Introduction
p. 15-39
Texte intégral
1La période qui s’étale du Moyen Âge au XIXe siècle, et singulièrement l’entrée des sociétés d’Europe occidentale dans la modernité économique, est généralement décrite par les historiens comme une phase de déclin de la violence1. Aujourd’hui ce paradigme se voit discuté, à tout le moins nuancé2. Si les sociétés occidentales connaissent un recul des violences interpersonnelles sur le temps long ; à l’échelle locale, dans des contextes particuliers, ce modèle trouve une invalidation manifeste3. Ce débat est au cœur du présent ouvrage. Il s’agit d’essayer de savoir si la croissance exceptionnelle de Marseille dans la seconde moitié du XIXe siècle constitue un cadre propice au modèle de civilisation des mœurs. Bref, si cette régression des violences caractéristique de l’Europe occidentale contemporaine se vérifie dans une ville en profonde mutation. Marseille, plus que notre décor, est bien notre sujet.
Marseille au XIXe siècle, une croissance exceptionnelle
Le développement économique, cause et condition de la croissance
2De 1830 à 1910, l’essor économique marseillais conduit la ville à un apogée de son rayonnement commercial et industriel. La valeur de la production industrielle est multipliée par douze, et le taux de croissance s’établit en moyenne à 3 % par an. Durant la même période, l’activité du port est décuplée, bénéficiant des progrès de la navigation. L’envolée industrielle permet, entretient, et profite de cette ouverture sur la Méditerranée4. Or, ce fort développement économique est singulier. En effet, il repose moins sur les matières premières ou la richesse du sous-sol que sur les hommes. Pratiquement dépourvue de ressources naturelles, isolée géographiquement du reste du territoire, la ville connaît pourtant une révolution industrielle véritable et précoce5, grâce à des « bras ne manquent jamais »6. Marseille est avant tout une ville de main-d’œuvre, dont la principale richesse réside dans la force des bras et l’endurance des corps. Cette omniprésence de la main-d’œuvre est un dénominateur commun aux trois secteurs sur lesquels se fonde la croissance de l’économie marseillaise : le bâtiment, les activités maritimes, et l’industrie. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, Marseille est une ville en chantiers7. L’une des réalisations les plus spectaculaires consiste dans la construction du nouveau port bordant la côte nord de la ville, entre les années 1850 et 18908. Cette période de grands travaux culmine avec une haussmannisation qui se traduit par le percement de nouvelles avenues et le remodelage de la vieille ville9. Cette intense activité de construction et de modification bénéficie de la présence locale d’une main-d’œuvre abondante, acceptant de dures conditions de travail. À celle-ci s’ajoute la foule des migrants saisonniers qui, depuis des décennies, viennent chercher une embauche à la morte saison. Les infrastructures créées permettent à leur tour l’arrivée et l’installation d’une population de plus en plus nombreuse. Une logique similaire prévaut dans le domaine de l’activité maritime, deuxième grand secteur d’entraînement de la croissance marseillaise. Au XIXe siècle, la fortune de Marseille se construit sur celle de son port. À partir du début du Second Empire, grâce à la construction du nouveau port et à la modification des infrastructures urbaines, les échanges s’accroissent, et, en lien avec ces activités commerciales, une forte industrialisation se développe. L’importance de la main-d’œuvre portuaire constitue ici aussi une source de croissance. Entre autres facteurs, c’est parce que celle-ci est disponible et peu exigeante que le commerce et l’industrie portuaires se trouvent encouragés, prospèrent, et réalisent d’importants profits10. Au début du XXe siècle, ce n’est plus le portefaix mais le docker qui incarne le travailleur des ports11. L’industrie est le troisième secteur porteur de la croissance marseillaise. Son développement, fondé sur les secteurs de la mécanique et de la métallurgie, est précoce et rapide12. Elle connaît son apogée dans la seconde moitié du XIXe siècle grâce aux activités de transformation des matières premières13. Les raffineries, minoteries, savonneries, huileries, stéarineries, briqueteries, industries chimiques et autres activités induites, profitent de la position stratégique de Marseille en Méditerranée. L’ouverture maritime sur l’Empire colonial, ainsi que l’amélioration des voies de communication terrestres, viennent parachever et soutenir une orientation prise dès le début du Second Empire14. Ces industries de transformation ont pour point commun d’exiger l’emploi d’une main-d’œuvre nombreuse et peu qualifiée, et ce, malgré la diversité des structures et des secteurs15.
3L’industrie marseillaise, quelle que soit la dimension des structures, retire de l’embauche de cette main-d’œuvre des avantages indéniables en termes de coût et de flexibilité. C’est pourquoi elle contribue à l’attirer, et à en pérenniser la présence, non sans certaines ambiguïtés. Marcel Roncayolo relie cette richesse en main-d’œuvre au type de croissance économique qui se développe à Marseille. Il s’interroge toutefois sur ses difficultés propres : « N’est-ce pas cette disponibilité de la main-d’œuvre, peu exigeante par définition, qui confirme l’industrie marseillaise dans sa vocation, la détourne d’investissements plus recherchés, la spécialise dans le traitement élémentaire de la matière première16 ? ». Selon lui, la particularité de la situation marseillaise – un port éloigné de ressources naturelles – encouragerait la création d’industries de transformation, fondées sur l’existence d’une main-d’œuvre acceptant des conditions de travail pénibles. L’industrialisation des années 1870-80 serait en grande partie due à l’exploitation de la main-d’œuvre17. En effet, si l’on retient l’exemple de la savonnerie, on y constate peu d’innovations techniques au début du XXe siècle18. La croissance économique et la modernisation industrielle ne conduisent pas, en dehors de l’emploi de quelques professionnels véritables, à une qualification du travail. Toutefois, cette hypothèse doit être nuancée19. D’une part elle ne s’applique pas à l’ensemble de la période. Tout au long du XIXe siècle, les efforts d’adaptation apparaissent constants, malgré un affaiblissement progressif de l’investissement industriel au profit des bénéfices dégagés par le négoce. D’autre part, même si le tissu industriel est touché par une érosion de l’efficacité, notamment pour les PME, le modèle de Marcel Roncayolo souffre des exceptions selon les traditions propres à chaque entreprise20. Néanmoins, on comprend que, dans les contextes critiques, l’action sur le volume de la main-d’œuvre et la masse salariale soit une solution privilégiée par les entrepreneurs.
4Quelle que soit l’intentionnalité d’un tel modèle de développement, les conditions de vie de la majeure partie des ouvriers marseillais sont difficiles. Conditions de travail tout d’abord. Sur les grands chantiers de la seconde moitié du XIXe siècle, les travaux à exécuter sont rudes, ils consistent en des opérations de terrassement, de transports de matériaux ou de construction. Ces tâches incombent de plus en plus à la main-d’œuvre immigrée, prête à accepter des conditions de travail pénibles pour accumuler une épargne. En outre, la pénibilité du travail se trouve aggravée par sa dangerosité21. Conditions d’embauche et de rémunération ensuite. L’absence de qualification d’une grande partie de la main-d’œuvre entraîne sa fragilisation dans le système économique marseillais, même en période de croissance. La raréfaction de l’offre en période de crise ne fait qu’accentuer un phénomène latent. Soulignons dès à présent que le sort des ouvriers immigrés apparaît intimement lié à celui de l’ensemble de cette main-d’œuvre à bas coût, acceptant de faibles rémunérations. La main-d’œuvre immigrée, poussée par la nécessité, accepte parfois des rémunérations très basses, tirant l’échelle des salaires vers le bas ; ce qui lui octroie progressivement un quasi-monopole sur ce type d’emplois22. De fait, chez les Italiens comme dans le reste du monde ouvrier, seules la qualification et la stabilité de l’emploi offrent la possibilité de rémunérations et de conditions de travail correctes23.
5Ces difficiles conditions de vie se trouvent aggravées par le faible niveau des rémunérations et la dégradation des salaires réels au cours du XIXe siècle24. Alors que les rémunérations étaient largement favorables aux travailleurs marseillais à la fin de la Monarchie de juillet, ce n’est plus le cas à la veille de la Grande Guerre25. Dans la première moitié du siècle, l’économie marseillaise se caractérise en effet par l’importance et l’augmentation des salaires réels. Toutes deux résultent d’un bon niveau de rémunération et d’une augmentation modérée des prix dans la ville. Le chômage est faible, le pouvoir d’achat en hausse. Jusqu’au milieu des années 1860, la croissance des salaires moyens se poursuit, mais le contexte de variation des prix n’est plus aussi stable. La croissance de l’industrie, irrégulière et sélective, entraîne des crises ponctuelles. De 1853 à 1856 par exemple, les prix s’emballent, provoquant une chute du pouvoir d’achat moyen. C’est à la fin des années 1860 que la conjoncture se modifie. À partir des années 1867 et 1868 l’augmentation des prix, notamment des loyers, accroît considérablement le coût de la vie, même si les salaires restent élevés. En outre, à cette baisse sensible des salaires réels, s’ajoute le chômage. La situation ne s’améliore pas avec le ralentissement économique de la fin du siècle. La reprise économique de la Belle-Époque ne touche que faiblement Marseille de 1895 à 191326. Malgré la baisse des prix, les faibles salaires et le chômage endémique provoquent une situation difficile pour les travailleurs les moins qualifiés27. De plus, l’échelle des salaires s’accroît au cours du siècle, et la disparité des rémunérations, du sommet à la base, suit ce mouvement28. En revanche, les habitudes de consommation (nourriture, loisirs, habillement) prises pendant la période où les salaires réels étaient élevés perdurent. La distorsion entre les besoins et les possibilités offertes par les rémunérations s’en trouve aggravée29.
