Un exemple d’enracinement local : les élites lot-et-garonnaises à la fin du XIXe et au début du XXe siècle
p. 243-252
Texte intégral
1Même en l’absence d’études prosopographiques, dont l’inconvénient est – on le sait bien – la longueur de leur mise en œuvre, il est possible d’approcher les élites d’un département – en l’espèce le Lot-et-Garonne – à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, et d’en tenter, sous certains aspects, une pesée globale. C’est ce que je voudrais montrer dans la présente communication en utilisant, d’une part, un Dictionnaire biographique de Lot-et-Garonne, publié en 18941, et, d’autre part, les listes nominatives du recensement de 19062. Il s’agit d’une démarche purement statistique qui vise seulement à dénombrer ces élites, à en donner les caractères socioprofessionnels, et, surtout, à en préciser les origines, la conclusion majeure à laquelle j’aboutis étant leur enracinement local. Le chemin a déjà été ouvert par la thèse de Jean-Paul Jourdan sur le personnel de l’administration dans le Sud-Ouest de la France3, et par son étude des députés et sénateurs de l’Aquitaine sous la IIIe République4. On verra que ma recherche corrobore et amplifie à la fois ses conclusions, tout en s’étendant à d’autres milieux, ce qui permet de nuancer les points de vue qu’il avait mis en valeur, dans la mesure même où la spécificité du personnel d’administration en ressort davantage.
2Le Dictionnaire biographique de Lot-et-Garonne qui, malheureusement, n’est pas paginé, est un gros ouvrage proposant 1094 notices de personnalités lot-et-garonnaises encore vivantes en 1894, ou disparues récemment. On ne peut travailler que sur une partie de cet ensemble car 227 d’entre-elles n’habitent pas le département, soit 20,7 % du total. Nous ne pouvons les retenir dans la mesure même où rien ne nous indique qu’à cet égard le Dictionnaire biographique soit suffisamment exhaustif ; au demeurant il est évident que des professeurs, des avocats, des ecclésiastiques,… qui seraient nés dans le département mais l’auraient quitté, ne figureraient pas pour autant, seules de grandes personnalités installées ailleurs étant répertoriées, ce qui introduirait un biais par rapport à ceux que nous allons étudier. Ajoutons qu’en outre ce serait créer une distorsion par rapport aux listes nominatives sur lesquelles ne figurent, évidemment, que ceux qui habitent dans le département. Retenons simplement, au passage, que parmi ces personnalités qui vivent dans d’autres départements, figurent un ambassadeur, trois secrétaires d’ambassade, plusieurs généraux, dix-huit professeurs de Faculté – dont huit de médecine5. Une grande partie d’entre-elles vivent à Paris ou à Bordeaux, ce qui ne saurait surprendre. Notons encore que sur les 1 094 notices, 14 concernent des femmes : 4 professeurs, 3 directrices d’école, 4 femmes de lettres6.
3Le caractère imparfait de la source est évident : si l’on voit bien ce qui a guidé les choix, à savoir la notoriété et parfois des relations directes avec le ou les auteurs – inconnus – de l’ouvrage, leur mécanisme précis n’est pas connu. Elles sont en outre très inégales par leur longueur et par les renseignements fournis. Par ailleurs, si les années et les lieux de naissance sont majoritairement donnés, ils ne le sont pas toujours : pour bien faire, il faudrait le reprendre à cet égard. Néanmoins, tel quel ce Dictionnaire biographique a l’immense avantage de fournir une liste considérable de noms, de notices, et de permettre d’arriver à des résultats utilisables.
4L’idée fondamentale qui s’en dégage, est l’extrême localisme de ces élites. Déjà, Jean-Paul Jourdan avait souligné l’enracinement départemental du personnel administratif, les allogènes étant en outre majoritairement issus des départements voisins. Il avait également montré que, sur 43 députés et sénateurs lot-et-garonnais, 35 étaient nés dans le département, soit 81,4 %, un pourcentage nettement supérieur à celui de l’Aquitaine tout entière : 71,6 %7. Le Dictionnaire biographique confirme tout à fait ces conclusions pour un personnel politique de niveau inférieur :
5– sur 27 maires, dont nous connaissons les origines, 30 % sont nés dans la commune qu’ils dirigent, et 51,8 % dans le département, soit 81,8 % de Lot-et-Garonnais. Un seul provient d’un département éloigné8, et encore avait-il en Lot-et-Garonne des attaches familiales.
