Jean François Hernandez (1769-1835) et Auguste‑Adolphe Raynaud (1804-1887)
Deux chirurgiens de la Marine engagés dans la pratique de l’expérimentation humaine à propos de la syphilis à Toulon au xixe siècle
p. 377-392
Résumés
La syphilis au début du xixe siècle inquiète les pouvoirs publics et surtout l’armée qui constate avec effroi la recrudescence des cas au sein de ses effectifs. Hernandez et Reynaud, tous deux originaires de Toulon et chirurgiens de la Marine dans cette même ville, s’impliquent dans la lutte contre cette affection. Ils pratiquent des expérimentations humaines dont les résultats sont publiés respectivement sous le titre Essai analytique contre la nature syphilitique de la gonorrhée dite virulente en 1810 et Traité pratique des maladies vénériennes en 1845. Le premier effectue des expériences dites pathologiques car la matière gonorrhéique est inoculée sur des sujets sains, en l’occurrence des bagnards ; le second pratique chez des marins hospitalisés des auto-inoculations à partir du pus prélevé sur des lésions observées sur leur propre corps. Après une brève présentation des deux protagonistes et des expériences qu’ils ont pratiquées, nous proposons une analyse critique à travers le regard de leurs contemporains de ces pratiques mais aussi des populations utilisées.
By the early 20th century, syphilis was a major issue for the French public authorities and especially for the French Forces as the increasing incidence of cases in the personnel was becoming a thorny matter of concern. Hernandez and Reynaud, both born in Toulon and surgeons in the naval base, displayed a strong commitment to fighting the epidemic. They conducted experiments on patients, the results of which were published respectively under the titles An Analytical Essay Against the Syphilitic Nature of the Gonorrhoea Known As Virulent in 1810 and A Practical Treatise on Venereal Diseases in 1845. The former performed experiments called pathological because he inoculated healthy convicts with gonorrheic matter, and the latter carried out inoculations on hospitalized sailors with the pus taken from the lesions observed on their very own bodies. Preceded by a short presentation of these two naval surgeons and of the experiments they conducted, our critical analysis will focus on the methods that were worked out as well as on the people on whom the experiments were tried through the perspective of their contemporaries.
Texte intégral
Introduction
1Toulon, « la rebelle », assiste le 19 décembre 1793 à l’entrée des troupes conventionnelles après un siège de plusieurs mois. La ville, exsangue de sa population et aux prises avec les flammes, renait rapidement de ses cendres et devient, sous l’impulsion de Napoléon, le grand port de guerre de la Méditerranée et, au cours du xixe siècle, la plaque tournante de la conquête de l’Algérie1. Les militaires constituent alors l’essentiel de la population dite flottante, soit 17 507 habitants (28 % de la population totale) au recensement de 18462. Ce contingent formé essentiellement de jeunes gens célibataires est particulièrement exposé au fléau de la syphilis au cours des expéditions mais aussi dans Toulon où les débits de boissons foisonnent et dans lesquels la prostitution y est très présente.
2Les médecins de la Marine sont très préoccupés par la diffusion et l’impact de cette affection et craignent la dégénérescence des forces vives de la nation, convaincus de la réalité de l’hérédosyphilis.
3Au début du xixe siècle, époque marquée par l’émergence d’une médecine moderne, deux d’entre eux, Jean François Hernandez et Auguste Adolphe Raynaud, effectuent des expérimentations humaines, pathologiques ou très critiquables à propos de la syphilis et en contradiction avec les principes de l’éthique médicale qu’ils ne peuvent pas ignorer car consubstantielle depuis Hippocrate de l’exercice de la médecine.
4Le propos de cette contribution n’est pas de les fustiger rétrospectivement mais plutôt de rendre compte, une fois la présentation faite des deux protagonistes et de leurs expériences, du contexte et des réactions de leurs contemporains vis-à-vis de leurs pratiques et des populations utilisées, en l’occurrence le bagnard et le militaire.
Expérimentateurs et expérimentations sur l'homme à Toulon
Jean François Hernandez
Un destin lié à celui de l’Empire (figure 1)
5Né à Toulon le 25 mars 1769, Jean François Hernandez se forme à l’école de chirurgie de la Marine sur place. Il devient aide chirurgien à l’âge de 18 ans et consolide sa pratique comme chirurgien embarqué à bord de différentes frégates de 1790 à 17943. Durant cette période, politiquement tourmentée, il adhère aux idées révolutionnaires et noue des liens avec les Montagnards. Il sympathise alors avec le capitaine Bonaparte, rencontré à Toulon au mois de juin 1793, juste avant le siège, pour une affection cutanée qu’il parvient à guérir4. Dès 1796, il revient dans son port d’attache et mène désormais une brillante carrière politique et médicale. Cet homme fougueux qui a soif de reconnaissance sociale participe à plusieurs sociétés savantes de France et d’Italie et fonde en 1800 la future Académie du Var. Les Cent Jours de Napoléon marquent l’apogée de cette ascension. Il est de nouveau député du Var et obtient le poste de professeur d’hygiène à Rochefort tout en étant promu chevalier de la Légion d’honneur. Sa réussite sociale est grandement liée au destin de l’Empire et prend fin avec le retour de la monarchie quelques semaines plus tard au mois de juillet 1815. Mis en retraite à l’âge de 46 ans, il n’exerce plus de fonctions d’envergure et succombe le 6 octobre 1835 de l’épidémie de choléra qui sévit à Toulon5.