6Cette dégradation des conditions salariales dans le petit peuple marseillais se trouve accentuée en période de crise. Sur le plan local, on peut tout d’abord distinguer un certain nombre de crises conjoncturelles, lors desquelles la main-d’œuvre éprouve durement la compression des effectifs et des salaires. Ces crises, liées à la situation nationale ou internationale, touchent inégalement l’économie marseillaise, mais portent toutes à conséquence en termes de compression des salaires nominaux ou de chômage. La crise de la fin des années 1840 atteint durement Marseille, provoquant un chômage important et l’aggravation des conditions sociales. Par la suite, alors que l’économie marseillaise surmonte bien la Grande Dépression des années 1880, celle-ci n’épargne pourtant pas la main-d’œuvre. En effet, c’est une politique de compression des salaires et de licenciement qui permet de juguler la crise et ses conséquences sur le plan local. Si la production industrielle résiste dans son ensemble – elle progresse de 1,8 % de 1890 à 1895 contre 1,3 % au niveau national – la multiplication des faillites dans les années 1880 et surtout 1890 est révélatrice des difficultés de la période. Celles-ci se perpétuent alors même que l’économie nationale connaît un regain de vigueur au début du XXe siècle. Ces années de reprise ne se caractérisent pas à Marseille par un redémarrage économique. Le taux de progression régional, en dépit d’un certain redressement, reste inférieur à la croissance du pays (2,4 % contre 2,6 % entre 1895 et 1913). Les industries traditionnelles se renouvellent peu, tandis que les secteurs de seconde industrialisation s’installent avec difficulté et timidité. L’économie marseillaise peine à s’adapter aux données nouvelles de la concurrence nationale et internationale30. La main-d’œuvre ne bénéficie donc pas de l’embellie économique nationale. De plus, à travers les bouleversements économiques de la seconde moitié du siècle, certaines industries se trouvent mises en difficulté. Ce type de crises, que l’on peut qualifier de sectoriel, a des conséquences directes sur le marché du travail local. Enfin, à ces crises sectorielles viennent s’ajouter des tendances structurelles liées aux caractéristiques des entreprises marseillaises. À la fin de la période, elles subissent de plein fouet la concurrence de nouveaux produits et de nouvelles techniques, auxquels leurs concurrents ont su mieux s’adapter. L’électricité, dont l’emploi est pourtant précoce dans la ville, n’est par exemple adoptée que tardivement dans les entreprises, et son utilisation se limite souvent à l’éclairage31.
7À mesure que s’affirme la croissance commerciale et industrielle de la ville, mais aussi à la faveur des crises majeures de la seconde moitié du siècle, un phénomène de déclassement atteint donc le monde ouvrier marseillais. La part de l’emploi industriel restant relativement stable dans la population active, cette dégradation est un phénomène interne au monde ouvrier et consécutif aux modifications de la structure industrielle32. La disparition des professions héritées de l’Ancien Régime est nette. En outre, la pérennité de la micro-entreprise tout au long du siècle ne doit pas cacher la régression du secteur artisanal dans la population active33. Les ouvriers des petites structures se dirigent progressivement vers la grande industrie, souvent synonyme pour eux de déqualification. L’industrialisation se nourrit dans les années 1870 et 1880 des emplois créés quelques années plus tôt sur les chantiers du Second Empire34. Or, ce phénomène de déclassement concerne une population de plus en plus nombreuse. En effet, la stabilité des valeurs relatives ne doit pas dissimuler un accroissement des ouvriers lié à l’augmentation de la population marseillaise. Vers 1830, l’industrie marseillaise occupe près de 18 000 ouvriers. En 1842, elle en emploie 21 500 ; ils sont environ 40 000 en 1850, et 60 000 en 186035. En 1911, l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône estime la main-d’œuvre employée dans le secteur industriel à Marseille à plus de 130 000 individus36. Encore, il ne s’agit là que du secteur industriel, ce qui signifie que ni le bâtiment ni l’artisanat ne sont pris en compte. Ceci nous amène à la conséquence principale de l’essor économique marseillais : l’explosion démographique de la ville.
Une démographie explosive
8Peu de grandes villes françaises, en dehors des « villes-champignons » nées de l’industrialisation ou de l’exploitation de ressources minières, connaissent une croissance aussi rapide que Marseille dans la seconde moitié du XIXe siècle. Officiellement, de 1851 à 1911 la population passe de 195 138 à 554 934 habitants37. Toutefois, la falsification des recensements est attestée à partir du milieu des années 189038. On doit donc revoir à la baisse la croissance de la ville entre 1851 et 1911, plus proche d’une multiplication par 2,5 que d’un triplement. Elle n’en reste pas moins un phénomène d’une ampleur exceptionnelle, qui la singularise dans le paysage urbain français.
9Tout d’abord par ses rythmes. Jusqu’au milieu des années 1860, Marseille bénéfice de l’élan de la croissance de la Monarchie de Juillet. Le Second Empire apparaît donc comme l’aboutissement d’une phase d’accroissement engagée quelques décennies auparavant. S’ensuit une période de stagnation qui s’étale du milieu des années 1860 à la fin des années 1880. Cette tendance est interrompue par un bref mais vigoureux sursaut entre 1876 et 1881. Une reprise intervient à partir de la fin des années 1880. À l’image d’une ville dont l’économie résiste à la Grande Dépression, la croissance urbaine subsiste, bien qu’elle soit inférieure à celle des premières décennies du siècle. Le même lien existe entre la récession marseillaise du tournant du siècle et l’essoufflement de l’accroissement démographique. À partir de 1901, le taux d’accroissement de la population marseillaise retrouve des valeurs faibles. La croissance démographique marseillaise présente donc une forte corrélation avec les rythmes de l’économique locale. L’essor des années 1840 à 1870 suit le mouvement d’urbanisation sur le plan national. Il correspond également à une phase d’industrialisation, qui concerne inégalement le territoire français39. Le déclin entamé à partir des débuts de la Troisième République est conforme à la récession de l’urbanisation dans les moyennes nationales à partir des années 1870. Toutefois, il s’y exerce moins fortement. L’embellie de la croissance démographique marseillaise entre 1886 et 1891 illustre le décalage avec lequel la ville subit la Grande Dépression. De fait, durant les décennies 1880 et 1890, particulièrement atones dans la moyenne nationale, Marseille connaît un taux de croissance supérieur. Par la suite, à la Belle-Époque, alors que la moyenne française illustre le redressement de l’urbanisation dans le pays, Marseille reste en retrait. Bien que les grandes métropoles de province soient davantage touchées que Marseille, celle-ci passe à côté de l’embellie démographique du début de siècle en raison du marasme économique qui touche la place40.
10Singularité ensuite par la nature de cet accroissement. À Marseille, le déficit de l’accroissement naturel est patent à partir de 1876. Durant les dernières décennies de la période, c’est l’apport de populations extérieures à la ville qui entraîne sa forte croissance41. La tradition séculaire d’immigration marseillaise trouve une densité nouvelle au XIXe siècle42. Trois grandes vagues se succèdent43. Un premier décollage se produit dans le courant des années 1830. Il correspond aux débuts de l’industrialisation de la ville. Une seconde phase s’étale de la Monarchie de Juillet au milieu des années 1860. Elle constitue un temps fort de l’immigration à Marseille, avec l’arrivée de plus de 40 000 migrants entre 1851 et 1856. À l’image de la croissance économique de la première moitié du siècle, le Second Empire apparaît comme une période d’aboutissement pour l’immigration. Un essoufflement est perceptible à partir de 1866. Il est de courte durée. À partir de 1876, une troisième vague d’immigration se produit. Entre 1876 et 1881 plus de 40 000 migrants gagnent Marseille. Le sursaut observé dans les taux d’accroissement de la population marseillaise entre 1876 et 1881 est donc redevable à une immigration massive et soudaine. Cette période favorable à l’immigration s’étale jusqu’en 1911, quoique plus mollement. Le ralentissement économique marseillais, s’il tarit quelque peu l’attraction exercée par la ville sur les populations migrantes, est loin de le supprimer.
11Doit-on rappeler que Marseille est un carrefour de routes terrestres et maritimes ? Les Français gagnant Marseille sont pour la plupart originaires d’un vaste bassin régional comprenant la Provence, la Corse, la basse vallée du Rhône et le littoral méditerranéen jusqu’à l’Italie, l’est du Languedoc, ainsi que les montagnes proches : Alpes, Cévennes et Pyrénées-Orientales44. Dans un premier temps, au delà de ces régions, l’influence marseillaise est dépassée par celle de Lyon. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l’origine des migrations françaises se fait de plus en plus lointaine. L’examen qualitatif de cette immigration montre qu’elle est liée, dans sa grande majorité, à un exode rural, temporaire ou définitif, motivé par la misère et la nécessité de trouver une embauche. Globalement, l’immigration d’origine française s’établit à partir de régions rurales, souvent montagneuses. Notons qu’elle s’effectue dans des conditions plus ardues à la fin du siècle qu’au milieu de celui-ci. Les immigrants proviennent de régions plus lointaines, et les conditions sociales et économiques sur place sont plus difficiles à partir de la fin du Second Empire. Mais les routes empruntées par les migrants sont parfois plus longues. Les pays étrangers, et surtout l’Italie45, fournissent de nombreux migrants à Marseille46. Ce flux migratoire se caractérise de prime abord par sa volatilité. Rien n’est plus difficile à évaluer que le nombre d’Italiens ayant franchi la frontière depuis 185147. La réglementation de la circulation des hommes entre les deux pays, et le contrôle de leur installation, n’est mise en place que de manière tardive48. D’après les recensements de la population, on compterait 16 109 Italiens en 1851, soit 8 % de la population totale et 85 % de la population étrangère. À la fin de la période, qui correspond également à l’apogée de la présence italienne dans la ville, on compte environ 92 000 Italiens soit, 19 à 20 % de la population totale et plus de 90 % de la population étrangère49. Dans l’intervalle, le nombre des Italiens a plus que quintuplé, ce qui représente une croissance bien supérieure à celle de la ville50. De plus, le flux a tendance à s’affirmer au sein même du contingent étranger. Petit à petit la figure de l’immigrant tend donc à se confondre avec celle de l’Italien. Il faut compter avec les divers éléments atténuant cet accroissement. Les naturalisations ne touchent qu’un faible nombre d’Italiens51. En revanche, bon nombre d’entre eux sont des Français nés de parents arrivés à la génération précédente. Petit à petit la population italienne se sédentarise, et le déséquilibre entre les sexes tend à s’amoindrir52. Malgré cet enracinement, cette immigration massive a des conséquences durables pour équilibre démographique de la ville. Un Italien sur trois a moins de 20 ans en France à la fin du XIXe siècle53. En outre, la population masculine est majoritaire. Les femmes, les enfants, et les personnes âgées sont donc sous-représentés parmi les migrants54.
