Les différents manuscrits de James Cook
p. 71-88
Texte intégral
Le journal du premier voyage
1Lors de sa première expédition, James Cook ne s’attendait sans doute pas à voir ses notes un jour publiées. Rien a priori ne le poussait à rédiger plus que le traditionnel carnet de bord d’un officier de la Royal Navy en mission. Pourtant, les nombreuses révisions apportées à son texte, les nombreux passages qu’il rajouta, déplaça, supprima ou réécrivit signalent dans une certaine mesure que l’importance et l’enjeu de l’expédition que ses supérieurs lui avaient confiée ne lui étaient pas étrangers, et qu’il écrivait probablement avec un certain public à l’esprit, celui des Lords de l’Amirauté, auxquels il lui fallait remettre son rapport sitôt l’Endeavour revenu en Angleterre.
2Cet important travail de révision, quel qu’en ait été le but, est la raison pour laquelle il existe plusieurs copies, quatre au total, du journal du premier voyage de James Cook : les manuscrits Canberra (journal holographe), Mitchell, Greenwich et Admiralty1.
Le manuscrit Canberra
3Le journal holographe de Cook fut acquis par la Commonwealth National Library lors d’une vente chez Sotheby’s en 1923, et est aujourd’hui conservé à Canberra. Il s’agit du manuscrit qui servit de base à la magistrale édition de John Cawte Beaglehole, et par conséquent, celui qui est généralement présenté comme le manuscrit officiel du premier voyage, bien que cette appellation ne puisse satisfaire complètement l’historien, ni cacher certains des problèmes liés à l’existence des autres manuscrits. Son histoire reste en grande partie inconnue mais il a pu appartenir à l’épouse de James Cook, Elizabeth, et se trouvait depuis au moins une cinquantaine d’années à Marton, dans le Yorkshire, le lieu de naissance de Cook, lorsqu’il fut proposé aux enchères2. Ce journal totalise 753 pages (dont une quinzaine de pages blanches) et est intitulé « Remarkable occurrences on board His Majestys Bark Endeavour, River Thames ». Selon toutes apparences, il est de la main de James Cook. On note une différence dans la présentation générale du texte, selon que les entrées soient maritimes ou terrestres. En mer, la page de gauche du journal consigne, à la manière d’un log, des renseignements d’ordre technique, telles que date, direction et force du vent, direction du navire, distance parcourue depuis la veille, ou encore latitude et longitude par rapport à Greenwich. La page de droite correspondante est réservée aux remarques, souvent laconiques en mer, concernant la vie à bord : travaux de nettoyage, de réparation, exercices aux armes, alimentation, punitions, etc. Lors des séjours à terre, les deux pages, gauche et droite, sont réservées à la description des événements et des lieux visités, et aux remarques plus générales. Certaines parties de ce journal présentent un état avancé du texte. C’est le cas par exemple des paragraphes traitant du tour de Tahiti effectué par James Cook et Joseph Banks entre le 26 juin et le 1er juillet 1769, des incidents de Poverty Bay (Nouvelle-Zélande) en octobre 1769, des ennuis du navire lors de la remontée de la Grande Barrière de Corail, ou encore des descriptions de Tahiti, de la Nouvelle-Zélande ou de Botany Bay. Ces différents passages sont manifestement le résultat d’un processus de réécriture, lui même produit d’une réflexion poussée ou de discussions avec d’autres membres d’équipage, notamment Joseph Banks. La description des habitants de la Nouvelle-Hollande illustre parfaitement ce propos. Le passage, rédigé à la date du 23 août 1770, met en avant le bonheur de ces indigènes et leur « tranquillité qui n’est aucunement troublée par l’inégalité des conditions3 ». Plus tôt dans le texte, il en donne cependant une image bien moins positive, où ils sont décrits comme peureux, vivants nus et apparemment dépourvus de quelque forme d’art et de technologie que ce soit4. La première phrase de la description du 23 août 1770 laisse toutefois penser que Cook était conscient de cet écart entre ce qu’il avait dit en première instance de ces indigènes et sa conclusion sur leur état : « D’après ce que j’ai dit des Naturels de la Nouvelle-Hollande, on pourrait penser que ce peuple est le plus misérable qui soit. Mais en réalité ils sont bien plus heureux que nous Européens5 […] ».
4Dans certains cas, l’état avancé du texte s’affiche et trahit la connaissance ultérieure du dénouement des événements mentionnés. Ainsi peut-on lire au moment où l’expédition s’apprête à remonter la Grande Barrière de Corail le 10 juin 1770 : « j’ai nommé […] la pointe nord Cap de Tribulation car c’est ici qu’ont commencé tous nos ennuis6 », annonce proleptique qui nécessite la connaissance des ennuis qui vont s’ensuivre, et qui indique donc que le texte a été repris à cet endroit pour créer cet effet. Ailleurs c’est la formulation même qui souligne l’état du récit. Pour South Cape en Nouvelle-Zélande, peut-on ainsi lire : « Au coucher du soleil, la pointe sud que je nommai après coup Cap Sud7 », où l’utilisation de l’expression « après coup » signale que nous avons à faire à une version complétée et révisée, mais pas nécessairement définitive, comme en témoignent par exemple les nombreux blancs laissés dans le texte pour les noms des lieux ou des personnes rencontrées, ou encore les nombreuses variations orthographiques concernant les noms des indigènes d’une entrée à l’autre, qui soulignent qu’aucune harmonisation n’a été, à ce moment-là, apportée au récit. Certaines portions de ce manuscrit, telles que les entrées concernant le Cap Maria Van Diemen et Mercury Bay en Nouvelle-Zélande, ou Bustard Bay sur la côte australienne, laissent également penser qu’il s’agit d’une première version du texte, si ce n’était l’existence avérée de versions antérieures8.
Le manuscrit Mitchell
5Conservé à la Mitchell Library de Sydney dont il tire son nom, le manuscrit Mitchell s’étend du 27 mai 1768 (et pas du 25 comme l’indique son titre) au 23 octobre 17709. Composé de trois cent vingt-trois pages, il comprend également un ensemble de cartes effectuées pendant le voyage et est rédigé par Richard Orton, le secrétaire personnel de Cook, bien que la signature soit de la main de Cook. À certains endroits du texte, des noms de lieux ou de personnes ainsi que de nombreux autres mots sont de la main de James Cook, qui a sans doute complété après coup les blancs laissés par Richard Orton. La date à laquelle ce manuscrit se termine indique qu’il s’agit probablement de l’exemplaire envoyé aux Lords de l’Amirauté depuis Batavia le 24 octobre 177010. D’une écriture très lisible, avec les dates et les jours écrits à l’encre rouge, il présente en de nombreux endroits une ponctuation et une orthographe plutôt aléatoires, (celles de Richard Orton), pour lesquelles l’auteur, ou devrions-nous écrire le copiste, ne se préoccupe guère de suivre à la lettre l’orthographe ou la ponctuation employées par Cook. La lecture en parallèle des manuscrits Canberra et Mitchell montre en outre que l’emploi du pluriel et du singulier diverge très souvent d’un manuscrit à l’autre, et que Orton oublie systématiquement la conjonction « that », de même qu’il transforme les « this » de Cook en « the ». Certaines des phrases de Cook sont également abrégées par Orton, et d’autres disparaissent du journal holographe après que copie en a été faite11. Par ailleurs le manuscrit est divisé en quatre livres : les trois premiers comportent un nombre à peu près identiques de pages (quatre-vingt-huit, quatre-vingt-onze et quatre-vingt-onze), et le quatrième en contient un peu moins (cinquante-trois). Cette division ne correspond pas toujours à des impératifs littéraires ou thématiques, et semble purement matérielle. Ainsi, le premier livre s’arrête brusquement au milieu de la description de Tahiti, description reprise tout aussi brusquement au début du second livre qui va, lui, jusqu’à l’entrée du 6 février 1770, alors que l’expédition s’apprête à quitter Queen Charlotte Sound en Nouvelle-Zélande. Le troisième livre se poursuit jusqu’au 6 août, après la description d’Endeavour River sur la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, et le dernier livre se termine au 23 octobre, veille de l’envoi du journal aux Lords de l’Amirauté. Le manuscrit Mitchell servit de base à l’édition Wharton de 1893, premier contact du public avec les journaux de Cook12, bien qu’un certain nombre de modifications aient été tout de même apportées au texte de départ : correction de l’orthographe, harmonisation de la ponctuation, réécriture en pleines lettres des abréviations employées dans le manuscrit d’origine, et modification de certains passages jugés provocants pour le lectorat de l’époque. Néanmoins, comme l’écrit J. C. Beaglehole : « Wharton rapprocha le lecteur de Cook comme il n’avait jamais été possible de le faire précédemment13 ».
