Écrire sa syphilis
Nietzsche au contact de sa maladie
p. 35-48
Résumés
Nietzsche est ainsi victime d’une crise de démence en plein Turin : il enlace l’encolure d’un cheval que son cocher vient de fouetter violemment et s’effondre en sanglots. Jusqu’à sa mort, survenue le 25 août 1900, il ne recouvrera jamais pleinement ses esprits. Ce qui a été interprété comme un effondrement qui aurait été soudain est le lent travail de modification des conditions de son corps vivant qui, après la syphilis contractée chez des prostituées, aura entamé progressivement ses capacités créatrices. Mais cette influence n’est pas seulement à comprendre comme une altération des facultés cognitives et affectives mais comme un travail interne dans les thèmes de 1888-1889 que sont Ecce homo et ses réflexions sur la maladie morale.
It is well-known that Nietzsche suffered a mental breakdown in the heart of Turin as he threw his arms up around the neck of a horse, which its coachman had just fiercely flogged, and then collapsed in tears. By then, and not until his death on August 25th 1900, he would never fully recover. What was reckoned to be a sudden collapse actually turned out to be the slow, modifying process of the conditions of Nietzche’s living body which, after he contracted syphilis from his encounters with prostitutes, progressively affected its creative capacities. However this influence does not only account for an alteration of Nietzche’s cognitive and affective faculties but should also be seen as underlying his work in the themes and the reflections on moral illness he developed in Ecce Homo.
Texte intégral
« Rien ne nous attire, que le vivant. »
Nietzsche, 18631
« La volonté de puissance est corps, mais que saurions-nous du corps
sans la maladie qui nous le fait connaître ? »
Deleuze, 19622
Introduction
1La syphilis altère le corps vivant en affectant les capacités de l’écrivain-malade de pouvoir travailler, mais aussi en influençant les thèmes de la création comme dans les cas de Rimbaud, Van-Gogh, Maupassant. À la suite de nos travaux sur Malade encore vivant3 nous présenterons comment, autour de la Méditerranée, les écrivains décrivent leur propre syphilis et définissent une écriture et un art sous syphilis.
2Comme nous le montrerons, Nietzsche s’est toujours dit affecté par la syphilis, qu’il aurait contracté auprès des prostituées lors de son premier rapport charnel, menant par ailleurs une vie ascétique et d’abstinence sexuelle malgré son désir inassouvi pour Lou Andréa Salomé qui s’y déroba.
3La dismose, à la différence de l’osmose, est le produit des mutations internes du vivant, à la limite du viable, rendant souvent invivable, comme dans la maladie de Nietzsche, les transformations des conditions de vie, les formes corporelles et ses modalités d’existence dans la création artistique. N’ayant plus d’harmonie ni de résilience avec le milieu, le trouble identitaire est tel que la définition du soi est rattrapée par les atteintes immunitaires, les défenses identitaires. La dismose est insertive car elle enferme le sujet dans le procès de sa mutation, imposée ici par l’intrusion de la syphilis, sans possibilité de s’en détacher, processus addictif de dépendance à la douleur. La dismose échappe au sujet qui ne peut plus contrôler les effets sur son vivant qui doit muter en détruisant progressivement la forme actuelle de son corps.
4Qu’est-ce que créer sous syphilis ? Comment l’œuvre peut-elle être affectée dans son style, sa forme et ses contenus ?
L’attrait pour le vivant
5Dès ses cours sur la rhétorique et le langage entre 1861 et 1874, le thème de l’attrait pour le vivant et ses pulsions est central dans le travail de Nietzsche sur la possibilité de décrire par le langage cette vie sans conscience qui nous traverse en tant qu’être vivant : ainsi en 1863 il affirme que « Rien ne nous attire, que le vivant. Tout ce qui nous attire a d’abord pris vie dans notre esprit. » Il faut comprendre ici que nous recherchons une « langue de l’affectivité4 » plutôt que de la représentation cognitive car « le développement de la pensée consciente est nuisible au langage5 » – en considérant le langage « comme un produit de l’instinct6 », mais cet instinct Nietzsche refuse de le réduire au « résultat d’une réflexion consciente, ni la simple conséquence d’une organisation corporelle, ni le résultat d’un mécanisme placé dans le cerveau7 ».
6La langue du corps vivant, fusse-t-elle celle de la maladie8, provient-elle du corps vivant en retranscrivant sous la dictée les symptômes de la maladie ou est-elle une réécriture seulement à partir de la perception de la maladie vécue ? De cette « danse de Nietzsche » il faut « savoir être à l’écoute de ce corps qui vous parle9 » : la vie qui pénètre dans le corps peut être maladive mais aussi une source de guérison si l’harmonie avec la nature pouvait être ressentie.