12Cet apport démographique nourrit l’explosion démographique marseillaise selon une périodicité qui lui est propre. Une première période voit l’essor concomitant de l’immigration italienne et de la population de la ville. Jusqu’en 1866, la part des Italiens dans la population marseillaise ne s’accroît pas proportionnellement à celle-ci. Elle n’évolue pas non plus en proportion dans la population immigrée : les Italiens représentent environ un cinquième des arrivants à Marseille55. À partir des années 1870, les Italiens passent de 8 à 16 % de la population totale et forment près de la moitié des flux arrivant à Marseille56. Cet afflux massif explique le regain de vitalité de la croissance de la ville entre 1876 et 1881. Il s’effectue dans un contexte de crise économique nationale, à laquelle les industries marseillaises résistent par une action sur le volume de la main-d’œuvre et des salaires. La principale vague d’immigration italienne se produit donc dans des conditions économiques et sociales peu favorables. Après une période de tassement de 1886 à 1891, durant laquelle la part des Italiens reste stable dans la population marseillaise, on assiste à une troisième phase, consistant en une nouvelle accélération à partir de 1896. Elle vient parachever la grande période d’arrivée des Italiens à Marseille avant l’entre-deux-guerres, et s’effectue dans une situation économique plus délétère que celle des années 1880. C’est au cours de cette période que la proportion d’Italiens est la plus élevée à Marseille. Elle atteint près de 20 % de la population au début du XXe siècle57.
13On vient donc de plus loin à Marseille, et l’on vient de toutes les régions de la Péninsule. La première vague, dont la trace est attestée depuis des siècles dans la ville, est celle des Ligures et des Piémontais58. L’ancienneté de cette migration procure aux Piémontais le privilège d’être les Italiens les mieux intégrés à la population locale. Lors des incidents xénophobes du début des années 1890, ce sont le plus souvent les Napolitains, et non pas les Piémontais, qui sont visés59. L’immigration toscane est aussi ancienne, mais sa présence se fait plus discrète60. L’arrivée massive de journaliers toscans ne se produit qu’à la fin du Second Empire. À la fin du siècle, ils représentent 15 à 20 % des Italiens de Marseille61. Enfin, les Napolitains sont de plus en plus nombreux à Marseille. Leur présence est sporadique au début du siècle : on assiste à la migration de réfugiés politiques, ainsi que de marins, pêcheurs et navigateurs en provenance du sud de la péninsule. La grande migration en provenance du Mezzogiorno se produit dans le dernier tiers du siècle. Entre 1871 et 1914 les Campaniens originaires de Naples ou de Salerne représentent 30 % de la communauté italienne62. À ces trois groupes principaux s’ajoutent des Sardes, mais aussi des migrants originaires de la Vénétie, du Frioul ou du Trentin63.
14Si les Italiens sont les plus nombreux, d’autres nationalités sont représentées à Marseille. Cette bigarrure de nations lui a valu une image cosmopolite, confinant parfois au stéréotype et à l’exercice de style quand les auteurs sacrifient à la traditionnelle description du Vieux-Port64. Citons le cas des Espagnols. Il s’agit d’une immigration ancienne. Elle prend de plus en plus d’ampleur à la fin du siècle, à la faveur de la crise agricole qui pousse au départ de nombreux paysans sans ressources65. Les Nord-Africains, quant à eux, restent peu nombreux dans la population marseillaise à la veille de la guerre66. Leur immigration a été favorisée par certains patrons marseillais soucieux d’embaucher une main d’œuvre non syndiquée et docile. Enfin, les Suisses, les Anglais et les Allemands sont présents dans la population marseillaise depuis plusieurs siècles, sans commune mesure avec les Italiens67.
15Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, l’immigration devient donc un phénomène de masse à Marseille. Or, c’est le plus souvent la misère qui pousse les candidats au départ à quitter leur terre natale, en France aussi bien qu’en Italie. À une existence difficile dans la région d’origine vient répondre une conjoncture plus favorable ailleurs, promesse d’une vie meilleure. À titre d’exemple, l’influence de la conjoncture économique et politique dans les migrations entre l’Italie et la France intervient fortement dans l’importance et la direction des flux. Le décalage économique entre les deux pays joue un grand rôle dans l’essor de l’immigration à partir des années 187068. Au départ d’Italie, cette immigration est encouragée par une politique de laisser-faire de la part des autorités locales. L’immigration représente pour celles-ci une « soupape de sécurité » face à une situation sociale et politique explosive69. Elle constitue aussi une manne rapportant au pays une richesse considérable envoyée par les émigrés70.
16Les nouveaux arrivants se regroupent dans quatre zones principales de la ville qui constituent autant de quartiers populaires71. Cette implantation géographique répond aux logiques résidentielles de la main-d’œuvre employée dans ces industries. Les Italiens sont très nombreux à résider autour des usines de Menpenti, du Rouet, de la Capelette mais aussi le long de la côte à la Madrague-Montredon72. Mais c’est la vieille ville de Marseille, c’est-à-dire la colline du Panier s’élevant au nord du Vieux-Port, qui rassemble la plus forte proportion d’immigrés. Traditionnellement, ce quartier a toujours accueilli les migrants arrivant dans la ville. Dès le milieu du siècle, parmi les étrangers, la domination italienne est évidente. Elle s’accroît au fur et à mesure que le flux s’amplifie et se modifie. La population d’origine, majoritairement piémontaise et sarde, cède la place aux Napolitains. Ces quartiers sont également ceux qui concentrent la plus grande misère. Dans les quartiers du nord de la ville, autour des fabriques, des industries chimiques, des raffineries, des tuileries, des minoteries et autres usines et entrepôts des nouveaux ports, se constitue, à partir des années 1860, la troisième zone de peuplement d’origine immigrée73. Dans ce secteur, la plupart des habitants travaillent dans les usines ou sur le port, comme journaliers ou comme dockers74. Enfin, autour de la gare Saint-Charles se créent également des lieux de vie propres aux immigrés. La Belle-de-Mai est par exemple le lieu de résidence de la plupart des Toscans marseillais. Ceux-ci se regroupent par rues, en fonction de leurs villages de provenance75. Marseille se trouve donc modelée, au sein même de ces quartiers, par cette croissance démographique exogène.
La libre expansion d’une urbanisation déséquilibrée
17Si la croissance urbaine marseillaise se caractérise par son déséquilibre au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, elle le doit en grande partie à un héritage historique qu’il convient de résumer en quelques lignes. Disons tout d’abord quelques mots du site. Les descriptions littéraires s’attardent souvent sur l’instant où, une fois franchie la frontière naturelle formée par les collines, le voyageur, arrivant en vue de la cité, découvre le panorama spectaculaire dans lequel se loge Marseille. En effet, une barrière montagneuse sépare la ville de son arrière pays, et, plus largement, du reste du territoire français76. Marseille a parfois été comparée à une île, davantage tournée vers la Méditerranée que vers le reste du territoire français77. La mer est en effet la seconde frontière naturelle de l’espace urbain. Le rivage borde toute l’étendue de la commune. Le principal héritage de ce site consiste ainsi dans un territoire communal isolé, extrêmement étendu78. L’urbanisation diffuse s’explique donc par l’immensité de l’espace appartenant à la commune. Au cours du temps, celle-ci occupe son site naturel. Un autre élément remarquable du site marseillais est la présence de nombreuses collines à l’intérieur de l’espace communal. Au nord la calanque du Lacydon, trois buttes dominent : la butte Saint-Laurent, la butte des Moulins, et celle des Carmes79. Ces reliefs accentués autour d’une calanque naturelle font de Marseille un exceptionnel site portuaire. Le peuplement de la ville s’effectue au cours des siècles à partir des collines de la rive nord, garantissant aux habitants la protection, et à Marseille l’indépendance. Mais, à la faveur de la croissance démographique et économique du XIXe siècle, ce relief se révèle être une contrainte considérable, tant pour les échanges et les transports que pour l’aménagement urbain80.
