Passé vivant et régime d’historicité au Paraguay, du temps présent dans la longue durée
p. 263-278
Texte intégral
1Du milieu des années 1930 à la fin des années 1980 des régimes autoritaires associant des civils à des militaires ont dirigé le Paraguay, presque sans interruption. La dictature du général Alfredo Stroessner (1954-1989), qui compte parmi les plus longues du XXe siècle latino-américain, marqua la seconde phase de cette conjoncture. Le 3 février 1989, une conspiration militaire menée par le général Andrés Rodríguez fit tomber el Líder. Rodríguez prit aussitôt des mesures légales – dans le cadre des institutions en vigueur – engageant « par en haut » la république vers la transition à la démocratie1. Pendant presque vingt ans, le mouvement colorado qui dominait le jeu politique au début du processus conserva la direction des affaires, jusqu’à ce que le 20 avril 2008, les élections générales missent un terme à son hégémonie. Au pouvoir depuis 1948, le parti colorado constituait l’un des trois piliers – avec l’appareil d’État et l’Armée –, imbriqués l’un dans l’autre, sur lesquels s’était appuyée la dictature d’Alfredo Stroessner.
2Au regard de l’évolution que connurent les républiques du Cône Sud à la fin du XXe siècle – marquée par la consolidation des institutions démocratiques, le dynamisme du pluripartisme et l’alternance politique – le Paraguay a peiné dans son processus de démocratisation. Permanence d’une position de force du parti colorado dans la vie politique comme à la direction des institutions publiques et faiblesse de la société civile2 ont singularisé une certaine inertie culturelle. Seule la mobilisation civique qui s’est affirmée en amont des élections générales d’avril 2008 marqua avec force une nouvelle étape du processus.
3L’histoire ayant été une pièce maîtresse du système d’encadrement et d’enfermement de la dictature, l’étude du rapport entretenu par la société avec le passé est un observatoire privilégié permettant d’appréhender le changement culturel participant de la transition. Dans quelle mesure un changement de régime politique pourrait-il induire un changement de régime d’historicité3 ? L’attention portera, dans un premier temps, sur les tensions entre histoire officielle et mémoire collective pour observer le développement du passé/présent sous la dictature, afin d’étudier ensuite en quoi la chute du général Stroessner a pu induire des changements dans la relation que la société paraguayenne entretient avec le passé.
Dictature et régime d’historicité, les relations entre histoire officielle et mémoire collective
Le révisionnisme historique doctrine d’État
4La notion d’histoire officielle prend pleinement son sens au Paraguay, où les régimes autoritaires successifs ont exprimé une position politique en faveur d’une version de l’histoire, et décidé de mesures réglementaires pour l’imposer. Cette république, comme ses voisines du Cône Sud a connu au XXe siècle un débat public important et houleux opposant les historiens de sensibilité libérale à la nébuleuse des courants dits « révisionnistes », qui militaient pour l’établissement d’une « contre-histoire4 ». À la différence de leurs homologues argentins et uruguayens, les dirigeants paraguayens ont élevé le « révisionnisme historique » en doctrine d’État, au lendemain de la guerre du Chaco (1932-1935). Cette version de l’histoire fut dès lors enseignée dans les écoles, le décret no 2118 du 18 juin 1936 fixant les « normes pour l’enseignement nationaliste5 ». Intégrée dans les rituels commémoratifs, elle orienta l’équipement de l’espace public avec un tissu symbolique tendant à pétrifier la représentation du passé.
5Le premier acte décisionnel fut pris en urgence par le gouvernement putschiste du colonel Franco, en février 1936 : « la restauration historique nationale » ayant été considérée par lui comme une priorité6. Il s’agissait de restaurer la mémoire des grands caudillos du XIXe siècle élevés en pères fondateurs du Paraguay « indépendant » et héros de la nation. D’emblée, le pouvoir putschiste, qui émanait en grande partie de la mouvance des anciens combattants, associa dans le culte commémoratif les « héros » du XIXe siècle avec la génération de la guerre du Chaco. Les régimes suivants ont œuvré dans la même direction. La longue dictature du général Morínigo (1940-1948) consolida sur l’espace public la mémoire associant l’héroïsme des deux générations. Ces mesures connurent un aboutissement lorsque, peu de temps après avoir été investi président de la république, en août 1954, le général Stroessner mit à profit les commémorations organisées lors de la fête nationale du 1er mars 1955, dite « jour des héros », pour inaugurer, au centre d’Asunción, un monument rendant hommage à l’historien « national » Juan O’Leary. Ce dernier assista à la célébration de sa propre gloire. Il était le fondateur du révisionnisme historique paraguayen. Conjointement, il comptait parmi les principaux idéologues et les cadres du parti colorado.
6Le sérieux, la détermination, la constance avec lesquels les dirigeants paraguayens ont agi depuis 1936 pour installer leur représentation de l’histoire dans la société est remarquable. Les références au passé dans l’espace public sont devenues systématiques. Sous la dictature stroniste7 les signes d’un passé de gloire, mêlant la sacralité d’un XIXe siècle héroïque avec la célébration de la guerre patriotique du Chaco étaient permanents. Le général Stroessner avait une vision de l’histoire. Il s’y intéressait en tant qu’amateur. Il sut l’apprécier comme chef politique. Il comprenait en quoi la maîtrise du discours sur le passé lui fournissait un levier symbolique puissant permettant de mobiliser les uns, d’assoupir les autres, et de légitimer son pouvoir. Dans l’ouvrage où il développa sa doctrine, il consacra l’intégralité du chapitre deux, intitulé « Nacionalismo », à raconter l’histoire du Paraguay en adoptant une posture d’historien, citant ses sources, se référant aux autorités académiques8. Plus généralement, l’histoire procédait pleinement de la rhétorique de ses discours quotidiens9. Quadrillage du territoire par les lieux du souvenir (noms de rues et d’établissements scolaires, monuments, musées, sites historiques), symbolique prégnante dans les systèmes de circulation d’images (pièces de monnaie et billets de banque, timbres-poste, noms de compagnies d’autobus), discours public enveloppant (programmes scolaires, prises de parole politique, commémorations), tout un dispositif d’encadrement culturel déployé sous la dictature contribua à faire du Paraguay un pays mémoire, et de l’histoire officielle une religion patriotique10.
