3. Saint Charles Borromée et ses “Instructions aux confesseurs”
Une lecture rigoriste par le clergé français (XVIe-XIXe siècle)
p. 56-71
Texte intégral

Gravure illustrant la parabole de « L’enfant prodigue » dans les Tableaux de la pénitence de Mre Antoine Godeau, évesque de Vence,3e édition, Paris, Augustin Courbe, 1662, p. 408.
Le fils repentant tombe au pied de son père qui le relève sans attendre et fait préparer une fête pour célébrer son retour, allégorie de l’infinie miséricorde de Dieu
1Canonisé relativement vite, vingt-six ans après sa mort, saint Charles Borromée l’était un de son vivant aux de (1538-1584) déjà peu yeux ses Milanais et d’un certain nombre de prêtres et d’évêques qui l’avaient approché1. Dès la fin du XVIe siècle, il apparut comme le parangon des pasteurs. En outre, celui qui avait été l’un des artisans actifs des dernières sessions du concile de Trente, l’organisateur d’un diocèse exemplaire, passa bientôt pour le législateur modèle de la Réforme catholique, chez qui on pouvait puiser non seulement des idées ou des formules, mais des règlements entiers2.
2Parmi les écrits qui eurent le plus de succès et la postérité la plus riche figurent les Instructions aux confesseurs de sa ville et de son diocèse. Elles sont importantes en elles-mêmes d’abord, comme texte adressé à ceux qui assumaient la cura animarum dans l’archidiocèse de Milan, mais aussi à cause de leur influence durable sur l’abondante littérature des manuels de confession et comme témoin cité dans les âpres querelles sur la morale, jusqu’au XIXe siècle en France3.
Les Instructions de saint Charles, un texte composite
3Il est à peu près impossible de discerner dans les Instructions ce qui procède de la pensée personnelle du signataire. Il est manifeste en effet, et lui-même n’a aucune prétention à cet égard, qu’il ne fait pour une bonne part que reprendre et systématiser la tradition antérieure. Il emprunte notamment aux grands conciles : à Latran IV (1215), l’obligation de se confesser au moins une fois l’an, décision déterminante pour le développement d’une réglementation à ce sujet ; au concile de Trente, l’insuffisance de la contrition seule, qui doit être complétée par la confession auriculaire et la satisfaction4. La restitution est indispensable à cette dernière dans le cas où l’on aurait pris quelque chose, biens ou réputation, à l’un de ses semblables...
4Et puis, on pourrait rechercher toute la série des « sources » de saint Charles parmi les moralistes médiévaux, pour y déceler soit des voisinages de plans, soit le remploi de tel ou tel détail, telle l’obligation de se confesser à son propre curé qui se trouve déjà dans Latran IV et dans saint Thomas d’Aquin5, de ne parler d’autre chose que de ses propres péchés, et de ne pas chercher à s’en excuser ; tels aussi, la place et la structure de l’interrogatoire, le fait qu’un seul péché omis volontairement précipite en enfer, etc. Ce dernier trait, sans doute fort répété, imbibe longtemps la conscience des pénitents. On le retrouve aussi bien en cette fin du XVIe siècle dans le témoignage d’un laïc, comme Pierre de l’Estoile, ou un peu plus tard chez le jésuite Philippe d’Outreman, dans les exempta de son Pédagogue chrétien (1re édit., 1622 ; édit. consultée, 1671), que, deux siècles plus tard, parmi les souvenirs de Chateaubriand6.
5Quelques manuels de confession sont explicitement mentionnés par saint Charles parmi les ouvrages à lire par les confesseurs : on peut raisonnablement supposer qu’il en a fait lui-même usage. Il s’agit principalement du dominicain Pierre de Soto, Methodus confessionis (1re éd. Lyon, 1550) et du jésuite Polanco, le propre secrétaire de saint Ignace, qui publia en 1556 un Directorium confessorum. Les deux ouvrages semblaient d’ailleurs si complémentaires qu’ils ont très souvent été présentés reliés ensemble.
6Le plan de De Soto, qui s’alourdit dans les éditions postérieures de nombreuses additions, est une sorte de résumé de l’économie du salut. Partant “de Dca et mundi creatione”, complétée d’une “symboli apostolorum expositio”, où il rappelle les fondements de la foi, il repère ensuite les divers types de péchés, successivement selon les préceptes du Décalogue et de l’Église, la hiérarchie des péchés capitaux – en évoquant leurs remèdes – et les circonstances dans lesquelles ont pu se trouver les pécheurs. Puis il traite expressément de la pénitence et de ses diverses parties. Enfin, il aboutit à ce qui marquait alors le sommet, pour ne pas dire le but, de la vie chrétienne : l’“ars bene moriendi”.
