Avant-propos
p. 5-6
Texte intégral
1Cet ouvrage – La Provence et Fréjus à la fin du Moyen Age – témoigne du dynamisme de l’histoire du Moyen Âge en Provence, du rôle central que jouent en ce domaine mes collègues de l’Université de Provence et, grâce à eux, le centre de recherches Telemme, aux côtés des collègues niçois du laboratoire Cépam (Université de Nice Sophia-Antipolis). Il témoigne aussi de toute une tradition de collaboration entre sociétés érudites et historiens professionnels, entre collectivités locales et monde universitaire. Est-il utile d’ajouter que Fréjus est, sur ce plan, exemplaire ?
2Ainsi faisant, nous sommes, les uns et les autres, fidèles au souvenir et à l’œuvre de Paul-Albert Février, figure tutélaire de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme dont fait partie l’UMR Telemme. Je sais bien que cette remarque ne surprendra pas sous la plume d’un historien du contemporain, qui a édité il y a peu l’admirable et terrible correspondance de Paul-Albert Février dans l’Algérie en guerre ; mais elle signifie bien dans quelle lignée nous nous situons.
3La raison d’être de l’UMR Telemme a toujours été de susciter des synergies. Cela s’entend entre les périodes canoniques de l’Histoire – du Moyen Âge à l’époque contemporaine-, entre les catégories de chercheurs – doctorants, universitaires, représentants du CNRS, amateurs érudits-, enfin entre les travaux de chacun. Ce dernier trait est celui qu’illustre surtout le présent ouvrage. Sous ce rapport, en tout cas, il répond exactement aux deux missions indissociables de Telemme : celle du service public de la recherche, de la science, et celle de la diffusion des connaissances ou, plus exactement, de leur restitution à la collectivité.
4J’éprouve une grande satisfaction devant cette œuvre collective qui illustre si bien cette vocation. L’UMR Telemme a fermement soutenu l’initiative fréjussienne, et se félicite d’y collaborer avec l’UMR Cépam de l’Université de Nice Sophia Antipolis. Pas moins de quatre de ses membres participent au recueil et deux d’entre eux ont, de plus, assuré la lourde charge de l’édition. L’ouvrage rassemble les enquêtes approfondies de dix spécialistes aux compétences diverses, qui vont de la théologie parénétique à l’archéologie de l’habitat, du pouvoir laïque ou ecclésiastique à l’expression artistique. De la convergence de ces investigations minutieuses naît pourtant une certaine histoire de la Provence et celle-ci est, pour moi, un autre motif de satisfaction, tant le résultat répond si bien à mes convictions profondes d’historien et d’humaniste, de spécialiste de l’histoire de la Provence – et du Var en particulier-, même s’il s’agit de périodes bien plus récentes.
5Est-il nécessaire de préciser que nous nous retrouvons avec mes collègues médiévistes ? Nous partageons le même choix des investigations têtues, qui renoncent aux raccourcis, même si elles ne mènent pas aux succès faciles. Nous cherchons tous à atteindre ainsi au profond des sociétés, de leur vérité, par conséquent de jeter les bases d’une anthropologie historique, terme de cette histoire totale que nous a enseignée notre maître commun, Marc Bloch. Nous partageons aussi la même conviction que l’Histoire n’est pas le seul domaine des « professionnels ». Cet exemple de travail commun démontre, s’il en est besoin, la nécessité de renforcer les liens entre les sociétés qui font tant sur le plan local et dont les recherches sont irremplaçables, quand elles sont conduites avec les méthodes qui s’imposent. Cette convergence est une opportunité, une chance et je ne peux qu’inciter mes collègues aixois à la favoriser. Les centres de recherches comme Telemme n’ont pas vocation à s’isoler, mais au contraire à s’ouvrir et à partager.
6Cet appel convient spécialement pour l’histoire provençale. Une dialectique entre la « micro-histoire » et des perspectives élargies, voici l’un de ses besoins les plus évidents. L’enracinement dans la vie locale, dans les communautés élémentaires, caractérise le milieu provençal. Il conditionne, par un certain paradoxe, l’appartenance même à cet ensemble plus large. Cette réalité complexe, que je connais bien en tant qu’historien de la Provence contemporaine, je relève, grâce à cet ouvrage, combien il convient de la prendre en compte pour comprendre la période médiévale. Les deux éditeurs de l’ouvrage le soulignent justement, dans leur introduction. Il ne s’agit certes pas de croire aux permanences, mais de reconnaître ces temps longs de l’Histoire, auxquels Fernand Braudel a su nous rendre sensibles.
7Cette recherche, qu’il faut sans cesse entretenir, approfondir, transmettre, appelle d’autres collaborations encore entre administrations, collectivités, sociétés savantes et Université. Mon ultime remarque sera à nouveau pour me réjouir de la rencontre exemplaire, qui a permis ce beau livre, entre Mairie de Fréjus, Société d’histoire de Fréjus et de sa région. Publications de l’Université de Provence, UMR Cépam et UMR Telemme.
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La Provence et Fréjus sous la première maison d'Anjou
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