6Il est l’auteur de plusieurs ouvrages mais l’Essai analytique sur la non-identité des virus gonorrhéiques et syphilitiques publié en 1812 est celui qui lui a apporté la notoriété scientifique. Ce travail répond aux exigences d’un concours organisé par la société médicale de Besançon en 1810. L’objectif est, selon l’intitulé de la question posée, « de déterminer par des expériences et des observations concluantes s’il y a une identité de nature entre le virus de la gonorrhée virulente et celui de la vérole : si l’une peut donner l’autre ; et si le traitement qui convient à l’une peut être applicable à l’autre ». Les données médicales de cette époque sont contradictoires car une grande confusion règne sur la nature des maladies vénériennes, les micro-organismes en cause étant encore inconnus. Les adeptes de la théorie uniciste pensent que la syphilis et l’écoulement purulent urétral (appelé gonorrhée) sont de même nature. D’autres, comme Hernandez, privilégient une vision dualiste et affirment que les deux affections cliniques sont issues de causes bien distinctes. Pour le prouver, Hernandez fait référence aux résultats d’inoculations pratiquées dans le passé comme celles effectuées par l’écossais Benjamin Bell (1749-1806) sur deux étudiants en médecine. Cette démonstration expérimentale l’inspire fortement. Affecté au service de l’hôpital de la chiourme, il saisit alors des « circonstances favorables », ayant à sa disposition des bagnards, pour la reproduire et contribuer lui-même à porter la preuve6.
Inoculations pathologiques au bagne de Toulon
7Dix-sept bagnards sont inclus dans cette étude. Trois autres, ayant un écoulement gonorrhéique, sont retenus durant plusieurs mois pour fournir la matière infectante. L’inclusion des sujets s’effectue sur le principe du volontariat motivé par la perspective d’un repos à l’hôpital du bagne et par l’assurance apportée par Hernandez sur le caractère inoffensif de l’expérience.
8L’inoculation est pratiquée à plusieurs reprises à partir de fils trempés dans le pus et placés sur le gland et le prépuce après une incision faite à l’aide d’une lancette. Les participants se distinguent par leur état de santé très variable. Les trois premiers n’ont aucune pathologie et sont dans la force de l’âge. Les autres sont décrits comme amaigris et carencés (deux cas), ou « faibles, irritables, cacochymes » (six cas) ou avec une peau au teint gris parsemée de scrofules (quatre cas). Les résultats montrent que seulement cinq sujets dont les trois bagnards les plus sains ont des « ulcères légers, sans apparences chancreuses » qui évoluent rapidement vers la guérison avec des soins locaux. Les autres ont des ulcères qui persistent et résistent aux traitements locaux. Pour quatre d’entre eux, les ulcérations sont mêmes douloureuses et pour deux autres des signes locorégionaux se développent avec « des obstructions dans le bas ventre » nécessitant l’usage interne du mercure doux, traitement réservé aux affections syphilitiques. Malgré l’aspect très variable des ulcérations et de leur évolution, Fernandez conclut qu’elles ne sont que la conséquence de la blennorragie et qu’aucune d’entre elles n’est de nature syphilitique.
Auguste Adolphe Marc Reynaud
Un médecin hospitalier affecté au service des vénériens
9Reynaud est né le 7 mai 1804, lui aussi à Toulon. Dès l’âge de 17 ans, il débute sa formation de chirurgien et développe parallèlement une qualification de naturaliste. Il s’embarque alors sur la frégate la Chevrette pour un long voyage scientifique de 1827 à 1828. Il parcourt les mers du sud-est asiatique et décrit de nombreuses espèces dont une nouvelle étoile de mer recueillie au large du Sri Lanka qui porte son nom : Temnopleurus Reynaudi. À son retour, en 1829, il devient docteur en médecine et un an plus tard chirurgien professeur à l’école de Brest. Dès lors, il se retrouve pendant « quatorze ans en position de voir beaucoup de vénériens » comme il le précise en avant-propos de son livre. Il acquiert l’essentiel de cette expérience dans le service des vénériens à l’hôpital de la Marine à Toulon et, en 1845, au titre de second chirurgien en chef de la Marine, il publie le Traité pratique des maladies vénériennes assisté dans ce travail par les officiers de santé Barrallier et Buisson. Cette édition est la seule qu’il rédige malgré de nombreux travaux sur divers sujets7. Son nom est également appliqué à un cornet anesthésique qu’il a promu et qui fut utilisé lors de la guerre de Crimée8. Il devient inspecteur général du service de Santé en 1858 et ses travaux scientifiques comme chirurgien et naturaliste sont loués par ses pairs qui le nomment correspondant à l’Académie de médecine et membre de la Société d’histoire naturelle. Il décède à l’âge de 83 ans, le 4 février 1887, à Toulon9.
10« Une œuvre utile » telle est la mission première du Traité pratique des maladies vénériennes que Reynaud adresse « aux jeunes médecins et particulièrement aux officiers de santé de la marine et de l’armée » qui se trouvent loin de leur centre de formation confrontés à ces questions10. Le chapitre premier est consacré à « l’inoculation appliquée à l’étude des Maladies Vénériennes ». Il entreprend des auto-inoculations en injectant le produit pathologique du patient sur une autre partie de son corps. Ces essais sont là avant tout pour démontrer la contagiosité de la syphilis qui doit, au cours de la période initiale de cette réinfection, produire à proximité un chancre et ainsi différencier, dans les cas difficiles, une urétrite d’origine syphilitique d’une gonorrhée classique. Malheureusement nous savons que le postulat initial est erroné car les médecins de l’époque considèrent que tous les chancres sont de nature syphilitique, ne soupçonnant pas que certains d’entre eux ont une autre origine et ils ignorent que la syphilis entraîne une immunité et ne peut donc pas s’auto-inoculer une seconde fois. Par conséquent, la présence d’un chancre ne signifie pas qu’une infection syphilitique est en cours mais, au contraire, qu’un autre processus infectieux est en jeu.
