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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Volonté permanente et nécessité de l’extensionUn souci fédéraliste sous-jacent dans le passé : les ligues (du Sud-Ouest en particulier) fin 1870Le projet de Digeon : un soulèvement méridionalLa neutralisation de la garnison localeL’action de la Commune pour sa propagationL’échec de l’extension, ou l’échec de la Commune de NarbonneLes tentatives communalistesL’inertie de Carcassonne, Béziers et CetteLe délaissement de la presse régionale, même républicaine, et la désinformation préfectorale Notes de bas de page Auteur

    La commune de 1871 : utopie ou modernité ?

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    Table des matières

    L’extension souhaitée, nécessaire, mais problématique de la Commune de Narbonne

    Marc César

    p. 73-96

    Texte intégral Volonté permanente et nécessité de l’extensionUn souci fédéraliste sous-jacent dans le passé : les ligues (du Sud-Ouest en particulier) fin 1870Le projet de Digeon : un soulèvement méridionalLa neutralisation de la garnison localeL’action de la Commune pour sa propagationL’échec de l’extension, ou l’échec de la Commune de NarbonneLes tentatives communalistesDeux tentatives synchronisées avec Narbonne : Perpignan et CoursanDes soubresauts sporadiques et à retardementL’inertie de Carcassonne, Béziers et CetteCarcassonneBéziers et CetteLe délaissement de la presse régionale, même républicaine, et la désinformation préfectorale Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Albert Ollivier parlant des Communes de province, déplore la façon dont « négligeant – sauf à Narbonne – de s’épauler sur les villes environnantes, les Communes révolutionnaires de France s’écroulèrent l’une après l’autre »1.

    2Effectivement, en ce domaine, Narbonne est un hapax. Sa Commune ne pouvait se penser qu’intégrée à un mouvement plus ample, constamment en liaison avec les villes voisines. En effet, Narbonne, à la différence des autres villes soulevées, n’est ni une métropole régionale autocentrée, ni un centre industriel fonctionnant selon ses lois propres : c’est une ville moyenne, sous-préfecture de 16 000 habitants2, dont la principale activité, la viticulture, et la situation géographique, en font un carrefour culturel et économique. Il est fondamental pour comprendre la volonté d’extension de la Commune de Narbonne de comprendre la situation d’interdépendance dans laquelle la ville est placée.

    3Par sa situation, Narbonne était vouée soit à s’étendre, soit à périr. Elle ne pouvait en aucun cas rester isolée. Et, au sein de la Commune comme chez ses adversaires, tous étaient conscients de cette réalité. Notre propos sera ici de montrer comment le combat constant de la Commune de Narbonne pour communiquer et s’allier avec son environnement immédiat comme avec les grandes villes voisines est à la fois central dans le phénomène narbonnais et révélateur des spécificités de Narbonne par rapport aux autres centres urbains régionaux. En ce sens, il importe aussi de comprendre comment l’échec de l’extension a été déterminant dans l’échec de la Commune de Narbonne elle-même.

    Volonté permanente et nécessité de l’extension

    4L’extension de la Commune de Narbonne se présente à la fois comme une volonté et comme une nécessité.

    5Volonté idéologique tout d’abord, car l’objectif des Communards narbonnais n’a jamais été de se limiter à Narbonne insurgée, mais de s’inscrire dans un projet à la fois fédéraliste et révolutionnaire plus ambitieux, au plan national.

    6Nécessité ensuite, car les circonstances feront que, pour survivre, la Commune de Narbonne devait s’étendre, afin d’éviter un regroupement de forces contre elle.

    Un souci fédéraliste sous-jacent dans le passé : les ligues (du Sud-Ouest en particulier) fin 1870

    7L’arrière-plan conceptuel à la Commune que constituent les ligues3 introduit comme central l’élément régional, désormais inséparable des nouvelles aspirations révolutionnaires communalistes.

    8Avant même la Commune, les acteurs les plus avancés du département de l’Aude étaient en contact régulier avec des hommes de même sensibilité dans les grandes villes voisines, mais aussi dans l’ensemble de la France.

    9À la mi-septembre 1870, des mouvements de défense de la République et de défense nationale s’esquissent dans toute la France. Lyon, où siège une Commune4, se pose en pôle pour le Sud de la France. Aux alentours du 20 septembre, une réunion des délégués des chefs-lieux de département ayant répondu à un appel visant à organiser la défense se tient à Lyon5. Le département de l’Aude (ou plus exactement la municipalité de Carcassonne) envoie deux délégués, L. Azerm, capitaine en retraite, et Émile Digeon, futur chef de la Commune de Narbonne6. Digeon, choqué par le désordre régnant entre les différents organes du pouvoir lyonnais, prend l’initiative et convoque ses alter-ego délégués des autres départements à une réunion, le 25 septembre 18707. Cette initiative est saluée par Le Progrès de Lyon8. La réunion de délégués de 15 départements, convoquée la première fois sous l’impulsion de Digeon, aura ensuite lieu régulièrement, sous la présidence de la Commune de Lyon9.

    10On voit comment non seulement les futurs Communards narbonnais sont intégrés à des mouvements d’ensemble, mais comment en plus, Digeon prend des initiatives de rassemblement. Là s’inscrivent déjà les germes de la volonté d’extension de la Commune de Narbonne : car extension signifie alliance, et Digeon est toujours conscient de la nécessité de l’union des éléments avancés de la tendance républicaine.

    11Le département de l’Aude n’a pas adhéré à la ligue du Midi10. Pourtant les sympathies sont certaines vis-à-vis de ce mouvement : La Fraternité publie début octobre le « manifeste de la ligue du Midi pour la défense de la République »11, et quelques jours auparavant, Théophile Marcou, maire de Carcassonne et rédacteur en chef du journal, s’exclamait : « Que les départements se fédéralisent, qu’ils entrent dans le mouvement qui se déclare partout et dont Lyon et Marseille ont pris l’initiative »12. Parler de fédéralisme était aller au-delà des déclarations de la ligue du Midi, qui refusait le terme13, mais était significatif de la façon dont elle était perçue.

    12Le 23 octobre, se constituait à Carcassonne un Comité Central Républicain du Département de l’Aude (CCRDA), sous la présidence d’Émile Digeon, accusant le gouvernement de Tours de ne pas s’occuper de la défense et de l’installation de la République en France, et voulant suppléer à ses faiblesses14. C’était une initiative départementale décentralisatrice intéressante, qui, si elle n’atteignait pas l’échelon régional, témoignait d’une volonté d’action à plus grande échelle que la simple Commune : lors de sa gestation, l’idée communaliste dans le département de l’Aude se forme au contact d’une idée géographiquement plus large : aussi peut-on avancer que l’idée même de l’extension se trouve déjà dans le processus de création du mouvement narbonnais.

    13Dans la même optique, on peut encore évoquer ici la création de la ligue du Sud-Ouest, en novembre 1870, autour de Toulouse, à l’initiative d’Adolphe Royannez, rédacteur en chef de L’ émancipation de Toulouse, et de Théophile Marcou, rédacteur en chef de La Fraternité de Carcassonne15. Elle se défend formellement de séparatisme, mais on trouve des appels à l’action contre le gouvernement de Tours, et des exclamations comme : « Debout la province et la Commune. Qu’elles se donnent la main pour former la ligue de la délivrance et l’armée des républicains »16. Décentralisateur, le programme de la ligue était républicain, laïque et révolutionnaire17. Treize départements étaient représentés lors de l’acte de fondation, neuf adhérèrent. Les républicains audois étaient sur-représentés dans la composition du bureau18. Trois délégués furent envoyés au gouvernement de Tours19, mais l’entrevue avec Gambetta fut un échec, celui-ci refusant de voir l’existence des « ennemis de l’intérieur », dont parlaient les représentants du Sud-Ouest20. La ligue du Sud-Ouest fut affaiblie par ce rejet de Gambetta qui ne lui donna pas l’adoubement et donc la légitimité dont elle avait besoin pour convaincre les républicains fidèles au gouvernement, et réticents aux ligues. Elle était montrée du doigt comme sécessionniste. Elle souffre de la dissémination trop importante de ses adhérents21, et d’un manque de moyens concrets. Aussi, si elle se maintient en vie jusqu’au début janvier 1871, est-ce dû davantage à la foi de ses créateurs et sympathisants qu’à son action réelle22.

    14La ligue du Sud-Ouest a échoué, mais elle a apporté une expérience et a créé un précédent important : désormais la dimension régionale fait partie des concepts des républicains révolutionnaires, futurs Communards.

    Le projet de Digeon : un soulèvement méridional

    15Les Narbonnais avaient conscience que l’isolement vouerait leur Commune à l’échec. Aussi les militants du club Lamourguier23 firent-ils tout pour que l’insurrection puisse s’étendre. Ainsi, aucun membre du club ne se sentant capable d’assumer la direction du soulèvement communaliste, on invita Émile Digeon, personnalité incontournable dans le département de l’Aude, ayant, par son passé comme par ses relations24, une dimension nationale25. Les militants cherchaient un homme capable de légitimer leur mouvement aux yeux des républicains des villes environnantes : convaincus du bon droit de l’insurrection narbonnaise, ceux-ci devaient plus facilement lui emboîter le pas.

    16En fait, l’idée de l’extension est double. D’une part, il s’agit d’unir les forces républicaines contre la réaction, de neutraliser les troupes dans tout le Midi comme cela a été fait à Narbonne, et d’empêcher ainsi toute répression immédiate : c’est le côté défensif. Mais, d’autre part, Digeon et les militants narbonnais ont une idée plus ambitieuse, qui au fond motive leur soulèvement : ils espèrent gagner à leur cause tout le Midi, en s’alliant avec les autres grandes villes insurgées, et provoquer ainsi une immense vague révolutionnaire armée, qui, remontant du Midi vers Paris, déferlerait sur les Versaillais et assurerait le triomphe définitif de la Commune. Et, si cet ambitieux projet ne pouvait se réaliser, les Communards de Narbonne espéraient au moins, par leur action, bloquer sur place des troupes « versaillaises » qui ne pourraient aller combattre Paris.

    17Cette idée d’extension s’inscrit dans un projet influencé sous forme diffuse par le fédéralisme proudhonien26. Essentiellement républicaine, la conception communaliste des Narbonnais s’inscrit tout à fait dans l’idée de « République des villes » dégagée par Jacques Rougerie27. Le principe d’organisation d’une France communaliste, formée d’une fédération de communes autonomes, mais unies au gouvernement de Paris, n’est concevable que dans le cadre d’un soulèvement national : la Commune de Narbonne ne peut exister sans que les autres villes ne se soulèvent : isolée, elle perd sa raison d’être, puisque le projet national disparaît28. Digeon, lui, résume « son » système communaliste comme « un système très large de décentralisation »29. Lyon avait obtenu des franchises communales assez larges, d’ailleurs sans cesse remises en question30. Mais, même dans cette optique, peut-on concevoir que la petite ville de Narbonne obtienne, seule, une plus grande autonomie que les communes avoisinantes ?

    18Soulever tout le Midi était donc pour la Commune de Narbonne non pas un projet révolutionnaire farfelu, mais une raison d’être.

    La neutralisation de la garnison locale

    19À la différence de toutes les autres communes, Narbonne n’aura pratiquement pas à lutter contre la garnison présente en ses murs.

    20Une garnison importante (environ 1 500 hommes) stationnait à Narbonne31. Elle n’avait pas réagi lors de la proclamation de la Commune le 24 mars au soir, laissant l’insurrection s’emparer de l’Hôtel de Ville32. Tout au plus les militaires avaient-ils désarmé certaines patrouilles insurgées pendant la nuit qui suivit la proclamation33.

    21En fait, l’avantage numérique et qualitatif (armement et entraînement) de la garnison sur les insurgés était tempéré par plusieurs restrictions importantes. La garnison était surtout très peu homogène, scindée en deux groupes totalement hermétiques : d’un côté, les hommes de troupe stationnés depuis longtemps à Narbonne, dont beaucoup fréquentaient le club de la révolution, certains en étant même devenus membres titulaires34 ; de l’autre, ceux, pour beaucoup des officiers, qui rentraient des prisons prussiennes, et ignoraient tout des précédents35. Ainsi, les premiers heurts entre les Communards et les troupes régulières allaient systématiquement tourner à la catastrophe pour la garnison.

