Les élites urbaines au Portugal et au Brésil (1640-1820)
p. 73-94
Texte intégral
1Comme il a été souligné il y a plusieurs décennies par Charles Boxer et plus tard confirmé par une vaste production historiographique, les pouvoirs locaux au temps de la monarchie portugaise d’Ancien Régime se caractérisaient par une grande uniformité institutionnelle. À Porto, comme à Salvador da Bahia, à Luanda, à Goa ou à Macau, les mairies étaient dotées de compétences et attributions similaires. Leur était réservé le gouvernement de leurs territoires respectifs. Du reste, ces institutions locales, qui ont même été représentées (Salvador et Goa) aux États Généraux, se configuraient comme les principaux interlocuteurs périphériques du pouvoir central, avec lequel elles communiquaient régulièrement au moyen d’un flux constant de pétitions et requêtes1.
2Les études réalisées au Portugal sur l’histoire des municipalités de la période moderne ont pris un retard considérable par rapport à d’autres pays. En effet, seule une historiographie très récente a mis frontalement en cause les idées reçues et successivement reprises de la pensée du XIXe siècle sur le thème, notamment le paradigme de la centralisation continue et interminable. Si António Hespanha2 dans ses travaux a systématiquement critiqué l’image de la centralisation précoce et de la projection rétrospective de la notion contemporaine d’État, c’est surtout dans les œuvres de Joaquim Romero Magalhães que se sont accentuées la vitalité et l’autonomie des corps politiques locaux, une autonomie directement associée à leur nature oligarchique3.
3Les tendances oligarchiques et l’importance de la tutelle des monarchies sur les villes ont caractérisé, d’une manière générale, l’Europe Moderne. Il ne faut toutefois pas oublier que la plupart des villes étaient gouvernées par des élites recrutées parmi les groupes corporatifs dont la base médiévale était marchande ou bureaucratique, tant lorsque l’éligibilité était maintenue au sein d’un univers corporatif, que lorsqu’il s’agissait de métiers patrimonialisés et héréditaires. Même dans les cas où l’exercice de ces charges anoblissait, les oligarchies urbaines ne coïncidaient pas en règle avec les élites aristocratiques terriennes, bien que ces différences aient eu tendance à s’atténuer.
4C’est le cas de la plupart des villes anglaises4, à commencer par Londres (gouvernée en partie par une oligarchie marchande), tout comme françaises5. Et, si les municipalités castillanes présentaient beaucoup de ressemblances avec les municipalités portugaises, malgré leur diversité et la règle majoritaire de la « moitié des charges » aux nobles6, la fréquente vénalité de ces fonctions faisait en sorte que, dans bon nombre de centres urbains et notamment à Madrid, l’oligarchie urbaine des propriétaires de la charge de regedor7 ne coïncidait pas avec le sommet de la pyramide nobiliaire8.
5Les questions exposées ci-dessus nous amènent donc à énoncer les principales caractéristiques propres de l’organisation municipale portugaise de l’Ancien Régime, par rapport aux monarchies voisines :
- Une grande uniformité institutionnelle. Malgré les différences qui découlaient de l’existence ou non d’une présidence de juges externes et/ou d’une confirmation seigneuriale9, toutes les mairies du territoire continental ou insulaire portugais (à l’exception de celle de Lisbonne, nommée par la couronne) obéissaient, depuis le tournant du XVe au XVIe siècle, à des normes générales concernant leurs compétences et l’élection des édiles, une situation pratiquement sans parallèle dans un territoire de la dimension du royaume du Portugal et des Algarves10.
- L’existence de villages ayant un statut similaire à celui des villes. Bien que presque tous les principaux centres urbains contrôlassent de vastes territoires, avec parfois plus d’une centaine de paroisses, le fait est que, une fois élevée à la dignité municipale, n’importe quelle localité de quelques dizaines de foyers et habitants avait droit à une mairie, dont les compétences étaient identiques à celles d’un centre urbain. Plus de la moitié des mairies portugaises comptaient moins de 400 foyers.
- L’absence de charges honorifiques (de juge ou édile) héréditaires ou corporatives. À l’inverse de la Castille, la vente des charges municipales au Portugal, qui fut quantitativement importante, n’a jamais inclus les charges majeures, mais uniquement un autre type d’officier municipal (surtout les greffiers et les juges des orphelins), outre quelques autres institutions locales non dépendantes des mairies, telles les douanes11. Du reste, en principe la seule charge contrôlée par des organismes corporatifs était celle de procureur des métiers dans certains centres urbains, comme Lisbonne12 et autres, sans parler de la situation exceptionnelle de l’édile de l’Université à la mairie de Coimbra13.
- Partiellement par ce qui vient d’être exposé, il y avait au Portugal une plus grande tutelle de la Couronne sur la composition des mairies puisque, depuis le début du XVIIIe siècle, les corregidors et le Desembargo do Paço (tribunal central de grâce de justice) avaient la tutelle directe de l’élection de la plupart d’entre elles. Inversement, on peut parler d’une plus grande autonomie courante des mairies, notamment en matière de justice, car les édiles pouvaient remplacer les juges absents.
- La coïncidence entre les plus nobles et les éligibles à l’édilité (et à la judicature) municipale. Elle découle du fait que la base de constitution des mairies était générale et élective, puisque le profil défini par l’ordre juridique prédominant exigeait que les personnes éligibles soient recrutées parmi les plus nobles et les « principaux » des différentes terres. Par conséquent, on peut supposer que les « oligarchies municipales » ne se distinguaient pas des élites sociales locales. Une implication directe de ce fait, est la rareté de centres urbains importants administrés par des élites marchandes. Une autre implication peut se révéler majeure sur le plan empirique : comme il a été dit plus haut, les rapports des éligibles (les dits « arrolados ») nous permettent également, en principe, d’identifier les plus nobles de chaque terre.