Les auto-inoculations sans limites
11Persuadé de détenir un test diagnostic efficace, Reynaud n’hésite pas à inciter les « médecins même les plus timorés et les plus scrupuleux » à la pratiquer11. Il invoque, pour justifier ces auto-inoculations, l’argument du « moindre mal ». Il préfère, en effet, prendre le risque « de donner un ou deux chancres au malade » que de lui imposer systématiquement « un traitement général inutile » et dangereux à base de mercure.
12D’un point de vue méthodologique, il utilise la pointe d’une lancette pour prélever le pus et le réintroduire sous l’épithélium du gland ou du prépuce ou sous une autre partie de l’épiderme.
13Le plus souvent, les inoculations sont localisées sur la face antérieure de la cuisse chez les patients hospitalisés, sûrs de rester au repos quelques jours. Chez ceux qui doivent reprendre leur activité, il privilégie plutôt le membre supérieur (bras ou avant-bras). Il empreigne sa lancette du pus provenant directement de l’urètre mais aussi du chancre et des adénites à proximité. Il effectue d’autres inoculations à partir de matière suppurée provenant de lésions cutanées d’origine syphilitique à distance du chancre, sans aucun succès précise-t-il. L’auto-inoculation peut être unique ou multiple, volontaire ou parfois « par inadvertance » et occasionne alors d’après Reynaud autant de chancres que de piqûres pratiquées. Cette opération peut être aussi reproduite en cascade à partir du bubon satellite en suppuration ou du nouveau chancre.
14Ces expériences sont faciles à pratiquer et deviennent un geste routinier et répétitif. Il confie s’être « livré à des essais nombreux et fort variés » et pour confirmer l’échec de l’inoculation dans la blennorragie, il rappelle qu’il l’a essayée « plusieurs centaines de fois… et chaque jour, je renouvelle ces tentatives12 ». Cette pratique sert aussi à mieux connaître la contagiosité de certaines lésions syphilitiques ou à apporter une description évolutive du chancre dès son apparition. Sans évoquer réellement leurs inconvénients, il décrit les inoculations réussies qui entraînent les jours suivants une pustule autour du point d’injection. Elles se transforment, précise-t-il, en une ulcération qui guérit progressivement avec parfois une adénite adjacente.
Critique historique de ces pratiques et des populations utilisées
L’hétéro inoculation
15Les travaux menés par Jean François Hernandez sur les bagnards ont immédiatement reçu les honneurs de la profession. Le traité qui répond à une question posée par la société de médecine de Besançon est couronné par ses membres. Le baron de l’Hermitte, alors préfet maritime, se félicite de cette distinction et écrit le 6 juin 1812 au ministre de la Marine pour lui signaler « avec quel zèle et quel succès ce médecin s’occupe de tout ce qui peut faire reculer les bornes de son art13 ».
16La plus grande reconnaissance médicale est cependant portée vingt-huit ans plus tard par Philippe Ricord (1800-1889) qui est alors le grand spécialiste de la syphilis à l’hôpital des vénériens à Paris. Dans son Traité pratique des maladies vénériennes, il intègre textuellement une grande partie du quatrième chapitre consacré à l’expérience pratiquée chez les bagnards et aux données contradictoires sur la problématique de la non-identité de la gonorrhée et de la syphilis. Il considère que ce sujet difficile y est « trop bien résumé14 ». Dès lors Hernandez est souvent cité et son travail est qualifié de remarquable ou d’innovant en remettant au goût du jour la pratique de l’inoculation abandonnée depuis Hunter (1728-1793)15.
17La pratique de l’inoculation n’est pas l’apanage des maladies vénériennes. Le traitement de la variole a été, avec la variolisation au début du xviiie siècle et la vaccination antivariolique à la fin de ce même siècle, un exemple réussi d’inoculation à visée thérapeutique qui a inspiré toutes une série d’expérimentations utilisant d’autres matières supposées infectantes. Vers 1720, la variolisation s’est répandue en Angleterre dans les milieux aristocratiques grâce à l’interventionnisme très efficace de lady Mary Montagu qui l’impose à ses enfants et qui persuade la cour royale de l’adopter. Les plus démunis sont les autres bénéficiaires en servant de population test16. Le traitement consiste à prélever le contenu d’une pustule sur un malade faiblement atteint, exprimant une forme non confluente, et de transmettre le pus recueilli, de préférence à un enfant robuste et en hiver, au moyen d’une aiguille placée sous son épiderme. La procédure n’est pas sans risque puisqu’une personne sur vingt-cinq succombe, mais cette mortalité reste inférieure aux ravages que cette infection produit durant ce siècle en nombre de morts, de personnes aveugles ou défigurées. Edward Jenner (1749-1823), un médecin de campagne de la région de Berkeley, note, quant à lui, que les paysans sont protégés contre la variole lorsqu’ils contractent auparavant la maladie depuis la vache, la cowpox, une affection bénigne chez l’homme. Le 14 mai 1796, convaincu du pouvoir immunisant de la cowpox, il décide d’inoculer sur le bras d’un enfant le pus prélevé d’une pustule chez une fermière infectée par les pies d’une vache. L’immunité du jeune garçon est alors confirmée par la tentative de deux variolisations successives sans effet. Il publie ses résultats en 1798 et son application est rapide. Cette thérapeutique est alors rapidement adoptée partout dans le monde et appliquée systématiquement dans l’armée napoléonienne17.