    22Le 25 mars au matin, les soldats envoyés pour reprendre l’Hôtel de Ville sont entourés par la foule, et ils mettent la crosse en l’air, alors que leurs chefs sont faits prisonniers. D’abord hésitants, ces soldats vont prendre fait et cause pour la Commune, cherchant à embrigader leurs camarades restés dans leur caserne. À la fin de la journée, on dénombre plus de 200 soldats communards36.

    23Beaucoup restent encore dans leur caserne, mais cette quasi-défection des troupes a rendu le lieutenant-colonel Vilar plus prudent. La crainte de voir le reste de sa garnison passer aux insurgés va le contraindre à laisser ses troupes enfermées dans leur caserne37 : ainsi, il pensait que, sous l’œil vigilant de leurs officiers, les soldats échapperaient à la « contagion révolutionnaire »38. Dès lors, la neutralité des militaires étant assurée, les Communards étaient maîtres de la ville. La caserne, îlot au milieu d’une ville insurgée, devenait, plus qu’une menace, un espoir constant de nouveaux renforts39.

    24La Commune de Narbonne, installée, n’étant pas sous la constante contrainte d’une garnison locale neutralisée, pouvait penser à s’étendre. Une stabilité relative régnait à Narbonne : les espoirs mais surtout les menaces venaient de l’extérieur. L’extension apparaît donc comme une percée préventive : gagner sur l’extérieur (par la révolution) avant que celui-ci ne converge sur Narbonne pour réprimer l’insurrection40.

    L’action de la Commune pour sa propagation

    25Les Communards de Narbonne vont essayer d’étendre leur mouvement. On va voir comment cette action est le produit d’une volonté qui peu à peu devient une nécessité.

    26Après la proclamation de la Commune, le 24 mars 1871 au soir, le premier souci de Digeon est d’avertir les grandes villes voisines, particulièrement Toulouse et Carcassonne, espérant que Duportal et Marcou le suivraient immédiatement41. Le 26, après avoir pris possession de la sous-préfecture, et avoir neutralisé la garnison du 52eme, Digeon rédigea des dépêches aux maires de Toulouse, Carcassonne, Béziers, Perpignan et Paris, dépêches ainsi conçues :

    « Au citoyen maire de la Commune de (...)
    La Commune de Narbonne est aujourd’hui la seule autorité supérieure de l’arrondissement. Un commissaire spécial a été délégué par moi à la sous-préfecture pour prendre possession des documents qui s’y trouvaient.
    Le président provisoire des forces républicaines de l’arrondissement de Narbonne.

    Émile Digeon42

    27Il semble pourtant que, à cause de la mauvaise volonté du télégraphiste, tout puissant sur sa machine, ces dépêches ne furent jamais envoyées43.

    28Pourtant, le 27, les villes environnantes, informées des événements de Narbonne, envoyèrent des délégués, venant faire acte d’adhésion, ou demandant des instructions44. Les documents manquent sur la présence de ces délégués à Narbonne, qui semblent n’avoir laissé aucune trace écrite (donc n’avoir signé aucun engagement), et dont Digeon dans sa brochure dit ne pas vouloir révéler les noms, pour ne pas les compromettre45. Il affirme pourtant que l’on y comptait des maires avec leurs adjoints, venus de l’arrondissement de Narbonne et d’ailleurs. Il en arriva jusqu’au 29 mars. Tous promettaient leur concours, qui aurait dû logiquement se traduire par un soulèvement local, ou tout au moins un soutien en hommes, en armes et munitions, ou en argent46. Dans la plupart des cas, il n’en fut rien47, et comme Digeon le souligna lui-même, on se trouvait dans une situation paradoxale, où, alors que le mouvement « rencontrait chaque jour une acceptation plus générale [...] cette acceptation, bien que sincère, ne fut pas suivie d’un concours effectif »48.

    29Digeon voulut provoquer un soulèvement par la force, dans la grande ville la plus proche : Béziers. Celle-ci comptait une base solide de militants républicains avancés, et avait, semble-t-il, fait acte d’adhésion à la Commune de Narbonne49. Pourtant, rien ne s’y était produit50. Digeon pensait agir avec les Biterrois comme il l’avait fait avec les militaires du 52ème : les placer devant l’imminence d’un choix à accomplir ; le rejet des Communards de Narbonne, qui paraissait impossible, ou leur accueil chaleureux, qui semblait devoir s’imposer. Digeon prépara cette expédition le soir même du 29 mars, espérant la faire le lendemain51. On trouve à ce sujet de nombreuses traces de récolte de fonds, la somme nécessaire à cet ambitieux projet étant importante52. Peut-être pensait-il que cette attaque, pour le moins surprenante, déconcerterait les autorités gouvernementales ? C’est probable. Mais celles-ci ne lui en laissèrent pas l’occasion. Il apprit l’arrivée de troupes extérieures à Narbonne, et dut renoncer à son projet, se cantonnant dans la défensive.

    30La Commune de Narbonne avait perdu l’initiative régionale face à la répression, elle était vaincue.

    L’échec de l’extension, ou l’échec de la Commune de Narbonne

    31Pour que la Commune réussisse, il aurait fallu qu’un soulèvement régional se produise. Celui-ci a échoué. Mais cela ne signifie pas que la Commune de Narbonne se soit située dans un environnement hostile : au contraire, les marques de sympathie sont très nombreuses, et elles se soldent parfois par des tentatives de soulèvement.

    Les tentatives communalistes

    Deux tentatives synchronisées avec Narbonne : Perpignan et Coursan

    32La petite commune de Coursan, située à une dizaine de kilomètres au Nord de Narbonne, connut une tentative de soulèvement dès le 25 mars. Enhardis par la proclamation de la Commune à Narbonne, des militants hissèrent un drapeau rouge dans le village, drapeau immédiatement enlevé sur ordre du maire, qui refusa de proclamer la Commune, malgré les négociations qui eurent lieu toute la journée. Après une altercation, le maire, républicain modéré mais sincère, démissionna, profondément affecté par ce refus de son autorité53. Cela semble avoir mis un terme aux événements de Coursan.

    33Il s’agit là bien évidemment d’un épiphénomène, mais il est révélateur de l’importance dans les villages des personnes se reconnaissant dans un « Tiers Parti », ni communards ni versaillais, et qui constituent une force d’inertie souvent majoritaire, tandis que la forme communaliste surprend et perturbe : par sa nouveauté, elle manque de lisibilité, car elle ne présente pas suffisamment d’éléments connus pouvant s’insérer dans des schèmes de représentation du monde préexistants. Ce d’autant plus que les contemporains, élus ou simples citoyens, doivent se positionner rapidement, dans l’instant vécu54. La forme communaliste, qui est largement une réaction au centralisme d’ Empire, rejoint un désir alors assez répandu de décentralisation ; mais elle le dépasse, pour proposer un mode d’organisation fédéraliste nouveau55. C’est cela, en plus de sa radicalité évidente, qui perturbe : car s’engager avec la Commune, c’est prendre pied dans la guerre civile, dans un contexte où, comme en ont témoigné les élections de février 1871, la majorité de la population aspire avant tout à la paix (même si l’activisme des militants de Coursan n’est pas à négliger).

    34Le cas du soulèvement perpignanais en soutien à Narbonne est très différent. Par la taille de la ville où il se produit tout d’abord : Perpignan, préfecture bien plus importante que Narbonne, aurait été un sérieux soutien, capable d’ébaucher l’insurrection méridionale tant souhaitée par Digeon56. Perpignan est une ville républicaine dans une terre républicaine : aux élections du 8 février 1871, les quatre députés des Pyrénées-Orientales sont républicains (alors que dans l’Aude ils sont tous royalistes ou thiéristes)57. Des incidents sérieux se sont déjà produits à Pia et à Perpignan, à deux reprises en octobre 1870, faisant deux morts, dont le commandant de la place de Perpignan58. Cela crée un précédent insurrectionnel qui ne doit pas être sous-estimé. Il faut ajouter qu’un climat de tension règne à Perpignan avant la Commune entre républicains de tendances différentes.

    35Ainsi, le 24 mars, passant complètement à côté du phénomène narbonnais, le procureur général Agniel télégraphie au ministère de la justice que « Perpignan pourrait être le point le plus dangereux du Languedoc-Roussillon »59.

    36À la nouvelle de la proclamation de la Commune de Narbonne, les républicains perpignanais sont divisés sur la position à adopter. Des liens sont établis avec Narbonne60. Le 26 mars, des républicains de toute tendance se réunissent secrètement au siège du journal républicain modéré L’ Indépendant, et décident d’ adhérer le lendemain « au gouvernement parisien », c’est-à-dire d’annoncer au préfet Jousserandot le ralliement de la municipalité de Perpignan au mouvement communaliste. Mais les élus municipaux et les officiers de la Garde nationale qui avaient pris position pour une insurrection reviennent à ce moment-là sur leur décision, et la commission municipale (républicaine) refuse de proclamer la Commune, adoptant une position de conciliation61. Dès lors, les républicains avancés tentent une insurrection.

    37Elle a lieu en deux temps, le 27 mars 1871. Tout d’abord, de façon assez spontanée et assez folklorique : quelques hommes pistolet au poing pénètrent dans la mairie et font sonner le rappel aux armes, pendant que des complices sonnent le tocsin de la cathédrale Saint-Jean, afin d’attirer les habitants des communes voisines. Les tentatives pour s’emparer de la Loge et de la préfecture échouent. Les tirailleurs algériens (ou « turcos ») basés à Perpignan n’eurent qu’à apparaître pour disperser les insurgés62. Mais dans la soirée, deux cents gardes nationaux armés prennent en otage leur colonel, puis l’adjoint au maire, afin de leur faire proclamer la Commune. Pendant ce temps, un grand rassemblement se forme place de la Loge, traditionnel forum républicain ; la foule est haranguée, notamment par Henry Baccave, qui revenait de Narbonne. Mais là encore, l’intervention de la troupe des « turcos » suffit à disperser les Communards comme de simples manifestants. Le drapeau rouge, un instant arboré, est enlevé63.

    38Mais les sympathies communalistes restent puissantes à Perpignan, et l’importance de la force armée installée dans la ville ne doit pas faire croire à un désintérêt des républicains avancés par rapport à la Commune.

    Des soubresauts sporadiques et à retardement

    39Narbonne n’a reçu aucun soutien efficace. Pourtant, il ne faut pas conclure à l’indifférence : l’inertie n’a pas été le lot de tous. Il est vrai que dans l’arrondissement de Narbonne, des bastions de militants républicains, comme Lézignan ou Argeliers, n’ont pas bougé d’un pouce pour soutenir leur chef-lieu. Par contre, de nombreux villes et villages des environs de Narbonne ont pris les armes pour soutenir qui Narbonne, qui Paris. Leur soutien a été trop tardif pour être efficace, et souvent plus sentimental qu’organisé ; mais il a existé, prouvant que Narbonne n’était pas, comme on l’a trop souvent dit, « entourée de campagnes hostiles ». En effet, considérer les campagnes comme un bloc homogène serait une grave erreur. S’il est vrai que les conservateurs dominent, il existe de micro-centres urbains, simples villages ou gros bourgs, qui sont de véritables foyers de la démocratie, par le militantisme dont font preuve certains de leurs habitants64.

    40Ainsi, on relève, le 30 mars 1871, un mouvement de soutien à la Commune à Chalabre (Aude)65. Le 16 avril, une véritable insurrection se produisit à Olonzac (Hérault) lorsque la gendarmerie fit arrêter sur la place publique un Communard narbonnais. Le prisonnier fut libéré par la foule et partit aussitôt pour Barcelone. Le lendemain soir, une petite armée (deux cents soldats, génie et hussards, plus une vingtaine de gendarmes) encercla Olonzac comme une place forte. Les troupes firent leur entrée dans Olonzac le 18 avril au matin. Vingt-cinq personnes furent arrêtées avec brutalité par les gendarmes, qui semblaient vouloir faire oublier la relaxe forcée du prisonnier communard, alors que les soldats assistaient à tout cela d’un œil morne et sans enthousiasme. Un luxe de précautions inimaginable fut déployé lors du transfert à Saint-Pons, car on craignait une manifestation de soutien66. Des condamnations disproportionnées furent prononcées67.