Le manuscrit Greenwich
6Conservé au National Maritime Museum de Greenwich depuis 1935, ce manuscrit fut longtemps la propriété de la Royal Library de Windsor. Wharton mentionne qu’il appartenait à la famille royale depuis la fin du xviiie siècle, mais la nature même de ce document nous empêche de donner trop de crédit à une affirmation qui paraît infondée. Il s’agit d’un journal de trois cent dix-huit pages (dont cinq sont blanches), non numérotées, qui porte le titre suivant : « Journal of the Proceedings of His Majestys Bark Endeavour in a Voyage Round the World performed in the Years 1768 1769 1770 & 1771 by Lieutt James Cook Commander ». La page de garde porte une signature et une date : « Charles Paget, 1797 », ainsi qu’une inscription : « The best Naval Journal I ever read A. Hervey ». Dans le premier cas, il s’agit probablement du vice-amiral Sir Charles Paget (1778-1839) et dans le second, d’Augustus John Hervey (1724-1779), troisième comte de Bristol et Lord de l’Amirauté entre 1771 et 1775. Ces deux indices permettent de retracer en partie l’histoire de ce manuscrit qui a probablement été donné à Augustus Hervey par Cook lui-même, à moins que celui-ci l’ait emprunté à l’Amirauté et ne l’ait pas retourné14. Puis, à partir de 1797, le manuscrit devient propriété de Sir Charles Paget, avant de se retrouver dans la bibliothèque du château de Windsor. La particularité du manuscrit Greenwich est d’être rédigé par plusieurs personnes, dont probablement Richard Orton, sans que l’on ait affaire pour autant à des parties différentes qui auraient été assemblées par la suite, comme l’indique clairement l’absence de blancs d’une partie à l’autre. Le manuscrit ne couvre pas la durée totale du voyage et s’arrête au 10 octobre 1770. En outre, il s’agit d’un texte composite qui associe des parties de type journal, qui contiennent des informations développées, à d’autres de type log, où l’accent est mis sur les données techniques de la navigation15. Dans l’ensemble, peu d’attention semble avoir été portée à la rédaction de ce journal, excepté pour la partie du texte concernant le séjour à Tahiti et la description de cette île et de ses habitants. Ailleurs, on trouve de nombreuses omissions de mots, voire de phrases entières ou de paragraphes, et presqu’aucune ponctuation, ce qui donne un texte difficile à lire et à comprendre et dont certaines portions livrent le contraire de ce que les autres manuscrits proposent à la même entrée. Certaines de ces omissions se retrouvent dans le manuscrit Mitchell, mais le texte comporte par endroits des révisions absentes de ce dernier. La partie concernant l’exploration de la côte tahitienne (26 juin-1er juillet 1769) est identique à celle du manuscrit Mitchell, mais les entrées correspondant à la Grande Barrière de Corail sont les mêmes que dans le manuscrit Canberra. Le manuscrit Greenwich apparaît donc à bien des égards moins comme une seule œuvre que comme un « patchwork » des autres manuscrits. Il est en définitive le moins abouti des journaux du premier voyage. À ce titre, il semble difficile de soutenir les affirmations de Wharton selon lesquelles c’est ce manuscrit qui aurait été offert à la famille royale.
Le manuscrit Admiralty
7À l’inverse du manuscrit Greenwich, le manuscrit Admiralty est sans aucun doute le plus achevé des journaux du premier voyage de Cook. Intitulé « A Journal of the Proceedings of His Majesty’s Bark the Endeavour in a Voyage Round the World Performed In the Years 1768, 69, 70 & 71 By Lieutenant James Cook Commander », il comporte une entrée de plus que le journal holographe, celle du 13 juillet 1771, date à laquelle Cook débarqua en Angleterre16.
8Selon toutes apparences, il s’agit du manuscrit qui fut transmis aux Lords de l’Amirauté à l’arrivée de l’expédition, et sans doute, celui à partir duquel John Hawkesworth établit son édition de 1773. Le manuscrit porte l’estampille de la bibliothèque de l’Amirauté et est actuellement conservé au Public Record Office de Londres. Il est composé de trois cent soixante-deux pages (plus deux pages de post-scriptum), et a probablement été rédigé par Orton, bien qu’il soit signé de la main de Cook et comporte un certain nombre de corrections, effectuées par Cook également. Tout comme le manuscrit Mitchell, il est divisé en quatre livres, respectivement de quatre-vingt-treize, quatre-vingt-neuf, quatre-vingt-sept et quatre-vingt-douze pages. Chacun des livres comporte une page de garde et quelques mots (identiques pour chaque livre) concernant l’emploi du calendrier nautique, ce qui peut paraître étrange lorsqu’on connaît les destinataires officiels du journal, forcément au fait des divisions temporelles des journaux de voyage maritime. Quelques remarques supplémentaires, concernant notamment les différences de présentation du texte selon que l’on soit en pleine mer ou à terre, laissent à penser que Cook avait déjà à l’esprit un public plus large que les membres de l’Amirauté, un public auquel il apparaissait nécessaire de fournir un certain nombre d’explications préliminaires afin de simplifier la lecture du journal17.
9Nous avons vu comment le manuscrit Canberra fut celui qui servit de base à l’édition Beaglehole de 1955. Nous aurions tendance donc à le considérer comme le plus abouti, et il l’est sur un certain nombre de points. Pourtant John Hawkesworth travailla à partir du manuscrit Admiralty, que lui avait remis Lord Sandwich, ce qui tendrait à en faire le dernier manuscrit en date. Notre propos n’est pas de faire état de toutes les contradictions que révèle l’examen de ces différents manuscrits, mais de signaler toutefois, quelques-uns des problèmes que pose l’existence de ces quatre textes. Un des domaines où le travail de révision apparaît avec le plus de clarté est celui des noms de lieux ou de personnes qui sont mentionnés. On imagine aisément la difficulté éprouvée par Cook et les autres membres de l’expédition, à retranscrire les noms des indigènes qu’ils rencontrèrent et des lieux qu’ils visitèrent. Ainsi, Tupia, le Tahitien embarqué à bord de l’Endeavour le 13 juillet 1769, et qui servit de guide et d’interprète pour le reste du voyage, apparaît également sous l’orthographe « Tupaia » ou « Tobia ». De la même manière, Obarea, reine supposée de Tahiti, devient tour à tour « Obeira », « Obaria », « Obariea » ou encore « Purea ». Tuteha, un chef tahitien rencontré en avril 1769, voit lui aussi son nom changé en « Tootaha » ou « Toutaha ». Les différentes orthographes apparaissent souvent au sein d’un même manuscrit, et ne sont en partie harmonisées que dans les manuscrits Canberra et Admiralty18.