- Enfin, il y a lieu de souligner l’absence au Portugal de véritables capitales provinciales. Les mairies se limitaient à exercer une tutelle sur leurs territoires, et il n’y avait aucune institution corporative de niveau supramunicipal. Un chef-lieu de comarca ou de provedoria14 était uniquement le lieu d’assistance d’un magistrat royal (le corregidor ou le médiateur), doté de compétences sur un territoire de différentes communes, mais nullement dépendant de quelque institution locale ou régionale15.
6Voilà un aspect relativement auquel la réalité portugaise divergeait de celle de ses colonies. En effet, et malgré une surface bien moins étendue, le royaume possédait en 1800 près de 841 mairies, dont trois quarts existaient déjà depuis le début du XVIe siècle, car depuis lors le nombre de mairies nouvellement créées est très faible.

Découpage municipal du Portugal au début du XIXe siècle
7Par contre, les municipalités étaient beaucoup moins nombreuses dans les territoires conquis et possédaient une vraie dimension régionale. À la fin du XVIIe siècle, il y en avait seulement environ 60 au Brésil. Et en 1800, lorsque le Brésil comptait environ 3 000 000 d’habitants, une population identique à celle du Portugal, ce nombre ne dépassait pas 200.

Les principales municipalités du Brésil
8C’est la législation de la monarchie portugaise qui a reconnu que la direction locale incombait aux « personnes principales des terres » (1570), aux « meilleurs des lieux » (1603, Ordenações), aux « meilleurs de la terre » (1618), aux « personnes de la meilleure noblesse » (1709), leur réservant les « principales charges de la République » dans les différentes localités du royaume16, c’est-à-dire, les charges honorifiques des mairies et les postes supérieurs des ordonnances. Le modèle d’élection triennale alors défini (compilé dans le Règlement du 8 janvier 1670) est effectivement resté en vigueur jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, sans modifications substantielles. Il appartient aux corregidors de choisir deux ou trois informants, qui dressent la liste des éligibles. Les électeurs qui votent sont ensuite convoqués et, parmi les arrolados, ceux qui doivent exercer les charges municipales (juge ordinaire le cas échéant, édiles, procureurs et, éventuellement, trésoriers). Tous ces choix finissent par toujours retomber dans le même cercle, c’est-à-dire celui « des plus nobles et de la gouvernance de la terre », des fils et petit-fils de ceux qui ont déjà servi et, jusqu’aux lois du Marquis de Pombal, les individus « sans race ». Les listes des éligibles et le rapport des voix sont ensuite envoyés pour confirmation au Desembargo do Paço (tribunal central) dans les terres de la couronne, ou aux seigneurs dans les communes de donataire17. En somme, et conformément à la culture politique prédominante, le « gouvernement oligarchique » était le modèle officiel de l’organisation politique locale. On pensait que les membres des familles plus anciennes, nobles et riches étaient les mieux placés pour assurer exemption et indépendance dans l’exercice de leurs charges, et disposaient d’une autorité naturelle, parce que construite par le temps et, donc, plus facilement acceptée. Il faut souligner à ce propos, et dès à présent, que de tels attributs (ancienneté, degré de noblesse et de richesse) pouvaient ne pas coïncider, et que l’un des éléments définisseurs de cette administration de honoratiores18 de l’Ancien Régime (la richesse) perdura dans l’État triomphant du libéralisme censitaire après 1834.
9À la gouvernance des municipalités, s’applique la règle d’après laquelle « les charges nobles, et accoutumées, vont aux personnes de naissance éclairée, et si jamais le Prince les confère à d’autres de moindre condition […] anoblissent quiconque le sert ». Or, la législation (1651) détermine explicitement « n’admettre à la gouvernance […] ni mécaniques, ni nul plébéien […] sinon des Nobles des quartiers, ayant des qualités à cela, et des fils de noble19 », bien que les juristes discutassent si ces normes s’appliquaient aux gens de la « gouvernance » (juges ordinaires, édiles, procureurs et almotacés20) de l’ensemble des huit centaines de mairies du pays, ou uniquement à celles des « villes et bourgs notables ». Les charges de la gouvernance des municipalités conféraient, donc, de la noblesse, ce qui était incompatible avec les métiers mécaniques, définis comme dépendant « davantage du travail du corps, que de l’esprit21 ». La singularité portugaise réside, peut-être, dans le fait qu’il n’y havait pas de distinction entre être noble et vivre en tant que tel ; « vivre selon la loi de la noblesse » était juridiquement sanctionnée et pouvait être invoquée comme preuve de noblesse22.
Un portrait des élites locales portugaises à la fin de l’Ancien Régime
10L’une des virtualités de l’existence de critères relativement généraux pour le choix des éligibles aux mairies, est le fait que ces listes nous fournissent un portrait des élites sociales locales sur l’ensemble du territoire. Plus concrètement, l’analyse de ce type de sources permet non seulement de comparer quelques variables générales, mais encore de découvrir les différents vecteurs du classement social dans des contextes locaux et provinciaux distincts. Il ne faut en tout cas pas oublier que l’on traite ici des éligibles et non des effectivement élus.