18Cet héritage géographique se double d’un legs historique différenciant nettement les espaces. Sur la rive nord du port, jusqu’au milieu du XIXe siècle, le centre-ville conserve une forte proportion d’artisans et de corps de métiers appartenant à l’élite du monde populaire, à l’exemple des portefaix81. En outre, les quais sont bâtis de demeures de prestige et d’hôtels particuliers que la bourgeoisie ne déserte pas avant la fin du XIXe siècle82. Mais ceci n’occulte pas l’aspect vétuste du reste du quartier, héritage d’un peuplement ancien et dense. Depuis des siècles, l’essentiel de la population de la ville est retranchée sur cette colline, entourée d’une enceinte fortifiée. Les rues sont étroites et sinueuses, les collines sont parcourues d’escaliers, où le soleil pénètre mal ou peu, et où les eaux usées s’écoulent à la faveur du relief. Les densités de population sont particulièrement marquées, notamment à l’extrémité de la butte Saint-Laurent, mais également dans le quartier Saint-Jean, quartier des pêcheurs83. Lorsque l’on passe des pentes de la colline nord du Lacydon à l’agrandissement du XVIIe siècle, le changement est saisissant84. La construction de la ville nouvelle, née de l’agrandissement du XVIIe siècle, s’étire vers le sud et vers l’est85. Au delà, s’étend une vaste zone rurale qui comprend des bastides, des campagnes appartenant à la bourgeoisie locale, et une multitude de fermes et d’exploitations agricoles qui forment une ceinture maraîchère pour la ville86. Cette nouvelle cité oppose des artères rectilignes et des immeubles spacieux aux rues du centre historique, d’aspect tortueux, étroit, subissant un relief contraignant87. Ce faisant, cette première extension vide le centre historique de la plupart de ses fonctions stratégiques : la pauvreté en monuments, l’absence d’activités ou de bâtiments à vocation culturelle, font abandonner ces vieux quartiers à une société « autonome » dans la population marseillaise. C’est en particulier le cas des Italiens, retrouvant leurs compatriotes déjà fixés et faisant dans ces quartiers leur lieu d’« apprentissage de la ville ». La seule fonction qui reste au centre consiste en une fonction d’acculturation, celle d’un espace de transit entre le pays d’origine et la France88. Cette dichotomie se trouve renforcée par les travaux effectués sous la Monarchie de juillet. La période d’agrandissement du XVIIe siècle trouve en effet son aboutissement dans le mouvement de construction entrepris en direction du sud et de l’est à partir des années 183089. Elle se fait, elle aussi, selon le modèle du grand boulevard, totalement antithétique à celui du centre historique. La ville s’étend, structurée par des rues ou des avenues prestigieuses, telles que la rue Paradis ou l’avenue du Prado90. Sous la Monarchie de juillet, malgré l’amorce de la croissance industrielle, ce n’est donc pas la logique économique qui commande l’évolution urbaine. Celle-ci se fait, jusqu’en 1850, selon une inspiration libérale, bourgeoise, et commerciale91. L’industrie s’insinue dans les espaces laissés vacants, et ne chapeaute pas l’extension de la ville.
19Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la croissance économique et démographique renforce ce déséquilibre de la structure urbaine : le centre se détériore et se densifie ; l’étalement spontané vers la périphérie se poursuit. La détérioration du centre-ville ne doit rien à l’imagination, même si, au début du XXe siècle, sa réputation se dégrade, signe de l’influence du modèle des bas-fonds parisiens92. Il n’en reste pas moins que, en 1914, le centre historique apparaît plus dégradé qu’il ne l’était en 1800. D’une part, on observe un accroissement de la densité de population y résidant, qui a pour corollaire insalubrité et indigence. À la fin du XIXe siècle, on compte plus de 1 000 habitants à l’hectare sur les pentes de la colline nord du Vieux-Port93. C’est la densité la plus importante de la ville. Dans certaines rues, cette moyenne est largement dépassée94. D’autre part, à la fin du siècle, les quartiers du centre historique constituent plus que jamais un refuge pour la part la plus démunie de la population. En témoigne l’évolution de la répartition socioprofessionnelle des habitants de la rue Négrel, entre 1872 et 190195. La régression du statut professionnel qu’on y observe est étroitement corrélée à l’essor du nombre et de la proportion d’immigrés, en particulier d’Italiens. Le dernier élément contribuant à la dégradation du centre historique, et à sa réputation sulfureuse, est l’importance qu’y prennent les activités traditionnellement présentes dans un port : la fréquentation des prostituées et des cafés. En 1914, la population du quartier réservé cohabite harmonieusement avec le reste du quartier Saint-Jean96. Toutefois, la prostitution attire les trafics et les activités criminelles97. En outre, en raison de la proximité du port, les débits de boisson pullulent, quel que soit leur statut, de la simple gargote au café. Ils contribuent à drainer une population parfois indigente et mobile, souvent à la recherche de loisirs et d’ivresse.
20Depuis des siècles, il existe des industries implantées dans le centre de Marseille. Au début du XIXe siècle encore, les savonneries situées sur la rive sud du Vieux-Port fixent une importante population ouvrière sur les pentes de Notre-Dame-de-la-Garde98, cependant que la plupart des activités industrielles traditionnelles se situent au nord du port. Les quartiers historiques abritent les industries répulsives, telles que les tanneries ou les fabriques de chandelles99. Ces petites fabriques artisanales fonctionnent grâce à l’activité portuaire. Dès les années 1830, à la faveur du développement économique, les activités industrielles, à la recherche d’espace et d’un foncier avantageux, glissent vers la périphérie, contribuant à l’étirement de l’espace urbain. Ces industries attirent de la main-d’œuvre, contribuant à la création de nouveaux quartiers. Hôtels, auberges, cabarets, cafés et petits commerces s’installent dans ces espaces industriels et populaires. L’examen des recensements de population pour certaines rues de la périphérie montre un net accroissement de la population, lié aux activités industrielles100. Au cours du XIXe siècle, la campagne marseillaise se mue donc en banlieue101. La vaste superficie de la commune absorbe la croissance de la ville. Entre 1870 et 1900, elle représente une progression de 300 000 à 500 000 habitants répartis sur le territoire de la commune102. La fée industrialisation transforme l’espace marseillais. Cet étalement urbain est structuré par quatre axes principaux, le long des voies de communication. Le premier avance vers le nord, le long du nouveau port et du Grand chemin d’Aix103. Le second s’étire vers l’est, à partir de la gare Saint-Charles. Le troisième se situe au sud, autour de la gare du Prado, il se poursuit le long du littoral104. Le quatrième s’établit le long de la vallée de l’Huveaune, en direction d’Aubagne. L’urbanisation procède également par vagues concentriques entre ces saillies105. L’accroissement de l’espace urbain, qui avait été pensé selon certains motifs – comme le boulevard-promenade – dans la première moitié du siècle, se fait donc par la suite au gré des implantations industrielles, sans planification106.
21De fait, l’essor de la banlieue, tout comme la densification et la progressive détérioration du centre-ville, relèvent d’un échec de structuration de la ville par la volonté politique. Des années 1830 aux années 1860, les projets se concentrent sur le centre-ville. Ils visent à résoudre un double problème : la concentration d’une population dense, indigente, et potentiellement criminogène, conférant à la ville une image négative ; et le manque de communication entre le nouvel espace portuaire et le centre-ville. En 1860, à l’occasion d’un voyage de l’Empereur à Marseille, la municipalité adopte un projet de percement d’une grande avenue entre les quartiers anciens et nouveaux. Ce plan participe en outre d’une volonté d’assainissement et d’embellissement du centre-ville107. Les travaux de percement de la rue Impériale débutent en 1862 et s’achèvent en 1864. La construction d’immeubles de rapport de type haussmannien entraîne une spéculation importante et une crise immobilière à grand retentissement108. Cette tentative de transformation de l’espace urbain n’améliore pas les conditions de vie dans le centre historique, de même qu’elle ne réduit pas les inégalités entre quartiers bourgeois et quartiers populaires. La logique du dédoublement de la ville, déjà amorcée, n’est en aucun cas brisée. Les autres tentatives de type haussmannien n’y parviennent pas davantage. Elles sont en effet de modeste envergure, et restent inachevées109. L’échec de ces projets contribue à renvoyer une image négative du centre-ville. Abritant une population réputée dangereuse et cosmopolite, il est considéré comme impossible à rénover, et symbolise un les échecs financiers et urbains les plus retentissants de la seconde moitié du XIXe siècle. L’étalement urbain ne fait pas l’objet de projets d’aménagement aussi nombreux ni aussi ambitieux. Toutefois, tous les espaces périphériques ne sont pas concernés au même titre. Il existe un profond contraste entre les faubourgs populaires et industriels de la ville, à l’extension libre et spontanée, et les quartiers prolongeant l’agrandissement du XVIIe siècle ou les constructions de la Monarchie de juillet, dont la structure a fait l’objet d’une planification. Après la construction de la rue Impériale et du nouveau port, la séparation entre ces deux mondes se trouve approfondie110. Les quartiers bourgeois ont progressivement migré vers le sud de la Canebière, frontière symbolique dans l’espace marseillais. Les quartiers populaires, eux, subissent un éclatement plus qu’une migration. Durant les deux dernières décennies du siècle, on assiste à la multiplication des établissements industriels en banlieue, entraînant la construction rapide de quartiers populaires. L’implantation de l’usine Rivoire et Carret ainsi que d’une verrerie accélèrent par exemple le peuplement du quartier Saint-Marcel et de la vallée de l’Huveaune111. De même, la construction en 1870 des établissements Fournier et Ferrier à Saint-Mauront entraînent la constitution d’un faubourg ouvrier. Enfin, à la Valentine, l’urbanisation se trouve stimulée par la construction d’une brasserie, ainsi que par la jonction du village au tramway112. La construction du tramway électrique à la fin du XIXe siècle alimente l’urbanisation mais aussi sa dispersion, d’autant que le prix modique du billet (10 centimes) permet aux couches modestes de la population de se procurer un habitat éloigné du centre-ville113. L’urbanisation prend alors les traits d’un phénomène diffus, sous la forme de banlieues isolées114. Ces espaces se caractérisent par leur discontinuité et leur juxtaposition quasi-anarchique. Les voies publiques, en dehors des principaux axes de communication, sont encore peu nombreuses. Les quartiers sont donc mal reliés entre eux. En outre, la distinction entre la ville et les espaces agricoles manque de clarté. Les quartiers périphériques industriels ne possèdent pas de limite ni d’achèvement vers l’extérieur. Le seul ordre qui régisse cette organisation urbaine est celui de l’industrialisation, qui guide non seulement la construction ou l’amélioration des voies de communication, mais fixe également le peuplement115.
22La croissance marseillaise est forte et originale. Se traduit-elle par un recul des violences dans la population ? Il nous faut à présent préciser le sens que nous donnons à ces violences, singuliers objets d’histoire.
La violence ou les violences ?
