La question de l’occupation des tombes sur le « temps long » à partir de l’exemple des nécropoles de Tell Keila (Territoires Palestiniens)
p. 399-415
Résumés
Plusieurs tombes ont été dégagées et relevées sur le site de Tell Keila à la marge des Hautes Terres de Judée et de la plaine côtière de la Shéphélah, dans une zone de contacts et d’influences culturelles et religieuses multiples (cananéens, philistins polythéistes, judéens, juifs puis chrétiens), du Bronze moyen à l’Antiquité tardive. Ces tombes ont été occupées pendant plusieurs siècles, voire un millénaire, entre l’âge du Fer et l’Antiquité tardive. Le fait qu’aucune tombe ne porte de signe religieux ni d’inscription soulève des questions en matière d’identité et d’ethnicité.
Cette contribution se propose d’appréhender ces données en s’affranchissant des nombreux préjugés présents dans la littérature scientifique, qu’ils soient définis à travers des conventions typologiques ou des stéréotypes historiques. Elle s’interroge aussi sur la signification et les implications de cette utilisation funéraire de ces aménagements sur le temps long.
Several tombs have been identified and excavated on the site of Tell Keila, on the edge of the Judean Highlands and the coastal plain of Shephelah, in an area of multiple cultural and religious contacts and influences (polytheist Canaanites and Philistines, Judeans, Jews then Christians), from the Middle Bronze Age to Late Antiquity. These tombs were occupied during several centuries, if it is not during a millennium, between the Iron Age and Late Antiquity. The fact that none of these tombs bear any religious signs nor inscriptions raises questions in terms of identity and ethnicity.
This contribution aims to understand these data by liberate itself from the many prejudices defined through typological conventions or historical stereotypes often found in the scientific literature. It will also examine the meaning and implications of the funerary use of these tombs over the long term.
Entrées d’index
Mots-clés : âge du Bronze, âge du Fer, période romaine, Antiquité tardive, Tell Keila, Cisjordanie, Palestine, tombes collectives, ethnicité, identité culturelle, temps long
Keywords : Bronze Age, Iron Age, Roman period, Late Antiquity, Tell Keila, West bank, Palestine, Collective Tombs, Ethnicity, Cultural Identity, Long term
Texte intégral
1La présente contribution se propose d’examiner les problématiques inhérentes à l’usage funéraire des tombes du site de Tell Keila sur des durées de plusieurs siècles, par des populations relevant de groupes ethniques différents et appartenant vraisemblablement à des cultures et religions différentes (qui ont des répercussions directes sur les coutumes funéraires).
2Après avoir rapidement présenté le site de Tell Keila et ses nécropoles, nous tenterons d’inscrire nos observations dans le contexte géographique et chronologie plus large, qui est celui de la longue période d’occupation du site, en posant quelques questions de méthode. Celles-ci concerneront notamment des questions de méthodologie, de vocabulaire, de typologie et plus généralement d’ethnicité.
3Il n’est pas inutile ici que nous définissions ce que nous entendons par ce terme. Il est couramment employé dans les publications archéologiques portant sur la région levantine. Les questions d’ethnicité servent de trame de fond à de nombreux questionnements depuis plusieurs décennies1, qui ne sont pas toujours dénuées de préoccupations politiques. Loin de traiter de l’ethnicité à travers des critères biologiques, qui sont certes d’actualité (voir Agranat-Tamir et al. 2020), je préfère employer ici le terme en me référant à des conceptions historiques, sociales, culturelles, voire religieuses, en résumé à des considérations partagées par les économistes, les anthropologues, les sociologues, les historiens … et les archéologues. Ils concernent à la fois la langue, les traditions, « les symboles identitaires autour la croyance en une origine commune qui nourrit le sentiment d’identité et d’appartenance à un groupe ethnique », autant de notions synthétisées par exemple par Audrey Becker dans son article « Ethnicité, identité ethnique. Quelques remarques pour l’Antiquité tardive » (Becker 2014). Ann Killebrew, dans son étude sur le Levant sud entre 1300 et 110 av. n. è., intitulée « Biblical People and Ethnicity », complète cette définition, en portant une attention particulière aux interactions aux niveaux interrégional, régional et individuel, somme toute au comportement humain (« human behavior »). Elle insiste également sur la valeur symbolique et identitaire de la notion d’ethnicité, sans pour autant exclure ses manifestations à travers des données matérielles (Killebrew 2005). Ce sont autant de prismes propres aux Sciences Humaines à travers lesquels j’aborderai les termes « d’ethnicité » ou de « groupes ethniques ».
1. Le site de Tell Keila et ses nécropoles (fig. 1)
4Le site de Tell Keila2 se situe en Cisjordanie, près d’Hébron, à une quinzaine de km au nord-ouest de la ville, non loin du mur de séparation entre Israël et les Territoires Palestiniens, dans un faubourg de l’agglomération de Beit Ula. La colline elle-même couvre environ 12 ha, sans compter les nécropoles. Le site est alimenté par deux sources utilisées aujourd’hui encore pour l’agriculture et présente l’avantage de ne pas être occupé par des structures modernes (bien que cultivé – céréales et oliveraies). Il n’avait jamais été fouillé avant l’intervention, depuis 2014-2015, d’une équipe de l’Université Paul Valéry Montpellier 33, brièvement associé pendant une année à l’Université de Birzeit4. Tell Keila avait été cependant reconnu par des voyageurs du xixe s., lors de prospections effectuées pendant le mandat britannique, puis par des chercheurs israéliens5. Il était aussi connu par plusieurs Lettres de Tell el Amarna, par trois mentions bibliques6, reprises par Flavius Josèphe, Eusèbe de Césarée, Sozomène, et par deux fragments des manuscrits de Qumrân7. Eusèbe et Sozomène signalent aussi qu’on y aurait (miraculeusement selon Sozomène) découvert la tombe du prophète Habaquq (mais au moins deux autres lieux sont aussi considérés comme étant ceux de sa sépulture).
