Les élites et le travail des enfants dans la sphère privée en Belgique au XIXe siècle
p. 169-186
Texte intégral
1L’exploitation du travail des enfants au XIXe siècle a souvent été soulignée dans de vastes enquêtes, quelquefois dénoncée par des observateurs sociaux, essentiellement des médecins, ingénieurs ou moralistes. Mais ce sont surtout les lieux où cette exploitation était visible (mines, manufactures) qui ont retenu l’attention des pouvoirs publics et de certains réformateurs1, et par conséquent des historiens d’aujourd’hui. Or il existe manifestement, chez les élites comme dans l’ensemble de la société, une perception variable de l’enfance et de l’âge de l’accès au travail, fortement liée à la condition sociale et à la nature du travail. Enfance et travail, deux notions qui paraissent étroitement imbriquées, sont pourtant des notions évolutives qui diffèrent dans le temps, dans l’espace et selon les catégories sociales. Ces quelques évidences doivent être rappelées car elles interfèrent fortement dans cette étude.
Des enfances variables et des modes d’exploitation différents
2L’enfant n’est donc pas considéré de la même manière selon son origine sociale, le lieu où il se trouve et l’activité qu’il exerce. Le travail qu’il effectue peut paraître scandaleux ou au contraire acceptable à la seule aune de cette grille de lecture. C’est ainsi que l’on s’insurge devant l’enfant qui descend dans la mine et que l’on en arrive presque à louer le travail à domicile2.
3À côté des formes de travail enfantin qui ont suscité les réactions des contemporains, il existe aussi d’autres formes d’exploitation de l’enfance – bien que moins visibles et donc moins spectaculaires – qui ne doivent pas être occultées, même si ces tâches, effectuées dans des lieux traditionnels ressortant de la sphère privée, n’ont jamais été considérées de la même manière que celles effectuées dans la grande industrie, bien qu’elles soient souvent aussi dures et aussi pénibles.
4L’enfant utilisé comme force de travail par ses parents a été dénoncé au cours du siècle et a servi d’exemple pour illustrer l’immoralité des classes ouvrières. En revanche, l’organisation du travail dans le cadre familial, dans les industries à domicile (nous pensons particulièrement aux jeunes fileuses ou dentellières), mise en place par une élite commerciale, a aussi alimenté l’enrichissement d’un patronat commercial, de négociants (notamment en dentelles et en toile de lin), tout comme l’exploitation de l’enfance dans les manufactures a enrichi le capitalisme industriel. La responsabilité des premiers n’en est pas moins réelle – même si elle paraît plus diffuse en raison du système mis en place.
5Abstraction faite du travail à domicile où le travail des enfants fut organisé sur une grande échelle, c’est au sein des familles elles-mêmes, cellules plus petites mais combien plus nombreuses, que l’on retrouve une foule d’enfants employés à diverses tâches. Le petit commerce et l’artisanat, entreprises familiales par excellence, survivent souvent grâce à la collaboration de tous les membres ; chacun y est mis largement à contribution, et les enfants ne sont pas en reste.
6Dans la domesticité, qui sera traitée plus particulièrement dans la suite, la plupart des travailleurs sont certes des adultes, mais de jeunes adultes, souvent des adolescents car le métier est transitoire et rares sont ceux et celles qui l’exercent toute leur vie. L’entrée en service peut s’effectuer précocement, selon une hiérarchie des tâches extrêmement bien définie et selon l’appartenance sociale des employeurs. Ainsi la noblesse et la haute bourgeoisie emploient plus volontiers un personnel plus âgé – donc plus qualifié et plus cher – que les classes moyennes. Plus on descend dans l’échelle sociale, plus on constate un recours fréquent à des enfants, non qualifiés et donc sous-payés, symbolisés par la bonne à tout faire ou la bonne d’enfants.
L’intimité des familles : un tabou du XIXe siècle
7S’il est possible, du moins en théorie, de déterminer l’âge d’accès au travail des enfants dans les différentes industries (grâce notamment aux recensements), cela reste aléatoire pour les domestiques. Travaillant au cœur du privé, ils échappent complètement à l’observation sociale qui se développe au XIXe siècle. Cette invisibilité répond aux désirs de l’époque où la famille « triomphante », considérée comme l’antidote de l’espace public, demeure un domaine fermé, laissé à la seule autorité du père de famille, où rien ne peut justifier une quelconque intrusion. Cette famille « triomphante » est bientôt présentée comme un modèle et même comme la véritable clé de voûte de la société bourgeoise, le rempart contre les assauts de l’immoralité et de la corruption, un espace protégé dont il faut, selon les Pandectes belges, « défendre la liberté contre l’intrusion des pouvoirs civils ; l’État ne peut s’immiscer dans le domaine du gouvernement, de l’administration de la famille »3
8Pour notre étude, cette conception entraîne plusieurs difficultés. Tout d’abord le travail des enfants et des jeunes gens, même salariés, y est peu observé ; il a par conséquent laissé peu de traces dans les archives et dans les sources en général. Ensuite, la législation protectrice du travail s’arrêta aussi aux portes de la famille, privant ainsi longtemps l’historien(ne) de débats et de repères utiles à l’élaboration de son travail. À titre d’exemple, la loi sur le repos dominical du 17 juillet 1905 stipule qu’il est interdit de faire travailler plus de six jours par semaine des personnes, à l’exception des membres de la famille, des domestiques ou gens de maison4. Enfants de commerçants ou d’artisans, domestiques et servantes de boutique sont ainsi explicitement exclus du bénéfice de la loi. Le travail des enfants suit aussi la dichotomie privé/public qui traverse tout le XIXe siècle et se prolonge même au XXe siècle.