    41Dans les Pyrénées-Orientales, on relève de nombreuses traces de soulèvements. Le 27 mars, Prades avait répondu au soulèvement perpignanais68. Une situation insurrectionnelle s’est développée du 3 au 6 avril à Corneilla-la-Rivière : l’intervention personnelle du préfet est nécessaire pour ramener le calme69. Début avril, un drapeau rouge, puis un drapeau noir, sont hissés successivement sur la tour de Palalda70. Le 7 mai, des incidents ont lieu à Saint-Hippolyte71, puis le 10, à Pézilla-la-Rivière72.

    42Perpignan, après la victoire des républicains aux municipales du 30 avril, connut une nouvelle tentative de proclamation de la Commune, plus organisée que la précédente, mais qui avorta. Le conseil municipal devait passer la Garde nationale en revue le 2 mai. Des membres du conseil, complices d’officiers de la Garde nationale, pensaient proclamer la Commune pendant le défilé73. Ils se ravisèrent, mais la Garde nationale défila en scandant « Vive Paris ! Vive la Commune ! », clameurs que le maire et le conseil saluèrent en agitant leurs chapeaux74. La portée symbolique de cet acte est très forte, mais en fait, la municipalité garda une position de conciliation, comme la plupart des municipalités républicaines75. Alors que tombait l’Hôtel de Ville de Paris, dans la nuit du 26 au 27 mai, on placardait encore des affiches en faveur de la capitale à Perpignan76.

    43Foix, qui était longtemps restée calme, s’éveilla soudain, le 3 mai 1871, quand on apprit que les canons que détenait la préfecture de l’Ariège devaient partir pour Toulouse, visiblement afin de servir contre Paris77. Dans la soirée, un groupe de cinq à six cents personnes, selon la préfecture78, envahit la mairie, évacuée par tous ses occupants. Fiers de ce succès, ces fuxéens se dirigèrent vers la préfecture, désarmant le poste de garde, et envoyèrent une délégation au préfet pour demander des explications. L’ intervention de la troupe du 17ème de ligne et de la gendarmerie transforma l’émeute en combat. À coups de pierres, sans armes, les manifestants ne peuvent que se disperser79. Le préfet publiait le lendemain une proclamation menaçante, qui montrait surtout qu’il avait eu très peur80.

    44Nombreuses sont encore les manifestations de soutien à la Commune dans la région, qui, sauf exception, se produisent trop tardivement pour être utiles à la Commune de Narbonne. Ainsi, à Cuxac d’Aude ou à Bizanet dans l’Aude81, à Pézenas, Clermont, Lodève, Bédarieux, Riols ou Saint-Chinian dans l’Hérault82. Mais ces mouvements ne pouvaient être que ponctuels si les grandes villes ne bougeaient pas.

    L’inertie de Carcassonne, Béziers et Cette

    45L’apathie de Carcassonne, Béziers ou Cette, sans parler de celle de Montpellier ou de Foix, ni des échecs de Perpignan et Toulouse, fut très préjudiciable à l’avenir immédiat de la Commune de Narbonne. Car en plus de briser le rêve d’une insurrection dans tout le Midi, elle libéra des soldats en garnison dans ces villes, qui purent venir réprimer la Commune à Narbonne. Comment s’est-on trouvé dans une telle situation ?

    Carcassonne

    46La préfecture de l’Aude connaissait avant la Commune une activité démocratique qui n’avait rien à envier à Narbonne. L’élément le plus déterminant à Carcassonne semble en fait se trouver dans la position de Théophile Marcou, maire de la ville et rédacteur en chef de La Fraternité, chef de file incontesté du républicanisme de gauche dans le département de l’Aude. Apparemment tout dans ses engagements politiques faisait de lui un communard en puissance, consulté par tous comme un véritable professeur en révolution83. Il pensait que l’idée de la révolution était bonne, mais pas sous cet étendard, trop complexe à ses yeux et qui n’était pas non plus un « symbole adoré »84.

    47Mais il est trop souvent ignoré que Marcou, voyant que son ami Digeon avait réussi à neutraliser la garnison à Narbonne, pensa qu’il était de son devoir de ne pas laisser écraser la Commune de Narbonne par des troupes extérieures, et particulièrement venant de Carcassonne. Aussi convoqua-t-il le 27 mars les officiers de la Garde nationale pour leur proposer de suivre Narbonne et de proclamer la Commune85. Mais ceux-ci rejetèrent la proposition, avançant que cela nuirait au commerce86.

    48Dans la nuit du lundi 27 au mardi 28 mars, la préfecture, prévenue de la réunion de la journée, mit toutes ses troupes en état d’alerte, Carcassonne étant quadrillée de patrouilles87. Cette démonstration de force des autorités a certainement écrasé dans l’œuf toute velléité de révolte.

    49Il n’y avait donc pas eu de Commune à Carcassonne, qui pouvait servir de base de répression pour Narbonne, et d’ où partait un escadron du 7ème chasseurs88.

    Béziers et Cette

    50Selon Lissagaray, ces deux villes avaient envoyé à Narbonne des délégués qui promirent un soutien effectif89. Pourtant, il n’en fut rien. Le plus surprenant est que ces deux villes avaient tout pour être potentiellement communardes.

    51La situation à Béziers avant la Commune est en tous points comparable à celle de Narbonne : Béziers a voté « non » au plébiscite de 1870, et a voté majoritairement pour les républicains aux élections du 8 février 1871, alors que le département a élu les 8 candidats conservateurs90. Mais à la différence de Narbonne, si les républicains sont acquis à la cause de Paris, ils n’éprouvent pas le besoin de faire la révolution chez eux : les hommes du parti avancé sont déjà en place. Et beaucoup ne veulent pas risquer de perdre une position durement gagnée (une municipalité républicaine), sur un coup de dés révolutionnaire, en autoproclamant la Commune. Aussi seules des manifestations de soutien, pacifiques et purement symboliques, sont-elles possibles à Béziers. À la nouvelle de la proclamation de la Commune de Paris, Béziers organisa un comité révolutionnaire, composé d’activistes audacieux, qui ont la faveur des républicains radicaux91. Dès le 23 mars, un millier de personnes manifestent leur solidarité avec les Parisiens92. Mais ils ne demandent pas la proclamation de la Commune à Béziers. La ville est couverte d’affiches du comité révolutionnaire appelant à suivre Paris, que la municipalité laisse en place93. L’envoi de délégués à Narbonne ne semble avoir été dans ce cadre là qu’une manifestation symbolique de plus. L’armée, elle, avait fait afficher, pour prévenir toute insurrection, qu’elle était prête à défendre l’Assemblée Nationale de Versailles94. Les conservateurs ont très peur des « communeux » biterrois, mais l’activité de ceux-ci n’atteint son apogée qu’ après la chute de la Commune de Narbonne, qu’ils n’ont rien fait pour empêcher95. Les élections municipales du 30 avril 1871 seront un triomphe pour l’équipe municipale en place, réélue avec 70 % des suffrages96.

    52À Cette, le « non » au plébiscite du 8 mai 1870 l’emporte par plus de 72 % des suffrages : c’est un des scores les plus élevés de France97. L’effort de guerre fut exceptionnel à Cette, la ville est massivement républicaine. À la nouvelle de la Commune de Paris, la municipalité radicale de la ville sympathise avec les Parisiens98. Le 23 mars, mille deux cents personnes défilent dans les rues de la ville pour manifester leur soutien à Paris ; le drapeau rouge est hissé à la mairie, et le maire déclare ne pas reconnaître le gouvernement de Versailles99. Apparemment, la révolution est faite. Mais en fait, le phénomène est similaire à la situation de Béziers : ce soutien reste symbolique, il n’est que producteur de sens politiquement, et il aboutira finalement à une position de conciliation entre Versailles et Paris. Narbonne pouvait chuter. Les républicains de Cette la plaignaient, s’emportaient dans des discours virulents contre la réaction, mais ne lui apportaient aucun soutien concret.

    53Il semble bien que Béziers comme Cette aient adopté une position d’attente, espérant que Paris l’emporterait, et que la Commune serait le régime à venir de la France, mais ne prenant aucune initiative sérieuse pour assurer sa victoire.

    54Les cas de Carcassonne, Béziers, ou Cette, ne font finalement que mettre en valeur l’originalité et la spécificité du mouvement narbonnais. Les sentiments politiques généraux dans ces quatre villes sont sensiblement les mêmes. Mais les contentieux et l’organisation locale sont très différents. Cela ne fait qu’infirmer une fois de plus les thèses parisianistes : Narbonne s’est levée aux côtés de Paris, mais ne l’a pas suivie : il y existait une situation particulière propre à l’éclosion d’une Commune, qui n’existait pas dans les villes environnantes.

    Le délaissement de la presse régionale, même républicaine, et la désinformation préfectorale100

    55L’échec de l’extension de la Commune de Narbonne fut aussi dû à un jeu de diffusion des informations qui se déroula complètement en sa défaveur. Il ne s’agit pas ici de surestimer la capacité de mobilisation éventuelle des journaux régionaux : la réaction de chacun face à la Commune dépendait de convictions profondes, formées dans des réseaux de socialisation politique producteurs de visions du monde, d’instruments d’ appréhension de l’événement et d’intégration de celui-ci dans des schèmes préétablis qu’il est illusoire de penser pouvoir changer par une simple campagne de presse. Pourtant, on ne peut évacuer l’importance qu’a pu avoir la presse en tant que vecteur d’ information, quand bien même son pouvoir de conviction, d’injonction à prendre parti, eût été en la matière globalement négligeable101.

    56La Commune de Narbonne fut, bien sûr, victime de ses détracteurs, que ce soient les autorités ou les journaux conservateurs. Le préfet de l’Aude, tout d’abord, joua la carte de la désinformation, annonçant par une dépêche la chute de la Commune de Narbonne le 26 mars, alors qu’elle ne faisait que commencer102. La dépêche fut publiée sans discernement par la plupart des journaux régionaux, déstabilisant les éventuels soutiens à Narbonne. Les dépêches officielles de Thiers, ensuite, annoncent régulièrement que « l’ordre est partout rétabli », ou que « le plan d’insurger les grandes villes a complètement échoué ». Elles paraissent dans la plupart des journaux, mais il ne faut pas surestimer leur impact : les journaux républicains qui les passent dans leurs colonnes, ainsi que leurs lecteurs, savent à quoi s’en tenir103, et les conservateurs, s’ils y trouvent la prose rassurante qu’ ils attendent, s’inquiètent tout de même.

    57À cela s’ajoutent les campagnes réactionnaires des journaux conservateurs, affabulant sur les persécutions dont seraient victimes les « honnêtes gens », tout en minimisant constamment l’ampleur du mouvement narbonnais104. L’influence de cette propagande serait mineure si elle ne dépassait pas le cadre de lecteurs conservateurs qui sont, par définition, déjà farouchement opposés à la Commune. Mais le problème se complique lorsqu’on s’aperçoit que de nombreux journaux, moins marqués à droite, recopient les articles du très conservateur Courrier de l’Aude, à défaut d’autre information, et multiplient ainsi l’influence du journal, par l’extension à la fois de sa zone d’influence géographique, et de son champ d’action politique.

    58Mais dans la presse, le plus grand ennemi de la Commune de Narbonne sera l’indifférence de ceux qui auraient dû être des soutiens actifs. La presse républicaine locale est constamment tournée vers Paris, et néglige les événements locaux. Seule La Fraternité, de Carcassonne, journal de Marcou où Digeon avait été rédacteur, consacra des articles importants, positifs et engagés à Narbonne. Mais La Fraternité aurait pu mieux faire. Sauf le 29 mars, l’éditorial reste axé sur Paris et non sur Narbonne, qui est cantonnée à la « chronique départementale »105. Marcou défendait Digeon sans croire en sa réussite, ni dans le bien-fondé de l’ idée communaliste. Aussi son soutien s’apparente-t-il plus à un devoir moral vis-à-vis de son ami Digeon, ainsi qu’à un combat contre les calomnies de la presse conservatrice, qu’à un engagement dans un soutien sans concession.