18Emporté par ce succès contre la variole bien d’autres inoculations ont lieu sans avoir forcément de but thérapeutique. Les inoculations pathologiques comme celles effectuées par Hernandez se répandent. Pierre-Charles Bongrand, dans sa thèse présentée en 1905, en énumère des centaines sans être pour autant exhaustif18. Il prend en compte, pour l’essentiel, des expériences faites durant le xixe siècle. Elles concernent surtout des maladies infectieuses avec par conséquent des inoculations qui souvent aboutissent à la transmission de l’agent infectant, qu’il s’agisse de maladies de peau comme la gale, le favus, de fièvre éruptives comme la rougeole ou la varicelle, ou d’infections tropicales comme le paludisme ou le choléra. Elles portent aussi sur la syphilis et, en 1837, William Wallace, pour démontrer la contagiosité des lésions secondaires, n’hésite pas à inoculer la matière syphilitique chez cinq hommes, dont le plus jeune a seulement 15 ans, avec succès, précise-t-il, ayant tous été infectés.
19Le travail d’Hernandez s’intègre par conséquent totalement dans une série d’expérimentations humaines utilisant l’inoculation pathologique sans aucun scrupule et sa reconnaissance, immédiate par les autorités militaires et médicales puis posthumes, montre la grande tolérance de la société du xixe face à ces pratiques contestables. Mais cette attitude est-elle vraiment partagée par l’ensemble de la communauté scientifique ?
20Alphée Cazenave (1802-1877), professeur agrégé de la faculté de Paris et médecin de l’hôpital Saint-Louis, est un adversaire de l’application de l’inoculation de la syphilis et il dénonce les conséquences parfois pénibles des inoculations pratiquées par Hernandez19. Cette désapprobation est partagée par Reynaud qui éprouve une certaine gêne quand il aborde le travail de son prédécesseur et se désolidarise des expériences qu’il a pratiquées en précisant qu’elles « lui étaient propres20 ». Il ne peut, en fait, aucunement les soutenir et nous explique qu’il ne viendrait « dans l’esprit d’aucun médecin, de faire de semblables tentatives entre une personne affectée de syphilis et une personne saine21 ». Cette dénonciation semble partagée par une grande partie de la communauté médicale et marque une évolution dans les mentalités. En effet, Cazenave précise « qu’aujourd’hui personne ne songe plus, Dieu merci ! À tenter de pareilles expériences sur soi même, dans l’intérêt de la science, ni sur les autres, dans l’intérêt de l’humanité22 ». L’échec de la syphilisation s’inscrit dans ce changement. Joseph-Alexandre Auzias Turenne (1812-1870), le concepteur de cette nouvelle thérapie, propose d’inoculer à plusieurs reprises du pus provenant d’un chancre contenant, dit-il, un « virus » syphilitique atténué. Il affirme que les inoculations provoquent des chancres de plus en plus petits et que la dernière ne provoque aucune réaction, le sujet étant alors guéri et immunisé. Des prostituées doivent tester cette thérapeutique innovante, étant les plus exposées mais aussi les principales vectrices de la maladie. Cependant une opposition se constitue. Elle est médicale, menée par Ricord qui manifeste toute son indignation vis-à-vis de cette pratique et par l’académie médicale impériale qui, en 1852, la condamne comme étant dangereuse. Elle est médiatique, la presse exprimant pour la première fois sa réprobation. Elle est aussi judiciaire, avec l’intervention du préfet de police de Paris qui nomme une commission pour enquêter sur l’autorisation demandée par Auzias Turenne de pouvoir mener ses inoculations sur des prostituées enfermées à l’infirmerie de la prison de l’hôpital de Bicêtre23. Le refus de cette commission scelle la fin de la syphilisation en France.
21Le procès de Lyon en 1859 constitue le point d’orgue de cette indignation, posant pour la première fois les limites de l’expérimentation et rappelant la nécessité de protéger les plus faibles contre un traitement inadéquat à leurs égards. L’inoculation pathologique en cause concerne un enfant de dix ans, scrofuleux et teigneux, hospitalisé à l’hospice de l’Antiquaille. Le compte-rendu du procès publié dans la Gazette médicale notifie que
Le 7 janvier 1858, le Dr Guyenot, alors interne des vénériens, demanda, au chef de service, M. Gailleton, l’autorisation d’inoculer au malade le pus d’accidents constitutionnels (plaques muqueuses)24. L’autorisation lui fut accordée, et quatre piqûres furent faites au bras droit du malade.
22Guyenot rapporte en tout vingt-deux inoculations réussies dans sa thèse intitu-lée de l’innoculabilité de la syphilis constitutionnelle (1859). Il justifie l’utilisation d’un enfant du fait de son jeune âge qui assure l’absence de contact avec la syphilis ou avec une autre maladie vénérienne. Le garçon développe deux ulcérations puis une roséole sur le tronc durant six jours. Cette observation est alors publiée dans la gazette hebdomadaire de Paris le 15 avril 1859. La mise en lumière de cette expérimentation fait scandale et le procès est exemplaire. Les deux médecins compromis dans cette expérimentation sont condamnés pour coups et blessures et doivent une somme symbolique de cent francs d’amende pour Guyenot et de cinquante francs pour son complice Gailleton25. Le jugement stipule l’obligation d’un exercice dont le but est de servir le malade et de le conduire à la guérison, et non de satisfaire la curiosité du médecin engagé dans des questionnements plus larges en occultant le respect de la personne soignée.
