches anthropologiques du Musée de l’homme, auquel j’étais rattaché, le prêt d’un appareil photographique 6 x 6 que j’utilisais pour la photo en noir et blanc. Avec un petit 24 x 36 personnel, je faisais des diapositives couleur. Mais il me paraissait essentiel de pouvoir compléter mes observations par la collecte d’une documentation filmée. Sollicité en ce sens, le docteur Gessain se montra réticent. Une équipe cinématographique était engagée dans la réalisation de films à Plozévet et il était envisagé qu’elle vînt en faire autant ultérieurement à Goulien. Je pensais que les deux entreprises ne feraient pas double emploi. L’équipe du Musée de l’homme ferait bien sûr un travail de qualité professionnelle, mais si elle devait venir, ce serait comme à Plozévet, pour des périodes de filmage intensif de quelques jours séparées par de longs intervalles.
38N’ayant pu obtenir ni prêt de matériel, ni crédits d’achat pour de la pellicule, j’ai décidé d’acquérir, sur mon maigre salaire de stagiaire, une caméra 8 mm Eumig à ressort que j’alimentai en films à mes propres frais. Je choisis cependant d’utiliser du film couleur en dépit de son prix plus élevé. Je filmais essentiellement ce qui se passait dans mes quatre fermes ainsi que les événements de la vie collective. Ne disposant pas de moyens d’éclairage, je ne pus pratiquement jamais filmer en intérieur.
39Mes films manifestent évidemment la plupart des défauts que l’on peut attendre d’un débutant, défauts accrus par le fait que je disposais d’une quantité de pellicule chaque fois très limitée (d’où des plans en général beaucoup trop courts). L’équipe du Musée de l’homme n’étant jamais venue à Goulien, ils constituent le seul témoignage sur la situation existant dans cette commune au moment de ma recherche. Mon activité de filmage fut d’autre part très bien reçue et m’aida souvent à justifier ma présence tout au long d’activités où il ne m’était pas possible de donner un coup de main. Les projections que je faisais, en privé pour certaines familles ou en public pour de plus vastes audiences, remportèrent un franc succès. Elles contribuèrent à nourrir le dialogue entre la population et nous, et nous offrirent un moyen très apprécié de la remercier de son accueil.
Collecte d’objets
40À l’occasion de diverses enquêtes sur les activités et modes de vie passés, j’ai pu acquérir pour le Musée national des arts et traditions populaires un certain nombre d’objets, vêtements, outils, tous témoins d’un temps révolu. Je n’ai pu le faire systématiquement parce que la mode de la « brocante » commençait à se répandre chez les « touristes » et les citadins des petites villes voisines, entraînant une inflation des prix de tout objet présumé ancien.
41Ce dont je me félicite le plus, c’est d’avoir convaincu Georges Henri Rivière de faire l’acquisition de tout l’intérieur du penn-ti où nous avons vécu pendant la plus grande partie de notre séjour. La maison devait être vendue pour être transformée en résidence secondaire et la plus grande partie du mobilier et des objets qui la garnissaient, de peu de valeur marchande, aurait été dispersée ou détruite – ce qui aurait été fort dommage pour ce parfait exemple du style capiste de la fin du XIXe siècle. Cet intérieur a trouvé sa place au Musée des Atp.
Quête en bibliothèques et archives
42L’ethnologie que je pratique considère qu’on ne saurait viser à la compréhension du « phénomène social total » en en négligeant la dimension temporelle. Mais il ne pouvait être question de doubler ma monographie ethnographique d’une monographie historique. Je m’en suis tenu à l’étude d’un passé relativement proche, celui dans lequel les divers aspects du présent me paraissaient prendre leurs racines. Au-delà de l’époque accessible, directement ou indirectement, à travers la mémoire des vieux, et couverte également par les archives communales, cette étude n’a donc guère dépassé l’époque de la Révolution française. En plus des sources publiées, j’ai donc eu un peu recours aux Archives départementales de Quimper. Cependant, au cours de ce premier stade de mon travail, la priorité fut d’abord donnée au « terrain ».