10L’étude des noms de lieux montre également toute l’attention portée par Cook à l’élaboration de son journal. Selon Philip Edwards, « l’édition établie par Beaglehole laisse apparaître clairement le souci constant de Cook dans l’élaboration de son texte, et dans ce domaine, l’attribution des noms de lieux revêt une importance particulière19 ». Ainsi, dans le manuscrit Canberra, la côte sud-est de l’Australie apparaît sous le nom de « New South Wales » (« Nouvelle-Galles du Sud20 »), mais ce nom est inscrit par dessus un autre, probablement « New Wales » (Nouvelle-Galles), le mot « Wales » étant lui-même écrit par dessus « Whales », qui, selon Beaglehole, était une des particularités orthographiques de Richard Orton. La première idée de Cook lorsqu’il prit possession de ce territoire fut sans doute « New Wales », mais se souvenant que ce nom avait déjà été donné (au nord de l’actuel Ontario), il inséra « South » pour les différencier. De la même manière, Botany Bay (Baie de la Botanique), au sud de l’Australie, est nommée tour à tour « Botanist Bay » (« Baie du Botaniste »), « Botanist Harbour » (« Havre du Botaniste ») ou encore « Stingray Harbour » (« Havre de Pastenague »), en raison du nombre important de poissons de cette espèce pêchés à cet endroit21. Mais la révision du texte concerne également de larges extraits de descriptions ou de récits d’événements, plusieurs fois retravaillés avant d’atteindre leur version finale. C’est le cas par exemple de la relation des événements du 9 octobre 1769 à Poverty Bay en Nouvelle-Zélande, ou une escarmouche entre Britanniques et indigènes se termina par la mort d’un jeune Maori. Le journal de bord du navire n’offre à cette occasion qu’une poignée de mots laconiques : « à 5 heures, le canot retourna. Nos hommes avaient été attaqués par les Naturels et avaient ouvert le feu, blessant et tuant plusieurs de leurs agresseurs22 […] ». Le journal holographe offre une version beaucoup plus détaillée de l’incident :
L’un d’eux s’empara du coutelas de M. Green et refusa de le rendre ; cela encouragea l’insolence des autres, et voyant que plusieurs venaient le rejoindre, je donnai l’ordre de tirer sur l’homme qui avait pris le couteau, ce qui fut fait ; et il fut blessé de telle manière qu’il ne tarda pas à mourir. Après les premiers coups de mousquet, les autres reculèrent jusqu’à un rocher situé à peu près au milieu de la rivière, mais en voyant tomber leur compagnon, ils revinrent, probablement pour emporter son corps ou ses armes. Ils prirent en effet celles-ci, sans que nous puissions les en empêcher, à moins de les charger à la baïonnette, car lorsqu’ils étaient revenus du rocher, nous avions déchargé sur eux nos armes, qui étaient chargées de menu plomb, et en avions blessés trois de plus. Mais ces derniers passèrent la rivière, et furent emportés par les autres qui jugèrent alors à propos de se retirer23.
Les manuscrits Mitchell et Greenwich présentent des versions différentes de cet événement. Cook y mentionne notamment le nom des membres de l’expédition impliqués dans l’affaire : Joseph Banks (qui tira le premier) et William Monkhouse (le chirurgien du navire), puis se ravisant, il préféra sans doute dans son rapport officiel, ne pas désigner d’hommes en particulier24. De nombreuses révisions de cet ordre apparaissent dans le récit. Il en ressort une volonté manifeste chez Cook de protéger ses marins et de ne pas les présenter (et par ricochet, se présenter lui) sous leur jour le moins favorable dans le compte rendu officiel du voyage. L’un des épisodes les plus marquants à cet égard est sans aucun doute celui qui opposa Richard Orton au marin James Mario Matra. Voici comment le journal holographe nous livre les faits qui se déroulèrent dans la nuit du 22 mai 1770 :
La nuit dernière, pendant le quart du milieu de la nuit, une aventure très singulière arriva à mon secrétaire, M. Orton. Comme il avait bu avec excès pendant la soirée, un ou plusieurs passagers malicieux du navire profitèrent de son état d’ivresse pour découper et ôter de sur son dos tous ses vêtements ; et, non contents de cela, ils vinrent un peu après dans sa cabine et lui coupèrent un morceau de chaque oreille pendant qu’il reposait endormi sur son lit. Ses soupçons se portèrent sur monsieur Magra, un des enseignes, mais sans que cela ne découle d’une enquête. Cependant, je savais que Magra avait une fois ou deux découpé ses habits pendant leurs jeux d’ivrognes, et on m’avait rapporté qu’il avait dit qu’il le tuerait si cela n’était pas défendu par les lois. Ceci me poussa à penser que Magra n’était pas totalement innocent25.
Le journal holographe présente pour cette partie du texte une écriture plus soignée et une encre légèrement plus foncée que pour le début de l’entrée, signes qu’un blanc avait été laissé à cet endroit, que Cook ne remplit qu’après avoir enquêté sur cette affaire, qu’il considérait comme « la plus grande insulte que l’on puisse faire à mon autorité sur ce navire26 ». Désireux toutefois de ne pas accabler le coupable présumé contre lequel aucune preuve ne put être établie, Cook modifia son texte et transforma les certitudes qu’il avait sur le comportement général de Matra (« je savais cependant que […] ») en on-dit : « on m’avait cependant rapporté […] », atténuant ainsi considérablement la portée de ses propos. C’est cette version que l’on trouve par exemple dans le manuscrit Mitchell. Cook ne semblait pourtant pas tenir Matra en haute estime. Ailleurs dans le texte, celui-ci est décrit comme « l’une de ces personnes que l’on trouve fréquemment à bord des navires de Sa Majesté, et dont on pourrait aisément se passer ; pour parler plus crûment, un bon à rien27 ». Il décida donc de revenir à la version du texte holographe, avant de supprimer complètement toute mention de cet incident dans le manuscrit transmis à l’Amirauté, sans doute afin de ne pas accabler ses hommes, mais peut-être aussi pour ne pas se présenter comme un officier à l’autorité fragile.
