Les élites des villes maritimes et des villes de l’intérieur en Aquitaine au XIXe siècle
p. 171-186
Texte intégral
1Il y a deux façons de définir les élites municipales : soit on considère, dans une acception large l’ensemble des notabilités d’une ville, soit on s’en tient aux seuls membres siégeant au sein des conseils municipaux. La question du « sang » est celle des liens familiaux pouvant exister entre ces derniers. Mais il s’agit là d’une question difficile. D’abord parce qu’il n’est pas aisé pour le chercheur de repérer ces liens, sauf à disposer ou à constituer des généalogies ; et ces généalogies sont nécessairement fermées : les parentés éloignées restent hors du champ de l’observation. Ensuite, lorsque le lien du sang est avéré, on n’est pas toujours en situation de déterminer quel en a été l’effet sur le destin ou la place des individus.
2Ces points posés, nous avons pris le parti de ne pas choisir entre les deux acceptions des élites municipales, mais d’aller de l’une à l’autre, tout en nous en tenant au cadre géographique de l’Aquitaine actuelle qui, bien sûr, n’a aucune signification administrative au XIXe siècle. Les élites municipales de cette période ont fait l’objet de très nombreux travaux. S’agissant des maires, on ne peut que citer les deux synthèses de Maurice Agulhon et de Jocelyne George1. Les conseils municipaux sont moins connus. Les travaux consacrés aux élites municipales dans les villes du sud-ouest de la France – dans l’une ou l’autre des définitions données – sont à la fois nombreuses et disparates ; ils n’ont pas tous été publiés. Dans cette communication, nous les évoquerons en tant que de besoin. Il en est de même des sources d’archives sur lesquelles sont fondés ces travaux ; elles sont très éclatées entre archives nationales, départementales et municipales2. Si les négociants, les rentiers, les hommes de loi, les magistrats et autres fonctionnaires de haut rang constituent indéniablement l’élite des villes d’Aquitaine, l’analyse de la composition des municipalités montre, en dépit d’évolutions au cours du siècle, une nette distinction entre les élites dirigeantes des villes maritimes et des villes de l’intérieur.
Première approche : les élites municipales en tant qu’élites urbaines
3Grands propriétaires fonciers (aristocrates ou bourgeois), négociants et marchands, entrepreneurs, fonctionnaires et magistrats constituent le groupe des notables du Consulat tel que les « listes d’éligibilité », dites aussi « listes de notabilité », permettent de l’établir. Ces listes étaient autant de pépinières dans lesquelles il devait être puisé pour les nominations aux charges publiques. Prévues par la constitution de l’An VIII, elles furent dressées en vertu de la loi du 13 ventôse An IX (4 mars 1801). Cette loi donnait de droit le rang de notable à un certain nombre de fonctionnaires en place3. La notion de « fonctionnaire » est d’ailleurs conçue de façon extensive : sur la liste des notables de l’arrondissement de Bordeaux, on trouve ainsi, à côté des magistrats des tribunaux bordelais, du secrétaire général et des conseillers de préfecture, du commissaire général de police, 153 maires, 120 adjoints au maire, 9 conseillers généraux, 12 conseillers d’arrondissement4…
4Si l’on s’en tient seulement aux notables domiciliés dans les villes portés sur les listes des notabilités des arrondissements communaux5, trois catégories sont dominantes : les fonctionnaires des administrations publiques et les magistrats d’une part (et pour la raison que l’on vient de dire), les hommes de loi d’autre part, les marchands et les négociants enfin. Mais, d’une ville à l’autre, la représentation de ces catégories est très variable. Elle permet d’opposer les villes maritimes aux villes de l’intérieur. De ce point de vue, la comparaison entre Bayonne et Pau est fort éclairante : importance des marchands et des négociants à Bayonne, poids des hommes de loi à Pau (tableau 16) :
Tableau 1. Place de quelques groupes sociaux dans les notabilités communales de Pau et de Bayonne en l’An IX
Villes | Fonctionnaires et magistrats | Hommes de loi | Marchands et négociants |
Pau | 31 % | 24 % | 12 % |
Bayonne | 15 % | 5 % | 35 % |
5L’élite ainsi dégagée n’est pas exclusivement celle de la fortune, le système électoral établi par le Consulat n’étant pas censitaire. Les notabilités doivent leur rang à leur fonction ou à leur influence ; elles participent de ces « masses de granit » sur lesquelles le régime napoléonien entendait fonder la société et l’État.
6Le système de notabilités mis en place au début du Consulat n’a pas résisté à l’épreuve du temps. Dès l’An X, on lui substitue en matière électorale le système censitaire, les membres du collège électoral de chaque département devant être choisis parmi les six cents plus imposés du département7. On peut, bien sûr, à partir de ces listes isoler les élites municipales au sens de notabilités urbaines. Dans le cas Bordeaux, nous disposons d’un document original, la liste des cent plus forts contribuables de la ville, dressée en avril 18128 (tableau 2) :
Tableau 2. Les Cent plus forts contribuables bordelais en 1812
Catégories | Nombre de contribuables |
Négociants, coutiers, marchands | 37 |
Propriétaires | 31 |
Fonctionnaires, magistrats | 18 |
Professions libérales | 11 |
Autres | 3 |
7Au sommet de la pyramide trône le comte d’Empire Amédée de Lur-Saluces avec 8 478 francs de contributions. Mais, sur ces cent plus imposés, ce sont les négociants qui dominent tant en nombre (37 cotes) que par le montant moyen de leur impôt (2 453 francs9). Nous trouvons ensuite les propriétaires (31 cotes, 2 196 francs), les membres des professions libérales (13 cotes, 1 577 francs), enfin, les fonctionnaires et les magistrats (18 cotes, 1 358 francs10).