    59C’est dans la presse républicaine de Montpellier que les désastres sont les plus importants pour l’extension de la Commune de Narbonne. Les seules nouvelles de Narbonne qui arrivent à Montpellier, et donc dans l’Hérault et le Gard, sont celles qu’apporte le conservateur Messager du Midi, qui lui, par contre, est très détaillé, disposant de tout un réseau de correspondants, hérités de sa position d’ancien journal de l’Empire106. La Liberté ignore les événements de Narbonne, et la rédaction des Droits de L’ Homme, reste essentiellement axée sur les événements de Paris. Quelques passages rendent compte des événements de Narbonne, toujours de façon positive. Mais ils sont trop peu nombreux pour que le lecteur montpelliérain se rende compte qu’il y a là un mouvement d’importance qu’il faut soutenir. De plus, la position d’Arthur Ballue comme de Jules Guesde n’est longtemps pas fixée. On hésite. On reste sur une position de conciliation entre Paris et Versailles. Arthur Ballue va même jusqu’à condamner nettement les Communes de Lyon, Marseille et Narbonne. Une telle attitude ne pouvait qu’étouffer les projets de soutien à Narbonne107. Ce n’est que le 11 avril que Jules Guesde choisira son camp, déclarant que la province doit se mettre aux côtés des Communards, sortir d’une « neutralité criminelle »108. La Commune de Narbonne, elle, était tombée depuis longtemps.

    60En Roussillon, L’ Indépendant des Pyrénées-Orientales, journal le plus à gauche, n’est pas favorable à la Commune, même s’il ne rejette pas le principe d’une plus grande autonomie communale, considérant que les libertés municipales sont de droit109 ; il renvoie dos à dos l’Assemblée de Versailles (fautive, responsable de la situation par son obstination) et les Communards (ces insurgés sont la honte de la France face aux Prussiens)110, adoptant une position de conciliation qui est en fait avant tout une position de retrait111. Il publie pourtant un compte rendu des événements de Narbonne extrait de La Fraternité112, mais après la chute de la Commune. En fait, c’est le manque d’information venant de Narbonne qui prédomine aux alentours de Perpignan.

    61La presse républicaine, qui aurait pu être le fer de lance de la propagation de la Commune de Narbonne dans la région, n’a pas joué ce rôle. Narbonne avait besoin d’une tribune pour faire connaître sa position, ses actes, ses projets. Elle ne l’a pas eue. Pis, loin de se battre, comme elle aurait pu le faire, pour la Commune de Narbonne113, la presse régionale n’a même pas joué son rôle de vecteur de l’information. La région entière s’interrogeait sur les événements de Paris. Privée de ce soutien écrit, Narbonne s’est trop souvent heurtée à l’indifférence, obstacle insurmontable qui ne pouvait que vouer à l’échec ses projets d’extension.

    62L’échec de l’extension de la Commune de Narbonne est donc le résultat de la combinaison de multiples facteurs. Parmi ceux-ci, les hésitations et les renoncements des républicains des villes environnantes à s’engager aux côtés de Narbonne viennent au premier plan, tout comme l’illusion de leur unité (issue de l’opposition à l’Empire, et qui masque les différences de sensibilités au sein du « camp républicain »), la difficile lisibilité du phénomène communaliste (dont l’observation mobilise toutes les attentions, mais essentiellement à partir du cas parisien), et, conséquemment, le peu d’écho qu’a pu rencontrer la Commune de Narbonne durant son existence éphémère114, ce dont témoigne l’indigence des informations transmises à son propos par la presse régionale dans son ensemble.

    63Narbonne restant isolée, les autorités civiles et militaires vont pouvoir faire converger sur elle des troupes venant de la plupart des grandes villes de la région : deux compagnies du génie de Montpellier, un escadron de chasseurs de Trèbes, deux cents tirailleurs algériens basés à Perpignan, le 17ème de ligne de Foix, et le 8ème bataillon de chasseurs de Toulouse, accompagné d’une puissante artillerie115. Cette véritable petite armée a pu être libérée des villes environnantes, où plus rien ne la retenait. Narbonne chutait quasiment sans combat, le rapport de force étant trop inégal.

    64L’extension a échoué, et avec elle la Commune de Narbonne, mais également le projet d’une insurrection méridionale, Marseille tombant peu après Narbonne. Ainsi, loin de soutenir Paris, le Midi allait servir de base arrière à Versailles : on transférait des troupes et du matériel vers Paris, et, le 13 avril, 4 000 hommes de l’armée d’Afrique pouvaient débarquer à Port-Vendres, à destination de Versailles116. L’échec de la Commune de Narbonne, très largement consécutif à l’inertie des centres urbains voisins, allait donc faciliter directement, plus d’un mois plus tard, l’écrasement sauvage de la Commune de Paris par les troupes versaillaises.

    Notes de bas de page

    1  Albert OLLIVIER, 1871 La Commune, Paris, Gallimard, 1939.

    2  AD 11, 11M104, « recensement 1866 » ; 11 M112 « recensement 1872 » ; AD 11, 2M348 (population lors des élections municipales du 30 avril 1871). Cf. Christopher E. GUTHRIE, Politicals conflicts and socio economic change in the city of Narbonne (Aude) : 1848-1871, Dekalb (Illinois), Ph. doctorate, Northern University, 1981 ; E. BERLINOIS, M. BOUDET et M.-R. COROMINA, Contribution à l’étude démographique [économique et sociale] de la ville de Narbonne de 1851 à 1871, maîtrise d’histoire contemporaine, Université Montpellier III (Paul Valéry), octobre 1975 ; Marc CÉSAR, La Commune de Narbonne, mémoire de maîtrise d’ histoire. Université de Perpignan, juin 1995, p. 19-22 pour un plus ample développement sur la situation démographique et économique de Narbonne à la veille de la Commune, et p. 296-297 pour des représentations graphiques de l’évolution démographique de Narbonne de 1791 à 1881 ou des populations comparées des villes de province qui connurent une Commune en 1871 (on peut également se reporter à la version publiée et réduite de ce travail : La Commune de Narbonne (mars 1871), Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, 1996, p. 21-24 [par la suite, nous renverrons ici d’abord à la version originale, puis, entre parenthèses, avec la date de publication, à la version publiée]).

    3  Jeanne GAILLARD, Communes de Provinces, Commune de Paris, Paris, Flammarion, 1971, p. 138, écrit à propos des ligues qu’ on leur « refuserait sans raison l’épithète de communaliste, car elles réunissaient déjà les caractéristiques essentielles de la Commune de Paris : gouvernement du peuple par le peuple, récusation des autorités constituées, décentralisation ».

    4  Jacques ROUGERIE, La Commune de 1871, Paris, P.U.F. (Q.S.J. n° 581), 2ème éd. 1992 (1ère éd. 1988), p. 30-32, emploie le terme de « Commune de Lyon ». Cf. également Maurice MOISSONNIER, La Première Internationale et la Commune à Lyon : 1865- 1871 : spontanéisme, complots et luttes réelles, Paris, éditions sociales, 1972 ; Maurice MOISSONNIER, « La Première Internationale et la Commune à Lyon », Nouvelle Critique, octobre 1964 ; Arthur LEHNING, « Michel Bakounine, théorie et pratique du fédéralisme anti-étatique en 1870-1871 », Jalons pour une histoire de la Commune (Jacques ROUGERIE dir.), Paris, PUF, 1973 (en particulier sur le 28 septembre 1870 à Lyon : p. 463-466) ; Julian P. W. ARCHER, The first international and the Lyon revolutionnary movement, 1864-1870, Ph. Doctorale, University of Wisconsin, 1970.

    5  La Fraternité, 28 septembre 1870.

    6  Ibid.

    7  Extrait du Progrès de Lyon, 23 septembre 1870, in La Fraternité, 28 septembre 1870.

    8  Ibid.

    9  La Fraternité, 8 octobre 1870.

    10  Jeanne GAILLARD, op. cit., p. 37. Treize départements ont adhéré.

    11  11La Fraternité, 5 octobre 1870.

    12  La Fraternité, 1er octobre 1870.

    13  Jacques ROUGER1E, op. cit., p. 35.

    14  La Fraternité, 26 octobre 1870.

    15  La Fraternité, 9 novembre, 16 novembre 1870 ; extrait de L’émancipation, in La Fraternité, 12 novembre 1870.

    16  Ibid.

    17  II est publié intégralement dans La Fraternité, 23 novembre 1870 (cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 102-103 (n.)).

    18  Ibid. Marcou était vice-président, et E. Digeon et C. Marserou, assesseurs.

    19  La Fraternité, 23 novembre 1870 : Royannez, Marcou et Combarieu.

    20  La Fraternité, 3 décembre 1870. Le récit de Marcou est un éreintement de Gambetta, « jaloux de garder seul le pouvoir qu’il avait pris (...), dictateur (...) ».

    21  Des délégués de Haute-Vienne vont adhérer (La Fraternité, 21 décembre 1870).

    22  La Fraternité, 14, 21 et 28 décembre 1870 ; 7, 14 et 28 janvier 1871.

    23  Appelé depuis peu « club de la révolution », le club Lamourguier était une organisation politique de masse, formée de républicains intransigeants, et dont les réunions, peu avant la Commune, pouvaient rassembler plus de 2 000 personnes. À la fois lieu de sociabilité et de socialisation politique, c’est l’ossature indispensable à un mouvement révolutionnaire sérieux. C’est lui qui réunit, organise, motive, bref, c’est en son sein que se forme l’opinion républicaine avancée de Narbonne.

    24  On retrouve des traces de correspondance entre Digeon et Garibaldi (La Fraternité, 8 octobre 1870).

    25  Cf. « Interrogatoire de Digeon », Cour d’Assises de l’Aveyron, Proclamation de la Commune à Narbonne, compte rendu sténographique du procès Émile Digeon et ses 31 co-accusés, Toulouse, imprimerie L. Lupiac et Cie, 1871 (version publiée du compte rendu original dactylographié, Rodez, 1871), p. 27 (nous le noterons dorénavant « Compte rendu du Procès » ). Notons que Digeon avait su se poser en homme de la situation, en recours, donc en position favorable pour être « invité ».

    26  Cf. Bernard VOYENNE, Histoire de l’idée fédéraliste, vol. 2, Le fédéralisme de P.-J. Proudhon, Paris-Nice, Presses d’Europe, 1973. Proudhon comprend l’ État fédéral comme une société non hiérarchisée formée de groupes autonomes. Les Communards narbonnais, eux, considèrent que Paris reste capitale d’une fédération de communes autonomes : il y donc hiérarchisation.

    27  Jacques ROUGERIE, op. cit., p. 14.

    28  Cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 225-226 (1996, p. 220-221).

    29  Ibid. Le Progrès de l’Aveyron, 5 mai 1871.

    30  Jacques ROUGERIE, op. cit., p. 31 et 105.

    31  Déposition du lieutenant-colonel Vilar, Compte rendu du procès, op. cit., p. 49.

    32  Colonel E. PERROSSIER, La Commune de 1871 à Narbonne, Tulle, imprimerie de J. Mazeyrie, 1900, p. 10.

    33  Prosper NEGRE, Une Voix de Prison (relation de 8 jours de tumultes à Narbonne, transportation et détention à Rodez des inculpés en cette affaire, acte d’accusation et jugement), Rodez, 1871, p. 34 ; Compte rendu du procès, op. cit., p. 8 (acte d’accusation), et p. 53 (déposition de Viennet) ; Marc CESAR [1995], op. cit., p. 56 (1996, p. 62).

    34  Colonel E. PERROSSIER, op. cit., p. 10-11 ; C.-E. GUTHRIE, op. cit., p. 365.

    35  Dépositions diverses des militaires, et en particulier celle de Blondlat, capitaine au 52eme de ligne, Compte rendu du procès, op. cit., p. 64.

    36  Ibid. Prosper NÈGRE, op. cit., p. 35 ; Colonel E. PERROSSIER, op. cit., p. 11 ; La Fraternité, 29 mars 1871 ; Messager du Midi, 26 mars 1871.