Le stade de la rédaction (1964-1966)
Recherches complémentaires dans les bibliothèques et les archives
43Primitivement, le travail pour lequel j’avais été engagé devait aboutir à un simple rapport. Devant l’importance des données recueillies, mes « patrons » Leroi-Gourhan et le docteur Gessain me conseillèrent de mettre entre parenthèses, provisoirement, mes recherches alsaciennes et de prendre, à la place, Goulien comme sujet de thèse de troisième cycle. On me suggéra même qu’en poussant un peu, en développant certains aspects théoriques, j’en fasse une thèse d’État. Mais je trouvais qu’il aurait été outrecuidant de la part d’un chercheur débutant d’à peine trente ans de paraître vouloir se mettre sur un même pied que ces grands « pontes » de l’ethnologie qui, me semblait-il, méritaient seuls ce titre prestigieux !
44Métamorphosé en thèse, ce travail devait plus impérativement que jamais s’appuyer sur une recherche bibliographique plus poussée. Je l’ai menée essentiellement à la Bibliothèque nationale. Goulien et le Cap Sizun m’apparurent ainsi beaucoup mieux dans leur environnement historique et culturel. Retournant à deux ou trois reprises encore en Bretagne, je pus mieux exploiter les archives où les notes manuscrites d’Henri Le Carguet, entre autres, attirèrent particulièrement mon attention.
45Ces retours en Bretagne avaient surtout pour but des visites à Goulien tant pour y réaliser des interviews complémentaires sur des sujets qui m’apparaissaient insuffisamment couverts par mes notes que pour d’autres recherches dans les archives communales (registres d’état civil, recensements de population, recensements agricoles, cadastre, registres des délibérations du conseil municipal, etc.)
Problèmes rédactionnels
46Il m’est apparu assez vite qu’il ne me serait pas possible d’utiliser mes données aussi librement que je l’aurais voulu. D’une part, la nature de ce travail, conçu comme devant donner matière comparative aux études effectuées à Plozévet, m’obligeait à développer certains aspects traités par mes collègues pour cette commune et à ne pas trop insister sur d’autres. D’autre part, les règles de la composition littéraire jouaient aussi pour une thèse – il fallait que chaque partie fût équilibrée par rapport aux autres. Une partie de mes notes resta donc sous-exploitée – ce qui ne me préoccupa pas trop car je pensais les reprendre ultérieurement dans le cadre d’autres travaux.
Première version (pour la soutenance de thèse) et deuxième version (pour la publication)
47Une première version, tirée à quelques exemplaires simplement (le CRA, pour d’obscures raisons, n’avait pu en financer le tirage), fut présentée en juin 1966 comme thèse de troisième cycle devant l’(alors unique) Université de Paris, en présence d’un tout petit public. Le jury se composait de Roger Bastide, André Leroi-Gourhan et Georges Henri Rivière.
48Le docteur Gessain me proposa ensuite de la publier, sous une forme très légèrement révisée, dans l’un des Cahiers du CRA5. C’est en Indonésie, en novembre 1967, que m’arrivèrent les épreuves à corriger ; des épreuves que j’eus beaucoup de mal à réexpédier à cause de la censure des ouvrages imprimés qui existait dans le pays à cette époque ! Il ne me fut pas possible de corriger les secondes épreuves, d’où la présence de nombreuses coquilles qui m’obligèrent à mon retour à faire publier six pages d’errata.
49Cette publication passa malheureusement assez inaperçue. On ne s’intéressait guère, alors, à l’ethnologie française ou bretonne. Par ailleurs, la difficulté de se procurer le volume (fascicule 3-4 du Cahier no 6 du tome supplémentaire au tome deuxième – XIe série des Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris !), que les éditeurs eux-mêmes (Masson et Cie, surtout spécialisés dans les ouvrages de médecine) paraissaient ignorer, eut vite fait de décourager les éventuels amateurs. Je suis toujours très surpris quand il m’arrive de rencontrer quelqu’un ayant eu connaissance, même par ouï-dire, de cet ouvrage « quasi mythique » !