5Nos prospections et les fouilles menées dans divers secteurs permettent d’établir que le site a été occupé a minima depuis le Bronze moyen (2000- 1500 av. n. è.), date de l’édification de son mur de fortification, consolidé à l’âge du Fer par un glacis. Des traces d’habitat de l’âge du Bronze récent et de l’âge du Fer II ont été détectées lors de sondages de l’Université de Birzeit. Nos travaux ont jusqu’à présent confirmé ces datations, ainsi qu’une occupation à l’époque hellénistique (tombes / colombaria). L’occupation romaine est attestée dans l’habitat et le fond de carrière de nos secteurs 1 et 2, dans notre secteur 4 (aménagements agricoles ou artisanaux), et grâce à une inscription dédicatoire à Jupiter héliopolitain trouvée hors contexte dans le bassin de la source8. La période de l’Antiquité tardive (ive-vie s.) est bien représentée par des traces d’habitats, par celles d’une église et par le baptistère que nous avons dégagé dans les secteurs 5 et 6. Après, semble-t-il, une interruption aux premières époques islamiques, l’occupation reprend à la période mamelouke (un habitat de prestige à l’emplacement de l’église dans les secteurs 5 et 6) et se prolonge pendant toute l’époque ottomane. Quelques maisons subsistaient encore sur le site jusqu’en 1967.
6Dès les premières semaines de la mission, nous avons inclus à notre évaluation préliminaire les pentes du tell et les premières collines alentour, afin de prospecter les zones potentielles de nécropoles. Il s’avère que celles-ci occupent les flancs ouest et sud du tell, les falaises situées au sud-est, et les pentes de la colline située au nord du site. Jusqu’à notre dernière campagne de 2019 (depuis cette date, la fermeture des frontières israéliennes ne nous a pas permis de retourner sur le site), nous avons identifié une petite cinquantaine de tombes et fouillé six d’entre elles. Les tombes 10, 11, 26, 27 et 42 feront l’objet des observations développées ici9. Elles possèdent plusieurs points en commun : ce sont toutes des tombes collectives et probablement familiales, creusées dans le substrat calcaire des pentes du tell ou des collines environnantes. Toutes ont fait l’objet de pillages et le matériel que nous avons recueilli n’est par conséquent que celui qui n’a pas intéressé les fouilleurs clandestins, mais toutes ont servi a minima pendant plusieurs siècles et jusqu’à la période tardo-romaine ou protobyzantine. La plus ancienne (tombe 11) contenait du matériel remontant à une époque de transition entre la fin de l’âge du Bronze (1500-1200 av. n. è.) et le début de l’âge du Fer I (1200-1000 av. n. è.), de l’époque hellénistique et de la période romaine jusqu’au ive s. de n. è. La tombe 10 refermait du matériel plus récent, minoritairement de l’époque hellénistique, mais surtout de la période protobyzantine. La tombe 27 a été utilisée depuis l’âge du Fer II (1000 – 587 av. n. è.), mais aussi aux périodes romaine et protobyzantine. Nous avons retrouvé la tombe 42 vidée de tout matériel ; cependant sa conception, assez semblable à celle de la tombe 27, nous invite à lui attribuer les mêmes datations. La tombe 26 est celle qui a été occupée le plus tardivement, depuis la période hérodienne jusqu’au viie s. ap. n. è.
7Les tombes 10 (fig. 2A) et 11 (fig. 2B) sont voisines et creusées dans un même banc de rocher, sur la pente ouest du tell. En avant de chacune de ces tombes, le rocher a été taillé de façon à former un espace quadrangulaire, qui a donc été probablement amputé dans sa longueur par la route moderne, (on appelle ces espaces « cours » dans certaines publications, terme qui nous semble ici exagéré au vu de ses dimensions potentielles maximales). On y pénètre depuis l’ouest par une ouverture carrée d’une quarantaine de cm qui devait être fermée par une dalle s’adaptant à la forme de l’ouverture. Deux ou trois marches permettent de descendre dans une chambre funéraire grossièrement carrée de 3 m de côté. Le sol a été sur-creusé sur environ 1 m de profondeur, de façon à ménager des banquettes sur trois côtés, définissant ainsi jusqu’au plafond une grande fosse centrale qui a permis aux tailleurs de se tenir debout (« standing pit »). Dans l’angle nord-ouest de la chambre a été creusée une fosse de dépôts secondaires d’ossements, de forme ovoïde (« collection pit » ou « repository »).
8La tombe 11 est donc celle qui a été aménagée en premier, mais son matériel montre qu’elle a été occupée, semble-t-il, sans solution de continuité depuis le xiiie s. jusqu’au début de la période protobyzantine. Elle appartient à une tradition architecturale que certains auteurs font remonter à la fin de l’âge du Bronze10, qui semble s’être cristallisée dès le ixe s. avant J.-C., mais qui se généralise aux viiie- viie s (âge du Fer IIB).11
9La tombe 10 possède un plan identique mais, à partir des cloisons des banquettes, trois loculi (appelés « kokhim » dans la littérature scientifique en hébreu) ont été creusés au nord, au sud et à l’est, en sus du « repository » à l’angle nord-ouest. La présence de loculi additionnels apparaît en particulier dans les nécropoles de Jérusalem autour du iie s. av. J.-C.12. Cela semble correspondre au matériel le plus ancien prélevé dans la tombe 10, daté de l’époque hellénistique jusqu’à la période byzantine. Pour autant, la proximité des deux tombes 10 et 11, ainsi que de longues marches taillées dans le banc de rocher entre les deux tombes et qui les relient, semble indiquer qu’elles étaient liées (d’un point de vue chronologique ? ou familial ?). Il se pourrait donc que la trombe 10 ait été conçue, dans un premier temps, selon le même plan d’une chambre unique sans loculi que la tombe 11, et qu’elle ait été agrandie dès l’âge du Fer, mais dans un second temps. Cependant, ce n’est pas ce qu’indique objectivement le matériel résiduel le plus ancien de la tombe 10, qui est d’époque hellénistique. Pour autant, il est tout à fait possible qu’une partie du matériel ait été pillé ou qu’il ait été évacué de la tombe dès l’Antiquité ou plus tardivement par des pillards.
