Chapitre XI. La plume de combat
p. 213-226
Texte intégral
L’Union de l’Ouest
1Pour Falloux, l’esprit révolutionnaire et voltairien gagnait la société française : la Révolution lui paraissait une œuvre foncièrement hostile au catholicisme. Elle était comme « le rejet du droit divin et la liberté dite naturelle, c’est-à-dire l’apostasie et l’orgueil, sont les deux bases fondamentales de la Révolution et la source empoisonnée de tous les crimes ». Considérant que « Dieu ayant voulu l’union, qui relie l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, la nature ne peut conserver sa rectitude et obéir à ses lois qu’autant qu’elle reste unie à l’ordre surnaturel », Falloux condamnait tout autant le Naturalisme : le courant philosophique majeur du XIXe siècle lui paraissait d’autant plus condamnable que « Naturalisme et Révolution sont même chose ». Tous deux étaient issus de ce XVIIIe siècle qui « ne s’était pas contenté de combattre la foi ; il avait effacé son empreinte dans les esprits et dans les mœurs ». Progressiste plutôt que moderniste, Falloux portait un regard lucide sur son époque : une ère moderne qui ne l’effrayait nullement car le sombre XVIIIe siècle hostile au catholicisme, contrastait avec ce XIXe siècle qui voyait la renaissance catholique.
2En ce mois de novembre 1844, le comte de Quatrebarbes et d’autres notables se réunirent à Angers pour convenir de la création d’un journal. Falloux se joignit à l’initiative conscient que « toute la révolte du XVIIIe siècle s’est faite afin que chacun, à chaque heure du jour, put déclarer en son propre et privé nom ce qui est contraire ou conforme au véritable Esprit de l’Évangile, tandis que les catholiques maintiennent que le véritable sens de l’Évangile, que son esprit éternel repose dans cette même Église, par voix de tradition non interrompue en même temps que par secours direct du Saint Esprit : ce secours divin c’est l’Évangile qui l’a promis à Pierre et c’est l’histoire de l’Église universelle qui en démontre l’accomplissement ». Certes le livre sur Saint Pie V contribua à servir le catholicisme, mais son audience était celle d’un livre. Le peuple étant un acteur essentiel de la vie du pays et le catholicisme était l’âme de cette France qui se perdait depuis 1789.
3La réunion qui se déroula dans le courant du mois de novembre 1844 aboutît à la création d’un journal, dont la direction fut confiée à Éloïs Jourdan. Falloux s’engagea à verser 4 000 francs pour sa participation à son capital.
4La presse entrait dans sa vie pour ne plus en ressortir. Falloux avait prit conscience de son importance :
« C’est que quelques divers et étendus que soient vos rayonnements à Paris, vous n’atteignez cependant qu’un public d’élite, et vous ne sentez pas assez quelle absence de vérité, quel vide de bon sens s’est opéré depuis plus d’un siècle dans le commun des esprits français (...). On n’a pas fait la Révolution en un jour : il a fallu que 5 ou 6 générations se succédassent, apportant chacune son coup de marteau, et il faut maintenant que chaque génération réparatrice apporte sa pierre ou son grain de sable. »
5D’où la nécessité d’être des journaux pour atteindre ceux que ne lisaient pas les livres, « et qui sont assaillis pourtant de tous les retentissements de l’impiété et du mensonge ».
6Les collaborateurs du journal s’accordèrent pour élaborer un numéro de présentation annonçant les objectifs poursuivis. La rédaction en fut confiée à Falloux, qui présenta le journal de manière à ne froisser aucune susceptibilité, tout en affirmant ses idées.
7Il fallait s’affirmer « avant tout chrétiens et catholiques », et de préciser sans ambiguïté que l’objectif premier « est de défendre notre foi contre les attaques que l’ignorance et les passions lui suscitent de toutes parts ». Il convenait ensuite d’affirmer son patriotisme : « Nous aurons sans cesse devant les yeux, la France, ses intérêts et sa gloire. » C’était que pour être efficace le journal devait être neutre. Aussi, le manifeste déclarait-il que le terrain neutre était « celui de la Charte, acceptée franchement comme un fait accompli, comme un héritage (...). Cet héritage nous l’acceptons tous (...). Placés, comme nous le sommes, au-dessus des parties, et ne voulant servir que l’Église et la France, il nous sera facile d’être à l’égard de tous justes et indépendants, indulgents et sévères à la fois ». L’engagement pour l’Église était bien sûr présent et conduisait même au pragmatisme. Pour les catholiques libéraux tout concours était à prendre « qu’il soit conservateur, légitimiste ou radical (...) pourvu qu’il veuille ce que nous voulons : liberté de l’Église, liberté d’enseignement ». Le journal se fera le défenseur des classes pauvres : la question sociale n’était pas oubliée. Bon nombre des fondateurs du journal, dont Falloux, étaient des catholiques sociaux. Aussi s’engageaient-ils à être « d’ardents défenseurs » des pauvres qui étudieront « avec un soin particulier les questions qui s’y attachent, persuadé que l’avenir de la France dépend en grande partie de la solution que les événements ou les hommes donneront à ces questions (...) ».