Les suites
Tentatives de prolongement de ce travail
50Mes projets d’études ultérieures avaient été de plusieurs ordres. J’avais envisagé, par exemple, une étude des réseaux de mariage dans le Cap – qui prendrait en compte l’hypothèse de l’importance d’une filiation ambilinéaire plus dominée par des considérations de succession dans la direction de l’exploitation agricole et de continuité de résidence que par le souci de la continuation du nom. J’ai imaginé une étude embrassant toute la période depuis la Révolution de 1789 jusqu’à l’époque présente concernant les luttes pour le pouvoir local et visant à une meilleure identification à travers tout ce temps des deux « camps » qui m’avaient semblé constamment s’opposer à Goulien. D’autres pistes me traversèrent l’esprit : une étude plus complète sur ce qu’était le capital de savoirs technologiques avant la guerre de 1914 et sur son évolution ; une étude qui chercherait à déterminer les caractéristiques d’une éventuelle identité culturelle capiste. Au cours de diverses visites rendues à Goulien de 1964 à 1970, j’avais donc continué de récolter des données en rapport avec ces différents sujets.
51Je croyais qu’il me serait facile de mettre en œuvre une carrière de double recherche franco-exotique. Entré au CNRS en 1965, j’occupai ma première année à achever ma thèse, faisant financer par le CRA mes brefs retours sur le terrain. Après ma soutenance, je retournai à mes recherches alsaciennes tout en préparant une mission pour l’Indonésie. Mais peu à peu, les chercheurs du CNRS se trouvèrent intégrés dans des formations de recherche, seules dispensatrices des crédits de mission : on n’accordait plus de missions individuelles. Rattaché au Centre de documentation et de recherche sur l’Asie du Sud-Est et sur le monde insulindien, ce n’est pas de ce Centre que je pouvais espérer un financement pour des missions en Bretagne. La « double appartenance » était interdite. Responsable pendant trois ans de l’enseignement de technologie comparée au département d’ethnologie de l’Université Paris 10-Nanterre, je pus obtenir toutefois – en 1970 à ce qu’il me semble – un petit financement pour un voyage dans le Cap en rapport avec cet enseignement. Ce fut le dernier.
52Si nous n’avons jamais perdu le contact avec nos amis de Goulien, mes projets de reprise de mon travail se sont peu à peu estompés.
Le travail de Delroeux
53Les promoteurs des « enquêtes de Pont-Croix » espéraient que ces dernières susciteraient de nombreuses suites. C’est dans cette éventualité que j’avais déposé dans les archives du CRA la plus grande partie de mes notes brutes, y compris celles non utilisées pour la publication et celles récoltées en vue d’études futures.
54En 1971, un chercheur belge, Jacques Delroeux, demanda l’autorisation de les utiliser pour un travail sur la parenté dans le Cap Sizun qui a donné lieu à une thèse soutenue en 19796. Curieusement, ce chercheur n’a jamais cherché à prendre contact avec moi, et s’il a effectué des passages sur le terrain, il n’y a guère laissé de souvenir. Son travail, fort volumineux (659 pages auxquelles s’ajoutent trois volumes d’annexes), et qui paraît surtout avoir reposé sur une approche très théorisante et sur une analyse extrêmement fouillée des documents, de l’état civil et des recensements, donne une impression de sérieux et de qualité.
Retour à Goulien
55La longue ignorance dont a été l’objet ma thèse m’a donné envie d’en faire une nouvelle publication qui serait plus largement diffusée. Reste que je ne pouvais publier tel quel un travail vieux de près de trente ans. Il fallait en prévoir la révision et surtout y ajouter une postface donnant la mesure des changements intervenus en une génération.
56En 1991, suite à une reprise de contact datant de 1988, la municipalité de Goulien m’invita à venir présenter mes films au cours de deux soirées organisées dans la toute nouvelle salle polyvalente de la commune. Les chaleureuses retrouvailles collectives m’ont incité à rechercher un moyen pour renouer le fil de mes anciennes recherches. Le projet s’est précisé à partir de 1995 lorsque, invité à donner une conférence à l’Université de Bretagne Occidentale (Brest), je suis retourné dans le Cap pour une brève enquête préliminaire à un retour que j’espérais proche. Il fallait trouver un financement. En 1998, sur la suggestion du maire de Goulien, Henri Goardon, j’ai adressé à l’Institut culturel de Bretagne une demande de subvention qui m’a été accordée. Grâce à elle, j’ai pu mener dans le courant du premier semestre de 1999 dix semaines d’enquêtes intensives réparties en trois visites. Par ailleurs, la Cinémathèque de Bretagne a réalisé en 2000-2001, à partir de mes films en 8 mm, une édition intitulée Goulien, le retour dont l’originalité fut qu’elle incluait les commentaires des protagonistes qui avaient été saisis par l’image près de quarante ans auparavant7.
