Les élites municipales dans les villes du bas Languedoc au XVIIIe siècle : réflexions autour de l’exemple de Mèze
p. 127-143
Texte intégral
1Le caractère presque universel de la structuration du bas Languedoc en consulats pose la question des élites municipales de manière singulière. En effet, si dans certaines provinces du royaume le fait d’être doté d’institutions municipales complexes est le propre des villes, il n’en est pas ainsi en bas Languedoc où presque toutes les communautés en bénéficient, hormis dans le Velay où les consulats sont exceptionnels. De reste, en Languedoc comme en Provence1, la distinction entre villes et communautés n’a juridiquement aucun sens. On devine bien pourtant quel est l’enjeu méthodologique d’une telle distinction : jusqu’à quel niveau peut-on considérer que l’on a affaire à une ville, les caractères démographiques et la concentration des fonctions administratives ayant un impact considérable sur la composition des élites municipales ? Car cette question posée à la taxonomie des communautés a pour corollaire logique une juste interrogation de la composition sociale de ces élites2.
2Nous nous proposons ainsi, dans le cadre de ce texte, d’observer le cas d’une communauté se situant à un niveau charnière de la hiérarchie urbaine du bas Languedoc3. Mèze – puisqu’il s’agit d’elle – est en effet l’une des plus petites villes de la province, avec ses quelques 450 feux installés sur les bords de l’étang de Thau4. À ce dernier titre, cette petite ville portuaire du diocèse d’Agde est maritime, compte tenu des caractéristiques géographiques et économiques de la province5 ; elle est ainsi peuplée, entres autres, de pêcheurs, de patrons de barques, de négociants, de bourgeois et de nobles, dont la plupart sont propriétaires fonciers6. Elle fournit l’exemple d’une ville de façade maritime, dont les élites municipales pourraient être différentes de celles des villes de l’intérieur. Mais dans ce pays où les échelles consulaires sont le cas général, la pratique du pouvoir municipal est oligarchique7.
Le consulat de Mèze et ses échelles
La configuration des institutions municipales
3Les institutions municipales de Mèze ne sont pas d’une grande originalité8. On y distingue trois consuls et un conseil politique, ce dernier étant parfois élargi sous la forme d’un conseil général ou renforcé. Dans les villes du bas Languedoc, le nombre de consuls est grossièrement le reflet de l’importance démographique des communautés ; ainsi Montpellier a-t-elle six consuls, Agde quatre, Mèze trois et le village voisin de Bouzigues seulement deux.
4Les consuls ont des fonctions différentes et hiérarchisées. Si un second consul peut être amené à remplacer un premier consul absent, le troisième – et plus encore les suivants lorsqu’ils existent – est en revanche confiné dans des fonctions peu reluisantes, comme par exemple – à Mèze – la distribution des billets de logement des troupes ou la surveillance des marchés.
5Dans la petite ville de Mèze, dont l’évêque d’Agde est seigneur, la désignation des consuls se fait chaque année par tirage au sort, sans autre intervention formelle de l’autorité seigneuriale que l’autorisation de son juge, dûment appelé. Chacun des consuls sortants propose deux successeurs, que le sort départage par la main d’un enfant plongée dans un sac, procédure peut-être d’origine montpelliéraine. En suite de cela, les consuls « modernes » font nomination des membres du conseil politique qui est ainsi, lui aussi, renouvelé annuellement. Les élites mézoises ont donc une bien plus grande liberté que leurs voisines de Montagnac et d’Agde qui doivent composer avec la puissante intervention des seigneurs des lieux : à Agde, l’évêque choisit les quatre consuls parmi une liste de huit individus qui lui sont présentés ; à Montagnac, il faut déférer aux suggestions du prince de Conti, seigneur engagiste. Le jeu politique du microcosme mézois n’est ainsi pas trop perturbé par des interventions extérieures.

Localisation de quelques consulats du Bas-Languedoc au XVIIIe siècle
6Le conseil politique – ou le conseil renforcé en certaines circonstances9 – est l’instance délibérante. Les consuls ne peuvent prendre de décisions sans l’autorisation du conseil, quand ce n’est pas le conseil lui-même qui prend les décisions, cas à vrai dire le plus courant. Les consuls expédient les affaires courantes, s’occupent de la correspondance et mettent en œuvre les décisions du conseil politique.
La définition des échelles consulaires
7Au nombre de consuls correspond un certain nombre d’échelles consulaires. L’accès à ces charges est ainsi soumis à des critères de profession et de qualité. Plus il y a de consuls, plus les états sont différenciés, avec la possibilité de réserver peu ou prou le premier consulat à la noblesse et confiner artisans et laboureurs au dernier chaperon. Avec seulement trois consuls, les échelles consulaires de Mèze mêlent inévitablement des états très différents. En outre, tandis que dans des villes voisines plus importantes, telles Agde et Montpellier, les échelles consulaires sont assez précisément définies dans les textes10, ce n’est pas le cas à Mèze, comme dans beaucoup d’autres lieux11. Là, aucun document ne fixe la composition des échelles et leur respect relève de la coutume. Nous avons dû les déterminer de manière empirique12, sans grand risque cependant d’oublier des catégories sociales dans la mesure où les listes établies couvrent la majeure partie des catégories représentées à Mèze13.