Le journal du deuxième voyage
11Il existe deux manuscrits holographes du second voyage du capitaine Cook, et il semblerait, à première vue, qu’il suffise de compléter le premier à partir du second, pour obtenir le texte intégral du journal. Mais la lecture de ces deux manuscrits révèle rapidement que l’on a affaire à deux textes complètement différents, dont l’existence même est la preuve de l’énorme travail de révision et de réécriture effectué par Cook pendant et après le voyage sur son texte initial. Certaines des questions que soulèvent les différentes versions du journal restent à ce jour sans réponse. Comment rendre compte par exemple du fait que le log, texte de départ des différents journaux, contienne des noms de baies ou de promontoires, ou certaines remarques développées, que l’on ne retrouve absolument pas dans le journal ? Comment expliquer que le manuscrit original semble parfois plus achevé que la copie qui en a été faite par la suite ? Les étapes intermédiaires qui permettent de passer du log au journal, ou d’un journal à l’autre, manquent souvent, et tout indique qu’une grande partie de texte manuscrit qui nous aurait permis de faire le lien entre tous ces écrits, a aujourd’hui disparu.
12Les deux journaux holographes sont conservés au Département des Manuscrits du British Museum, sous les côtes Add. MSS 27886 et Add. MSS 27888. Par ailleurs, il existe trois copies de MSS 27888, toutes de la même main, celle de William Dawson, secrétaire particulier de Cook pour le second voyage. L’une de ces copies est conservée au Public Record Office de Londres (Adm 55/108), la seconde est au National Maritime Museum de Greenwich, et la troisième était, jusque dans les années 1950, la propriété du lieutenant-commandant Palliser A. Hudson. Par souci de clarté, nous adopterons ici aussi la nomenclature et les abréviations proposées par John C. Beaglehole, respectivement Admiralty (A) pour la première copie de MS 27888 mentionnée, puis Greenwich (G) et Palliser Hudson (H) pour les deux autres28.
13MS 27886 s’étend jusqu’au 10 novembre 1774, date à laquelle l’expédition quitte Queen Charlotte Sound en Nouvelle-Zélande. MS 27888 est complet et prend donc fin avec le voyage en juillet 1775. Le manuscrit A s’arrête en mars 1775, alors que le Resolution est au Cap de Bonne-Espérance, les copies H et G couvrent, quant à elles, la totalité du voyage. En plus de ces textes de taille considérable, une grande quantité de fragments holographes a survécu et se trouve conservée en partie au British Museum (Add. MSS 27889), à la Mitchell Library de Sydney (deux fragments provenant selon toute probabilité de MS 27888) et à la Dixson Library en Nouvelle-Galles du Sud (une douzaine de pages provenant du manuscrit H).
14Comment ces différents textes se complètent-ils ?
15MS 27886 est composé à partir du log29, dont les données techniques, concernant la position du navire, sa vitesse, la distance parcourue, etc., sont condensées, et la partie « remarkable occurrences » développée. Mais ce schéma, qui avait également été celui utilisé lors du premier voyage, ne sembla plus, à un moment, convenir à James Cook qui commença (assez rapidement semble- t-il) une seconde version de son journal, tout en poursuivant ce premier texte. Dans cette seconde version, le début du voyage, du départ jusqu’à l’arrivée à Madère en août 1772, est condensé en quelques courtes entrées seulement, et les révisions apportées au texte de départ (MS 27886) sont considérables. De cette seconde version, aucun manuscrit holographe ne subsiste. Le manuscrit A, envoyé depuis le Cap en mars 1775 à l’Amirauté, semble en être une copie effectuée par William Dawson, dont seule la signature est de la main de Cook. Ce manuscrit n’est ni une copie de MS 27886, ni une copie de MS 27888, qui semble, lui, être une troisième version du journal, composée par un James Cook toujours pas satisfait de ce qu’il écrivait, et dont le manuscrit G est la copie effectuée ici aussi par Dawson. Cook écrivit donc plus ou moins simultanément trois versions de son journal : MS 27886, le manuscrit disparu dont seule subsiste la copie de Dawson (manuscrit A) et MS 27888 (dont le manuscrit G est une copie). Quant au manuscrit H, sa nature même pose problème : il s’agit en effet d’un texte composite, en partie copie de MS 27886, mais aussi de M 27888, auxquelles viennent s’ajouter des portions de texte que l’on ne trouve nulle part ailleurs, de même que certaines corrections apportées au texte, qui sont absentes des autres manuscrits, et dont on peut penser qu’elles n’ont pas été retenues pour la version finale G (ce qui place le manuscrit H, chronologiquement avant G).
16La mise en parallèle des deux journaux holographes permet d’appréhender le type de modifications qui interviennent d’un texte à l’autre. Cook ne remanie pas seulement son texte en reformulant ses phrases, en fournissant plus de détails ou de précisions dans son compte rendu des événements décrits, il prend également du recul, et offre des réflexions d’un ordre plus général, qui apparaissent comme le fruit de discussions avec d’autres membres de l’équipage, ou de la lecture de leurs journaux personnels. Le compte rendu de l’exploration de l’île de Pâques par Richard Pickersgill relève pleinement de ce schéma. Dans son texte original, Cook cite Pickersgill verbatim, mais s’approprie ce même compte rendu dans MS 27888 en y ajoutant des éléments que l’on trouve dans le journal de William Wales30. Enfin, certaines parties de MS 27888, telles que les descriptions des Nouvelles-Hébrides ou de la Nouvelle-Calédonie, sont absentes du texte original.
17Ces quelques considérations soulignent toute la difficulté qui se présente pour l’édition du journal du second voyage. Aucun texte complet de la main de Cook n’est en effet disponible. Le manuscrit original s’arrête en cours d’expédition, et le second manuscrit (MS 27888) est trop confus pour prétendre servir de base à l’édition. Le manuscrit G apparaît comme un texte fiable, mais il s’agit d’une copie et n’est pas de la main de Cook. Les différentes étapes de l’élaboration du texte en sont absentes. Quant aux manuscrits A et H, ils ne sont que des étapes intermédiaires du texte final G. La solution adoptée par Beaglehole fut de se servir de MS 27886 jusqu’à l’interruption du texte en novembre 1774, puis de compléter par MS 27888, dont le texte est à peu près intact pour la dernière partie du voyage, tout en prenant soin d’utiliser les manuscrits G et A, là ou MS 27888 faisait défaut, et à souligner les écarts importants que l’on trouve parfois pour une même entrée, d’un manuscrit à l’autre.
Le manuscrit MS 27886
18Intitulé « Log-Book and Journal of Capt. Cook Nov. 1772 – Nov. 1774 », ce journal est composé de sept livres de quatre-cinq pages chacun, et découpés comme suit :
Livre I : du 28 novembre 1771 au 2 janvier 1773
Livre II : du 3 janvier au 11 mai 1773
Livre III : du 12 mai au 17 septembre 1773
Livre IV : du 18 septembre 1773 au 6 février 1774
Livre V : du 7 février au 23 mai 1774
Livre VI : du 23 mai au 17 août 1774
Livre VII : du 18 août au 10 novembre 1774
Dans le troisième livre, on trouve copie du journal de Tobias Furneaux pour la période du 8 février au 15 mai 1773, alors que les deux navires sont séparés. Le manuscrit est rédigé sur du papier marbré, épais et de bonne qualité, et on peut imaginer que Cook mit un terme à son journal prématurément, une fois le stock de ce papier particulier épuisé. Les dates des entrées sont écrites en rouge, jusqu’au 6 avril 1773, puis en noir jusqu’au 10 novembre 1774. De larges portions du texte présentent un aspect achevé, propre, clair, qui nous amène à penser que pour ces passages précis, Cook copia depuis son premier manuscrit disparu, bien qu’un certain nombre de blancs pour les mesures prises en mer ou pour les noms de lieux, indiquent que le texte en question n’était pas non plus dans sa version finale. D’un bout à l’autre du journal, c’est le calendrier nautique qui est utilisé.
