Regards croisés sur une pratique funéraire marginale à Reims aux iiie-ive s. de n. è. : études archéo-anthropologique, isotopique et paléogénomique
p. 229-254
Résumés
Reims, capitale de la province de Gaule Belgique, est délimitée par un large fossé aux abords duquel, des découvertes anciennes mentionnent plusieurs nécropoles. Ces nécropoles sont fréquentées même lorsque les contours de la ville se rétractent derrière une enceinte plus réduite à la fin du iiie – début du ive s. de n. è. Parallèlement, la découverte d’une soixantaine de tombes dispersées entre ces deux enceintes, dans des contextes du Bas-Empire où le démantèlement et la récupération de matériaux sont intenses questionne l’apparition de cette pratique marginale. Est-elle en lien avec le statut des défunts, des travailleurs venus participer à l’édification de l’enceinte tardo-antique ?
Afin de nourrir notre problématique, les résultats purement anthropologiques ont été croisés avec ceux des analyses biomoléculaires (isotopiques et génomiques). L’approche isotopique a révélé globalement des différences de comportements alimentaires entre les deux groupes funéraires, avec une diversité alimentaire plus importante pour les défunts inhumés en tombes dispersées, qui pourrait être liée à leur origine géographique attestée par l’analyse génétique. L’origine autochtone de certains sujets et l’ancienneté de cette pratique funéraire originale mise en évidence par une modélisation chronologique démontrent que l’origine exogène des sujets ne serait peut-être pas le seul facteur explicatif.
Reims, as the capital of the province Gallia Belgica, is bounded by a wide moat around which several necropolises are mentioned in ancient finds. These necropolises were frequented even when the city's outlines shrank behind a smaller enclosure at the end of the 3rd or at the beginning of the 4th century CE. At the same time, the discovery of about sixty tombs scattered between these two enclosures, in Late Antiquity contexts where dismantling and recovery of materials were intense, raises questions about the appearance of this marginal practice. Is it related to the status of the deceased, workers who came to participate in the construction of the Late Antiquity enclosure?
In order to address our problem, the purely anthropological results were crossed with those of biomolecular analyses (isotopic and genomic). The isotopic approach revealed overall differences in dietary behaviour between the two funerary groups, with a greater dietary diversity for the deceased buried in scattered tombs, which could be linked to their geographical origin as attested by the genetic analysis. The autochthonous origin of certain subjects and the antiquity of this original funerary practice highlighted by chronological modelling demonstrate that the exogenous origin of the subjects might not be the only explanatory factor.
Entrées d’index
Mots-clés : déconstruction, friche, inhumation, recrutement, état sanitaire, régime alimentaire, étude paléogénomique
Keywords : dismantling of Early Empire elevations, burial spaces, sanitary state, funerary admission, diet, paleogenomic study
Texte intégral
Introduction
1Dans la seconde moitié du xixe s., lors de travaux d’extension de la ville de Reims, alors en plein développement industriel et démographique, les recherches archéologiques mettent en évidence les contours de l’enceinte dite « augustéenne » ainsi que de nombreuses nécropoles. L’engouement est tel qu’en 22 années de recherches, 5 000 tombes sont explorées (Chevalier 2005) ! Ces nécropoles tardo-antiques touchant l’enceinte avec une expansion vers l’extérieur donnent à voir une organisation complexe du paysage funéraire urbain. Parallèlement, depuis le début des années 1990, une soixantaine de tombes ont été découvertes, au coup par coup, dans des contextes du Bas-Empire où le démantèlement et la récupération de matériaux sont intenses. Ces découvertes de tombes au sein de quartiers du Haut-Empire devenus friches, avec un nombre de tombes par site assez restreint n’ont pas manqué de soulever des interrogations, sur le statut des individus inhumés : sont-ils des travailleurs venus participer aux grands travaux de la ville et notamment à l’édification de l’enceinte tardo-antique ? Ou bien y-a-t-il une évolution des pratiques funéraires qui autorise une transgression des tombes dans l’espace des vivants devenu friche ? Des découvertes récentes ont permis de doubler ces corpus de tombes isolées interrogeant la concomitance de l’expression de ces deux modalités funéraires très différentes au sein de la ville antique rémoise alors en plein remodelage. Basé sur un travail collectif mené depuis plusieurs années (Sindonino et al. 2016), et à partir d’une approche résolument pluridisciplinaire, l’objectif de cette recherche vise à cerner les facteurs qui ont motivé l’usage de ces différentes pratiques funéraires. C’est également à la question de l’origine sociale, culturelle et géographique des sujets inhumés dans ces contextes de démolition que le présent article souhaite répondre. Dans cette perspective, une reprise de l’étude de l’ensemble des données archéologiques et historiques contextuelles a été réalisée conjointement à une étude anthropologique des défunts dans leur composante funéraire, biologique et démographique, une étude des pratiques alimentaires à partir des marqueurs isotopiques (δ13C, δ15N) et une étude de l’origine géographique et des affinités génétiques des défunts à partir de l’ADN ancien (approches paléogénétique et paléogénomique).