8La première échelle regroupe les nobles et les talents : avocats et gradués, mais aussi notaires et médecins. De même, les bourgeois et les négociants ont accès au premier consulat.
9La deuxième échelle est aussi accessible aux bourgeois et négociants, ainsi qu’aux apothicaires et aux chirurgiens, de même qu’aux mangoniers14 et aux ménagers.
10La troisième échelle, enfin, comprend les cordonniers, les tailleurs, les bastiers, les fourniers, les tonneliers, les charrons, les hôtes et les maréchaux ; elle est probablement ouverte à tous les artisans.
11Ce type de partition est assez courant, ce dont on se convaincra en lisant les travaux de Laurent Coste et Pierre Bonin15. La petite taille de cette ville s’accompagne d’une faible concentration de noblesse tandis que l’indigence des fonctions administratives – une simple justice seigneuriale – explique le petit nombre de gens de loi et autres talents. Ces deux catégories sociales – noblesse et officiers de justice – étaient trop mal représentées pour bénéficier d’un monopole sur le premier chaperon ; elles doivent le partager avec des bourgeois et des négociants, beaucoup plus nombreux dans la place. En outre – et très logiquement –, les médecins et les chirurgiens sont nettement séparés ; les artisans sont confinés à la dernière échelle, à l’exclusion des autres ; les journaliers et ceux dont l’exploitation agricole ne suffit pas pour être qualifié de « ménager » sont exclus du consulat. Par ailleurs, quelques litiges politiques exposés dans les sources permettent de confirmer les frontières : les individus dits « négociants » ne sauraient servir comme troisième consuls et la présence d’un « ménager » à la première échelle semble tout à fait anormale. Enfin, on peut supposer que l’absence régulière des patrons de canal, pour raison professionnelle, les rendait incapables d’exercer des fonctions consulaires.
12Cette division en échelles consulaires rapportée à la composition sociale de la population capitée de Mèze en 1764 montre que tout au plus 5 à 10 % de cette population pouvait accéder au premier consulat, entre 15 et 20 % pouvait relever du second consulat et 13 % du troisième. En somme, 39 % de cette population pouvait légalement prétendre à un chaperon16, ce qui suffit à prouver la nature oligarchique d’un pouvoir consulaire dont l’accès est défini par échelles.

Légende : La société mézoise d'après le rôle de capitation de 1764 (Archives départementales de l'Hérault, 98 Edt Mèze, anciennement coté CC 3)
13La présence de bourgeois et de négociants dans deux échelles différentes laisse d’abord supposer l’existence d’une finesse de classement dont les contemporains avaient le secret, pour trier dans « un groupe social […] pléthorique » où « la qualification [est] un peu floue » selon P. Bonin17. L’analyse du rôle de capitation de 1764, que nous avons faite par ailleurs18, montre la probable difficulté de ce classement.

Légende : Répartition des bourgeois, négociants et marchands par cote de capitation en 1764 (Archives départementales de l’Hérault, Edt Mèze, anciennement coté CC 3)
14Il apparaît que si négociants et marchands sont en moyenne capités à un niveau plus élevé que les bourgeois, en revanche on trouve des bourgeois, des négociants et des marchands à tous les niveaux de capitation, depuis l’exemption jusqu’aux plus fortes cotes. La qualité sociale consignée par le rôle fiscal n’est qu’une facette d’individus dont l’insertion dans la société est bien plus complexe qu’une simple étiquette. En particulier, la pluriactivité pose problème. Tel individu – Jean Vézin –, menuisier de son état, mais aussi ménager, voire fermier de la boucherie close, fermier du droit de courtage et commis du sous-fermier de l’équivalent des aides, persiste à être désigné « menuisier » alors qu’il n’est manifestement pas que cela, voire plus que cela. À l’inverse, tel autre individu – Jean Mathieu –, dit « bourgeois » mais plutôt négociant et fabricant d’eau-de-vie, reste invariablement qualifié de bourgeois, comme s’il n’était qu’un propriétaire vivant de sa rente foncière. Il faut bien pourtant trouver à ce type d’individus au profil socio-économique complexe une place dans le système des échelles consulaires.
Les échelles : cadre et système de production des élites
15Notre incapacité à préciser la frontière entre première et seconde échelle dans les catégories des bourgeois et des négociants ainsi que la complexité introduite notamment par la pluriactivité suggèrent que nous touchons là à une limite de ce type de démarche taxonomique. Que l’on nous permette de revenir ici sur la thèse de P. Bonin.
16Cet auteur affirme que « là où le système des échelles n’existe pas formellement, une équivalence implicite s’établit entre les rangs consulaires ou les conditions sociales », ceci après avoir écrit que les échelles n’étaient pas universelles, tout en invoquant au besoin un « esprit du système des échelles19 ». À vrai dire, soit l’on définit le système des échelles comme une réglementation d’ordre juridique et alors, en un lieu donné, il existe ou n’existe pas ; soit il s’agit d’une structure sociopolitique ayant parfois une traduction juridique, et alors ce système est presque universel en pays de consulat puisqu’il importe toujours de situer les catégories sociales les unes par rapport aux autres20 pour correspondre à la hiérarchie des chaperons. Nous retiendrons cette deuxième définition, qui nous semble plus ouverte et plus conforme à la réalité.
