La justice militaire maritime de la France à la veille de la Révolution
p. 113-115
Texte intégral
1Au cours des années qui précèdent la Révolution, la justice de la Marine, toujours déléguée en partie à des juges qui n’étaient pas propriétaires de leurs charges, restait sous l’emprise étroite des bureaux de Versailles avec lesquels ils n’arrêtaient pas d’échanger des courriers. Le marquis de Castries, dès sa nomination à la tête de la Marine et des Colonies, n’échappa pas à la règle ministérielle en vigueur depuis Colbert, d’être informé au plus près de la vie administrative du département ; illustrant parfaitement, fort de son crédit auprès du monarque, la réalité précitée du pouvoir royal à la fin de l’Ancien Régime : juridiquement le Roi, politiquement le ministre, pratiquement les bureaux. Interventionniste à tous les niveaux de son administration via ses collaborateurs, Castries entendait être informé du moindre événement pour en rendre compte éventuellement au souverain dont il savait qu’il se passionnait pour les affaires maritimes1 et ne demandait qu’à s’en entretenir avec lui2. Prodiguant aux autorités portuaires par retour de courriers marches à suivre, conseils et instructions. Faisant souffler sur l’institution maritime un esprit de mansuétude dans l’air du temps philosophique pour inciter le Roi à lui permettre de réformer sa Justice comme il le faisait de ses personnels et de ses matériels3. Louis XVI étant complaisant à l’égard des officiers, tolérant pour les gens de mer et sévère à l’encontre des bagnards.
Notes de bas de page
1 Voir É. Taillemite, Louis XVI ou le navigateur immobile, Paris, Éditions Payot & Rivages, 2002, 266 p. in-8°.
2 « M. de Castries travaille seul avec le Roy, il prend sa signature sur plusieurs objets, notamment sur le changement de ses bureaux. Le Roy ne luy parle que d’objets relatifs à son Département » (Journal des sept années du ministère du marquis devenu maréchal de Castries. Commencé le 13 Octobre 1780, t. I, fo 46, 23 xbre 1780. Journal tenu à jour puis recopié de 1800 à 1805 par Pauline d’Ennery vicomtesse de Chauvigny de Blot, la maîtresse et collaboratrice dévouée du marquis de Castries (R. de Castries, op. cit., p. 53-63 et 268).
3 Voir Micheline Leclère, « Les réformes de Castries (14 octobre 1780-23 août 1787) », RQH, vol. 128, janvier 1937, p. 28-62 et 87-104.
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