8Le Légitimisme, comme toute autre idéologie politique, avait besoin d’être présenté et défendu devant l’opinion publique. La presse remplissait d’autant plus ce rôle que le lectorat croissait de manière constante et que le peuple restait un acteur politique majeur. Dans les années 1840 le légitimisme disposa d’une presse nombreuse, constituée d’un maillage dense de journaux locaux. Le grand ouest de la France fut la terre d’élection de cette presse, aussi la création de L’Union de l’Ouest fut-elle bien accueillie par le lectorat. Le journal fut un hebdomadaire et envisagea d’être l’un des plus influents aux côtés du Courrier de la Vienne, de La France Centrale et du Journal de Rennes. Falloux s’engagea à y apporter sa plume et des subsides ; ce journal fut son journal : L’Union de l’Ouest devait être pour lui un moyen dès plus précieux d’intervention, indirecte, dans les affaires religieuses et politiques.
9À l’été 1845, quelques mois après son lancement, L’Union de l’Ouest dut affronter sa première crise : l’abbé Bernier, vicaire général d’Angers de tendance gallicane, y voyait le parti « que l’on appelle la queue de Lamennais ». Il associait Dom Guéranger à sa diatribe hostile aux institutions liturgiques. Quatrebarbes répondit au nom du journal. La polémique allait s’envenimant quand Falloux décida d’intervenir. Il débutait en politique, il lu fallait préserver son avenir. Souhaitant un dénouement à l’amiable, Falloux écrivit une lettre à l’évêque d’Angers, monseigneur Angebault. Après l’avoir soumise à Dupanloup, son confesseur, il la remit au prélat lors de l’une de ses visites au Bourg d’Iré. La polémique cessa. Cette affaire fut positive pour L’Union de l’Ouest : les abonnements augmentèrent et la rédaction de l’hebdomadaire s’améliora. Mais, Falloux ressentit un fort sentiment de lassitude. Un sentiment qu’il confia à l’ami de jeunesse, Albert de Rességuier :
« Je suis depuis longtemps si fatigué des luttes, si à bout d’illusions sur la possibilité des choses souhaitées que je ne forme plus de projets même en pensée. J’emploie tout mon courage non plus à changer quoique ce soit dans ma vie, mais à l’accepter avec résignation pour ce qu’elle a de triste, avec reconnaissance pour ce que Dieu lui accorde d’autre part de si profondément généreux. Ainsi je le remercie de ce que vous m’aimiez encore. »
10À 34 ans, Falloux semblait désabusé : son intuition politique lui faisait-elle comprendre que ses espérances politiques et religieuses n’étaient que des illusions ? Sa santé commençait-elle à chanceler ?
11L’autonome 1845 s’annonça mélancolique. Mais la vie politique et la Cause ne tardèrent pas à ramener Falloux à de meilleures dispositions.
12Sous le Second Empire l’activité politique, a fortiori lorsqu’elle s’exerçait dans le cadre journalistique, n’était pas sans risque. Le Correspondant avait essuyé des blâmes et L’Univers avait succombé à la censure. Un article de Cumont attira les foudres de la censure impériale ; le « vice-empereur » Rouher veillait, tel un cerbère, sur un régime en mutation forcée. L’Union de l’Ouest fut frappée d’un blâme et d’une condamnation judiciaire pour un article trop engagé contre l’Empire. Falloux, en tant que journaliste et qu’associé du journal, au nom de la liberté d’expression et de la Cause, s’engagea dans un bras de fer avec l’administration judiciaire : le 16 mars 1868, il partit donc à Angers en compagnie de Bertou, Debrais et Cumont. Et ce malgré une crise de névralgie qui lui faisait trembler les jambes et lui donnait de la fièvre, une crise rendue supportable par l’Eau bonne et la Paulina.
13L’affrontement allait être âpre : lors de la séance du 21 mars qui avait « commencée à midi » pour finir « à 6 heures », « ont été entendu M. de Cumont, Frairé, et l’avocat de Tresbon. La parole a été refusée à M. de Falloux. » Mais, le 22 mars « le préfet a été bafoué et démenti un bout à l’autre de l’audience qui a durée 6 heures et cela redoublera demain. Je vais tout-à-l’heure m’entretenir avec Cumont et ses avocats ». Confiants en la suite et le dénouement de l’affaire, les journalistes affrontèrent une ultime fois le Tribunal, le 23 mars. Au terme de l’audience, Bertou put écrire à Marie que « les débats sont terminés, le tribunal a remis à vendredi le prononcé du jugement. M. de Falloux a relevé l’impudence du procureur impérial par trois mots qui ont enlevé la salle. Si M. de Cumont n’est pas acquitté, le tribunal aura foulé aux pieds l’opinion unanime dont la manifestation a plusieurs fois interrompu l’audience. » C’est toujours malade que Falloux poursuivit l’affaire : « En tout cas je garde la Paulina pour assurer la journée de demain » car « elle s’annonce comme devant être rude (...). Le procureur général est parti pour Paris aussitôt que l’intention d’appel a été connue, et il a fait insérer le jugement dans la constitution contrairement à toute règle. » L’échéance s’approchant, Falloux eut, au matin du 6 avril, « une longue séance d’Arthur et des avocats » qui « se croient positivement sûrs que l’affaire ne sera terminée que demain. »
14Le verdict fut sans surprise : Cumont fut relaxé.