10Les tombes 27 et 42 (fig. 3A et 3B) sont d’une conception légèrement différente. Muni d’une antichambre centrale, sorte de vestibule, et de deux ou trois chambres latérales, le sol de tous les espaces est aménagé sur un même niveau de circulation. Les banquettes des chambres funéraires, de forme irrégulière et grossièrement disposées en U, ont été réservées lors de la taille sur une hauteur d’environ 1,15 m. Ces aménagements permettent de se tenir debout aisément dans l’ensemble de la tombe. L’apparition de ce modèle est datée de l’âge du Fer II (1000 – 587 av. n. è.) et III (fin du vie s av. J.-C. -70 ap. n. è.)13. Seule la tombe 27 contenait encore du matériel (daté entre l’âge du Fer III jusqu’à l’Antiquité tardive), la tombe 42 ayant été totalement « nettoyée » par les pilleurs. Dans la tombe 27, nous avons retrouvé la dalle qui fermait l’entrée de la tombe, tout aussi étroite que celle des tombes 10 et 11. Dans l’angle nord-est du vestibule, une fosse de dépôts secondaires (ou « repository ») ovoïde a été creusée. Les banquettes ne sont pas évidées, alors que celles de la tombe 42 sont creuses, ce qui permettait d’y placer les dépôts secondaires. La tombe 42 semble par ailleurs avoir fait l’objet de réaménagements (impossibles à dater) : on peut y pénétrer d’une part par une ouverture vers la chambre funéraire 1, elle aussi d’une cinquantaine de cm de côté, et d’autre part, par une porte plus large comportant dans sa partie supérieure une encoche rectangulaire qui mène à l’antichambre. Cet aménagement n’est pas rare dans les tombes de cette période et de ce type, bien connu dans les nécropoles de Jérusalem14. Cette ouverture se prolonge par deux marches internes vers l’antichambre.
11La tombe 26, enfin, est une vaste tombe creusée dans le flanc de la colline qui borde le site au nord (fig. 4). Elle est dotée d’une grande antichambre à laquelle on accède par une porte monumentale. La falaise ayant été récemment taillée au bulldozer, il est possible qu’une cour ait, à l’origine, précédé cette ouverture. Au-delà de l’antichambre, la chambre funéraire se présente selon un plan similaire aux tombes 10 et 11, à savoir, une organisation autour d’une fosse centrale (« standing pit »), à laquelle on accède par deux marches, entouré de trois larges banquettes, et pourvue dans son angle nord-ouest d’un « repository ». Au-delà des banquettes, six grands loculi en bâtière ont été creusés sur les côtés nord, ouest et est. Le matériel retrouvé se trouvait essentiellement dans le fond du « standing pit » et dans les loculi, dans lesquels il avait vraisemblablement été repoussé lors des multiples pillages15. Les céramiques les plus anciennes (lampes en particulier) appartiennent à l’ère hérodienne et les plus récentes à la fin de la période protobyzantine (viie /viiie s.). Le choix d’un plan déjà ancien pour la chambre funéraire ne doit pas surprendre. C’est un phénomène qui se retrouve fréquemment dans les tombes de la fin de la période hellénistique (iie/ ier s. av. J.-C.), en particulier dans les nécropoles de Jérusalem16.
12En conclusion, nous avons affaire à des tombes occupées sur un millénaire ou davantage (tombe 10, de l’époque hellénistique à la période protobyzantine ; tombe 11, du xive/ xiiie s. av. J.-C. aux ive/ ve s. ap. J.-C.) ou sur plusieurs siècles (tombe 27, du vie s. av. J.-C. jusqu’à l’Antiquité tardive ; tombe 26 du ier s. av. J.-C. au vie/ viie s. ap. J.-C.).
13Il est aussi notable qu’aucune de ces tombes ne porte d’inscription, ni de signes religieux (polythéistes, juifs ou chrétiens) et ne contient d’ossuaire17, autant d’éléments qui permettraient de les attribuer objectivement à des pratiques funéraires propres à une unique religion, à aucun groupe ethnique particulier. Certes, la présence de fosses de dépôts secondaires correspond aux prescriptions de la loi juive, mais elle n’est exclusive ni de cette religion ni de ces périodes18.
14À nos yeux, une attribution qui se fonderait sur des données préconçues générales ou sur des stéréotypes, qu’ils soient typologiques, historiques ou chronologiques serait hasardeuse. Comme on le verra ci-dessous, en particulier pour les périodes de l’âge du Fer, elle négligerait a priori les particularités de Keila, ainsi qu’un certain nombre d’éventualités, en l’occurrence le caractère pluriculturel ou pluriethnique potentiel de la population de Tell Keila. L’histoire du site, pour autant que nous puissions la reconstituer grâce aux sources textuelles et aux données matérielles, montre en effet la multiplicité des influences et des peuplements que Keila est susceptible d’avoir connue19.
15Ces précautions méthodologiques nous paraissent d’autant adaptées au cas précis de Keila que les tombes que nous venons de décrire continuent d’être utilisées dans l’Antiquité tardive, au cours de laquelle s’ajoutent aux populations juives et païennes celles qui se convertissent au christianisme. Notre problématique porte donc également sur ce qu’implique et signifie une aussi longue durée d’utilisation, doublée d’une telle diversité religieuse et culturelle.
2. Questions de méthodologie et de vocabulaire
2.1. Pour les périodes du Fer
16La question de l’attribution systématique à la tradition judéenne s’est posée lors de la publication de nos premiers résultats en 2018. Devions-nous suivre une formulation assez courante et parfois même revendiquée, peut-être parfois même à l’insu des auteurs de certaines publications, tant elle est devenue fréquente et semble aller de soi pour la plupart des auteurs ? Les tombes de l’âge du Fer semblables aux tombes 10,11, 27 et 42 sont en effet appelées « Jewish » ou « Judahite »20 rock-cut tombs, ce qui pose l’a priori d’un critère ethnique ou religieux. Amos Kloner et Boaz Zissu, dans leur publication de synthèse des nécropoles de Jérusalem datée de la « période du Second temple » (Kloner, Zissu 2007 : 121-122), affirment que la très grande majorité des tombeaux de Jérusalem appartient à des Juifs (ce qui peut s’entendre pour le cas précis de Jérusalem), y compris celles qui possèdent les mêmes caractéristiques que celles de Keila, parce que les pratiques funéraires qui s’y manifestent correspondent à la loi juive, et qu’elles comportent parfois des inscriptions en hébreu et des anthroponymes juifs. Cette assignation à la communauté juive a été systématiquement généralisée et adoptée en particulier pour le pays de Juda. Plus encore, Alexander Fantalkin affirme que le type de ces rock-cut bench tombs participe aux critères de la formation de l’état judéen aux xie/ viie s.21 et Irit Yezerski a même utilisé leur distribution pour définir les limites de cet état (Yezerski 1999 : 253-270).