17Quoi qu’il en soit, la plasticité de la société d’Ancien Régime ne permet pas de faire correspondre mécaniquement une catégorie sociale à un rang consulaire, comme P. Bonin le montre avec l’exemple de Montpellier21. Il affirme qu’« en aucun cas […] les échelles n’offrent une division systématique et rigoureuse de la population22 ». De facto, c’est vrai ; mais juridiquement, ce serait plutôt l’inverse. Car les actes de réglementation des échelles, lorsqu’ils existent, fixent des listes de qualités souvent incompatibles entre elles afin d’éviter les contestations, selon « une logique d’harmonie générale, un mode de raisonnement qui permet d’assigner à chacun une place23 ». Là encore, il conviendrait de ne pas confondre les dispositions légales et leur capacité – imparfaite – à intégrer la complexité sociale. Le défi pour l’historien est d’expliquer la tension qui existe nécessairement entre l’idéal de classification et la réalité d’une société bien plus complexe qu’une simple grille quelque peu nominaliste. De plus, il serait abusif de dire que le système des échelles met de l’ordre là où il en manque, à savoir qu’il permettrait aux contemporains de préciser la hiérarchie sociale.
18Si cette logique d’« harmonie générale » correspond bien à une conception organiciste de la société, il faut aussi convenir que les individus ne pouvaient être simplement des billes qu’on aurait placé dans une série de boites en ajustant au mieux, selon l’expression de B. Lepetit24. Pierre Bonin cite lui-même des exemples créant des difficultés dans les consulats de Jegun et de Montpellier25. Dans les deux cas, la contestation porte sur un décalage entre la qualité reconnue à un individu par les textes d’origine consulaire, celle excipée par le même individu et celle que lui assigne son – ou ses – adversaire(s) politique(s). Mais pourquoi postuler que la source officielle est plus vraie que les déclarations de contestation qui y sont rapportées ? Car les délibérations consulaires sont loin d’être parfaitement fiables26 et l’on connaît la propension des adversaires politiques à utiliser leurs qualités sociales – véritables ou supposées – pour se dénigrer mutuellement. C’est un lieu commun dans toute crise politique locale.
19Dans cette société, il est des situations où les dénominations, figées dans des procédures écrites, engagent juridiquement. Les emplois abusifs de la qualité de noblesse dans les actes notariés ont pu piéger certains individus au moment des enquêtes de noblesse du XVIIe siècle. Ainsi à Mèze le dénommé Joseph de Villaris, réputé noble et élu premier consul en 1694, est condamné pour usurpation de noblesse en novembre 1699 sur la base de ces actes27. De même, dans le cadre municipal, la qualité sociale consignée dans les registres engage les possibilités de carrière politique. Être appelé « menuisier » dans les registres de délibérations confine irrémédiablement à la troisième échelle et donne prise aux accusations sur la bassesse de ses origines. Ainsi, la maîtrise des registres de délibérations municipales et celle de l’établissement des rôles fiscaux permet d’avoir une action sur ses rivaux politiques : le pouvoir de consigner la qualité sociale des individus permet de contrôler leur accès aux échelles consulaires en l’instrumentalisant. Le système des échelles peut alors apparaître à cet égard comme producteur des élites plutôt que comme une sorte de tamis, un simple système de calibrage qui les trierait passivement28. Très concrètement, à Mèze, qu’est-ce qui détermine, pour des bourgeois et des négociants, la possibilité d’accéder au premier consulat plutôt qu’au second… sinon le fait d’être proposé par le premier consul pour lui succéder plutôt que par le second ?
20Ainsi, en réalité, il faut moins s’intéresser aux étiquettes sociales collées aux acteurs pour leur permettre d’entrer dans le jeu politique (ce qui facilite bien la pratique statistique de l’historien) que d’envisager ces acteurs en amont et d’appréhender toute la richesse de leur profil social. Aucun système d’échelles ne permettra de rendre compte de la diversité sociale, d’autant moins que, lorsqu’il est figé dans une réglementation juridique, sa capacité à évoluer est très réduite.
21Le système des échelles est une structure sociopolitique qui, en tant que « mécanique institutionnelle29 », a pu être codifiée dans un certain nombre de lieux, voire homologuée par décision royale. Il correspond à une certaine conception de la société. Mais en tant que structure sociopolitique, il est sujet à des manipulations par ceux qui en sont à la fois les producteurs et les objets. Comme objets, les individus rentrent plus ou moins bien dans les cadres que fournit le système des échelles, car le système est très imparfait. Comme producteurs, les individus participent à la définition du système et à son fonctionnement, lui impulsant sa dynamique. Les acteurs du jeu politique jouent avec la tension qui existe entre le système des échelles et la complexité sociale, d’autant plus facilement lorsqu’il n’est pas codifié, dans un système de contraintes qui englobe en particulier le pouvoir royal dont l’intervention législative peut modifier les cadres30. Ainsi, considérer les élites municipales en examinant la seule qualité sociale des consuls est une approche inévitablement superficielle. Nous pensons qu’il en est de même lorsqu’il s’agit d’aborder la question des processus d’oligarchisation en observant seulement les patronymes dans les listes consulaires.