9L’obligation scolaire, votée seulement en 1914 et réellement appliquée après 1918, est trop tardive en Belgique pour changer les termes d’un débat qui évolue peu au cours du long XIXe siècle. Mais cette difficulté de pénétrer au sein des familles se poursuit dans une large mesure au XXe siècle. Une enquête menée par le Bureau International du Travail au début des années 1930 est très révélatrice. Elle se propose d’examiner la nécessité d’une réglementation internationale concernant l’âge d’admission des enfants au travail au sein des professions non industrielles (dont la domesticité fait bien évidemment partie). En 1931, un volumineux questionnaire est envoyé aux pays participants. Si beaucoup d’entre eux – dont la Belgique et la France-reconnaissent qu’il faudrait élaborer rapidement une réglementation sous forme d’un projet de convention, quelques questions affaiblissent cette relative unanimité, essentiellement celle qui envisage des dispositions sur l’emploi des enfants au « travail domestique privé ».
10La Belgique refuse d’en faire une exception et maintient que « en dessous de l’âge de quatorze ans tout travail, même domestique doit être interdit en principe »5. L’Autriche préférerait que les enfants de dix ans révolus puissent être admis aux travaux légers du service domestique privé. La France se positionne plus difficilement. Elle stipule « qu’il pourrait paraître désirable que les dispositions du projet de convention soient étendues au travail domestique privé », mais seulement « dans le cas, tout au moins, où les enfants y seraient occupés d’une façon régulière et suivie »6 et souligne les difficultés potentielles pour exercer un contrôle. L’impossibilité de pénétrer au domicile privé des employeurs rendra l’exécution de cette mesure inapplicable. Les représentants français s’accordent donc à exclure la domesticité du champ d’application de la convention future. Le grand-duché de Luxembourg arrive à la même conclusion. En effet, l’application de cette nouvelle réglementation exigerait que l’on puisse exercer un contrôle officiel dans les ménages, contrôle qui « pourrait non seulement être considéré comme une immixtion inopportune dans la vie de famille mais [dont] l’efficacité demeurerait aussi problématique »7. Le projet de convention se heurte à l’inviolabilité du privé et les arguments ont peu changé depuis la fin du XIXe siècle.
11En dépit de ces difficultés et de leurs répercussions sur les sources, nous allons tenter de dégager quelques données sur l’emploi d’enfants comme domestiques au siècle passé. Précisons toutefois que nous nous sommes limités au travail domestique non productif, c’est-à-dire la domesticité urbaine attachée aux services des personnes, et non à la domesticité productive, soit la domesticité agricole.
12Dans les familles assez aisées, le recours aux jeunes domestiques, et spécialement aux fillettes comme bonnes d’enfants, est assez fréquent. La plupart d’entre elles viennent de la campagne car la province offre un réservoir de main-d’œuvre essentiellement féminine, considéré généralement par les contemporains comme inépuisable. Inversement, le service domestique offre aux jeunes rurales l’avantage de ne pas exiger de formation spécifique et de leur permettre de s’installer en ville.
13Des études de plus en plus nombreuses sont consacrées à la vie quotidienne de ces jeunes travailleurs et travailleuses8, mais si tous les auteurs s’accordent pour souligner que les servantes sont de jeunes filles issues de la campagne, leur âge ainsi que l’itinéraire parcouru avant d’entrer en service dans la grande ville sont, à de rares exceptions près, désespérément absents de leurs travaux.
De placements en déplacements
14Pourtant, pour l’Ancien Régime, on a déjà mis en évidence le rôle capital du placement d’enfants et d’adolescents comme domestiques. Une véritable circulation de ces jeunes travailleurs est attestée dès le XVIIe siècle en France, en Angleterre ou en Allemagne.
15Les besoins matériels – et donc les avantages pécuniaires supposés souvent évoqués par les historiens – ne sont pas seuls en cause. Ces placements précoces auraient également pour objectif de sociabiliser les jeunes, de leur offrir l’apprentissage d’un métier, d’une condition mais aussi l’apprentissage de la « vie ». Des parents tentent ainsi d’inculquer certaines valeurs à leurs enfants, de les éduquer, voire de les punir. En témoigne cette lettre d’une mère écrivant à ses frère et sœur installés à Bruxelles pour qu’ils trouvent une place pour sa jeune fille, Nelly, car « je suis très malheureuse avec elle, elle ne veut plus m’écouter, elle me répond. Je ne sais plus rien en faire [...], je suis vraiment au désespoir de voir le chemin qu’elle prend, j’ai toujours cru quand [sic] grandissant quelle [sic] deviendrait meilleure [...]. Chercher une place où elle ne peut pas sortir puisqu’elle aime de venir elle a prendra [sic] à vivre »9.
16Ce phénomène migratoire de placement, véritable système social, a sans doute été trop longtemps négligé par les historiens de l’époque contemporaine. Une étude récente de l’origine géographique des servantes travaillant à Bruxelles au XIXe siècle a montré que les motivations de ces adolescentes sont multiples10. Si l’entrée en condition offre indéniablement un apprentissage ménager, il arrive qu’elle soit perçue comme une période transitoire d’apprentissage linguistique et social, mais aussi comme un moment béni permettant d’accumuler une petite épargne en vue d’un futur mariage.
17Les silences sur les motivations de l’entrée en service s’expliquent, hélas, souvent par la difficulté de rassembler des informations précises, fiables, et par les lacunes des sources. Les recensements, par exemple, ne sont pas d’un grand secours : l’âge des domestiques y est très rarement mentionné, c’est une donnée qui doit être véritablement débusquée dans des sources aussi diverses que disparates.