11Une première remarque concerne l’identification de ce qu’étaient les villes ou bourgs portuaires. En fait, Lisbonne jouait depuis longtemps déjà un rôle amplement majoritaire. Concentrant 6 à 8 % de la population du royaume, elle absorbait à la fin du XVIIe siècle plus de trois quarts du volume du commerce extérieur et colonial portugais. Si depuis le début du XVIIIe siècle Porto, grâce à l’expansion du commerce du vin qui prit le nom de la ville, a vu grandir sa position relative, le fait est que, à cette époque, le mouvement de l’embouchure de Lisbonne était toujours quatre à cinq fois supérieur à celui de Porto, et sept à huit fois supérieur à celui de Setúbal23. Tous les autres ports, tels Aveiro, Figueira da Foz (récemment élevé au rang de bourg) se trouvaient bien en dessous.
12Dans ce texte, nous focaliserons notre attention sur les arrolamentos des municipalités chefs-lieux de comarca au tournant du XVIIIe au XIXe siècle (grosso modo, entre 1796 et 1806). Les données ici présentées concernent uniquement les édiles (et juges, dans les mairies sans juge lettré), car les procureurs avaient toujours un statut social différent et inférieur. Nous avons obtenu des informations concernant 34 des 43 chefs-lieux de comarca existants en 180124, ne manquant que 5 localités importantes (Barcelos, Braga25, Bragança, Alenquer et Faro), outre celles où il y a omission d’informations sur la fortune ou sur le revenu.
13Le premier facteur à pondérer concerne le nombre d’éligibles. Dans un univers restreint, il variait selon les terres (minimum de 12 et maximum de 55). En outre, il est manifeste que certaines catégories (notamment les « fils de famille », les détenteurs de charges publiques et les officiers de l’armée de 1re ligne) étaient exclues dans certains cas et inclues dans d’autres. Toutefois, il s’avère indubitable que tous les individus dotés de distinctions supérieures, à condition d’habiter leurs terres, étaient toujours inclus dans les listes, même si originaires d’une autre commune.
14Mais la critique des sources se révèle plus compliquée pour ce qui est de la fortune en biens fonciers et du revenu, ces informations étant presque toujours fournies en alternative. Le premier problème est la fiabilité des données qui ne reposent ni sur des inventaires, ni sur des estimations détaillées, mais sur les « opinions » des informants. De souligner, enfin, que les arrolamentos sélectionnaient « les principaux » des terres du point de vue du statut nobiliaire. Et non nécessairement les plus riches.
Tableau no 1. Revenu/fortune des éligibles à l’édilité dans les chefs-lieux de commune

Légende ;
Ρ – province : A – Algarve, АО – Alentejo,
B – Beira. M – Minho, T–Trás-os-Montes ;
A – Nombre des éligibles à l'édilité ;
B – Nombre total des éligibles aux mairies ;
С – Revenu moyen des éligibles à l'édilité (en milliers de réis*) ; D – Fortune moyenne des éligibles à réduite ; Ε – Revenu maximum ; F – Revenu minimum ; G – Fortune maximum ; H - Fortune minimum ; AE – Algarve (province de) ; АО – Alentejo ; В – Beira ; Ε – Estremadura ; M – Minho ; Τ – Trás-os-Montes – Nombre de habitants, données pour relatives à l'an de 1301 ; n'ont été retenus, pour le calcul des moyennes, que les individus auxquels sont associés des montants de fortune ou de revenu.
* Mille réis équivalent à un escudo dans la monnaie de la République (Ν. T.).
15Le premier terme de comparaison de ces indicateurs est constitué par les informations concernant les élites centrales de la monarchie.
16Une première constatation qui ressort de la confrontation entre ces indications et le tableau no 1, est l’énorme contraste entre les élites de Cour et celles de province. Les recettes moyennes des 34 gentilshommes de la maison royale figurant sur la liste de la plus sélecte mairie élue du pays (celle de la ville Porto), sont cinq fois inférieures à celles des Grands du royaume. La macrocéphalie bien connue de Lisbonne-Cour en termes de configuration des marchés, n’en sort que plus renforcée. Il est vrai que certaines maisons de province jouissaient d’un revenu suffisant pour dépasser le seuil minimum d’entrée dans la « première noblesse de cour ». Aux valeurs de 1800, ce seuil se situerait aux environs de 6 milliers d’escudos, comme on l’a vu précédemment. Dans les chefs-lieux de commune où nous disposons d’informations, une dizaine des arrolados atteignent ou dépassent même cette somme. Dans le restant du continent et des îles adjacentes (dans celles-ci on enregistre, du reste, une concentration de richesse disproportionnée), on aurait certainement trouvé deux ou trois dizaines supplémentaires de maisons dans ces conditions, outre quelques fortunes récentes d’individus ne figurant guère sur la liste des arrolados. Ce qui, somme toute, était bien loin d’égaler la première noblesse de Cour26.
17L’information recueillie confirme, donc, une polarisation entre la Cour et les provinces. Toutefois, la dimension la plus surprenante du tableau no 1 concerne la hiérarchie établie entre les différentes localités du royaume. En effet, cette hiérarchie était loin de correspondre au volume de la population de chaque territoire communal. Les autres variables seront certainement plus décisives. Si la situation particulière de Porto correspond aux attentes, on ne peut dire la même chose des positions suivantes : Lamego et Viseu, suivies de terres de l’arrière-pays comme Portalegre et Évora. Ensuite, audessus du seuil du millier d’escudos de rente moyenne, il y a des listes très étendues et révélant de grandes rentes/fortunes maximum, comme c’est le cas de Santarém, Setúbal, Coimbra, Guimarães et Vila Real. D’autres listes sont bien plus réduites, comme celles de Tomar, Castelo Branco, Guarda, Elvas et Moncorvo. Les valeurs de Miranda, Leiria, Torres Vedras, Lagos, Tavira et, surtout, Aveiro sont, contre toute attente, assez inférieures. Si l’on prend comme terme de comparaison le volume de la population, l’arrière-pays assume du poids, en l’occurrence, au détriment du littoral.