    37  Prosper NÈGRE, op. cit., p. 36.

    38  Colonel E. PERROSSIER, op. cit., p. 10-11. Parmi les représentations des insurrections qu’avaient alors les conservateurs, la métaphore du corps et de sa dégénérescence, et surtout l’idée d’une « contagion du mal « étaient des acceptions courantes et spontanées que théoriseront à la fin du siècle Gustave LE BON (Psychologie des foules, Paris, F. Alcan, 1895 [rééd. PUF, coll. Quadrige, 1991]) et Gabriel TARDE (L’opinion et la foule, Paris, F. Alcan, 1901 [Les œuvres de Tarde ont été rééditées récemment, mais la réédition ne comprend pas pour l’instant cet opus ; cf. Oeuvres de Gabriel Tarde, Le Plessis-Robinson (Essonne), Institut Synthélabo pour le progrès de la connaissance, 1999]).

    39  Le 28 mars, l’attaque de l’arsenal portait à 250 le nombre des soldats insurgés. Il ne devait pas en venir davantage (chiffre donné par Prosper NÈGRE, op. cit., p. 39).

    40  On remarque qu’en fait, tout est une question de vitesse : la révolution devait se propager aux villes environnantes en moins de temps qu’il n’en fallait aux autorités pour réunir une force de répression.

    41  AD 12, 2U, Dossier du procès de la Commune de Narbonne, pièces nos 42, 30 et 60 (dépêches télégraphiques).

    42  AD 12, 2U, Dossier du procès de la Commune de Narbonne, pièce n° 66.

    43  Ibid. Dans le même dossier, on trouve le n° 95 et d’autres pièces non numérotées à ce sujet, traces d’une vive polémique avec Digeon, dont l’autorité est bafouée. Le chef du télégraphe avait-il coupé son fil, comme le dit Perrossier ? (Colonel E. PERROSSIER, op. cit, p. 11).

    44  Eugène GONDRES et Émile DIGEON, op. cit., p. 16-17.

    45  Ibid., p. 17.

    46  Ibid.

    47  Pour Prosper NÈGRE (op. cit., p. 38), ces délégués « venaient plutôt pour voir que pour autre chose ». Mais ne conclut-il pas un peu vite après avoir constaté après coup le manque de soutiens effectifs reçus par la Commune de Narbonne ?

    48  Eugène GONDRES et Émile DIGEON, op. cit., p. 17.

    49  C’est du moins ce qu’affirme Prosper-Olivier LISSAGARAY (Histoire de la Commune de 1871, Paris, La Découverte, réed. 1990 (première éd. 1876, deuxième éd. 1896), p. 172) : « Béziers, Perpignan, Cette lui avaient fait promettre leur appui » .

    50  Cf. infra, « L’inertie de Carcassonne, Béziers et Cette » .

    51  Eugène GONDRES et Émile DIGEON, op. cit., p. 19.

    52  Audition d’Adolphe Viennet, receveur des finances. Compte rendu du procès, op. cit., p. 54 ; réquisitoire, idem, p. 124.

    53  La seule source sur Coursan est le Messager du Midi du 31 mars 1871.

    54  Ce flou dans la perception de l’événement présent a permis la plurisémie des interprétations de la Commune par la suite. C’est aussi par la diversité des projections de sens réalisées dans l’appréhension de l’événement dans l’instant que la Commune est devenue par la suite un objet central d’exacerbation de positions et de clivages dans la vie politique française, chacun, groupe ou individu, s’engageant, en certaines occasions, dans des luttes pour l’imposition d’un sens tenu pour univoque. Le travail de construction du sens entrepris autour de la Commune sera particulièrement important, tellement que, difficilement appréhendable pour les contemporains dans l’instant, la Commune sera par la suite constamment réactivée, à l’occasion de divers événements, comme productrice de sens : c’était elle, devenue référence maîtrisée, qui devait permettre l’appréhension des événements en question (cf. Marc CÉSAR, « Les Amis de la Commune de Paris-1871 » en 1997 : sociologie d’une association atypique, mémoire de DEA de sociologie politique (département de science politique), Université Paris I, septembre 1997, uniquement pour les premières pages de l’introduction (p. 4-8) et pour le premier chapitre, « La Commune, événement sursignifié « (p. 28-69)).

    55  On peut bien sûr trouver des précédents à l’idée de Commune, mais il y a bien en 1871 quelque chose de neuf. Cela n’empêche pas que cette nouveauté s’inscrive dans une filiation quarante-huitarde, dans laquelle la revendication principale des Communards est la sauvegarde de la « vraie » République, c’est-à-dire de la République démocratique et sociale.

    56  Nous abordons ici la question de la situation de Perpignan sous l’angle narbonnais. Le travail de Jérôme QUARETTI sur Le mouvement communaliste et le Roussillon (1871- 1880) (mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Perpignan, septembre 1997) fait le point sur l’échec des « Rouges » dans leur tentative de proclamer la Commune à Perpignan, et met en perspective l’attitude de la population perpignanaise et celle de l’ensemble du département des Pyrénées-Orientales par rapport aux événements parisiens.

    57  Danièle SOLER, La vie politique dans les Pyrénées-Orientales de 1871 à 1914, mémoire de maîtrise, Montpellier, Université Paul Valéry, 1977.

    58  Jean SAGNES dir.. Le pays Catalan, t. II, Pau, SNERD, 1985, p. 737 ; Étienne FRÉNAY, « La Commune dans notre département ». Le Travailleur catalan, 26 mars 1971 ; Colonel E. PERROSSIER, op. cit., p. 5.

    59  Étienne FRÉNAY, art. cit.

    60  Ibid. ; cf. également notice « Baccave Henry », Dictionnaire biographique du Mouvement Ouvrier Français, (Jean MAITRON dir.), 2ème partie, 1864-1871, tome IV.

    61  Jérôme QUARETTI, « Perpignan la Rouge (1789-1880) », in Louis ASSIER-ANDRIEU et Raymond SALA dir., La cité des paradoxes. Regards croisés sur Perpignan (à paraître).

    62  Journal des Pyrénées-Orientales, 28 mars 1871 ; Messager du Midi, 1er avril 1871 ; Étienne FRÉNAY, art. cit.

    63  Étienne FRÉNAY, « La Commune dans notre département », deuxième partie. Le Travailleur catalan, 2 avril 1971, p. 10.

    64  L’objet n’est pas ici d’étudier les formes de la politisation de ces « micro-centres », cela dépasserait le cadre de cet article. Mais on ne peut passer sous silence l’importance du champ de recherche qui s’est créé autour de la politisation des campagnes françaises du XIXe siècle. Nous renverrons donc aux travaux devenus aujourd’hui des classiques de Maurice AGULHON sur le Var (La République au village. Les populations du Var de la Révolution à la IIème République, Paris, Seuil, 1979) ou d’Eugen WEBER (Peasants into Frenchmen, Stanford University Press, 1972 ; traduit en français sous le titre La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale 1870-1914, Paris, Fayard, 1983), et, plus récemment, à ceux de Pierre GOUJON (Le vigneron-citoyen. Mâconnais et Chalonnais (1848-1914), Paris, éditions du C.T.H.S., 1993), de Peter MAC PHEE (Les semailles de la République dans les Pyrénées-Orientales 1846-1852, Perpignan, Publications de l’Olivier, 1996) ou de Jean-Louis BRIQUET dans sa socio-histoire du phénomène clientélaire en Corse de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours (La tradition en mouvement, Clientélisme et politique en Corse, Paris, Belin, 1997). Tous ces auteurs, sur des terrains divers, ont des approches qui parfois se recoupent mais sont souvent divergentes : « politisation par imprégnation », « politisation par le bas », « politisation par le haut », « politisation par implication « sont autant d’expressions qui, sous la plume de chacun d’entre eux, cherchent à reconstituer le « miroir brisé « de la politisation dont parle Maurice AGULHON. L’importance des mécanismes locaux d’appropriation, de la spécificité des contextes locaux dans lequel s’insère (ou prend corps, selon les visions) le processus de politisation, l’absence de synchronisation de ces appropriations sur l’ensemble du territoire doivent nous mettre en garde contre toute généralisation hâtive en ce qui concerne les villages environnant Narbonne. On renverra donc plus précisément, pour le département de l’Aude, aux remarquables travaux de Christian THIBON (Pays de Sault. Les Pyrénées audoises au XIXe siècle. Les villages et l’État, Paris, éd. du C.N.R.S., 1988), travaux qui toutefois ne concernent pas les environs immédiats de Narbonne, et décrivent une situation très différente de ceux-ci (mais la situation de Chalabre, dans le Haut-Razès, en est assez proche), et à ceux un peu rapides de Laura LÉVINE FRADER sur le narbonnais et Coursan (Peasants and protest : agricultural workers, politics and unions in the Aude, 1850-1914, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1991, plus particulièrement le deuxième chapitre, « protourbanization of the countryside, culture and politics in the golden age of the wine », p. 39-59). On peut souligner l’importance, dans la politisation de ces villages audois, de 1848, et, surtout peut-être, de la résistance au coup d’ État de 1851 qui, bien que timide dans l’Aude, fut sévèrement réprimée (cf. Jean RAFFANEL, « Le mouvement républicain dans les campagnes audoises sous la Seconde République (février 1848 – décembre 1851) », Bulletin de la Société d’ Études Scientifiques de l’Aude ; tome XCVIII, 1998, p. 135-141 ; Claude MARQUIÉ et Jean RAFFANEL, « La répression dans l’Aude après le coup d’ État du 2 décembre 1851 « actes du colloque De la révolution au coup d’État (1848-1851) : la répercussion des événements parisiens en Languedoc et dans l’espace méditerranéen. Centre d’Histoire Contemporaine du Languedoc Méditerranéen et du Roussillon, Université Paul Valéry Montpellier III, à paraître). On rejoint donc ici une partie des conclusions présentées pour le Gard par Raymond Huard dans le présent recueil (cf. également Raymond HUARD, Le mouvement républicain en Bas-Languedoc, 1848-1881, Paris, Presses de la F.N.S.P., 1982 ; et, du même auteur, pour un aperçu plus rapide, « Aux origines d’un thème républicain, la défense de la République, la riposte au coup d’ État de 1851 dans le Gard », La République en Languedoc et Roussillon 1792-1958, actes du colloque de Nîmes des 4 et 5 septembre 1992, Nîmes, Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes, 1993, p. 213-227).

    65  Rapport de gendarmerie du 31 mars 1871 (AD 11, 5M51). Notons que Chalabre avait été le seul village (et la seule ville) du département de l’Aude à se soulever contre le coup d’ État de 1851, des républicains s’étant emparés de la mairie (cf. Jean RAFFANEL, art. cit., p. 140).

    66  Les Droits de L’Homme, 23 avril 1871.

    67  Les Droits de L’Homme, 21 mai 1871.

    68  Étienne FRÉNAY, art. cit., 2 avril 1971.

    69  Ibid. Rapport du préfet Jousserandot au ministre de l’Intérieur du 7 avril 1871, cité par Jérôme QUARETTI, op. cit., p. 54-57.

    70  Ibid.

    71  Le Roussillon, 13 mai 1871.

    72  Ibid. ; Journal des Pyrénées-Orientales, 12 mai 1871 ; L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 12 mai 1871 , Le Roussillon, 16 mai 1871.

    73  Frédéric ESCANYÉ, « Le 4 septembre 1870 à Perpignan « (lettre à La Revue des Deux Mondes), La Veu del Canigo, 5 septembre 1911, p. 267.

    74  Ibid. Messager du Midi, 23 mai 1871.

    75  Frédéric ESCANYÉ, art. cit., p. 267-268.

    76  Étienne FRÉNAY, art. cit., 2 avril 1971.

    77  Extrait du Journal de Toulouse, Messager du Midi, 8 mai 1871 ; Messager du Midi, 9 mai 1871.

    78  Extrait de L’ Ariégeois, Messager du Midi, 9 mai 1871. On peut donc facilement doubler ce chiffre.

    79  Extrait de L’Ariégeois, Messager du Midi, 9 mai 1871. Extrait du Journal de Toulouse, Messager du Midi, 8 mai 1871.

    80  Extrait de L’Ariégeois, Messager du Midi, 9 mai 1871.

    81  AD11, 5M51, « Pétition de la Commune de Cuxac d’Aude à messieurs les membres de l’Assemblée Nationale « ; La Fraternité, 10 mai 1871.