18C’est ainsi que nous avons utilisé une source précieuse, malheureusement trop rare, un registre des domestiques, tenu par la police bruxelloise pendant la période française, plus spécifiquement entre 1813 et 1815. Ce registre avait pour objectif de mettre l’offre et la demande en contact, soit de permettre à des maîtres et maîtresses de maison de rencontrer les domestiques recherchés. Son utilité ne s’arrêtait pas là, car le registre permettait aussi de surveiller les domestiques, jugés suspects et redoutés des pouvoirs publics du XIXe siècle. L’administration policière y a donc noté les noms, prénom, lieu de naissance, adresse, âge ainsi que des données complémentaires plus sporadiques mais néanmoins riches d’enseignements.
L’âge au travail
19Une première lecture ou une lecture superficielle n’offre pas de grande « révélation » : les très jeunes domestiques demeurent rares, les plus jeunes ont entre seize et dix-huit ans, quelques-uns moins, comme Désirée Clément, quinze ans, originaire de Soignies, qui cherche une place de bonne d’enfants à Bruxelles – tout en précisant qu’elle sait coudre – et qui est munie d’une recommandation du maire de sa ville11. Ou encore Auguste Schellekens, quinze ans, à la recherche d’une place de garçon de salle12 (les garçons de café ou de restaurant étant à cette époque assimilés aux domestiques).
20Mais le document est surtout intéressant parce qu’il énumère les antécédents de ces jeunes domestiques.
21On constate que ceux-ci, en dépit de leur jeune âge, n’en sont pas à leur première place : soit ils ont déjà exercé un autre métier, soit ils ont déjà servi d’autres maîtres et maîtresses de maison. Ainsi Gertrude Van Hoode est à la recherche d’une place de garde d’enfants. Âgée de dix-huit ans, elle n’a jamais été servante mais elle « est dentellière de sa profession »13. Même chose pour Pierre Vanderlinden, dix-huit ans, qui cherche une place de domestique tout en exerçant déjà-et depuis longtemps-la profession de cordonnier14. D’autres font état de services domestiques antérieurs. Narcisse Gilson, quinze ans, originaire d’Ath dans la province du Hainaut, cherche une place de garde d’enfants ; on précise qu’elle a déjà travaillé dans un ménage de sa ville durant trois ans15 (elle avait donc au minimum douze ans lorsqu’elle a « débuté » comme bonne d’enfants). Les exemples de ce type sont nombreux et indiquent clairement une entrée en condition très précoce. Augustine Duvivier, dix-sept ans, de Mons, a servi précédemment chez les mêmes maîtres pendant sept années16 ; Louise Louis, quatorze ans, de Liège, cherche une place de fille de confiance en déclarant avoir servi plusieurs années chez une même maîtresse de maison17.
22Il ressort de ces diverses données que lorsque les domestiques et servantes arrivent dans une grande ville comme Bruxelles, ils n’en sont pas à leur coup d’essai. La plupart ont déjà été placés en service à la campagne ou dans une ville de province. Il existerait ainsi une sorte de trajectoire plus ou moins diffuse, un parcours professionnel effectué par étapes vers la grande ville, atteinte à l’adolescence.
Un cas spécifique : les orphelines
23D’autres jeunes filles, originaires pour l’essentiel de Bruxelles18, n’ont jamais servi dans un ménage bourgeois. Pourtant elles y ont été docilement formées et préparées de longue date : il s’agit des pensionnaires de l’Hospice des orphelines de Bruxelles.
24Si une grande majorité de servantes provient de l’extérieur de la ville, il existe pourtant un vivier de recrutement intra muros, mis à la disposition des maîtres et maîtresses de maison, au centre même de la capitale. En effet, ces derniers peuvent recourir à une institution de bienfaisance connue de tous les Bruxellois, l’Hospice des orphelines.
25Ces hospices ont été réorganisés sous le régime français, et en 1809 la séparation administrative devint effective entre orphelinats de garçons et de filles. À partir de cette date, les deux orphelinats cohabitent à Bruxelles19. La notion d’orphelin, restée floue jusque-là, est clairement précisée par le décret du 19 janvier 1811. Il différencie nettement les orphelins des enfants abandonnés et des enfants trouvés. Les orphelins sont « ceux qui, n’ayant ni père ni mère, n’ont aucun moyen d’existence »20. À la différence des enfants trouvés nés de père et mère inconnus, on connaît le nom de famille des enfants abandonnés et des orphelins. Les conditions d’admission sont très strictes et seuls les enfants de six à dix ans y sont acceptés. Le Conseil général des Hospices et Secours (CGHS), chargé de leur administration, estima en effet qu’en dessous de six ans, ces enfants exigeraient trop de soins et qu’au-dessus de dix ans, ils pouvaient déjà avoir contracté de mauvaises habitudes. Les orphelines sont hébergées dans l’établissement jusqu’à l’âge de vingt et un ans, du moins en théorie. À leur sortie, elles reçoivent un trousseau dont la composition varie selon les époques et les ressources financières de l’administration.
26Mais si le décret prévoit l’intervention de l’État dans les frais et dépenses occasionnés par l’entretien des enfants trouvés et abandonnés, il n’évoque pas le financement des orphelinats. Ceux-ci ne peuvent donc compter que sur leurs propres ressources et sur les subventions des municipalités dont ils dépendent. On envisagea donc rapidement le travail des orphelins et orphelines comme une rentrée d’argent susceptible de couvrir une partie des besoins et des frais généraux. Dès l’âge de sept ans, les garçons sont employés dans divers ateliers de la ville, d’abord comme apprentis, puis comme menuisiers, cordonniers, tailleurs, tisserands... avant d’être placés à la campagne, et ce dès 181121.