6– sur 13 conseillers généraux, 8, soit 61,5 %, sont nés dans le canton et 3 autres dans le département ; un seul vient de loin.
7Ce localisme est en réalité un phénomène général. Considérons les mentions socioprofessionnelles susceptibles d’être étudiées : les résultats vont dans le même sens, et ils sont d’autant plus intéressants qu’ils concernent des catégories non étudiées par Jean-Paul Jourdan, puisqu’il ne s’agit plus du seul personnel administratif. Ainsi, 38,2 % des avocats et avoués sont nés là où ils habitent ; 47 % dans le département ; sur 34, un seul vient de loin : de Paris. Il en va de même pour les notaires : sur 58 tabellions, 6 viennent de loin – 10,3 % –, mais 20,7 % sont nés là où ils exercent, et 39,6 % dans le département, soit 60,3 % de Lot-et-Garonnais. Pour les médecins, 7 sur 55 viennent de loin – 12,7 % –, mais 40 % sont nés là où ils exercent et 40 autres % dans le département. Sur 40 ecclésiastiques, 6 sont nés hors du département – 15 % –, mais l’origine régionale est évidente : en dehors d’un natif de l’Aveyron, ils sont issus des départements limitrophes. Parmi eux, sur 26 curés, 2 seulement sont nés à l’extérieur : encore s’agit-il de la Gironde et du Tarn-et-Garonne.
8Parmi les élites, les seuls milieux ouverts appartiennent au personnel judiciaire ou à celui de l’administration. Pour les premiers, en effet, 58,5 % sont nés hors du département – 31 sur 53 – ; pour les seconds, 27 sur 49, soit 56,1 %. Ce sont des chiffres tout à fait proches de ceux que donne Jean-Paul Jourdan pour 1872 : 54 % pour Agen9. On peut en tirer la conclusion - qui rejoint celle que j’avais avancée il y a déjà longtemps pour le département des Landes10 – que ce sont les emplois de l’État qui ont ouvert humainement nos départements aquitains en y faisant venir des gens nés ailleurs, parfois assez loin. Néanmoins, comme l’avait également noté Jean-Paul Jourdan, il ne s’agit que d’une ouverture relative, puisqu’elle est essentiellement régionale.
9Mais, étant donné ses imperfections, peut-on se fier à cette source dont les imperfections sont apparues évidentes ? J’ai donc décidé de dépouiller les listes nominatives des villes du Lot-et-Garonne pour vérifier les résultats tirés du Dictionnaire biographique. J’ai été obligé de prendre celles de 1906 afin de disposer des lieux de naissance. Un autre intérêt des listes nominatives, c’est que les élites du commerce et de l’entreprise qui ne figurent qu’exceptionnellement dans le Dictionnaire biographique – ce qui est une importante indication sur l’esprit qui a présidé à sa réalisation – peuvent être largement repérées sur les listes nominatives. Or, les résultats sont exactement du même ordre : ainsi, 37 % des médecins sont nés dans la commune où ils exercent, 37 % dans le département, et seulement 26 % ailleurs ; pour les curés, les chiffres respectifs sont de 5,3 %, 80,7 %, et 14 % ; pour les avocats : 60,6 %, 21,2 % et 18,2 %. Tout cela corrobore les données du Dictionnaire biographique, et c’est un résultat tout à fait important. Or, les listes nominatives permettent aussi d’atteindre les acteurs économiques : les négociants, entrepreneurs, industriels, banquiers et courtiers. En ce qui les concerne, l’ouverture est plus grande, comme nous allons le voir. Néanmoins, 34,4 % sont nés dans la commune de recensement, et 31,1 % dans le département. On est nettement au-dessous des chiffres du personnel judiciaire ou administratif, dont l’ouverture géographique est nettement plus grande. On voit également, dans les listes de 1906, que les professeurs sont très majoritairement nés à l’extérieur : 67,1 % pour les professeurs de lycée ou de collège, le pourcentage étant cependant nettement moins élevé pour ceux de musique, piano ou dessin : 51,2 %. Parfois, l’on a une forte mobilité à l’intérieur du département : ainsi, seulement 17 % des pharmaciens exercent dans leur commune de naissance, mais 58,5 % sont nés en Lot-et-Garonne, et les chiffres sont comparables pour les vétérinaires et pour les libraires.