15L’affaire terminée, Falloux ne regagna pas de suite le Bourg d’Iré, la maladie l’en empêchait :
« Cette nuit ma grippe a un peu rétrogradé par le froid très vif qu’il a fait, j’ai beaucoup plus toussé, ma tête s’en est fortement ressentie, et ce matin je croyais être tout à fait repris d’une crise. Maintenant cela va un peu mieux (...) Si je puis partir demain sans impudence, je le ferais assurément (...). Si au contraire ma nuit a été mauvaise et si le temps demeure aussi aigre, je ne compromettrai pas ma demi-guérison. »
Le Correspondant
16L’Empire napoléonien proclamé, la dictature constitutionalisée, le catholicisme libéral en lutte ouverte avec l’Intransigeantisme depuis 1850, tout poussait à s’organiser pour la pérennité du catholicisme libéral. Falloux conscient du contexte, Montalembert qui cherchait à racheter son soutien à l’Empire et Albert de Broglie au nom de la monarchie constitutionnelle se mirent « donc à chercher, dans la presse, un journal ou une revue qui pût nous donner l’hospitalité, et nous fûmes naturellement conduits vers Le Correspondant, recueil périodique fondé sous la Restauration (...), toujours dévoué à l’alliance de la religion et de la liberté (...), grâce à la persévérance désintéressée et à la pure renommée du savant Charles Lenormant, ami de nos personnes, comme de nos idées. » Ce fut sans difficulté que Lenormant accepta de voir Le Correspondant, son journal, devenir l’organe des catholiques libéraux. Il écrivit à ce sujet un article, paru le 25 avril 1853 :
« Nous étions en train de nous réconcilier avec le siècle, et on le récompense du penchant qu’il commençait à montrer pour nos idées en lui rompant en visière (...). Nous préconisions l’harmonie de la raison humaine avec les vérités de la foi, et l’on renouvelle contre la raison des erreurs funestes (...). On autorise à dire que les catholiques n’ont parlé de liberté, de raison et de science que pour gagner des partisans, et qu’aujourd’hui, se croyant les plus forts, ils en reviennent au véritable esprit de la religion, qui consiste à condamner la liberté, à nier la raison, à mutiler la science, langage qui, pour être injuste, n’en rencontre pas moins désormais une créance extraordinaire (...). Nous ne tardons pas à apprendre, par notre propre expérience, qu’il ne faut pas, même quand on a raison aussi pleinement que dans la défense de la religion, mettre contre soi les sentiments généreux du cœur et les forces vives de l’esprit humain. »
17Le ton était donné.
18Montalembert, orléaniste, fut nommé président, le légitimiste Charles Lenormant resta Directeur-en-chef, Cochin, légitimiste, et l’orléaniste Albert de Broglie furent désignés collaborateurs. Falloux fit quelques manières en se montrant réticent à collaborer... à cause de sa santé. Mais il finit par intégrer ce journal où se côtoyaient les frères ennemis du royalisme. Commença alors une étroite collaboration de 30 ans. Falloux allait pouvoir croiser la plume contre L’Univers et l’Empire, au côté de Montalembert qui apportait son tempérament de jouteur et son sens de l’amitié si utile dans les combats, de Lenormant dont l’esprit scrupuleux et savant allait continuer à profiter au journal, du juriste Foisset qui contribuera à l’effort commun par son sens du jugement et par sa promptitude intellectuelle, enfin d’Albert de Broglie à la puissance de raisonnement et de pénétration si nécessaire pour la compréhension d’un monde en ébullition ; ce dernier apportait l’héritage de la pensée constitutionnelle de son père Victor.
19Lacordaire et Dupanloup patronnèrent moralement la publication. Madame Swetchine en fut la marraine. En 1855, le journal prit comme éditeur-gérant Charles Douniol et s’installa 29 rue de Tournon, à Paris.
20Falloux allait se révéler une « plume de combat » efficace. Ne ressentait-il pas sa collaboration comme un engagement ? La plume était son épée avec laquelle il guerroyait pour la Cause. Ses articles étaient des canonnades, ses paragraphes des salves, ses mots des boulets de canons. La lutte entre journaux ? Des duels de navires sur la mer politique. Aussi chacun de ses articles était-il préparé avec conviction et attention. Sans doute Falloux gardait-il à l’esprit la disparition de L’Ère Nouvelle qui avait succombé sous les attaques de L’Univers et de L’Ami de la religion. Le Correspondant ne devait pas connaître le même sort.
