Évolution des pratiques funéraires durant l’Antiquité tardive en Provence : l’exemple de la nécropole de Bouc-Bel-air (Bouches-du-Rhône)
p. 325-334
Résumés
La fouille réalisée par l’Inrap, sur le site du 509 avenue des Noyers (Bouc-Bel-Air, Bouches-du-Rhône) en 2017, a livré une occupation du Néolithique moyen à l’Antiquité Tardive. L’aire sépulcrale qui comprend 286 tombes, est implantée au sein d’un parcellaire antique. La réalisation de onze datations 14C a permis de préciser la durée d’utilisation de cet ensemble funéraire, d’en préciser les différentes phases d’inhumation et le traitement funéraire qui les accompagne de la fin du iie siècle au milieu du i-viie siècle. De plus, une vingtaine d’aménagements funéraires contenaient de la céramique ou des amphores. Pour neuf de ces structures il s’agit de « tombes à offrandes », livrant un ensemble de céramiques en qualité dite « luisante » et des lampes africaines, les autres contenaient des amphores en remploi constituant des architectures funéraires mixtes soit comme réceptacle funéraire, soit en tant qu’élément de couverture ou de fond. De par l’importance du nombre de structures qu’elle a révélé, cette fouille récente revêt un caractère important pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La mise en regard avec les ensembles funéraires contemporains et géographiquement proches, permet ainsi de compléter les données régionales sur les pratiques funéraires durant l’Antiquité tardive.
The excavation carried out by Inrap on the site of 509 avenue des Noyers (Bouc-Bel-Air, Bouches-du-Rhône) in 2017 revealed an occupation from the Middle Neolithic to Late Antiquity. The funerary area, which includes 286 tombs, is located within an antic plot of land. Eleven 14C dates allow to specify the duration of use of this burial complex, to define the different phases of burial and the funerary treatment that accompanies these phases from the end of the 2nd century to the middle of the 7th century CE. In addition, some twenty funerary structures contained ceramics or amphorae. Nine of these structures were “tombs with offerings”, containing a set of so-called “luisante” ceramics and African lamps, while the others had amphorae use for making combined funerary architectures, either as funerary containers or as covering or base elements. Because of the large number of structures it revealed, this recent excavation is of great importance for the Provence-Alpes-Côte d'Azur region. The comparison with contemporary and geographically nearby funerary ensembles thus makes it possible to complete the regional data on funerary practices during Late Antiquity.
Entrées d’index
Mots-clés : tombes, offrandes, céramique, architecture funéraire
Keywords : graves, offerings, ceramics, funerary architecture
Texte intégral
Introduction
1La fouille réalisée par l’Inrap sur le site du 509 avenue des Noyers (Bouc-Bel-Air, Bouches-du-Rhône, France) en 2017, a livré une occupation allant du néolithique moyen à l’Antiquité tardive (Rigeade 2019). L’aire sépulcrale qui comprenait 286 tombes, était implantée au sein d’un parcellaire antique et s’étendait sur une surface de 4200 m2. La commune de Bouc-Bel-Air est connue pour abriter les vestiges d’un site majeur de la Protohistoire provençale, l’oppidum du Baou-Roux, connu depuis le début du siècle par les travaux de G. Vasseur (Vasseur 1972). L’occupation de cet oppidum débute à la période néolithique et semble perdurer de manière discontinue jusqu’à l’Antiquité tardive (Boissinot, Bats 1988 ; Boissinot 2011). Il se situe sur un plateau au sud de la parcelle concernée par l’opération de fouille préventive. À l’exception de l’oppidum du Baou-Roux, les traces d’occupation en plaine proviennent de prospections pédestres et de fouilles préventives. Le contexte archéologique de Bouc-Bel-Air est ainsi documenté par un petit nombre de sites. L’occupation néolithique est signalée sur deux sites situés au sud-ouest de la parcelle concernée. Sur le site RD6, domaine de Sousquière, diagnostiqué en 2015 (De Luca et al. 2015), ce sont des structures évoquant des aménagements domestiques ainsi que les vestiges d’un habitat, datés du Néolithique final qui ont été mis au jour. Deux occupations attribuables au Néolithique moyen et au Néolithique final ont fait l’objet d’une fouille sur le site de la Petite Bastide (Hasler et al. 2003). Sur ce site, la première occupation est matérialisée par un ensemble de foyers à pierres chauffés du Néolithique moyen. La seconde, est représentée par des structures en creux qui s’apparentent à des structures d’habitat (Hasler et al. 2003).