1. Les nécropoles péri-urbaines
1.1. Topographie
2Reims, lorsqu’elle était capitale de la province de Gaule Belgique s’étendait sur 600 ha. C’est dans la seconde moitié du xixe s., lors de travaux d’extension de la ville, alors en plein développement industriel et démographique, que les travaux mettent en évidence les contours de son enceinte dite « augustéenne » ainsi que ceux des nécropoles associées au débouché des 7 voies connues pour cette période (Boulogne, Soissons, Paris, Lyon, Trèves, Cologne, Bavay ; fig. 1). Au total, ces travaux révèleront un nombre impressionnant de tombes, plus de 5 000 tombes.
3Les bombardements de la ville au cours de la Première Guerre Mondiale entrainent la disparition de la totalité du mobilier et d’une grande partie de la documentation associée (Moine 2015). Les abords de la ville vont rester, pendant des décennies, protégés par les constructions du début du xxe. Par conséquent, nous devons admettre une certaine méconnaissance des morts de l’époque romaine à Reims outre la topographie des tombes.
4C. Chevalier (2005) a entrepris une grande synthèse des fouilles anciennes et a dressé un plan en relocalisant ces découvertes et en proposant leur aire d’extension possible. En l’état 9 nécropoles peuvent être mentionnées sur d’importantes surfaces (de moins de 1 ha à 7,5 ha). Elles sont placées aux abords du fossé de la grande enceinte. La reprise des données semble indiquer que ces dernières touchent l’enceinte, les tombes les plus anciennes étant collées à cette dernière, l’expansion s’organisant vers l’extérieur. Cette image du paysage funéraire péri-urbain s’avère régulièrement remise en cause par les fouilles récentes.
1.2. Chronologie
5Les antiquaires de la fin du xixe siècle ont creusé des tranchées au sein des sites et ont effectué des sondages de prélèvement de mobilier qui ont eu pour conséquence la perte d’une quantité indéterminée de mobilier et surtout la méconnaissance des contextes d’enfouissement du mobilier retrouvé (Chossenot et al. 2010). Pour autant, il ressort de ces découvertes anciennes que le fonctionnement des nécropoles du Haut-Empire ne cesse pas malgré la rétractation des contours de la ville à la fin du iiie siècle. Les nécropoles tardo-antiques ont tendance à s’implanter dans la continuité des espaces sépulcraux du Haut-Empire (nécropoles de la Haubette et du Chemin de Courcy) et à progresser par-delà le fossé de l’enceinte en direction du cœur de la ville (Fosse-Pierre-La-Longe). Seule la nécropole de Laon, non accolée au bord de l’enceinte, évolue en direction de l’extérieur de la ville.
1.3. Apports de l’archéologie préventive
6Les fouilles récentes ont pu de nouveau aborder ces zones péri-urbaines de la ville antique ainsi que l’espace compris entre les deux enceintes. Une belle fenêtre d’observation pour notre problématique se trouve dans le quart nord-est de la ville.
7La fouille du 43, rue de Sébastopol (Thomann, Péchart 2013) en 2008, a été une occasion unique d’observer sur une grande surface le paysage funéraire aux abords de l’enceinte. Malgré là encore un fort impact des explorations du xixe siècle, la fouille a permis de constater que le fonctionnement de la nécropole a débuté au dernier quart du ier siècle de n. è. pour se terminer au dernier quart du ive siècle, avec un simple hiatus au iie s. de n. è., soit que la fréquentation de la nécropole n’a pas cessé au moment de la rétraction des contours de la ville à la fin du iiie siècle. Mais surtout, le fossé de l’enceinte ainsi que l’aire interne immédiatement accolée semblent colonisés très tôt par les vestiges funéraires montrant une perte d’importance très précoce des limites de la ville comme barrage entre monde des morts et monde des vivants.