8Pareille liste a été conservée pour Agen mais celle-ci n’est guère exploitable car l’activité ou l’état des individus qu’elle mentionne fait défaut le plus souvent11. Pour les Landes, où les listes des plus imposés ne sont pas utilisables, par défaut d’indications professionnelles également, nous disposons d’un état des personnes « les plus marquantes du département », daté de 1809, sur lequel sont inscrits 50 noms. Dans ce département caractérisé par la faiblesse des activités économiques, les propriétaires viennent au premier rang : on en compte 32 dont le maire de Mont-de-Marsan, Marc Antoine du Lyon12.
9Les listes de la période impériale soulignent l’ambiguïté de la notion de notable ou plutôt révèlent une hésitation à définir la notabilité. Les listes électorales de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, établies sur un critère exclusivement fiscal, enferment cette notabilité dans un cadre purement économique. Grâce à un « registre des électeurs de la commune de Bordeaux », il est possible pour 1820 de préciser la composition de la notabilité de cette ville (tableau 313) :
Tableau 3. La notabilité bordelaise en 1820
Catégories | Nombre de cotes | % | Valeur moyenne des cotes (en francs) |
Négociants | 375 | 35,1 % | 1063 |
Propriétaires | 235 | 22 % | 1105 |
Marchands | 164 | 15,4 % | 716 |
Fonctionnaires et magistrats | 82 | 7,7 % | 873 |
Artisans, manufacturiers | 70 | 6,6 % | 608 |
Professions libérales non juridiques | 56 | 5,2 % | 600 |
Professions libérales juridiques | 36 | 3,4 % | 888 |
Divers | 49 | 4,6 % | 834 |
Ensemble | 1067 | 100 % | 934 |
10Comme en 1812, négociants et propriétaires tiennent le haut du pavé ; quatorze d’entre eux sont à plus de 4 000 francs14. Dans cette liste, la prééminence des négociants est d’autant plus remarquable que le système censitaire, largement basé sur l’impôt foncier, tend à sous-estimer l’importance des fortunes marchandes. Mais il est vrai que les négociants figurent sur ces listes parce qu’ils sont d’abord des propriétaires.
11La supériorité des fortunes des négociants et des propriétaires s’observe à Bordeaux tout au long de la période de la monarchie constitutionnelle. Dans la liste des 32 contribuables bordelais payant plus de 3 000 francs d’impôts directs en 1831, nous trouvons 19 propriétaires (dont le marquis de Lamoignon avec 11 063 francs), 9 négociants, un marchand, un maître de forges, le receveur général (le baron de Carayon-Latour, au deuxième rang parmi les plus imposés de la ville avec 10 913 francs) et le président de la cour d’appel, Ravez15. Cette prépondérance de la terre et du négoce peut être observée dans les autres départements de la région même si l’échelle des fortunes n’est pas la même qu’en Gironde.
12Dans les Basses-Pyrénées se retrouve à la fin de la Monarchie de Juillet la même opposition entre Bayonne et Pau que celle que l’on a pu noter à l’époque du Consulat :
Tableau 4. Les notables de Pau et de Bayonne en 1847
Catégories | Pau | Bayonne |
Négociants | 6 | 56 |
Marchands en gros | 8 | 56 |
Marchands détaillants | 20 | 37 |
Artisans, manufacturiers | 11 | 32 |
Fonctionnaires et magistrats | 35 | 19 |
Professions libérales | 17 | 23 |
Propriétaires, propriétaires rentiers | 23 | 33 |
Divers | 6 | 14 |
Ensemble | 126 | 270 |
13Alors que dans la capitale du Béarn l’élite est formée de magistrats, de fonctionnaires de propriétaires qu’entourent quelques rares négociants, marchands en gros, entrepreneurs et manufacturiers, à Bayonne, la notabilité est issue pour l’essentiel du négoce et de ses associés de la banque, du courtage et des transports. À Pau, un peu plus du quart des électeurs censitaires appartient à l’administration et à la justice (soit 35 sur 126). Ainsi se trouve soulignée la fonction administrative de la ville préfecture du département, par ailleurs siège d’une cour d’appel, face à Bayonne où le personnel de l’administration et des tribunaux ne constitue qu’un noyau de notables fort peu étoffé (7 %). Par contraste également, sur les 270 électeurs que compte la ville de Bayonne en 1847, 149 (soit 55,1 %) appartiennent au monde du commerce et à ses associés ; ceux qui figurent en qualité de négociant sont au total plus de cinquante, de même les marchands en gros16.