21Le 25 janvier 1856, Albert de Broglie, orléaniste, précisa le but du journal :
« Sans la moindre hésitation, la polémique religieuse actuelle accepte dans toute son étendue, poursuit dans toutes ses applications, l’hostilité de la société moderne et de l’Église. Pour elle, toute la société moderne est venue au monde excommuniée ; son origine rationnelle est une tâche qu’aucun baptême ne peut laver. Tout est mauvais, antichrétien, anticatholique, dans les principes de la société moderne ; la révolution Française et la religion catholique sont les deux pôles opposés du monde (...). Il n’y a de grâce faite, je ne sais pourquoi, qu’à des institutions politiques de création récente. »
22Dénonçant implicitement le Second Empire, Albert de Broglie poursuivit par une présentation de l’Église face au XIXe siècle :
« L’Église doit être pour la société moderne ce que la foi est pour la raison, non l’ennemi qui la combat, mais l’autorité qui la règle ; les principes de la société moderne doivent trouver dans les vérités de la religion, non la contradiction qui les condamne, mais le complément qui les achève et le frein qui les contient (...). Il ne s’agit point de choisir entre les principes de 89 et les dogmes de la religion catholique ; il s’agit de purifier les principes par les dogmes et de les faire marcher de concert. »
23Falloux partageait la conception de son ami. Plus que jamais il lui semblait que l’Église devait marcher à la tête de son temps pour que celui-ci la soutienne. La Question Libérale se posait à la Religion depuis 1789 et plus encore depuis le Deux Décembre. Quelle chaire n’avait pas fait retentir son soutien au régime napoléonien ? L’Église s’était ralliée au trône, comme en 1815 ; elle risquait de connaître à nouveau « 1830 ». Un péril accentué par la division des forces catholiques : L’Univers avait converti à l’ultramontanisme et au catholicisme libéral un grand nombre de prêtres et une part notable des fidèles, alors que son rédacteur en chef, Louis Veuillot, poursuivait de sa verve cinglante Falloux. Montalembert trouvait grâce à ses yeux parce qu’il était un chevalier loyal du catholicisme, Dupanloup étant évêque était intouchable, enfin Albert de Broglie était un Prince et un Broglie. Il ne restait à l’animosité de Veuillot qu’Alfred de Falloux, à la personnalité complexe, au récent majorat au titre de comte. Tout les opposait : Falloux était issu de la noblesse riche, Veuillot était fils de pauvre ouvrier imprimeur ; Falloux avait une allure aristocratique, Veuillot plébéïenne ; Falloux était un hybride de chat et de caméléon, Veuillot un lion ; Falloux était sensible et subtil, Veuillot était emporté et brutal.
24Veuillot n’aima pas Falloux. D’emblé il n’aima ni le légitimiste, ni surtout l’homme des nuances, des atermoiements, des habiletés, l’homme à l’esprit souple, insinuant, qui trouvait le moyen d’être bien avec tout le monde : Thiers et Cousin, Montalembert et le Prince-Président. Veuillot l’accusa d’être trop habile, trop ambitieux, de n’avoir pas de foi dans la vérité catholique. Veuillot, en outre, ne fut pas appelé dans la Commission extraparlementaire et il put en concevoir quelque amertume. Louis Veuillot dit volontiers de Falloux qu’« il a de l’esprit, du courage, une parole fine et claire ; il écrit très bien lorsqu’il s’y met, et il a le moyen de ne pas improviser (...). Il est engageant et persévérant ; il est riche. Ce que la nature lui refuse, il l’obtient par artifice et patience (...). Il entra de bonne heure et comme chez lui dans la vie politique, sur le dos de ceux qu’il semblait pousser (...). La fleur de lis lui servit de recommandation pour s’introduire chez l’aigle et de passeport pour aller au coq ; la croix ne lui nuisit point auprès de M. Thiers ; et, ce qui montre combien l’homme est fort, ni l’aigle, ni le coq, ni M. Thiers ne lui nuisirent auprès de la fleur de lis et de la croix. Il sait monter avec agilité, descendre avec prudence, n’être nulle part, demeurer partout. Mais voici la merveille : tant de qualités naturelles et tant de qualités acquises, après vingt-cinq années d’exercice, n’ont su lui faire que la figure d’un intriguant (...) ». Ce jugement dur, Veuillot le porta naturellement sur les catholiques libéraux :
« Il leur manque du sang, de la haine contre une société où ils ont leur place, et dont les velours et les dentelles les empêchent de voir les plaies et de sentir les corruptions. Ils ignorent ce qui se passe dans la rue, ils n’y ont jamais mis les pieds ; moi, j’en viens, j’y suis né, et, pour tout dire, j’y demeure encore. »
25Une haine que Veuillot transforma en affrontement. Au début de l’année 1853, l’abbé Gaume fit imprimer dans L’Univers son article sur les ouvrages scolaires, intitulé Le ver rongeur des sociétés modernes. Un véritable pamphlet fustigeant les livres scolaires jugés comme des œuvres païennes pervertissant la jeunesse. Dupanloup condamna l’article et l’interdit dans son diocèse, suivit dès le mois de février par l’archevêque de Paris Monseigneur Sibour ; l’affaire en resta là. Le 5 janvier 1854, Veuillot déclara dans L’Univers que « toute constitution rompt avec l’unité sociale et établit un dualisme dont le résultat est d’annuler l’un par l’autre les deux termes du régime constitutionnel (...) Le gouvernement n’est pas une gestion de commerce ; les rois et les empereurs sont les mandataires de la Providence, à elle seule ils doivent compte de leur conduite (...). Chercher des garanties contre le pouvoir est, en politique, ce qu’est en géométrie la quadrature du cercle (...) ». Le journal confirmait et répétait son soutien à l’Empire.