7Comment dès lors distinguer la vérité du mensonge sinon en rapportant chaque mot à sa « transposition nerveuse d’une excitation nerveuse10 » ? Nietzsche développe une pratique idiosyncrasique du langage en rapportant chaque métaphore et figure rhétorique à une intuition « individuelle et sans égale11 ». En luttant, par la mise en concept de ces intuitions sensibles, « afin de ne pas être emporté à la dérive et de ne pas se perdre lui-même12 », le chercheur se construit « une cabane tout contre la tour de la science », un refuge dans les métaphores, « cette toile d’araignée fixe et régulière des concepts13 ». Il convient d’en revenir à l’homme intuitif qui récolte, « en plus de l’immunité au mal, un afflux permanent de lumière, de gaité, de rédemption14 ». Écrire cette vie qui surgit de son corps ne pourra donc trouver dans l’image ou la métaphore qu’une traduction/trahison.
8Dans sa conférence du 28 mai 1869 intitulée « Homère et la philologie classique », Nietzsche refuse de réduire le mouvement d’un vivant à un point car « on ne saurait restituer ce que l’individu a d’indéfinissable15 ». Car les repères biographiques ne sont qu’un mélange d’ingrédients qui voudrait parvenir à déceler l’individualité là où il faudrait comprendre l’ensemble. L’œuvre dépasse l’auteur Homère comme l’auteur Nietzsche : « toute activité philosophique doit être encadrée, canalisée par une conception philosophique du monde qui évacue tout isolat pour ne prendre en compte que ce qui représente une unité globale16 ».
Malade encore vivant
9Avec Le Corps du chercheur17, nous avancions la thèse qu’une méthode immersive était nécessaire pour qui voudrait décrire les conditions de sa recherche. Reich précise en 1949 pour lui-même : « Le chercheur se fourvoiera dans la mesure même où il négligera son propre appareil sensoriel et perceptif. Il faut qu’il sache comment il fonctionne quand il perçoit et quand il pense18. » En effet ne pas situer son corps dans la méthode reviendrait à supposer à l’objectivité purifiée de sa recherche. Plutôt qu’une œuvre abstraite, il convient d’extraire de soi-même ce qui œuvre en nous. Puis-je me retirer de ce que j’écris en affirmant à l’universalité de mes résultats ? Nietzsche dans l’écriture même de son Zarathoustra ne renonce jamais à indiquer d’où vient son texte : « qui sait si d’aussi grands tourments n’étaient pas nécessaires pour me décider à la saignée que mon livre Tu m’entends, il y a beaucoup de sang dans le livre19 ».
10Le contact avec son vivant vient perturber la capacité de l’écrivain par l’invasion de sensations inédites. La modification de son corps par la maladie précipite le philosophe Nietzsche dans une projection de son corps malade dans son œuvre. La perception par la conscience de son vécu est ainsi sous l’influence de l’évolution de l’état de son vivant. Malade encore vivant20, « la maladie deviendra consubstantielle à sa doctrine21 ». À partir de 1873, la maladie devient chronique à travers des maux de têtes et d’estomac, nausées et dépressions qui le maintiennent au lit et ne lui laissent que quelques heures de travail. La pire de ces années aura été 1879, selon la lettre écrite à sa sœur le 31 décembre 1879, où il prétend avoir subi cent dix-huit jours d’attaques graves22.
11Nietzsche lui-même dans l’écriture et la publication du Gai Savoir s’interroge : l’originalité de nos idées dépend bien de l’origine idiosyncrasique de notre existence. À travers ses développements sur la nutrition, la digestion, la respiration, le lieu, le climat, la douleur, Nietzsche est un « philosophe médecin » qui « parle davantage au corps et au moyen du corps (le corps du texte23) ». Maladie physique et maladie morale sont liées dans le travail du corps vivant et du corps vécu chez Nietzsche. Écrire « sous syphilis » ce n’est pas seulement écrire sa syphilis à travers l’inventaire des symptômes qui l’absorbe, c’est aussi décrire la morale syphilitique qui envahit la société.
Une morale syphilitique
12La morale devrait elle-même passer à l’analyseur idiosyncrasique, non seulement pour relativiser le chercheur, mais également afin « de découvrir ou de rechercher certains états supérieurs du corps où certaines capacités jusque-là séparées se trouveraient unies24 ». Si le bouddhisme et le monachisme sont des « productions de corps sains (contre les passions destructrices et affaiblissantes25) », la morale est « comme [un] langage métaphorique à propos d’une région inconnue des états corporels » ; c’est seulement « le corps de la caste dominante » qui « suscite une morale ». La surévaluation de l’esprit en des lois morales repose sur le mépris du corps qui est « la conséquence de l’insatisfaction qu’on en éprouve26 ».
13Les concepts eux-mêmes sont « des choses vivantes » et « il faudrait les définir, métaphoriquement, tout d’abord comme des cellules, avec un noyau enveloppé d’un corps lequel subirait des modifications27 ». Il convient de ne pas se laisser abuser par la noblesse des Athéniens et de toujours dévoiler ce qui se cache derrière : ainsi Socrate comprit que « l’idiosyncrasie de son cas n’était déjà plus un cas isolé28 ». La condamnation de la vie est une « erreur intrinsèque […] une idiosyncrasie de dégénéré29 ».