    82  Jean SAGNES, « Les hésitations du socialisme au lendemain de la Commune de Paris : anarchistes, fédéralistes et guésdistes dans l’Hérault », in Le Midi Rouge, mythe et réalité, Études d’histoire occitane, Paris, Anthropos, 1982, p. 60.

    83  Proscrit en 1851 après le 2 décembre, il fut ensuite expulsé d’Espagne en août 1867 car il passait pour être le « chef des démocrates français de Barcelone », un « correspondant du parti mazzinien » et pour « donner des leçons théoriques de révolution « dans des « cafés suspects » où il « professait l’art de construire des barricades » (AD 11, 5M51). Par la suite, il s’engagea dans la préparation du rétablissement de la République, puis contre Gambetta qu’il jugeait modéré, dans la ligue du Sud-Ouest, et se fit applaudir au club de la révolution de Narbonne en janvier 1871. En février, Gambetta radicalisé, Marcou et Digeon figurent sur la même liste aux législatives dans le département de l’Aude. Mais cela ne signifie en rien que leurs positions aient été exactement similaires : à bien lire les colonnes de La Fraternité, on s’aperçoit de la différence de ton entre Marcou et Digeon, deux de ses rédacteurs (cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 113-114 (1996, p. 115)).

    84  La Fraternité, 1er avril 1871. Cette position de Marcou sera très critiquée, et Lissagaray le stigmatisera par cet anathème : « le Brutus de Carcassonne « (P.-O. LISSAGARAY, op. cit., p. 195). Sur le problème de la lisibilité de l’événement, cf. supra à propos de Coursan.

    85  La Fraternité, 29 mars 1871 ; Armand DE LACOUR, Au pilori ! Marcou communard ! (recueil d’articles parus dans Le Ralliement de l’Aude, journal bonapartiste dont A. DE LACOUR est le rédacteur en chef), Carcassonne, imprimerie de F. Pomiès, s. d. [par déduction, 1877], Sur les problèmes qui se posent par rapport aux sources sur ce passage, cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 114-115, en particulier les notes 100 et 102 (1996, p. 116 note 1).

    86  Armand DE LACOUR, op. cit., p. 8-10.

    87  La Fraternité, 29 mars 1871.

    88  Extrait du Bon Sens, Le Courrier de l’Aude, 2 avril 1871.

    89  P.-O. LISSAGARAY, op. cit., p. 172.

    90  Jean SAGNES dir., Histoire de Béziers, Toulouse, Privat, 1986, p. 262.

    91  Messager du Midi, 13 avril 1871.

    92  Jean SAGNES, art. cit., p. 60.

    93  Messager du Midi. 13 avril 1871.

    94  Ibid.

    95  Messager du Midi, 20 avril 1871 ; 23 avril 1871.

    96  Jean SAGNES dir., Histoire de Béziers, op. cit., p. 262 ; Messager du Midi, 6 mai 1871.

    97  Jean SAGNES dir., Histoire de Sète, Toulouse, Privat, 1987, p. 209.

    98  Ibid., p. 211.

    99  Ibid. ; Jean SAGNES, art. cit., p. 60.

    100  Pour un plus ample développement, tant spatialement que chronologiquement sur ce point, on peut se reporter à Marc CÉSAR, « La presse régionale face à la Commune de Narbonne (mars 1871) », Bulletin de la Société d’Études Scientifiques de l’Aude, tome XCVI, 1996, p. 165-180.

    101  Ici se pose la question du tirage de ces journaux. En effet, nous nous situons avant l’apparition des feuilles à 5 centimes, et l’achat de la presse, assez onéreux, limite son tirage (par ailleurs également réduit très souvent à trois parutions par semaine à la suite de dispositions fiscales et législatives contraignantes). Ainsi, le quotidien régional Messager du Midi, de loin le plus diffusé, car disposant de ses positions d’ancien journal de l’Empire, ne tirait-il en 1869 qu’à 6 000 exemplaires, tirage qui n’avait pas beaucoup évolué jusqu’à la période qui nous intéresse. En 1871, La Liberté, quotidien républicain de Montpellier, diffusé régionalement, ne tire lui qu’à 2 000 exemplaires. On est encore très loin des 90 000 exemplaires du Petit Méridional en 1880 ! (c/. Roland ANDRÉANI, La presse quotidienne à Montpellier des origines à 1944, thèse pour le doctorat ès lettres, Université de Toulouse le Mirail, 1989 (1278 p., 3 vol.)). Mais ce faible tirage ne doit pas faire trop vite conclure à une influence négligeable de ces journaux tant dans la diffusion de l’information que dans la politisation des villes et campagnes audoises : car, essentiellement vendus par abonnements, ils s’adressent à des leaders d’opinion qui démultiplient leur influence. Le même journal circule, est lu par plusieurs personnes, et est surtout abondamment commenté dans tous les lieux de réunion, de convivialité et de sociabilité tels les cafés. Ainsi, des villages pouvaient ne compter qu’un seul abonné à un journal républicain sans que cela altère aucunement la pertinence de la problématique de la diffusion de l’information par la presse : car la publicité (au sens de Jürgen Habermas) du journal ne fait aucun doute.

    102  Messager du Midi, 27 mars 1871 ; La Liberté, 28 mars 1871 (et dans la plupart des autres journaux régionaux).

    103  Ces dépêches paraissent dans le Journal Officiel de la République Française (de Versailles), et paraissent ensuite dans la plupart des journaux régionaux.

    104  Le Roussillon, de loin l’organe le plus réactionnaire de la région, se contenta de publier la fausse dépêche du préfet, tout en disant lui laisser l’entière responsabilité de cette nouvelle, puis ne publia pas d’autre information sur la Commune de Narbonne jusqu’à ce qu’elle soit tombée (cf. Marc CÉSAR, art. cit, p. 167 et 175-177 ; sur Le Roussillon, voir également l’article de Jérôme QUARETTI, « Le Roussillon, journal royaliste et la Commune », dans le présent volume).

    105  La Fraternité, 29 mars 1871.

    106  Cf. collection du Messager du Midi, mars-avril 1871 ; Roland ANDRÉANI, op. cit., p. 473-546 et 620-635.

    107  Jean SAGNES, art. cit., p. 61.

    108  Les Droits de L’Homme, 11 avril 1871.

    109  Jérôme QUARETTI, « L’idée d’autonomie communale en 1871 : l’exemple des Pyrénées-Orientales », in Louis ASSIER-ANDRIEU et Raymond SALA dir., La ville et les pouvoirs, Perpignan, ICRESS / Presses Universitaires de Perpignan, 2000, p. 495- 496.

    110  Ces thèmes reviennent fréquemment dans L’ Indépendant des Pyrénées-Orientales des 29 mars, 1er et 5 avril 1871.

    111  On lit ainsi dans L’ Indépendant des Pyrénées-Orientales du 5 avril 1871, donc très peu de temps après la chute de la Commune de Narbonne, ce cri d’un éditorialiste manquant visiblement de repères : « Et pas une grande voie ne s’élève qui nous indique notre route. Que font donc en ce moment les députés de Paris et les députés de la gauche ! Est-ce qu’il est trop tard déjà pour obtenir une conciliation, pour obtenir du gouvernement qu’il fasse droit aux légitimes exigences de Paris, pour obtenir de Paris qu’il sache modérer ses désirs en fonction des circonstances ? »

    112  L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 1er avril 1871.

    113  Que cela ait ou non une influence (cf. supra sur l’efficacité exagérée souvent attribuée aux campagnes de presse).

    114  À la différence du procès des Communards de Narbonne qui, en novembre 1871 à Rodez, mobilisa la région entière (cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 160-191 (1996, p. 155- 183)).

    115  Soit un total de près de 1 000 hommes, sans compter la garnison du 52ème de ligne qui restera enfermée dans sa caserne jusqu’à la fin complète de la Commune.

    116  Les Droits de L’Homme, 15 avril 1871.

    Auteur

    Marc César

    Professeur d’histoire géographie.

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    Table des matières

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    1  Albert OLLIVIER, 1871 La Commune, Paris, Gallimard, 1939.

    2  AD 11, 11M104, « recensement 1866 » ; 11 M112 « recensement 1872 » ; AD 11, 2M348 (population lors des élections municipales du 30 avril 1871). Cf. Christopher E. GUTHRIE, Politicals conflicts and socio economic change in the city of Narbonne (Aude) : 1848-1871, Dekalb (Illinois), Ph. doctorate, Northern University, 1981 ; E. BERLINOIS, M. BOUDET et M.-R. COROMINA, Contribution à l’étude démographique [économique et sociale] de la ville de Narbonne de 1851 à 1871, maîtrise d’histoire contemporaine, Université Montpellier III (Paul Valéry), octobre 1975 ; Marc CÉSAR, La Commune de Narbonne, mémoire de maîtrise d’ histoire. Université de Perpignan, juin 1995, p. 19-22 pour un plus ample développement sur la situation démographique et économique de Narbonne à la veille de la Commune, et p. 296-297 pour des représentations graphiques de l’évolution démographique de Narbonne de 1791 à 1881 ou des populations comparées des villes de province qui connurent une Commune en 1871 (on peut également se reporter à la version publiée et réduite de ce travail : La Commune de Narbonne (mars 1871), Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, 1996, p. 21-24 [par la suite, nous renverrons ici d’abord à la version originale, puis, entre parenthèses, avec la date de publication, à la version publiée]).

    3  Jeanne GAILLARD, Communes de Provinces, Commune de Paris, Paris, Flammarion, 1971, p. 138, écrit à propos des ligues qu’ on leur « refuserait sans raison l’épithète de communaliste, car elles réunissaient déjà les caractéristiques essentielles de la Commune de Paris : gouvernement du peuple par le peuple, récusation des autorités constituées, décentralisation ».

    4  Jacques ROUGERIE, La Commune de 1871, Paris, P.U.F. (Q.S.J. n° 581), 2ème éd. 1992 (1ère éd. 1988), p. 30-32, emploie le terme de « Commune de Lyon ». Cf. également Maurice MOISSONNIER, La Première Internationale et la Commune à Lyon : 1865- 1871 : spontanéisme, complots et luttes réelles, Paris, éditions sociales, 1972 ; Maurice MOISSONNIER, « La Première Internationale et la Commune à Lyon », Nouvelle Critique, octobre 1964 ; Arthur LEHNING, « Michel Bakounine, théorie et pratique du fédéralisme anti-étatique en 1870-1871 », Jalons pour une histoire de la Commune (Jacques ROUGERIE dir.), Paris, PUF, 1973 (en particulier sur le 28 septembre 1870 à Lyon : p. 463-466) ; Julian P. W. ARCHER, The first international and the Lyon revolutionnary movement, 1864-1870, Ph. Doctorale, University of Wisconsin, 1970.

    5  La Fraternité, 28 septembre 1870.

    6  Ibid.

    7  Extrait du Progrès de Lyon, 23 septembre 1870, in La Fraternité, 28 septembre 1870.

    8  Ibid.

    9  La Fraternité, 8 octobre 1870.

    10  Jeanne GAILLARD, op. cit., p. 37. Treize départements ont adhéré.

    11  11La Fraternité, 5 octobre 1870.

    12  La Fraternité, 1er octobre 1870.

    13  Jacques ROUGER1E, op. cit., p. 35.

    14  La Fraternité, 26 octobre 1870.

    15  La Fraternité, 9 novembre, 16 novembre 1870 ; extrait de L’émancipation, in La Fraternité, 12 novembre 1870.

    16  Ibid.

    17  II est publié intégralement dans La Fraternité, 23 novembre 1870 (cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 102-103 (n.)).

    18  Ibid. Marcou était vice-président, et E. Digeon et C. Marserou, assesseurs.

    19  La Fraternité, 23 novembre 1870 : Royannez, Marcou et Combarieu.

    20  La Fraternité, 3 décembre 1870. Le récit de Marcou est un éreintement de Gambetta, « jaloux de garder seul le pouvoir qu’il avait pris (...), dictateur (...) ».