18En fait, les indications du tableau no 1 se révèlent bien plus claires si on les confronte avec le tableau no 2, qui contient les indicateurs concernant le statut social des arrolados. Il importe cependant d’analyser, auparavant, les critères suivis pour l’élaboration des sources et leur utilisation, car dans la plupart des mairies on enregistre une certaine fluctuation dans ces critères. D’après les indications qui figurent sur les listes, nous avons classé chaque individu en une seule catégorie, notamment la qualification utilisée pour le décrire, c’est-à-dire celle réputée la plus élevée du point de vue du statut nobiliaire. La hiérarchie est celle qui figure sur le tableau no 2. Il s’agit d’une option certes contestable, comme toute autre d’ailleurs, étant données la complexité et la diversité de la stratification nobiliaire portugaise en dessous du statut de la Grandeur. Néanmoins, et hormis la localisation des négociants (destinée à souligner cette qualification, même s’il s’agit de chevaliers des ordres militaires), l’ordre suivi semble être conforme aux postulats précédemment énoncés.
19Les critères à suivre pour la hiérarchisation des mairies se sont, eux, révélé plus compliqués. Nous avons fini par choisir d’en faire la liste par ordre décroissant, en suivant le pourcentage représenté par la somme des individus des colonnes A, B, C, E, F, et I dans les arrolamentos respectifs.
Tableau no 2. Statut des arrolados pour l’édilité


Légende : A – Seigneurs des terres et commandeurs des ordres militaires ; B – Usage du Dom, d’origine portugaise ; C – Gentilshommes de la maison royale ; D – Négociants ; E – Chevaliers des ordres militaires ; F – Majorats ; G – Militaires des troupes de 1re ligne ; H – Officiers des milices et des ordonnances ; I – « Des principaux », « de la principale noblesse », « de noblesse distincte » (ceux qui se limitent à « vivre la loi de la noblesse » ne sont pas inclus) ; J – Docteurs, licenciés et bacheliers ; K – Fonctionnaires de l’administration centrale et locale ; L – Apothicaires ; M – Laboureur ; N – Non identifiés par quelque attribut.
20La première remarque que nous impose le tableau no 2 est celle de l’extrême rareté des donataires et commandeurs dans les provinces. C’est bien là une autre façon de confirmer que de telles rentes et distinctions se trouvaient concentrées dans la première noblesse de Cour. En fait, les trois premières catégories retenues sont relativement rares, n’étant majoritaires que chez les arrolados de Lamego, Évora et Porto, la plus aristocratique mairie élue du pays, où seuls les gentilshommes de la maison royale sont inscrits sur la liste des arrolados. Les listes des huit premières mairies retenues sont les plus homogènes, dans le sens d’un recrutement prédominant de gentilshommes. Suivent les municipalités où les arrolados, bien que majoritairement gentilshommes de naissance, sont recrutés d’une manière plus diversifiée, couvrant également quelques bacheliers (qui jouissaient de noblesse politique) et fonctionnaires, comme dans les cas de Viana, Vila Real, Coimbra, Santarém, Setúbal et Beja. Enfin, nettement stratifiées, les mairies moins élististes. En tête, celles où prédominent les officiers des ordonnances (l’une des principales formes périphériques d’obtention d’une noblesse personnelle), les bacheliers, licenciés, et les fonctionnaires, et où peuvent même entrer les négociants et les apothicaires (un métier mécanique qui a servi à identifier un arrolado d’Aveiro !). Mais également, en dernier lieu, les municipalités comptant beaucoup de fermiers, de richesse diverse. Dans la plupart de ces mairies, pratiquement personne n’est classé dans la catégorie de « noblesse connue ».
21Bien que la correspondance ne soit guère parfaite, le résultat final indique une grande coïncidence entre la hiérarchie de la rente et celle de la noblesse. Les mairies où les arrolados étaient plus riches, étalaient également une noblesse plus qualifiée. Ce n’est qu’en partie que l’échelonnement des mairies correspondait à celui du Bras du Peuple aux Cortès27.
22Quant à l’explication de ces résultats, sont-ils le réflexe d’une plus grande quantité de maisons nobles, anciennes et riches dans certaines zones (notamment Beira Alta, Douro proche de la région délimitée du vin de Porto, une partie du Minho, l’axe central de l’Alentejo), ou s’agit-il seulement d’une plus grande concentration de ces maisons nobles dans certaines communes à l’intérieur des zones considérées ?
23Faisons l’ébauche d’un bref exercice avec seulement une douzaine de mairies.
Tableau no 3 : Revenu/fortune des éligibles à l'édilité

Légende : * – 2.786. Déflationné à des valeurs de 1800 ; # – 10.125. idem.
Ρ – province : A – Algarve, АО – Alentejo, В – Beira. M- Minho, Τ – Trás-os-Montes ; A – Nombre des éligibles à réduite ; В – Nombre total des éligibles aux mairies ; С – Revenu moyen des éligibles à l'édilité (en milliers de réis*) ; D – Fortune moyenne des éligibles à l'édilité ; Ε – Revenu maximum ; F – Revenu minimum ; G – Fortune maximum ; H – Fortune minimum ; AE – Algarve (province de) ; АО – Alentejo ; В – Beira ; Ε – Estremadura ; M – Minho ; Τ – Tris-os-Montes – Nombre de habitants, données pour relatives à l'an de 1801 ; n'ont été retenus, pour le calcul des moyennes, que les individus auxquels sont associés des montants de fortune ou de revenu.
* Mille réis équivalent à un acudo dans la monnaie de la République. (N.T.)