L’auto-inoculation et la méthode numérique
23Les auto-inoculations sont présentées par Reynaud comme un procédé qui doit permettre de confirmer ou non la nature syphilitique de la lésion primitive. Il considère qu’elles sont sans grand danger et qu’elles évitent dans certains cas des traitements mercuriels inutiles et dangereux. Leur pratique est de soi validée par Ricord qui « s’est approprié, pour ainsi dire, l’idée de l’inoculation par le grand nombre et l’importance de ses travaux26 ». Il lui voue une grande admiration et le cite plus d’une trentaine de fois dans son ouvrage. Ainsi, les auto-inoculations pour Raynaud sont une méthode diagnostique moderne qui n’a rien à voir, précise-t-il, avec les expérimentations pathologiques que pratiquait son prédécesseur Hernandez.
24Pour autant, elle ne fait pas l’unanimité. Desruelles, lui-même médecin militaire dans un service des vénériens, ne partage pas le même engouement que son confrère de Toulon. Il précise que : « depuis onze ans que nous étudions, d’une manière expérimentale, les maladies vénériennes au Val-de-Grâce, nous n’avons jamais pu nous résoudre à inoculer aucune des lésions syphilitiques » et prétexte qu’il ne veut en aucun cas mettre en danger les soldats de l’armée qui lui sont confiés (1836). Il ne désavoue pas totalement la pratique qui apporte selon lui des données médicales intéressantes du moment qu’elle est appliquée sur d’autres. Une réserve encore plus incisive est portée en 1836 par Cullerier et Ratier qui n’hésitent pas à qualifier ce moyen diagnostic des plus vicieux. Pour eux, on ne peut pas exclure que l’inoculation supplémentaire de ce « poison » ne soit délétère pour le sujet et n’aggrave son caractère infectant. D’autre part, le cas de résultats faussement négatifs augmente le risque pour la personne atteinte, rassurée à tort, de contaminer son entourage. Tous ces auteurs font donc avant tout recours à un principe de précaution pour s’opposer à cette pratique : ils évoquent son effet toxique potentiel et ne veulent pas exposer leurs patients à ce risque. Castelnau en 1841 est encore plus radical dans son jugement réprobateur en remettant en question l’utilité de l’auto-inoculation mais surtout en s’insurgeant contre les nuisances que cette méthode porte en elle. Contrairement à Raynaud, il insiste sur le fait que les lésions persistent environ un mois, laissant souvent une cicatrice apparente parfois douloureuse mais aussi sujette à des surinfections délabrantes et dangereuses. Il fustige l’entêtement des médecins qui font croire alors à l’innocuité des inoculations et conclut en affirmant qu’« il n’y a pas plus d’immoralité, pas plus d’infamie à inoculer un chancre qu’à saigner un malheureux phtisique dont la vie s’écoule avec le sang ; mais l’un dans l’autre cas il y a une erreur, une erreur funeste27 ».
25Ainsi Raynaud et Ricord ne tiennent pas compte des scrupules et des réserves émis par leurs collègues. Cette posture est d’autant plus dommageable que le postulat de départ sur la nature syphilitique des chancres issus des inoculations est erroné et que l’édifice scientifique qui en résulte l’est tout autant. Au lieu de « repérer la maladie dans la profondeur secrète du corps28 », ils ne font que perpétuer cette erreur.
26Raynaud a mené des « essais nombreux et forts variés » et Ricord a réalisé des milliers d’inoculations, aussi bien chez les femmes que les hommes, à partir de lésions primitives mais aussi de lésions syphilitiques secondaires ou tertiaires pour attester la contagiosité ou non du « virus ». La multiplication des expériences rend compte d’une croyance nouvelle dans la valeur des chiffres et dans la collection des données à l’infini : la méthode numérique qui a été initiée brillamment par Louis pour démontrer pour la première fois l’action délétère des saignées dans les pneumopathies (1828). Désormais, les statistiques font leur apparition pour démontrer le bien-fondé des pratiques. Reynaud adhère à cette nouvelle médecine et fait part d’observations très assidues et très nombreuses, de relevés statistiques établis sur plusieurs milliers de malades pour convaincre sur la nécessité de traiter les chancres syphilitiques en utilisant un traitement général au-delà des soins locaux proposés. En l’appliquant à l’inoculation, Reynaud et Ricord constituent des séries de plus en conséquentes qui, non seulement, ont pour objectif de renforcer leurs résultats mais aussi d’affirmer leur implication au plus près de la maladie. Grégoire Chamayou rappelle toutefois que des critiques se font jour dès les débuts de l’utilisation des statistiques en médecine29. Elles reprochent à cette méthode de nier la valeur de l’individu et de ne concevoir que la puissance des chiffres et des moyennes que l’on en tire.
Le bagnard et le militaire
27Les inoculations effectuées par les médecins de la Marine l’ont été sur des marins et des bagnards, des groupes d’hommes particulièrement vulnérables et subordonnés. Dans les deux cas, ils sont au service de l’État, à disposition et sous contrôle : le forçat comme « bien social, objet d’une appropriation collective et utile30 » ; le militaire dans un engagement volontaire.