Oligarchie municipale et processus d’oligarchisation
Les apports de la statistique sur les patronymes
22Le caractère oligarchique du pouvoir municipal peut être abordé simplement de manière statistique, en mesurant la récurrence des patronymes dans les listes de consuls. Cette première approche est d’un grand secours en l’absence d’étude prosopographique sur le terrain étudié. Voici les tableaux résultant du traitement de la liste des consuls de Mèze pour la période 1674-1789 :
Figure 3a. Comptage des consuls par chaperon à Mèze (1674-1789)

23Pour établir ce tableau, nous n’avons pas considéré les itérations en sortie de charge comme un deuxième passage au consulat.
Figure 3b. Comptage des patronymes par chaperon à Mèze (1674-1789)

24Le traitement statistique de cette liste indique un fort taux de renouvellement des individus et des patronymes. En outre, le fait d’être issu d’une famille consulaire ne prédispose pas à accumuler les charges : la moyenne est de 1,2 consulat par individu (soit 1 chance sur 5 de revenir au consulat). Si le pourcentage global de patronymes ne figurant qu’une fois (64 %) est inférieur à ceux observés pour les second et troisième chaperons (entre 78 et 80 %), c’est que les ascensions et les déclassements amènent certaines familles à placer des consuls à des échelles différentes au cours du siècle étudié (1674-1789).
25Il semblerait donc que le consulat de Mèze soit très ouvert. À chaque échelle consulaire, quatre patronymes sur cinq ne font que passer, les autres ne plaçant guère plus de trois ou quatre individus. Bien que Mèze soit une petite ville, ses élites municipales sont ainsi qualifiées de « patriciats ouverts » par Laurent Coste, sur la base de nos listes31.
26L’examen de la composition du conseil politique donne une image complémentaire de ce qui vient d’être observé.

Légende : Composition du conseil politique de Mèze de 1700 à 1788 (source : Durand S., Pouvoir municipal… op. cit., vol. II, p. 201-202).
27Le conseil est grossièrement composé pour moitié d’hommes n’ayant pas été consuls, pour l’autre d’anciens consuls. Ainsi, le passage au consulat est très ouvert, mais la composition du conseil politique indique que l’organe délibérant, celui qui véritablement prend les décisions, est composé dans la plupart des cas de 50 à 60 % d’anciens consuls32. Eu égard au fait qu’il n’y a que trois consuls en même temps et que 50 à 60 % du conseil représentent 12 à 14 conseillers, un calcul simple permet d’estimer une longévité moyenne des anciens consuls au conseil de 4 à 5 ans. Nous sommes donc très éloignés de ces systèmes municipaux où l’appartenance au conseil est viagère. Mais c’est sans compter avec le fait que les consuls ont été pour beaucoup, auparavant, conseillers politiques. Ainsi, la durée du passage au conseil des individus ayant été un jour appelé au consulat est supérieure de quelques années. Ce temps de séance au conseil politique correspond à un laps légèrement supérieur à celui d’une mandature municipale sous la Ve République, ce qui peut apparaître donc finalement très court pour l’Ancien Régime. Mais il ne s’agit là que d’une moyenne, car il est fréquent que des conseillers nouvellement choisis côtoient des conseillers en place depuis plus de dix ou quinze ans.
Une autre réalité des processus ?
28Cette dynamique des pouvoirs est cependant perturbée par la vente des offices municipaux, qui modifie la dévolution des charges et « fausse tout l’équilibre sociopolitique33 ». Tant que les offices de consuls ne sont pas rachetés et réunis aux corps de ville, rien ne se passe plus comme avant. Soit les offices sont achetés par des particuliers, et ceux-ci les endossent tant que bon leur semble. Soit les offices restent sans acquéreurs et le pouvoir royal peut opter entre la vacance de la charge, le pourvoi par commission ou la prorogation des consuls en suspendant les élections. À Mèze, le fonctionnement normal des institutions est perturbé au point que dans les premiers mois de 1753, il ne reste plus qu’un second consul survivant et un conseil politique privé de cinq conseillers morts en charge.
29À plusieurs reprises, l’action de l’État royal se montre ainsi défavorable à une dévolution régulière du pouvoir. Peu à peu, aux États provinciaux, eux aussi engagés dans une logique de centralisation, certains pensent de même, comme le syndic général de Montferrier qui, en 1756, se demande bien quel intérêt il y a à racheter les offices municipaux pour permettre aux communautés d’élire des gens incapables, alors qu’il brigue lui-même une mairie pour son propre neveu. Quoi qu’il en soit des intentions de chacun, tout comptage de consuls devient bien difficile à interpréter dans un tel contexte règlementaire.