    21  Des délégués de Haute-Vienne vont adhérer (La Fraternité, 21 décembre 1870).

    22  La Fraternité, 14, 21 et 28 décembre 1870 ; 7, 14 et 28 janvier 1871.

    23  Appelé depuis peu « club de la révolution », le club Lamourguier était une organisation politique de masse, formée de républicains intransigeants, et dont les réunions, peu avant la Commune, pouvaient rassembler plus de 2 000 personnes. À la fois lieu de sociabilité et de socialisation politique, c’est l’ossature indispensable à un mouvement révolutionnaire sérieux. C’est lui qui réunit, organise, motive, bref, c’est en son sein que se forme l’opinion républicaine avancée de Narbonne.

    24  On retrouve des traces de correspondance entre Digeon et Garibaldi (La Fraternité, 8 octobre 1870).

    25  Cf. « Interrogatoire de Digeon », Cour d’Assises de l’Aveyron, Proclamation de la Commune à Narbonne, compte rendu sténographique du procès Émile Digeon et ses 31 co-accusés, Toulouse, imprimerie L. Lupiac et Cie, 1871 (version publiée du compte rendu original dactylographié, Rodez, 1871), p. 27 (nous le noterons dorénavant « Compte rendu du Procès » ). Notons que Digeon avait su se poser en homme de la situation, en recours, donc en position favorable pour être « invité ».

    26  Cf. Bernard VOYENNE, Histoire de l’idée fédéraliste, vol. 2, Le fédéralisme de P.-J. Proudhon, Paris-Nice, Presses d’Europe, 1973. Proudhon comprend l’ État fédéral comme une société non hiérarchisée formée de groupes autonomes. Les Communards narbonnais, eux, considèrent que Paris reste capitale d’une fédération de communes autonomes : il y donc hiérarchisation.

    27  Jacques ROUGERIE, op. cit., p. 14.

    28  Cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 225-226 (1996, p. 220-221).

    29  Ibid. Le Progrès de l’Aveyron, 5 mai 1871.

    30  Jacques ROUGERIE, op. cit., p. 31 et 105.

    31  Déposition du lieutenant-colonel Vilar, Compte rendu du procès, op. cit., p. 49.

    32  Colonel E. PERROSSIER, La Commune de 1871 à Narbonne, Tulle, imprimerie de J. Mazeyrie, 1900, p. 10.

    33  Prosper NEGRE, Une Voix de Prison (relation de 8 jours de tumultes à Narbonne, transportation et détention à Rodez des inculpés en cette affaire, acte d’accusation et jugement), Rodez, 1871, p. 34 ; Compte rendu du procès, op. cit., p. 8 (acte d’accusation), et p. 53 (déposition de Viennet) ; Marc CESAR [1995], op. cit., p. 56 (1996, p. 62).

    34  Colonel E. PERROSSIER, op. cit., p. 10-11 ; C.-E. GUTHRIE, op. cit., p. 365.

    35  Dépositions diverses des militaires, et en particulier celle de Blondlat, capitaine au 52eme de ligne, Compte rendu du procès, op. cit., p. 64.

    36  Ibid. Prosper NÈGRE, op. cit., p. 35 ; Colonel E. PERROSSIER, op. cit., p. 11 ; La Fraternité, 29 mars 1871 ; Messager du Midi, 26 mars 1871.

    37  Prosper NÈGRE, op. cit., p. 36.

    38  Colonel E. PERROSSIER, op. cit., p. 10-11. Parmi les représentations des insurrections qu’avaient alors les conservateurs, la métaphore du corps et de sa dégénérescence, et surtout l’idée d’une « contagion du mal « étaient des acceptions courantes et spontanées que théoriseront à la fin du siècle Gustave LE BON (Psychologie des foules, Paris, F. Alcan, 1895 [rééd. PUF, coll. Quadrige, 1991]) et Gabriel TARDE (L’opinion et la foule, Paris, F. Alcan, 1901 [Les œuvres de Tarde ont été rééditées récemment, mais la réédition ne comprend pas pour l’instant cet opus ; cf. Oeuvres de Gabriel Tarde, Le Plessis-Robinson (Essonne), Institut Synthélabo pour le progrès de la connaissance, 1999]).

    39  Le 28 mars, l’attaque de l’arsenal portait à 250 le nombre des soldats insurgés. Il ne devait pas en venir davantage (chiffre donné par Prosper NÈGRE, op. cit., p. 39).

    40  On remarque qu’en fait, tout est une question de vitesse : la révolution devait se propager aux villes environnantes en moins de temps qu’il n’en fallait aux autorités pour réunir une force de répression.

    41  AD 12, 2U, Dossier du procès de la Commune de Narbonne, pièces nos 42, 30 et 60 (dépêches télégraphiques).

    42  AD 12, 2U, Dossier du procès de la Commune de Narbonne, pièce n° 66.

    43  Ibid. Dans le même dossier, on trouve le n° 95 et d’autres pièces non numérotées à ce sujet, traces d’une vive polémique avec Digeon, dont l’autorité est bafouée. Le chef du télégraphe avait-il coupé son fil, comme le dit Perrossier ? (Colonel E. PERROSSIER, op. cit, p. 11).

    44  Eugène GONDRES et Émile DIGEON, op. cit., p. 16-17.

    45  Ibid., p. 17.

    46  Ibid.

    47  Pour Prosper NÈGRE (op. cit., p. 38), ces délégués « venaient plutôt pour voir que pour autre chose ». Mais ne conclut-il pas un peu vite après avoir constaté après coup le manque de soutiens effectifs reçus par la Commune de Narbonne ?

    48  Eugène GONDRES et Émile DIGEON, op. cit., p. 17.

    49  C’est du moins ce qu’affirme Prosper-Olivier LISSAGARAY (Histoire de la Commune de 1871, Paris, La Découverte, réed. 1990 (première éd. 1876, deuxième éd. 1896), p. 172) : « Béziers, Perpignan, Cette lui avaient fait promettre leur appui » .

    50  Cf. infra, « L’inertie de Carcassonne, Béziers et Cette » .

    51  Eugène GONDRES et Émile DIGEON, op. cit., p. 19.

    52  Audition d’Adolphe Viennet, receveur des finances. Compte rendu du procès, op. cit., p. 54 ; réquisitoire, idem, p. 124.

    53  La seule source sur Coursan est le Messager du Midi du 31 mars 1871.

    54  Ce flou dans la perception de l’événement présent a permis la plurisémie des interprétations de la Commune par la suite. C’est aussi par la diversité des projections de sens réalisées dans l’appréhension de l’événement dans l’instant que la Commune est devenue par la suite un objet central d’exacerbation de positions et de clivages dans la vie politique française, chacun, groupe ou individu, s’engageant, en certaines occasions, dans des luttes pour l’imposition d’un sens tenu pour univoque. Le travail de construction du sens entrepris autour de la Commune sera particulièrement important, tellement que, difficilement appréhendable pour les contemporains dans l’instant, la Commune sera par la suite constamment réactivée, à l’occasion de divers événements, comme productrice de sens : c’était elle, devenue référence maîtrisée, qui devait permettre l’appréhension des événements en question (cf. Marc CÉSAR, « Les Amis de la Commune de Paris-1871 » en 1997 : sociologie d’une association atypique, mémoire de DEA de sociologie politique (département de science politique), Université Paris I, septembre 1997, uniquement pour les premières pages de l’introduction (p. 4-8) et pour le premier chapitre, « La Commune, événement sursignifié « (p. 28-69)).

    55  On peut bien sûr trouver des précédents à l’idée de Commune, mais il y a bien en 1871 quelque chose de neuf. Cela n’empêche pas que cette nouveauté s’inscrive dans une filiation quarante-huitarde, dans laquelle la revendication principale des Communards est la sauvegarde de la « vraie » République, c’est-à-dire de la République démocratique et sociale.

    56  Nous abordons ici la question de la situation de Perpignan sous l’angle narbonnais. Le travail de Jérôme QUARETTI sur Le mouvement communaliste et le Roussillon (1871- 1880) (mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Perpignan, septembre 1997) fait le point sur l’échec des « Rouges » dans leur tentative de proclamer la Commune à Perpignan, et met en perspective l’attitude de la population perpignanaise et celle de l’ensemble du département des Pyrénées-Orientales par rapport aux événements parisiens.

    57  Danièle SOLER, La vie politique dans les Pyrénées-Orientales de 1871 à 1914, mémoire de maîtrise, Montpellier, Université Paul Valéry, 1977.

    58  Jean SAGNES dir.. Le pays Catalan, t. II, Pau, SNERD, 1985, p. 737 ; Étienne FRÉNAY, « La Commune dans notre département ». Le Travailleur catalan, 26 mars 1971 ; Colonel E. PERROSSIER, op. cit., p. 5.

    59  Étienne FRÉNAY, art. cit.

    60  Ibid. ; cf. également notice « Baccave Henry », Dictionnaire biographique du Mouvement Ouvrier Français, (Jean MAITRON dir.), 2ème partie, 1864-1871, tome IV.

    61  Jérôme QUARETTI, « Perpignan la Rouge (1789-1880) », in Louis ASSIER-ANDRIEU et Raymond SALA dir., La cité des paradoxes. Regards croisés sur Perpignan (à paraître).

    62  Journal des Pyrénées-Orientales, 28 mars 1871 ; Messager du Midi, 1er avril 1871 ; Étienne FRÉNAY, art. cit.

    63  Étienne FRÉNAY, « La Commune dans notre département », deuxième partie. Le Travailleur catalan, 2 avril 1971, p. 10.

    64  L’objet n’est pas ici d’étudier les formes de la politisation de ces « micro-centres », cela dépasserait le cadre de cet article. Mais on ne peut passer sous silence l’importance du champ de recherche qui s’est créé autour de la politisation des campagnes françaises du XIXe siècle. Nous renverrons donc aux travaux devenus aujourd’hui des classiques de Maurice AGULHON sur le Var (La République au village. Les populations du Var de la Révolution à la IIème République, Paris, Seuil, 1979) ou d’Eugen WEBER (Peasants into Frenchmen, Stanford University Press, 1972 ; traduit en français sous le titre La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale 1870-1914, Paris, Fayard, 1983), et, plus récemment, à ceux de Pierre GOUJON (Le vigneron-citoyen. Mâconnais et Chalonnais (1848-1914), Paris, éditions du C.T.H.S., 1993), de Peter MAC PHEE (Les semailles de la République dans les Pyrénées-Orientales 1846-1852, Perpignan, Publications de l’Olivier, 1996) ou de Jean-Louis BRIQUET dans sa socio-histoire du phénomène clientélaire en Corse de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours (La tradition en mouvement, Clientélisme et politique en Corse, Paris, Belin, 1997). Tous ces auteurs, sur des terrains divers, ont des approches qui parfois se recoupent mais sont souvent divergentes : « politisation par imprégnation », « politisation par le bas », « politisation par le haut », « politisation par implication « sont autant d’expressions qui, sous la plume de chacun d’entre eux, cherchent à reconstituer le « miroir brisé « de la politisation dont parle Maurice AGULHON. L’importance des mécanismes locaux d’appropriation, de la spécificité des contextes locaux dans lequel s’insère (ou prend corps, selon les visions) le processus de politisation, l’absence de synchronisation de ces appropriations sur l’ensemble du territoire doivent nous mettre en garde contre toute généralisation hâtive en ce qui concerne les villages environnant Narbonne. On renverra donc plus précisément, pour le département de l’Aude, aux remarquables travaux de Christian THIBON (Pays de Sault. Les Pyrénées audoises au XIXe siècle. Les villages et l’État, Paris, éd. du C.N.R.S., 1988), travaux qui toutefois ne concernent pas les environs immédiats de Narbonne, et décrivent une situation très différente de ceux-ci (mais la situation de Chalabre, dans le Haut-Razès, en est assez proche), et à ceux un peu rapides de Laura LÉVINE FRADER sur le narbonnais et Coursan (Peasants and protest : agricultural workers, politics and unions in the Aude, 1850-1914, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1991, plus particulièrement le deuxième chapitre, « protourbanization of the countryside, culture and politics in the golden age of the wine », p. 39-59). On peut souligner l’importance, dans la politisation de ces villages audois, de 1848, et, surtout peut-être, de la résistance au coup d’ État de 1851 qui, bien que timide dans l’Aude, fut sévèrement réprimée (cf. Jean RAFFANEL, « Le mouvement républicain dans les campagnes audoises sous la Seconde République (février 1848 – décembre 1851) », Bulletin de la Société d’ Études Scientifiques de l’Aude ; tome XCVIII, 1998, p. 135-141 ; Claude MARQUIÉ et Jean RAFFANEL, « La répression dans l’Aude après le coup d’ État du 2 décembre 1851 « actes du colloque De la révolution au coup d’État (1848-1851) : la répercussion des événements parisiens en Languedoc et dans l’espace méditerranéen. Centre d’Histoire Contemporaine du Languedoc Méditerranéen et du Roussillon, Université Paul Valéry Montpellier III, à paraître). On rejoint donc ici une partie des conclusions présentées pour le Gard par Raymond Huard dans le présent recueil (cf. également Raymond HUARD, Le mouvement républicain en Bas-Languedoc, 1848-1881, Paris, Presses de la F.N.S.P., 1982 ; et, du même auteur, pour un aperçu plus rapide, « Aux origines d’un thème républicain, la défense de la République, la riposte au coup d’ État de 1851 dans le Gard », La République en Languedoc et Roussillon 1792-1958, actes du colloque de Nîmes des 4 et 5 septembre 1992, Nîmes, Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes, 1993, p. 213-227).