2La période gallo-romaine a, quant à elle, été mise en évidence lors de prospections pédestres réalisées au lieu-dit La Babiole à la fin des années 80. La découverte de structures en creux datées du Haut-Empire lors d’un diagnostic archéologique, en 2008 (De Luca 2008) a permis de confirmer la présence d’un habitat gallo-romain à cet emplacement, situé à l’ouest de la parcelle fouillée avenue des Noyers. À l’est de celle-ci, plusieurs structures non caractérisées, appartenant à l’Antiquité ont également été découvertes sur le site de Sousquières que nous avons évoqué précédemment (Boissinot 1993, 2006). Enfin, plus au sud de la parcelle fouillée, on signalera également la mise en évidence d’un ensemble de constructions d’époque romaine avec deux secteurs d’habitats, du ier et iie s. ap. J.-C. (Boissinot, Marco 1990). Cette occupation gallo-romaine au lieu-dit Les Perroquets a été par ailleurs attestée par une opération de diagnostic réalisée en 2011 (Collinet 2011).
1. Un ensemble funéraire de l’Antiquité tardive
3Les vestiges mis au jour sur le site de l’avenue des Noyers pour la période antique appartiennent essentiellement à un secteur dévolu à l’agriculture avec la présence de réseaux de fossés dessinant les contours d’un parcellaire. Ils sont associés à des traces de plantations linéaires qui s’apparente à de la culture de vigne. Les vestiges apparaissent fortement arasés par les labours récents et présentent un mauvais état de conservation. L’implantation de la nécropole de la fin de l’Antiquité semble ainsi s’insérer dans cette trame préexistante. En effet, le chemin associé qui borde l’aire sépulcrale à l’est montre une reprise de l’axe directeur ancien, le mur bordier oriental de cette voie se superposant dans son tracé à l’un des fossés antiques. Ceci pourrait induire une pérennité de la trame agraire antique, les fossés parcellaires orientant et ordonnant la mise en place de la nécropole de l’Antiquité tardive.
4Les limites de la zone d’implantation de la zone funéraire ont été appréhendées au sud, à l’est et à l’ouest. Au sud et à l’ouest, une interruption assez nette des ensevelissements semble correspondre aux limites de l’espace funéraire sans pour autant qu’elles soient marquées dans le paysage par des aménagements ou des contraintes qui pourraient restituer l’existence d’éléments structurant le paysage (végétation, palissade…). Au sud, la présence de vestiges datant du Néolithique a permis d’écarter l’hypothèse d’une non conservation des vestiges funéraires à cet endroit. À l’est, la limite de la nécropole est partiellement marquée par un mur (fig. 1) délimitant la voie précédemment évoquée. En revanche, au nord, la nécropole se développe jusqu’à la limite de l’emprise de la fouille préventive, laissant supposer une continuité des inhumations sous la route actuelle.
5Le développement de la nécropole a pu être cernée grâce aux éléments de datation fournis par le mobilier d’accompagnement présent au sein des tombes, la céramique résiduelle retrouvée dans le comblement des fosses sépulcrales et la réalisation de 11 datations 14C sur les restes osseux. Ces derniers fixent la durée d’utilisation de cet ensemble funéraire de la fin du iie s. au milieu du viie s.
6L’aire funéraire semble être occupée et s’organiser en continue, sans se superposer aux phases d’inhumation précédentes. Toutefois, trois sous-ensembles chronologiques différents semblent se dégager. Le plus ancien se situe au nord avec des tombes dont les datations s’échelonnent entre le iie et le ive s. Cet ensemble se caractérise à la fois par des défunts inhumés selon une orientation est-ouest avec la tête à l’est et par la présence de dépôts d’offrandes en céramique dans la majorité des cas. Le deuxième sous-ensemble correspond à l’implantation de 147 sépultures entre le iiie et le vie s. (fig. 2). Les défunts sont exclusivement inhumés suivant une orientation ouest-est, tête à l’ouest. Mais l’organisation spatiale de ce sous-ensemble est assez floue. Un noyau central de sépultures semble se dégager, autour duquel s’organise une trame plus lâche. Aux extrémités orientale et occidentale, les tombes s’organisent en rangées, perpendiculairement à des éléments structurants le paysage.
7Un troisième sous-ensemble de 125 sépultures, le plus tardif, se met ensuite en place à l’ouest de la nécropole à partir du ve jusqu’au viie s. L’orientation des défunts reste similaire aux phases d’inhumation précédentes avec la tête placée à l’ouest. En revanche, l’architecture funéraire se normalise à partir de cette période, avec l’utilisation quasi exclusive de coffrages de tuiles (de section triangulaire et quadrangulaire). Cette dernière phase d’inhumation se caractérise aussi par une organisation spatiale singulière de petites rangées disposées en demi-cercle concentrique d’ouest en est.