23Un éclaircissement sémantique s’impose au préalable de toute étude sur la violence. L’utilisation pléthorique du mot, notamment dans les médias, tend à faire croire à une force autonome, qui frapperait à sa guise, tel un avatar du Destin ou de la Providence116. Utilisé de cette manière, le terme « violence » possède une polysémie commode : il suscite une fascination chez le lecteur, occultant la réflexion sur ses causes et ses enjeux. C’est pourquoi le premier postulat de notre définition de la violence est qu’elle n’existe pas en dehors d’un contexte social précis. La violence implique une relation entre deux individus au minimum et consiste dans l’exercice d’une contrainte physique et/ou morale sur autrui. L’histoire de la violence trouve donc sa place dans une histoire des relations entre les individus dans une société. De fait, elle ne peut être qu’une histoire sociale et culturelle et ne peut relever que d’une démarche contextuelle. Notre second postulat découle du premier : si l’on peut parler de la violence de tel ou tel individu, à la rigueur de tel groupe social, l’on ne peut, dans une société donnée, sur une longue période, étudier « la » violence en tant que telle, en raison de la multiplicité de ses formes. Plus que « la » violence ce sont bien « les » violences qui constituent la base d’un savoir historique sur les comportements et les rapports sociaux. Sans réfuter l’utilisation du terme « violence » au singulier – que nous emploierons ci-après pour qualifier les comportements d’une manière générale – nous préférons partir à la recherche d’une histoire du recours à la violence dans les comportements conflictuels à Marseille.
24Mais cette utilisation du pluriel, si elle correspond à l’aspect protéiforme du phénomène étudié, oblige à une définition restrictive. L’étude de toutes les violences, quelles que soient leur gravité et leurs formes, entraînerait une confusion de problématiques et conduirait à une aporie. Cet argument, déployé par les détracteurs d’une histoire « totale » de la violence117, n’est pas sans validité. Nous avons donc délibérément renoncé à intégrer plusieurs catégories de violences dans notre corpus. Les violences politiques, les violences sexuelles, ainsi que les infanticides et les rapts ont été écartés. Ils s’inscrivent dans des thématiques éloignées de notre recherche. En outre, au gré de l’évolution des sensibilités et de la législation, leur dénonciation et leur répression ont des rythmes spécifiques, qui les singularisent du reste des violences jugées. En dehors de ces types particuliers de violences, nous avons considéré que le reste des infractions contre les personnes telles qu’elles sont définies dans le Code pénal pouvaient être considérées comme des violences. Outre cette restriction portant sur la variété des formes de violences, s’est imposé un choix quant à leur gravité. Un premier examen des sources a mis en lumière la nécessité et l’intérêt d’une étude conjointe des crimes et des délits. Alors que de nombreux travaux se consacrent exclusivement, et non sans une certaine fascination, à tel ou tel type de crimes – plus rarement de délits –, il s’agit d’entreprendre une histoire globale des violences délictuelles et criminelles commises à Marseille. Cette approche conjointe de violences de gravité et de nature différentes repose sur l’idée que les conflits du quotidien et les violences criminelles sont comparables dans la mesure où ils s’inscrivent dans un contexte commun. Selon nous, l’étude historique des violences doit dépasser le cadre des catégorisations juridiques.
25Cependant, une telle histoire des violences ne peut être qu’une histoire des illégalismes. Étudier les violences c’est avant tout étudier les actes connus de la police et jugés par l’institution judiciaire, et non pas la totalité des conflits. Cette différence entre les violences réelles, les violences signalées, les violences jugées, et les violences condamnées, est bien connue des sociologues et des historiens de la criminalité118. Il s’agit de l’un des inconvénients majeurs de l’étude des violences en histoire : les sources disponibles constituent un miroir déformant. D’une part, elles placent le conflit au cœur de la relation sociale, et en font un phénomène de premier plan alors qu’il n’est que marginal pour la majeure partie de la population. D’autre part, elles ne permettent pas de mesurer la place réelle des violences dans la société mais le niveau de répression policière et judiciaire dans celle-ci. Dans la mesure où elles sont produites par la justice, les archives judiciaires déforment nécessairement la réalité. Cette caractéristique des archives judiciaires doit-elle conduire à un renoncement devant l’obstacle ? Nous ne le croyons pas. De nombreux historiens ont fait leur miel des archives judiciaires, prenant acte de leurs conditions de production. À notre tour, nous entendons contourner l’écueil. Notre postulat premier est qu’une interprétation sérielle des archives judiciaires reflète davantage que l’activité répressive, bien que celle-ci doive être prise en compte. La mise en corrélation de divers paramètres statistiques (âge, profession, origine, délit ou crime), de même que l’interprétation des glissements qualitatifs d’une époque à l’autre constituent le soubassement solide d’une connaissance des déviances dans une société. Des démarches qualitatives doivent cependant y être articulées. Parmi celles-ci, nous entendons faire une place à l’analyse des représentations policières et judiciaires des violences119. De même, la dimension stratégique du dépôt de plainte ne doit en aucun cas être occultée ; bien que, dans la plupart des jugements pris en compte dans cet ouvrage, il n’y ait pas plainte mais enquête de police et poursuites par le Ministère public120. En outre, dans notre approche, la volonté de percevoir la violence en situation, c’est-à-dire de restituer les logiques sociales, culturelles et temporelles d’un comportement, est déterminante.
26Les sources utilisées dans cet ouvrage reflètent cette démarche résolument composite121. Elles se divisent en deux corpus principaux émanant du tribunal correctionnel de Marseille et de la cour d’assises des Bouches-du-Rhône siégeant à Aix-en-Provence. Il s’agit des registres de jugements ou d’arrêts, et des dossiers de procédure122. D’autres types de sources ont été utilisés (les tableaux du Compte général de l’administration de la justice criminelle123, les récapitulatifs des recensements et de certaines listes nominatives, les comptes-rendus des présidents de cours d’assises, certaines publications d’époque).
27Grâce à ce corpus hétérogène, nous avons tenté de ne pas nous engager dans une démarche univoque, ou, pour le dire autrement, de ne pas choisir entre les chiffres et les lettres, position relativement rare chez les historiens de la violence124. En histoire contemporaine, l’approche quantitative a été peu empruntée. Au début des années 1980, Gabriel Désert livre l’une des seules synthèses historiques consacrées à l’évolution numérique des violences en France au XIXe siècle125. Mais, dès les années 1970, les historiens et les sociologues s’éloignent méthodes quantitatives126. Par ailleurs, les travaux de Michel Foucault – et dans leur lignée ceux d’Arlette Farge – orientent les regards vers une analyse anthropologique et qualitative des conflits. Dans les années 1990, les recherches privilégient l’histoire des représentations de la violence127 ou les analyses de cas, dans une perspective anthropohistorique centrée les grandes affaires criminelles ou les violences paroxystiques128. Notre recherche se voudrait à la croisée de ces approches complémentaires, dans la lignée de quelques travaux pionniers129. Elle cherche en outre à compléter le champ historiographique récent des violences en milieu urbain130. En effet, dans le sillage des travaux précurseurs des historiens de la période moderne, les études contemporaines se sont majoritairement consacrées aux violences et aux conflits dans le monde rural, et ce dans une perspective le plus souvent qualitative131. Pour Marseille, en dehors de quelques travaux anciens132, abordant préférentiellement l’approche sérielle133, ou se consacrant à certains types de violences ou à certaines catégories de population134, cette histoire est inédite. Elle s’inscrit dans un renouvellement historiographique portant sur l’histoire sociale et économique de la ville au XIXe siècle135. Mais, dans celui-ci, l’intérêt pour les élites l’a souvent emporté136. Dans la mesure où elle est une histoire du quotidien, l’histoire des violences à Marseille permet d’aborder la société marseillaise dans son ensemble, et, en son sein, celle des classes les plus modestes dans la seconde moitié du siècle. Cette voie médiane cherche donc à restituer aux conflits leur dimension humaine, souvent occultée par une forêt de chiffres137. Elle aspire néanmoins à replacer les histoires singulières dans un phénomène global et à les hiérarchiser. Le projet de cette recherche est sans doute ambitieux. Les pages qui vont suivre ne prétendent pas avoir toujours échappé aux chausse-trappes d’une démarche quelque peu équilibriste.
28Avant de les parcourir, toutefois, il nous faut revenir au terrain, pour préciser la nature des relations qui peuvent lier la croissance marseillaise et les violences telles que nous venons de les définir.
La croissance marseillaise : un terreau pour les violences ?
29La croissance économique démographique et urbaine de Marseille au XIXe siècle a pour conséquence l’amplification de trois phénomènes préexistant à l’ère industrielle : la pauvreté des classes populaires, l’importance et la diversité de l’immigration et la dichotomie de l’espace urbain. Chacun de ces phénomènes entretient avec les comportements violents des rapports relevant d’une pseudo-évidence. C’est donc au sein d’un triptyque historiographique très large qu’il nous faut nous situer. Les quelques pages de cet ouvrage n’ont pas la prétention de régler la question des liens entre une modification des comportements violents et les crises économiques, le déracinement, ou la ségrégation spatiale ; tout au plus d’apporter quelques éclairages à ces questions complexes.
30Tout d’abord, il faudra tenter d’écrire la partition des accords ou des dissonances entre les phases de l’économie marseillaise et les rythmes des violences. Nous voudrions réinterroger le lien entre crises économiques et violences, qui ne va pas forcément de soi, et ne constitue pas toujours un modèle historique ni un paradigme sociologique probant dans l’étude des comportements déviants138. Certes, historiquement, les périodes de crises économiques peuvent être mises en relation avec certains comportements déviants, notamment en matière de délinquance et de criminalité contre les propriétés ou contre la chose publique. Les crises correspondant aux périodes d’aggravation de la délinquance et de la criminalité, bon nombre de travaux historiques partent du principe que, la violence en faisant partie, elles influencent également la déviance contre les personnes139. De fait, ces travaux se cantonnent à évoquer un lien entre crise et violence, sans en approfondir les rouages140. Si cette hypothèse ne peut d’emblée être rejetée, l’articulation crise/violence, qui la sous-tend, se doit à tout le moins d’être approfondie. Une période de crise économique, provoquant un état de nécessité, peut faire ressortir des tensions interpersonnelles et sociales larvées. Les conflits entre nationaux et immigrés en sont un exemple. Dans des périodes où l’emploi est plus rare, ils ont tendance à s’envenimer141. De même, il est probable que la nécessité et le désespoir – souvent aggravés par l’alcoolisme –, participant à la dégradation des conditions de vie des classes les plus modestes, les poussent à des comportements violents, notamment au sein de la famille. Dans le cas des violences ou de crimes familiaux, le rôle de la conjoncture économique a été mis en avant comme un élément aggravant, mais la dimension sociale et culturelle de ce type de violences joue dans tous les contextes142. Cependant, dans la mesure où la main-d’œuvre peu qualifiée, dont la composante migratoire est forte, qui subit une dégradation de ses conditions de vie au cours du demi-siècle, est la condition voire le moteur de la croissance économique marseillaise, le lien entre modèle de développement industriel et violences mérite tout autant d’être soumis à notre questionnement.