27Les filles exercent plutôt des travaux de couture, de tricot et surtout de dentelles22. Dès 1807, une école de dentellières est ouverte à l’hospice. Le recours à cette main-d’œuvre bon marché n’est pas pour plaire aux concurrents ; des marchands de dentelles protestent contre ce privilège exclusif. En butte à ces plaintes récurrentes, le Conseil général des Hospices et Secours de la Ville de Bruxelles, qui gère l’orphelinat, décide de supprimer l’école en 1820. Il remplace l’apprentissage de la dentelle par celui de la couture parce que « lors de leur émancipation, la destinée ordinaire des orphelines est d’entrer en service dans de bonnes maisons, soit comme filles de chambre, ménagères ou lingères ». Les travaux de couture leur seront certainement plus utiles et les feront peut-être préférer à d’autres, ils « leur assureront une honnête existence »23.
28Déjà en 1819, ce même Conseil avait envisagé d’établir dans l’orphelinat un atelier de broderie. La directrice est favorable au projet puisque « le but général de mes élèves est d’entrer en service lorsqu’elles quittent la maison, que le travail, pour tout ce qui est relatif à la couture, est et sera toujours de mode et de première nécessité pour remplir ce but »24.
29L’objectif de l’institution est donc clair : faire travailler les orphelines dans le cadre de l’apprentissage pendant leur enfance, les mettre en service dès leur majorité25.
30Ce placement des orphelines comme servantes est même théorisé. Ainsi en 1839, le baron de Gérando privilégie l’entrée en condition pour les pupilles de l’État, surtout pour les filles, car « il n’est pas nécessaire, sans doute, de faire remarquer que la destination des élèves doit varier suivant leur sexe. L’état de domesticité est préférable pour les filles à la profession d’ouvrières et de lingères »26. Seules celles « qui annonceraient des dispositions convenables » seraient dirigées de bonne heure vers la formation d’institutrices de campagne27.
31Plusieurs maîtresses sont engagées à l’orphelinat, elles se voient chargées de l’instruction, du soin du ménage, de l’enseignement et des ouvrages de mains. Les orphelines sont rapidement employées à tour de rôle à la buanderie, à la cuisine et au repassage du linge, « de manière à ce que chaque orpheline sache à sa sortie tout ce qui est nécessaire aux travaux du ménage »28. Les plus âgées doivent surveiller les plus jeunes – occupation qui fait également partie de leur formation.
32L’orphelinat connaît rapidement une certaine notoriété, confortée par la protection des nobles. En 1818, la princesse d’Orange prend à son service une orpheline « dont la moralité, la conduite et les connaissances méritaient cette distinction »29. Les demandes affluent tellement qu’on décide que les orphelines pourront quitter l’établissement pour entrer en service dès dix-huit ans, voire plus jeunes avec l’accord du Conseil.
33La demande d’orphelines comme servantes dépasse de loin le nombre de jeunes filles en âge d’entrer en service. De futurs maîtres attendent patiemment l’anniversaire d’une orpheline convoitée et signalent même aux autorités compétentes les orphelines en âge de travailler. Ainsi, Mme Charles de Dobbeller, « l’épouse de l’un de vos anciens collègues [...] ayant appris qu’une des orphelines a atteint l’âge où elles peuvent avec autorisation sortir de l’établissement pour prendre service », souhaite engager Anne J. comme femme de chambre30. La requête est acceptée. Les anniversaires des orphelines sont suivis avec attention, Mme Chomé-Defosse, prévenue par une de ses amies, fait savoir au Conseil qu’il « y avait une ou deux orphelines disponibles rue du Midi ». Elle obtient que Barbe H., âgée de dix-huit ans, entre à son service comme fille de quartier31.
34Les exigences des maîtres sont souvent très précises et en apprennent long sur les pratiques de l’époque. Ainsi un certain Ghilain, habitant un faubourg de Bruxelles, spécifie clairement sa demande : une jeune servante « sachant un peu de français, ayant fait sa première communion, ne dépassant pas les quatorze ans, issue de braves parents et étant elle-même imbue de bons sentiments moraux »32.
35Le principe – le placement à l’âge de la majorité – est loin d’être respecté dans les faits et on peut supposer que ces entorses au règlement s’alignent probablement sur les pratiques habituelles dans le recrutement de la domesticité.
Des conditions de travail acceptables ?
36Pourtant chaque année, la directrice de l’établissement, Mme Guiette, refuse de placer un certain nombre d’orphelines. Par une enquête minutieuse sur la moralité des futurs maîtres comme sur l’ampleur et la nature des prestations requises, elle tente de garantir à ses protégées un lieu et des conditions de vie acceptables. Ce souci l’oppose parfois au Conseil Général des Hospices et Secours qui ne partage apparemment pas ses préoccupations ni ses scrupules. Par exemple, Mme Guiette refuse de placer la jeune Thérèse V. chez un major pensionné. Celui-ci avait déjà employé une ancienne pensionnaire qui n’avait pu rester en raison « des fréquentes difficultés résultant des exigences du service auxquelles elle ne pouvait que trop difficilement satisfaire »33. Mais le Conseil n’est pas du même avis, informe la directrice de l’entrée imminente en condition de Thérèse V. chez le major et lui enjoint de « recommander à cette orpheline d’être convenable, soumise et laborieuse dans la position qui lui est destinée en la prévenant que si des plaintes nous étaient faites, nous serions obligés de prendre des mesures à son égard »34.
37De même, des maîtres qui se sont adressés sans succès à l’orphelinat s’en plaignent à l’administration communale. La directrice doit alors justifier les motifs de son refus ou son impossibilité à proposer une orpheline. Ces motifs n’invoquent guère l’âge précoce mais le plus souvent le travail démesuré qui sera exigé de la jeune orpheline : ainsi une dame de Boer « désirait une jeune fille assez forte, et plus forte que je n’ai pu lui présenter, pour entreprendre à elle seule la besogne de tout le ménage, elle désirait aussi ne pas faire choix parmi les élèves connaissant parfaitement la couture, comprenant qu’une bonne ouvrière abandonnerait difficilement ce travail pour s’occuper exclusivement de forts ouvrages »35.