7Polanco concentre davantage son attention sur le confesseur. D’abord sur ses pouvoirs et les qualités requises : bonté, prudence, discrétion, etc. Il expose ensuite l’art de confesser, jusqu’à l’absolution : préparant le pénitent, l’amenant habilement vers l’interrogatoire indispensable, ordonné selon les commandements de Dieu et les états de vie ; l’accompagnant dans sa contrition, en passant par la satisfaction sans laquelle toute la procédure serait vaine. C’est à la direction spirituelle qu’aboutit chez lui la confession. Ce que Charles Borromée reprendra totalement à son compte à la fin de ses Instructions, peut-être parce qu’ayant fait lui-même les Exercices de saint Ignace, il a compris l’efficacité d’un guide connaissant les points forts et faibles du pénitent, pour progresser réellement et ne pas stagner toute sa vie dans les mêmes petits (ou gros) péchés de routine. Au total, toutes les idées contenues dans De Soto ou Polanco resurgissent peu ou prou dans le texte de saint Charles7.
8D’autres auteurs, non cités, n’en sont pas moins présents. Certains théologiens, remarquables par la clarté ou la personnalité, étaient depuis longtemps devenus des autorités presque obligées et, en tout cas, de véritables réservoirs d’idées et d’exemples abondamment pillés. C’est le cas notamment de saint Antonin de Florence, dont la Summa confessionnalis, écrite entre 1440 et 1450, semble avoir beaucoup fourni à saint Charles. Évêque d’une grande ville, comme lui, saint Antonin a dû aborder des problèmes similaires ; et saint Charles en louait la “lecture apaisante”8. On y trouve, dès son premier traité, De confessore, les conditions de la “puissance” du confesseur (qui peut quoi ? dans quel cas ?), ses qualités, etc. ; dans son second traité, la nécessité des interrogations selon les principes du Décalogue, les sept vices capitaux et les divers états de vie, c’est-à-dire l’essentiel de l’ordre suivi par saint Charles, qui y ajoute d’autres traits, courants à son époque, comme l’examen des cinq sens de l’homme, les œuvres de miséricorde, etc.9 La reprise de saint Antonin paraît évidente sur certains points très techniques, par exemple l’interdiction pour le confesseur de recevoir de l’argent d’une manière quelconque, même sous forme de messes à dire par lui même ou quelqu’un de son ordre ; et au cas où le prêtre servirait d’intermédiaire, il doit exiger un reçu.
9On pourrait multiplier ces exemples, mais il est vrai que, pour être rigoureux, il faudrait remonter peu à peu aux origines de la théologie morale, c’est-à-dire aux Pères de l’Église et aux multiples conciles médiévaux. L’importance de l’ars artium est déjà soulignée par saint Grégoire.
10Le petit opuscule d’une centaine de pages que saint Charles écrit vers 1575 et qui est publié en 1583 ne constitue pas, à proprement parler, un manuel de confession ; il adresse, exclusivement aux clercs, des conseils et injonctions qui leur permettront d’accomplir leurs devoirs en toute sûreté de conscience. Il ne comporte pas de grandes divisions explicites, mais de petits paragraphes dont le développement logique n’est pas toujours très strict. Cette absence de clarté explique peut-être pourquoi certains éditeurs ont éprouvé le besoin de structurer le texte en le contractant10, ou, au contraire, de l’inclure dans un exposé plus vaste recourant à l’ensemble des textes normatifs de saint Charles, et non à ses seules Instructions11. Très jaloux des droits épiscopaux, que le concile de Trente venait de réaffirmer et de renforcer, et désireux de reprendre en main un clergé médiocre, il insiste d’abord sur les pouvoirs que les confesseurs doivent obtenir de l’ordinaire et les limites de leur “puissance”. Il ne se contente pas d’énumérer des principes, mais exhorte et met en garde les confesseurs : leurs fonctions, salvatrices pour les autres, peuvent leur faire courir à eux-mêmes bien des dangers, par exemple en écoutant des femmes12. Il aborde aussi cette question, qui deviendra si importante au XVIIe siècle, de la confession générale condition de la conversion véritable13. Il considère le refus d’absolution comme un remède par excellence pour mener les pénitents à des confessions sérieuses ; il en pose les règles. Et c’est là un point capital de ses Instructions, du moins de l’usage qu’on en fit en France dans les deux siècles suivants.
L’influence de Charles Borromée : rigoristes et probabilistes
11Depuis 1640 environ, la querelle sur la morale s’aigrissait de plus en plus. Elle avait été activée par le cas du père Étienne Bauny, auteur jésuite d’une Somme des péchés frappée par une censure de la Sorbonne (laquelle n’avait pu être publiée à la suite d’une intervention du chancelier de France). L’Assemblée du clergé en 1641 avait également réprouvé ce livre « portant... à la corruption des bonnes mœurs et excusant des péchés énormes... ». Elle demanda au pape une condamnation. D’autres affaires se multiplièrent, illustrant le conflit entre les rigoristes et, disons, les probabilistes (terme préférable à celui de « laxistes », plus polémique que technique)14. D’ailleurs, l’anonyme auteur de la Théologie des Jésuites (Arnauld probablement) y disait bien :
Il n’y a presque plus rien que les jésuites ne permettent aux chrétiens en réduisant toutes choses en probabilités et en enseignant qu’on peut quitter la plus probable opinion que l’on croit vraie, pour suivre la moins probable.