8On constate de manière générale une utilisation rationnelle de cet espace funéraire sur la longue durée, qui ne semble pas subir de contraintes pour s’agrandir au fil du temps, ni de pression démographique (comme par exemple une mortalité élevée). Sur une courte période seulement, les gestes funéraires laissent entrevoir peut-être des difficultés liées à la gestion de l’espace funéraire. On ne dénombre que trois cas de recoupement, et une seule réduction pour l’ensemble de la nécropole. Par ailleurs ce type de pratique pourrait également être davantage consécutifs au choix d’un emplacement, plutôt qu’à un manque de place au sein de la zone sépulcrale.
9À l’exception d’une seule sépulture présentant une réduction de transfert, ce sont des inhumations primaires individuelles qui ont été retrouvées sur le site. En ce qui concerne la composition de la population inhumée, il convient de signaler que la représentation (ICA) et la conservation (IQO) des ossements de la collection ostéo-archéologique se sont avérées être très faibles. Par conséquent le potentiel des études archéo-thanatologique, anthropo-biologique et paléopathologique ont été considérablement limitées malgré un échantillon assez conséquent (255 individus au total). L’étude a mis en évidence 213 sujets adultes et 42 sujets immatures. Au sein de l’espace funéraire des Noyers, il n’existe pas de répartition spatiale particulière entre les individus adultes et les individus immatures (fig. 3). Toutefois, on observe une concentration un peu plus importante d’individus immatures à l’extrémité sud-est de la nécropole. En effet, plus d’un quart d’entre-eux se retrouvent dans cette zone de la nécropole. À ce nombre, il est également possible d’ajouter deux sépultures vides qui en raison de leurs dimensions, étaient susceptibles de contenir les restes d’un individu immature à l’origine. Les autres sujets immatures se répartissent de manière homogène sur le reste de l’emprise de la zone funéraire.
10L’architecture funéraire des tombes présentait une grande diversité, avec une architecture majoritairement constituée de tuiles : soit de section triangulaire avec une couverture en bâtière pour la plupart d’entre elles, soit de section quadrangulaire (Fig. 4). Les sépultures constituées d’un simple aménagement de pierres sont rares sur l’ensemble de la nécropole (Fig. 5). L’analyse archéo-thanatologique de ces dernières suggère l’utilisation d’un contenant en matériau périssable. Six tombes constituées d’amphores ont également été découvertes sur le site. La récupération des différents matériaux précédemment cités a également permis, dans une vingtaine de cas, la constitution d’architectures funéraires mixtes. Une dizaine de sépultures sont quant à elles totalement dépourvues d’aménagement.
2. Céramiques et amphores de la nécropole tardo-antique
11Parmi les quelques 300 sépultures recensées de la nécropole antique, seuls une vingtaine d’aménagements funéraires contenaient de la céramique ou des amphores. Pour neuf d’entre-elles il s’agit de « tombes à offrandes » (fig. 6), les dix autres contenant des amphores en remploi. La datation des céramiques et amphores s’étend entre le ive et la fin du viie s. et témoigne ainsi de la continuité de la nécropole, tandis que les céramiques se cantonnent au ive s., selon le changement des rites funéraires à partir de cette date la coutume des offrandes prend fin. Enfin, les sépultures employant des amphores datent au moins du ve s.
3. Les offrandes funéraires de la nécropole
12Le lot des offrandes se compose de deux lampes, trois vases ouverts, deux gobelets, trois cruches et un entonnoir, répartis dans neuf sépultures (fig. 7).
13Les lampes sont vraisemblablement d’origine tunisienne et datées de la seconde moitié, voire du dernier quart du ive s. Elles sont respectivement de type Atlante VIIIB ou encore Bonifay lampe type 431 (fig. 7) et de type Atlante VIIIC1a-b, ou Bonifay lampe type 462. Les deux lampes sont chronologiquement significatives quant à la typologie de leurs anses, qui apparaissent sous leur variante forée, ce qui les maintient au ive s. La transition entre anse forée et anse pleine se fait au courant du ive s., durant lequel les deux styles coexistent (Bonifay 2004 : 346). Il existe un parallèle significatif parmi le matériel issu du site de l’Alcazar à Marseille, avec un modèle quasi identique, mais « à anse pleine » retrouvé parmi les strates du ve s. (Bien, Lang, Bouiron, à paraître).