14Cette relativité, sinon relativisme corporel, de toute recherche intellectuelle évite à l’homme la désincarnation ascétique et idéalisatrice : « C’est la partie de son corps qui est au-dessous de la ceinture qui fait que l’homme ne se prend pas si facilement pour un dieu30 ». Faut-il rapporter le corps du chercheur à ces instincts, son sexe, sa sexualité, ses pulsions et ses désirs inavoués et non pratiqués ? Si la philosophie est bien un art de la transfiguration de nos états de santé dans des contenus plus spirituels,
il ne nous appartient pas, à nous autres philosophes, de séparer l’âme et le corps […] Nous ne sommes pas des grenouilles pensantes, des appareils d’objectivation et d'enregistrement sans entrailles – il nous faut constamment enfanter nos pensées du fond de nos douleurs et les pourvoir maternellement de tout ce qu’il y a en nous de sens, de cœur, de désir, de passion, de tourment, de conscience, de destin, de fatalité31.
15Le corps du chercheur doit accoucher de ses pensées en refusant de se réfugier dans la domination rationnelle et l’ascèse idéaliste : en explorant son corps, ses émotions et ses désirs, le chercheur, – Reich et Lowen en feront leur thérapie de la libération corporelle –, doit déconstruire la cuirasse rationnelle de la vérité pour atteindre le sens vécu. Il en va pour nous de toute vérité « comme à l’égard du corps intime32 ». Prétendre à une confession intime qui déviderait le fil autobiographique pour dégager ce qui serait un soi-même est une illusion méthodologique : « je ne crois pour ma part ni à la confession ni au soi33 ».
16Contre « cette torture de soi-même, cette raillerie de sa propre nature34 » de la morale religieuse, le chercheur doit retrouver dans son corps la part de lui-même. C’est « l’élément corporel » qui « donne la prise avec laquelle on peut saisir le spirituel35 ». Ce n’est pas l’esprit qui philosophe : « j’ai toujours trouvé que c’était mon corps qui le faisait : il songe au moyen qu’il a de parvenir à la santé et, ce faisant, il anticipe sur la joie de la santé36 ». Ce n’est donc pas la conscience humaine qui serait le degré supérieur de l’évolution organique, car « ce qui est plus surprenant, c’est bien plutôt le corps : on ne se lasse pas de s’émerveiller à l’idée que le corps humain est devenu possible37 ». S’il faut s’interdire toutes divagations sur l’unité, l’âme, la personnalité, c’est parce que notre corps n’est pas constitué d’atomes spirituels mais « des êtres vivants microscopiques qui croissent, luttent, s’augmentent et dépérissent38 ».
17La religion, et notamment le christianisme, a besoin de la maladie dans le « training chrétien de pénitence et de rédemption », sorte de « folie circulaire » qui est fondée sur l’enseignement de « la mécompréhension du corps et l’apologie du “corps cadavérique39” ». L’idiosyncrasie du christianisme est d’avoir « inventé de toutes pièces une “âme”, un “esprit” à seule fin de ruiner le corps ; que l’on enseigne encore à ressentir la condition première de la vie, la sexualité comme quelque chose d’impur40 ». Mais « Que l’on extraie l’idiosyncrasie sociale hors de l’existence d’une manière générale (culpabilité, punition, justice, honorabilité, liberté, amour, etc.41) », est-ce possible et à quel prix ?
18Dans ce contexte la maladie de « l’être-malade (Das Kranksein) est une sorte de ressentiment42 ». L’expérience de la douleur est un mode d’approfondissement de soi :
seule la grande douleur, cette longue et lente douleur qui prend son temps, et dans laquelle pour ainsi dire nous sommes consumés avec du bois vert, nous contraint, nous autres philosophes, à descendre dans nos dernières profondeurs […] je doute que pareille douleur « améliore » mais je sais qu’elle nous approfondit43.
19Se soustraire à la maladie « instrument et hameçon de la connaissance44 » est difficile pour recouvrer la santé. Nietzsche s’est servi de sa maladie individuelle, son idiosyncrasie, pour l’universaliser en la rapportant à ce qui serait la maladie universelle de la morale conservatrice : la critique des valeurs qui l’auraient rendu malade est portée à son absolu par la nécessité de renverser l’ordre moral.
La syphilis de Nietzsche
20En descendant par la nature et ses chemins jusqu’au Sud, Nietzsche se laisse dériver d’abord vers la Suisse pour se revigorer par le froid et l’altitude comme à Coire. Mais le cycle est automne et printemps à Turin, hiver à Nice où il a séjourné cinq fois et qu’il quitte pour la dernière fois le 2 avril 188845, été à Sils-Maria46. Il préfère Turin à Nice et c’est le 3 janvier 1889 que Nietzsche s’écroule sans connaissance en pleine rue après s’être jeté au cou d’un cheval pour crier sa pitié.