14Les données bordelaises comme celles concernant Pau et Bayonne montrent donc la domination au sein des élites urbaines dans les villes du sud-ouest de la première moitié du XIXe siècle de deux catégories, à savoir les propriétaires, une catégorie englobante, et le monde de la marchandise. Les chiffres concernant les principales villes du Lot-et-Garonne en 1847-1848 confirment ces données (tableau 5) :
Tableau 5. Les notables des principales villes du Lot-et-Garonne en 1847-1848
Villes | Agen | Marmande | Nérac | Villeneuve-sur-Lot |
Négociants, marchands | 19 | 9 | 18 | 43 |
Artisans, manufacturiers | 21 | 8 | 3 | 18 |
Fonctionnaires et magistrats | 36 | 14 | 7 | 11 |
Professions libérales | 48 | 17 | 16 | 21 |
Propriétaires, propriétaires rentiers | 31 | 49 | 40 | 57 |
Divers | 11 | 6 | 4 | 4 |
Ensemble | 166 | 103 | 92 | 154 |
15À Villeneuve, Marmande et Nérac la catégorie des propriétaires rassemble le plus grand nombre de côtes et aussi les cens moyens les plus élevés17. À Agen, les professions libérales sont en tête, en nombre de côtes, devant les fonctionnaires et les magistrats : la ville est non seulement préfecture départementale mais aussi siège d’une cour d’appel comme Bordeaux et Pau18. Dans les quatre villes du département, les propriétaires, les fonctionnaires et les magistrats, les professions libérales viennent avant les artisans ou manufacturiers et les marchands négociants, sauf à Villeneuve.
16Le tableau est identique à Mont-de-Marsan et à Dax en 1848 (tableau 6) :
Tableau 6. Les notables de Mont-de-Marsan et de Dax en 1848
Villes | Mont-de-Marsan | Dax |
Négociants, marchands | 33 | 29 |
Artisans, manufacturiers | 11 | 16 |
Fonctionnaires et magistrats | 23 | 9 |
Professions libérales | 13 | 30 |
Propriétaires, propriétaires rentiers | 29 | 28 |
Divers | 5 | 5 |
Ensemble | 114 | 117 |
17Dans le canton de Périgueux, on observe en 1846-1847 une situation identique à celle-là19.
18Le tableau est donc clair. Il s’articule autour d’une domination urbaine de la classe dirigeante traditionnelle issue de la terre, du service de l’administration, du négoce et de la marchandise. Clair est également le contraste entre les villes maritimes et portuaires (Bordeaux, Bayonne) et celles de l’intérieur. Dans les premières dont le regard est tourné vers le large et les horizons lointains, les élites du commerce l’emportent ; dans les secondes, enracinées dans leur terroir, leur pays, et dont la vocation est d’abord administrative et politique, les propriétaires et les fonctionnaires ont une position dominante. Cette opposition entre deux types de villes a été soulignée de longue date par l’historiographie. Nous nous contentons ici de renvoyer aux travaux de Bernard Lepetit et de Marie-Vic Ozouf-Marignier20. Les transformations économiques du second XIXe siècle ont-elles profondément modifié cette situation ? On aimerait disposer de documents comparables aux listes censitaires des années antérieures à l’avènement du suffrage universel pour répondre à cette question. « L’enquête Daumard » montre cependant, dans le cas de Bordeaux, une assez grande stabilité de la stratification sociale. En 1911, les négociants et les marchands en gros, les fonctionnaires supérieurs et les magistrats, les professions libérales supérieures et les propriétaires tiennent le haut du pavé comme ils le tenaient déjà en 182421.
Deuxième approche : les élites municipales comme corps de ville
19Admettre l’hypothèse d’une stabilité de la configuration des élites dans les villes de la France du sud-ouest au XIXe siècle et en déduire leur pérennité au sein des conseils municipaux au cours de la même période serait aller vite en besogne et faire peu de cas des conséquences qu’a pu induire l’avènement du suffrage censitaire, puis du suffrage universel, sur la composition de ces conseils.
20À l’époque des municipalités nommées, soit jusqu’à la loi municipale du 24 mars 1831, le recrutement des conseils municipaux est notabilaire. Quelques critères prévalent : la capacité, la notoriété familiale ou le rang social, la fortune, l’adhésion au régime en place. Laurent Coste l’a bien montré pour le Bordeaux du Premier Empire. En 1809, le préfet de la Gironde expliquait qu’il fallait présenter aux places vacantes dans le conseil municipal de cette ville « des citoyens propriétaires et négociants pris parmi les plus imposés de la ville22 ». Aussi, sur les 82 édiles qui ont siégé au conseil municipal de Bordeaux entre septembre 1805 et septembre 1815, le négoce est très largement représenté avec 46,3 % de l’effectif ; les propriétaires (21,9 %) et les hommes de loi (19,5 %) viennent ensuite23. Les mêmes négociants qui siégeaient au conseil municipal étaient membre du Conseil de commerce formé en 1807 ou à la Chambre de commerce : sur les huit présidents qui se succédèrent à la tête de cette institution, seuls deux ne firent pas partie de la municipalité24. Ces élites municipales appartenaient à la strate la plus aisée. Parmi les six premiers noms de la liste des 600 plus imposés du département de la Gironde, trois ont siégé au conseil municipal de la ville (Cabarrus, au troisième rang sur cette liste, Lynch au cinquième rang et Gourgues au sixième). On comptait également 18 édiles parmi les cent plus gros contribuables de la ville25.