28Du fait de son statut hérité de celui des galériens, le bagnard est sous la responsabilité du ministère de la Marine et le code pénal, en 1791, précise que « les condamnés à la peine de fers seront employés à des travaux forcés au profit de l’État ». Utilisé essentiellement pour sa force dans les principaux arsenaux de France, il est traité comme une bête de somme et « parqué » comme tel en fond de cale dans des galères puis les frégates désarmées et postées à quai. Sa condition, une fois le jugement prononcé, se trouve bouleversée. Son corps est humilié, obligé, comme celui du condamné à mort, à subir une peine d’exposition de six heures sur la place publique du lieu du jugement. Il porte alors les fers à la cheville mais aussi en collier pour laisser passer la chaîne qui le lie aux autres bagnards afin d’entamer un long parcours qui le mène de la prison de Bicêtre jusqu’à sa destination finale31. Enfants, il est fort possible que les petits Hernandez ou Raynaud aient pu assister à leur passage par la porte royale à Toulon. Spectacle saisissant que celui de cette chaîne enguenillée, les vêtements de ville ayant été volontairement lacérés, qualifiée par Victor Hugo de « fantaisie de la misère32 ».
29La vie du forçat est dure. Au-delà de l’enfermement, l’accouplement qui consiste à ferrer et à enchaîner les bagnards deux par deux au moyen de leur chaîne jusqu’au coucher est une contrainte très lourde. De nombreuses punitions sont prévues dans le règlement intérieur. Il peut s’agir de simples privations de vin ou de couverture, à l’accouplement nuit et jour ou à l’instauration d’une double chaîne beaucoup plus lourde33. Des pratiques apparentées à des sévices sont, quant à elles, réservées aux plus récalcitrants. « La bastonnade », déjà pratiquée sur les galères, est la plus répandue. Le supplicié est couché sur un billot de bois et son dos est déchiqueté par les coups provenant d’une grosse corde goudronnée. Elle peut conduire à la mort et le docteur Charles Pellarin en 1824 décrit l’autopsie d’un jeune homme de 23 ans qui venait de mourir sous les coups : « nous trouvâmes tous les muscles de la partie postérieure du tronc, depuis la nuque jusqu’aux fesses réduits en bouillie noirâtre et la partie correspondante des poumons infiltrée de sang à une grande profondeur et désorganisée34. »
30Même après sa mort, son corps n’en finit pas d’être maltraité. En effet, les cours d’anatomie sont agrémentés de travaux pratiques de dissections réalisées par les médecins et les chirurgiens-chefs sur des cadavres dont la principale source provient du bagne. Lauvergne (1797-1859) rapporte à ce sujet les derniers mots d’un forçat adressés au servant de l’amphithéâtre d’anatomie de l’hôpital de la Marine : « il conjurait le forçat croque mort, son ami, de le soustraire au scalpel de l’étudiant […] au moins il espérait que ses restes seraient scrupuleusement recherchés et mis dans un panier35. » La crainte qu’après la mort le corps soit outragé est alimentée par les expériences de galvanisme (figure 2). À l’instar des travaux d’Aldini (1762-1834) publiés en 1804, les chirurgiens profitent des exécutions par décapitation faites au bagne pour récupérer la tête du condamné tombée de l’échafaud et lui administrer un courant électrique à travers le crâne afin d’étudier ses réactions monstrueuses post mortem36.
31Ainsi le forçat est certainement perçu par Hernandez et ses contemporains comme un être soumis et déconsidéré qui peut se retrouver exposé sans aucune retenue à des expériences tout azimut. D’ailleurs, l’inoculation effectuée par Hernandez est critiquée sur son aspect pathologique et sur l’interprétation discutable des résultats mais aucun des détracteurs ne remet en cause l’utilisation de bagnards.
32Peut-on en déduire que les forçats sont une population régulièrement sollicitée dans la pratique expérimentale ? À notre connaissance, il n’y a finalement que très peu de données à notre disposition pouvant corroborer cet usage. La seule autre expérience publiée concerne la potabilité de l’eau de mer distillée selon une méthode élaborée par Freycinet et Clément. Elle est menée conjointement dans les bagnes de Toulon, de Brest et de Rochefort sous la direction du ministre de la Marine en 181737. Dans le rapport, ils font cas de la bonne volonté des huit bagnards testeurs de Brest. À Toulon, les six forçats sélectionnés sont suivis à l’hôpital de la Marine. À Rochefort, les tests sont effectués à l’insu des quinze bagnards qui sont déjà à l’hôpital pour des affections sans importance d’après les commissaires en charge de l’expérience. Il applique ainsi une méthodologie « en aveugle » chez les testeurs, jugée plus rigoureuse. Enfin, l’expérience est pratiquée sur l’île de Hénet où huit forçats et quatre gardes sont reclus, tous contraints à boire l’eau distillée qui leur est envoyée du port. Ainsi quarante-et-un hommes ont bu pendant un mois de l’eau de mer distillée qui au final s’avère potable.
33Néanmoins, si on se réfère aux écrits de Maurice Alhoy, il est fort probable que d’autres expériences ont eu lieu sur cette population. En effet, ce journaliste de « terrain » s’est intéressé aux conditions de vie dans les bagnes et il n’est nullement étonné par ces pratiques. Il précise : « c’est là que les jeunes gens jaloux de s’instruire peuvent étudier la médecine, car, par convention tacite, on essaie sur les forçats des médicaments nouveaux qu’on administrerait qu’avec crainte aux marins. » Il rajoute que « l’usage ne se répand que lorsque l’expérience in anima vili a démontré ce que la théorie enseigne38 ».