Le révisionnisme paraguayen, entre volonté politique et demande sociale
7Désigner dans le développement du Paraguay en un pays mémoire la seule main de la dictature serait commettre une erreur d’appréciation. Celle-ci fit indiscutablement son miel d’un contexte culturel préexistant, dont l’histoire officielle elle-même a été en grande partie issue. Une propagande fonctionne durablement seulement lorsqu’elle est en phase avec l’imaginaire de la population destinataire, et dés lors qu’elle n’est pas trop décalée avec la réalité sensible. Le révisionnisme historique s’est imposé au Paraguay en raison de la volonté politique de ses dirigeants et du relais de la puissance publique, certes. Mais cette action a été rendue possible parce qu’elle répondait à une demande sociale forte exprimée en ce sens.
8À la différence de l’Argentine et de l’Uruguay, le Paraguay était jusqu’à la guerre du Chaco un pays de vaincus. La guerre de la Triple Alliance du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay entre 1864-1865 et 1870, dont il était sorti anéanti, avait profondément traumatisé ses habitants, et structuré une identité collective intensément patriotique sur plusieurs générations. Ainsi, au cours du premier quart du XXe siècle, le courant nationaliste s’y est imposé non en projetant la nation vers l’avenir, mais en l’immergeant dans un passé mythique assimilé à un âge d’or. Il cultivait dans la nation paraguayenne une communauté de héros disposée au sacrifice collectif, un peuple martyr mais magnifique dès lors qu’il avait été dirigé par des chefs prodigieux. Alors que, dans les années 1900, les élites libérales asuncènes11 inspirées par les lumières et la pensée positiviste censées éclairer la nation et l’État dans la marche vers le progrès jetaient le Paraguay des grands caudillos du XIXe siècle aux oubliettes des temps obscurs – à l’identique de leurs homologues argentins, uruguayens, boliviens –, les intellectuels nationalistes militèrent pour le réhabiliter. Ils argumentèrent qu’en se réclamant de la gloire de la défaite, et du sacrifice collectif contre la Triple Alliance, les Paraguayens recouvreraient leur identité, leur fierté et leur force morale.
9Le message est passé. Au cours des années 1920 et 1930, en relation avec la poussée nationaliste inscrite dans la conjoncture internationale, amplifiée au Paraguay par la mobilisation générale contre la Bolivie lors de la guerre du Chaco, un consensus révisionniste cristallisa l’ensemble de la société. Celui-ci forma le contexte favorable à l’invention d’une tradition12. In fine, rares furent ceux qui résistèrent à ce récit censé fonder la nation. Les nouvelles générations, de la droite conservatrice et fascisante jusqu’aux cadres du parti communiste, partagèrent au lendemain de la guerre du Chaco cette représentation mythique du passé. Celle d’une nation glorieuse, « exterminée » par la Triple Alliance, au cours de laquelle les Paraguayens héroïques s’étaient sacrifiés en suivant leur chef magnifique : le maréchal Francisco Solano López. L’expérience de guerre était censée avoir formé la matrice d’une grande nation qui avait su faire face à nouveau à l’assaut ennemi, bolivien, dont elle était cette fois sortie victorieuse. Le gouvernement du colonel Franco s’engagea avec urgence dans « la restauration historique nationale » à la suite du putsch de février 1936 car, dans la société en crise, il s’agissait de la seule décision symbolique faisant consensus qu’il était en mesure de prendre.
10Bien qu’il existât alors un véritable accord social sur cette représentation du passé et un besoin existentiel collectif de l’affirmer, tant ce passé ne passait pas13, tant ce passé/présent restait prégnant, le révisionnisme paraguayen a accompagné historiquement l’installation de la dictature : cette idéologisation de l’histoire conduisit à l’affirmation que le Paraguay n’était grand que lorsque les Paraguayens étaient unis derrière un grand caudillo. De ce fait, la prégnance du XIXe siècle dans le XXe siècle paraguayen a consisté en un mouvement culturel croisé dans la relation au temps : le passé traumatique s’imposait au présent, tandis que la société politique confrontée à des tensions conjoncturelles puisait dans le passé les réponses symboliques à leur résolution.
Un régime d’historicité héroïque
11Jusqu’à la fin de la dictature stroniste, la société fit corps avec un XIXe siècle paraguayen mythifié. Dans un pays longtemps resté à l’écart des circulations culturelles internationales et dont la culture elle-même est profondément introvertie, la représentation du passé demeura marquée par une grande inertie. La narration héroïque du XIXe siècle avait été fixée par le discours des meneurs nationalistes au cours des années 1900-1910, en simplifiant et en orientant la mémoire ambivalente des témoins de la guerre de la Triple Alliance. Elle fut intériorisée par le plus grand nombre à la suite de la poussée patriotique et autoritaire qui s’est cristallisée autour de la guerre du Chaco. Elle ne s’est depuis pratiquement plus modifiée dans la symbolique, dans l’imaginaire, dans la mémoire collective. Cette représentation, en phase avec l’idéal d’entre-soi idéologisé par la dictature, produisait le sentiment d’un continuum entre l’âge d’or du XIXe siècle et le présent. Elle conduisait conjointement à précipiter dans l’oubli la période dite « libérale » (1870-1936), qui succéda aux régimes des caudillos du XIXe siècle et précéda les dictatures du XXe siècle. De ce fait, toute référence à une expérience démocratique – marquée par la vie civile, le pluripartisme, le débat public et une relative alternance – quelle qu’elle ait été, a été déniée, occultée, ignorée.