21À Bayonne, ville maritime comme Bordeaux, le négoce siège également en bonne place, au côté des propriétaires rentiers, au sein conseil municipal de la ville dans le premier tiers du XIXe siècle. Dans la municipalité bayonnaise nommée en mai 1815 – elle comprend 32 membres – nous trouvons 14 négociants, 4 marchands en gros, 6 représentants des professions libérales26. Mais cette prépondérance n’est pas exclusive d’instabilité. Entre 1800 et 1839, la ville a successivement neuf maires. Ici, le fait marquant est une certaine fuite devant l’exercice des fonctions municipales en général, la fonction de maire en particulier27. Le préfet des Basses-Pyrénées, Dessolle, note ainsi, en 1817, « un grand éloignement de la part des principaux négociants et propriétaires à se charger des fonctions municipales » ; quelques années plus tard, il écrit au ministre de l’Intérieur, sur un ton désabusé : « Ce n’est pas facile de trouver un maire à Bayonne28. » C’est que les négociants sont loin de fournir une classe disponible pour remplir avec assiduité les fonctions municipales. Au contraire même : l’impossibilité de délaisser leurs affaires privées les incite à se tenir dans une certaine réserve vis-à-vis des fonctions édilitaires. Sous le Consulat et l’Empire, Dechégaray (1806-1815), seul maire de Bayonne issu du négoce est un « négociant retiré29 ».
22Les conseils municipaux des villes de l’intérieur présentent un autre profil que la carte de l’Aquitaine met bien en évidence.

23À Périgueux, en 1810, le quart du conseil municipal est composé de fonctionnaires, c’est-à-dire pour l’essentiel de magistrats30. Le cas d’Agen est différent avec, à côté des élites liées à la justice, une forte représentation des négociants et des marchands31. À Pau, 62 candidats ont été proposés à une nomination au conseil municipal de la ville parmi lesquels 29 appartiennent à l’administration ou à la justice, dont 16 à la cour royale32.
24À partir de 1831, l’élection des conseils municipaux au suffrage restreint n’a pas fondamentalement modifié leur composition socio-professionnelle, de sorte que la distinction villes maritimes/villes de l’intérieur s’observe encore sous la Monarchie de Juillet. À Bordeaux, la prépondérance de « l’aristocratie commerciale » selon le mot d’Haussmann, alors sous-préfet en Gironde, demeure intacte. Mais les professions libérales se sont substituées aux propriétaires. Le conseil municipal élu au lendemain de l’adoption de la loi de 1831 comprenait 39 membres. Les représentants des milieux d’affaires n’en forment plus de la moitié (22 dont 15 négociants). Les quatre plus riches conseillers sont des négociants : Guestier, Wustenberg, Promis et Fieffé33. Il y a 10 membres des professions libérales (6 avocats et notaires, 4 médecins et pharmaciens). En 1840, le conseil municipal comprend 18 négociants, 12 représentants des professions libérales (dont trois notaires), 5 propriétaires (dont un ancien négociant), un architecte et 3 fonctionnaires : les négociants représentent près de la moitié du conseil. Les maires de la période, nommés par ordonnance royale, Joseph Brun (1831-1838), David Johnston (1838-1842) et Lodi-Martin Duffour-Dubergier appartiennent au milieu des affaires et du négoce dont un certain nombre d’éléments se rangent parmi les grands notables à plus de 1 000 francs de cens34.
25Les négociants continuent également à dominer le conseil municipal de Bayonne durant le régime de Juillet. La loi de 1831 dotait la ville de 27 conseillers municipaux y compris le maire et les deux adjoints désignés parmi les conseillers élus pour une durée de six ans. Tous les trois ans, le renouvellement du conseil par moitié35 rendait possible la stabilité du corps municipal. De fait, sous la Monarchie de Juillet, la ville n’a compté, au total, que 48 conseillers municipaux dont 12 ont été élus et réélus tout au long de la période. En décembre 1831, sur 27 élus, on dénombre 2 négociants, 7 marchands en gros, 2 commis négociants, un coutier de marine, 3 propriétaires rentiers dont la fortune provenait d’activité commerciale soit, ensemble, 15 élus issus directement ou indirectement du commerce. À l’issue du dernier renouvellement municipal, celui de 1843, les négociants sont au nombre de 14. Cette prépondérance des négociants n’a rien d’étonnante si l’on considère la composition du corps électoral municipal : sur les 723 électeurs de 1840, les négociants représentent le tiers des cent premiers imposés et les marchands en gros, un cinquième. C’est vers cette élite de la fortune que les « petits » électeurs, les moins imposés figurant en fin de la liste électorale ont porté leur suffrage36. C’est vers elle que les autorités politiques ont continué à se tourner quand il s’est agi de désigner un maire et des adjoints. En juin 1833, l’orléaniste François Balasque, présenté dans un rapport préfectoral comme « un négociant riche, homme d’esprit, de tête et de cœur » devient maire de la ville et il le reste jusqu’en 1848.
26À Bayonne, comme dans les autres villes du département des Basses-Pyrénées, la composition sociale des conseils municipaux reflète alors leur fonction dominante, et donc la nature de leurs élites respectives37. Mais le fait nouveau, sous la Monarchie de Juillet, est la place nouvelle tenue dans ces villes par les représentants des professions libérales, les fameuses « capacités » : 38 conseillers sur cent dans les quatre principales villes de ce département. À Pau dominent les avocats (6 conseillers) ; à Orthez, les avoués (6 conseillers) ; ailleurs, toutes les professions libérales juridiques sont représentées presque également. À ces professions, il faudrait ajouter les magistrats des cours et des tribunaux : 5 à Oloron, 4 à Pau, 3 à Orthez, un à Bayonne. Au total, les hommes de loi occupent 42 des cent sièges dans les conseils municipaux urbains des Basses-Pyrénées (Bayonne, Pau, Oloron, Orthez) à la veille des événements de 184838. Leur savoir juridique fait d’eux des titulaires désignés à l’exercice des fonctions municipales (tableau 7).