26Le 15 décembre 1855, L’Univers publia un article adressé à l’ancien parti catholique :
« Véritablement, à regarder ce temps et ces hommes (...) et tout ce que l’on poursuit et tout ce que l’on évite par de si grands tourments d’esprit, l’honneur d’être haï et rejeté par la vérité, n’eut-on pas la certitude de son triomphe, nous semblait encore le but humain le plus beau que puisse proposer la vie humaine. »
27Le 27 décembre 1855, L’Univers publia un article hostile à la liberté : « Et pourquoi employer si souvent le mot Liberté qui signifie si souvent anarchie ? Le mot de Liberté nous vient des pays d’esclaves ; il est sans usage dans les pays chrétiens. »
28Le 15 février 1856, L’Univers faisait le procès de l’esprit moderne :
« Voilà, dit l’esprit moderne, un peuple de catéchisés ; ces bonnes gens ne demandent qu’à devenir chrétiens. Abaissez seulement quelques barrières, devenues odieuses, abrogez quelques disciplines surannées, rayez du symbole quelques articles insignifiants, faites les concessions que l’esprit moderne est en droit d’exiger et que vous ne pouvez refuser sans vous perdre, ils sont à vous (...). À ce langage il y a toujours, parmi leurs collègues, des têtes qui parlent, des cœurs qui cèdent, les têtes que l’esprit moderne a entraînées, les cœurs que l’aspect de sa force et le but de ses menaces ont glacé d’épouvante (...). Ses demandes paraissent raisonnables, justes, toujours justes. On se met en devoir de les satisfaire, on entre en pourparlers, on négocie. Il se montre plus difficile qu’on avait cru, il refuse ce que l’on offre d’avantage. »
29Comment expliquer ces attaques ?
30Le Correspondant était le dépositaire de l’héritage constitutionnel de Germaine de Staël, de Benjamin Constant et de Victor de Broglie. Tout opposait Le Correspondant à L’Univers. Le journal de Louis Veuillot s’ancrait dans l’intransigeantisme hérité du pontificat « intégraliste » de Clément XIII : fermeté vis-à-vis de la prétention des états modernes à s’ingérer dans la vie de l’Église, rejet du jansénisme et de la philosophie des Lumières, réaffirmation de l’autorité pontificale et de la hiérarchie ecclésiastique, renouvellement ou accentuation des formes anciennes de la ferveur religieuse des fidèles constituèrent les bases du pontificat, et par continuité de l’intransigeantisme du XIXe siècle.