12Le régime d’historicité auquel se rattache le Paraguay tout au long du XXe siècle est caractéristique du régime héroïque analysé par François Hartog14, tel qu’il l’a défini à partir des travaux réalisés par Marshall Sahlins sur l’histoire des îles Fidji15. L’histoire du Paraguay enseignée dans les écoles, inspirant le discours politique, la symbolique équipant l’espace public, la littérature, lovée dans l’imaginaire collectif, était cristallisée sur le Paraguay indépendant de la première époque, celle de Francia puis des López s’achevant avec la guerre de la Triple Alliance et la guerre du Chaco. Les deux événements guerriers structuraient le récit de la tragédie nationale jalonnée par les batailles, faite de péripéties et de retournements. L’épopée paraguayenne était dominée par les grands chefs, les « hommes montagnes » désignés en ces termes par les intellectuels révisionnistes16. Le récit de « l’épopée nationale » – qu’il fusse présenté sous une forme publiée, exposé lors de conférences publiques, présent dans le rituel commémoratif, ou de manière ordinaire distillé dans des simples échanges avec des Paraguayens porteurs de mémoire – tout en conjuguant le mythe avec l’histoire, affirmait la filiation immédiate entre les générations successives et les morts, la consubstantialité entre les temps. Comme aimait à le souligner Alfredo Stroessner : « au Paraguay il n’y a que des héros ». Le sentiment d’appartenir à un peuple de héros était profondément intériorisé par la génération du feu de la guerre du Chaco, dont Stroessner lui-même était issu. La mort du « roi » – ici du maréchal López, lors de la bataille de Cerro Corá, le 1er mars 1870 – avait été suivie par le « chaos » libéral. De ce fait, « l’épopée nationale », récit historique fondateur de la nation, en articulant symboliquement et idéologiquement le peuple des López au Paraguay du général Stroessner induisait l’évidence du pouvoir autoritaire comme intrinsèque à la communauté de destin, et instillait une singulière proximité entre le XIXe siècle héroïque et le présent ordinaire.
Essais d’histoire critique
13Après un demi-siècle de discours enveloppant et consensuel, il fallait être fort intellectuellement et courageux pour résister à cette culture du passé. Dans les années 1970-1980, quelques voix rebelles plus ou moins en rupture avec ce régime d’historicité ont exprimé l’aspiration à une histoire critique. Des intellectuels qui avaient traversé toute la dictature étaient à la recherche de clefs, d’intelligence, permettant de comprendre le Paraguay contemporain. Parmi les plus âgés, l’écrivaine Joséfina Plá, publia sur les minorités qui avaient participé à la construction du Paraguay moderne : les esclaves noirs, les Anglais17. Des anthropologues, notamment Branislava Susnik, se sont concentrés sur l’étude des Indiens dans la formation de la société et de la culture paraguayennes. Au nombre des historiens, l’essayiste et romancier Guido Rodríguez Alcalá démonta l’idéologisation de l’histoire officielle par les courants autoritaires18 ; Milda Rivarola publia des sources permettant une approche plus critique de l’histoire nationale19. D’autres auteurs mériteraient être cités. Retenons pour l’essentiel que ces prises de parole émanèrent d’acteurs étrangers à la sphère académique, qu’ils essayèrent de se libérer d’une histoire épique et de chasser les mythes dont eux-mêmes étaient hantés, afin de déconstruire le présent et d’éclairer leurs compatriotes. Néanmoins isolés, leurs interventions se limitèrent au cercle des élites culturelles asuncènes, c’est-à-dire au sein d’un milieu très réduit, un tout petit monde.
14Pensé également dans les années 1970-1980, le projet historiographique d’Alfredo Seiferheld (1950-1988) retient d’autant plus l’attention. Malgré un isolement disciplinaire relatif, prenant en toute conscience des risques pour lui et ses proches, il entreprit de réaliser une authentique histoire contemporaine paraguayenne20. Il faisait partie d’une génération intellectuelle critique, formée dans les universités asuncènes sous la dictature. Historien et journaliste, il signa dans le quotidien modéré d’opposition ABC Color, jusqu’à sa fermeture par décret du ministère de l’intérieur en 1984. Reçu docteur à l’université nationale, historien méthodique il travaillait l’archive. Mais les archives publiques postérieures à 1870 conservées par les administrations n’étaient pas accessibles21. Journaliste de métier, il s’adapta à la rareté des sources primaires en entreprenant de manière empirique une authentique histoire orale, qui lui permit conjointement de localiser les fonds privés. Entre 1978 et 1983 il réalisa cent trois entretiens22 d’acteurs et témoins du siècle, de toutes tendances politiques – presque exclusivement des hommes, des citadins, des blancs. La plupart furent publiés dans le quotidien ABC Color. Puis cinquante-sept furent réunis dans quatre recueils, dont les deux derniers ont été édités à compte d’auteur23.