10Toujours sous l’angle de l’ouverture, il faut insister sur les très fortes différences entre les villes. Celles que Jean-Paul Jourdan avait soulignées entre Bordeaux et les autres villes de l’Aquitaine11, se retrouvent ici entre Agen et les autres cités du département : il suffit de regarder le tableau no 1 placé en annexe pour saisir l’importance de l’écart. L’effet-préfecture sur les villes françaises du XIXe siècle a souvent été discuté ; en Lot-et-Garonne, il paraît tout à fait évident. En dessous du chef-lieu, où la mobilité est donc plus forte, viennent avec peu de différences les trois sous-préfectures, Villeneuve, Marmande et Nérac. L’écart avec Agen vient d’abord du groupe des négociants : 165 au chef-lieu, 40 à Villeneuve, 23 à Marmande et 33 à Nérac. Un troisième étage est constitué par Tonneins, Fumel et Casteljaloux.

11La surprise est ici que Tonneins, qui a pourtant 6 689 habitants – alors que Nérac n’en a que 6 218 –, n’a qu’un faible groupe d’élites. Casteljaloux, qui a seulement 3 668 habitants, paraît beaucoup plus dynamique grâce à un nombre très élevé de négociants, le chiffre étant un peu supérieur à celui de Villeneuve et représentant le double de celui de Marmande. Malgré l’usine métallurgique – peu florissante, il est vrai, à cette date12 –, Fumel, forte de 4 140 habitants, n’a pas non plus beaucoup d’élites. Pourtant, entre ce troisième niveau urbain et celui des petites villes, il y a une différence très marquée, tout particulièrement avec Houeillès, Duras ou Castillonnès, que j’ai choisies de prendre pour exemple. Ce qui est intéressant, c’est que, dans ces toutes petites villes, on trouve une petite bourgeoisie locale : un ou plusieurs négociants ou entrepreneurs (5 à Castillonnès mais aucun à Houeillès), un pharmacien, un vétérinaire, un notaire, un percepteur, un ou plusieurs médecins (sauf à Duras), un ou plusieurs hôteliers, des gens de justice (un avocat à Houeillès, un juge de paix à Duras), plusieurs employés de l’administration fiscale à Castillonnès. Avec le curé et quelques propriétaires importants – dont certains appartenant à d’anciennes familles nobiliaires –, ils constituent l’élite locale. Bien sûr, la comparaison avec les élites que l’on trouve à Agen ou Villeneuve n’est pas possible, tant l’écart est grand, mais il ne faut pas oublier qu’il y a bien, au niveau des petites villes, une élite socioprofessionnelle dont le rôle social, économique et politique est ou peut être important13.