12Un désaccord profond régnait donc sur l’exigence plus ou moins grande que l’on pouvait avoir en matière morale.
13La réputation de saint Charles Borromée comme évêque réformateur avait gagné la France depuis la fin du concile, puis sa mort en 1584, et surtout après sa canonisation en 1610. Des évêques italiens, anciens disciples de l’archevêque de Milan, tel Canigiani à Aix-en-Provence, quelques Français présents aux dernières sessions tridentines, comme le cardinal de Lorraine, avaient répandu les principes disciplinaires et la gloire de l’évêque et du législateur15. C’est à ce titre qu’il fut célébré avec enthousiasme par tous les artisans de la Réforme catholique. Mais ses écrits ne furent vraiment connus que plus tardivement.
14En 1643 paraît en latin la première édition française des Acta Ecclesiæ mediolanensis, publiée par Jean-Jacques Olier, fondateur de la Compagnie et du séminaire de Saint-Sulpice Le gros in-folio de 843 pages (avec d’impressionnants indices) réunissait les décrets des six conciles provinciaux et des onze synodes diocésains tenus à Milan, et, pour les trois-quarts du volume, des édits, ordonnances, décrets abordant des problèmes très variés, depuis des conseils à ceux qui voyagent en pays hérétiques, ou sur les éditions de la Bible en langue vulgaire, jusqu’à la construction des églises, les funérailles ou l’art de prêcher ; il donne aussi des lettres pastorales et des formulaires officiels. Ce recueil offre un certain nombre d’indications pour les confesseurs, mais ne comprend pas encore les Instructions, qui seront reproduites dans une nouvelle édition des Acta Ecclesiœ mediolanensis, de 1683, en deux tomes ; à ce moment donc, le saint Charles “conseiller des confesseurs et docteur des moralistes” (Degert) n’était guère connu.
15Le grand Arnauld prétend que c’est lui qui l’a fait découvrir à l’opinion publique en France grâce à sa Fréquente communion16, en 1643. Avant, en effet, quelques-uns des plus austères réformateurs catholiques, tel Bérulle, ne le citent jamais dans ce domaine.
16Pourquoi cette réserve ? Faut-il y voir, malgré l’admiration et l’émulation que Charles Borromée suscite, que ce “licencié en l’un et l’autre droit” apparaissait à ces Français, qui jusqu’à la fin du règne de Louis XIII mettaient l’esprit au-dessus de tout, comme insuffisamment “humaniste”, malgré sa fondation d’une académie au Vatican ? Ses conférences à l’Académie, les Noctes vaticanæ ne pouvaient être connues puisqu’elles ne furent publiées à Venise qu’en 1748. Deux passages d’une lettre de François de Sales à Mgr Frémiot, archevêque de Bourges, sur l’art de prêcher, pourraient le laisser supposer. Il explique que pour « bien prêcher, la doctrine (doit être) suffisante, il n’est pas requis qu’elle soit excellente... En notre âge, le bienheureux cardinal Borromée n’avait de science que bien médiocrement, toutefois, il faisait merveille » ; et plus loin : « le cardinal Borromée, sans avoir la dixième partie des talents que vous avez, prêche, édifie et se fait saint ». Mais n’est-ce pas plutôt l’ignorance pure et simple de ses écrits qui est en cause ?
17Arnauld consacre douze chapitres, les pages 508 à 623 dans l’infolio original de la Fréquente communion, à puiser dans saint Charles des arguments pour étayer, dans un sens rigoriste, la thèse de sa seconde partie : « S’il est meilleur ou plus utile aux âmes qui se sentent coupables de péchés mortels de communier aussitôt qu’elles se sont confessées ou de prendre quelque temps pour se purifier avant de se présenter au saint autel ». Car c’est moins pour le sacrement de pénitence en lui-même que les jansénistes exigent l’impeccabilité que par rapport à l’Eucharistie. Le lien étroit entre les deux sacrements est dès cette époque bien établi. Dans le décret sur l’Eucharistie (XIIIe session, 11 octobre 1551), au chapitre VII : “De la préparation qu’il faut apporter pour recevoir dignement la sainte Eucharistie”, les pères conciliaires avaient remarqué que « nulle personne se sentant la conscience chargée d’un péché mortel quelle qu’attrition qui lui semble en avoir, ne doit s’approcher de la sainte Eucharistie, sans avoir fait précéder la confession sacramentelle ». D’où l’importance que prend celle-ci, comme un préalable presque absolu et qui va rester coutumier jusque dans la première moitié du XXe siècle. Mais pour que la pénitence soit valide, il faut recevoir l’absolution et, pour obtenir celle-ci, il faut avoir la contrition et le ferme propos d’abandonner le péché. Pour en décider, un prêtre peut se montrer plus ou moins accommodant. Toujours trop aux yeux d’Arnauld.