15Cette collection de témoignages constituait un formidable matériau pour préparer une histoire politique du Paraguay des années 1920 aux années 1960, à une époque où, selon ses propres mots, on connaissait davantage le XIXe siècle que l’histoire récente. En donnant la parole aux acteurs de tout bord, c’est à la diversité du corps politique qu’il permit de s’exprimer et d’abandonner des traces : témoins résidant à Asunción ou vivant en exil à Buenos Aires, Colorados – dont certains d’opposition – Libéraux et Démocrates-chrétiens, Anarchistes et Fébréristes ; les Communistes et les syndicalistes n’étaient pas en reste. Seiferheld voulait savoir. Il faisait parler ses interlocuteurs sur leur position dans la révolution de 1936, leur expérience de la guerre civile de 1947, leur participation au coup d’État du général Stroessner en 1954, sur les guérillas de la fin des années 1950. « Des événements récents, qui nous affectaient directement [… et], délibérément couverts d’une chape par la dénommée “histoire officielle” paraguayenne », déclarait-il en 198824. « Mon intérêt était dû au fait qu’il existait des survivants [de ces événements] ayant joué un rôle important et qui n’avaient livré aucun témoignage25. » Chemin faisant, chacun évoquait des aspects de la vie quotidienne, rappelait des petits faits, les affrontements mais aussi la liberté de parole qui existait dans le Paraguay d’avant la guerre du Chaco. Rompant avec la rhétorique stroniste et l’apathie ambiante, c’est le bouillonnant Paraguay d’hier qui surgissait de ces témoignages. Une société vivante, pluraliste, travaillée par les clivages, les conflits, le débat, une histoire qui donnait la parole aussi aux bannis par la dictature, rappelant surtout qu’en alternance du pays immobile dirigé par les « hommes montagnes » une autre société avait existé, dont il fournissait les premiers repères, car elle constituait « notre histoire contemporaine26 » jamais enseignée jusqu’alors à l’école, ou à l’université. Bien que Seiferheld dirigeait les entretiens, choisissait ses interlocuteurs et orientait les discussions, c’était de ces questions-là, dont souhaitaient aussi parler ses témoins.
16Il rassembla ces témoignages et une infinité d’autres matériaux disparates afin d’écrire à terme une histoire du XXe siècle paraguayen. Mort prématurément à trente-huit ans, ce dernier projet ne vit jamais le jour. Le plus remarquable chez Alfredo Seiferheld est qu’il parvint en mêlant le savoir-faire du journaliste à mener une démarche scientifique dans les années crépusculaires de la dictature, pour ouvrir une brèche dans l’histoire fortement idéologisée à cette époque. Ses matériaux mettaient en évidence l’écart existant entre la mémoire vive des individus et la mémoire publique. Ses enquêtes vérifiaient également, peut-être, le fossé dans la relation au passé qui s’élargissait entre les générations de la guerre du Chaco et celles nées après la Deuxième Guerre mondiale. C’étaient là des signes ténus, des manifestations ponctuelles et dispersées, du renouvellement en cours du temps présent paraguayen.
Transition démocratique : un nouveau rapport au passé
17Un événement peut-il favoriser une rupture anthropologique dans le rapport qu’une société entretient avec le passé ? La capacité des historiens de métier à mettre en œuvre une méthode scientifique d’investigation appliquée à un temps proche mais révolu, tout en répondant aux enjeux d’une société en demande de justice, de vérité, de preuves, sur un passé à vif, participe d’évidence au processus de consolidation démocratique, tel qu’on l’observe aujourd’hui pour l’Amérique latine et l’Espagne contemporaines27. Avec certaines limites, cette problématique du rapport au temps semble également caractéristique des dynamiques culturelles de la transition paraguayenne.
Transition politique « par en haut » et inertie de la représentation du passé
18Le Paraguay peine depuis une génération dans son processus de transition « par en haut », mais la notion d’histoire officielle a perdu le caractère coercitif intrinsèque à la dictature dans les années 1990. Les commémorations n’ont rapidement plus été des moments de mobilisation obligatoire. Les archives ont été ouvertes de manière empirique, les plus sensibles y compris. Les publications critiques furent aussitôt autorisées. Mais il ne s’est pas produit de rupture franche entre la dictature et la démocratie. La transition s’est opérée dans un contexte de « viscosité » de l’État stroniste, sans épuration, avec une pérennisation relative des cadres, l’inertie des cultures et des pratiques politiques et professionnelles. Vingt ans après, les maisons particulières conservant un portrait officiel du général Stroessner ne sont pas l’exception ; les 3 novembre, de vastes manifestations publiques fêtant son anniversaire – correspondant également à l’un des principaux jours fériés sous la dictature – étaient organisées28, jusqu’à son décès en août 2006 lors duquel une minute de silence fut respectée pour lui rendre hommage dans une réunion semi-publique tenue par un courant du parti colorado.