34Si on en juge par ces propos tenus, la Marine s’assure habituellement de l’innocuité ou du succès d’un traitement sur d’autres populations, en l’occurrence le bagnard, avant de l’appliquer à ses soldats. Cela s’est vérifié avec l’eau de mer distillée dont les résultats rassurants ont convaincu Freycinet d’utiliser avec succès son alambic dès 1819 au large de la nouvelle Hollande afin de fournir l’eau nécessaire aux marins embarqués39. Lucien Baudens (1804-1857), inspecteur général de santé de l’armée, rappelle quant à lui dans son livre consacré à la campagne de Crimée que « le soldat ne doit jamais servir à des expérimentations40 ». Le conseil de santé des armées exerce pour cela sa vigilance pour assurer l’application de l’interdiction donnée « aux chirurgiens militaires d’employer des modes de traitements et d’opérations que n’a pas sanctionnés l’expérience ».
35Pourtant, dans le même ouvrage, il évoque l’apport du chloroforme pour soulager la douleur des militaires qui devaient subir des opérations qui jusqu’alors était réalisées sans anesthésique. Ce nouvel agent utilisé chez l’animal n’est pas sans danger. Chez l’homme, il peut provoquer des collapsus mortels en cas de surdosage. Il approuve toutefois son utilisation chez les militaires blessés. Une titration du chloroforme est ainsi testée sur le champ de bataille qui s’apparente finalement à une expérimentation à grande échelle. Il précise avec un certain soulagement qu’il n’y a eu à déplorer aucun cas mortel. Les bataillons sardes engagés auprès des français ont, quant à eux, préféré s’abstenir et vérifier sur l’armée impériale l’innocuité du traitement. La frontière est donc ténue entre ce qui résulte d’une expérimentation et l’application d’une thérapeutique dont les effets indésirables ne sont pas encore totalement maîtrisés. Les conditions pour effectuer des essais sont propices. Comme pour le bagnard, la médecine « moderne » tient à sa disposition durant des mois, au cours des campagnes militaires, un groupe homogène d’hommes sous ses ordres.
36Dans le cas de la syphilis, l’endiguement de la contagion au sein de l’armée et de l’entourage du marin est un enjeu devenu majeur. Il entraîne un effort à la fois pour trouver des traitements et pour identifier correctement les populations et les lésions contagieuses. Les auto-inoculations effectuées par Raynaud s’intègrent dans cette perspective, mais cela le conduit à s’émanciper des mesures de prudence prônées par les autorités militaires et à se référer à une autre autorité d’ordre médical représentée par Ricord.
Conclusion
37La pratique des inoculations par Hernandez et Raynaud est le témoignage très symptomatique d’un engagement de médecins qui interprètent chacun à leur façon une médecine en pleine transformation. Hernandez, le révolutionnaire, épris de l’esprit de progrès insufflé par les philosophes des Lumières, est convaincu d’être investi d’une mission scientifique. Pour la mener à bien, il fait preuve d’opportunisme et se sert de sa proximité avec le monde des bagnards pour recourir à ces hommes déconsidérés. En revanche, Reynaud symbolise une nouvelle génération de médecins. Il procède par une activité plus structurée au sein des hôpitaux, qui sont devenus le cœur de la médecine moderne fondée sur la clinique, et il s’appuie sur les recommandations d’illustres médecins pour valider son exercice.
38La lutte contre la syphilis, et plus particulièrement à Toulon et chez les militaires, dynamise cette quête de vérité. Elle aboutit alors à une appropriation abusive des corps à travers l’inoculation pathologique appliquée par Hernandez et des inoculations répétées, inutiles et invasives exercées par Raynaud.
39Les expérimentations controversées au xixe siècle s’appuient le plus souvent sur des populations subordonnées et vulnérables. Le bagnard en est une illustration méconnue. Mis à part quelques procès retentissants qui concernent essentiellement des enfants et des prostituées, il faut attendre la fin de la seconde guerre mondiale et l’effroi provoqué par les médecins nazis dans les camps de concentration pour que des règles internationales d’éthique médicale soient érigées. Les expérimentations humaines sont maintenant bien encadrées par la loi mais elles posent encore beaucoup de questionnements et le passé nous incite à maintenir une vigilance pour éviter que l’individu ne soit de nouveau sacrifié sur l’autel de la connaissance.
Notes de bas de page
1 M. Agulhon, Histoire de Toulon. Univers de la France et des pays francophones, Toulouse, Privat, (1980) 2004.
2 F. Bourillon, Les villes en France au xixe siècle, Paris, Ophrys, 1995.
3 P. Hillemand, « Hernandez (Jean-François, 1769-1835) », Société française d’histoire de la médecine, no 3, 1965, p. 132-135.
4 E. Davin, « Le Médecin de la Marine Hernandez premier président de l’Académie du Var et Bonaparte à Toulon en 1793 », Bulletin de l’Académie du Var, Toulon, Imprimerie de Lions et Azzaro, 1954.
5 M. Sardet, B. Brisou, Dictionnaire des médecins, chirurgiens et pharmaciens de la Marine, Paris, Service historique de la Défense, 2010.
6 J.-F. Hernandez, Essai analytique sur la non-identité des virus gonorrhéique et syphilitique, Avignon, Imprimerie Hypolite Offray, 1812, p. 61.