18Arnauld affirme que saint Charles a autorisé la rigueur des anciennes pratiques pénitentielles en renouvelant les canons pénitentiaux ; qu’il a ordonné la pénitence publique pour les péchés publics ; et surtout qu’il a recommandé de faire précéder l’absolution d’un délai, dans un certain nombre de cas comme l’immodestie des habits, la persistance d’une occasion prochaine de pécher et parfois jusqu’à l’exercice d’un métier susceptible d’être une “occasion”. Il retarde surtout l’absolution des habitudinaires et récidivistes, même s’ils promettent de changer de vie. Bref, Antoine Arnauld mobilise Charles Borromée dans le camp janséniste.
19Il y a là un véritable abus d’interprétation que non seulement les autorités ecclésiastiques vont condamner, mais que dénonce la simple lecture du texte. Saint Charles – c’est indéniable – est un rigoriste. Il l’est par tempérament, toute son œuvre législative montre ses exigences et sa méticulosité ; il le fut aussi par fonction, ayant à diriger une énorme province ecclésiastique qui causait, à son arrivée, bien des soucis. Sans vouloir relativiser le message et la portée générale des Instructions, il faut bien rappeler qu’elles s’adressaient aux clercs d’une province de plus d’un demi-million de fidèles, avec près de 5 000 prêtres et religieux et plus de 3000 religieuses, mais où le relâchement de certains prélats, les guerres étrangères et les troubles politiques, la présence alternative des soldatesques espagnole ou française avaient favorisé un certain laisser-aller des mœurs autant que de la doctrine. « Replacées dans leur contexte historique, les “Instructions aux confesseurs” n’induisent pas au rigorisme auquel elles ont donné lieu dans la suite »17.
20A plusieurs reprises, saint Charles montre qu’il est sensible à la nécessité de moduler les principes en fonction des réalités. Déjà, parlant de la réforme en général, à l’ouverture du premier concile provincial, le 15 octobre 1565, il affirmait avec force18 :
Dans la correction des fautes, nous devons apporter un si juste tempérament, et garder une telle conduite que nous accommodions nos remèdes à la qualité des maladies et à l’état des malades, tantôt en corrigeant les fautes par des avertissements doux et par une simple correction de paroles ; tantôt en usant d’un remède plus fort, et en appliquant le fer et le feu aux parties que la gangrène a gagnées, selon que le mal et le danger le demanderont, nous souvenant toujours néanmoins, dans l’usage de notre puissance et de notre autorité, que nous sommes Pères et non pas Seigneurs.
21Dans les Instructions, il précise que le confesseur doit connaître les circonstances qui changent l’espèce du péché ou qui l’aggravent notablement ; mais il recommande beaucoup de circonspection. Quand les prêtres ordonnent quelque satisfaction, ils doivent avoir le souci de proportionner celle-ci au péché et à la qualité des personnes : « On ne doit point enjoindre aux pauvres de faire des aumônes, ni imposer ordinairement des jeûnes à ceux qui gagnent leur vie par leur propre travail ». Il ajoute qu’il ne faut pas épouvanter le pécheur au point que « cela fût cause qu’il supprime quelqu’autre grand péché », mais au contraire l’encourager à s’accuser.
22D’une manière générale, les recommandations de saint Charles sont plus nuancées que ce qu’en ont tiré Arnauld et les Jansénistes en particulier sur les deux questions centrales du délai d’absolution et de la nécessaire contrition. Pour les habitudinaires, par exemple, saint Charles retarde l’absolution jusqu’à ce qu’ils montrent « quelque changement », ce qui reste suffisamment vague pour satisfaire aussi bien ceux qui se contentent d’un début de conversion que ceux qui l’exigent « très notable », ainsi qu’il ressort de mandements ou de lettres pastorales émanant de prélats jansénistes ou antijansénistes, tant au XVIIe qu’au XVIIIe siècle.
23Pour la contrition, conformément au décret du concile de Trente sur la pénitence (XIVe session, 25 novembre 1551, canon 4), il est prêt à admettre que :
cette contrition imparfaite que l’on appelle attrition, si avec l’espérance du pardon, elle exclut la volonté de péché, non seulement (elle) ne rend point l’homme hypocrite et plus grand pécheur, mais encore elle est... une impulsion de l’Esprit-Saint qui meut (l’homme), et à l’aide de laquelle il se prépare la voie de la justice, elle le dispose à obtenir la grâce de Dieu dans le sacrement de pénitence.
24On est loin de l’intransigeance du grand Arnauld.
25Quant à l’usage des canons pénitentiaux, Godeau remarque, dans sa lettre de présentation des Instructions :
Ce n’est pas qu’il espérât qu’en ces derniers temps de l’Église, où à peine trouve-t-on de la foy parmi les fidèles... on pût faire subir au pécheur les rigueurs de la pénitence ancienne... mais son dessein était de faire connaître aux confesseurs l’horreur des péchés qui sont aujourd’hui si communs... par la rigueur des peines avec lesquelles l’ancienne Église voulait qu’ils fussent expiés.