17Il est difficile de déterminer le moment précis où Keila a été intégré à cette entité politique, culturelle et religieuse. En tout état de cause, au Bronze récent, donc bien avant l’émergence de la judaïsation, elle dépend, selon les Lettres d’Amarna, de la cité de Gath (Tell es-Safi), dont le monarque revendique sa suzeraineté sur Keila22. De cananéenne à l’époque d’Amarna (xive s. av. n. è.), Gath devient philistine au xiie s., et lorsque David passe dans la région de Keila avant d’accéder à la royauté (1S 23 : 1-14), c’est auprès du puissant roi philistin de Gath qu’il tente de chercher refuge quelque temps (1S 21 : 11 – 16). Gath reste philistine jusqu’à sa destruction par le roi de Damas, Hazaël, au ixe s.
18Il est donc délicat de préciser à quelle sphère culturelle, religieuse ou politique (cananéenne, philistine ou judéenne) appartiennent les habitants de Keila, ni si cette appartenance est exclusive, et ce pour aucune des périodes qui nous concerne. Nous ne pouvons en effet, et en l’état, émettre aucune hypothèse qui soit étayée en aucune manière, dans un sens ou dans l’autre. Cependant, il apparaît clairement que la progression et l’extension vers la côte du royaume de Juda sont ne sont datées qu’à partir du viiie s. avant n. è.23. La position de Keila dans une zone-frontière de confins entre les Hautes Terres judéennes et la Shéphélah cananéenne et philistine ne contribue pas à résoudre de façon ni précise ni définitive la question de la nature ou de l’identité de son peuplement. Le récit du séjour de David à Keila (en 1S 23 : 1-14)24, ne décrit pas tant la situation du xe s. av. n. è, que celle de l’époque de sa rédaction (au plus tôt au viie s.) et la volonté de ses notables d’affirmer leur indépendance vis-à-vis de quelque domination que ce soit. Le récit biblique semble indiquer que Keila n’était pas intégré à l’état judéen en formation25. Rien ne permet donc de déterminer si on peut qualifier de « juives » les tombes dont l’aménagement et l’utilisation date de ces périodes agitées de l’âge du Fer. Mais il est clair que, lorsque la tombe 11 a été aménagée à la fin du Bronze récent, une telle identification serait abusive et anachronique.
19Même lorsque Keila est entrée dans l’aire d’influence judéenne, ici comme ailleurs, on ne peut exclure l’hypothèse d’un peuplement très mélangé ni la coexistence de plusieurs communautés ethniques ou religieuses.
20À la lecture du Livre des Rois26, on reste en effet confondu par la résistance des pratiques religieuse « païennes » (id est non juives) à l’époque monarchique. La véritable question est donc plutôt de savoir dans quel type de tombes les populations non juives de la région enterraient leurs morts à l’âge du Fer. Cette interrogation est souvent résolue par l’argument selon lequel les pratiques funéraires « païennes » consistaient en des tombes individuelles en pleine terre qui ont échappé, et échappent encore totalement, et pour toujours, à la recherche archéologique27. Cet argument a silentio ne saurait totalement convaincre. Il est en tout cas tout à fait possible que Keila ait été habité par une population tout aussi hétérogène que celle que signale Élisabeth Bloch Smith pour le site de Lachish (tout proche de Keila) à l’âge du Fer I28.
21L’ensemble des remarques que nous venons de faire s’applique aux époques ultérieures y compris à l’Antiquité tardive.
2.2. Pour la période romaine et l’Antiquité tardive (jusqu’en 638)29
22De la même façon qu’il nous semble délicat d’attribuer à une seule communauté culturelle et cultuelle l’ensemble des tombes aménagées à l’âge du Fer qui ont été découvertes dans la région, l’assignation d’une tombe à une communauté ethnique ou religieuse unique ne saurait bien évidemment pas non plus convenir lorsque ces tombes continuent à être utilisées à des époques plus tardives : comment prétendre en effet, par exemple, qu’à l’ère protobyzantine, elles appartenaient nécessairement à des familles chrétiennes ?
23Divers arguments présentés pour caractériser la population de la région judéenne se révèlent assez contradictoires.
24En ce qui concerne la population d’une part, Yitzhak Magen, dans son introduction du premier volume de « Christians and Christianity » (Magen 2012 : 2 et 15), prétend qu’après la révolte de Bar Kokhba en 132-135, la région de Juda fut entièrement vidée de sa population juive. Il est pourtant établi que de nombreux habitants de confession juive, fuyant la répression romaine, trouvèrent refuge dans des cachettes souterraines (« hiding complexes »). Elles abondent en particulier en Judée, comme l’ont montré Amos Kloner et Boaz Zissu30. À Keila même, nous avons exploré un tel abri sous notre secteur 1, en contrebas du tell, et il en existe d’autres à un ou deux km à l’ouest du site, cette fois-ci creusées dans un substrat crayeux.
25Le même Yitzhak Magen poursuit d’autre part un peu plus loin31 que la région à l’époque romaine tardive était peuplée par une population majoritairement « païenne ». La christianisation aurait « échoué auprès de la population juive », et son succès serait fait ressentir « en plus grande partie » parmi la population païenne, iduméenne pour ne pas la nommer, population « qui avait pénétré dans la région dès la fin de la période du Premier Temple » (viiè – vie s. av. J.-C.), sans pour autant se convertir intégralement au judaïsme32. Si tel est le cas, on peut légitimement se demander une fois encore où se trouvent les tombes de ces populations non juives. C’est donc au sein de cette population (qui serait devenue majoritaire après la répression contre les Juifs), dont les nécropoles seraient vouées à rester impossibles à détecter, car composée uniquement de tombes en pleine terre, que le christianisme aurait majoritairement trouvé ses adeptes. Mais, toujours selon le même auteur, ces habitats ne seraient pas regroupés dans des villages très peuplés, et ne formeraient qu’une mosaïque des sites isolés. De plus, et en tout état de cause, la présence d’une église ne signifierait pas nécessairement que les habitants qui y vivent soient chrétiens. Ces églises auraient été fondées et animées par quelques moines, eux aussi isolés33. Ces religieux prosélytes auraient été pour la plupart d’origine étrangère. Ou bien alors, ces églises n’auraient été construites qu’à l’usage d’insaisissables populations nomades34. Toutes ces données expliqueraient la prétendue faible démographie des sites de l’Antiquité tardive et de l’époque protobyzantine, ainsi que la rareté des découvertes de tombes datant ces périodes35.