38La directrice tente aussi de protéger la moralité de ses pensionnaires, surtout lorsqu’elles sont très jeunes. Ainsi, elle refuse de placer Mimi I., une orpheline de quatorze ans, au service d’une dame « ayant deux ou trois fils ». Mais cette dame, épouse d’un haut fonctionnaire du ministère de la Guerre, obtient gain de cause. Un an plus tard, la jeune fille âgée de quinze ans est réintégrée d’urgence au sein de l’Hospice « afin de lui assurer une existence qui ne compromette pas plus longtemps son avenir »36.
39L’intérêt particulier porté à la prévention morale des jeunes filles est mis en avant par certains maîtres qui promettent ainsi d’être attentifs à la vertu et à la pudeur de leur servante. L’épouse Renard-Jaumain, vivement intéressée par l’engagement de Catherine C. comme « fille d’en haut », précise que cette dernière sera traitée avec indulgence et bonté et placée sous « une surveillance exacte [qui] la prémunira contre tout ce qui pourrait porter la moindre atteinte à la pureté de ses mœurs »37. Une autre maîtresse de maison, à la recherche d’une bonne pour son enfant de seize mois, précise qu’elle n’emploie qu’une cuisinière et « que la bonne ne sort[ira] jamais sans moi »38.
40Des parents proches ou éloignés essaient également de faire entrer à leur service une nièce, une sœur ou une cousine. Dans ces cas, la directrice se montre encore bien plus exigeante et refuse le plus souvent la sortie anticipée de l’orpheline car « l’établissement n’est pas une maison d’apprentissage d’où il est possible de retirer les élèves lorsqu’elles sont capables de rendre quelques services »39. Justine Gaupin, tante de deux orphelines, eut plus de chance : femme de chambre au service de la comtesse de Beaufort, elle souhaite « récupérer » au moins l’une de ses deux nièces. Grâce à l’intervention de la comtesse, qui désire engager l’une des orphelines, la requête est acceptée malgré le jeune âge de la pensionnaire : elle a à peine quinze ans.
Des punitions prévues en cas de renvoi
41Lorsque les jeunes orphelines ne satisfont pas leurs employeurs, elles retournent à l’orphelinat où, en guise de punition, certaines d’entre elles sont envoyées dans les hôpitaux de la ville. Ce type de placement particulier n’est pas exceptionnel. Déjà en 1809, deux jeunes orphelines remarquées par leur conduite « scandaleuse » sont expédiées à l’hospice de l’Infirmerie « comme servantes attachées aux incurables », et cela afin de « rendre la punition plus forte et laisser une impression profonde dans l’esprit de ces jeunes élèves »40.
42Les partisans de cette pratique allèguent que les orphelines ont contracté auprès de la société une dette dont elles doivent s’acquitter en acceptant les tâches les plus ingrates. Certains auteurs font même de ces placements dans les hôpitaux une règle qui permettrait de remédier aux graves problèmes de recrutement que rencontrent tous les établissements hospitaliers41.
43Le but est donc double : utilitaire et moralisateur. En effet, ces enfants, élevés et modelés dès leur jeune âge pour rendre de tels services, « seraient mis en état d’acquitter leur dette envers l’humanité et, devant tout eux-mêmes à la charité publique, ils se relèveraient à leurs propres yeux dans l’exercice de pénibles fonctions qui leur permettraient de rendre à la charité publique les bienfaits qu’ils en ont reçus »42.
44À Bruxelles, d’autres orphelinats ouvrent bientôt leurs portes. Publics ou privés, ils ne se différencient guère par leur programme ou par leurs objectifs. Ainsi l’Orphelinat des Filles de l’Institut Saint-Antoine tenu par des franciscaines forme ses pensionnaires pour qu’elles acquièrent « toutes les connaissances nécessaires pour devenir de bonnes servantes »43.
45Toutes ces institutions préparent les fillettes à entrer en condition et n’en font pas mystère : « On peut donc s’y adresser pour demander des filles de cuisine, bonnes à tout faire, bonnes d’enfants, femmes de chambre [sans oublier pour autant] qu’elles n’ont pas plus de dix-huit à vingt et un ans »44.
46Cette formation spécifique de servantes dans les orphelinats n’est pas limitée à la ville de Bruxelles. D’autres villes procèdent de la même manière. Des romans, comme Modeste Autome de Marguerite Baulu, détaillent les malheurs de ces jeunes orphelines. L’action de Modeste Autome débute à Malines, et Marguerite Baulu prête aux religieuses qui dirigent l’orphelinat des propos qui ne laissent planer aucun doute sur les objectifs de l’institution. À propos des orphelines, sœur Marthe affirme : « Le tout [...] c’est d’en faire des femmes propres et ingénieuses, d’honnêtes petites ouvrières du ménage, des artisans de la lèchefrite, des praticiennes de la loque à poussière et du torchon, le groupe social indispensable des femmes de chambre, des cuisinières, des filles à tout faire »45.
Un recrutement toutefois limité
47Mais si le placement des orphelines comme servantes dès leur jeune âge est une réalité et si l’orphelinat constitue peut-être le seul lieu d’apprentissage confirmé pour entrer en condition, il ne faudrait pas en surestimer la portée quantitative. Les domestiques ainsi formées demeurent peu nombreuses ; le placement des orphelines représente un phénomène relativement marginal dans la profession.