26Bien plus, ces fameux canons allégués n’ignorent pas une certaine casuistique. Ainsi, pour les infractions au cinquième commandement, ils jugent qu’une femme qui tue son enfant après l’accouchement devra mener une pénitence de douze ans alors que, s’il s’agit d’une pauvresse qui l’a fait à cause des difficultés qu’elle avait à nourrir ses enfants, elle n’a que sept ans de pénitence ! Pourtant, Arnauld également reconnaît, implicitement au moins, la nécessité de s’adapter parfois aux circonstances. Dans son “Parallèle de saint Charles et de M. de Genève” (chap. XLIV de la Fréquente), il oppose la rigueur du cardinal, archevêque d’un diocèse catholique, « à mortifier et à réformer », à la douceur de François de Sales, qu’il admet comme « la plus appropriée face à des hérétiques à convertir par l’amour ».
Les Instructions, manuel officiel du clergé français
27La publication de la Fréquente communion avait relancé la polémique et suscité les protestations de ceux qui s’opposaient à la captation de l’autorité de l’archevêque de Milan. On y trouve des jésuites, bien sûr19, mais aussi des religieux qui, réformateurs incontestables, désiraient éviter tous les excès. Parmi eux, Vincent de Paul dénonce les “extrémités” d’Arnauld20. Mais jusque-là, la querelle s’était cantonnée entre spécialistes. C’est l’intervention de Pascal, avec ses Provinciales (du 23 janvier 1656 au 24 mars 1657) qui va faire descendre le débat dans la rue et les ruelles. Tout le beau monde, attiré par l’esprit de ses lettres, s’engage dans la question de la grâce et, à partir de la cinquième lettre, sur les opinions probables et la morale relâchée. La polémique fut abondante et parfois violente.
28C’est dans cette ambiance – il faut garder cela à l’esprit – que l’Assemblée générale du clergé fut sollicitée par les curés de Rouen et de Paris pour trancher le débat. Quoiqu’elle n’approuvât pas cette manifestation de la “base”, elle ne put moins faire que de faire quelque chose, coincée qu’elle était entre les deux partis. Les Jansénistes venaient d’être frappés par la bulle Cum occasione, le 23 mai 165321, confirmant la condamnation des cinq propositions, tirées de l’Augustinus par Nicolas Cornet, et l’Assemblée du clergé, refusant la distinction du droit et du fait, avait imposé,en août 1656, la signature d’un formulaire de soumission à tous les clercs et religieuses. Mais en même temps, le “scandale” provoqué par certains casuistes authentiquement laxistes, les PP. Héreau, Amy, etc., était produit en témoignages par les mêmes Jansénistes. C’est ce qui détermina, semble-t-il, les évêques à publier les Instructions aux confesseurs d’un homme universellement respecté et donc au-dessus des partis.
29Une première traduction française de ce livre avait été imprimée par ordre de Mgr de Montchal, archevêque de Toulouse, en 1648. Il avait pu les connaître soit par M. Ciron, chanoine de Saint-Etienne et chancelier de l’Université cette même année, soit par Arnauld lui-même, dont il avait approuvé la Fréquente avec une quinzaine d’autres prélats. Pourtant ce volume passa d’abord inaperçu, puisque, à l’Assemblée du clergé de 1655, il fallut pour pouvoir la présenter aux évêques, que M. Ciron en fit venir un exemplaire de Toulouse22. Finalement, désirant à la fois « poser une barrière pour arrêter le cours des opinions nouvelles qui vont à la destruction de la morale chrétienne »23 et donner, un directoire sûr, l’Assemblée du 1er février 1657 décida de faire imprimer les Instructions aux dépens du clergé et de les distribuer aux prêtres desservants. Elles étaient présentées par une lettre adressée à tous les évêques, rédigée par Antoine Godeau, évêque de Vence, admirateur et biographe de l’archevêque de Milan.
30Le succès fut fulgurant. Les éditions se multiplièrent et, pour chacune, les tirages : Paris, 1657, 1658... 1672 (5e)... 1700 (7e)... 1736 ; Narbonne, 1667 ; Agen, 1672 ; Aix, 1672, 1686 ; Arras, 1676 ; Angers, 1683 ; Lyon, 1682, 1707... ; Autun, 1705 ; etc. Elles sont non seulement proposées par chaque évêque, mais parfois imposées comme une règle impérative. Ainsi, à Narbonne, elles sont reliées avec les Ordonnances synodales’, à Angers avec les Mandements d’Henry Arnauld, et à Aix, avec ceux de Mgr Grimaldi ; à Alet, elles figurent parmi les livres que les curés doivent obligatoirement posséder et dont on vérifie la présence lors des visites pastorales. La connaissance des Instructions devient obligatoire dans certains séminaires. Il arrive que saint Charles ne serve que de caution : ainsi la dédicace au vicaire général de Lyon de l’édition de 1683 des anciennes Instructions pour les confesseurs du jésuite Gaspar Loarte rappelle la recommandation que saint Charles en avait faite ; Habert s’autorise de lui pour reproduire les canons pénitentiaux, etc.