31Falloux décida de réagir contre ses charges. Ne pas laisser à l’adversaire le monopole des débats, ne pas lui laisser de prises où porter les coups : « Les questions religieuses ont une opportunité éternelle. Dès qu’on les croit mal servies, dès qu’on les sent compromises, on est tenté de rentrer en lice et de recommencer les vieux combats. » Un regard sur le parti catholique lui semblait s’imposer : « Après mûres réflexions, c’est précisément un témoignage plutôt qu’une argumentation que je me sens tenté d’apporter dans la balance. Avoir vu les choses de près et les juger de loin me semble une bonne condition pour la tâche que je m’impose. » Cet article devra parler à l’opinion parce qu’« il faut donc, autant pour sa propre satisfaction que pour l’utilité commune des deux parties, arriver à pénétrer quiconque s’intéresse à nos controverses de leur irrécusable gravité ; racheter, par le bénéfice de l’insistance et de la clarté, l’inconvénient de la division et du bruit, procéder par preuves de détail et s’appuyer sur des faits incontestés ». Falloux de conclure que « c’est ainsi que j’ai été conduit à interroger le passé, à lui demander s’il ne contenait pas assez d’enseignements, assez de leçons, pour intervenir de sa propre autorité et nous dispenser de plaidoiries plus directes. » Falloux commençait son article par un bref historique du parti catholique et de son action de 1840 à 1848. Il le poursuivait d’un regard sur la Loi de 1850 dont il expliquait l’origine :
« Qu’on veuille bien aussi (...) se demander quels étaient le nombre et la classe des parents prêts à confier leurs fils aux écoles ostensiblement et exclusivement catholiques. C’étaient les parents déjà catholiques eux-mêmes, amenant des enfants dont le berceau avait été béni par la religion et qui avaient aspiré pour ainsi dire la foi dans les leçons. »
32Et puis « est-ce le rôle de l’Église, dans un pays comme la France, de se borner à former de petites phalanges sacrées ? Est-ce le rôle des catholiques de se cantonner d’avance et d’eux-mêmes dans un coin de la société française ? Cela peut être imposé à l’Église comme un sacrifice comme une épreuve, cela répugne à son esprit large et à son cœur maternel ». Enfin cette loi avait un sens bien défini et surtout compréhensible : « Le projet de loi ne visait point à détruire l’Université ; il n’avait d’autre but que d’y introduire des améliorations indispensables et de lui susciter loyalement, dans l’intérêt général de la société selon l’opinion des familles, toutes les concurrences légitimes, notamment celle du clergé. » Cette loi était un compromis entre le Monisme et la Mixité. Cette loi tant décriée par ses adversaires qui l’appelaient « Loi du 15 mars 1850 » lorsqu’ils la commentaient, et « Loi Falloux » lorsqu’ils la fustigeaient. Parler de cette œuvre législative qui avait définitivement séparé les catholiques entre Intransigeants et Libéraux était pour Falloux un moyen de la positionner dans le débat : c’était une loi bonne parce que souhaitée. En parler était pour lui un moyen de se présenter tel qu’il était en 1849-50 : un serviteur de la cause catholique.
33Pour Falloux, la division des catholiques était dommageable pour la cause de l’Église, aussi rappela-t-il que « l’Église n’est point une secte, c’est une famille et une patrie. » Cela ne l’empêcha pas de fustiger L’Univers qui « se transforma en dictature » et dans laquelle il voyait « l’origine d’une situation nouvelle. » Falloux critiqua son style : « Le journalisme, c’est l’exagération et bientôt la dépravation du journal ; c’est l’isolement substitué à l’action commune, l’égoïsme à l’abnégation, la vanité du bruit à la solidité du résultat. Le journalisme, pris à haute dose, produit l’effet de l’opium : il endort et enivre, il assoupit la conscience et exalte la passion. » Puis de s’en prendre au journalisme catholique : « Le journalisme catholique, devenu une hostilité perpétuelle et universelle, fut condamné à emprunter aussi un style de guerre. Il fut également condamné aux personnalités. La plume devint une arme. Tantôt voltairien, tantôt mystique, ce style de combat un jour épuise la moquerie, le lendemain s’égare en contemplations extatiques ; s’efforçant de ravir par le fanatisme les esprits que fatigueraient une constante et monotone ironie. » La personnalité de Veuillot était dénoncée par une réflexion :
« Les esprits absolus sont habituellement médiocres, versatiles, stériles : ils n’envisagent les questions que d’un seul côté, ne prennent jamais la peine de faire le tour d’une idée, se contentent de surfaces, se nourrissent de premiers aperçus, s’élancent d’un bond d’une extrémité à l’autre, posent, à tout propos, le dilemme Tout ou rien, et aboutissent à rien. »
34Falloux avait pour L’Univers une aversion profonde. Ce journal était à l’origine de biens des maux parce que « l’ancien Parti Catholique avait contracté alliance avec la liberté » et que « L’Univers lui a brusquement substitué le culte du despotisme », parce que « seul L’Univers s’est fait plus impérialiste que l’Empire. Son despotisme magistral, transcendant, dogmatique, dépasse celui de tous les théoriciens politiques », parce que « L’Univers s’en prend à la liberté elle-même et pour elle-même ; il la traque dans le passé, dans le présent et dans l’avenir, avec un acharnement qui avait eu peu de modèles ».