21Nietzsche est ainsi victime d’une crise de démence en plein Turin. Il enlace l’encolure d’un cheval que son cocher vient de fouetter violemment et s’effondre en sanglots. Jusqu’à sa mort, survenue le 25 août 1900, il ne recouvrera jamais pleinement ses esprits. Ce qui a été interprété comme un effondrement qui aurait été soudain est le lent travail de modification des conditions de son corps vivant qui, après la syphilis contractée chez des prostituées, aura entamé progressivement ses capacités créatives. Mais cette influence n’est pas seulement à comprendre comme une altération des facultés cognitives et affectives mais comme un travail interne dans les thèmes de 1888-1889 que sont Ecce homo et ses réflexions sur la maladie morale.
22Dans ses Souvenirs sur Friedrich Nietzsche, Paul Deussen rapporte, en 1901, qu’en février 1865 son ami s’est retrouvé seul dans Cologne et embarqué dans un bordel :
je me vis soudain, me raconta Nietzsche, le lendemain, entouré d’une demi-douzaine d’apparitions tout en paillettes et en gaze qui me regardaient d’un air plein d’espoir. Je restai un instant debout, sans voix. D’instinct je me précipitai sur un piano, comme sur le seul être doué d’une âme dans cette compagnie et je plaquai quelques accords. Ils dissipèrent ma torpeur et je gagnai l’air libre47.
23Nietzsche avait confessé aux médecins avoir été « infecté » par des prostituées :
In 1865, while still a student, Nietzsche visited Cologne, where he was taken by friends to a brothel. The details, and even the likelihood, of this visit were long disputed, but it is accepted now that it was on this occasion that he contracted syphilis. In 1867 Nietzsche was treated for a syphilitic infection… Yet how can he not have known he had syphilis, with a scar close to his foreskin and a history, albeit brief, of treatment? He surely lied to Wagner’s doctor, Otto Eiser. The syphilis caught from prostitutes in his student days was complicated by diphtheria and dysentery contracted as a medical orderly in the 1870 Franco-Prussian War. Nietzsche was left with a delicate stomach and poor digestion and a recurring migraine, with constant vomiting and retching maximizing the pain in his head and the disruption [of] work. For days he could do nothing but lie in a dark room… Apart from prostitutes, Nietzsche, so far as we know, never slept with a woman, although he had a number of loyal and loving women friends, among them the formidable Lou Andreas‑Salomé48.
24La sœur de Nietzsche, Élisabeth, a voulu le protéger de tout soupçon de dégénérescence, même si le docteur Paul Juluis Möbuis lui confirmera l’infection syphilitique : « elle décidera donc d’imposer sa propre version : à l’époque de Sils-Maria, Friedrich aurait abusé d’un certain “thé javanais” (du haschisch ?) qui aurait progressivement altéré ses fonctions cérébrales49. » Nietzsche souffre de migraines et reconnaît dans sa lettre à Carl von Gersdorff (1844-1904) du 16 janvier 1876 qu’il « étai[t] victime d’une affection cérébrale ». Pour autant une incubation de vingt ans, même dans une infection syphilitique, serait un cas d’évolution et de latence de la phase secondaire, laquelle peut durer jusqu’à trente ans. En revanche, l’incubation des deux premières phases est effectivement courte. Une évolution sur vingt ans d’une syphilis qui finit en neurosyphilis n’est pas surprenante pour la période pré-antibiotique50. Même si Nietzsche ne parle jamais de la syphilis explicitement dans sa correspondance il en décrit les symptômes : à son médecin Otto Eiser, début janvier 1880 il décrit « des douleurs constantes, pendant plusieurs heures de la journée, une sensation pareille au mal de mer, un état de demi-paralysie qui [lui] rend la parole difficile, avec, pour changer, des attaques furieuses (la dernière [l]’a fait vomir trois jours et trois nuits, [il] appelai[t] la mort51) ». S’instaure ainsi une lutte entre la maladie et l’écriture.
Paralysie créatrice de l’homme nu
25À ce moment-là il est au stade tertiaire de la syphilis :
La maladie s’aggrave sérieusement sans traitement, via des atteintes cardio-vasculaires, nerveuses (en particulier céphalées intenses et dysarthrie), articulaires. Elle touche tous les organes de manière générale, et même soignée à temps et donc non contaminant après traitement, elle peut entraîner des signes secondaires comme les brûlures gastriques du tabès. Des épisodes paralytiques transitoires sont caractéristiques (dont aphasie, hémiplégie et hémiparésie52.