19Une génération passée, on ne pouvait que constater l’inertie de la représentation du passé héroïque, c’est-à-dire émanant du régime d’historicité ancien, toujours véhiculée par l’école, par le parti colorado au pouvoir, par l’armée. À titre d’exemple, en décembre 2003, le Sénat a distingué Carlos Martínez Gamba en lui remettant le prix national de littérature pour son livre en guaraní intitulé Chroniques rimées des batailles de la Grande Guerre en guarani. Pour composer ce poème épique de 878 pages sur le Paraguay en guerre contre la Triple Alliance, Carlos Martínez puisa en particulier dans l’œuvre de Juan O’Leary. Il est tout aussi révélateur que l’espace mémoire fondé sur le souvenir de la guerre de la Triple Alliance n’ait pas été affecté par la transition politique. Les monuments sont entretenus, tel celui de la residenta près de l’aéroport d’Asunción, le buste d’O’Leary à côté du panthéon, la statue équestre de López devant le parlement. Le 1er mars reste le « jour des héros ». Billets de banque et pièces de monnaie exposent la même galerie de portraits depuis les années 1950, jusqu’à l’ultime série datée de 2005-2006 dont la face est frappée des bustes des généraux Díaz, Caballero et du maréchal López. La disposition des urnes funéraires des « héros » dans la crypte du panthéon a légèrement été ajustée à l’heure de la démocratisation du régime, avec le transfert de la dépouille du président Eusebio Ayala qui gisait à Buenos Aires, où il avait vécu en exil à la suite de sa destitution en février 1936 par le coup d’État militaire. L’inertie reste forte dans l’enseignement ordinaire de l’histoire. À titre d’exemple, le vieux manuel d’histoire paraguayenne écrit par Miguel Rigual dans les années 1950 a été réédité sans la moindre actualisation en 200229, et présenté au public estudiantin comme relevant de « la plus grande objectivité possible dans un pays où le nationalisme est intransigeant ». Comme si rien n’avait changé, la moitié des pages de ce « manuel » sont consacrées au Paraguay héroïque de Francia et des López, le quart à la guerre de la Triple Alliance et le cinquième à la guerre du Chaco. Les 5 % du livre restant portent sur l’organisation politique au lendemain de la guerre de la Triple Alliance. Enfin, deux pages traitant des gouvernements de l’après-guerre du Chaco s’achèvent sur la prise de pouvoir d’Alfredo Stroessner.
20L’inertie des représentations mentales, y compris dans les phases de mutations culturelles, est un phénomène ordinaire. D’autres facteurs peuvent expliquer cette inertie. Les Paraguayens à la différence de leurs voisins ont vécu beaucoup plus longtemps sous l’emprise de régimes autoritaires mettant en œuvre une politique de la mémoire. À la différence de l’Espagne, où le général Franco a conservé le pouvoir pendant deux générations et où la transition fut aussi menée « par en haut », la mémoire paraguayenne était relativement consensuelle lorsque la dictature est tombée. C’est davantage dans les pratiques et par l’émergence de certaines thématiques que l’ont peut observer des changements culturels significatifs.
Changement dans les pratiques, une histoire discutée
21Depuis les années 1990 l’histoire fait l’objet de débats publics contradictoires, les initiatives individuelles tranchant avec l’inertie des institutions publiques. D’une part en ce qui concerne la dictature stroniste et les exactions dont elle porte la responsabilité : commissions d’historiens, publications d’archives dites « de la terreur30 », compilations de témoignages31, articles dans la presse et prises de parole publiques manifestent, comme ailleurs dans le Cône Sud, une exigence publique de vérité sur le passé récent. Peu d’historiens universitaires sont impliqués dans la mise en œuvre d’une histoire du temps présent paraguayen, en dehors de quelques enseignants à l’université catholique, un établissement privé (l’Église catholique paraguayenne ayant hébergé des courants d’opposition à la dictature). Les recherches sur le passé proche sont généralement menées par des sociologues/politistes et/ou des journalistes. Par ailleurs les politiques de protection des archives publiques tardent à s’imposer. Depuis quelques années des graffitis dénoncent la tentation d’amnésie politique. Ils occupent des murs d’Asunción en mobilisant la symbolique argentine de la dénonciation publique de la répression à travers le slogan Nunca Más, et le trait stylisant la silhouette du disparu (desaparecido) – bien que la disparition forcée n’ait pas caractérisé la répression stroniste.
22Les débats ne sont pas limités à la dictature. Ils portent également sur l’histoire que celle-ci a léguée. Les commémorations héritées de la conjoncture autoritaire, notamment le 1er mars « jour des héros », donnent lieu aujourd’hui à des questionnements sur le bien fondé de ces manifestations dans la presse. La question est posée pratiquement en ces termes : ne faudrait-il pas envisager de les repenser au regard des enjeux liés à la construction d’une société démocratique ? Les héros étaient-ils vraiment des héros ? Ne pourrait-on honorer au-delà des militaires des figures héroïques civiles, voire des héros ordinaires, qui mènent modestement un combat quotidien pour aider leurs compatriotes ? Ne pourrait-on pas commémorer également la souffrance des victimes ? En 2006, le quotidien Ultima Hora titrait à la une : « El Mariscal López : ¿ Héroe máximo o un cruel tirano32 ? » Pour répondre à cette question provocante le journal céda la parole à des intellectuels renommés. Certes, ils exprimèrent une fois encore le clivage révisionnistes colorados/anti-révisionnistes d’inspiration libérale, propre à leur génération, résultant de la simplification du débat organisé par le quotidien. Mais plus profondément, et malgré le peu d’espace qui leur était offert, les arguments soulevés par la plupart des intervenants révélèrent leur lassitude à l’égard du culte des héros, leur rejet de la personnalisation de l’histoire et de sa réduction aux événements militaires. Ils manifestèrent ainsi leur aspiration à une révision de la relation au passé, exprimant leur faveur envers une démocratisation de l’histoire, nécessaire à la civilisation de la mémoire dans la société. Signe de la démocratisation de la mémoire, la presse, via le courrier des lecteurs, s’intéressa, ce jour-là, aux « héros » ordinaires de la guerre de la Triple Alliance, et conjointement à ceux de tous les jours. Avec d’autres mots, d’autres gestes, la société civile exprima également un point de vue voisin. Le 1er mars, les associations des victimes d’Ycuá Bolaños – le supermarché où s’est produit l’incendie, le 1er août 2004, responsable de plus de quatre cents morts et « desaparecidos » –, se mobilisèrent, réclamant que « le jour des héros » soit réservé au souvenir des « martyres et des martyrisés » du drame. Le soir même, ils organisèrent une cérémonie pour « la justice et la mémoire », suivie d’une marche. Le Paraguay, à son tour, semble passer de l’âge des héros au temps des victimes. S’agirait-il ici d’un signe supplémentaire d’individualisation et de démocratisation de la société observable dans la relation au passé33 ? La société civile profitant ponctuellement de ces temps de mobilisation pour diffuser un message singulier, perturba le dispositif commémoratif à vocation nationale. Mais, signe de l’inertie des représentations émanant du régime héroïque, dans l’imaginaire paraguayen contemporain les « victimes » restent des « martyrs ».