35Falloux aborda ensuite les rapports entre les catholiques libéraux et les intransigeants :
« Ils (les catholiques intransigeants), combattaient le dix-huitième siècle, vivant encore et dominant ; ils parlaient, ils écrivaient dans un temps où l’esprit du mal conservait la plénitude de ses illusions. Pour nous (les catholiques libéraux), nous montons sur les brèches qu’ils ont ouvertes, et nous vivons dans l’un des temps où Dieu a laissé tomber sur l’homme le plus de désenchantements salutaires (...). Les uns (les catholiques libéraux) s’éteignent dans le désespoir du doute et de l’impuissance, laissant derrière eux, pour disciples de leur passagère école, d’éclatants transfuges ; les autres (les ultramontains) vivent pour multiplier les contradictions et les chutes. »
36Les catholiques libéraux et les catholiques ultramontains s’affrontaient au détriment de l’Église. Rome intervint dans la lutte et bien que « les combattants furent séparés, ils ne furent pas tous convaincus. L’autorité paternelle, à laquelle on ne pouvait refuser la clôture des hostilités, n’obtint pas un rapprochement véritable. On prit envers Rome les engagements qu’elle exigea ». Ce constat amena Falloux à développer sa stratégie :
« Non ! la vérité n’est pas en jeu entre nos adversaires et nous ! La vérité, trésor éternel, inviolable dépôt, réside dans des sphères d’où nos discordes ne peuvent la faire descendre. Ce qui nous divise, c’est la meilleure manière de la servir, et cela demeure encore très grave. N’y a-t-il pas des aveuglements amis plus funestes que les inimités ? Nous pensons donc et disons à nos adversaires : Le catholique le plus timide serait moins nuisible à la religion que votre zèle et votre apologie. Il ne s’agit de savoir lequel, de vous ou de nous, est seul détenteur de la vérité ; mais lequel des deux favorise ou compromet son développement à travers le monde, qui s’épuise et languit, faute de la connaître et de l’aimer »,
37puis de conclure que :
« Feuerbach ou Proudhon, Straus ou Ewald, Bunsen ou Michelet, sans cesse qualifiés, rarement combattus, vaudraient la peine d’être terrassés, selon la méthode des grands apologistes chrétiens, par la supériorité de la science, par la vigueur des raisons, non par des exécutions sommaires et des épigrammes (...). La timidité est un instinct peu chrétien, c’est aussi un instinct peu habile ; il ne sait ni reconnaître ni saisir les occasions. La hardiesse est nécessaire aux chefs pour commander, aux soldats pour obéir. Il est même bon que les soldats aient de la fougue pour que les généraux aient de la sécurité ; mais il est remarquable que ce sont souvent les plus intrépides qui hasardent le moins. »
38Il fallait s’armer de combativité car « le second Empire, comme le premier, s’est fondé sur des institutions sévères, aussi a-t-il pris soin de proclamer, dès son début, que la marche du temps, l’éloignement des circonstances au sein desquelles il a pris naissance, le développeraient, non dans un sens restrictif, mais dans un sens libéral ». Cette évolution s’inscrivait dans son époque. Mais les divisions dans le camp catholique représentaient un obstacle à la réalisation d’une force commune. Aussi, Falloux rappela-t-il les Intransigeants à la réalité :
« Vous aimez surtout à vous présenter comme les auxiliaires, et quelquefois même comme le rempart de l’ultramontanisme. Ici encore vous tournez le dos à votre but. La révolution française aime le gallicanisme, c’est elle qui l’a réintroduit. Vous vous posez en ultramontains par excellence, si quelqu’un ressuscite le gallicanisme, ce sera vous (...). L’Église de France autrefois était tout ensemble un grand corps propriétaire et un grand corps politique ; son influence temporelle marchait de pair avec son influence spirituelle ; liée à tous les intérêts de l’État, elle ne pouvait seconder ou entraver chacun de ses mouvements (...). La monarchie française, fille aînée de l’Église, aura pour impérissable gloire d’être demeurée fidèle à ce titre ; mais on ne peut dire que ce fut sans de fréquentes altercations. »
39Ce long article de commentaires, typique de la presse française du Second Empire, sur la situation des forces catholiques, Falloux l’intitula Le Parti Catholique, ce qu’il a été, ce qu’il est devenu. Il le présenta au Correspondant, qui le publia en mars 1856.
40Veuillot ne manqua pas d’y réagir : « M. de Falloux prétend avoir écrit en témoin de l’histoire du parti catholique. Témoin, il manque de mémoire ; historien, il manque de documents ; écrivain, il n’est maître ni de sa manière, ni de son esprit. Au lieu d’une histoire du parti catholique, il a fait un pamphlet contre les rédacteurs de L’Univers. » Sur ce dernier point Veuillot avait raison. L’article de Falloux était autant une réhabilitation des catholiques libéraux qu’une attaque contre leurs adversaires Intransigeants. C’est dans ce contexte tendu qu’éclata l’affaire Cognat : en juillet 1856 fut publié un pamphlet intitulé L’Univers jugé par lui-même où l’abbé Cognat fustigeait les Intransigeants et leur journal. Louis Veuillot, qui y vit la main de Dupanloup, lança la polémique. Celle-ci s’enfla pour aboutir à un procès intenté par L’Univers au Correspondant. La mort brutale de l’archevêque de Paris, Monseigneur Sibour, y mit une fin aussi subite qu’imprévue.
41La lutte s’annonçait âpre pour les catholiques libéraux : le tirage journalier de L’Univers était de 5 000 exemplaires en cette année 1858, en revanche Le Correspondant oscillait entre 3 000 et 3 200 exemplaires.
421860 commença par un coup de tonnerre dans le monde journalistique : le 29 janvier L’Univers était supprimé par un décret impérial, victime d’un excès de langage.