30Par ailleurs, une étude fine du jeu politique local laisse entrevoir une configuration ô combien différente de celle de la succession des lignages au pouvoir : il convient alors de changer de paradigme. Comme dans bien d’autres villes – toutes les petites villes si l’on en croit La Bruyère34 –, à Mèze deux partis s’affrontent et collaborent. Nous avons ainsi pu reconnaître un jeu de réciprocité permettant aux individus des deux partis de se succéder au consulat. À la même époque, à Agde, à l’inverse, le parti de l’évêque s’oppose résolument à un parti de « syndiqués35 ». À Mèze, l’entente prévaut, au moins dans les années qui précèdent 1760. Car à ce moment-là éclate une crise politique qui sévit dans toute la première moitié des années 1760. Cette crise oppose deux partis. Le premier, mené par un noble mézois – dénommé Jean-Jacques Muret – qui a obtenu l’inféodation de la justice seigneuriale, s’appuie sur des représentants de lignages anciens, notables enracinés. Le second, mené par des individus plus fraîchement installés – dont un gentilhomme, Louis-François de Montguibert –, est soutenu par des lignages dont certains sont en pleine ascension sociale36. Ces groupes ont des effectifs réduits, des meneurs, et traversent toute la hiérarchie sociale. Ainsi, s’il n’y a pas de confiscation du pouvoir par quelques familles – comme tendrait à le montrer l’approche statistique mise en œuvre ci-dessus –, en revanche une confiscation du pouvoir s’opère autour des meneurs des deux partis, auxquels il faut joindre les hommes d’un lignage – les Mathieu – qui se situe à la charnière de ces deux partis. Le paradigme du pouvoir dévolu par le sang touche ici une limite essentielle.
31De plus, ce caractère oligarchique du pouvoir passe par une certaine pratique concrète des institutions, dont l’usage des registres de délibérations municipales peut témoigner37, loin de l’image qu’en a gardée W. Beik38. Les décisions semblent prises de plus en plus souvent hors du conseil, qui n’est plus qu’une instance d’enregistrement des solutions préconisées par les consuls. Cependant, ceci n’indique pas pour autant que le cercle de décision se réduise aux consuls, simplement que l’élaboration des décisions se fait ailleurs, dans une opacification de la vie politique qui en réduit probablement le nombre des acteurs. On peut imaginer – en l’absence de source permettant de trancher – que la réalité des décisions est prise au sein du « parti » et non plus au sein des instances. À ce titre, peut-être le caractère oligarchique du pouvoir s’accentue-t-il ?
32En somme, on l’aura compris, la dynamique des pouvoirs est la résultante de la configuration des institutions et de la manière dont les acteurs politiques en usent39. Le résultat des nominations au consulat n’est ainsi qu’un phénomène plus ou moins important selon la dynamique à l’œuvre, voire – forçons le trait – éventuellement un épiphénomène.
Un problème de méthode
33Ainsi, on le voit, l’examen de la question de l’oligarchisation du pouvoir municipal ne se réduit pas au comptage des consuls et à la réapparition plus ou moins régulière des individus et des lignages aux chaperons. Les calculs statistiques réalisés sur les listes consulaires rendent mal compte de la dynamique des pouvoirs ni de la réalité des rapports de force locaux.
34Les comptages sont biaisés par les effets de la vente des offices municipaux, qui créent de fortes perturbations dans la transmission des fonctions, élément important de la mesure de l’oligarchisation. De plus, la statistique exige des séries longues pour être utilisables, comme en témoigne la méthode mise au point par Philippe Guignet, qui a travaillé sur des périodes de 25 ans40. Cette méthode permet effectivement de mesurer dans le temps long le retour des individus d’un même lignage, ce que ne révèleraient pas des périodes plus courtes. Mais les variations de dynamiques opèrent parfois sur de courtes durées, au gré des crises politiques et des interventions du pouvoir royal ; elles ne peuvent donc apparaître dans toute leur finesse sur de telles périodes.
35En outre, l’accession des individus au consulat ne résulte pas seulement d’une compétition individuelle ou familiale qui fournirait à une exploitation statistique de la réapparition des familles au consulat la matière d’une explication exhaustive. La dynamique de la transmission du pouvoir municipal passe par l’agrégation d’individus, souvent par sous-groupes familiaux, mais pas toujours : il est des cas où des parents se trouvent engagés dans des camps opposés. Ce sont donc ces agrégats d’individus qui doivent être eux-mêmes les objets de l’analyse. Évidemment, la première difficulté est de les délimiter. En outre, la répartition des pouvoirs peut-être l’objet de négociations tacites, ou tout simplement de pratiques, qui font que – sans faire de l’anthropologie structurale – l’occupation des charges municipales par des individus ou des lignages obéit à des règles du jeu – un peu à la manière bourdieusienne – qui biaisent les résultats.
36Ainsi, il peut être dangereux de postuler que l’on comprendra la dynamique des pouvoirs juste en comptant les consuls. D’une part, il existe des personnalités politiquement très influentes mais extérieures aux charges consulaires. Pour reprendre notre exemple de Mèze, les greffiers y sont – la chose est très classique – des notaires ; ce ne sont formellement que des secrétaires, mais leur longévité dans ce poste en fait des hommes de l’élite municipale très au courant des affaires et capables d’influer sur leur cours. En outre, lorsque le principal hobereau local siège au conseil presque sans interruption à la fin du XVIIe siècle comme simple conseiller politique, il y exerce un poids politique peut-être supérieur à celui des consuls, y étant toujours signalé comme « premier opinant », mention par ailleurs souvent inusitée. D’autre part, il est commode de s’intéresser davantage aux consuls qu’aux conseillers politiques, parce que les premiers sont moins nombreux que ces derniers (de 6 à 24 selon les périodes à Mèze, 80 selon la matricule d’Agde) et plus facilement identifiables. Or, ils forment la seule instance délibérante, sans laquelle les consuls ne peuvent rien. Certes, il y a plus de dignité à être consul que conseiller, mais la dignité fait-elle le pouvoir ? Or, que désirons-nous mesurer ? Une faible réitération des passages au consulat révèle peut-être moins l’ouverture des instances municipales qu’une certaine pratique de la politique qui valorise le rôle du conseil et/ou de groupes aux meneurs interchangeables.