31La hiérarchie ecclésiastique aurait voulu mettre fin au détournement que les Jansénistes faisaient de cette publication. En janvier 1680, Innocent XI, le pape qui leur fut de loin le moins défavorable, aurait dit qu’il fallait « exterminer ceux qui se trouvaient infectés de jansénisme... (qui faisaient) un méchant usage de ce que saint Charles a dit touchant la confession »24. Pourtant le “parti” ne renonçait pas, Ainsi, au synode diocésain d’Angers, en juin 1683, Henry Arnauld, frère d’Antoine et janséniste notoire, publia ses Mandements accompagnés des Instructions de saint Charles, en insistant sur la décision de l’Assemblée générale du clergé, et donc sous le couvert de la plus stricte orthodoxie.
32Mais le probabilisme apparut sans doute un adversaire plus redoutable encore au clergé français, puisque l’Assemblée de 1700, sur intervention vigoureuse de Bossuet, décida une condamnation de 127 propositions laxistes, qui reçut l’approbation quasi unanime des clercs français et italiens, et l’adhésion de tous les théologiens, même jésuites comme les RR. PP. Jean Gisbert, François Perrin ou Paul Gabriel Antoine25. Jean Guerber montre bien26 le paradoxe du geste de cette hiérarchie qui cédait sur le plan de la morale, au jansénisme qu’elle combattait sans merci sur le plan doctrinal27 ; il l’explique par les « multiples interférences que l’on constate entre jansénisme, gallicanisme et rigorisme, ces trois grandes plaies de l’Église de France sous l’Ancien Régime ». Saint Charles avait été révélation pour les uns, instrument pour les autres, son autorité restait en tout cas déterminante.
33Dans le combat idéologique, les Instructions ne furent pas le seul texte borroméen “récupéré” par les Jansénistes. En 1762, par exemple, paraissent en français, à Venise, des Lettres de saint Charles...28 La représentation, matérielle dès l’abord porte à la réflexion puisque ces lettres sont reliées avec une Vie de M. Singlin, le confesseur de PortRoyal pendant vingt-six ans, écrite par l’abbé Goujet, qui avait quitté l’Oratoire pour défendre plus vigoureusement le jansénisme ; et puis, la personnalité du traducteur, Pierre Olivier Pinault, avocat au Parlement de Paris, auteur d’un ouvrage, paru l’année précédente, très hostile aux Jésuites. Quant au contenu, vingt des vingt et une lettres reproduites (sur plus de 30 000 expédiées par l’archevêque de Milan, soit 0,7 pour mille) tentaient de démontrer, à partir d’une malheureuse affaire avec un R. P. Jules Mazzarini, que saint Charles aurait dû se méfier davantage de la Compagnie de Jésus, dont il avait, au contraire, favorisé l’implantation à Milan de bien des manières. Ces documents ne sont pas beaucoup plus “objectifs” que les huit volumes de la Morale pratique des Jésuites parus trois-quarts de siècle plus tôt. Cette publication appartient à ce véritable “forcing” pamphlétaire qui annonce, dans ces années-là, la marche à la suppression de la Compagnie29.
34Les mises en garde parallèles des adversaires du jansénisme apparaissent plus modérées. En 1758, Mgr Condorcet, évêque d’Auxerre, avait averti son clergé en lui communiquant les Instructions de saint Charles30 :
Vous y verrez que, s’il vous est défendu d’absoudre les pécheurs qui ne vous donnent pas des marques suffisantes d’un repentir sincère, il ne vous est pas non plus permis de les traiter selon la rigueur des anciens canons ; dont l’Église elle-même, toujours conduite par l’Esprit-Saint, a bien voulu se relâcher en faveur de ses enfants, non pour autoriser leur lâcheté, mais pour condescendre à leur faiblesse.
35Comme indépendante de ces querelles théoriques, ou au contraire avivée par elles, l’influence de saint Charles se maintient, indéniable, au moins jusque dans le deuxième tiers du XIXe siècle. Elle se traduit, entre autres, par la poursuite de nouvelles éditions des Instructions : Besançon, 1839 ; Lyon, 1845 ; Paris, 1847. Elle demeure aussi explicitement revendiquée, dans le titre même de certains manuels de confession. En 1738, Roger Daon, directeur du séminaire de Bayeux, publie sur ordre de son évêque la Conduite des confesseurs dans le tribunal de la pénitence selon les Instructions de saint Charles Borromée et la doctrine de saint François de Sales. Ce manuel devint un classique, fut adopté par plusieurs diocèses tels qu’Amiens, Coutances, Rennes, Sens, et connut de nombreuses éditions, la 6e dès 1778 et au moins jusqu’en 1830.