Tableau 7. Composition des conseils municipaux des villes des Basses-Pyrénées en 1847
Villes | Pau | Bayonne | Oloron | Orthez |
Négociants, marchands | 5 | 15 | 4 | 4 |
Artisans, manufacturiers | 2 | - | - | - |
Fonctionnaires et magistrats | 7 | 2 | 6 | 5 |
Professions libérales | 13 | 6 | 9 | 10 |
Propriétaires, propriétaires rentiers | - | 4 | 2 | 4 |
Divers | - | - | 2 | - |
Ensemble | 27 | 27 | 23 | 23 |
27À Périgueux, à la même époque, la moitié du conseil municipal est composée de représentants des professions libérales, les avocats et les médecins en particulier.
28Au temps des monarchies censitaires, la distinction villes maritimes/villes de l’intérieur au plan de la composition des élites détentrices du pouvoir municipal reste donc fondée. À partir de 1848, l’adoption du suffrage universel pour la désignation des conseils municipaux n’a pas bouleversé l’ordre social des choses, au moins dans l’immédiat. Les négociants ont continué à dominer le conseil municipal de Bayonne : en 1862, sa composition diffère peu de ce qu’elle était dans les années 182039 ; sous le Second Empire, à Pau, fonctionnaires et magistrats conservent, avec les carrières libérales, une place importante quoi qu’en recul40. Dans cette ville, la cour d’appel eut toujours d’assez nombreux représentants au sein du conseil municipal41. C’est là un élément que l’on retrouve moins marqué à Agen42, autre siège de cour, et qui n’apparaît pas à Bordeaux en raison de la place dominante des élites négociantes. Mais à Agen également, la place des élites judiciaires n’a pas cessé de régresser, et cette régression apparaît avec une grande netteté quand on compare les données du XIXe siècle à celles de 1790. Le même mouvement de recul s’observe à Périgueux. Dans cette ville sous la Monarchie de Juillet, la part des fonctionnaires et des magistrats n’est plus que de 10 % au sein du conseil municipal contre un quart en 181043. À Mont-de-Marsan, les professions libérales l’emportent aussi au sein du conseil municipal de la ville, en 1850.
29La républicanisation des conseils municipaux a-t-elle eu davantage d’effets ? Le cas d’Agen peut le laisser penser, au moins si l’on compare les données de 1884 à celles de 1855 : les artisans l’emportent sur les négociants (tableau 8).
Tableau 8. Composition du conseil municipal d’Agen en 1855 et en 1884
Catégories | 1855 | 1884 |
Négociants* | 10 | 7 |
Artisans, commerçants | - | 10 |
Professions libérales | 7 | 5 |
Fonctionnaires | - | 2 |
Propriétaires | 5 | - |
Divers | 4 | - |
Ensemble | 26 | 24 |
* dont un banquier
30De même, dans le Bayonne des débuts de la IIIe république (1870-1914), 35 % des conseillers municipaux environ appartiennent au milieu du négoce et près de 30 % aux professions libérales, ce qui marque une évolution sensible par rapport à la période antérieure44. Mais, dans cette ville, selon les étiquettes, la distribution socioprofessionnelle des élus diffère. Les fonctionnaires, les employés, les artisans et les professions libérales sont sur représentés dans les rangs des élus radicaux ; les banquiers et les propriétaires rentiers dominent les rangs des conservateurs. Parmi les huit maires ou conseillers ayant fait fonction de maire durant cette période, on recense trois négociants et trois avocats45.
31Pour Bordeaux, l’étude menée en 1966 par Jacqueline Herpin sur les milieux dirigeants de la ville sous la IIIe République est particulièrement précieuse46. Elle a rangé en neuf catégories socio-professionnelles les 327 conseillers municipaux que la ville a comptés entre 1870 et 1940. Sur l’ensemble de la période, les négociants viennent au premier rang (27,9 %) devant les professions libérales (26,3 %47). On retrouve les deux catégories dominantes des époques antérieures. Cependant, le groupe des négociants n’est pas identique à lui-même : il existe une différence de statut social entre les négociants des Chartrons, les chefs des maisons faisant le commerce des vins, les armateurs, les exportateurs ou les commissionnaires, membres de la chambre et du tribunal de commerce qui peuplent les conseils municipaux des débuts de la IIIe République et les négociants en gros qu’on y rencontre assez souvent ensuite. Au demeurant, les négociants perdent leur prépondérance relative à partir de l’élection de la municipalité socialiste d’Adrien Marquet en 1925. Par comparaison, la présence de représentants des professions libérales s’est avérée plus stable. A contrario, on observe une montée progressive des commerçants et des artisans d’une part, des fonctionnaires et des employés d’autre part. « Ainsi, progressivement, s’effectue un remplacement des catégories socio professionnelles dirigeantes, avec une transformation brutale et quasi totale en 1925. À cette date, propriétaires, industriels, commerçants en gros, ouvriers même ont disparu ; les négociants sont des nouveaux riches, tandis que les fonctionnaires, employés et commerçants dominent la vie municipale sous la direction des représentants des professions libérales » : on suit ici Jacqueline Herpin48. On la suit également dans son regroupement des professions par catégories sociales qui montre l’ascension politique de la petite bourgeoisie (tableau 9).