48À Bruxelles, entre 1836 et 1863, 269 jeunes filles-soit une dizaine par année-quittent l’Hospice des Orphelines pour être, pour la plupart, placées en service. Elles trouvent presque toutes « à se placer avantageusement » comme femme de chambre, lingère, bonne d’enfants, fille de quartier, cuisinière, servante ou fille de boutique (de nombreuses marchandes font appel à l’hospice). Ces jeunes filles sont sûrement recherchées pour leur bonne connaissance des travaux ménagers – elles y sont initiées au sein de l’établissement dès leur plus jeune âge – des travaux de couture ou encore pour leur docilité supposée, acquise au terme de plusieurs années de vie commune sous une autorité draconienne.
Le temps du premier service
49Mais qu’elles soient issues d’orphelinats ou de la campagne, qu’elles soient formées ou non, l’entrée en service constitue toujours une étape décisive, et la première rencontre entre la jeune servante et la maîtresse de maison conditionne bien souvent leurs rapports futurs. Le plus souvent, c’est la mère ou la grande sœur qui, comme suite à une annonce, établit les contacts, accompagne la jeune servante et discute des gages.
50Ces premiers instants ont été à diverses reprises décrits par des écrivains. Dans La Servante au grand cœur (1931), Maurice Gauchez narre la vie de Marie. Sa mère l’accompagne à son premier service, puis « après la sortie de sa mère, Marie se trouva seule dans la grande cuisine [...]. Marie, seule, retint un élan (Ah ! se lancer dans la rue sur les pas de la partante !). Marie ne pouvait plus s’évader : elle était engagée à trente francs par mois ; et là-bas, au village de Borsbeeck, la famille – la mère veuve et six enfants – attendait avec impatience le premier salaire de la fille aînée. Quinze ans à peine, elle pleure »46.
51Les difficultés ne font souvent que commencer, car le plus souvent la jeune servante ignore tout des usages de la ville et des ménages bourgeois. Modeste, l’héroïne du roman de Marguerite Baulu, en fait l’amère – mais ironique – expérience : « Voilà, mon enfant, me dit Madame, vers trois heures, après qu’elle m’eut traînée sans me laisser souffler de la cave au grenier, je sors... je crois vous avoir expliqué le mécanisme du service et vous avoir montré la place de chaque objet. Pour votre dîner, c’est bien simple : la soupe printanière, les asperges, le rosbif !... Bien simple !... Elle croit ça... elle ne doute de rien »47. La préparation des asperges tourne bientôt à la catastrophe, quand Modeste en coupe « les vilains bouts bleus » !
52Les débuts d’un premier service sont souvent éprouvants et illustrent à merveille le fossé séparant deux mondes, le monde des adultes et des enfants, mais aussi le monde des villes et des campagnes.
53Une relation particulière s’ébauche également entre la maîtresse de maison et sa servante. Elle se décline sur le mode personnel, elle est variable d’un service à l’autre et souvent teintée d’une certaine ambiguïté. L’écrivaine Neel Doff l’évoque dans une nouvelle où elle raconte ses débuts comme bonne d’enfants à Amsterdam. Elle est alors âgée de treize ans. Sa mère marchanda ses gages, elle-même revint de cette première rencontre dépitée. « J’en revins désappointée : la dame était toute contrefaite ; j’aurais voulu une jolie patronne pour la montrer à mes amies et en être fière, puis je comptais l’aimer... Et voilà que tout mon orgueil et mon désir d’affection se cabraient devant cette difformité malsaine : quelque chose d’aussi laid me révoltait, et je pris la décision de la détester »48.
54Pour la maîtresse de maison, les choses ne sont guère simples. « Patronne » de son ménage, elle doit y faire respecter son autorité tout en manifestant à l’égard de ses domestiques la sollicitude et la patience dues aux « grands enfants » – c’est ainsi que les divers manuels d’économie domestique les considèrent, indépendamment de leur âge. Comment dispenser cette bienveillance tout en faisant respecter la barrière sociale qui les sépare ? Et surtout, quelle différence faire entre des domestiques restés de « grands enfants » et des enfants domestiques ?
55Pour la jeune servante, les relations avec les enfants de la maison ne sont pas faciles à gérer. Les jeunes bonnes ont à peine quelques années de plus que les enfants dont elles ont la garde. Seules les différences sociales tracent une frontière nette entre eux. De leurs côtés, les parents sont sans cesse rappelés à l’ordre, car il s’agit d’éviter que leurs enfants ne tyrannisent ceux mis à leur service. Car « ces personnes, malgré l’humilité de leur condition, sont des créatures humaines et raisonnables, qui doivent être traitées avec bienveillance et respect »49.
56Si l’on met en garde les maîtres contre la probable tyrannie de leurs enfants, inversement la potentielle influence pernicieuse des servantes et des bonnes est tout autant soulignée. Celles-ci peuvent ébruiter des secrets, dont les fameux « secrets de la vie » auxquels les servantes sont rapidement confrontées, et dévoiler ainsi aux enfants des réalités qui restent taboues dans la bourgeoisie. Ici la différence de classe se double aussi d’une suspicion d’amoralité : issue des classes laborieuses et sûrement rongée par le vice, la jeune bonne est d’emblée suspecte et créditée de toutes les tares sociales attribuées à sa classe d’origine.
57Au tournant du siècle, les bonnes d’enfants, déjà fortement décriées précédemment, deviennent un sujet fort sensible. Avec l’intérêt accru accordé à l’enfant, les critiques à leur égard s’intensifient. Mais les maîtres et surtout les maîtresses de maison sont également mis en cause car ce sont bien eux qui engagent ces « fillettes de douze à quinze ans, peu dégrossies, étourdies, maladroites, peu conscientes parfois, à qui l’on ne confierait pas le nettoyage de l’argenterie ou d’un vase de prix ; et on leur confie ce qu’on a de plus cher au monde ! »
58La critique, très vive, provient de Louise Van Den Plas, fondatrice du Féminisme chrétien de Belgique. Et de citer encore à l’appui de sa thèse le mot d’un paysan : « Not’ Marie, all’ garde encore les enfants c’te année, mais l’an prochain, all’ pourra garder les vacques »50.