8Le recollement des différentes opérations archéologiques montre également que le fossé de la grande enceinte n’attire que ponctuellement une grande densité de tombes sur son aire interne autant qu’externe (fig. 2). En progressant en direction du cœur de l’ancienne ville du Haut-Empire, un réseau de fossés plus ou moins larges, connus sous forme de tronçons seulement, permet de mettre en évidence une structuration de l’espace, probablement sous la forme d’enclos, avec des zones de forte concentration de sépultures et d’importantes zones non dévolues à l’activité funéraire. L’un de ce fossés, observé Rue Dérodé (Stocker 2003) accueille dans son comblement terminal des nouveau-nés inhumés en contenant céramique.
1.4. Attraction du decumanus au ive s. de n. è.
9Le plan général de ce quart nord-est de la ville donne l’image, à l’intérieur de l’enceinte précoce, de zones quasiment vierges d’occupation avant l’implantation des tombes (fig. 2). Les données chronologiques manquent dans la mesure où seule une parcelle a été abordée par la fouille, et ce partiellement, Bd Jamin (Sindonino 2001). Pour autant, ce repli d’une partie des tombes dans l’aire interne de la ville peut être daté du ive s. de n. è. à 150 m donc au N du decumanus, une petite centaine de tombes réparties entre le boulevard Jamin et la rue Prieur de la Marne (Stocker 2007 ; Lefils 2008 ; Bouquin 2012) montre pour la première fois à Reims une organisation de fosses en rangées assez régulières, avec seulement quelques recoupements. Il s’agit de sépultures aux dimensions imposantes pouvant aller jusqu’à 2,5 m de profondeur.
1.5. Pratiques funéraires
10Au 43, rue de Sébastopol, les incinérations de l’aire interne de l’enceinte sont attribuées à la fin du ier s. av. J.-C. jusqu’au ier s. ap. J.-C. tandis que celles déposées dans le fossé cohabitent avec les inhumations dès le milieu du iie s. jusqu’au ive s. de n. è. Il s’agit de dépôts en vase ossuaire contenant une petite quantité d’ossements et très peu de mobilier.
11Les voies de communication sur lesquelles elles semblent s’aligner pourraient donc primer sur les limites de la ville. On notera qu’aucune incinération n’a été mise en évidence dans l’espace des tombes organisées en rangées.
2. Les sépultures dispersées entre deux enceintes
2.1. Corpus
12Depuis le début des années 1990, une soixantaine de tombes a été découverte, dans des contextes du Bas-Empire où le démantèlement et la récupération de matériaux sont intenses (fig. 3). Précisons ici que la ville de Reims repose sur un substrat crayeux peu propice aux constructions d’envergure et qu’il est donc nécessaire d’aller chercher à plusieurs dizaines de km les matériaux de construction que sont les pierres. De tout temps à Reims ces éléments ont donc été récupérés et remployés.
13Si ces découvertes de tombes au sein de quartiers du Haut-Empire devenus friches n’ont pas manqué de soulever des interrogations, puisque des textes antiques insistent sur la stricte séparation qui doit exister entre le monde des morts et celui des vivants, le nombre de tombes par site étant finalement assez restreint, aucune synthèse n’avait été engagée. En 2007/2008, les nouvelles découvertes sur les secteurs 4 et 5 de la fouille du Tramway ont été l’occasion d’en dresser l’inventaire (de 40 au début de l’étude, on a presque multiplié le corpus par 2 en à peine 10 ans) et surtout de rouvrir la discussion sur leur place dans l’organisation de la ville alors en plein remodelage. Une première hypothèse de travail émerge alors : ces individus sont des ouvriers venus à Reims pour participer à une grande campagne de récupération de matériaux visant à l’édification de l’enceinte tardive datée selon les auteurs soit de la fin du iiie-début du ive siècle, soit du 2e 1/3 du ive siècle. En effet, l’ouvrage est imposant avec ses 3 km de long (englobant 55 ha), son mur en pierre précédé de larges fossés et ses tours. Le volume de matériaux nécessaires à sa construction est évalué à environ 110 000 m3 (Neiss, Sindonino 2004).
2.2. Chronologie
14Face à la masse de documentation à réexaminer, un projet de recherche pluridisciplinaire est engagé en 2012 (Thiol et al., en cours). Une campagne de datations par le radiocarbone est tout d’abord réalisée, menant à l’exclusion du corpus de 3 individus seulement. Les autres dates montrent un ensemble chronologiquement cohérent, resserré autour du 2e 1/3 du iie siècle ap. J.-C. jusqu’au 1er 1/3 du ve siècle (fig. 4). Or, cette période est caractérisée par une courbe de calibration qui ne décroit pas régulièrement mais présente des fluctuations formant des paliers qui élargissent les fourchettes de datation. La stratigraphie et les datations propres au mobilier associé ont alors été injectées pour affiner ces résultats radiométriques larges en statistique bayésienne par l'intermédiaire du logiciel ChronoModel. La fourchette de datation se resserre ainsi entre le milieu du iiie s.et le premier tiers du ve s. Dès lors, il est apparu que ce phénomène funéraire ne pouvait être lié exclusivement au projet de l’édification de l’enceinte tardive.