Tableau no 4 : Statut des arrolados pour l’édilité

Légende : A – Seigneurs des terres et commandeurs des ordres militaires ; B – Usage du Dom, d’origine portugaise ; C – Gentilshommes de la maison royale ; D – Négociants ; E – Chevaliers des ordres militaires ; F – Majorats ; G – Militaires des troupes de 1re ligne ; H – Officiers des milices et des ordonnances ; I – « Des principaux », « de la principale noblesse », « de noblesse distincte » (ceux qui se limitent à « vivre la loi de la noblesse » ne sont pas inclus) ; J – Docteurs, licenciés et bacheliers ; K – Fonctionnaires de l’administration centrale et locale ; L – Apothicaires ; M – Laboureur ; N – Non identifiés par quelque attribut.
24Les informations collectées sont concluantes. Dans le Douro de la région délimitée du Vin de Porto et dans la comarca de Viseu, les chefs-lieux ne sont pas les seuls endroits de résidence des élites les plus distinguées. Besteiros/Tondela et le petit bourg de Mesão Frio sont deux mairies notoirement nobles, tout comme Penaguião. La même chose se passe dans le Minho, où les éligibles au petit bourg d’Amarante ou d’Arcos de Valdevez sont, presque tous, des gentilshommes au revenu considérable. Par contre, dans le sud, les nobles et riches listes de Montemor-o-Novo et Estremoz font exception. Le modèle dominant serait celui d’Odemira et Mértola, à l’image d’autres bourgs de l’Alentejo, déjà analysés auparavant. Tout comme l’Algarve, où les élites locales apparaissent avec une fortune limitée et peu de noblesse.
25Et enfin, trois mairies comptant de nombreux négociants, mais des fortunes réduites : Covilhã, Fundão et Figueira. Les deux premières étaient des centres de production industrielle de lainages, et la dernière le principal port du centre littoral de la zone de Coimbra
26Quant aux principaux centres urbains des îles atlantiques, ils constituent, comme il fallait s’y attendre, les réduits d’une noblesse qualifiée et riche, étroitement liée à l’institution du majorat. Le revenu moyen des arrolados à Ponta Delgada (île de São Miguel, Azores28) serait l’équivalent, par déflation, à celui des plus riches mairies du Continent. Funchal29, à Madère, est la mairie qui présente le plus grand nombre de gentilshommes de la maison royale, après la ville de Porto.
27Les indications recueillies révèlent une grande concordance avec l’image, apparemment superficielle, que l’on peut retirer d’un itinéraire couvrant les maisons armoriées du Continent, du reste déjà raisonnablement soumises à inventaire30. La plus grande densité de ces maisons de résidence se vérifie, en général, dans les zones où nous avons également détecté les arrolamentos les plus nobles et les plus riches. En termes globaux, du reste, l’arrière-pays l’emporte nettement sur le littoral en termes de statut des élites locales.
28Mais, est-ce que ce même encadrement institutionnel donnerait les mêmes résultats au Brésil ?
29Dans les principaux centres urbains du royaume et des îles atlantiques, voire ceux qui avaient une activité portuaire appréciable et où se trouvaient des groupes importants de négociants (comme c’était le cas, tout au moins, de Lisbonne et Porto), ces marchands étaient entièrement absents du gouvernement et de leurs municipalités urbaines respectives, dominées (dans le cas de Lisbonne) par des magistrats conseillers ou par des groupes de gentilshommes (dans le cas de Porto), dont la base matérielle découlait de rentes en grande mesure d’origine foncière. Sous ce point de vue, les municipalités auxquelles les marchands participaient grandement étaient une exception absolue, comme on l’a vu plus haut. C’est le cas de la ville portuaire de Figueira, ce qui s’explique par la très récente (1771) fondation de la municipalité, ainsi que de Covilhã et Fundão, deux localités de l’intérieur fortement liées à l’industrie du lainage.
Municipalités et noblesse terrienne dans le Brésil colonial
30Comme suggéré ci-dessus, les mairies du Brésil colonial suivaient globalement le modèle du royaume, sous maints aspects défini dans les Ordonnances (1603) et autre législation ultérieure. À deux différences près, toutefois. Sur le plan institutionnel, alors que toutes les mairies non seigneuriales du royaume devaient être confirmées par le tribunal supérieur de justice de l’époque, au Brésil les élus aux offices municipaux étaient confirmés seulement au niveau local par le Ouvidor (juge auditeur) delà ouvidoria. Raison pour laquelle, à quelques exceptions près, il n’existe guère de listes d’éligibles, mais uniquement d’élus. Sur le plan spatial, les contextes brésiliens imposaient une différence flagrante, déjà signalée : alors que le royaume, dont la population s’élevait à 3 millions d’habitants au XIXe siècle, comptait près de 840 municipalités, le Brésil ne possédait qu’un peu plus d’une cinquantaine de Mairies au milieu du XVIIe siècle et 200 environ aux alentours de 1800, date à laquelle, avec une superficie des dizaines de fois supérieure, sa population dépassait déjà celle du royaume.
31En fait, si dans le royaume les offices municipaux étaient fréquemment disputés suivant des logiques factionnelles ou même de clivages sociaux, au Brésil de la deuxième moitié du XVIIe siècle et première moitié du XVIIIe, un type de conflit récurrent y est aisément constatable : le conflit qui opposait les élites établies, généralement liées à la terre (et très souvent aux moulins à sucre), aux marchands, tous pour la plupart nés au royaume du Portugal. Le cas le plus paradigmatique fut certainement celui de Pernambuco au début du XVIIIe siècle. Il a donné lieu à une guerre civile locale, qui s’est terminée par la séparation de Recife (dominée par des négociants nés au Portugal) et Olinda (où dominait l’élite des propriétaires de moulins à canne qui y étaient établis depuis longtemps31). Des clivages semblables se sont entre-temps produits dans d’autres parages vers la même époque, comme ce fut le cas à Rio de Janeiro32.