12Dans ces petites villes, nul ne saurait s’en étonner, l’enracinement des élites est encore plus fort que dans les autres cités du département. Du moins pour celles que nous y rencontrons car, comme l’indiquent les notices du Dictionnaire biographique, il y a aussi beaucoup de départs, en particulier vers Paris. Soulignons au passage le rôle capital de l’administration et de l’armée qui offrent des emplois, permettent de faire des carrières, mais entraînent aussi le départ hors du pays natal. Pour une étude globale de la mobilité, nos sources sont biaisées et ne fournissent qu’une partie de la réalité, très majoritaire toutefois. Il n’empêche que, par ce moyen, nous ne pouvons analyser que les populations vivant sur place à l’époque qui nous intéresse. Ceci étant, la conclusion globale n’en est pas moins essentielle : dans ce département de Lot-et-Garonne – mais on peut ajouter sans crainte de se tromper dans presque tous les départements français14, en cette fin du XIXe siècle et ce début du XXe – les élites sont nées sur place ou dans un cadre régional très proche. Leur enracinement est manifeste. En réalité, il est général : les recherches que je mène actuellement à la fois sur les listes nominatives de recensement et sur les registres matricules de la conscription15 l’indiquent indubitablement. Il est même surprenant de voir à quel point même la proximité d’une grande ville comme Bordeaux s’accompagne, dans les communes des cantons qui l’entourent, d’une profonde stabilité cantonale de la population16. Enracinement, micromobilité et mobilité régionale sont donc la règle17. Ils s’accompagnent évidemment d’importants phénomènes de reproduction sociale qu’il conviendra d’étudier en profondeur. Peut-on cependant parler de fermeture ? Je ne le pense pas. D’une part, en cette fin du XIXe siècle, le personnel administratif représente à coup sûr une réelle ouverture et il faut, à cet égard, songer que l’institution des préfets et leurs fréquents changements sont importants, d’autant plus qu’ils s’accompagnent de la présence de cadres administratifs et militaires qui bougent eux aussi beaucoup, aussi bien en métropole qu’outre-mer. Parmi les groupes les plus mobiles, et donc les plus composites également, comment ne pas citer les professeurs de lycée ou de collège18 ? Mais aussi le monde du négoce et de la banque. D’autre part, l’enracinement ne fait pas obstacle aux changements politiques : malgré son importance dans le domaine politique, déjà soulignée19, le département a clairement viré à gauche à cette époque, et Fallières, dont on s’est occupé beaucoup à l’occasion du centenaire de son élection à la présidence de la République, en 1906, en est un excellent exemple20.
ANNEXES21
Éléments de l’élite dans les principales villes du Lot-et-Garonne en 1906 : chiffres bruts
Agen | Villeneuve s/Lot | Marmande | |
Négociants | 165 | 40 | 23 |
Entrepreneurs | 26 | 02 | 03 |
Industriels | 08 | 03 | 01 |
Banquiers | 06 | 02 | XXXX |
Médecins et chirurgiens | 11 | 08 | 05 |
Pharmaciens | 14 | 06 | 08 |
Vétérinaires | 06 | 02 | 02 |
Avocats, avoués | 33 | 09 | 12 |
Architectes | 09 | 01 | 02 |
Juges et magistrats | 16 | 06 | 07 |
Villes « moyennes » : chiffres bruts
Nérac | Tonneins | Casteljaloux | Funnel | |
Négociants | 33 | 34 | 47 | 22 |
Entrepreneurs | XXXX | XXXX | 02 | 03 |
Industriels | 04 | 01 | 05 | 04 |
Médecins et chirurgiens | 05 | 04 | 02 | 03 |
Pharmaciens | 05 | 04 | 02 | 05 |
Vétérinaires | 04 | 01 | 01 | 02 |
Avocats, avoués | 06 | XXXX | XXXX | 01 |
Juges et magistrats | 05 | 01 | XXXX | 01 |
Origines des élites lot-et-garonnaises : comparaison entre les données du Dictionnaire biographique de 1894 et celles du recensement de 1906 (pourcentages)
Dict. biogr. 1894 | Recensement 1906 | |
Maires | N. P. 30 % | XXXX XXXX |
Conseillers Généraux | N. P. 61,5 % | XXXX XXXX |
Curés | N.D. 92,3 | N. D. 86 % |
Médecins | N. P. 40 % | XXXX N. D. 74 % |
Notaires | N. P. 20,7 % | N. P. 20,8 % |
Juges et magistrats* | N. P. 17,4 % | XXXX N. D. 52 % |
Fonctionnaires | XXXX | N. P. 5,1 % |
Professeurs | XXXX | N. D. 33 % |
Professeurs musique, dessin, piano | XXXX | N.D. 48,8 % |
Libraires | XXXX | N.P. 36,4 % |
Avocats | 37,4 % | N.P. 60,6 % |
Avoués | XXXX | N.P. 25,9 % |
Négociants | XXXX | N. P. 37,3 % |
Entrepreneurs, industriels, banquiers | XXXX | N. P. 34,4 % |
Pharmaciens | XXXX | N. P. 17 % |
Vétérinaires | XXXX | N. P. 33,3 % |
Architectes | XXXX | N. P. 58,3 % |
* Les chiffres lot-et-garonnais de 1906 nuancent, pour les juges et magistrats, ce qu’avançait Jourdan J.-P. lorsqu’il a écrit que, « même au niveau supérieur des tribunaux civils et des cours d’appel, les magistrats les plus nombreux étaient d’origine locale », Le personnel d’administration…, op. cit., p. 437. Les pourcentages que j’ai trouvés sont en effet les suivants : nés sur place : 17,4 % ; dans le département : 34,6 % ; hors du département : 48 %.