26Nietzsche est atteint d’une démence dont la folie révélerait l’irrationalité de son œuvre. Est-ce si certain ? Le diagnostic de la clinique psychiatrique de Bale (17 janvier 1889) puis de Iena (18 janvier 1890) est très clair pour une paralysie syphilitique « du point de vue sensoriel assez fortement amoindri », consigne le premier bulletin du malade. Le rapport « prétend qu’il s’est infecté spécifiquement deux fois », ce qui signifie dans la langue médicale allemande d’autrefois « infection syphilitique53 ».
27À la lecture des rapports, joints dans la thèse d’Arnaud Vicard, le diagnostic psychiatrique indique que l’état de fatigue cérébrale prime sur celui de la contamination par syphilis. À Turin, le docteur Bettmann – chirurgien-dentiste qui a une certaine expérience des fous – rédigea le certificat, reproduit ici intégralement, qui fit office de document d’admission, le 10 janvier 1889, à la clinique psychiatrique Friedmatt de Bâle :
Forte constitution, aucune déformation physique ou maladie constitutionnelle. Dons intellectuels extraordinaires, excellente éducation, succès remarquables dans ses études. Nature rêveuse. Extravaguant en ce qui concerne le régime alimentaire et la religion. Les premiers symptômes de la maladie remontent peut-être assez loin, mais n’existent en toute certitude que depuis le 3 janvier 1889. Avant cette date, a souffert durant des mois de violents maux de tête accompagnés de vomissements. De 1873 à 1877 déjà, fréquentes interruptions dans le professorat à cause de violents maux de tête. Situation pécuniaire très modeste. Le désordre mental actuel est le premier dans la vie du malade. Causes provocant ces désordres : plaisir ou déplaisir excessif. Symptômes de la maladie actuelle, diminution de la mémoire et de l’activité cérébrale. Selles régulières. Urines fortement sédimenteuses. Le patient est habituellement agité, mange beaucoup, réclame continuellement de manger, n’est cependant pas capable de fournir un effort et de pourvoir à ses besoins ; prétend être un homme illustre, ne cesse de réclamer des femmes. Diagnostic : faiblesse du cerveau.
28Un médecin aliéniste procède aussi à la réalisation de l’examen clinique et mène un premier entretien :
Le malade arrive à la clinique, accompagné de M. le Pr. Overbeck et de M. Miescher. Se laisse conduire sans résistance dans sa section, et en chemin, il regrette que le temps soit aussi mauvais et dit : “Mes braves gens, je vais vous faire demain le temps le plus splendide.” Il prend avec grand appétit son petit déjeuner. Le malade va également volontiers au bain ; il est d’ailleurs en toutes occasions affable et obéissant. Status praesens : Homme de bonne mine, bien proportionné, d’une musculature et d’une ossature assez fortes : le thorax est profond. Rien d’anormal à la percussion des poumons ni à l’auscultation. Sonorité obtenue à la percussion, à l’endroit du cœur, normale ; bruits du cœur faibles, nets. 70 pulsations régulières. Asymétrie des pupilles, la droite plus grande que la gauche et réagissant très paresseusement. Strabisme convergent. Myopie prononcée. Langue très chargée ; ni déviation, ni tremblement. Innervation faciale peu troublée ; pli naso-labial un peu moins marqué à droite. Réflexes patellaires accentués, réflexes de la plante des pieds normaux. Urine claire, aigre, ne contenant ni sucre ni albumine.
29L’usage du chloral, et de nombre de stupéfiants et de calmants, provoque au fur et à mesure la montée des symptômes comme la paralysie : « Nietzsche aurait été victime d’une intoxication par le haschisch combinée avec un empoisonnement dû au chloral54 ». Très affecté par le refus d’Andréa Lou Salomé de l’épouser, il écrit le 14 août 1883 : « il était peut-être vraiment nécessaire de m’administrer au goutte à goutte et progressivement toute cette déception qui porte sur des années autrement je ne serais probablement plus en vie55 ». En restant presque un an à la clinique psychiatrique de Iéna jusqu’au printemps 1890, et revenu chez sa mère, comme nous pouvons le voir sur les photographies – avec la partie gauche de son bras paralysé et avec sa main tordue–, il passe des heures assis dans la véranda ensoleillée de la maison de Naumburg.
30Nietzsche trouve enfin cette « nudité de Dionysos » que Sarah Kofman comprend comme « l’innocence d’une vie qui n’a rien à se reprocher56 » : sans costume, livré à son corps vivant, traversé de transe et de paralysie, Nietzsche est au plus près de son corps dans le contact même de la vie qu’il n’a eu de cesse de vouloir rejoindre. Pour Georg Lukacs pourtant, le concept de vie de Nietzsche, notamment dans son rapport au darwinisme mythifié, « ne peut être compris qu’à partir de sa philosophie sociale57 ». L’exploitation appartiendrait dans la volonté de puissance, « dans l’essence même du vivant58 », ce qui poursuivrait dans le nazisme le capitalisme industriel. Mais la vie est plutôt ici ce qui est actif dans le corps même avec les dérèglements biologiques, conséquence de sa paralysie syphilitique.