14La céramique dite « Luisante », ultime production sud-gauloise de céramique de table à vernis rouge en provenance des Ateliers de Portout en Savoie, livre sept individus (Fig. 7, 02, 16, 07, 09, 05, 06 et 10). La plus grande partie de la production de Portout appartient à la seconde moitié du ive s., l’abandon des ateliers se situant dans le courant de la première moitié du ve s. (Pernon 1990 : 89-90). De manière générale, la céramique Luisante de cette dernière phase se fait assez rare. À titre d’exemple, dans le faciès A1 à Marseille qui désigne notamment la première moitié du ve s., la céramique Luisante ne joue aucun rôle (Bonifay, Carre, Rigoir 1998 : 356).
15La troisième forme ouverte découverte sur le site des Noyers fait partie des claires engobées, un type CL-ENGOB B6, daté entre 250 et 400 de notre ère (14) (Dicocer). Plutôt rare de notre côté du Rhône, à Nîmes il apparaît 27 fois dans les inhumations datées entre le iiie et le début du ve s. (Barberan et al. 2016 : 76 et fig. 14).
16La dernière cruche est en céramique à pâte rouge, une imitation d’une forme CL-REC 1K (12). L’assemblage correspond aux offrandes généralement déposées dans une sépulture, destinées selon leur catégorie à éclairer ou à contenir de la nourriture ou de la boisson. L’entonnoir évoque la pratique de la libation, qui consistait à répandre comme offrande du liquide (vin, lait, huile etc.) sur un autel ou sur une tombe3.
4. Les amphores en remploi funéraire
17Neuf amphores, dont sept sont d’origine tunisienne et deux de provenance orientale, sont intégrées en remploi dans dix sépultures de la nécropole de manières divergentes (fig. 7). La réutilisation des amphores en tant que réceptacle funéraire est bien connue dans le monde méditerranéen, et d’ailleurs bien documentée pour notre région pour les sites de Malaval et de Saint Victor à Marseille (Bonifay, Roth-Congès 2009 ; Bonifay, Capelli, Moliner 2011). Sur le site des Noyers, cinq sépultures utilisaient des bouts d’amphore comme couverture et quatre en tant que fond.
18Les fonds, bords et anses ne sont pas conservés – à l’exception de la sépulture SP130 dont les fragments d’amphores utilisés comportaient une anse qui nous a permis d’identifier le type Keay 36 (13), une amphore tunisienne, datée du ve s. (Bonifay 2004 : 132, fig. 71).
19Une seule sépulture est une « tombe en amphore » et est composée de deux individus bien distincts (fig. 8 et fig. 9). La première amphore, qui contenait l’inhumation (03), est de provenance tunisienne et de type Keay62E. Elle est datée de la fin du vie s. au début du viie s. (Bonifay 2004 : 140 et fig. 74, no 11). La seconde (04), était disposée de part et d’autre autour de l’épaulement de la première. Elle est de provenance orientale de type Late Roman Amphora 2C, daté entre 570 et la fin du viie s. (Pieri 2005). Cette sépulture reste unique pour notre site, autant pour sa constitution que pour sa datation. Un exemple semblable – utilisation de grandes amphores africaines cylindriques avec une plus petite amphore d’origine différente dans une structure funéraire – se situe en Corse sur le site de l’église de Quattrina à Propriano (Corse-du-Sud ; Chapon et al. 2012). Il existe deux exemples d’amphores posées proche de la tête de la sépulture à Marseille retrouvées au sein de la nécropole découverte au Pharo en (Richarté et al. 2016 : 405 et fig. 17).
5. Mise en regard avec les sites régionaux contemporains
20En comparant le lot des céramiques de Bouc-Bel-Air avec des contextes funéraires contemporains et géographiquement proches, il est intéressant de noter que notre assortiment du ive s. présente des similitudes avec les ensembles exhumés récemment à Saint-Rémy-de-Provence (Sagetat 2017, 2018). En effet, une trame allant vers les importations africaines concernant les lampes et un recours aux productions régionales pour le choix de la céramique est observable. Or, contrairement à notre site, les amphores funéraires sont employées dès le ive siècle à Saint-Rémy-de-Provence.