Tableau 9. Le conseil municipal de Bordeaux sous la IIIe République : les niveaux sociaux. Les pourcentages des catégories sociales dans les conseils municipaux de 1871 à 1935

32Ce renouvellement des élites municipales n’est pas propre à Bordeaux, et, à considérer les maires des cinquante villes étudiées dans le cadre de l’enquête Agulhon, il apparaît avec la même netteté, le tournant se situant entre 1880 et 190049. Cela n’empêche pas que l’on puisse toujours distinguer les villes dont l’activité est fondée sur l’échange des autres cités50. En revanche, tout donne à croire qu’il n’a eu qu’une faible ampleur au village ce qui permet de s’interroger sur l’exacte étendue de la « révolution des mairies » du début de la IIIe République51.
33Si la composition sociologique des élites urbaines est donc relativement bien cernée, la question des liens de parenté qui ont pu exister entre membres d’un même conseil municipal, entre membres de conseils municipaux successifs reste entière. La règle de droit édicte des incompatibilités qui interdisent à des proches parents de siéger dans la même assemblée. À l’époque des corps municipaux nommés, l’autorité a pu avoir tendance à sélectionner les candidats au sein d’un même vivier familial et à en écarter d’autres, pour des raisons diverses telles la notoriété de ces familles ou leur fidélité politique. Ainsi, à la mort d’Alexandre Betbeder, maire de Bayonne, en novembre 1823 le préfet des Basses-Pyrénées songe un moment à désigner comme successeur, à la nomination du roi, le neveu du défunt52. On pourrait simplifier cette question des liens de parenté au sein des élites municipales en s’attachant seulement au cas des maires. Mais le problème de la collecte du renseignement biographique reste entier, comme l’a souligné Maurice Agulhon : « La parenté d’un maire avec tel ou tel prédécesseur serait évidemment importante à connaître […] À nouveau, le renseignement d’archive d’origine préfectorale risque d’être d’inégale valeur, imprécis […] On repère aisément les maires fils d’un maire précédent (encore faut-il vérifier les homonymies trompeuses), mais les gendres ou neveux nous échappent facilement53. » Ceci étant, « l’enquête Agulhon » fournit à notre questionnement quelques éléments de réponses. Ainsi, le facteur de parenté est rare parmi les maires de la région parisienne au XIXe siècle comme au XXe siècle. Si on considère la taille des communes françaises, il est important dans les plus petites d’entre elles mais très rare en ville ; la parenté paraît davantage liée à certaines professions (avocats) qu’à d’autres (médecins54), et plus liée à la politisation qu’à son absence. Mais, comme l’observe Maurice Agulhon, les écarts sont faibles et il n’est pas sûr qu’ils se vérifient d’une région à une autre : les systèmes de parentés et les stratégies liées à la parenté ont pu varier, dans la France rurale traditionnelle, d’une région à sa voisine55. Pour le sud-ouest de la France, l’enquête de fond reste à faire.
Notes de bas de page
1 Agulhon M., Girard L., Robert J.-L., Serman W. et allii, Les maires en France du Consulat à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986 ; les villes du sud-ouest de la France sont absentes de cette enquête. George J., Les maires dans le département du Var de 1800 à 1940, Lille, ANRT, 1988 ; George J., Histoire des maires, 1789-1939, Paris, C. de Bartillat, 1989. Pour le cas girondin, voir : Drouin J.-C., Lachaise B., Maires de la Gironde de la révolution à la restauration. Les maires des chefs-lieux de canton de 1790 à 1824, Talence, CESURB, 1993.
2 On pense ici en particulier à la sous série 3 M des archives départementales pour tout ce qui touche aux nominations et aux élections des conseils municipaux et à la sous série F1bII (série départementale) des archives nationales.
3 L’article 14 de la constitution de l’An VIII précise en effet que « les citoyens qui seront nommées pour la première formation des autorités constituées feront partie nécessaire des premières listes d’éligibilité ».
4 Arch. Dép. Gironde, 3 M 3, État nominatif des fonctionnaires publics qui en vertu de l’article 14 de la constitution font partie nécessaire de la liste de notabilité de l’arrondissement communal de Bordeaux.
5 Rappelons pour mémoire que les listes de notabilités du Consulat s’emboîtent en trois niveaux, par réduction au dixième d’une liste à l’autre : liste des notabilités des arrondissements communaux, liste des notabilités départementales, liste des notabilités nationales.
6 Arch. Dép. Pyrénées-Atlantiques, 1 M 1, listes d’éligibilité.
7 Les membres de ce collège électoral sont désignés à vie. Ce collège comprend également des membres nommés par le premier consul parmi les trente citoyens les plus imposés du département.
8 Arch. mun. de Bordeaux, 510 K 6.
9 Sur les 37 cotes des négociants, 24 dépassent 2 000 francs. Le plus imposé d’entre eux est Jean-Valère Cabarrus (6 200 francs). On trouve ensuite Jean-Baptiste Mareilhac (4 816 francs), Daniel Guestier (3 982 francs), Joseph Brun (3 703 francs), Pierre Merman et Jean-Pierre Baour (3 700 francs)… Sur les Cabarrus, voir, Cavignac J., « Les Cabarrus, négociants de Bordeaux, 1787-1871 », Revue Historique de Bordeaux et du département de la Gironde, 1970, p. 38-63.
10 Parmi ces derniers, la moitié du groupe est représenté par des magistrats à la cour d’appel, le plus imposé étant le premier président, Nicolas-Antoine de Brézets avec 2 400 francs.