Le manuscrit MS 27888
19Le second journal holographe de Cook est un document difficile à cerner, qui mêle texte d’origine (issu du manuscrit disparu) et portions retravaillées sans souci spécifique de clarté. Ceci provient du fait que le tout fut relié sans préoccupation aucune de rendre le récit accessible à la compréhension de tout un chacun. Si l’on ajoute à cela le fait que de nombreuses sections du journal manquent au manuscrit, on imagine aisément la confusion qui se dégage d’un tel document, et la difficulté à l’utiliser tel quel pour une édition du récit31. Cependant, ce manuscrit présente aux yeux du chercheur un avantage considérable sur les autres manuscrits de ce voyage, car c’est ce document même dont Cook se servit pour établir son texte final, le manuscrit G. On y trouve donc les traces du travail de l’écrivain et l’on peut y suivre les différentes étapes de la composition du texte, depuis le premier jet jusqu’à ce que l’auteur semble considérer comme un stade achevé de l’écriture. À la différence du journal du premier voyage, certains détails indiquent clairement que cette fois-ci, Cook écrit avec à l’esprit un lectorat plus large que les Lords de l’Amirauté. Ce lectorat est d’ailleurs régulièrement interpellé dans le texte. Cook lui justifie certains de ses choix, en matière d’itinéraire par exemple, ou lui explicite certaines de ses décisions32. Comme le souligne justement Philip Edwards dans l’édition Penguin des journaux de Cook, MS 27888 est un texte qui voit plus loin que MS 27886, qui se présente rapidement comme plus ambitieux que la version de départ33. La présence simultanée de différents états du texte au sein même de MS 27888 pose naturellement la question de la date à laquelle les révisions ont pu, et ont nécessairement dû être apportées au texte de départ. En d’autres termes, ont-elles eu lieu pendant ou après le voyage, c’est-à-dire en Angleterre, durant la période qui précède immédiatement le départ de la troisième expédition ? L’utilisation du calendrier civil, peu courant dans les journaux de voyage maritime, est un argument qui tend a priori à privilégier la seconde hypothèse, mais le manuscrit A présente lui aussi la même organisation, et il fut incontestablement écrit pendant le voyage puisqu’envoyé à l’Amirauté en mars 1775 alors que le Resolution est ancré au Cap. Le grand nombre et la nature de certaines de ces révisions, révélant notamment l’influence prépondérante de l’astronome William Wales, dont Cook semble avoir découvert la valeur lors du séjour de l’expédition à l’île de Pâques en mars 1774, nous font tout de même considérer que le manuscrit MS 27888 fut achevé en Angleterre, et qu’il s’agit du texte que Cook préparait pour la publication. Le manuscrit G, de la main de William Dawson, comprend un grand nombre de révisions lui aussi, ainsi que des rajouts de remarques générales, qui sont autant de modifications (expansions ou contractions) du texte de départ, mais qui ne viennent pas contredire radicalement ce qui avait été écrit précédemment. L’effet recherché est souvent l’élucidation, l’explicitation du texte. Parfois, ces changements ne concernent que l’ordre de certains mots dans la phrase. Ce travail de révision est notamment visible avec le rapport de Richard Pickersgill à l’île de Pâques que nous avons déjà mentionné, et pour lequel nous avons vu que Cook avait commencé par inclure ce rapport verbatim (c’est le cas dans MS 27886), avant de se l’approprier et de le réécrire à la première personne en y incluant l’apport de Wales dont il avait le journal sous les yeux (c’est ce que l’on trouve dans le manuscrit G). Enfin, dans un dernier travail de révision, la présence de Wales dans le texte se fait de plus en plus importante, jusqu’à dénaturer le rapport initial de Pickersgill et produire un texte inédit. Ce sont ces traces de remaniement que présente MS 27888. Ce travail colossal sur le manuscrit de départ laisse à penser que c’est en Angleterre, avec les différents manuscrits sous les yeux que Cook put préparer la version finale de son journal. Ceci fait de MS 27888 un journal qui n’est pas entièrement tenu pendant le voyage, mais qui reste un journal du second voyage, et qui a l’avantage de révéler pleinement une facette jusqu’alors inconnue de Cook, celle de l’écrivain en devenir, qui travaille et retravaille son texte de manière à en obtenir la version la plus aboutie, avant que celle-ci ne soit confiée à la publication.
Le manuscrit Admiralty
20Intitulé « Journal of the proceedings of His Majesty’s Sloop Resolution in Exploring the South Atlantic, Indian & Pacific Oceans by James Cook Commander », ce manuscrit est conservé au Public Record Office de Londres. Il s’agit d’un folio de 302 pages, dont les deux cent trente-neuf premières constituent le journal à proprement parler, du 13 juillet 1772 au 21 mars 177534. Écrit par William Dawson, il porte la signature de Cook et comporte un grand nombre de notes de bas de page, la plupart de la main de Dawson, mais dont certaines ont été rédigées par Cook. À la fin du texte, trois pages blanches précèdent une soixantaine de pages de lexique anglo-pacifique, établi par William Anderson, le chirurgien du Resolution, qui concerne notamment : Tahiti, la Nouvelle-Zélande, l’île de Pâques, les Marquises, la Nouvelle-Calédonie, Mallicollo et Tanna dans les Nouvelles-Hébrides, ainsi que l’archipel des Tonga. Ce lexique comprend également quelques remarques sur la prononciation des mots recueillis. À l’origine, ce manuscrit comportait aussi quatorze cartes, dont dix ont été prélevées et sont conservées à part dans la salle des cartes du Public Record Office. Le journal à proprement parler est précédé d’une page intitulée « Explanations », dans laquelle Cook commente son choix de ne commencer sa relation qu’au départ de l’expédition, et donc d’éliminer toutes les remarques préliminaires que l’on trouve par exemple dans MS 27886, les Lords de l’Amirauté étant parfaitement au courant des détails de l’affaire Banks ou de l’équipement des navires. Quelques notes précisent également un certain nombre de points, tels que la différence entre calendrier civil et calendrier nautique, et l’utilisation du calendrier civil pour ce texte, mais aussi le choix de Greenwich comme méridien d’origine, et le fait que certaines entrées quotidiennes sont absentes du texte, car « ces jours-là, rien d’intéressant ne se produisit35 ». Enfin, on trouve sur cette page « Explanations » ce qui est sans doute la première version des excuses que formule Cook auprès du lecteur sur ce qu’il considère être une prose de piètre qualité, que l’on retrouvera, après remaniement, dans la version publiée de ce journal en 1777 :
En relisant ce journal, j’ai découvert que j’avais oublié de mentionner certaines choses et que d’autres n’avaient pas été suffisamment expliquées. J’ai essayé de pallier ces imperfections par des notes. Bref, j’ai produit la relation la plus honnête dont j’étais capable. Je n’ai pour l’écriture aucune disposition, naturelle ou acquise. J’ai constamment vécu en mer depuis ma jeunesse et me suis hissé, avec l’aide de quelques bons amis, du statut d’apprentis à celui de capitaine, en passant par toutes les étapes du métier de marin. J’espère que la franchise de cette confession permettra d’excuser toutes les maladresses que contient ce journal36.