31Ensuite, notre réflexion sur la croissance démographique marseillaise ne peut faire l’abstraction d’une thèse qui a séduit des générations d’historiens et de sociologues désireux d’analyser le phénomène migratoire : nous voulons parler ici du déracinement143, pensé comme un facteur essentiel de comportements déviants des migrants dans une société d’accueil. La criminalité, et donc la violence, seraient le fruit d’une anomie, c’est-à-dire de la rupture brutale d’avec les normes, les valeurs, et le contrôle social de la communauté d’origine. Le migrant serait donc particulièrement porté à la violence, dans la mesure où il ne bénéficierait plus de l’encadrement social et moral nécessaire à un comportement civilisé. Le cas de Marseille a fourni matière au travail de James Michael Donovan, dont la thèse vise à tester la validité de l’idée de déracinement dans le cas marseillais au XIXe siècle144. Cependant, le déracinement ne semble pas constituer, en soi, un facteur suffisant – ou unique – pour expliquer la délinquance ou la criminalité de tel ou tel groupe, et, a fortiori, d’un individu. Selon l’origine, le type de migration, et le statut socioprofessionnel des migrants à leur arrivée, les conséquences du phénomène migratoire sont même totalement opposées. Le travail James Michael Donovan apporte l’intéressant contre-exemple des Corses à Marseille au XIXe siècle145. Non seulement le déracinement les incite à rompre avec les pratiques de vendetta ; mais leur statut socioprofessionnel à leur arrivée les éloigne de ces attitudes criminelles. À l’époque qui nous concerne, les Corses exercent en majorité des professions d’artisanat et de commerce, mais embrassent également volontiers des carrières de militaires ou de fonctionnaires… Plus que la simple idée du déracinement, nous voudrions donc prendre en compte un ensemble de facteurs complexes liés au profil social, économique et démographique des différents groupes de migrants arrivant à Marseille. De même, nous voudrions dépasser la problématique de l’intégration à la société marseillaise qui nous semble éloignée des réalités quotidiennes. La culture nationale ou régionale – et les valeurs qui s’y rattachent –, le célibat, la jeunesse, la misère, ou encore les dures conditions de travail et de logement que subissent ces populations à leur arrivée à Marseille seront davantage mises en avant.
32Enfin, nous voudrions préciser les liens entre les formes et les inégalités de l’espace marseillais et les comportements violents. Les activités qui y sont pratiquées, ainsi que les conditions d’existence qu’elles imposent, déterminent à la fois des occasions et des situations criminogènes. La notion d’occasion fait appel à celle d’opportunité. Elle repose sur le principe que les violences et déviances sont d’autant plus abondantes que les occasions de les commettre se multiplient et que les contacts entre les victimes et agresseurs potentiels sont nombreux146. La notion de situation intervient dans une explication plus large et plus circonstanciée de l’acte violent ou déviant147. Elle suppose la prise en compte d’un ensemble de facteurs ramenés à l’échelle de l’individu. C’est la conjonction de ces facteurs de risque intervenant en amont (âge, sexe, profession, lieu de résidence, situation familiale) qui permet de comprendre le passage à l’acte. Ainsi la notion de situation incite à ne pas négliger la compréhension de l’instant criminel et de son cadre. De fait, nous tenterons de concilier plusieurs échelles d’analyse, correspondant à plusieurs cadres dans lesquels surgissent les violences. D’une part, l’espace marseillais sera considéré dans son ensemble, afin d’apporter une vision des déséquilibres spatiaux opposant des quartiers « violents » à des quartiers « tranquilles ». D’autre part, certains lieux, comme le chantier, l’usine, le cabaret, le bal, la rue, le chemin de banlieue, la cour d’immeuble, le corridor et le palier, seront considérés comme des cadres propices au développement des conflits. Nous tenterons donc d’articuler l’échelle des individus, celle des groupes sociaux, et celle de la ville entière.
33Notre analyse s’articulera en trois parties chronologiques à l’intérieur desquelles se dégagent des thématiques portant sur des groupes sociaux (les ouvriers), des minorités nationales (les Italiens), des tranches d’âges (les mineurs) ou des types de violences (les injures, les violences crapuleuses), en fonction de leur pertinence au cours de la période envisagée. Les césures – apparues à l’analyse des résultats de la base de données – correspondent davantage à des tournants qu’à de véritables ruptures. La première période déborde légèrement du Second Empire, s’étalant de 1851 à 1875. La seconde période est consacrée aux deux premières décennies de la Troisième République : elle couvre les années 1875 à 1895. Enfin, de 1895 à 1914, la troisième période correspond à la Belle-Époque.
34L’honneur et la nécessité, entendus ici dans un sens littéral, nous sont apparus comme les deux ressorts principaux des actes violents commis à Marseille entre 1851 et 1914. L’honneur peut être défini à la fois comme une valeur et comme un sentiment148. En tant que valeur, il correspond à la dignité morale, et, en ce sens, est variable selon les individus ou les groupes sociaux considérés. De fait, les définitions de l’honneur peuvent être multiples et, si elles coexistent à une même époque, sous-tendre des normes décalées, voire opposées, selon les individus ou les groupes. En tant que sentiment, il est la force qui pousse les individus à obtenir ou à préserver l’estime d’eux-mêmes et, par extension, la considération des autres pour eux-mêmes. À ce titre, il est profondément lié à la représentation de soi en société mais aussi à la sensibilité au regard et au jugement d’autrui. Valeur ou sentiment, l’honneur se trouve placé au cœur de bon nombre de conflits, dans la mesure où il est constitutif de la personnalité de leurs acteurs. La nécessité s’applique davantage à l’aspect collectif de notre questionnement, même si, bien entendu, elle est durement ressentie par les individus au quotidien. C’est ici une acception rare du terme que nous avons privilégiée, dans la mesure où il désigne, dans les pages qui vont suivre, la privation des biens nécessaires au quotidien, c’est-à-dire l’indigence, la pauvreté, ou le dénuement. La société marseillaise est alors une société de pauvres, il s’agit de savoir si elle est pour autant une société violente.
Notes de bas de page
1 Elias N., La civilisation des mœurs, Calmann-Lévy, 1973. De nombreux travaux généralistes sur la violence s’inscrivent dans sa continuité : Chesnais J.-C., Histoire de la violence en occident, Laffont, 1981 et plus récemment Muchembled R., Une histoire de la violence, Seuil, 2008 ; Spierenburg P., A History of Murder. Personal violence in Europe from the Middle Ages to the Present, Cambridge, Polity Press, 2008 ; Mucchielli L., Spierenburg P. (dir.), Histoire de l’homicide en Europe de la fin du Moyen Âge à nos jours, La découverte, 2009.
2 Duerr H. P., Nudité et pudeur. Le mythe du processus de civilisation, MSH, 1998 ; Rosenwein B. H., « Worrying about Emotions in History », American Historical Review, 107, 2001, p. 821-845 ; Reddy W. M., Navigation of Feeling. Framework for a History of Emotions, Cambridge, Cambridge University Press, 2001 ; Flectcher J., Violence and Civilization : an introduction to the work of Norbert Elias, Oxford, Polity Press, 1997 ; Spierenburg P., « Violence and the civilizing process : does it work ? », Crime, Histoire et Sociétés, 2001, vol. 5, no 2, p. 87-105 ; Swerhoff G., « Criminalized violence and the process of civilisation a reappraisal » Crime, Histoire et sociétés, 2002, vol. 6, no 2, p. 103-126.
3 Corbin A., Le village des cannibales, Aubier, 1990. François Ploux insiste sur le regain de violence dans les campagnes françaises à la fin du XIXe siècle. Ploux F., Guerres paysannes en Quercy : violences, conciliations et répression pénale dans les campagnes du Lot, 1810-1860, La Boutique de l’histoire, 2002 ; « L’homicide en France (XVIe-XIXe siècles) », Mucchielli L., Spierenburg P., Histoire de l’homicide…, op. cit. p. 83-106.
4 Roncayolo M., « La croissance urbaine », in Marseille Marseille au XIXe siècle. Rêves et triomphes, Musées de Marseille/Musées nationaux, Marseille, Lafont, 1991, p. 21.
5 Raveux O., Daumalin X., Girard N. (dir.), Du savon à la puce. L’industrie marseillaise du XVIIe siècle à nos jours, Marseille, Jeanne Laffitte, 2003, p. 10.
6 Chastagnaret G., Témime E., « Le monde du travail. Activités et vie ouvrière à Marseille au XIXe siècle », Marseille au XIXe siècle…, op. cit., p. 311.
7 Rambert G., Marseille, La formation d’une grande cité moderne. Étude de géographie urbaine, Marseille, Société anonyme du sémaphore de Marseille, 1934, p. 307.
8 Id., p. 313-314.
9 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville. Essai sur la genèse des structures urbaines à Marseille, éditions de l’EHESS, 1996, p. 200.
10 Id. p. 156.
11 Guillon J.-M., Domenichino J., Les Dockers, Marseille, Jeanne Laffitte, 2001 ; Claverie-Bertrac E., Le port de Marseille. Activités et main-d’œuvre (1860-1970), thèse, histoire, Université de Provence, Aix-Marseille I, 1990.