Population en 1906 des villes citées
AGEN, préfecture.......................................................... | 22 894 habitants |
Villeneuve, sous-préfecture............................................. | 13 540 habitants |
Marmande, sous-préfecture............................................ | 9 175 habitants |
Nérac, sous-préfecture.................................................... | 6 218 habitants |
Tonneins........................................................................ | 6 689 habitants |
Fumel............................................................................ | 4 141 habitants |
Casteljaloux................................................................... | 3 668 habitants |
Castillonnès................................................................... | 1 669 habitants |
Duras............................................................................. | 1 528 habitants |
Houeillès....................................................................... | 1 191 habitants |
Notes de bas de page
1 Dictionnaire biographique de Lot-et-Garonne, Paris, Henry Jouve, 1894.
2 Elles sont conservées aux Archives départementales de Lot-et-Garonne.
3 Jourdan J.-P., Le personnel de l’administration dans le Sud-Ouest aquitain, de la fin de l’Ancien Régime aux années 1880, Thèse multigr., Doctorat ès-lettres, Université de Paris-Sorbonne, 2000.
4 Jourdan J.-P., « Des hommes du cru », Guillaume S. (dir.), Députés et sénateurs de l’Aquitaine sous la IIIe République 1870-1940 : portrait de groupe, Talence, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 1995, p. 123-132.
5 Parmi les groupes les plus représentés parmi ces « émigrés », il y a d’abord les militaires : 57, auxquels on peut ajouter 10 médecins-major, 4 médecins de la Marine, et des personnels d’intendance ou commissaires de la Marine : 5 ; le personnel judiciaire : 24 ; 17 médecins, plus 8 professeurs de médecine en Université, ce qui, avec les médecins militaires, amène à un total de 39 représentants de la médecine ; 14 avocats… Notons encore deux Trésoriers Payeurs Généraux, un inspecteur général des Ponts-et-Chaussées, un inspecteur général des haras, un conservateur de la Mazarine, un sous-bibliothécaire de la Sorbonne, le secrétaire de la cour de Cassation, plusieurs journalistes, 3 préfets, 3 députés, un maire de Bordeaux…
6 Ces femmes de lettres sont Françoise Cassaigneau, native d’Agen ; Cléontine Fitte, native de Tonneins ; Elisabeth Gillis, native d’Agen ; madame Manoël de Beaufort, née Marie Barsalou, native d’Agen. Notons encore Marie Delgay, dame Grenier, poète, native de Lavardac, mademoiselle Hélène Duchynska, dessinateur, native de Tonneins, et mademoiselle Ollier, native de Damazan, traductrice d’anglais. Il faut souligner que toutes vivent effectivement dans le département, ce qui n’est pas le cas, nous l’avons vu, pour les hommes, les notices qui les concernent comportant aussi un cinquième de personnalités vivant hors du département.
7 Jourdan J.-P., « Des hommes du cru », op. cit., p. 123. Dans cet article, J.P.Jourdan souligne la force de cet enracinement local pour la vie politique. Voir p. 130 : il y a « une relation étroite entre l’origine des élus et leurs circonscriptions en Lot-et-Garonne : ici les deux tiers des députés sont de l’arrondissement qui les élit ».