11 Arch. mun. d’Agen, 1 G 67.
12 Arch. Dép. des Landes, 3 M 6. Cette liste des personnalités les plus marquantes du département des Landes semble se rattacher à « l’enquête statistique et morale » entreprise en 1809 dans l’ensemble de l’Empire.
13 Arch. Dép. de la Gironde, 3 M 74.
14 On retrouve ici le négociant Cabarrus qui, avec 7 036 francs, reste le plus imposé des négociants.
15 Détail de cette liste dans Figeac M., Destins de la noblesse bordelaise (1770-1830), Bordeaux, Fédération Historique du Sud-Ouest, 1996, tome 2, p. 545.
16 Sur tout cela voir notre contribution, « Les notables des Basses-Pyrénées sous la Monarchie de Juillet », Revue de Pau et du Béarn, no 14, 1987, p. 95-118.
17 538 francs à Marmande et à Villeneuve, 813 à Nérac. À Agen le cens moyen des propriétaires, 599 francs, est également le plus élevé de toutes les catégories.
18 Soula L., La robe, la terre et le code. La cour d’appel d’Agen (An VIII-1851), thèse de doctorat de droit, Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1996.
19 Arch. Dép. de la Dordogne, 3 M 1. Le canton de Périgueux compte alors 221 électeurs dont 15 officiers (586 francs d’imposition moyenne), 70 propriétaires (529 francs), 36 fonctionnaires et magistrats (409 francs), 35 membres des professions libérales (389 francs), 28 fabricants et artisans (380 francs), 36 marchands et négociants (354 francs), un prêtre (593 francs).
20 Lepetit B., Les villes dans la France moderne (1740-1840), Paris, Albin Michel 1988 ; Ozouf-Marignier M.-V., La représentation du territoire français à la fin du XVIIe siècle d’après les travaux sur la formation des départements, Thèse de troisième cycle, Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), dactylographiée, 1983.
21 Daumard A., Les fortunes françaises au XIXe siècle, Paris, Mouton, 1973. L’enquête sur les successions bordelaises de 1824 est due à Georges Dupeux et celle des successions de l’année 1911 à Jacqueline Herpin.
22 Arch. mun. de Bordeaux, 408 K 1, cité par Coste L., Le maire et l’Empereur. Bordeaux sous le Premier Empire, Bordeaux, SAHLC, 1993, p. 58-59.
23 Coste L., op. cit., p. 57. En 1809, le conseil municipal de Bordeaux compte 13 négociants (ou anciens négociants) et armateurs, 11 propriétaires dont le maire Lynch, ancien conseiller au parlement. Les almanachs de la période révolutionnaire montrent la place prépondérante tenue par les négociants dans l’assemblée communale entre 1790 et septembre 1793 puis après Thermidor.
24 Ibid., p. 57. Voir également Butel P., Histoire de la chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux, Bordeaux, Chambre de commerce, 1988, p. 137-140.
25 Ibid., p. 61.
26 Hourmat P., Histoire de Bayonne, tome IV, La Restauration 1814-1830, Première partie « De la première Restauration à l’intervention militaire en Espagne (1814-1823), Bayonne, Société des Sciences Lettres et Arts, 1997, p. 97. Pour le reste nous avons : deux rentiers, un constructeur de navires, un aubergiste, un boulanger, un ancien capitaine du génie, le receveur principal des douanes et le receveur particulier des finances de l’arrondissement.
27 C’est un phénomène que l’on observe aussi à Bordeaux à la même époque. Ainsi, un an à peine après sa nomination comme maire de la ville en septembre 1805, Laurent Lafaurie de Monbadon envisageait de se démettre. Il écrivait en effet le 24 septembre 1806 que « les obligations qu’on [voulait] imposer au maire de Bordeaux ne [lui convenaient pas] » et qu’il croyait « au contraire rendre un grand service à [ses] concitoyens en abandonnant une place pour laquelle [il sentait son] insuffisance » (Arch. Dép. Gironde, 1 M 133, lettre au préfet, citée par Coste L., op. cit., p. 34-35).
28 Jourdan J.-P., « Du libéralisme au radicalisme », Pontet J. (dir.), Histoire de Bayonne, Toulouse, Privat, 1991, p. 239. Cette remarque renvoie au constat fait par André-Jean Tudesq, lequel observe que dans les années 1840, « la mairie est une charge autant qu’un honneur ce qui peut expliquer qu’on se lasse et qu’elle change souvent de main », Tudesq A.-J., Les grands notables en France en France (1840-1849) : étude historique d’une psychologie sociale, Paris, PUF, 1964, vol. I p. 324.
29 Mais après lui, sous la Restauration, Chégaray (1815) et Fourcade (1815-1818) sont des négociants en activité.
30 Soit 8 fonctionnaires (dont 5 juges au tribunal civil) sur 30 conseillers. À côté des magistrats, nous trouvons le directeur de la poste aux lettres, le receveur général du département, un chef de bureau à la préfecture.
31 Cubelier de Beynac J., « Une municipalité au début de la Révolution, Agen de février 1790 à novembre 1791 », Révolutions en Aquitaine, Actes du 42e congrès d’études régionales de la Fédération Historique du Sud-Ouest (Bordeaux, 1988), Bordeaux, 1990, p. 209-221. Parmi les 38 élus de février 1790, il y a 13 membres du présidial, de l’élection ou du barreau, 11 négociants, 9 nobles ou « bourgeois », 5 divers.