26Il est toutefois permis de s’interroger sur la raison d’être de ces centaines d’églises, mais plus encore de leur caractère monumental, de leur ornementation souvent soignée (elles possèdent pour la plupart un sol de mosaïque, souvent figuratif et de belle facture), de la présence fréquente de baptistères, et sur le fait que ces églises n’auraient servi réellement qu’à quelques communautés monacales exogènes, marginales et isolées et à une sorte de propagande religieuse. Pourtant, une base de données de l’Université hébraïque de Jérusalem, qui recense en Israël et Palestine 343 églises, et 149 pour la seule Judée36, et quoi qu’en dise Yitzhak Magen37, si l’on tient compte de l’échelle de ce territoire, cela ressemble fort à une « vague de construction massive » (dont il conteste cependant l’usage à destination de laïcs). Les baptistères n’auraient-ils servi que de simples éléments de décor architectural, et ces églises qu’à marquer la domination d’une religion prosélyte, qui ne serait restée qu’officielle et marginale ?
27De fait, à Keila, nous avons retrouvé les vestiges d’un baptistère (par immersion, comme c’est la règle dans ces temps du premier christianisme) et les traces d’une église qui lui était accolée38.
28Juste au-devant de ce baptistère, se trouve une inscription qui nomme les donateurs : Antôninos, un prêtre (de nom grec) et Aianès, un diacre (fig. 5). L’église de Keila ne semble pas être insérée dans une enceinte monastique (ou alors celle-ci et les aménagements qui lui seraient liés ont complètement disparu). Plus encore, la présence d’un diacre (un laïc par définition), qui plus est d’origine locale (le nom d’Aianès est relativement courant dans la région et révèle une origine sémitique)39, nous incite à considérer qu’il s’agit d’une église édifiée par ou pour une communauté villageoise. Par ailleurs, même dans le cas des églises monastiques, pour Doron Bar et d’autres encore40, paysans locaux et moines semblent avoir vécu dans une interdépendance dans laquelle chaque groupe semble avoir trouvé des avantages respectifs bien compris et connu une sorte d’harmonie. Il serait assez extravagant de considérer que ces populations auraient contribué à la construction d’églises dont elles n’auraient pas eu l’usage.
29Quant à la nature et la densité du peuplement de la Judée, Yitzhak Magen prétend que la rareté des découvertes archéologiques laisserait supposer que la région, désertée après la révolte de Bar Kokhba et occupée par un apport iduméen (déjà ancien ?), et qu’elle aurait connu une relativement faible densité de peuplement à l’époque protobyzantine41. Selon lui, la mise en culture intensive des zones cultivables daterait en réalité des premières périodes islamiques42. La rareté des tombes protobyzantines dans la région qu’il pointe y trouverait là sa justification. Cela dit, les petites localités, leurs habitats domestiques et les nécropoles qui peuvent être dispersées, font rarement l’objet de fouilles prioritaires43. Et ces vestiges sont aussi fréquemment réoccupés ou recouverts par des habitats postérieurs, ce qui les rend difficilement identifiables. Une fois encore, il est difficile de tirer des conclusions définitives d’arguments a silentio.
30On remarquera cependant que l’opinion de Magen a été contestée. La synthèse des prospections anciennes et récentes proposée par Raphael Greenberg et Adi Kenan44 montre au contraire l’abondance du matériel protobyzantin sur tout le territoire de la Palestine antique, quand bien même il s’agit de sites pour la plupart isolés et non fouillés. Doron Bar prétend lui aussi que :
The Byzantine period, between the fourth and seventh centuries, was an era of much settlement in Palestine. During this period population and settlement density had reached a level to which this region returned only at the beginning of the twentieth century. … The building of churches, monasteries and other religious structures enhanced the economy and led to impressive population growth, reaching an all-time peak of several million inhabitants living within the boundaries of Palestine by the mid-sixth century45.
31Il compare – chiffres à l’appui – le nombre de nouveaux établissements, période par période depuis l’époque hellénistique jusqu’à l’époque protobyzantine, et observe que même la fin de l’époque romaine était déjà « une des périodes les plus prospères de l’Histoire de la Palestine46 ».
32En tout état de cause, quelle que soit la densité d’occupation à la fin de la période romaine et à l’époque protobyzantine, elle n’implique pas nécessairement une intense conversion au christianisme. Et de même que, pour les tombes de l’âge du Fer, on ne peut affecter l’usage des tombes de toute une région à une seule communauté culturelle ou religieuse, de même pour ce qui est de l’Antiquité tardive, on ne saurait prétendre que toutes les tombes de cette période sont destinées à une population chrétienne. Tout au plus notera-t-on que l’église de Keila semble dédiée à une communauté villageoise christianisée et qu’elle appartient en cela à un type relativement rare. Pour autant, nous n’avons retrouvé dans les tombes de Keila aucun signe explicitement chrétien, pas plus que des bains rituels juifs, de ménorahs ni d’inscriptions en hébreu.
3. Questions de Typologie
33Une autre difficulté pour l’étude sur le temps long des nécropoles de cette région résulte du pillage intensif dont elles font l’objet. Le marché des Antiquités étant libre en Israël, et les fermetures fréquentes de la « frontière » interne avec les Territoire Palestiniens font que les non Israéliens qui franchissent la frontière quotidiennement pour leur travail sont de facto privés de revenus au gré des événements. Ce fut le cas pendant les intifada. Mais c’est aussi une pratique qui se perpétue au jour le jour, car le fruit de ces « récoltes » d’objets archéologiques fournit aux pilleurs une ressource financière non négligeable, parfois d’ailleurs suscitée ou encouragée par des Antiquaires ayant pignon sur rue qui en font un commerce lucratif hors des Territoires palestiniens. Les tombes que nous avons fouillées ont toutes fait l’objet de pillages clandestins, y compris même pendant nos campagnes, lorsque nous nous trouvions sur d’autres secteurs du site. Le matériel que nous retrouvons dans ces tombes n’est souvent que celui qui n’a pas de valeur commerciale. Cela dit, ces nécropoles ont pu faire l’objet de pillage depuis des siècles.
34Dans ces conditions, et bien que les critères de comparaison soient peu ou pas suffisamment ni aisés ni objectifs, l’étude de la typologie architecturale des tombes, de leurs dimensions, voire de leur décor, peut-elle être d’un certain secours, notamment pour leur datation ?