Le manuscrit Greenwich
21Tout comme le manuscrit Greenwich du premier voyage, ce manuscrit est conservé au National Maritime Museum, après avoir séjourné de nombreuses années à la Royal Library de Windsor. Il s’agit d’un folio de 473 pages, rédigé par Dawson et signé de la main de Cook. Le titre de ce manuscrit ainsi qu’un certain nombre d’inscriptions sur la première page, permettent d’en retracer l’histoire37. Il fut d’abord, tout comme le manuscrit Greenwich du premier voyage, la propriété d’Augustus John Hervey, comte de Bristol, puis du capitaine Constantine John Phipps (1744-1792), second baron Mulgrave et neveu de Bristol, qui lui légua sa bibliothèque, avant de passer dans les mains du vice-amiral Charles Paget qui acquit le manuscrit en 1797, et le transmit plus tard à la famille royale38. Aucune déclaration préliminaire n’est adjointe au texte, qui commence directement avec le départ de l’expédition le 13 juillet 1772. Ce manuscrit reste en définitive une excellente copie du manuscrit MS 27888, avant que ce dernier ne soit retravaillé par Cook pour la publication, et pourrait tout à fait servir de base à l’édition du récit du second voyage, si ce n’était l’existence de manuscrits holographes, moins propres certes, mais qui présentent l’avantage d’être de la main même de Cook.
Le manuscrit Hudson Palliser
22Ce manuscrit porte le même titre que le manuscrit Admiralty : « Journal of the Proceedings of His Majesty’s Sloop Resolution in Exploring the South Atlantic Indian & Pacific Oceans by James Cook Commander ». Il est composé de 361 pages et est signé de la main de Cook. Ici aussi, il est principalement rédigé par William Dawson, bien qu’une seconde main soit par moment visible, probablement celle de Daniel Clark, engagé lui aussi à cette occasion39. Deux documents encadrent le récit de l’expédition à proprement parler et lui sont reliés. Il s’agit d’une gravure de James Basire effectuée d’après le portrait de Cook par William Hodges, et d’un « Discours sur les récentes améliorations des moyens visant à préserver la santé des marins », de Sir John Pringle, président de la Royal Society (« Discourse upon some late improvements of the Means for Preserving the Health of Mariners »). Sur la couverture, on trouve également les signatures de Graham Palliser et de E. W. Palliser, tous deux descendants de Sir Hugh Palliser à qui Cook a probablement donné son manuscrit à son retour en Angleterre. Nous avons signalé plus tôt que le manuscrit Hudson Palliser était un texte composite. Il se présente en effet comme un assemblage, parfois surprenant, d’extraits de MS 27886 et de MS 2788840, copiés in extenso ou légèrement modifiés, auxquels viennent s’ajouter des portions de texte que l’on ne trouve nulle part ailleurs, et qui ont été soit rédigées au moment de la mise en forme de ce journal, soit empruntées au manuscrit aujourd’hui disparu que nous avons mentionné plus haut. C’est le cas par exemple du début du journal, qui s’ouvre sur les mots suivants : « Peu après mon retour en Angleterre sur l’Endeavour, on décida d’armer deux navires », et propose une rubrique « Equipment », dans laquelle Cook détaille de manière plus ou moins précise le gréement du navire41. Une telle rubrique se retrouve également, plus complète et mieux organisée, dans MS 27886, ce qui laisserait penser que nous avons affaire ici à une première version, modifiée par la suite pour être incorporée au journal holographe, que Cook aurait néanmoins conservée, et dont il se sert ici. On peut peut-être avancer sur ce point que le manuscrit Hudson Palliser est un manuscrit expérimental, composé à un moment où Cook recherche ce qui semble correspondre au meilleur compte rendu possible de l’expédition qu’il vient d’effectuer, et que l’aspect d’assemblage artificiel que présente ce texte provient du fait que l’auteur a puisé ça et là dans les manuscrits à sa disposition, les divers extraits lui permettant d’obtenir un texte cohérent du journal42.
Le journal du troisième voyage
23Établir un texte fiable du journal du troisième voyage ne pose a priori aucun des problèmes majeurs que nous avons pu rencontrer pour les voyages précédents. Il existe en effet un manuscrit holographe conservé au département des manuscrits du British Museum qui couvre la quasi-totalité de l’expédition, depuis la prise de fonction de Cook le 10 février 1776, jusqu’au 6 janvier 1779. Du 7 au 17 janvier 1779, un fragment de log, conservé lui aussi au British Museum, poursuit le récit, mais au delà de cette date, rien n’est parvenu jusqu’à nous. Il est cependant difficile de croire que Cook n’a rien consigné des événements qui ont touché l’expédition entre le 17 janvier 1779 et le 14 février 1779, date de sa mort. À l’évidence le texte correspondant à cette période, quel qu’ait été son degré d’achèvement, a disparu, et l’on ne peut que déplorer l’absence d’un écrit, qui, mais nous sommes ici dans l’hypothèse la plus absolue, aurait sans doute révélé beaucoup sur les circonstances qui conduisirent à la disparition tragique de Cook. De la même manière, les étapes intermédiaires qui permirent la production du journal holographe dont nous disposons, ont elles aussi disparu. Seule certitude, cette disparition eut lieu après le retour de l’expédition en Angleterre, comme l’atteste une lettre de Philip Stephens, secrétaire de l’Amirauté, à John Douglas, éditeur du récit des second et troisième voyages de Cook. Cette lettre, datée du 14 novembre 1780, mentionne en effet « les journaux, logs et autres écrits relatifs au voyage et appartenant au capitaine Cook ». À cette date donc, les différents manuscrits étaient encore disponibles, mais un mois plus tard, le 16 décembre de la même année, une lettre de James King au même Douglas, signale la disparition d’une partie des documents :
Les recherches que j’ai effectuées concernant divers manuscrits du capitaine Cook sont restées vaines. Ils ne se trouvent ni à l’Amirauté, ni en possession de Mrs Cook et l’employé n’en a pas entendu parler. C. Gore n’est pas en ville, mais il semble peu probable qu’il puisse nous en dire quoi que ce soit. Néanmoins, à mon retour je poursuivrai mes recherches43 […]
L’examen du journal holographe permet de conclure que pour ce voyage Cook avait probablement en tête de produire un document qui serait publiable en l’état, ou qui ne nécessiterait pas d’être en grande partie réécrit par une tierce personne. Après l’expérience vécue au retour de sa seconde expédition, où de longs mois avaient été consacrés en collaboration avec John Douglas à la préparation de son manuscrit pour la publication, il était sans doute dans son intention de travailler en amont, en donc pendant le voyage, afin que son texte soit déjà bien avancé à son arrivée en Angleterre. La comparaison de ce document avec par exemple le journal du premier voyage fait ressortir des différences considérables entre les deux textes qu’il est nécessaire de souligner ici si l’on veut donner un compte rendu objectif de ce que ce journal représente. Les entrées techniques en mer, où sont normalement consignées toutes les données concernant la navigation et la progression du navire, sont condensées en une ligne ou deux, si bien qu’il faut se tourner vers les journaux d’autres membres de l’équipage, ceux de James King ou de Charles Clerke par exemple, si l’on veut obtenir des renseignements détaillés à ce niveau. Le découpage en entrées quotidiennes, signe de reconnaissance habituel des journaux de voyages maritimes, se voit remplacé par une organisation en paragraphes denses, qui ne mentionnent que le mois et l’année en haut de page, le jour précis étant inscrit en marge ou judicieusement inséré dans le corps du texte. Du point de vue de la forme de son texte et de son organisation interne, Cook semble avoir atteint ici un degré d’achèvement qu’on ne lui connaît pour aucun autre de ses manuscrits, mais il faut avancer prudemment sur ce terrain, car rien n’indique que certaines parties n’auraient pas été réorganisées, déplacées, supprimées ou rajoutées, si l’homme n’avait pas péri prématurément. Le texte présente par exemple un certain nombre de blancs qui empêchent de le considérer comme une version définitive du journal. Ces blancs concernent généralement des données précises tels les latitudes, longitudes ou encore les noms des lieux visités, et on peut imaginer aisément que Cook aurait complété son texte en puisant les informations nécessaires dans son log. Dans certains cas, c’est toute une partie du texte qui est annoncée, pour laquelle Cook laisse un espace considérable dans son manuscrit, mais qui n’apparaît finalement pas. C’est ce que l’on trouve par exemple à l’entrée du 29 janvier 1777, au départ de Van Diemen’s Land :
Mr Anderson, mon chirurgien, examina le pays pendant les quelques jours que nous passâmes ici et me fit la relation suivante de ses productions naturelles, à laquelle j’ajouterai seulement que les grands arbres droits qui s’y trouvent ne sont pas les mêmes que ceux que nous avons découverts plus au nord sur cette même côte44.