Des élites de ville maritime ?
37Le Languedoc, comme d’autres provinces de France, offre une façade maritime où les villes portuaires ont été marquées par l’essor des flux commerciaux, et l’on peut légitimement se poser la question de l’impact de cette évolution économique sur la composition des élites municipales via les transformations sociales induites. Comme la plupart des autres villes du littoral languedocien – Narbonne, Sérignan, Agde, Marseillan, Frontignan – Mèze jouit d’un accès à la mer, ce qui en fait une ville maritime, même si elle est profondément ancrée dans un terroir rural. Dans cette partie littorale du bas Languedoc, l’économie locale est tournée vers la terre, tout en étant liée à la mer : les muscats de Frontignan, les eaux-de-vie de Mèze, les blés et les vins du Narbonnais sont débités par les ports de ces mêmes villes. Cette conjonction des intérêts entre la propriété foncière et le négoce maritime languedocien se retrouve dans bon nombre de communautés de la plaine, en particulier celle de l’Hérault, zone de concentration des brûleries d’eaux-de-vie située en amont d’Agde, port de réexpédition vers celui de Sète, lui-même port d’exportation.
38Dans le cas de Mèze, les élites sociales sont composées de propriétaires fonciers qui peuvent être par ailleurs bourgeois, négociants, officiers ou gentilshommes. La petite taille de la ville et l’absence de fonction administrative de niveau micro-régional minorent l’importance de ces deux dernières catégories. Quoi qu’il en soit, toutes ces élites sont plus ou moins intéressées à la production de vins et d’eau-de-vie et à leur exportation, filière économique particulièrement lucrative au XVIIIe siècle. Plusieurs cas illustrent cet état de faits. Certains individus – tel Jean Mathieu évoqué ci-dessus – possèdent des vignes, une brûlerie de vins produisant des eaux-de-vie, et exercent une activité de négoce des vins, essentiellement par commission, seul négoce praticable lorsque l’on est ainsi attaché à la mise en valeur de sa terre. D’autres – tel Simon Muret – sont propriétaires de vignes et quirataires de bateaux ancrés à Sète, pratiquant en outre le négoce des vins de leur domaine. En revanche, la tonnellerie reste une activité artisanale à laquelle les élites locales ne participent pas, même comme propriétaire d’atelier. En outre, il n’existe pas d’individus spécifiquement qualifiés d’armateur, car c’est à Mèze une activité complémentaire pour des négociants et des propriétaires fonciers. Le développement économique de cette petite ville s’est ainsi réalisé par une osmose entre la propriété foncière et le négoce des vins et eaux-de-vie, sans que cela n’exclut l’éventuelle saisie d’opportunités extérieures à la filière, ce qu’illustrent bien les familles Ribes et Muret : les premiers s’intéressant à la fourniture aux armées, les seconds aux offices de la Cour des Comptes, Aides et Finances de Montpellier.
39Les intérêts de ces élites sociales sont donc intimement liés à la prospérité générale de la cité, à l’exclusion de celle des journaliers dont les revenus ont peine à suivre l’essor des bénéfices de ce commerce. Ces élites se retrouvent à la tête des instances politiques, par une logique qu’évoque Jean-Pierre Poussou41. À la tête du consulat s’exprime cette communauté d’intérêt, qui se matérialise par une forme de consensus dans l’action politique, quel que soit le parti au pouvoir. Les deux camps œuvrent pour la limitation du salaire des journaliers et la réalisation de travaux portuaires, deux objectifs qui bénéficient au trafic des vins et eaux-de-vie et permettent une rémunération substantielle de la propriété foncière. Fidèle à la position que nous avons exprimée ci-dessus, devrions-nous dire que les élites municipales mézoises sont essentiellement composées de propriétaires fonciers ou de négociants ? L’alternative n’a pas de sens : la complexité sociale des élites locales interdit l’apposition d’étiquettes commodes mais simplistes tandis que le fonctionnement des « partis » nécessite l’implication d’individus d’horizons sociaux différents, y compris des membres de l’élite locale.
40Ainsi, les élites sociales et politiques de Mèze ne s’insèrent pas dans un schéma d’opposition tranchée entre deux types d’élites, celles des villes continentales et celles des villes maritimes. Il est probable qu’il en soit de même dans les autres petites villes de la plaine, à la différence de celle de front de mer, Sète42, ou des villes drapantes, comme Lodève, où l’articulation des intérêts économiques est différente. Mais la question mérite d’être approfondie pour l’ensemble de ces villes.
41Le consulat de Mèze est le lieu d’une compétition pour le pouvoir qui met aux prises des individus aux profils sociaux différenciés et de lignages différents. Cette compétition est régulée par un ensemble d’usages et de règles qui procèdent certes d’un idéal d’harmonie sociale mais aussi de la structure profondément inégalitaire de la société d’Ancien Régime. En particulier, le système des échelles doit attribuer à chacun une place dans une structure politique qui est censée refléter l’organisation sociale. Sauf que ce système n’a rien d’extérieur à cette organisation : il en est le produit tout en servant lui-même de système normatif. Dans l’économie du partage du pouvoir, c’est un instrument dont les acteurs jouent et non une grille qui trierait passivement les individus.