Émergences thématiques
23Ces nouvelles pratiques sociales dans la relation au passé ont pour corollaire l’émergence de thématiques. Les interrogations sur la dictature actionnent un balancier dans le rapport au temps : le passé récent s’impose au présent, tandis que la société présente exprime moins de passion et d’empathie envers le XIXe siècle héroïque. Le sentiment d’intimité que les générations de la dictature éprouvent encore envers l’âge d’or des López est peu à peu gommé par les nouvelles classes d’âge. Davantage préoccupées par le présent et tournées vers leur avenir, ces dernières vivent moins à vif l’histoire nationale. À l’heure de l’intégration régionale, certains enseignants s’interrogent désormais sur l’opportunité de parler encore de ces guerres anciennes entre voisins.
24La réflexion engagée par quelques intellectuels, depuis la fin de la dictature, en vue d’une refondation de l’histoire liée aux enjeux de la construction d’une démocratie moderne34, à l’origine de questionnements inédits, se concrétise par la publication d’un nouveau type de manuels scolaires35, pédagogiques, interactifs, ouverts sur une histoire critique et articulée au monde, offrant une large place aux faits sociaux, économiques et culturels. Démocratiser l’histoire induit la capacité culturelle à sortir du récit héroïque, et des figures militaires et patriarcales exclusives. Écrire une histoire au service de la démocratie. Penser aussi l’histoire comme actrice de la transition. Cet engagement intellectuel s’est accompagné d’une relative ouverture de la recherche en histoire contemporaine. Celle-ci, initialement menée hors des cadres académiques, consista dans la publication de sources jusqu’alors ignorées ou écartées, car considérées comme étant sans objet36. Le voile sur le Paraguay libéral est ainsi progressivement levé, laissant apparaître l’époque où émergea le féminisme, où il existait un mouvement ouvrier, un temps d’effervescence culturelle aussi, car il existait un débat contradictoire, ouvert et animé sur la société. Ce qui devrait permettre, à terme, la démolition de la représentation mentale du chaos lié à la démocratie libérale – une époque stérile et antinationale – instillée pendant la dictature, ancrant profondément l’idée que, pour des raisons essentialistes, le seul régime viable au Paraguay est l’État paternaliste des Francia, López et autre líder.
25C’est également dans l’émergence de nouveaux acteurs historiques que la rupture culturelle apparaît caractéristique, le Paraguay glissant progressivement d’une histoire faite par des héros hiératiques vers un passé peuplé de héros ordinaires, voire des victimes. Cette observation ne concerne pas seulement la conjoncture de la dictature où les victimes sont opposées aux bourreaux37. Elle porte sur l’ensemble du passé paraguayen proche, décrit selon les nouveaux enjeux culturels du temps présent. Autrement dit la rhétorique est en train de changer. Avec la rhétorique suivent, plus lentement, les représentations. À titre d’exemple, relatant la trajectoire d’un Indien guaraní pendant la guerre du Chaco, Carmelo Kimá, la presse des années 1980 dénonçait les exactions commises par la troupe bolivienne à l’encontre de son peuple pour mettre en valeur l’humanité des soldats paraguayens, tout en brossant à travers Carmelo Kimá non pas la figure d’une victime, mais le portrait d’un « lutteur de l’existence38 ». Aujourd’hui la thématique des Indiens dans la guerre du Chaco véhiculée par la grande presse, les présente comme les « héros et victimes oubliés d’une guerre cruelle », deux fois victimes innocentes et impuissantes massacrées, violées, maltraitées par la soldatesque venue des deux côtés39. La guerre de la Triple Alliance qui n’était racontée au XXe siècle qu’à travers des figures unitaires de héros et de martyrs, celle des « hommes montagnes » et des caractères nationaux décidés au sacrifice collectif, conduit aujourd’hui à mettre les héros en concurrence avec d’autres héros du commun, moins inaccessibles « hommes, femmes et enfants qui luttèrent avec courage40 », ainsi qu’avec des victimes passives du conflit. En se complexifiant, en s’humanisant, la représentation du passé semble évoluer au rythme de la transition à la démocratie.
Un passé/présent transitionnel ?
26Le souvenir traumatique de la guerre contre la Triple Alliance qui marquant durablement la société paraguayenne s’imposa au présent, fut conjointement le produit d’une construction politique aboutissant à son enkystement dans l’imaginaire social. Le temps présent paraguayen n’a cessé de filer vers l’aval du XXe siècle au rythme des événements, tout en restant fixé en amont indépendamment des limites de la durée de la vie des témoins. Les derniers survivants à la catastrophe sont morts à la fin des années 1930, au moment-même où la représentation de la guerre de la Triple Alliance occupait une position hégémonique dans la mémoire collective paraguayenne. Nourri à l’aune du développement du nationalisme, le passé/présent n’a cessé de s’étendre, de se densifier dans l’espace social, des années 1900 à la dictature du général Stroessner.