D’emblée des stéréotypes
59Étudier le travail des jeunes enfants au sein de la domesticité pose également la question du crédit accordé aux nombreux stéréotypes qui s’y rattachent. La servante, fille facile, proie du désir du maître ou du fils de la maison, hante l’imagination collective. La difficulté de faire la part des choses est réelle. Car le problème existe bel et bien, il ne doit pas être occulté ni porté en compte des seuls fantasmes des romanciers du XIXe siècle.
60Dans son étude consacrée aux attentats à la pudeur commis sur les fillettes en France (1870-1939), Anne-Marie Sohn a brillamment mis en exergue le harcèlement sexuel dont sont victimes de jeunes servantes. Le sujet demeurera longtemps tabou, comme la plupart des amours ancillaires. Il se différencie en cela du harcèlement commis sur l’enfance ouvrière qui deviendra même l’objet de manifestations et de lutte du mouvement ouvrier. L’invisibilité frappe une fois de plus le monde de la domesticité. Pourtant dans les affaires jugées (et donc connues), Anne-Marie Sohn a relevé que les fillettes domestiques payèrent un large tribut au viol : 13 % des enfants violentées sont des servantes, parfois de huit à dix ans. Elles sont suivies de près par les salariées agricoles, servantes de ferme et autres bergères (7 %).
61Le travail domestique des enfants reste un domaine encore largement ignoré, un domaine qui reste à défricher et pour lequel nous avons tenté d’ouvrir quelques pistes. Ce travail enfantin n’est pas négligeable. Nombreuses furent les jeunes filles qui débutèrent dans la vie professionnelle par le travail domestique. À Bruxelles, au milieu du XIXe siècle, près d’un tiers des femmes actives étaient en service : l’ampleur de la domesticité féminine n’en fait certainement pas un phénomène marginal.
62Ce passage (rappelons le caractère souvent transitoire de la profession) presque obligé par la domesticité a offert à nombre de jeunes filles sans aucune qualification un marchepied, un tremplin vers un autre monde, vers une autre catégorie sociale. L’entrée en condition est en effet parfois valorisée en vue d’un mariage futur, les servantes étant « recherchées » par la petite bourgeoisie (artisans, commerçants) pour leurs qualités ménagères. De plus, il arrivait que ces jeunes filles trouvent le moyen d’amasser quelques économies et constituent une dot ou un petit pécule qui leur permettait soit de s’établir en ouvrant un petit commerce, soit de se marier, soit d’épauler leur famille.
63Quant aux conditions de travail, ou même d’hébergement, de ces très jeunes travailleurs, il est clair qu’elles varient très fortement selon les services, les lieux, les maîtres de maison. Aucune règle, aucune généralité ne peut être avancée. Les tâches effectuées présentent des divergences énormes, allant d’une mise au travail des forces enfantines à leur réelle exploitation. Bien plus que pour l’enfance ouvrière, soumise aux règlements de l’industrie, l’enfance domestique fut entièrement laissée à l’arbitraire, un arbitraire occulté par le lieu des activités – la famille – et à ce titre quasi intouchable.
Notes de bas de page
1 Ces observations sont donc le plus souvent limitées à l’enfance ouvrière et aux secteurs issus de la révolution industrielle.
2 Cette constatation vaut d’ailleurs également pour le travail des femmes : le travail souterrain des femmes dans les charbonnages soulève l’indignation, alors que le travail agricole des femmes ou celui des servantes – bien qu’infiniment plus nombreuses et dont les conditions sont parfois pires que dans les mines – n’ont guère interpellé les contemporains.
3 Pandectes belges, t. 43 (Bruxelles, 1893), col. 378, art. 30.
4 Pasinomie, collection complète des lois, décrets, arrêtés et règlements généraux (Bruylant, Bruxelles, 1905), n° 197, p. 277.
5 L’âge d’admission des enfants au travail dans les professions non industrielles, Conférence internationale du Travail, BIT (Genève, 1932), p. 99.
6 Ibid., p. 101.
7 Ibid., p. 103.
8 La domesticité a tout d’abord été étudiée aux États-Unis, et plus généralement dans les pays anglo-saxons. Les premiers ouvrages scientifiques paraissent dans les armées 1970 et restent encore aujourd’hui des références incontournables. Il s’agit surtout de Th. MC Bride, The Domestic Revolution. The Modernization of Household in England and France 1820-1920, 1976 et de Katzman, Seven Days a Week. Women and Domestic Service in Industrializing America, 1978. Les historien(ne)s français(e)s suivent rapidement ; citons notamment P. Guiral et G. Thuillier, La Vie quotidienne des domestiques en France au XIXe siècle, Paris, 1978 et surtout A. Martin-Fugier, La Place des bonnes, Paris, 1979. Depuis, l’étude de la domesticité, bien qu’encore timide, investit lentement le champs historique européen. Citons pour les Pays-Bas J. Poelstra, Luiden van een andere beweging. Huishoudelijke arbeid in Nederland 1840-1920, 1996 et pour la Belgique, V. Piette, Servantes et domestiques. Des vies sous condition. Essai sur le service domestique en Belgique au XIXe s., Académie Royale de Belgique, Bruxelles, 2000.
9 Lettre écrite par Mme* [Bois de Lessines, 18 juin] (archives privées). Selon nos recoupements, cette lettre a dû être écrite dans les années 1920-1930.
10 V. Piette, « Women’s going up to cities : migrations and stereotypes. The example of servants in Brussels in the 19th century », Brepols, Anvers, 2001.