57Le Goulien à l’aube du XXIe siècle n’était plus le Goulien que j’avais connu dans les années 1960. Un ouvrage en témoigne désormais8. Formé des résultats de l’enquête que j’avais publiés en 1966 et d’une seconde partie issue du ricochet de la toute fin des années 1990 intitulée « Goulien, An 2000 », il propose un aller-retour dans une commune de France. À l’ombre de Plozévet ? Qui sait.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Travaux sur Goulien
10.3406/bmsap.1966.1528 :Pelras C., « Goulien, commune rurale du Cap Sizun. Étude d’ethnologie globale », Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, no 6 (Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, tome X, XIe série), 1966, p. 141-587.
Pelras C., Goulien, commune rurale du Cap Sizun. Étude d’ethnologie globale. Positions de thèses de Troisième Cycle soutenues devant la Faculté en 1966, Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Paris-Sorbonne, tome 42, Paris, Presses Universitaires de France, 1968, p. 175-176.
Pelras C., Goulien, commune bretonne du Cap Sizun. Entre XIXe siècle et IIIe millénaire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2001 (réédition, avec quelques corrections minimes du précédent ouvrage, augmentée d’une seconde partie intitulée « Goulien, an 2000 »).
Notes de bas de page
1 La première partie de cette contribution est une reprise de celle donnée sous le titre : « Une recherche ethnologique dans le Cap Sizun en 1962-1964 », dans Du folklore à l’ethnologie en Bretagne. 1er colloque d’ethnologie bretonne, Brasparts, Beltan, 1989, p. 263-271.
2 Voir au sujet de cette dernière : Morin E., Commune en France. La métamorphose de Plodémet, Paris, Fayard, 1967 ; Burguière A., Bretons de Plozévet, Paris, Flammarion, 1975.
3 Pour un bilan d’ensemble de cette expérience interdisciplinaire, voir les analyses d’André Burguière, Bretons de Plozévet, op. cit. Quelques-unes des études particulières réalisées dans le cadre de cette enquête ont été publiées dans les Cahiers du Centre de recherches anthropologiques ; dans le cahier no 3 : Mugnier M., Goux J.-M., Sutter J., « Constitution de généalogies à partir de l’État Civil par une technique mécanographique », p. 39-44 ; dans le cahier no 5 : Bourlière F., Cendron H., Clément F., « Le vieillissement individuel dans une population rurale française : étude de la commune de Plozévet », p. 41-101, et De Lestrange M.-T., « Étude des plis de flexion de la main : le pli transverse chez les habitants de Plozévet », p. 103-118 ; dans le cahier no 8 : De Lestrange M.-T., « Le pli transverse : nouvelle étude de sa répartition chez les habitants de Plozévet », p. 183-191, et Albenque A., « État des techniques de production et de consommation dans l’agriculture et les arts ménagers d’une commune bretonne », p. 193-302.
4 C’est en tirant les leçons de ces dernières qu’il allait, quelques années plus tard, organiser les travaux de la RCP Aubrac.
5 Pelras C., « Goulien, commune rurale du Cap Sizun. Étude d’ethnologie globale », Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, no 6, 1966, p. 141-587.
6 Delroeux J., Étude d’anthropologie sociale de trois sociétés rurales occidentales : Goulien, Plogoffet Lescoff (Sud-Finistère) de 1800 à 1970. Étude du principe de réciprocité, thèse de doctorat d’État en lettres et sciences humaines présentée devant l’Université Paris 5 René Descartes, 1979.
7 Je dois signaler que ce film a été présenté à des enseignants et des étudiants de diverses universités indonésiennes qui ont été frappés par les similitudes insoupçonnées, à quarante ans de distance, entre les paysans bretons et les paysans indonésiens.
8 Pelras C., Goulien, commune bretonne du Cap Sizun. Entre XIXe siècle et IIIe millénaire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2001.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008