35Les comparaisons typologiques que nous avons tentées donnent des résultats plus ou moins probants ou pertinents. Ainsi, Rachel Hachlili et Ann Killebrew ont publié plusieurs tombes aménagées à l’époque hérodienne à Jéricho, au plan très proche de celui de la tombe 26 de Keila (par exemple, les tombes A2 et A347), à ceci près que leurs dimensions sont assez divergentes : à Jéricho, les chambres funéraires sont quasiment deux fois plus petites qu’à Keila (2 m de côté, tandis que celle de la tombe 26 atteint presque 4 m). Une tombe à chambres multiples de Beit Lei48 (à une dizaine de km au sud de Keila) semble en revanche assez similaire à la tombe 27 de Keila (bien que sa publication donne assez peu de détails et qu’il nous en faudrait un cliché pour s’en assurer), mais ce sont cette fois-ci les datations qui ne correspondent pas (respectivement Fer I-II et Fer III - fin de la période romaine). Enfin, les tombes de Nebi Danyel49 et de Sa’ïr50, datées des viiie/ viie s., retrouvées elles aussi dans les environs de Keila, à une petite vingtaine de km au nord-est, ressemblent fortement et à tous points de vue à notre tombe 11, qui est cependant un peu plus ancienne.
36Bien qu’offrant un certain intérêt, ces quelques exemples rapides montrent leurs limites et la fragilité des conclusions que l’on peut retirer de telles comparaisons, pour lesquelles une plus ample documentation (photographique en particulier) serait bien utile, qui fait cruellement défaut.
37Il va de soi que des datations au 14C pour le matériel ostéologique de Keila auraient pu se révéler fructueuses, que nous n’avons pu effectuer, fautes de moyens financiers suffisants. Il est dans nos intentions, grâce à des subventions accrues et désormais acquises, de procéder à l’avenir à de telles analyses pour les tombes de Keila. Elles permettraient peut-être des conclusions plus fines ; encore faudrait-il que les ossements encore présents soient réellement représentatifs de l’ensemble des dépôts au cours des siècles et que la sélection que nous pourrions faire en vue des analyses parmi ces centaines d’ossements puisse s’avérer pertinente.
Conclusions
38Mais puisqu’il est ici question de typologie et en guise de conclusion, il n’est sans doute inutile d’évoquer d’autres nécropoles, qui nous ramèneront à nos premières questions.
39Ce sont de telles approches typologiques qui ont conduit certains chercheurs à déduire de rapprochements similaires des critères d’ethnicité, en particulier des tombes du Fer. Or, il est un exemple assez flagrant qui montre qu’une certaine pondération s’impose. Pour la période hellénistique, le site de Marisa51 a révélé une importante nécropole, d’une quarantaine de tombes collectives à loculi sur parfois six générations52. On a pu identifier le commanditaire et les usagers de la très fameuse tombe peinte des Sidoniens (no 551) comme appartenant à cette communauté grâce à ses inscriptions, tout comme pour d’autres, de la même nécropole, qui sont, elles, juives (no 515) ou iduméennes (no 500) (ou peut-être simplement « grecques », à défaut de pouvoir préciser – toutes les inscriptions sont écrites dans cette langue). Par ailleurs, les publications insistent sur leur parenté avec les tombes contemporaines d’Alexandrie, mais aussi sur l’influence phénicienne qui prévaut à leur conception. Boaz Zissu et Amos Kloner en concluent :
Inscriptions and other epigraphic remains from Maresha’s necropoleis reflect the multi-ethnic composition of the city, which included Idumeans, Phoenicians, Greeks, some Egyptians, and possibly a few Judeans. These ethnic elements produced the outstanding social and cultural fabric of Maresha during the Hellenistic period.
40Le caractère multi-ethnique de la nécropole de Marisa/ Tell Maresha doit sans doute faire réfléchir, et il se pourrait bien qu’il puisse aussi s’appliquer non seulement aux tombes hellénistiques et de la haute période romaine de Keila (et à celles d’autres sites), mais aussi, et plus généralement, à celles des époques du Fer, dans cette région qui a connu tant d’influences, tant de dominations, et la présence de tant de groupes ethniques au cours de ces siècles. Rien ne nous interdit donc de suggérer la présence sur le site d’une population mélangée, aux traditions et référents culturels et religieux multiples sur le site, ni surtout d’inviter à la prudence, voir à l’humilité, qui sont de mise lorsqu’on a ainsi affaire à des tombes qui ont, pour la plupart, été aménagées à diverses périodes du Fer, et sont remployées pendant des siècles. Ces remplois ne laissent pas d’interroger sur leur signification. Certes, ils peuvent en partie s’expliquer par des raisons d’ordre pratique : le creusement de ces tombes est une entreprise coûteuse, notamment en termes de main-d’œuvre, et leur réutilisation constitue un gain certain, au moins de temps. La question essentielle serait de déterminer combien d’années peut durer la mémoire collective d’une tradition familiale, et le respect qui lui est dévolu, ainsi qu’aux défunts inhumés dans ces tombes sur le temps long. En d’autres termes, à quel moment un groupe familial considère-t-il que la seule collecte dans un « collection pit » des ossements des défunts anciens (voire leur dispersion hors de la tombe) l’exonère des égards dus aux précédents occupants d’une tombe, au point d’en user pour ses propres morts ? Un an, dix ans, plusieurs décennies, un siècle ? Ou bien la réoccupation d’une tombe n’est-elle qu’une simple question d’opportunité et d’économie ?
41Il semble que cette question soit en réalité insoluble, et que, au regard de considérations aussi intimes que les traditions et les croyances funéraires, il convient de ne négliger aucune hypothèse. Il est sans doute tout aussi indispensable d’éviter les affirmations trop définitives ou péremptoires, que ce soit en termes d’identité, d’ethnicité, de cultes funéraires, de pratiques religieuses. N’est-ce pas la première des précautions et des considérations que l’on attend des archéologues ?
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 À titre d’exemple : Cohen 1990, 1993 ; Finkelstein 1996 ; Bloch-Smith 2003 ; Killebrew 2005 ; Lehmann, Niemann 2014.
2 Les translittérations toponymiques sont nombreuses, en fonction des versions en anglais, en arabe et en hébreu, des sources et de leur(s) traduction(s) des sources anciennes et les transcriptions de l’Ancien Testament qu’ils utilisent. Keila est appelé Qiltu dans les Lettres d’Amarna et, pour l’âge du Fer et la période protobyzantine, Qéïla, Keilah, Kela, Echela, Keeila, Enchela, Cela, Khirbet Qila, Kirbeit Qeila (voir en particulier Jimenez Zamudio 2008 : 387, note 1553, qui énumère, et de façon non exhaustive, les différentes dénominations).