L’effondrement de Nietzsche
31Son effondrement, relaté jour par jour par le docteur E.-F. Podach en 1929, est autant physique que psychique car il aura accompli non seulement une transmutation de toutes les valeurs mais aussi une accélération de la catastrophe tragique de sa vie dans son corps même. La destruction du christianisme et la chute des idoles seraient la conséquence de cette syphilis qui l’envahit peu à peu en nourrissant moins son ressentiment si lâche qu’une révolte dans son propre corps. L’effondrement de la morale s’accompagne de celui de son corps : à Turin en ce 3 janvier 1889,
Pendant longtemps Nietzsche reste étendu sur le sofa, immobile et muet. Ses visions l’emportent maintenant vers l’accomplissement total. Toute la « philosophie expérimentale » du triomphe sur soi-même, cette philosophie que Nietzsche a non seulement conçue, mais vécue, avait toujours été fondée sur cette volonté « d’expérimenter jusqu’où l’homme peut s’élever »59.
32Comme un cerveau sans répit, – « même le cerveau le plus productif a des passages à vide60 » – Nietzsche est allé au bout de l’épuisement de son corps, se livrant à la fin à la vie même sans toujours en avoir conscience. Déjà dans un fragment posthume écrit en 1884 il indique à propos de Dionysos ce que Barbara Stiegler appelle une expérience de « sursaturation61 » : « À la place de l’état de péché, j’ai fait l’expérience d’un phénomène beaucoup plus plein62. »
33Ainsi le 17 décembre 1888 il écrit à Jean Bourdeau que la maladie l’aura détaché des derniers liens dans une solitude moins morbide ou arbitraire mais « au contraire comme une inestimable distinction, comme une manière de purification63 ». La lecture d’Ecce Homo, rédigé en 1888 mais qui paraîtra après la mort de Nietzsche en 1908, peut être mortelle, précise son auteur à Heinrich Koselitz le 30 décembre : « qui le lit sans préparation meurt64. » Le 1er janvier 1889, deux jours avant sa crise fatale, il signe sa lettre à Catulle Mendes d’un « Dionysos » et annonce à Cosima Wagner, seconde femme du compositeur, que sa transmutation en Dionysos est accomplie :
J’ai été Bouddha chez les Hindous, Dionysos en Grèce – Alexandre et César sont mes incarnations, de même que le poète de Shakespeare, Lord Bacon. Enfin je fus encore Voltaire et Napoléon, peut-être Richard Wagner. Mais cette fois, j’arrive tel le Dionysos vainqueur qui va transformer la terre en jour de fête. Non pas que j’aurais beaucoup de temps. Les cieux se réjouissent que je sois là65.
34Il confirme le 5 janvier à Heinrich Koselitz, mais en signant cette fois « Le crucifié », que « le monde est transfiguré et tous les cieux se réjouissent66 ».
35Est-ce de la folie ? Est-ce la conséquence du délire nerveux après la dégradation neurologique imposée par le dernier stade de la syphilis ? Nietzsche reste le 4 janvier bien conscient qu’il est en train de se perdre, de perdre la raison ou de perdre pied dans sa lettre à Georg Brandes : « Après que tu m’as découvert, ce n’était pas compliqué de me trouver : la difficulté maintenant est de me perdre67 ». La lettre du 6 janvier à Jacob Burckardt ira pourtant dans le camp de celles et ceux qui verront en Nietzsche un fou. Ainsi Warzed précise :
soutenir que la syphilis devient active dès 1888 est, à mon sens, une position intenable. Car en 1888, Nietzsche évolue sur une terre qui nous est familière, ses propos nous passionnent, sa voix nous atteint : il ne s’agit jamais des sons inarticulés de la démence. Au contraire, du point de vue philosophique, les textes de cette période sont extraordinairement significatifs, ce qui suffit à les laver du soupçon d’être les lubies d’un cerveau malade. Sa philosophie a jailli du dedans ; la syphilis l’a rongé du dehors. Bref, pour ma part, je me refuse à surinterpréter la folie de Nietzsche. Je m’en tiens à l’idée d’une destruction du cerveau, provoquée par un agent extérieur, qui éclate le 3 janvier 1889 (laissant donc indemne l’œuvre philosophique)68.
36Ainsi il s’agirait, dans un profil plutôt psychotique estime Warzed, « moins d’une “dépersonnalisation” invalidante que d’une “régression contrôlée”, d’une aptitude à desserrer la bride du moi pour accéder à des matériaux inconscients (expériences que connaissent tous les grands créateurs69) ».
Conclusion : vers une transmutation dionysiaque
37Nous proposons aussi de comprendre cette transmutation comme un accomplissement moins métaphorique qu’incarné dans son cerveau et corps vivant de l’homme dionysiaque. Car Nietzsche devient dans son corps et ses lettres sa propre philosophie dionysiaque. À Carl Spitteler, à Bâle en 1889, Nietzsche se déclare appartenir à sa divinité.