Mais le texte d’Anderson est absent, et le blanc laissé pour l’occasion n’est pas comblé. La présence de l’extrait d’Anderson copié verbatim dans une portion de log signale sans ambiguïté que Cook avait bien l’intention de l’inclure également dans son journal et qu’il savait exactement ce qu’il voulait mettre à cet endroit. Par ailleurs, on peut aisément imaginer que certains passages du journal n’eurent pas le temps d’être modifiés, voire supprimés, et que Cook, s’il avait vécu jusqu’au terme de cette expédition, aurait sans doute procédé à des modifications supplémentaires par endroits. C’est le cas par exemple pour les qualificatifs de « rebelles » ou de « turbulent » que Cook emploie à l’égard de son équipage qui refuse de boire de la bière concoctée à son intention à base de sucre de canne, lui préférant le traditionnel grog45. On se souviendra qu’au premier voyage, un cas similaire s’était produit, mais qu’il n’avait donné au final aucune condamnation de la part du capitaine qui avait choisi de supprimer cette mention du journal transmis à l’Amirauté, afin sans doute que l’on ne puisse pas questionner son autorité à bord. Plus parlante peut-être, la critique ouverte de Cook à l’encontre du Navy Board, qu’il accuse de laisser-aller dans le gréement des navires :
À cette occasion, je ne peux m’empêcher de remarquer que j’ai toujours trouvé que les ralingues de nos voiles n’étaient pas suffisamment solides […] de même que l’ensemble du cordage, ou, à dire vrai, quelque équipement que ce soit que l’on utilise dans la Marine Royale ne saurait être d’une valeur équivalente à celui en usage dans la Marine Marchande. J’en eus la preuve incontestable lors de mon dernier voyage. Lorsque le Resolution fut acheté pour le service du Roi, son gréement d’origine, poulies et voiles comprises, fut également acquis, et bien qu’il ait été en fonction depuis déjà quatorze mois, il dura bien plus longtemps que le même gréement sorti tout neuf des entrepôts du Roi46.
S’ensuit un long paragraphe dans lequel Cook déplore la piètre qualité de l’équipement des navires de sa Majesté, s’appuyant sur son expérience à bord du Resolution. Ces paroles, lourdes de conséquences, ne manquèrent d’ailleurs pas d’être censurées par l’Amirauté qui demanda à John Douglas, par l’entremise de Sir Hugh Palliser, alors à la tête du Navy Board, d’en réécrire une version très largement édulcorée pour la version officielle du journal publiée en 178447. Nous avons signalé plus haut qu’un grand nombre d’écrits avait sans doute disparu pour ce troisième voyage. Il existe cependant trois volumes conservés au Public Record Office de Londres qui méritent ici toute notre attention. Aucun de ces trois volumes, respectivement codés Adm 55/111, Adm 55/112 et Adm 55/113, n’est de la main de Cook. La personne qui les a copiés, probablement un secrétaire, présente une écriture soignée et propose une amélioration ponctuelle de l’orthographe et de la ponctuation utilisées par Cook dans son journal holographe. Ces trois textes ont un statut ambigu, et se présentent comme une étape intermédiaire entre le log et le journal, permettant en cela de mesurer le travail (ou une partie du travail) accompli par Cook pour aboutir à son journal holographe. Ce statut ambigu est d’ailleurs clairement souligné dans le titre du premier de ces volumes (Adm 55/111) simplement intitulé « Journal or Log ».
24Les deux premiers volumes (Adm 55/111 et Adm 55/112) font partie d’un même texte, et s’enchaînent parfaitement, le premier s’interrompant au milieu de la description d’une cérémonie de sacrifice à Tahiti, qui se poursuit immédiatement au début du second volume. Les périodes que couvrent ces deux textes corroborent elles aussi cette théorie : du 10 février 1776 au 1er septembre 1777 pour Adm 55/111 et du 1er septembre 1777 au 27 novembre 1778 pour Adm 55/112. Le texte Adm 55/113 commence quant à lui au milieu d’une phrase, tirée de la description de Nootka Sound en avril 1778, comme l’atteste l’entrée correspondante dans le journal holographe48, et se poursuit jusqu’au 6 janvier 1779. Le début in medias res de ce volume signale à l’évidence l’existence d’un texte qui couvre la période précédent avril 1778, mais qui a aujourd’hui disparu. On peut facilement imaginer ici que Cook possédait simultanément deux copies de ce texte hybride, mi-log, mi-journal, et que l’ensemble Adm 55/111 et Adm 55/112 est l’une des copies, et Adm 55/113, la seconde moitié de l’autre. Enfin, signalons également que ces trois volumes du Public Record Office recouvrent exactement la période consignée dans les textes holographes dont nous disposons.
En dépit des nombreux manuscrits qui constituent les journaux de James Cook, on voit aisément se dégager une cohérence dans l’organisation interne de ces écrits, même si chacun des journaux, correspondant à un voyage particulier, fonctionne également de manière autonome.
25Le nombre important de manuscrits signale le travail effectué par Cook sur son texte et nous invite maintenant à envisager cette cohérence du point de vue du contenu du texte.
Notes de bas de page
1 Nous employons ici la nomenclature établie par J. C. Beaglehole dans son édition des journaux de James Cook
2 Pour les détails concernant l’histoire de ce manuscrit, voir Cook I, p. cxciv-cci.
3 Cook I, p. 399.
4 Cook semble toutefois désireux de tempérer l’image négative qu’avait donnée Dampier des indigènes de la côte occidentale. Voir notamment l’entrée du 10 juillet 1770 « leurs cheveux étaient noirs, raides et coupés très courts, mais ni broussailleux, ni crépus. Ils ne leur manquait pas non plus les dents de devant, ce que Dampier mentionne à propos des habitants de la côte ouest de ce pays » (Cook I, p 358).
5 Cook I, p. 399.
6 Ibid. p. 343.
7 Ibid., p. 262. C’est moi qui souligne. Ce type de remarque apparaît plusieurs fois. Ainsi à l’entrée du 23 mars 1770, la mention de Cape Farewell en Nouvelle-Zélande est suivie de la précision : « ainsi nommé après coup » (Ibid., p. 270).