36Les dernières disputes sur le patronage de saint Charles se situent au moment de l’adoption d’une morale moins intransigeante, celle de saint Alphonse de Liguori. Une Méthode pour la direction des âmes avait existé dans le diocèse de Besançon, d’abord en manuscrit, au séminaire, puis, après une première édition que l’on pourrait qualifier de « pirate » à Neufchâteau en 1772, une publication à Besançon même à partir de 1783. Parmi les rédacteurs, l’abbé Joseph Pochard, directeur du séminaire. La “Méthode de Besançon” était conforme à la tradition rigoriste des deux derniers siècles français31 en particulier sur les délais d’absolution, s’acharnant sur ces pénitents qui, « après plusieurs délais », restaient toujours sans amendement (preuve d’ailleurs que le délai était inefficace). Or Pochard se référait encore abondamment à saint Charles. Un jésuite italien, le père Pallavicini, fit remarquer en s’appuyant sur des exemples concrets32, que les citations faites l’étaient en latin alors que saint Charles avait écrit en italien, et que la traduction latine se montrait très infidèle, tirant le texte dans un sens nettement plus rigoriste que ne l’avait voulu l’archevêque de Milan. Il en conclut que cette Méthode, au demeurant « estimable et utile », reposait en vérité non sur la caution invoquée mais sur la seule autorité de l’auteur. Et il faut bien noter que si l’abbé J. Gaume, un autre classique, « compose » encore son Manuel des confesseurs (2 vols, 1837) avec, entre autres sources, les Instructions de saint Charles, les manuels parus plus tard, comme La Confession d’après les grands maîtres, publié en 1894 par le père Joseph Zelle sj, ne les citent plus que très occasionnellement et sur des points secondaires.
37Au total, il importe peu de savoir si saint Charles Borromée a été un créateur original, c’est effectivement lui qui a “popularisé” les grandes décisions du concile de Trente en matière de pénitence. « Il a transformé des vœux en lois ». Et ses Instructions, après leur publication en France, semblent bien à l’origine d’une explosion de la littérature pénitentielle dans le royaume à partir des années soixante du XVIIe siècle. Le P. R. Mols se demande, avec vraisemblance, si la sévérité du clergé français ne doit pas autant à saint Charles interprété avec rigueur, qu’au jansénisme proprement dit.
38À ce titre, après avoir contribué à une correction des mœurs et des pratiques morales, il serait indirectement à l’origine d’un blocage de la maturation des consciences, infantilisées par la minutie “culpabilisante” de cette surveillance, ou découragées, et de fait “excommuniées”, par des règles trop rigides, des exigences “impraticables”. Il serait donc, à terme, responsable de la désaffection des Français pour un sacrement qui paraît leur avoir toujours terriblement coûté33.
Notes de bas de page
1 Nous n’avons pas à reprendre ici sa biographie. Cinq « vies » ont été écrites de son vivant ou par des témoins oculaires. En français, on possède les traductions de J. P. Giussano, Istoria della vita, virtù, morte et miracoli di Carlo Borromeo (Milan, 1610), par le p. Nicolas de Soulfour, oratorien, Paris, 1615 ; et par le P. Edme Cloyseault, oratorien, Lyon, 1685. Le gros ouvrage de l’abbé Ch. Sylvain, Histoire de saint Charles Borromée... (Lille, 3 tomes, 1843) est bourré de renseignements de première main, mais un peu hagiographique. Une notice très claire de R. Mors, dans le Dictionnaires d’Histoire et de Géographie Ecclésiastiques (D.H.G.E.), t. XII (1953), col. 486-534.
2 Un article excellent quoique ancien résume assez bien ces questions : A. Degert, « Saint Charles Borromée et le clergé français », dans Bulletin de littérature ecclésiastique, Toulouse, IVe série, t. IV, 1912, p. 145-159 et 193-213, dont le rappel en note sera fait sous l’abrév. Degert (1912). François de Sourdis, archevêque de Bordeaux, fut un des premiers « plagiaires ».
3 J. Gaume le mentionne parmi les sept sources qu’il a utilisées pour composer son Manuel des confesseurs (Paris, 1837) si répandu dans les séminaires et noviciats.
4 XIVe session, 25 novembre 1551. Cf. antérieurement : Guy de Montrocher au XIVe siècle, saint Thomas au XIIIe...
5 Saint Thomas d’Aquin, la Pénitence, supplément, quest. 8, art. 4, dans l’édition d’E. Huguery, Paris, Tournai, Rome, 1931.
6 Cité par J. Delumeau, Le christianisme va-t-il mourir ? 2e éd., 1977, p. 207, un passage des Mémoires d’outre-tombe décrit les angoisses du jeune René à cause d’une confession supposée mal faite juste avant sa première communion.
7 Il se réfère encore aux deux jésuites Loarte et Tolet. et à Navarre, célèbre théologien espagnol ; les deux derniers étaient assez accommodants sur la question de la rechute des pécheurs absous.
8 D’après Abelly, cité par P. Broutin, La Réforme pastorale en France au XVIIe siècle, Paris, Tournai, New York, Rome, 2 vols, 1956, t. II, p. 382.
9 Voir. La Confession générale, Lyon, 1548. par O. Maillard, OU celle de J. Columbi, Lyon, 1515.
10 Avis donnés aux confesseurs par S. Charles Borromée, arch. de Milan, imprimés par le commandement de Mgr l’archevêque de Tours (= Michel Amelot de Gournay) pour les confesseurs de son diocèse, Tours, 1674.
11 Par ex. le Pastoral de S. Charles Borromée ou avis aux curés et autres pasteurs des âmes tirés des Actes de l’Église de Milan et des maximes de Saint Charles, composé en italien par J.-B. de Constanzo, arch. de Cosence dans le royaume de Naples, traduit et corrigé... sur l’ordre de Mgr l’évêque-comte de Châlons-sur-Saône (Henri-Félix de Tassy), Lyon, 1697.