38Comme Gilles Deleuze le précise, la transmutation est une preuve de l’achèvement du nihilisme « en passant au service d’un excédent de la vie : c’est là seulement qu’elle trouve son achèvement70 ». Mourir dans les conditions décrites révèle dans le corps vivant de Nietzsche une vivacité qui n’a pu se manifester par une vitalité jusque-là si créatrice.
39Nietzsche aura été au plus près de son vivant en écrivant ce qui a pu être sa syphilis, du moins dans la perception qu’il en avait. Mais la syphilis serait aussi celle de la maladie de la culture qui nie la force du vivant pour une maîtrise du corps par l’esprit.
Notes de bas de page
1 F. Nietzsche, Fragments sur le langage. Rhétorique et langage, Paris, La Transparence, (1869-1970), 2017, p. 72.
2 2 G. Deleuze, Nietzsche et la philosophie, Paris, PUF, 1962, p. 231.
3 B. Andrieu, Malade encore vivant, Dijon, Le Murmure, 2016.
4 F. Nietzsche, op. cit., p. 73.
5 Ibid., p. 77.
6 Ibid., p. 78.
7 Ibid.
8 B. Andrieu, op. cit., B. Andrieu, La Langue du corps vivant. Émersiologie 2, Paris, Vrin, 2018.
9 B. Commengé, La danse de Nietzsche, Paris, Gallimard, 1988, p. 25.
10 F. Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral, Paris, Babel, (1873), 1997, p. 12.
11 Ibid., p. 18.
12 Ibid., p. 27.
13 Ibid., p. 28.
14 Ibid., p. 32.
15 F. Nietzsche, Homère et la philologie classique. Le cas Homère, Paris, EHESS, (1869), 2017, p. 67.
16 Ibid., p. 72.
17 B. Andrieu, Le corps du chercheur. Une méthodologie immersive, Nancy, PUN, 2011.
18 W. Reich, L’Éther, dieu et le diable, Paris, PBP, 1973, p. 33.
19 F. Nietzsche, « Lettre à Franz Overbeck à Bâle, 17 avril 1883 », Correspondance. 1880-1884, Paris, Gallimard, t. IV, 2015, p. 361.
20 B. Andrieu, Malade encore vivant, op. cit.
21 G. Morel, Nietzsche. Genèse d’une œuvre, Paris, Aubier, 1970, p. 58.
22 Ibid., p. 107 : lettre à sa sœur du 31 décembre 1879 ; lettre au docteur Eiser de février 1880.
23 A. Bilheran, La Maladie, critère des valeurs chez Nietzsche. Prémices d’une psychanalyse des affects, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 73.
24 F. Nietzsche, Fragments posthumes, Paris, Gallimard, t. IX, 4 (205), (1882-1883), 1997.
25 Ibid., 4 (217).
26 Ibid., 7 (149), p. 301.
27 F. Nietzsche, Fragments posthumes, Paris, Gallimard, t. XI, 40, 51, (1885), 1982, p. 391.
28 F. Nietzsche, « Le Problème de Socrate », Crépuscule des idoles ou Comment philosopher à coups de marteau, Paris, Gallimard, t. VIII, (1888), 1977, p. 73.
29 F. Nietzsche, « La Morale, une anti-nature », Crépuscule des idoles ou Comment philosopher à coups de marteau, Paris, Gallimard, t. VIII, (1888), 1977, p. 86.
30 F. Nietzsche, « Maximes et interludes », Par-delà le bien et le mal, Paris, Gallimard, (1886), 1987, p. 141.
31 F. Nietzsche, Le Gai savoir, Paris, 10/18, (1886), 1973, p. 42.
32 F. Nietzsche, « Notes de Tautenbourg pour Lou Salomé », Fragments posthumes, Paris, Gallimard, t. IX, 1,55, (1882), 1997, p. 35.
33 F. Nietzsche, « Gai saber. Confessions de soi », Fragments posthumes, Paris, Gallimard, t. XI, 34,1, (1885), 1982, p. 151.