27Une génération après la fin de la dictature, le mouvement observable au Paraguay vérifie la déprise du régime héroïque. Ce pourrait être l’expression culturelle d’une société dont la consolidation démocratique a pour corollaire le processus d’individualisation, la récente articulation aux circulations culturelles internationales, une société en proie à la globalisation davantage tournée vers l’avenir qu’elle ne l’était dans la conjoncture précédente où le temps avait été mis en suspens. Mais déprise seulement, car la thématique de l’héroïsme national reste forte. Elle demeure prégnante parmi les générations de la dictature, tandis que la rhétorique héroïque est mobilisée spontanément par la société civile à la moindre occurrence patriotique, voire civique41.
28Entre dictature et démocratie, l’évolution du passé/présent est ajustée à la mesure du processus de viscosité de l’État, caractéristique de la transition politique paraguayenne depuis une génération. L’inertie du système de représentations du passé émanant du régime héroïque n’est pas seulement le fait des vieilles générations. Malgré l’effacement de l’histoire officielle, le tissu symbolique mis en place au cours des cinquante années de régime autoritaire est en grande partie conservé. La permanence de ces représentations remontant aux enjeux symboliques et politiques des années 1900 au sein de la société actuelle interroge. Mais au-delà de l’inertie de l’imaginaire, la démocratisation de la société engendre des changements significatifs dans le rapport au passé. Celui-ci est l’objet de débats publics contradictoires, comme il l’était au début du XXe siècle. La démocratisation dans la relation à l’histoire a pour autres manifestations : l’exigence de vérité à l’égard du très contemporain ; l’ajustement des représentations du passé conduisant à mettre en relief des personnalités civiles, des acteurs ordinaires, parmi lesquels émerge la silhouette de la victime.
29L’histoire est désormais perçue par les pédagogues comme un lieu de formation citoyenne, et non plus comme le socle d’un catéchisme national. Consubstantiel au présent dans le régime héroïque antérieur, le passé devient ainsi, peu à peu, un lieu éloigné, marqué du sceau de l’étrangeté. Reconsidérer la relation au passé est un chantier ouvert par la société paraguayenne, en mesure de se doter d’une nouvelle tradition qui réponde aux défis de la démocratisation et de l’intégration régionale.
Notes de bas de page
1 Frégosi Renée, Le Paraguay au XXe siècle. Naissance d’une démocratie, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 247 et suivantes.
2 Palau Marielle, « Paraguay : résistance paysanne et répression », dans Polet François (coord.), État des résistances dans le Sud – 2008/Points de vue du Sud, Alternatives Sud, vol. 14/4, Louvain-la-Neuve, Centre Tricontinental, 2007, p. 41-45.
3 Hartog François, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003.
4 Díaz Alberto, « Revisionismo histórico », in Bobbio Norberto y Matteucci Nicola (dir.), Diccionario de Política, tomo L-Z, Madrid, Siglo XXI, 1982 (1976 pour la première édition italienne), p. 1452-1458. Pour l’Argentine, cf. Halperin Donghi Tulio, El revisionismo histórico argentino como visión decadentista de la historia nacional, Buenos Aires, Siglo XXI, 2005 (1970 pour la première édition) ; Quatrocchi-Woisson Diana, Un nationalisme de déracinés. L’Argentine pays malade de sa mémoire, Paris, CNRS, 1992 ; Devoto Fernando J., Nacionalismo, Fascismo y Tradicionalismo en la Argentina Moderna. Una Historia, Buenos Aires, Siglo XXI de Argentina, 2002. Pour l’Uruguay se reporter à Reali Cestaro María Laura, Représentations du passé et discours politiques en Uruguay dans la première moitié du XXe siècle, thèse EHESS, 2005.
5 Brezzo Liliana M. & Figallo Beatriz, La Argentina y el Paraguay, de la guerra a la integración, Rosário, Instituto de Historia, Pontificia Universidad Católica Argentina, 1999.
6 Stefanich Juan, Renovación y Liberación. La Obra del Gobierno de Febrero, Buenos Aires, El Mundo Nuevo, 1946, p. 16.
7 Stroniste : néologisme paraguayen qualifiant le régime du général Stroessner.
8 Stroessner Alfredo, Política y estrategia del Desarrollo, Asunción, Biblioteca colorados contemporáneos, no 1, 1977. Chapitre « Nacionalismo – Nuestra vocación nacionalista e histórica », p. 69-91.
9 Mensajes y discursos del Excelentísimo Señor Presidente de la República del Paraguay General de Ejército Don Alfredo Stroessner, Asunción, Presidencia de la República, Subsecretaría de Informaciones y Cultura, 1965-1972.
10 Capdevila Luc, Une guerre totale, Paraguay 1864-1870. Essai d’histoire du temps présent, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007.
11 Asuncène: d’Asunción.
12 Selon l’expression d’Hobsbawm Eric et Ranger Terence (dir.), The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 1983.
13 Cf. Rousso Henry, Conan Éric, Vichy, un passé qui ne passe pas, Paris, Fayard, 1994.
14 Hartog François, Régimes d’historicité. op. cit.
15 Sahlins Marshall, Des îles dans l’histoire, Paris, Hautes Études/Gallimard/Seuil, 1989 (1985 pour la première édition étatsunienne).
16 Cf. Brezzo Liliana M., Aislamiento, Nación e Historia en el Río de la Plata : Argentina y Paraguay. Siglos XVIII-XX, Rosario, Facultad de Derecho y Ciencias Sociales del Rosario. Instituto de Historia, 2005, p. 206 et suivantes.
17 Plá Josefina, The British in Paraguay, 1850-1870, Oxford, The Richmond Publishing, 1976; Hermano negro. La esclavitud en el Paraguay, Asunción, 1972.
18 Cf. en particulier Rodríguez Alcalá Guido, Ideología autoritaria, Asunción, RP ediciones, 1987.
19 Rivarola Milda, La polémica francesa sobre la guerra grande. Eliseo Reclus : La Guerra del Paraguay. Laurent-Cochelet : correspondencia consular, Asunción, Éd. Histórica, 1988.