12 Instructions, p. 13-19 : nécessité de se préparer, de prier, etc.
13 Voir l’article 5, “Confession et conversion”.
14 Articles remarquables de clarté et d’informations dans le Dictionnaire de Théologie Catholique (D.T.C.) ; “Laxisme”, t. IX, Ire partie, et “Probabilisme”, t. XII.
15 Cf. les travaux de P. Broutin, La Réforme pastorale..., op. cit., et « Les deux grands évêques de la Réforme catholique », dans Nouvelle Revue de Théologique (N.R.Th.), t. LXXV/1, 1953, p. 280-289 et 380-398 ; et ceux de R. Mols, “Saint Charles pionnier de la pastorale moderne”, dans N.R.Th., t. LXXIX, 1957, p. 600-622 et 715-747.
16 Ant. Arnauld, De la fréquente communion, où les sentiments des pères, des papes et des conciles touchant l’usage des sacrements de pénitence et d’Eucharistie sont fidèlement exposés pour servir d’adresse aux personnes qui pensent sérieusement à se convertir à Dieu, et aux pasteurs et confesseurs zélés pour le bien des âmes, Paris, 1643. Arnauld cite encore saint Charles, parmi les “excellents ouvrages” qu’il utilise dans La tradition de l’Église sur le sujet de la pénitence et de la communion, sorte de suite à la Fréquente, Paris, 1644, Dans la 4e éd., 1653. p. 362 à 385.
17 P. Broutin, « Les deux grands évêques... », art. cit., p. 391.
18 Les discours que S. Charles a faicts aux conciles provinciaux qu’il a tenus à Milan et dans son dernier synode diocésain, Châlons, 1663, p. 13.
19 Degert (1912) cite, p. 201-202, les pères Petau, Lombard, etc.
20 Vincent de Paul, Correspondance, éd. P. Coste. Paris, t, III, 1921, p. 362-368, lettre du 10 sept. 1648 ; quoiqu’une lettre du 26 février 1655, dans le t. V, 1922, p. 324, reconnaisse l’utilité d’une “sainte sévérité”.
21 Cf. Innocent X. Bullarium diplomatum et privilegiorum sanctorum romanorum pontificum, Taurinensis edit., t. XV, 1868, p. 720-721.
22 Extrait du procès verbal de l’Assemblée générale du clergé de France, en tête des Instructions.
23 Ibid.
24 Lettre du duc d’Estrée. ambassadeur à Rome, du 30 janv. 1680, à Louis XIV, Archives étrangères, Conespondance, Rome, t. 265, p. 80, dans F. Desmons, Gilbert de Choiseul, évêque de Tournay, Tournai, 1907, p. 391, cité par Degert (1912).
25 A. Degert, “Réactions aux Provinciales”, dans Bulletin de littérature ecclésiastique, Toulouse, 1913, p. 445-448.
26 J. Guerber, Le ralliement du clergé français à la morale liguorienne, Rome, “Analecta gregoriana” 193, 1973, p. 83.
27 Nous avons observé ailleurs qu’en pratique, il n’était pas rare qu’un même clerc se fie aux jésuites pour la pastorale et la direction spirituelle, et aux jansénistes pour la morale, cf. M. Bernos, Recherches sur l’ordre des Servites en Provence..., Rome, 1977, p. 172.
28 Lettres de Saint Charles Borromée, archevêque de Milan..., données au public pour la première fois (Pinault), Venise, 1762.
29 Aug. Carayon, Bibliographie historique de la Compagnie de Jésus.... Paris, 1864, donne dans sa Ve partie, 1485 « satires, pamphlets, apologies » (n° 2852 à 4337). On peut suivre le flux des querelles à celui des libelles. Par exemple, entre 1561 et 1578, on note en moyenne un texte par an ; en 1643, au moment de la Fréquente, 7 ; en 1644, une vingtaine ; à la veille de l’expulsion, en 1762, plus de 100.
30 « Lettre pastorale de Mgr l’évêque d’Auxerre (Jacques-Marie de Caritat de Condorcet) pour communiquer aux curés, vicaires et autres confesseurs de son diocèse, les Instructions de Saint Charles Borromée adoptées par le clergé de France », 22 février 1758, p. XXII.
31 Elle connut un grand succès : 16 éditions de 1811 à 1855, sans compter les éditions touloises, une à Avignon, une autre à Angers... et une traduction allemande.
32 Le prêtre sanctifié par la juste, charitable et discrète administration du sacrement de la pénitence, Avignon, 1827, additions, p. 237 sq. Un exemple : p. 242-243, saint Charles met en garde vis-à-vis de certains métiers dépendant de l’armée ou de la justice « per la corruttela del monda » (« à cause de la corruption du siècle »), ce qui est circonstanciel. La traduction latine « saeculi frequentatio » absolutise, dans le sens du « mépris du monde », en « la fréquentation du siècle ».
33 J. Delumeau, Un chemin d’histoire, Paris, 1981, p. 173-180 sur « l’obstacle de la confession ».
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