34 F. Nietzsche, « La Vie religieuse », Humain, trop humain, Paris, Denoël Gonthier, t. I, (1886), 1973, p. 137.
35 Ibid., p. 119.
36 F. Nietzsche, Fragments posthumes, Paris, Gallimard, t. IX, 3, 5, (1882), 1997, p. 115.
37 F. Nietzsche, Fragments posthumes, Paris, Gallimard, t. XI, 37, 4, (1885), 1982, p. 310.
38 Ibid., p. 311.
39 F. Nietzsche, L’Antéchrist. Imprécation contre le christianisme, Paris, Gallimard, t. VIII, 51, (1888), 1978, p. 215.
40 F. Nietzsche, Pourquoi je suis un destin. Ecce Homo, Paris, Gallimard, t. VIII, (1888), 1974, p. 339.
41 F. Nietzsche, Fragments posthumes, Paris, Gallimard, t. IX, 9, 21, (1887), 1997, p. 71.
42 F. Nietzsche, Pourquoi je suis un destin. Ecce Homo, op. cit., paragr. 6.
43 F. Nietzsche, « Introduction », Le Gai savoir, op. cit.
44 F. Nietzsche, « Humain, trop humain », Essai d’autocritique et autres préfaces, Paris, Le Seuil, (1877).
45 P. Mauriès, Nietzsche à Nice, Paris, Gallimard, 2009, p. 34.
46 P. Raabe, Sur les pas de Nietzsche à Sils-Maria, Paris, Les Trois Platanes, 1994, p. 62.
47 D. Astor, Nietzsche, Paris, Gallimard, 2011, p. 65 ; P. Deussen, Souvenirs sur Friedrich Nietzsche, Paris, Gallimard, 2002, p. 44-45.
48 « En 1865, alors qu’il était encore étudiant, Nietzsche se rendit à Cologne où il fut emmené par des amis dans un bordel. Les détails, et même la probabilité, de cette visite ont longtemps été contestés, mais il est maintenant admis que c’est à cette occasion qu’il a contracté la syphilis. En 1867, Nietzsche fut soigné pour une infection syphilitique… Pourtant, comment ne pas savoir qu’il souffrait de la syphilis, avec une cicatrice proche du prépuce et une histoire, même brève, de traitement ? Il a sûrement menti au médecin de Wagner, Otto Eiser. La syphilis contractée chez les prostituées à l’époque de son séjour universitaire était compliquée par la diphtérie et la dysenterie contractée comme médecin de garde lors de la guerre franco-prussienne de 1870. Nietzsche restait avec un estomac délicat, une mauvaise digestion et une migraine récurrente, avec des vomissements constants et des haut-le-cœur qui maximisaient la douleur à la tête et la perturbation du travail. Pendant des jours, il ne pouvait que mentir dans une pièce sombre… Mis à part les prostituées, Nietzsche, autant que nous sachions, n’a jamais couché avec une femme, bien qu’il ait eu plusieurs amies loyales et aimantes, parmi lesquelles la redoutable Lou Andreas-Salomé. », J. Bainville, « The Last Days of Nietzsche », The NewYork Review of Books, August 13, 1998.
49 D. Astor, op. cit.
50 E.-W. Hook, « Syphilis », The Lancet, n° 389 (10078), 2017, p. 1550-1557.
51 F. Nietzsche, « Lettre au docteur Otto Eiser, début janvier 1880 », Correspondance. 1880-1884, Paris, Gallimard, t. IV, 2015, p. 7.
52 E.-W. Hook, op. cit.
53 A. Vicard, Approche psychiatrique des troubles mentaux de Nietzsche, thèse de médecine, université de Lyon, 2004, p. 20.
54 E.-F. Podach, L’effondrement de Nietzsche, Paris, Gallimard, 1931, p. 35.
55 F. Nietzsche, « Lettre à Ida Overbeck, n° 449 », Correspondance. 1880-1884, Paris, Gallimard, t. IV, 2015, p. 417.
56 S. Kofman, Nietzsche et la métaphore, Paris, Aubier, 1972, p. 141.
57 G. Lukacs, Nietzsche, Hegel et le fascisme allemand, Paris, Critiques, 2018, p. 32.
58 Ibid., p. 37.
59 E.-F. Podach, op. cit., p. 92.
60 G. Colli, Après Nietzsche, Paris, L’Éclat, 1974, p. 127.
61 B. Stiegler, Nietzsche et la critique de la chair. Dionysos, Ariane, le Christ, Paris, PUF, 2005, p. 258.
62 F. Nietzsche, Fragments posthumes, Paris, Gallimard, 25 [78], (1884), p. 327.
63 F. Nietzsche, « À Jean Bourdeau à Paris (brouillon) Turin autour du 17 décembre 1888 », Dernières lettres, Payot Poche, 2019, p. 118.
64 F. Nietzsche, « Lettre à Heinrich Koselitz à Berlin, 30 décembre 1888 », Dernières lettres, op. cit., p. 125.
65 F. Nietzsche, « À Cosina Wagner à Bayreuth, le 3 janvier 1889 », Dernières lettres, op. cit., p. 135.
66 F. Nietzsche, « À Heinrich Koselitzn le 5 janvier 1889 », Dernières lettres, op. cit., p. 141.
67 F. Nietzsche, « À Georg Brandes, le 4 janvier 1889 », Dernières lettres, op. cit., p. 137.
68 E. Warzed, « Quelques considérations cliniques sur la folie de Nietzsche », Psychothérapie, n° I (25), 2005, p. 26.
69 Ibid.
70 G. Deleuze, op. cit.
Auteur
Université Paris-Descartes, EA 3625 I3SP, Institut des sciences du sport santé, Paris, France
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