43La stupéfaction et la joie d’Alfred de Falloux furent de courte durée. Le 16 février 1860, soit dix-huit jours plus tard, L’Univers renaissait sous une nouvelle appellation : Le Monde. Même format, même imprimeur, même gérant, mêmes rédacteurs. Louis et Eugène Veuillot continuèrent officieusement à diriger leur journal. Remis de sa déception, Falloux en conclut que « Louis Veuillot (...) fut plus soulagé que puni et dû bénir un silence imposé opportunément qui lui évitait de déserter la défense du Saint-Siège ou de rompre avec Napoléon III ».
44L’affrontement se poursuivit avec d’autant plus de vigueur que l’ex-Univers profita du nouveau lectorat du Monde et de l’aura des martyrs. En 1861, Louis Veuillot lança une brochure intitulée Waterloo. Il y faisait l’apologie de Napoléon Ier. Celui-ci avait été battu par les nations protestantes en guerre contre les nations catholiques regroupées autour de leur « Capitaine Catholique ». Falloux répliqua par un réajustement historique : la coalition victorieuse à Waterloo n’était pas hostile au catholicisme, contrairement au « Capitaine Catholique » qui avait, quant à lui, réduit Rome à l’état de préfecture, fait enlever le pape de Rome pour l’enfermer à Fontainebleau ; alors que les vainqueurs de Waterloo avaient ramené le pape à Rome en souverain indépendant, avaient remis les Bourbon sur leur trône en France, en Espagne et à Naples, les Bragance au Portugal, avaient réintroduit le catholicisme dans ses états et permit à l’Empire d’Autriche de reprendre position en Italie. Falloux rappelait ensuite qu’en cette année 1861, la Prusse, l’Angleterre et la Russie, puissances protestantes et orthodoxes, soutenaient la Papauté assiégée contre la France et le Piémont-Sardaigne, puissances catholiques ! Qu’enfin « L’Univers était devenu une institution catholique dont l’œuvre mêlée d’astuce et de violence, d’insolence et de bassesse est fondée pour de nombreuses années », que Pie IX qui s’était trompé « sur plusieurs points politiques s’est trompé sur deux hommes, le Cardinal Antonelli, son secrétaire d’État, et sur Louis Veuillot ».
45En cette année 1861, Le Correspondant était devenu, par les efforts constants et militants de Montalembert et la rigueur intellectuelle de Foisset, un grand organe de la presse catholique : la richesse des thèmes abordés, la qualité de sa rédaction et son affrontement avec L’Univers l’avaient placé loin devant le Bulletin de l’œuvre des pèlerinages, l’Ami des Chrétiens ou le Journal de tout le monde, voire de La Croix. Toutefois, le fait qu’il soit une publication cherchant à satisfaire les besoins de culture et de réflexion de l’élite catholique en fit un journal à l’audience étroite. En août 1861 Le Correspondant tirait à 3 290 exemplaires par jour, loin derrière Le Monde et ses 13 982 exemplaires, L’Ami de la Religion et ses 6 261 exemplaires et La Gazette de France avec 6 020 exemplaires. Le constat fut évident : la presse intransigeante dominait la pensée du lectorat catholique. Son style dogmatique, ample et vigoureux, mêlant adroitement ironie et cruauté fit de L’Univers le « Père Duchesnes » de la presse catholique. Sa doctrine ultramontaine, anti-parlementaire et haineusement hostile à tout ce qui n’était pas catholique romain avait proliféré dans l’opinion catholique française.
46Fort de ce constat, le rédacteur en chef de L’Univers ne désarmait pas. En 1865, il publia une diatribe hostile au catholicisme libéral intitulée L’illusion libérale. Le journaliste y dénigrait les catholiques libéraux : « Le catholique pur et simple qui croit ce qu’enseigne l’Église, est un catholique peu éclairé. On objectera qu’alors donc, à son avis de catholique libéral, l’Église catholique est peu éclairée ? Il ne voulut point articuler cela, mais on vit qu’il le pensait. » Ces mauvais chrétiens « nous apportent une hérésie, et l’une des plus carrées que l’on ait vues » vitupérait Veuillot pour qui « le libéralisme catholique et l’esprit du monde sont consanguins ». Il terminait sa diatribe en présentant sa vision du rôle du Christ et, en préfigurant l’infaillibilité pontificale : « Jésus-Christ est le roi du monde, il parle au monde par son Prêtre et les décrets de ce prêtre, étant l’expression des droits royaux de Jésus-Christ, sont éternels. » Pour Louis Veuillot ce catholicisme s’imprégnant du naturalisme et du rationalisme n’était autre que la négation du catholicisme.
47Mais l’encyclique Quanta Cura et le Syllabus avaient opéré leur effet sur les catholiques libéraux qui décidérent de cesser la polémique avec L’Univers... sans pour autant que la rivalité ne s’estompât.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008