    65  Rapport de gendarmerie du 31 mars 1871 (AD 11, 5M51). Notons que Chalabre avait été le seul village (et la seule ville) du département de l’Aude à se soulever contre le coup d’ État de 1851, des républicains s’étant emparés de la mairie (cf. Jean RAFFANEL, art. cit., p. 140).

    66  Les Droits de L’Homme, 23 avril 1871.

    67  Les Droits de L’Homme, 21 mai 1871.

    68  Étienne FRÉNAY, art. cit., 2 avril 1971.

    69  Ibid. Rapport du préfet Jousserandot au ministre de l’Intérieur du 7 avril 1871, cité par Jérôme QUARETTI, op. cit., p. 54-57.

    70  Ibid.

    71  Le Roussillon, 13 mai 1871.

    72  Ibid. ; Journal des Pyrénées-Orientales, 12 mai 1871 ; L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 12 mai 1871 , Le Roussillon, 16 mai 1871.

    73  Frédéric ESCANYÉ, « Le 4 septembre 1870 à Perpignan « (lettre à La Revue des Deux Mondes), La Veu del Canigo, 5 septembre 1911, p. 267.

    74  Ibid. Messager du Midi, 23 mai 1871.

    75  Frédéric ESCANYÉ, art. cit., p. 267-268.

    76  Étienne FRÉNAY, art. cit., 2 avril 1971.

    77  Extrait du Journal de Toulouse, Messager du Midi, 8 mai 1871 ; Messager du Midi, 9 mai 1871.

    78  Extrait de L’ Ariégeois, Messager du Midi, 9 mai 1871. On peut donc facilement doubler ce chiffre.

    79  Extrait de L’Ariégeois, Messager du Midi, 9 mai 1871. Extrait du Journal de Toulouse, Messager du Midi, 8 mai 1871.

    80  Extrait de L’Ariégeois, Messager du Midi, 9 mai 1871.

    81  AD11, 5M51, « Pétition de la Commune de Cuxac d’Aude à messieurs les membres de l’Assemblée Nationale « ; La Fraternité, 10 mai 1871.

    82  Jean SAGNES, « Les hésitations du socialisme au lendemain de la Commune de Paris : anarchistes, fédéralistes et guésdistes dans l’Hérault », in Le Midi Rouge, mythe et réalité, Études d’histoire occitane, Paris, Anthropos, 1982, p. 60.

    83  Proscrit en 1851 après le 2 décembre, il fut ensuite expulsé d’Espagne en août 1867 car il passait pour être le « chef des démocrates français de Barcelone », un « correspondant du parti mazzinien » et pour « donner des leçons théoriques de révolution « dans des « cafés suspects » où il « professait l’art de construire des barricades » (AD 11, 5M51). Par la suite, il s’engagea dans la préparation du rétablissement de la République, puis contre Gambetta qu’il jugeait modéré, dans la ligue du Sud-Ouest, et se fit applaudir au club de la révolution de Narbonne en janvier 1871. En février, Gambetta radicalisé, Marcou et Digeon figurent sur la même liste aux législatives dans le département de l’Aude. Mais cela ne signifie en rien que leurs positions aient été exactement similaires : à bien lire les colonnes de La Fraternité, on s’aperçoit de la différence de ton entre Marcou et Digeon, deux de ses rédacteurs (cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 113-114 (1996, p. 115)).

    84  La Fraternité, 1er avril 1871. Cette position de Marcou sera très critiquée, et Lissagaray le stigmatisera par cet anathème : « le Brutus de Carcassonne « (P.-O. LISSAGARAY, op. cit., p. 195). Sur le problème de la lisibilité de l’événement, cf. supra à propos de Coursan.

    85  La Fraternité, 29 mars 1871 ; Armand DE LACOUR, Au pilori ! Marcou communard ! (recueil d’articles parus dans Le Ralliement de l’Aude, journal bonapartiste dont A. DE LACOUR est le rédacteur en chef), Carcassonne, imprimerie de F. Pomiès, s. d. [par déduction, 1877], Sur les problèmes qui se posent par rapport aux sources sur ce passage, cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 114-115, en particulier les notes 100 et 102 (1996, p. 116 note 1).

    86  Armand DE LACOUR, op. cit., p. 8-10.

    87  La Fraternité, 29 mars 1871.

    88  Extrait du Bon Sens, Le Courrier de l’Aude, 2 avril 1871.

    89  P.-O. LISSAGARAY, op. cit., p. 172.

    90  Jean SAGNES dir., Histoire de Béziers, Toulouse, Privat, 1986, p. 262.

    91  Messager du Midi, 13 avril 1871.

    92  Jean SAGNES, art. cit., p. 60.

    93  Messager du Midi. 13 avril 1871.

    94  Ibid.

    95  Messager du Midi, 20 avril 1871 ; 23 avril 1871.

    96  Jean SAGNES dir., Histoire de Béziers, op. cit., p. 262 ; Messager du Midi, 6 mai 1871.

    97  Jean SAGNES dir., Histoire de Sète, Toulouse, Privat, 1987, p. 209.

    98  Ibid., p. 211.

    99  Ibid. ; Jean SAGNES, art. cit., p. 60.

    100  Pour un plus ample développement, tant spatialement que chronologiquement sur ce point, on peut se reporter à Marc CÉSAR, « La presse régionale face à la Commune de Narbonne (mars 1871) », Bulletin de la Société d’Études Scientifiques de l’Aude, tome XCVI, 1996, p. 165-180.

    101  Ici se pose la question du tirage de ces journaux. En effet, nous nous situons avant l’apparition des feuilles à 5 centimes, et l’achat de la presse, assez onéreux, limite son tirage (par ailleurs également réduit très souvent à trois parutions par semaine à la suite de dispositions fiscales et législatives contraignantes). Ainsi, le quotidien régional Messager du Midi, de loin le plus diffusé, car disposant de ses positions d’ancien journal de l’Empire, ne tirait-il en 1869 qu’à 6 000 exemplaires, tirage qui n’avait pas beaucoup évolué jusqu’à la période qui nous intéresse. En 1871, La Liberté, quotidien républicain de Montpellier, diffusé régionalement, ne tire lui qu’à 2 000 exemplaires. On est encore très loin des 90 000 exemplaires du Petit Méridional en 1880 ! (c/. Roland ANDRÉANI, La presse quotidienne à Montpellier des origines à 1944, thèse pour le doctorat ès lettres, Université de Toulouse le Mirail, 1989 (1278 p., 3 vol.)). Mais ce faible tirage ne doit pas faire trop vite conclure à une influence négligeable de ces journaux tant dans la diffusion de l’information que dans la politisation des villes et campagnes audoises : car, essentiellement vendus par abonnements, ils s’adressent à des leaders d’opinion qui démultiplient leur influence. Le même journal circule, est lu par plusieurs personnes, et est surtout abondamment commenté dans tous les lieux de réunion, de convivialité et de sociabilité tels les cafés. Ainsi, des villages pouvaient ne compter qu’un seul abonné à un journal républicain sans que cela altère aucunement la pertinence de la problématique de la diffusion de l’information par la presse : car la publicité (au sens de Jürgen Habermas) du journal ne fait aucun doute.

    102  Messager du Midi, 27 mars 1871 ; La Liberté, 28 mars 1871 (et dans la plupart des autres journaux régionaux).

    103  Ces dépêches paraissent dans le Journal Officiel de la République Française (de Versailles), et paraissent ensuite dans la plupart des journaux régionaux.

    104  Le Roussillon, de loin l’organe le plus réactionnaire de la région, se contenta de publier la fausse dépêche du préfet, tout en disant lui laisser l’entière responsabilité de cette nouvelle, puis ne publia pas d’autre information sur la Commune de Narbonne jusqu’à ce qu’elle soit tombée (cf. Marc CÉSAR, art. cit, p. 167 et 175-177 ; sur Le Roussillon, voir également l’article de Jérôme QUARETTI, « Le Roussillon, journal royaliste et la Commune », dans le présent volume).

    105  La Fraternité, 29 mars 1871.

    106  Cf. collection du Messager du Midi, mars-avril 1871 ; Roland ANDRÉANI, op. cit., p. 473-546 et 620-635.

    107  Jean SAGNES, art. cit., p. 61.

    108  Les Droits de L’Homme, 11 avril 1871.

    109  Jérôme QUARETTI, « L’idée d’autonomie communale en 1871 : l’exemple des Pyrénées-Orientales », in Louis ASSIER-ANDRIEU et Raymond SALA dir., La ville et les pouvoirs, Perpignan, ICRESS / Presses Universitaires de Perpignan, 2000, p. 495- 496.

    110  Ces thèmes reviennent fréquemment dans L’ Indépendant des Pyrénées-Orientales des 29 mars, 1er et 5 avril 1871.

    111  On lit ainsi dans L’ Indépendant des Pyrénées-Orientales du 5 avril 1871, donc très peu de temps après la chute de la Commune de Narbonne, ce cri d’un éditorialiste manquant visiblement de repères : « Et pas une grande voie ne s’élève qui nous indique notre route. Que font donc en ce moment les députés de Paris et les députés de la gauche ! Est-ce qu’il est trop tard déjà pour obtenir une conciliation, pour obtenir du gouvernement qu’il fasse droit aux légitimes exigences de Paris, pour obtenir de Paris qu’il sache modérer ses désirs en fonction des circonstances ? »

    112  L’Indépendant des Pyrénées-Orientales, 1er avril 1871.

    113  Que cela ait ou non une influence (cf. supra sur l’efficacité exagérée souvent attribuée aux campagnes de presse).

    114  À la différence du procès des Communards de Narbonne qui, en novembre 1871 à Rodez, mobilisa la région entière (cf. Marc CÉSAR [1995], op. cit., p. 160-191 (1996, p. 155- 183)).

    115  Soit un total de près de 1 000 hommes, sans compter la garnison du 52ème de ligne qui restera enfermée dans sa caserne jusqu’à la fin complète de la Commune.

    116  Les Droits de L’Homme, 15 avril 1871.

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    César, Marc. « L’extension souhaitée, nécessaire, mais problématique de la Commune de Narbonne ». In La commune de 1871 : utopie ou modernité ?, édité par Gilbert Larguier et Jérôme Quaretti. Perpignan: Presses universitaires de Perpignan, 2000. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pupvd.36685.
    César, Marc. « L’extension souhaitée, nécessaire, mais problématique de la Commune de Narbonne ». La commune de 1871 : utopie ou modernité ?, édité par Gilbert Larguier et Jérôme Quaretti, Presses universitaires de Perpignan, 2000, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pupvd.36685.

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    Larguier, G., & Quaretti, J. (éds.). (2000). La commune de 1871 : utopie ou modernité ? (1‑). Presses universitaires de Perpignan. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pupvd.36595
    Larguier, Gilbert, et Jérôme Quaretti, éd. La commune de 1871 : utopie ou modernité ?. Perpignan: Presses universitaires de Perpignan, 2000. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pupvd.36595.
    Larguier, Gilbert, et Jérôme Quaretti, éditeurs. La commune de 1871 : utopie ou modernité ?. Presses universitaires de Perpignan, 2000, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pupvd.36595.
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