8 J’entends par département éloigné tous ceux qui ne sont pas limitrophes du Lot-et-Garonne.
9 Jourdan J.-P., Le personnel de l’administration dans le Sud-Ouest aquitain…, op. cit., p. 399.
10 Voir mon article : Poussou J.-P., « Les migrations dans la Haute Lande aux XVIIIe et XIXe siècles », Marquette J.-B. (dir.), La grande lande : Histoire naturelle et géographie historique, Paris, CNRS, 1985, p. 365-385.
11 Jourdan J.-P., Le personnel de l’administration dans le Sud-Ouest aquitain…., op. cit., p. 399-407.
12 En difficulté à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l’usine métallurgique de Fumel est relancée par la guerre. Voir Munier J., Le Bassin de Fumel, mém. de DES, dactyl., Faculté des Lettres de Bordeaux, 1946 ; Poussou J.-P., « La population du canton de Fumel, du Premier Empire à aujourd’hui », dans Revue de l’Agenais, 2006, 3, p. 597-629.
13 Sur les petites villes, voir Poussou J.-P. (dir.), Les petites villes du Sud-Ouest, de l’Antiquité à nos jours, Revue de l’Agenais, numéro spécial, 2004, 1.
14 Voir Tugault Y., La mesure de la mobilité. Cinq études sur les migrations internes, Cahiers de l’INED, Paris, PUF, 1973.
15 Farcy J.-C. et Faure A. viennent d’attirer très fortement l’attention sur l’intérêt des registres matricules pour l’étude de la mobilité en France entre les guerres de 1870 et de 1914. Voir leur remarquable ouvrage : La mobilité d’une génération de Français : Recherche sur les migrations et les déménagements vers et dans Paris à la fin du XIXe siècle, dans Cahiers de l’INED, no 151, Paris, 2003.
16 Aussi bien dans des cantons reculés, comme ceux du Médoc ou de la partie landaise du département de la Gironde, que dans des cantons tout proches de Bordeaux, comme celui de Villenave-d’Ornon, il est étonnant de voir à quel point la mobilité est réduite et l’enracinement à 18-20 ans important. Une publication que j’achève le montrera bientôt.
17 Voir mon article, Poussou J.-P., « L’enracinement est le caractère dominant de la société rurale française d’autrefois », Histoire, Économie et Société, 2002, 1, p. 97-108.
18 Mais les juges de paix et les instituteurs sont essentiellement recrutés dans le département. Voir Jourdan J.-P., Le personnel de l’administration dans le Sud-Ouest aquitain…, op. cit., p. 420 et 435.
19 Voir ci-dessus : note no 7.
20 Armand Fallières a été l’objet de plusieurs biographies ou colloques : Beaumont S., Fallières ou la République de la province, Toulouse, éché, 1988 ; Delpont H. et Dreano-Sestacq J., Fallières : La République aux champs 1868-1881, Nérac, Amis du Vieux Nérac, 1996 ; « Spécial Fallières », no spécial, Les Amis du Vieux Nérac, no 40, 2006 ; Salmon-Dalas M. (dir.), Un Lot-et-Garonnais à l’Élysée : Fallières en son temps, Agen, Conseil Général du Lot-et-Garonne, 2007. Voir aussi Weisberg P., « De la perte de dynamisme à l’émergence du radicalisme », Baumont S. (dir.), Histoire d’Agen, Toulouse, Privat, 1991, p. 227-254.
21 N. P. Signifie « nés sur place » ; N. D. : « natifs du département » ; les chiffres qui figurent sur le tableau sous la rubrique « N. D. » sont obtenus en additionnant les pourcentages de ceux qui sont nés sur place et de ceux qui sont nés dans une commune du département. Le sigle XXXX indique qu’il n’y avait pas de données pour ce groupe socioprofessionnel ou qu’elles étaient trop peu nombreuses, et donc inutilisables.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008