32Depuis au moins la fin du XVIIe siècle, les groupes de chrétiens nouveaux ont été remplacés, avec la protection de réseaux familiaux et locaux bien consolidés, par une immigration issue du Nord du Portugal qui a formé des groupes marchands dans différentes places commerciales du Brésil, ainsi qu’une grande partie des élites de la région de Minas33. Tout semble suggérer que les mots écrits il y a quelques années par Stuart Schwartz captent, pour l’essentiel, la singularité de la situation : « au XVIIIe siècle, les élites foncières étaient de plus en plus originaires de la colonie », alors que « la classe marchande demeurait essentiellement européenne » (de naissance34). Les négociants grossistes du Brésil, qui se renouvelaient à chaque génération puisqu’il était rare que l’office se transmette de père en fils, étaient majoritairement, tout comme ceux de Lisbonne, issus du Minho, fils d’agriculteurs aisés ou d’artisans, ayant émigré très jeunes mais déjà alphabétisés pour travailler dans le magasin d’un parent ou de quelque relation de la famille35.
33Il est important de constater que les négociants avaient une origine géographique et sociale semblable à Minas, Rio, Bahia, Recife, São Paulo ou Rio Grande do Sul (Porto Alegre36), bien que les modalités et la chronologie de leur affirmation en tant que groupe autonome, de leur rapprochement ou éloignement des élites foncières et, enfin, de leur plus ou moins facile accès à l’élite municipale, aient fait l’objet de multiples recherches37. Le fait que l’office de conseiller municipal (édile) n’était pas à vendre au temps de la monarchie portugaise, à l’inverse de ce qui se produisait avec les regedores (officiers civils) de la monarchie espagnole et de son empire, facilitait l’accès des individus nés dans le royaume aux sénats municipaux de l’Amérique portugaise, car ces offices n’étaient ni vendus, ni patrimonialisés par les familles pré-établies, comme on l’a vu.
34Or, si la majorité des négociants du Brésil était originaire du Nord du Portugal et disputait avec les élites foncières l’accès aux mairies, le fait est que dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle tous finissaient par entrer, en plus ou moins grande mesure, dans les principales municipalités brésiliennes. Le cas le plus emblématique est celui de Rio de Janeiro, le siège de la vice-royauté du Brésil depuis 1763 et, après 1808, lorsque sa population dépassait 45 000 habitants, de la monarchie portugaise. Là, des listes d’éligibles existent, avec quelques interruptions entre 1794 et 1822. Le premier élément assez impressionnant est le nombre d’éligibles aux « charges de la gouvernance » (édiles, procureurs et almotacés), puisqu’il varie entre 122 et 155 personnes (moyenne de 138), beaucoup plus que dans n’importe quelle autre mairie de la monarchie ! Les indications sur le statut professionnel ne figurent que sur certaines listes, à partir de 1800, et ne couvrent jamais tout le monde. Mais environ la moitié des enrôlés identifiés sont en règle qualifiés de négociants, un nombre toujours supérieur à celui des propriétaires de moulins à canne de sucre. La majorité était généralement identifiée par des postes de la milice locale (milices et ordonnances) et le nombre de ceux qualifiés comme chevaliers d’ordres militaires alla en augmentant, pour devenir majoritaire sur la dernière liste. En résumé, la nombreuse élite politique de Rio de Janeiro aurait des racines majoritairement marchandes, bien que ses membres se soient progressivement décorés de distinctions anoblissantes38.
35Pour les autres principales mairies du Brésil, nous ne disposons pas de listes d’éligibles, uniquement des listes d’élus. Mais les tendances dominantes sont claires. Pour S. Salvador da Bahia, siège de la vice-royauté jusqu’à 1763 et comptant 50 000 habitants en 1800, il y eut 181 nominations à la charge de édile au long du XVIIIe siècle ; ici prédominaient les propriétaires terriens, de moulins, d’esclaves ou de bétail (50,3 %), mais le poids des négociants ne manque pas d’être significatif (19,3 %39). À Recife le poids des négociants était, à la même époque, plus écrasant : 55 % en considérant la principale occupation des « hommes bons » de la mairie entre 1710 et 1822, contre seulement 12 % de propriétaires de moulins à canne ; dans ce cas, néanmoins, le nombre d’individus nés au Brésil (59 % des identifiés) a régulièrement dépassé celui de ceux nés au Portugal à partir de 1760 (40 %40). Tout comme dans la mairie siège de la capitainerie, S. Paulo (environ 25 000 habitants en 1800), le poids des négociants, dont l’écrasante majorité provenait du Portugal, s’est agrandi : entre 1711 et 1765 ils représentaient 11 % du personnel municipal en exercice mais, entre cette date et 1800, le taux est passé à 62 % de ceux dont on connaît les occupations41. Il n’est donc pas surprenant que, dans la municipalité nouvellement créée de Porto Alegre, dans le Rio Grande do Sul (environ 6 000 habitants en 1800), les marchands aient représenté la majorité des officiers municipaux dont on connaisse l’occupation entre 1761 et 180842.
36De souligner encore la constatation, en règle générale, d’une importante rotation des offices municipaux.