3 Hélène Duval, Inrap Grand Est ; Chloé Girardi, Docteure de l’Université UPVM3, EVEHA, Chercheure associée à l’UMR 5140 ASM ; Teddy Loupmon, EVEHA ; Marc Munshy, Pauline Lemaire, Jeanne Mercier, membres de l’Institut du Globe, UNISTRA-CNRS UMR 7516, Strasbourg ; Ayman Al-Rjoob et Jaber Al-Rjoob, correspondants de la DGA de Palestine ; Cécile Verdellet, Docteure Paris IV et UMR 7041 ArScAn (HAROC) ; Séverine Sanz Laliberté, UMR 5140 ASM ; Blandine Besnard, doctorante Lyon II ; Louis Dautais, doctorant UPVM3 ; Alicia Hueto et Sergio Manzano, Master Universitat Politécnica de Valencia ; Anaïs Montoto Soto, doctorante UPVM3 ; Farrah Skimani, L3 UPVM3 ; Matisse Vaubauré, Master 1, UPVM3 ; Pauline Vézy, Master 2, Lyon II ; Adriana Recassens, Master 2, UPVM3 ; auxquels se sont associés entre 4 et 7 ouvriers recrutés sur place selon les années.
4 Équipe placée sous la direction du prof. Hamed SALEM.
5 Blétry 2018 : notes 11 à 18 ; Guérin 1869 : 341-343, sous le toponyme de Khirbet Kila ; Conder, Kitchener 1883 : 314 ; Abel 1938 : 416 ; Kochavi 1972 : 48-49, no 70 ; Avi-Yonah 1976 : 73 sv. Qe’ilah, Cela (Echela) ; Bagatti 2002 : 145 ; Tsafrir, di Segni, Green 1994 : 102, sv. Cela. Les prospections israéliennes (Greenberg, Kenan 2009 : 127, no 864) font état de matériel du Bronze moyen et récent, de l’âge du Fer I et II, des périodes perse, romaine, protobyzantine, « croisée » et mamelouke.
6 Jos. 15 : 44 ; Ne. 3 : 17-18 ; 1S 23 : 1-13.
7 Lettres d’Amarna, le site est identifié sous le nom de Qiltu : Moran 1987 : 501‐502, 509‐512, 517‐519 (EA 65, 279, 280, 287, 289, 290) et Na’aman 2010 : 290. Voir aussi Na’aman 2011 : 87‐97. Flavius Josèphe, Antiquités juives, XIII, 271. Traduction consultée : Œuvres complètes de Flavius Josèphe, Antiquités Juives, traduites en français sous la direction de Théodore Reinach, 3, Livres XI à XV, traduction de Joseph Chamonard, Paris, Ernest Leroux, 1904 : 56-57. Il existe une traduction plus récente (non vidi) : Nodet E., Les Antiquités Juives, vol. III, Livres VI et VII, Paris, 2001. Eusèbe de Césarée : 446/88 :26 ; Notley, Safrai 2005, sv Ἐχελά., (1 Sam 23 : 19) 87 et n. 446 ; Freeman-Grenville, Chapman, Taylor 2003, (88) : 52-53, sv. Echela (1 Sam 23 :19) ; Jimenez Zamudio 2008, (89) s.v. Echela (1 Sam. 23 :19), 130 et n. 1179 ; Sozomène : Histoire Ecclésiastique, VII, 29, 1-2, édition consultée : Bidez, Hansen 2008 ; Manuscrits de Qumrân, grottes 4 et 5 (4Q522, 9i et 10 et 5Q9, 1a, 1.3). Respectivement Puech 1998 :49, 51 et 53 et Puech 2016 : 91 ss et 107 ss ; voir Blétry 2022, sous presse.
8 Blétry 2018.
9 Le très abondant matériel d’une grande grotte que nous avons fouillée et utilisée comme tombe (tombe 54), datée du Bronze récent, n’a cependant pas pu faire l’objet d’une étude exhaustive et cette tombe ne sera pas évoquée ici.
10 Bloch Smith 2018 : 366 ; Yezerski 1999 : 257 ; Yezerski 2013 : 52 ; Fantalkin 2008 : 17. Pour une datation dès la fin de l’âge du Bronze, ibidem : 25-26.
11 Kloner, Zissu 2007, en particulier : 87-88 ; Bloch Smith 2018 : 370.
12 Kloner, Zellinger 2007 : 219.
13 Période aussi appelée de « Second Temple », c’est-à-dire d’après la reconstruction du Temple de Jérusalem après que les Hébreux ont été autorisés à regagner leur pays d’origine par Cyrus le Grand, vers 538 et sa destruction par Titus en 70.
14 Kloner, Zissu 2007 : 143-144.
15 Il faut noter que tout le matériel n’a pas été prélevé car, outre le fait que le plafond de la chambre funéraire s’était effondré, certains des loculi eux-mêmes, particulièrement fragiles, étaient menacés du même sort pendant la fouille.
16 Kloner, Zissu 2007 : 139.
17 Cela n’exclut pas qu’elle puisse en avoir renfermé avant leur pillage (notamment la tombe 26). La présence d’ossuaires, qui remplacent peu à peu les loculi, est signalée dès le ier s. ap. J.-C. et elle est révélatrice de pratiques funéraires spécifiquement juives.
18 On n’évoquera ici qu’un seul exemple, mis en évidence par l’auteur de cet article : sur le site protobyzantin de Zénobia, en Syrie au bord de l’Euphrate, de nombreuses tombes possèdent des fosses de dépôts secondaires, dans lesquelles ont été découverts les ossements de plusieurs dizaines d’individus (par exemple, Blétry 2015 : 219, tombe 230S).
19 Depuis Singer 1994 : 306, 315-316 et 326, qui évoque une « situation ethnique complexe », des mariages et des contacts inter-communautaires entre Philistins, Cananéens et Judéens ont rarement été évoqués tout comme le caractère multi-etnique du peuplement de la plaine de la Shéphélah et des zones de collines.
20 En particulier, Baruch, Wiegmann 2013 ; Bloch-Smith 1992a, 1992b, 2018 ; Faust, Bunimovitz 2008 ; Kloner, Zellinger 2007 ; Osborne 2011 ; Yezerski 2013, parmi bien d’autres.