8 Ibid., p. ccviii-ccix.
9 A Journal of the proceedings of His Majestys Bark Endeavour on a Voyage round the World by Lieutenant James Cook Commander commencing the 25th of May 1768. Ce manuscrit était à l’origine la propriété de Sir Philip Stephens, secrétaire de l’Amirauté et ami de Cook. Pour connaître les détails concernant l’histoire de ce manuscrit jusqu’à nos jours, voir Cook I, p. ccxviii-ccxix.
10 « Dans l’après-midi, je me rendis en ville afin de déposer dans le premier navire hollandais qui partait un paquet pour l’Amirauté contenant un exemplaire de mon journal, une carte de la Mer du Sud, une autre de la Nouvelle-Zélande, et une de la côte est de la Nouvelle-Hollande. » (Ibid., p. 435-436. Entrée du 24 octobre 1770).
11 Ibid., p. ccxix.
12 William J. L. Wharton, éd., Captain Cook’s Journal during His First Voyage Round the World Made in H. M. Bark ‘Endeavour’, 1768-1771, London, Elliot Stock, 1893. Jusqu’alors, n’étaient disponibles que les récits publiés officiellement par John Hawkesworth (1773) et John Douglas (1777 et 1784). Voir notre cinquième partie. À partir de l’entrée du 24 octobre 1770, Wharton complète son texte avec le manuscrit Admiralty.
13 Cook I, p. ccxxi.
14 Beaglehole avance une troisième hypothèse : Hervey aurait pu très bien copier lui-même (ou faire copier) ce manuscrit ce qui expliquerait notamment l’absence de signature de Cook. Voir Cook I, p. ccxxiii.
15 Pour le détail de l’agencement particulier de ces parties, voir Cook I, p. ccxxii.
16 Dans ce post-scriptum, rédigé à quai, Cook livre notamment de précieux conseils quant à la poursuite de l’exploration du Pacifique. J’y reviens.
17 Ibid., p. ccxxv.
18 Nous écrivons « en partie » car les manuscrits en question présentent parfois des orthographes de noms qui semblent avoir échappé à la révision. Ainsi, dans le journal holographe la reine Obarea est appelée « Obariea » lors de sa première apparition dans le texte (entrée du 28 avril 1769), puis « Obaria » (2 mai 1769), « Obarea » (5 mai 1769), orthographe conservée pour les autres mentions de cette personne. Voir Cook I, p. 85-117 passim.
19 P. Edwards, The Story of the Voyage. op. cit, p. 98.
20 « Au nom de Sa Majesté George III, je pris possession de toute la côte est, depuis la latitude ci-dessus jusqu’à l’endroit où nous nous trouvions, sous le nom de Nouvelle-Galles du Sud » (Cook I, p. 387-388. Entrée du 22 août 1770).
21 Ibid. p. 310. Entrée du 6 mai 1770.
22 Ibid., p. ccx.
23 Ibid., p. 169-170. Entrée du 9 octobre 1769.
24 Le rang social de Joseph Banks et le décès de William Monkhouse à Batavia le 7 novembre 1770, empêchèrent sans doute Cook de désigner ces deux hommes comme les auteurs des coups de feu.
25 Cook I, p. 323. Entrée du 23 mai 1770. Matra apparaît également sous le nom de Magra.
26 Ibid. p. 324. Entrée du 23 mai 1770.
27 Ibid. p. 323. Entrée du 23 mai 1770.
28 Voir Cook II, p. cxv-xvi.
29 Il existe un holographe du second voyage conservé au British Museum, sous la côte Add. MS 27956.
30 Joseph Banks avait été le mentor littéraire de Cook lors du premier voyage. Ici, c’est William Wales qui remplit cette fonction.
31 Voir détails dans Cook II, p. cxx-cxxiii.
32 C’est ce que l’on voit par exemple dans une expression comme « que je m’efforcerai de livrer au lecteur » (Cook II, p cxxi). Bien que moins nombreuses, de telles allusions sont également présentes dans MS 27886. Ainsi, au départ des navires en juillet 1772, Cook signale qu’il désire « dire quelques mots sur l’équipement du navire, afin d’informer les curieux » (Cook II, p. 11). Qui sont ces « curieux » ? Probablement pas les Lords de l’Amirauté, qui n’avaient pas besoin qu’on leur rappelle de quelle manière les navires étaient équipés, mais sans doute un public plus large et moins initié à ce genre de détails. Voir également l’entrée du 17 mai 1773 : « Si le lecteur de ce journal désire connaître les raisons qui m’ont poussé à prendre la décision ci-dessus, je souhaite qu’il considère qu’après avoir navigué quatre mois dans ces hautes latitudes, il est naturel de vouloir se reposer quelques temps dans un port ou je pourrai fournir des vivres frais à mes hommes » (Cook II, p. 106).
33 P. Edwards, ed., The Journals of Captain Cook, op. cit., p. 222.
34 Au 21 mars 1775, le journal mentionne l’envoi de ce manuscrit à l’Amirauté : « nous jetâmes l’ancre dans la baie de la Table, où nous trouvâmes plusieurs navires hollandais, quelques français et le Cérès, capitaine Newte, un navire anglais de la Compagnie des Indes Orientales arrivé de Chine et en partance pour l’Angleterre, par lequel j’envoyai une copie de ce journal, des cartes et d’autres dessins à l’Amirauté » (Cook II, p. 654).
35 Cook II, p. cxxvi.
36 Ibid., p. cxxvi-cxxvii. Derrière ces phrases se cache bien évidemment plus qu’une simple précaution oratoire visant à excuser par avance les imperfections de l’écriture. Nous y reviendrons.
37 Le titre de ce journal est : « Captn james Cook’s Voyage from the Year 1772 to July 1775 Given me by Himself, Bristol ». Sur la première page, on trouve les inscriptions « Charles Paget 1797 » et « Mulgrave ».
38 Constantine Phipps effectua un voyage dans l’océan arctique en 1773. Paget fut commandant d’un yacht royal entre 1817 et 1819, et fut un temps au service du Prince Régent.
39 C’est par John Elliott, enseigne à bord du Resolution, que l’on apprend que Daniel Clark est lui aussi secrétaire de Cook. Elliott rajoute à son sujet qu’il est « intelligent, mais [qu’] il aime le grog » (Cook II, p. 881).
40 Pour le détail des alternances entre MS 27886 et MS 27888, voir Cook II, p. cxxviii-cxxix.
41 Ibid., p. cxxviii.
42 On peut également imaginer que le manuscrit Hudson Palliser ait été composé à la hâte, à partir de divers extraits des manuscrits disponibles, dans le seul but d’être offert à Sir Hugh Palliser, ami et protecteur de Cook, ce qui peut expliquer son aspect d’assemblage artificiel. Cette hypothèse est cependant contrariée par le fait que Cook aurait sans doute préféré présenter à Palliser un journal écrit de sa propre main.
43 Cook III, p. clxxi.
44 Ibid., p. 58.
45 Ibid., p. 479.
46 Ibid., p. 481.
47 Ibid.
48 Cette portion de phrase est la suivante : « […] la mer, mais ne possède par ailleurs pas grand-chose d’intéressant » (Ibid., p. 309).
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