37En conclusion, à la fin de l’Ancien Régine et de la période coloniale, malgré la ressemblance de la matrice institutionnelle, les centres urbains du royaume du Portugal et ceux du Brésil (élevé à royaume en 1816) enregistraient une évolution nettement divergente en matière d’élites gouvernantes. Alors que dans le royaume du Portugal, avec de plus ou moins grandes oscillations, le gouvernement de ses municipalités était dominé par des élites agraires et des gentilshommes, avec la totale exclusion des négociants, y compris des gros commerçants, par contre dans l’Amérique portugaise ces derniers accédaient à toutes les principales municipalités, en dominant bon nombre d’entre elles, dont Rio de Janeiro. Bien qu’à l’encontre de la législation (qui réservait ces offices aux personnes issues de la terre), les négociants et les individus nés au Portugal (deux choses qui, en partie, se confondaient) avaient une présence décisive dans les mairies de l’Amérique portugaise à la veille de son indépendance.
Notes de bas de page
1 Boxer C., Portuguese Society in the Tropics. The Municipal Councils of Goa, Macao, Bahia and Luanda, Madison, 1965.
2 Voir surtout Hespanha A. M., As vésperas do Leviathan. Instituições e Poder Político. Portugal – séc. XVII, 2 vols., Lisbonne, 1986.
3 Magalhães J. R., O Algarve económico 1600-1773 (tese mimeo. 1984), Lisbonne, 1988 ; idem, « Reflexões sobre a estrutura municipal portuguesa e a sociedade colonial portuguesa », Revista de História Económica e Social, no 16, 1986 ; idem, « A sociedade portuguesa, séculos XVII e XVIII », Ferreira M. E. C. (coor.), Reflexões sobre a história e a cultura portuguesas, Lisbonne, 1986 ; Coelho M. H. et Magalhães J. R., O poder concelhio : das origens às cortes constituintes, Coimbra, 1986 ; et Magalhães J. R., « As estruturas sociais de enquadramento da economia portuguesa de Antigo Regime : os concelhos », Notas económicas, no 4, 1994.
4 Voir p. ex., Clark P. et Slack P., English Towns in Transition 1500-1700, Oxford, 1976, p. 111-140; Hipkin S., « Closing ranks: oligarchy and government at Rye, 1570-1640 », Urban History, vol. 22, 1995, p. 319-340.
5 Mousnier R., Les institutions de la France sous la monarchie absolute 1598-1789, tome I, Paris, 1974, p. 437-469.
6 Dominguez Ortiz A., Las classes privilegiadas en la España del Antiguo Régimen, Madrid, 1973, p. 121 et suivantes ; idem, Sociedad y Estado en el siglo XVIII, Barcelona, 1976, p. 454-475 ; Lambert-Gorges M. (éd.), Les élites locales et l’État dans l’Espagne Moderne du XVe au XIXe siècle, Paris, 1993.
7 Édile.
8 « El término oligarquía urbana se emplea habitualmente para denotar que el grupo que controla el gobierno local no coincide estrictamente con la nobleza titulada, aunque comparta rasgos marcadamente nobiliarios », Hernández M., A la sombra de la corona. Poder y oligarquia urbana (Madrid, 1606-1808), Madrid, 1996, p. XVIII.
9 Bien que le nombre des communes présidées par un juge de fora (N. T. licencié en droit nommé pour les localités plus peuplées, par opposition au juge leigo issu de la population locale) un magistrat lettré (nommé par la couronne ou par les seigneurs), soit passé de 79 en 1640 à 168 en 1811, le fait est qu’à cette dernière date cela n’existait que dans un cinquième des 841 municipalités. Dans les autres, la présidence de la mairie et l’inhérent exercice de la juridiction en première instance incombait aux juges ordinaires, élus d’entre la gent de la « gouvernance » (Voir Monteiro N. G., « Os poderes locais no Antigo Regime », História dos municípios e do poder local, sous la direction de Oliveira C., Lisbonne, 1996, p. 83-85). Quant aux mairies confirmées par des seigneurs laïcs et ecclésiastiques, elles représentaient 54,5 % de la totalité en 1527-1532, ayant augmenté en nombre jusqu’à 1640 (57,6 % du total) mais diminuant beaucoup ensuite, n’atteignant que 30,4 % du total en 1811(idem, p. 52).
10 En résultat de la publication des Ordonnances du royaume (impression de 1512-1514), de la réforme manuéline des privilèges fonciers, et de la multiplication des magistratures royales. Bien qu’une tendance à l’uniformité puisse y être détectée, les municipalités castillanes étaient régies par leurs ordonnances spécifiques constitutives de gouvernement. Voir de Castro C., La Revolución Liberal y los municipios españoles (1812-1868), Madrid, 1979, p. 22-56 et Hijano A., El pequeño poder. El municipio en la Corona de Castilla : siglos XV al XIX (prólogo de Miguel Artola), Madrid, 1992.
11 Silva F. Ribeiro da, « Venalidade e hereditariedade dos ofícios públicos em Portugal nos séculos XVIe XVII », Revista de História, vol. VIII, 1988, p. 203-213.
12 Sur la municipalité de Lisbonne jusqu’à 1834, voir Fernandes P. J. A., As Faces de Proteu. Elites Urbanas e Poder Municipal em Lisboa de finais do século XVIII a 1851(mimeo. 1997), Lisbonne, 1999, p. 19-84.
13 Soares S. Cunha, « Os Vereadores da Universidade na câmara de Coimbra (1640-1777) », Revista Portuguesa de História, tome XXVI, 1991, p. 45-80.
14 Comarca et Provedoria correspondaient à des divisions judiciaires (N. T.).
15 Monteiro Nuno G., « O central, o local e o inexistente regional », Os poderes locais…, op. cit., p. 79 et suivantes.
16 d’Alcochete N. Daupias, Principalidade (sep. de Armas e Troféus, tom. VII, no 1), Braga, 1966.
17 Sur la maison de Bragance, voir Borralheiro R., O município de Chaves entre o Absolutismo e o Liberalismo (1790-1834), Braga, 1997, p. 88 et suivantes.