11 Registre des sujets à gages, n° IV, 1812-1816, n° 3677 (Arch, de la Ville de Bruxelles).
12 Ibid., n° 4062.
13 Ibid., n° 3770.
14 Ibid., n° 3862.
15 Ibid., n° 3889.
16 Ibid., n° 3689.
17 Ibid., n° 4099.
18 Ibid., n° 3857.
19 Pour l’historique des orphelinats bruxellois, C. Marra, « L’hospice des orphelins à Bruxelles (dit « Hospice de l’Égalité ») sous l’occupation française », mémoire présenté en histoire, Université libre de Bruxelles, année académique 1994-1995 ; C. Marra, « La condition des orphelins à Bruxelles », Les Cahiers de la Fonderie, n° 22, juin 1997, p. 28-31 ; J.-F. Vander Rest, Aperçu historique sur les établissements de bienfaisance de la ville de Bruxelles (De Bols-Wittouck, Bruxelles, 1860), p. 168-178 ; G. P. Verstraete, De l’éducation des orphelins pauvres (Buyck frères, Gand, 1891).
20 Pasinomie ou collection complète des lois, décrets, arrêtés et règlements généraux, t. 15, 1e série (Tarlier, Bruxelles, 1837), p. 272.
21 J.-F. Vander Rest, op. cit., p. 173.
22 C. Marra, « La condition des orphelins à Bruxelles (1798-1815) », loc. cit., p. 29.
23 Ibid., p. 363.
24 Lettre de la directrice au Conseil général d’administration des Hospices et Secours, 3 août 1819 (Arch. du C.P.A.S. de Bruxelles, [A.C.P.A.S.B.], Fonds Hospice des orphelines, C. 320).
25 En 1846, lors d’une discussion au conseil communal de Bruxelles à propos du manque d’instruction des orphelines, le conseiller Cans est explicite : « Il y a des personnes qui croient que ceux qui sont appelés à occuper des emplois de domestiques ne doivent savoir ni lire ni écrire. Je crains que l’on ne mette ces doctrines en pratique à l’Hospice des orphelines » (Bulletin communal de la Ville de Bruxelles, 1846, p. 397).
26 Baron de Gérando, De la bienfaisance publique (Société belge de Librairie, Haumann & Cie, Bruxelles, 1839), p. 405.
27 Id., ibid.
28 Règlement manuscrit pour l’hospice des orphelines, 1845, art. 73 (A.C.P.A.S.B., Fonds Hospice des orphelines, C. 320, n°2).
29 Le Conseil général des Hospices et Secours [C.G.H.S.] au comte Florimond de Zuarré, 14 déc. 1818 (ibid., C. 322).
30 Mme de Dobbeller au C.G.H.S., 26 nov. 1851 (ibid., C. 322).
31 Mme Chomé-Defosse (Bd. d’Anvers) au C.G.H.S., 27 juillet 1864 (ibid., C. 322.1).
32 M. Ghilain au C.G.H.S., 6 nov. 1862 (ibid., C. 322.1).
33 La directrice au C.G.H.S., 21 mars 1866 (ibid., C. 322.1).
34 Le C.G.H.S. à la directrice, 27 mars 1866 (ibid., C. 322.1).
35 La directrice au C.G.H.S., 7 juin 1860 (ibid., C. 320).
36 La directrice au C.G.H.S., 19 juin 1840 (ibid., C. 322).
37 Épouse Renard-Jaumain au C.G.H.S., 5 juin 1850 (ibid., C. 322).
38 Mme Becquet au C.G.H.S., 9 mars 1865 (ibid., C. 322.1).
39 La directrice au C.G.H.S., 14 juin 1850 (ibid., C. 322).
40 Lettre du C.G.H.S., sept. 1809 (ibid., C. 320).
41 Cf. V. Piette, « Des infirmières avant les infirmières », Sextant, n° 3, hiver 1994-1995, p. 39-59.
42 J.-P. Pointe, Histoire topographique et médicale du Grand Hôtel-Dieu de Lyon dans laquelle sont traitées la plupart des questions qui se rattachent à l’organisation des hôpitaux en général (Savy Jeune, Paris-Londres-Lyon, 1842), p. 117. Ce médecin ne fait ici que reprendre des idées déjà émises par Tenon ou encore par le baron de Gérando (voir M. Tenon, Mémoires sur les hôpitaux de Paris (Impr. Pierres, Paris, 1788), p. 330 et baron de Gérando, op. cit., p. 404.). Elles sont par ailleurs reprises textuellement par le chirurgien belge André Uytterhoeven : A. Uytterhoeven, Notice sur l’hôpital Saint-Jean. Étude sur la meilleure manière de construire et d’organiser un hôpital de malades (Impr. Tincher, Bruxelles, 2e éd., 1862), p. 270.
43 Mme Ch. Vloeberghs et J. Cornet D’Elzius Du Chenoy, Bruxelles charitable suivi de quelques oeuvres sociales (Impr. A. Lesigne, Bruxelles, 1914), p. 46.
44 L. Saint-Vicent, La Belgique charitable (Éd. Veuve Ferdinand Larcier, Bruxelles, 1893), p. 86. Il est frappant de constater que l’auteur introduit son chapitre consacré aux œuvres de placement des femmes par les orphelinats.
45 M. Baulu, Modeste Autome (A. Leclerc, Paris, 1911), p. 32.
46 M. Gauchez, La Servante au grand coeur (La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1931), p. 7.
47 M. Baulu, op. cit., p. 82-83.
48 N. Doff, « J’entre en condition », Contes farouches, 3e éd. (P. Ollendorff, Paris, s.d.), p. 249-250.
49 « Les enfants et les domestiques », Le Conseiller. Journal de la vie domestique, 2, février 1909, p. 7.
50 L. Van Den Plas, « Enfants et domestiques », Revue de l’éducation familiale, juin 1910, n° 6, p. 306.
Auteur
Chargée de recherches FNRS (Belgique)
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