21 Conclusion de Fantalkin 2008. Il nuance cependant son propos p. 34 en affirmant que ce type de tombes peut avoir été utilisé par les voisins Cananéens et Philistins. Bloch Smith (Bloch Smith 1992: 51-52) prétend aussi qu’aux xiie/ xie s., “It is unclear how early the bench tomb was adopted by the Judahites or when the bench burying population in the southern highlands first identified itself as Judahite”.
22 Moran 1987 : 501‐502, 509‐512, 517‐519 (EA 65, 279, 280, 287, 289, 290) ; Na’aman 2010 : 87‐97.
23 Finkelstein, Silberman 2004 : 351-358.
24 On rappellera que l’épisode biblique fameux du combat entre David et Goliath le Philistin se déroule dans la vallée d’Élah, à « un jet de pierre » de Keila et qu’une affaire presqu’aussi célèbre narre en 1S 23 : 1-14 le passage de David à Keila pour défendre la ville, précisément contre des razzias philistines. Il est cependant chassé de Keila par ses notables qui le trahissent auprès de Saul. Le comportement de ces dernier apparaît comme parfaitement approprié (en particulier, Lehmann, Niemann 2014 : 84 : « Supposedly, early Iron Age kinship groups guarded their territory jealously against political domination from outside their lineages much like pre-modem societies. In fact, 1 Sam 23:1-13-whenever the narrative may have been written- considers such behavior by the eiders of Keilah as appropriate ». Une sorte de consensus permet d’estimer que la rédaction du texte se serait faite par apports successifs entre le viie s. et la période post-exilique, soit à l’époque perse (Nihan, Noquet 2009 : 368, 376, 379).
25 C’est l’opinion des historiens tenant de la « Low Chronology », et d’Israël Finkelstein dès 1999 (Finkelstein 1999 : 39, 42, 48), qu’il reprend dans La Bible dévoilée (Finkelstein, Silberman 2004 : 352).
26 Certes, l’historicité des textes bibliques a souvent été prise en défaut et il est établi que leur rédaction n’est pas contemporaine des événements qu’ils rapportent. Pour ne parler que de Juda, le royaume tout entier fit « ce qui est mal aux yeux du Seigneur » dès le règne de Roboam (successeur de Salomon [931-914] et jusque sous le dernier roi de Juda, Sédécias [596-586]), Finkelstein et Silberman (Finkelstein, Silberman 2004 : 360-363) insistent sur la persistance des rites polythéistes pendant toute cette période et en est synthétisent les mentions bibliques.
27 Fantalkin 2008 : 20-21. Kletter (Kletter 2002 : 37) fait la même remarque pour les tombes judéennes de la période de l’âge du Fer I.
28 Bloch Smith 1992 : 150 : “…dichotomies drawn with regard to Judahite treatment of the dead need to be re-examined: rich-poor, Canaanite-Israelite” (…) Lachish was an ethnically diverse settlement”.
29 En Orient, Les divisions chronologiques usitées en Occident sont inappropriées. La période romaine dure jusqu’à Constantin ou au plus bas Théodose, après quoi, on parle plutôt de période protobyzantine. Le terme « Antiquité tardive » n’est de fait que peu usitée.
30 Kloner, Zissu 2009 : 16, avec une cartographie en fig. 7. Pour un exemple récent près de Keila, Zissu, Kloner 2019.
31 Magen 2012 : 3.
32 Ibidem et p. 50.
33 Sauf en ce concerne les sites de pèlerinage, qui auraient été plus fréquentés, mais uniquement par des visiteurs de passage.
34 Ibidem : 57.
35 Ibidem, Préface : IX et 57- 62.
36 A Digital Corpus of Early Christian Churches and Monasteries in the Holy Land. Program from the Hebrew University of Jerusalem, https://dig.corps-cmhl.huji.ac.il/
37 Magen 2012 : 14 : “The results of surveys and excavations conducted in the past 40 years in Palestinian cities and villages “do not indicate a massive construction wave of churches and residential structures in the private and rural sectors during the Byzantine period”.
38 Ces traces sont certes ténues, sans doute parce que, à une infime distance stratigraphique, cette église a été recouverte par un habitat de prestige d’époque mamelouke, qui a recouvert ou utilisé de nombreux spolia architecturaux de cette église. On note la présence de deux sols superposés recouverts d’une mosaïque blanche unie, mais eux aussi très proches l’un de l’autre. L’inscription est présente dès l’état le plus ancien.
39 Meimaris, Kritikakou-Nikolaroupoulou2005 : 316, no 226 (attestations à Sûr, Tarba et Umm al Jimal dans le Hauran, à Harrân, à Rakhle dans la région de l’Hermon et dans l’Anti-Liban, et plus proche encore de Tell Keila, à Khirbet ed-Deir, au sud de Bethléhem, à Luzit près de Bet Shemesh, dans la Shephelah, et à Nessana du Negev, avec parfois quelques variantes, à Ghor es-Safi sur la rive est de la mer Morte (toute notre reconnaissance va à M. Denis Feissel qui nous très aimablement fourni la plupart ces renseignements) et sur les hauteurs du Golan à Squfiyye (Bar 2003 : note 41).
40 Bar 2003 : 401- 421 avec bibliographie, et Ashkenazi, Aviam 2017.
41 Magen 2012 : 50-52 et 59.
42 Ibidem : 57-59.
43 Quoiqu’en dise Magen, pour lequel cet argument n’est pas recevable.
44 Greenberg, Kenan 2009.
45 Bar 2004 : 307 -308 ; Avni 2014 : 191.
46 Bar 2004 : 308. Ce même auteur a même remis en cause le terme de « crises du iiie s. » pour la Palestine (Bar 2002 : 43-54).
47 Hachlili, Killebrew 1999 : 6-8 (fig. II.5 et II.8).
48 Yezerski 2013 : 58 et fig. 7.
49 Yezerski 2001 : 188 et fig. 29.
50 Yezerski 2004 : 206-207, fig. 2 et 3.
51 Tell Maresha aux périodes précédentes, qui devient Éleuthéopolis aux époques romaine et paléochrétienne, après un léger un glissement de l’habitat vers la plaine.
52 Zissu, Kloner 2015 : 113. Voir aussi Avni, Dhari, Kloner 2008 ; Jacobson 2007 ; Oren, Rappaport 1984.
Auteur
Université Paul Valéry Montpellier 3, CRISES, EA 4424, Montpellier, France
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