18 Weber M., Economia y sociedad. Esbozo de una sociologia comprensiva (1922), Mexico, 1984, p. 233 et suivantes et p. 755 et suivantes.
19 Oliveira L. da Silva Pereira de, Privilegios da nobreza, e fidalguia de Portugal, Lisbonne, 1806, p. 53 et 63.
20 Fonctionnaires municipaux chargés de surveiller les poids et mesures, et de fixer le prix des denrées (N. T.).
21 Oliveira L. da Silva Pereira de, op. cit., p. 182.
22 Monteiro Nuno G., « Notas sobre nobreza, fidalguia e titulares nos finais do Antigo Regime », Ler História, no 10, 1987, p. 15-51, et aussi Hespanha A. M., « A Nobreza nos tratados Jurídicos dos séculos XVI a XVIII », Penélope, no 12, 1993, p. 27-42.
23 Costa Leonor F., « Relações económicas com o exterior », dans Lains P. et Silva Á. F. da (org.), História Económica de Portugal 1700-2000, vol. I, Lisbonne, 2004, p. 270.
24 Sources : Instituto dos Arquivos Nacionais, Torre do Tombo, Desembargo do Paço e Casa do Infantado. Reprit de Monteiro Nuno G., « Elites locais e mobilidade social em Portugal nos finais do Antigo Regime », Análise Social, no 141, 1997.
25 Voir Capela J. V., « A Câmara, a Nobreza e o Povo de Barcelos », sep. Barcelos Revista., vol. III, no 1, 1989, p. 92-113 ; et idem, O Município de Braga de 1750 a 1834. O governo e a administração económica e financeira, Braga, 1991, p. 34-52.
26 Monteiro Nuno G., O Crepúsculo dos Grandes. A Casa e o Património da Aristocracia em Portugal (1750-18342), 2e ed., Lisbonne, 2003.
27 Cardim P., Cortes e cultura política no Portugal do Antigo Regime (mimeo. 1992) (préface de Hespanha A. M.), Lisbonne, 1998.
28 Rodrigues J. D., S. Miguel no século XVIII. Casa, elites e poder, 2 vols., Ponta Delgada, 2003.
29 Branco J. de Freitas, Camponeses da Madeira. As bases materiais do quotidiano no arquipélago (1750-1900), Lisbonne, 1987, p. 153-186.
30 Voir en particulier Silva A. L. P. da, Nobres casas de Portugal, Porto, s. d.
31 Mello E. Cabral de, A Fronda dos Mazombos. Nobres contra mascates : Pernambuco 1666-1715, São Paulo, 1995.
32 Bicalho M. Fernanda, « As Representações da Câmara do Rio de Janeiro ao Monarca e as Demonstrações de Lealdade dos Súbditos Coloniais. Séculos XVII-XVIII », O Município no Mundo Português, Funchal, 1998.
33 Furtado Junia, Homens de Negócio : a interiorização da metrópole e do comércio nas Minas setecentistas, 2a ed., São Paulo, 2006, p. 154 ; et Almeida Carla, « Homens ricos em Minas Colonial », Modos de Governar. Ideias e práticas políticas no Império português séculos XVI-XIX, Fernanda Bicalho M. et Ferlini V. L. A., São Paulo, 2005, p. 370.
34 Schwartz S., Da América portuguesa ao Brasil, Lisbonne, 2003, p. 228-230.
35 Les travaux décisifs de Pedreira J., parmi lesquels « O Brasil, fronteira de Portugal. Negócio, emigração e mobilidade social (séculos XVIIe XVIII) », Do Brasil à Metrópole efeitos sociais (séculos XVII-XVIII), Cunha M. S. (coord.), Évora, 2001, p. 47-72.
36 Osório H., O império português no Sul da América. Estancieiros, lavradores e comerciantes. Rio Grande do Sul, 2007, p. 277 à 283.
37 Pour Rio de Janeiro, voir Fragoso J., Homens de grossa aventura. Acumulação e hierarquia na praça mercantil do Rio de Janeiro 1790-1830, 2a ed., Rio de Janeiro, 1998 ; idem et Florentino M., O arcaísmo como projecto. Mercado atlântico, sociedade agrária e elite mercantil no Rio de Janeiro, c. 1790-c. 1840, 3a éd., Rio de Janeiro, 1998 ; et idem, Almeida Carla et Sampaio A. C. J. (org.), Conquistadores e negociantes. Histórias de elites no Antigo Regime nos trópicos. Amércia lusa, séculos XVI a XVIII, Rio de Janeiro, 2007.
38 Gouvêa M. Fátima, « Os homens da governança do Rio de Janeiro em fins do século XVIII e início do XIX », O Município no Mundo Português, op. cit., p. 545-562.
39 Sousa A. Pereira, Poder local, cidade e actividades económicas (Bahia, século XVIII), dis. mimeo., São Paulo, USP, 2003, p. 143-145; idem, « Poder local e autonomia camarária no Antigo Regime: o Senado da Câmara da Bahia (século XVIII) », Modos de Governar, op. cit., Bicalho M. Fernanda et Ferlini V. L. A, p. 319.
40 Souza G. F. C. de, Elite y ejercicio de poder en el Brasil colonial : la Cámara Municipal de Recife (1710-1822), dis. Mimeo., Salamanca, US, 2007.
41 Borrego M. A., A teia mercantil. Negócios e poderes em São Paulo colonial 1711-1765, São Paulo, diss. Mimeo., 2006, p. 141-142.
42 Comissoli A., Os « homens bons » e a Câmara Municipal de Porto Alegre (1767-1808), Porto Alegre, 2008, p. 70.
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