42Ces derniers peuvent être considérés comme les représentants de lignages qui se disputent le pouvoir consulaire. La chose n’est pas fausse, mais elle focalise la question de l’oligarchisation sur le comptage des patronymes dans les listes de consuls, postulant implicitement que la dynamique des pouvoirs passe nécessairement par cet angle d’analyse. Or, cette dynamique peut emprunter d’autres voies : en l’occurrence celle des pratiques de délibérations et celle de la constitution de « partis » politiques qui s’affrontent sur des lignes de clivages bien connues en Languedoc43. La principale difficulté consiste alors à repérer ces dynamiques que seules des études monographiques fouillées peuvent donner.
43Justement, les spécificités locales invitent le chercheur à multiplier les études de cas afin de mieux cerner la complexité des mécanismes à l’œuvre dans des situations différentes. Les travaux de microhistoire mettant en lumières toutes ces interactions entre société, économie et pouvoirs sont encore trop rares en Languedoc pour pouvoir en tirer des généralités.
Notes de bas de page
1 Voir Derlange M., Les communautés d’habitants en Provence au dernier siècle de l’Ancien Régime, Toulouse, Association des publications de l’Université Toulouse-le-Mirail, 1987, 636 p.
2 Sur la taxonomie, on consultera par exemple Lepetit B., Les villes dans la France moderne (1740-1840), Paris, Albin Michel, 1988, 490 p. ; Entre ville et village. Les bourgs de la France méridionale à l’époque moderne, actes du colloque de 1988 recueillis par Anne Blanchard, Henri Michel et Elie Pélaquier, Montpellier, Université Paul Valéry, 1993, 151 p. ; Lamarre C., Petites villes et fait urbain en France au XVIIIe siècle. Le cas bourguignon, Dijon, EUD, 1993, 638 p.
3 Voir Pélaquier E. et Durand S., « Les villes du Languedoc au XVIIIe siècle. Essai de typologie », Fouilleron J. et Andréani R. (dir.), Mélanges en l’honneur du professeur Henri Michel, Montpellier, PULM, à paraître.
4 Sur le cas de Mèze, on consultera Durand S., Pouvoir municipal et société locale dans les petites villes de l’Hérault aux XVIIIe et XIXe siècles : le cas de Mèze de 1675 à 1815, Lille, Atelier National de Reproduction des Thèses, 2001, 4 tomes en 2 vol.
5 Voir Durand S., « Flotte et commerce des ports d’étang : le cas de l’étang de Thau (fin XVIIe-fin XVIIIe siècle) », Les ports dans l’Europe méditerranéenne. Trafics et circulation. Images et représentations, XVIe-XXIe siècles, Montpellier, PULM, 2008, p. 279-311.
6 Durand S., Pouvoir municipal…, op. cit., t. II, p. 44.
7 Voir Saupin G., Les villes en France à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, Belin, 2002, p. 232-236.
8 Voir Bordes M., L’administration provinciale et municipale en France au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, 1972, p. 224-226. l’idée de William Beik selon laquelle tous les consulats seraient « a multiplicity of variations on the two systems already described [i. e. Toulouse et Montpellier] » est quelque peu caricaturale (Absolutism and Society in Seventeenth-century France. State Power and Provincial Aristocracy in Languedoc, Cambridge, Cambridge University Press, 1985, p. 69).
9 Circonstances nettement définies par la législation royale sous Louis XIV. Voir Bordes M., op. cit.
10 Voir Coste L., Les lys et le chaperon. Les oligarchies municipales en France de la Renaissance à la Révolution, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2007, p. 209-214.
11 Bonin P., Bourgeois, bourgeoisie et habitanage dans les villes du Languedoc sous l’Ancien Régime, Aix-en-Provence, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2005, p. 362-363.
12 Voir Durand S., Pouvoir municipal…, op. cit., tome II, p. 204.
13 En outre, en l’absence de texte normatif, la coutume prévaut et l’on peut estimer que l’absence de journalier en plus d’un siècle (1674-1789) exprime une règle d’exclusion.
14 Marcel Lachiver définit le terme ainsi : « en Languedoc, au XVIe siècle, petit détaillant, revendeur » (Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, Fayard, 1997, p. 1082). En fait, le terme est encore fréquent au XVIIIe siècle et désigne peut-être préférentiellement les revendeurs de subsistances.
15 Coste L., Les lys et le chaperon…, ouvr. cité ; Bonin P., Bourgeois, bourgeoisie…, ouvr. cité.
16 Les fourchettes de pourcentage proviennent du fait que bourgeois et négociants peuvent être de la première ou de la deuxième catégorie. En outre, le rôle de capitation de 1764 ne comporte aucune lacune sociale : il recense même les plus pauvres, qui apparaissent avec des cotes nulles. Ce rôle fonctionne comme un véritable9 % dénombrement.
17 Bonin P., op. cit., p. 381.
18 Durand S., « La notabilité dans les petites villes du bas Languedoc au XVIIIe siècle. Essai de définition d’un concept opératoire », La notabilité urbaine, Xe-XVIIIe siècles, Actes de la Table Ronde de Caen, 20-21 janvier 2006, Caen, Université de Caen, 2007, p. 159-174.