21Outre le mobilier céramique, quelques sépultures sous bâtières de tuiles ont également été retrouvées à Saint-Rémy-de-Provence, sur le site des Mataux (Sagetat 2018). Mais ce petit ensemble funéraire rural, situé en bordure d’une importante voie romaine daté du ier au ive s. diffère du site de Bouc-Bel-Air par la présence de structures liées à la pratique de la crémation. Bien que l’effectif exhumé soit moins conséquent, l’ensemble funéraire retrouvé également sur la commune de Saint-Rémy, boulevard Marceau (Sagetat 2017) offre lui aussi des éléments comparatifs intéressants tant au niveau du mobilier céramique qu’au niveau des pratiques funéraires observées. On signalera notamment la découverte de six amphores renfermant des inhumations de sujets périnatals au sein de cette nécropole qui s’installe au ive s. On peut ainsi s’étonner du faible nombre d’inhumations en amphore retrouvées sur notre site, et par la même occasion de la sous-représentation des sujets immatures au sein de l’espace funéraire découvert avenue des Noyers. La grande diversité des contenants employés pour inhumer les défunts se retrouve de manière générale au sein des nécropoles de l’Antiquité tardive, aussi bien en contexte rural qu’en contexte urbain. Les coffrages de tuiles, majoritaires à Bouc-Bel-air, sont ainsi utilisés de manière récurrente. C’est le cas pour le petit ensemble découvert sur la commune de Gémenos en 2013, constitué de 39 sépultures datées des iiie-ive s. (Chapon et al. 2015). L’architecture en tuiles est également bien présente au sein des nécropoles urbaines, notamment à Marseille (Richarté 2016 ; Moliner 2006, Moliner et al. 2011) mais aussi à Vaison-La-Romaine (Carru et al. 1991). Ce type de contenant peut à contrario être peu utilisé au sein des nécropoles rurales de l’Antiquité tardive si l’on s’en réfère aux exemples régionaux disponibles à Riez (Martin et al. 2012), Valensole (Richier et al. 2009) ou à Savasse (Ronco et al. 2012). Au vue de tous les sites potentiellement comparables préalablement cités, la diversité et la proportion importante des fonds des sépultures aménagées en matériaux non périssables, et plus particulièrement en tuiles, reste une caractéristique uniquement observée sur le site de Bouc-Bel-Air.
Conclusion
22La fouille réalisée avenue des Noyers a livré une vaste nécropole de l’Antiquité tardive. La spatialisation des données de cet ensemble funéraire semble montrer que la nécropole s’organise en premier lieu de façon nucléaire comme le montre les sépultures les plus anciennes ayant livré des dépôts d’offrandes. Dans un second temps la topographie évolue vers une organisation plus rigoureuse et homogène de l’espace qui s’apparente à celle observée sur les sites régionaux contemporains de Marseille ou de Vaison-la-Romaine. Les rares offrandes céramiques retrouvées à Bouc-Bel-Air s’accordent de manière surprenante à celles découvertes à Saint-Rémy-de-Provence mais ne s’accompagnent pas de riches éléments d’apparat qui auraient pu révéler la présence d’élites au sein de cet espace funéraire. Le sites Noyers se distingue par contre, par une grande hétérogénéité de l’architecture funéraire employée.
23Cette nécropole contribue donc à affiner un peu plus la dynamique d’occupation du cimetière paléochrétien et l’évolution des pratiques funéraires dédiées à la période de transition que constitue l’Antiquité tardive. Toutefois les découvertes faîtes à Bouc-Bel-Air ne se limite pas à des apports en matière de topographie ou d’architecture funéraire. Bien au contraire, l’attention qui a été portée aux rites et aux pratiques funéraires a montré l’absence total de la pratique de l’incinération et un abandon progressif, mais rapide, des offrandes placées dans les tombes. Ces témoignages d’une profonde évolution des mentalités, restent trop ténus toutefois en l’absence de fouille extensive de cet ensemble.
Bibliographie
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Sagetat 2017 Sagetat E., 2 boulevard Marceau, Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) : rapport final d’opération de fouille préventive. Marseille : Inrap Méditerranée, 2017, 395 p.
Sagetat 2018 Sagetat E., Territoire agricole et nécropole antique aux « Mataux », Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) : rapport final d’opération de fouille préventive. Marseille : Inrap Méditerranée, 2018, 328 p.
Vasseur 1903 Vasseur G., « Note préliminaire sur l'industrie ligure en Provence au temps de la colonie grecque, Annales de la Faculté des Sciences de Marseille », XIII, 1903 J.-P. Tennevin, Le Baou-Roux, Oppidum celto-ligure, cahier no 1, « Association les Amis d'Entremont et du Pays d'Aix antique », Aix, 1972.
Notes de bas de page
Auteurs
Inrap, Marseille, France
Aix Marseille Université, CNRS, LA3M, UMR 7298, Aix-en-Provence, France
Inrap, Marseille, France
Inrap, Marseille, France
Aix Marseille Université, CNRS, CCJ, UMR 7299, Aix-en-Provence, France
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