32 Archives Nationales, F1 b II, Basses-Pyrénées 22 ; voir également, Bayaud P., « Notes sur l’administration municipale de Pau (1804-1882) », Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1967, p. 163 et suivantes.
33 Higounet C. (dir.), Histoire de Bordeaux, tome VI, Bordeaux au XIXe siècle, (Desgraves L. et Dupeux G., dir.), Bordeaux, Fédération Historique du Sud-Ouest, 1969, p. 72.
34 Tudesq A.-J., op. cit., p. 297-301. En 1840, David Johnston paie 7 563 francs de cens.
35 Ces renouvellements ont eu lieu en 1834, 1837, 1840, 1843 et 1846.
36 Hourmat P., Histoire de Bayonne, tome V, Bayonne au temps de la Monarchie de Juillet (1830-1848). Vie politique et municipale Restauration 1814-1830, Bayonne, Société des Sciences Lettres et Arts, 2004, p. 32, 40, 89, 94, 110, 119, 120-123.
37 Cette adéquation se vérifie en bien des villes : Toulon a compté au XIXe siècle un nombre important de maires retraités de l’armée, de la marine ou de l’administration maritime ; à Reims, nous avons une remarquable séquence de maires négociants en vin au XIXe siècle également ; à Calais, Sète, Le Havre, on observe également une prépondérance de maires négociants ; à Limoges, Roubaix, Mulhouse, Lille à des industriels (au XIXe siècle) ont pu succéder des maires ouvriers (au XXe siècle) ; sur ces villes, voir Agulhon M. et alii, op. cit., p. 142-144.
38 Vignancour E., Annuaire administratif, judiciaire et industriel des Basses-Pyrénées pour l’année 1847.
39 Sur 25 membres, le conseil municipal de Bayonne comprend en 1862 : 12 négociants et banquiers, 5 propriétaires ou propriétaires rentiers, 6 membres des professions libérales, 2 artisans.
40 Fonctionnaires et magistrats rassemblent à Pau, 9 conseillers sur 24 en 1815, 10 sur 27 en 1835, 7 sur 27 en 1853, 4 sur 27 en 1862.
41 6 en 1815, 7 en 1835, 4 en 1853 mais seulement 2 en 1862.
42 Sur 32 membres, la municipalité d’Agen nommée en l’An VIII comprend deux juges d’appel et un ex-magistrat ; en 1831, parmi les 27 conseillers municipaux élus, il y a 3 magistrats ; ils sont 2 en 1855 dans une municipalité fortement dominée par les négociants et il n’y en a plus aucun dans celle issue du scrutin de mai 1884 composée, il est vrai de républicains radicaux. Sur tout cela, voir Serret F.-J., Les sénéchaux, préfets et magistrats municipaux d’Agen depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, Agen, 1886.
43 Soit 8 fonctionnaires (dont 5 juges au tribunal civil) sur 30 conseillers contre 5 conseillers sur 46 des années 1831-1836.
44 Crépin V., Le pouvoir municipal à Bayonne (1870-1914), Travail d’études et de Recherches, Université de Pau, 1988.
45 Furtado, Haulon, Portes pour les premiers ; Châteauneuf, Pouzac, Garat pour les seconds.
46 Herpin J., « Les milieux dirigeants à Bordeaux sous la IIIe République », Revue Historique de Bordeaux et du département de la Gironde, octobre-décembre 1966, p. 145-165.
47 Ibid., p. 154. Le détail des pourcentages (arrondis) est le suivant : négociants 27,9 %, professions libérales 26,3 %, commerçants et artisans 16,2 %, fonctionnaires et employés 10,8 %, propriétaires rentiers 6,5 %, industriels 5,6 %, ouvriers 2,5 %, commerçants en gros 1 %, militaires et marins 0,6 %, divers 2,6 %.
48 Ibid., p. 156.
49 Agulhon M. et alii, Les maires en France…, op. cit., p. 144.
50 Ibid., p. 146 : Bordeaux, Nantes, Rouen, Marseille, Strasbourg parmi les premières, Toulouse, Besançon, Caen, Nancy parmi les secondes : dans cette dernière série de villes, le maire, en 1866 comme en 1882, appartient aux professions non économiques.
51 Ibid. ; à cet égard le tableau de l’origine socio professionnelle des 1600 maires ruraux entre 1824 et 1882 repérés par les enquêteurs de l’équipe Agulhon (p. 52) est de ce point de vue fort éclairant.
52 Hourmat P., op. cit., p. 15-16.
53 Agulhon M. et alii, op. cit., p. 36.
54 Il faudrait ici aussi considérer « l’état » des maires, nobles ou roturiers. On peut penser que là où la noblesse a conservé son pouvoir municipal, l’hérédité municipale a été plus forte qu’ailleurs.
55 Pour le cas alsacien entre 1800 et 1870, voir la contribution de Bernard Vogler dans l’ouvrage co-dirigé par Maurice Agulhon (p. 188-189). Bernard Vogler montre que « la parenté tient une grande place mais l’état lacunaire des sources et les homonymies rendent l’étude parfois difficile ». Il observe que ces situations de parenté proche entre maires d’une même commune « sont davantage caractéristiques des villages que des villes et bourgs » ; Mulhouse où la mairie « est une affaire familiale » constitue ici une exception.
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