20 Ce dernier est l’auteur de nombreux ouvrages et articles d’histoire contemporaine du Paraguay, parmi lesquels on retiendra une synthèse sur la guerre du Chaco (Economía y petróleo durante la guerra del Chaco, 1983), une enquête sur le maréchal Estigarribia (Estigarribia, veinte años de politica paraguaya, 1982) et une histoire des nazis au Paraguay (Nazismo y fascismo en el Paraguay, 1986-1987).
21 Les archives nationales conservent et mettent à disposition du public la documentation officielle d’époque coloniale, et pour le Paraguay indépendant jusqu’au régime de Francisco Solano López (1862-1870). Au-delà de 1870 les administrations sont censées conservées leurs archives afin d’assurer le bon fonctionnement de leurs services, elles n’ont pas à les verser auprès d’une institution responsable de leur conservation.
22 Pusineri Adelina, « La obra de Alfredo Seiferheld : Conversaciones politico-militares y su aporte a la historia oral como fuente », communication, 2006, inédit déposé au Museo Barbero, Asunción.
23 Seiferheld Alfredo M., Conversaciones politico-militares, Asunción, El Lector/A. Seiferheld éditeur, 4 vol., 1984-1987.
24 Cité par Pusineri Adelina, art. cit.
25 Ibidem.
26 Selon l’expression d’Hermógenes L. Rojas Silva, qui rédigea la préface du tome 1 des Conversaciones politico-militares, op. cit., p. 13.
27 Stabili Maria Rosaria, Entre historias y memorias. Los desafíos metodológicos del legado reciente de América Latina, Madrid, Iberoamericana/Vervuert, 2007 ; Bernecker Walther L., Maihold Günther (éd.), España : del consenso a la polarización. Cambios en la democracia española, Madrid, Iberoamericana/Vervuert, 2007.
28 « Los stronistas festejaron cumpleaños del dictador », ABC-Color, Asunción, 3 novembre 2005.
29 Rigual Miguel, Lo mejor de la Historia paraguaya, Asunción, El Lector/col « Hacia un país de lectores », 2002.
30 Boccia Paz Alfredo, González Myrian Angélica, Palau Aguilar Rosa, Es mi informe. Los Archivos Secretos de la Policía de Stroessner, Asunción, CDE, ServiLibro, 2006 pour la cinquième édition (première édition en 1994). Cf. également le site du Centro de Documentación y Archivo para la Defensa de los Derechos Humanos (CDyA) : http://www.gwu.edu/~nsarchiv/CDyA/contacto.htm, organisme animé notamment par des magistrats, installé au sein même du palais de justice à Asunción, chargé de la conservation des archives de la répression sous la dictature.
31 Simon José Luis, Rodríguez Alcalá Guido, La dictadura de Stroessner y los derechos humanos ; Testimonio de la represión política en Paraguay 1954-1974/1975-1989, Comite de Iglesias/Serie Nunca Más, trois tomes, 1990.
32 Ultima Hora, 1er mars 2006, p. 16. En première page, le titre annonçant les pages intérieures était : « Héros ou despote ? »
33 Cf. Centlivres Pierre, Fabre Daniel, Zonabend Françoise (dir.), La Fabrique des héros, Paris, Éditions de la MSH, 1998 ; Chaumont Jean-Michel, La concurrence des victimes. Génocide, identité, reconnaissance, Paris, La Découverte, 1997 ; Eliacheff Caroline, Soulez Larivière Daniel, Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2007 ; Garapon Antoine, Peut-on réparer l’histoire ? Colonisation, esclavage, shoah, Paris, Odile Jacob, 2008.
34 Rivarola Milda M., « Filosofías, pedagogías y percepción colectiva de la historia en el Paraguay », Revista Paraguaya de Sociología, vol. 38, no 111/112, 2001, p. 37-58.
35 Milda Rivarola très investie sur ce dossier a publié plusieurs manuels d’histoire du second degré. En 2006, avec la fondation Alianza elle a rédigé un excellent manuel d’histoire contemporaine pour la classe de neuvième.
36 À titre d’exemple, concernant l’histoire des femmes, cf. les publications de l’ONG Centro de Documentación y Estudios (CDE) : Dávalos Serafina, Humanismo, tesis presentada para optar al grado de doctora en derecho y ciencias sociales, Universidad Nacional, Asunción, 1907, édition en fac-similé RP – CDE, Asunción, 1990 ; Bareiro Line, Soto Clyde, Monte Mary, Alquimistas. Documentos para otra historia de las mujeres, Asunción, CDE, 1993 ; Martínez Ofelia, Monte Mary, « Dios proteja destino patria. » Las Concepcioneras de 1901, Asunción, CDE, 1999.
37 À titre d’exemple, « La muerte atroz de Silvano Flores, a manos de “Kururu Pire” », ABC-Color, 2 novembre 2005. En français, article de Mary Claude (correspondante à cette date de Libération à Buenos Aires), « Angela, une identité torturée au Paraguay », Libération, 25 février 2000.
38 « La historia de Carmelo Kimá », Trinchera, avril 1982, p. 9.
39 « Horrores ocultos de la guerra », ABC-Color, 12 juin 2005, p. 1 et p. 46-47.
40 Durán Margarita, « Hay que verlo como ser humano », Ultima Hora, 1er mars 2006, p. 17.
41 Commémorant les soixante-et-onze ans de la paix du Chaco, à propos des anciens combattants : « Excombatientes : “somos héroes dos veces al año” », Ultima Hora, 12 juin 2006, p. 2.
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