12 Raveux O., Marseille, ville des métaux et de la vapeur au XIXe siècle, éditions du CNRS, 1998.
13 Lescure M., « L’industrialisation de Marseille, perspective du XIXe siècle », in Chastagnaret G., Mioche P. (dir.), Histoire industrielle de la Provence, PUP, 1998, p. 11-21
14 Raveux O., Daumalin X., Girard N. (dir.), Du savon à la puce…, op. cit.
15 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville… op. cit. p. 154 ; Sewell W. H., Structure and Mobility, the men and women of Marseille 1820-1870, Cambridge, Cambridge University Press, éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1985 p. 30 sqq ; Chastagnaret G., Témime E., « L’âge d’or des industries », in Marseille au XIXe siècle…, op. cit., p. 94 sqq.
16 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 156.
17 Id. p. 155.
18 Chastagnaret G., Témime E., « L’âge d’or des industries », in Marseille au XIXe …, op. cit., p. 100 sqq.
19 Lescure M., « L’industrialisation de Marseille… », op. cit., p. 18 sqq.
20 Ibid. et Lescure M., « Companies and manufacturers of the first period of industrialization in Marseilles, 1810-1860 », Jobert P. and Moss M. (eds.), The Birth and Death of Companies, An Historical Perspective, Park Ridge, 1990.
21 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise et « l’invasion italienne » (1830-1918), Echinard P., Témime E. (dir.), Migrance. Histoire des migrations à Marseille, tome II, Aix-en-Provence, Edisud, 1990, p. 83.
22 Id. p. 85.
23 Ibid.
24 Gaillard L., La vie ouvrière et les mouvements ouvriers à Marseille, de 1848 à 1872, thèse de doctorat d’État, histoire, Aix-en-Provence, 1972, 3 vol. p. 445 sqq ; Américi L., La caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône. Un outil financier au service de l’intervention sociale, thèse, histoire, Université de Provence, Aix-Marseille I, 2000, p. 213 sqq.
25 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 157.
26 Lescure M., « L’industrialisation de Marseille… », op. cit.
27 Entre 1840 et 1880 le taux d’ouvriers passe de 43 % à 16 % parmi les nouveaux déposants à la Caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône. Américi L., La Caisse d’Épargne des Bouches-du-Rhône…, op. cit., p. 219.
28 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 157.
29 Gaillard L., La vie ouvrière…, op. cit., p. 450-451.
30 Lescure M., « L’industrialisation de Marseille… », op. cit.
31 Chastagnaret G., Témime E., « L’âge d’or des industries », in Marseille au XIXe siècle…, op. cit.
32 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 153.
33 Sewell W. H., Structure and mobility…, op. cit., p. 58.
34 Id. p. 155.
35 Daumalin X., Raveux O., Girard N. (dir.), Du savon à la puce…, op. cit., p. 23.
36 Masson P. (dir.), Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, 1926, t. VIII : L’industrie, p. 324 sqq.
37 Annexe 1.
38 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 98. Annexe 1.
39 Agulhon M. et alii (dir.), La ville de l’âge industriel. Le cycle haussmannien, Duby G. (dir.), Histoire de la France urbaine, tome 4, Seuil, Points, 2e éd., 1998, p. 34.
40 Lescure M., « L’industrialisation de Marseille… », op. cit.
41 Annexe 1.
42 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit.
43 Annexe 1.
44 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 121.
45 Nous utiliseront ce vocable par commodité, de même qu’on parlera parfois d’Italie avant 1861.
46 Dans une bibliographie pléthorique, on peut renvoyer Echinard P., Témime E. (dir.), Migrance…, op. cit.
47 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit., p. 71.
48 Faidutti-Rudolph A.-M., L’immigration italienne dans le Sud-Est de la France. Étude géographique, Gap, Ophrys, 1964, p. 5 sqq.
49 D’après nos calculs à partir des récapitulatifs des recensements de population et des chiffres corrigés par Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 108.
50 E. Témime parle même d’une multiplication par six. Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, p. 69.
51 Selon Marcel Roncayolo, aux 90 000 personnes recensées, il faut en 1911 ajouter 25 000 à 30 000 personnes naturalisées avec leur famille, ou enfants d’immigrés nés à Marseille et qui ont opté pour la nationalité française à leur majorité. Le second cas est bien plus fréquent que le premier puisque les naturalisés nés hors de France ne représentent que 3 300 personnes en 1911. Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 126-127.
52 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit., p. 76.
53 Milza P., Français et Italiens…, op. cit., p. 182. Sur 1 000 Italiens recensés la répartition par tranche d’âge en 1896 est la suivante : 347 ont moins de 20 ans, 624 ont de 20 à 60 ans, 59 ont plus de 60 ans.
54 Ibid. La prépondérance de l’élément masculin est un trait spécifique d’une migration récente. En 1861 il y avait 181 hommes pour 100 femmes parmi les Italiens en France, en 1891 on en comptait 142 pour 100, en 1896 le taux était descendu à 139 pour 100.
55 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 125.
56 Milza P., Français et Italiens…, op. cit., p. 217.
57 Bien que les chiffres divergent selon les études, les spécialistes s’accordent pour estimer la part des Italiens à environ un cinquième de la population marseillaise en 1901. Milza P., Français et Italiens…, op. cit., p. 217.
58 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit., p. 73.
59 Ibid.
60 Faidutti-Rudolph A.-M., L’immigration italienne…, op. cit., p. 99.
61 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit., p. 73.
62 Sauge J., Les éléments étrangers à Marseille de 1871 à 1914, DES Aix, 1962, cité par Faidutti-Rudolph A.-M., L’immigration italienne…, op. cit., p. 99.
63 Ibid.
64 On pense par exemple à l’émerveillement de Flaubert devant la « Babel des nations » cité par Bertrand R., Le vieux port de Marseille, Marseille, Jeanne Laffitte, 1998, p. 145. Voir aussi Londres A., Marseille, Porte du Sud, rééd., Marseille, Jeanne Laffitte, 1980.
65 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit., p. 153.
66 Id. p. 154.
67 Masson P. (dir.), Encyclopédie des Bouches-du-Rhône…, op. cit., tome XIII. Population, p. 179 ; Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit., p. 51 sqq.
68 Milza P., Français et Italiens…, op. cit., p. 176 sqq.
69 L’opinion de F. Nitti reflète une grande partie de l’opinion officielle italienne : « l’émigration n’est pas seulement un mal, mais un grand bien… non seulement n’est pas un phénomène artificiel mais une nécessité inéluctable… c’est une valve de sécurité » in Scritti sulla questione meridionale, vol. 1., Bari, 1958, cité par Faidutti-rudolph A.-M., L’immigration italienne…, op. cit., p. 8.
70 Id. et Douki C., Les mutations d’un espace régional au miroir de l’émigration. L’Apennin toscan (1850-1914), thèse, histoire, Université de Provence, Aix-Marseille I, 1996.
71 Pour avoir une vision d’ensemble des quartiers de la ville on se reportera à la l’annexe 2.
72 Sewell W.H., Structure and Mobility…, op. cit., p. 123.
73 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit., p. 76 sqq.
74 Faidutti-Rudolph A.-M., L’immigration italienne…, op. cit., p. 100. Voir aussi Pierre Milza, Français et Italiens…, op. cit., p. 219.
75 Lopez R., Témime E. (dir.), L’expansion marseillaise…, op. cit., p. 76 sqq.
76 Annexe 2.
77 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 8.
78 La superficie de la commune est de 22 800 ha. Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 253.
79 Id., p. 15.
80 Annexe 2 ; Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 253 sqq.
81 Bertrand R., Le Vieux-Port de Marseille…, op. cit., p. 151.
82 Témime E., Histoire de Marseille de la Révolution à nos jours, Perrin, 1999, p. 16.
83 Ibid.
84 Roncayolo M., « Le « centre-ville » à Marseille : notion, contenu, évolution », Urban Core and Inner City, Proceedings of the international study week Amsterdam, 11-17 September 1966, University of Amsterdam, Sociographical Department, Leiden, E.J. Brill, 1967, p. 162-182.
85 Annexe 2.
86 Témime E., Histoire de Marseille…, op. cit., p. 19 ; Gaillard L., La vie quotidienne des ouvriers provençaux aux XIXe siècle, Hachette, 1981, p. 35.
87 Ibid. ; Roncayolo M., « La croissance urbaine… », op. cit., p. 22 sqq.
88 Roncayolo M., « Le « centre-ville » à Marseille… », op. cit., p. 177.
89 Roncayolo M., « La croissance urbaine… », op. cit., p. 22 sqq.
90 Id. p. 271 sqq. ; annexe 2.
91 Roncayolo M., « La croissance urbaine », in Marseille au XIXe siècle…, op. cit., p. 27.
92 Kalifa D., Crime et culture au XIXe siècle, Perrin, 2005.
93 Rambert G., Marseille, la formation d’une grande cité moderne…, op. cit., p. 451.
94 Id., p. 452.
95 Annexe 3.
96 Attard-Maraninchi M.-F., « Les filles du port. Des Marseillaises « pas comme les autres », Revue de Marseille, no 166, 1993, p. 63-67.
97 Ibid. et Attard-Maraninchi M.-F., « La prostitution à Marseille au XXe siècle : échec du contrôle spatial », in Garnot B. (dir.), Histoire et criminalité de l’Antiquité au XXe siècle, nouvelles approches, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 1991, p. 391-399.