19 Bonin P., op. cit., p. 332, 361 et 363.
20 Ibid., p. 332.
21 Ibid., p. 399.
22 Ibid., p. 332.
23 Ibid., p. 332, s’appuyant sur Robert Descimon dans « Le corps de ville et les élections échevinales à Paris aux XVIe et XVIIe siècle, codification coutumière et pratiques sociales », Histoire, Économie & Société, 1994, p. 520.
24 Lepetit B., « Histoire des pratiques, pratique de l’histoire », Les formes de l’expérience. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, 1995, p. 9-22.
25 Bonin P., op. cit., p. 380-381.
26 Durand S., « Les délibérations municipales, entre politique et acculturation administrative (Bas Languedoc, XVIIe-XVIIIe siècles) », Liame, no 19, janvier-juin 2007, p. 49-78.
27 Bibliothèque nationale de France, ms. fr 32609, art. 120.
28 Avec le cas de Narbonne dans les années 1626-1633, Pierre Bonin donne un exemple de crise politique issue de ce type de tension (op. cit., p. 340-347).
29 Rigaudière A., Gouverner la ville au Moyen Âge, Paris, Anthropos, 1993, p. 501.
30 Durand S., « La vie politique arlésienne de la Fronde à la Révolution », Rouquette J.-M. (dir.), Arles. Histoire, territoires et cultures, Paris, Imprimerie nationale, 2008, p. 505-517. En revanche, pour William Beik, le consulat fait d’ores et déjà partie de ce qu’il appelle le « royal system » (Absolutism and Society…, op. cit., p. 66).
31 Coste L., Les lys et le chaperon… op. cit., p. 10, 105 et 287.
32 Il est impossible de déterminer dans le conseil politique quelle est la répartition par échelle consulaire car : 1. il n’y a pas de règle écrite fixant ces échelles, 2. certaines catégories sociales fournissent des consuls à des échelles différentes, 3. certains individus sont difficiles à classer, comme nous l’avons expliqué ci-dessus.
33 Derlange M., Les communautés d’habitants… op. cit., p. 39.
34 La Bruyère J. de, Les caractères ou les mœurs de ce siècle, 1696 ; Paris, Dunod, 1995, p 168.
35 Pascal H., Agde. L’enjeu du pouvoir urbain, 1766-1781, mémoire de maîtrise, Montpellier, Université Paul Valéry, 1991, 2 vol.
36 Durand S., Pouvoir municipal… op. cit., tome II, 239-253.
37 Durand S., « Les délibérations municipales… », op. cit.
38 Beik W., Absolutism and Society… op. cit., p. 72.
39 Sur cette question, voir la synthèse formulée par Pélaquier E., dans « Société et pouvoir au village en Languedoc (XVIe-XVIIIe siècles) », Société, pouvoirs et politique dans les campagnes, Enquêtes rurales, no 11, Caen, Presses Universitaires de Caen, 2007, p. 25-43.
40 Guignet Ph., Le pouvoir dans la VILLE au XVIIIe siècle, Paris, EHESS, 1990, p. 330.
41 Dans sa préface au livre de Coste L. (Les lys et le chaperon… op. cit., p. 6), J.-P. Poussou affirme les intérêts des notables tellement liés à la prospérité de la cité que ces mêmes notables se retrouvent au corps de ville. Toutefois, cette coïncidence ne nous semble pas donnée d’avance dans la mesure où cela présume d’une homogénéité des élites locales.
42 Le cas de Sète est évidemment atypique. Créée au XVIIe siècle sur un cap relativement isolé, la ville est presque sans terroir et grandit par une forte immigration ; ses élites sont – par leurs origines – évidemment étrangères au lieu (voir Dermigny L., Sète de 1666 à 1880 : esquisse de l’histoire d’un port, Sète, Institut d’études économiques maritimes et commerciales, 1955, 134 p.).
43 Voir par exemple Pélaquier E., De la maison du père à la maison commune. Saint-Victor-de-la-Coste en Languedoc rhôdanien, 1661-1799, Montpellier, Publications de l’Université Paul Valéry, 1996, 2 vol.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Un constructeur de la France du xxe siècle
La Société Auxiliaire d'Entreprises (SAE) et la naissance de la grande entreprise française de bâtiment (1924-1974)
Pierre Jambard
2008
Ouvriers bretons
Conflits d'usines, conflits identitaires en Bretagne dans les années 1968
Vincent Porhel
2008
L'intrusion balnéaire
Les populations littorales bretonnes et vendéennes face au tourisme (1800-1945)
Johan Vincent
2008
L'individu dans la famille à Rome au ive siècle
D'après l'œuvre d'Ambroise de Milan
Dominique Lhuillier-Martinetti
2008
L'éveil politique de la Savoie
Conflits ordinaires et rivalités nouvelles (1848-1853)
Sylvain Milbach
2008
L'évangélisation des Indiens du Mexique
Impact et réalité de la conquête spirituelle (xvie siècle)
Éric Roulet
2008
Les miroirs du silence
L'éducation des jeunes sourds dans l'Ouest, 1800-1934
Patrick Bourgalais
2008