7 C. Berger, H. Rey, Répertoire bibliographique des travaux des médecins et des pharmaciens de la marine française 1693-1873, Paris, J.-B. Baillière et Fils, 1874.
8 M. Zimmer, Histoire de l’anesthésie. Méthodes et techniques au xixe siècle, Paris, EDP sciences, 2008.
9 M. Sardet, B. Brisou, op. cit.
10 A. Raynaud, Traité pratique des maladies vénériennes, Toulon, Imprimeur F. Monge, 1845, p. VI.
11 Ibid., p. 156.
12 Ibid., p. 21.
13 Archives de l’hôpital du Val-de-Grâce 9422.
14 P. Ricord, Traité pratique des maladies vénériennes ou Recherche critique et expérimentale sur l’inoculation appliquée à l’étude de ces maladies, suivi d’un résumé thérapeutique et d’un formulaire spécial, Paris, Librairie des sciences médicales de Just Rouvier et E. Le Bouvier, 1838.
15 E. Monnerret, L. Fleury, Compendium de médecine pratique ou Exposé analytique et raisonné des travaux contenus dans les principaux traités de pathologie interne, t. VIII, Paris, Libraire-éditeur Béchet jeune, 1846, p. 16 ; A. Fournier, « Inoculation », in S. Jaccoud, Nouveau dictionnaire de médecine de chirurgie pratiques, t. XIX, Paris, J. B. Baillières, 1874.
16 A.-M. Moulin, L’aventure de la vaccination, Paris, Fayard, 1996.
17 Ibid.
18 P.-C. Bongrand, De l’expérimentation chez l’homme. Sa valeur scientifique et sa légitimité, thèse de médecine, Bordeaux, 1905.
19 A. Cazenave, Annales des maladies de la peau et de la syphilis, vol. I, Paris, Imprimeur-Libraire Labbé, 1844.
20 A. Raynaud, op. cit., p. 149.
21 Ibid., p. 24.
22 A. Cazenave, op. cit., p. 49.
23 Rapport à M. le préfet de police sur la question de savoir si M. le docteur Auzias Turenne peut être autorisé à appliquer ou expérimenter la syphilisation à l’infirmerie de la prison St-Lazare, Paris, 1853.
24 Gazette médicale de Lyon, 16 décembre 1859, cité par les archives générales de médecine, Labé, vol. 1, 5e série, t. XV, 1860, p. 121-122.
25 Antoine Gailleton (1829-1904) : malgré cette condamnation, il poursuit une brillante carrière médicale et politique ; il occupe la première chaire de Clinique des maladies cutanées et syphilitiques à l’hôpital de l’Antiquaille en 1877 et devient maire de Lyon de 1888 à 1900.
26 A. Raynaud, op. cit., p. 22.
27 H. de Castelnau, Recherche sur l’inoculation appliquée à l’étude de la syphilis, Paris, Librairie de Méquignon-Marvis Fils, 1841, p. 72.
28 M. Foucault, Naissance de la clinique, Paris, PUF, 1963, p. 192.
29 G. Chamayou, Les corps vils. Expérimenter sur les êtres humains aux xviiie et xixe siècles, Paris, La Découverte, 2008, p. 260.
30 M. Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 111.
31 A. Bérutti, « Le bagne avant le bagne. La « chaine » de Toulon, de Bicêtre à Castigneau », in J.-P. Meyrueis, A. Bérutti, Le bagne de Toulon 1748-1873, Toulon, Académie du Var, Autres Temps, 2010.
32 V. Hugo, Les Misérables, Paris, Le livre de poche, 1998, p. 1228.
33 J.-P. Meyrueis, « Punitions, révoltes, récompenses », in P. Meyrueis, A. Bérutti, op. cit.
34 C. Pellarin, Souvenirs anecdotiques. Médecine navale, saint simonisme, chouannerie, Paris, Librairie des sciences sociales, 1868, p. 25.
35 H. Lauvergne, Les forçats considérés sous le rapport physiologique, moral et intellectuel, observés au bagne de Toulon, Paris, J. B. Baillière, 1841, p. 222.
36 C. Pellarin, op. cit.
37 L.-M. Bajot, Annales maritimes et coloniales, Paris, Imprimerie royale, 1818.
38 P.-M. Alhoy, Les bagnes. Rochefort, Paris, Gagniard, 1830, p. 287-288.
39 J. Arago et al., « Voyage autour du monde de la corvette l’Uranie, commandée par M. de Freycinet », Mémoire de l’académie royale des sciences de l’institut de France. Année 1821 et 1822, t. V, Paris, Imprimerie royale, 1826, p. 140-141.
40 L. Baudens, La guerre de Crimée. Les campements, les abris, les ambulances, les hôpitaux, etc., etc., Paris, Michel Lévy frères, 1858, p. 129.
Auteurs
Hôpital Sainte Musse, Toulon - La Seyne, France
UMR 7064 Mesopolhis – Sciences Po Aix – Aix Marseille Université, Aix-en-Provence, France
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Marseille et l'environnement. Bilan, qualité et enjeux
Le développemennt durable d'une grande ville littorale face au changement climatique
Joël Guiot, Hubert Mazurek, Thomas Curt et al. (dir.)
2021
Les restes humains
Législation, intérêt scientifique et enjeu éthique des ensembles anthropobiologiques
Yann Ardagna et Anne Chaillou (dir.)
2022
La syphilis
Itinéraires croisés en Méditerranée et au-delà xvie-xxie siècles
Yann Ardagna et Benoît Pouget (dir.)
2021