98 Rambert G., Marseille…, op. cit., p. 496-497.
99 Témime E., Histoire de Marseille…, op. cit., p. 19.
100 Annexe 3.
101 Annexe 2. Roncayolo M., Marseille, les territoires du temps, Éditions locales de France, 1996, p. 79.
102 Roncayolo M., « La croissance urbaine », in Marseille au XIXe siècle…, op. cit., p. 21.
103 Annexe 2.
104 Raveux O., Marseille, ville des métaux et de la vapeur…, op. cit., p. 234 sqq.
105 Id., p. 393.
106 Roncayolo M., Marseille, les territoires du temps…, op. cit., p. 82-83.
107 Agulhon M. et alii (dir.), La ville de l’âge industriel…, op. cit., p. 81 sqq.
108 Roncayolo M., « La croissance urbaine… », Marseille au XIXe siècle…, op. cit., p. 32 ; LESCURE M., Les sociétés immobilières en France au XIXe : contribution à l’histoire de la mise en valeur du sol urbain en économie capitaliste, Publications de la Sorbonne, 1980 ; Fournier M., Mazella S. (dir.), Marseille entre ville et ports. Les destins de la rue de la République, La Découverte, 2004.
109 Roncayolo M., « La croissance urbaine… », Marseille au XIXe siècle…, op. cit., p. 34.
110 Ibid.
111 Roncayolo M., Marseille, les territoires du temps… op. cit., p. 83 sqq.
112 Ibid.
113 Baratier E. (dir.), Histoire de Marseille…, op. cit., p. 408.
114 Roncayolo M., Marseille, les territoires du temps…, op. cit., p. 41.
115 Roncayolo M., Les grammaires d’une ville…, op. cit., p. 268.
116 Pour une réflexion récente : Follain A., Lemesle B., Nassiet M., Pierre E., Quincy-Lefebvre P., La violence et le judiciaire. Discours, perceptions, pratiques, Rennes, PUR, 2008, introduction.
117 Ploux F., Guerres paysannes en Quercy…, op. cit., p. 13. ; Chauvaud F., Les criminels du Poitou au XIXe siècle, la Crèche, Geste éditions, 1999, p. 88.
118 Pour une synthèse, Farcy J.-C., « Archives judiciaires et histoire contemporaine », Bercé Y.-M., Castan Y. (dir.), Les Archives du délit : empreintes de société, Toulouse, Éditions Universitaires du Sud, 1990, p. 47-59.
119 Néanmoins le présent ouvrage n’a pas pour objet central l’étude des imaginaires de Marseille. Nous renvoyons à la lecture complémentaire de Montel L., Marseille capitale du crime. Histoire croisée de l’imaginaire de Marseille et de la criminalité organisée (1820-1940), thèse de doctorat, Université de Paris X Nanterre, 2008.
120 Alors qu’elle est prépondérante lors de l’étude des violences au Moyen Âge ou sous l’Ancien Régime, ou plus généralement de certains types de comportements, comme les violences sexuelles. Martin J.-C., « Violences sexuelles, études des archives, pratique de l’histoire », Annales HSS, mai-juin 1996, no 3, p. 643-661 ; Piant H., « “Car tels excès ne sont pas permis” : l’injure et la résolution judiciaire dans un tribunal de première instance sous l’Ancien Régime », in Follain A. et alii (dir.), La violence et le judiciaire…, op. cit., p. 127-135.
121 Les sources sont présentées en fin d’ouvrage.
122 Montel L., « Une source judicieuse : les dossiers de procédure correctionnelle (Marseille, années 1860) », Recherches contemporaines, no 5, 1998-1999, p. 45-76.
123 Perrot M., « Délinquance et système pénitentiaire en France au XIXe siècle », Annales E.S.C., 1975, no 1, janvier-février, p. 61-91.
124 Ploux F. « L’homicide en France », Mucchielli L. Spierenburg P. (dir.), Histoire de l’homicide… op. cit., p. 83
125 Désert G., « Aspects de la criminalité en France et en Normandie. », Marginalité, Déviance, Pauvreté en France, XIVe-XIXe siècles, Cahier des Annales de Normandie, no 13, 1981, p. 221-316.
126 Perrot M., « Première mesure des faits sociaux ; les débuts de la statistique criminelle en France 1780-1830 », Pour une histoire de la statistique, INSEE, 1976, tome 1, p. 125-137 ; « Délinquance et système pénitentiaire… », op. cit. ; Robert P., « Les statistiques criminelles ou l’histoire d’un contresens », Cahiers d’action juridique trimestriels, 1976, no 10, p. 7-17 ; « Les statistiques criminelles et la recherche, réflexions conceptuelles », Déviance et Société, 1977, vol. I, no 1, p. 3-28.
127 Chauvaud F., De Pierre Rivière à Landru. La violence apprivoisée au XIXe siècle, Brépols, 1991 ; Les criminels du Poitou…, op. cit. ; Ambroise-Rendu A.-C., Peurs privées, angoisses publiques. Un siècle de violences en France, Larousse, 2001.
128 Corbin A., Le village des cannibales…, op. cit. ; Demartini A.-E., L’affaire Lacenaire, Aubier, 2001.
129 Peccoud P., Ville et délinquance : l’exemple de Grenoble au XIXe siècle (1789-1914), thèse, histoire du droit, Grenoble II, 2001 ; Lapalus S., Pierre Rivière et les autres. De la violence familiale au crime : Le parricide en France au XIXe siècle (1825-1914), thèse, histoire, Université de Paris X-Nanterre, 2001 ; La mort du vieux. Une histoire du parricide au XIXe siècle, Tallandier, 2004 ; Lignereux A., La France rébellionnaire. Les résistances à la gendarmerie (1800-1859), Rennes, PUR, 2008.
130 Peccoud P., Ville et délinquance…, op. cit. ; Démier F., Farcy J.-C., Regards sur la délinquance parisienne à la fin du XIXe siècle. Rapport de recherche sur les jugements correctionnels du Tribunal de la Seine (années 1888-1894), Centre d’Histoire de la France contemporaine, Université de Paris X-Nanterre, 1997 ; Farcy J.-C., « La ville contemporaine (XIXe-XXe siècles) est-elle criminogène ? », Marec Y. (dir.), Villes en crise ?, Grâne, Créaphis, 2005, p. 20-31.
131 Pour une synthèse récente : Chauvaud F., Mayaud J.-L. (dir.), Les violences rurales au quotidien, La Boutique de l’Histoire, 2005.
132 Heidinger J., La criminalité à Marseille de 1900 à 1919, maîtrise, histoire, faculté d’Aix-en-Provence, 1968 ; Barruol A., Violence justice et société à Marseille de 1750 à 1815, DEA, histoire, Paris I, 1985.
133 Donovan J. M., The Relationship between Migration and Criminality in Marseille 1825-1880, UMI dissertation services, Syracuse University, 1982 ; « The uprooting theory of crime and the Corsicans of Marseille, 1825-1880 », French Historical Studies, 1984, vol. 13, no 4, p. 500-528.
134 Thiery A., La criminalité féminine à Marseille au siècle dernier, maîtrise, histoire, Université de Provence, Aix-Marseille I, 1991 ; Garnier-Courty D., La criminalité féminine dans les Bouchesdu-Rhône entre 1848 et 1853, DEA, droit pénal et sciences criminelles, Université Paul Cézanne, Aix-Marseille III, 1993.
135 Raveux O., Marseille, ville des métaux et de la vapeur…, op. cit. ; Américi L., La caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône…, op. cit.
136 Caty R., Richard E., Armateurs marseillais au XIXe siècle, Histoire du commerce et de l’industrie de Marseille, Marseille, C.C.I.M., 1986 ; CATY R., Echinard P., « Marseille », Barjot D. (dir.), Les patrons du Second Empire, Le Mans, éditions Cénomane, 1999 ; Richard E. (dir.), Noilly Prat : une entreprise, des œuvres, un patrimoine, Marseille, La Thune, 2005.
137 Chatelard C., Crime et criminalité dans la Loire au XIXe siècle. Un exemple : l’arrondissement de Saint-Étienne, Saint-Étienne, Centre d’études foreziennes, 1981 ; Donovan J. M., The Relationship…, op. cit. ; Santucci M.-R., Délinquance et répression au XIXe siècle, l’exemple de l’Hérault, Economica, 1986.
138 Wieviorka M., La violence, Balland, 2004, p. 147.
139 Chatelard C., Crime et criminalité dans la Loire… op. cit. ; Farcy J.-C., Démier F., Regards sur la délinquance parisienne à la fin du XIXe siècle…, op. cit.
140 Chatelard C., Crime et criminalité dans la Loire…, op. cit.
141 Faidutti-Rudolph A.-M., L’immigration italienne…, op. cit. ; Milza P., Français et Italiens à la fin du XIXe siècle, Rome, École Française de Rome, 1981 ; Dornel L., La France hostile socio-histoire de la xénophobie (1870-1914), Hachette littérature, 2004 ; Noiriel G., Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècle). Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007.
142 Gagnon G., La criminalité en France : le phénomène d’homicide dans la famille en Seine Inférieure de 1811 à 1900, thèse de doctorat, histoire, EHESS Paris VII, 1996 ; Lapalus S., La mort du vieux…, op. cit.
143 Formulée à la fin du XIXe siècle, la théorie du déracinement repose sur des observations statistiques corrélant immigration et criminalité. Joly H., La France criminelle, Cerf et fils, 1889 ; Durkheim E., Le suicide. Étude de sociologie, 1897, 2e ed., PUF 1967 ; De la division du travail social, 1893 8e ed., PUF, 1967.
144 Donovan J.-M., The Relationship…, op. cit.
145 Attard-Maraninchi M.-F., Les associations corses à Marseille…, op. cit.
146 Cusson M., Croissance et décroissance du crime, PUF, 1990.
147 Autour des situations de violence, actes du séminaire, décembre 1998, Nantes, IUFM des Pays de la Loire, 2000.
148 Sur l’honneur on pourra se référer à Claverie E., « « L’honneur » : une société de défis au XIXe siècle », Annales E.S.C., 34e année, no 4, juillet-août 1979, p. 744-759 ; Spierenburg P. (dir.), Men and Violence. Gender, Honor, and Rituals in Modern Europe and America, Columbus, Ohio State University Press, 1998 ; Ploux F., Violences paysannes en Quercy…, op. cit.
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