15Ayant sélectionné les individus, il a été décidé d’en reprendre les données biologiques et taphonomiques pour les fouilles les plus anciennes afin de pouvoir confronter les 2 sous-groupes issus de l’aire comprise entre les deux enceintes et de la frange péri-urbaine.
2.3. Recrutement
16Sur les 58 individus recensés entre les deux enceintes seuls 47 ont pu être revus. De même, sur les 76 squelettes issus des nécropoles péri-urbaines, seuls 61 ont été accessibles pour notre étude. Il existe donc un déséquilibre numérique entre ces deux sous-groupes. Par ailleurs, en termes de recrutement, un sérieux manque de sujets immatures est discernable dans l’espace compris entre les 2 enceintes : 11 sujets entre 0 et 19 ans pour 36 adultes (tabl. 1). Enfin, le recrutement fait la part belle aux sujets masculins1, quelle que soit la classe d’âge considérée alors que les adolescentes et les femmes âgées sont absentes du corpus (tabl. 2). Certains sites comme ceux du Bd Joffre, de la Ligne 1 du Tramway ou de la Rue Maucroix n’accueillent que des tombes masculines.
Tableau 1. Répartition par âge des individus des deux sous-groupes.
0-1 an | 1-4 ans | 5-9 ans | 10-14 ans | 15-19 ans | 20-30 ans | 30-50 ans | plus de 50 ans | de taille adulte | |
Sépultures entre les deux enceintes | 3 | 1 | 2 | 1 | 4 | 16 | 16 | 4 | 14 |
Nécropoles péri-urbaines | 22 | 4 | 4 | 4 | 7 | 9 | 10 | 1 | 16 |
Tableau 2. Répartition sexuelle des individus des deux sous-groupes.
Homme | Femme | |||||||
15-19 ans | 20-30 ans | 30-50 ans | plus de 50 ans | 15-19 ans | 20-30 ans | 30-50 ans | plus de 50 ans | |
Sépultures entre les deux enceintes | 4 | 10 | 11 | 2 | 0 | 4 | 3 | 0 |
Nécropoles péri-urbaines | 1 | 2 | 5 | 0 | 1 | 2 | 4 | 0 |
2.4. Pratique funéraire
17Les inhumations en zone de friche bénéficient du même soin qu’en zone péri-urbaine et les passerelles sont nombreuses entre ces deux contextes. Ainsi, quelle que soit la zone funéraire élue, on constate que le phénomène de l’enchytrisme est pratiqué pour les sujets décédés avant l’âge de 1 an. Passé ce stade, l’inhumation en contenant rigide est privilégiée avec une majorité de cercueils cloués (tabl. 3 à 5). À ce stade, on peut seulement relever qu’il n’y a jamais eu de lit de plâtre dans les cercueils intra-muros et que, homme ou femme, quelle que soit leur tranche d’âge, peuvent bénéficier de cet aménagement dans le cercueil.
Tableau 5. Milieux de décomposition des sujets de taille adulte non sexués en fonction des contextes de découverte.
de taille adulte | ||||
espace vide indéfini | cercueil cloué | indet | espace colmaté | |
Sépultures entre les deux enceintes | 2 | 2 | 6 | 0 |
Nécropoles péri-urbaines | 0 | 4 | 11 | 1 |
18Par ailleurs, l’enveloppement du corps en zone de friche ne semble ni associé à un sexe ni spécifiquement à une tranche d’âge alors qu’au sein des nécropoles péri-urbaines il est dans 4 cas sur 5 associé à un grand adolescent et pour le 5e cas à une adulte jeune.
19Le mobilier d’accompagnement, supposé très riche d’après les comptes rendus des explorations de la fin du xixe s et du début du xxe (Chossenot et al. 2010)2, s’est avéré beaucoup plus modeste dans la centaine de tombes tardo-antiques fouillées au sein des nécropoles périphériques dans le cadre préventif puisqu’on dénombre seulement : 13 monnaies, 2 gobelets ainsi qu’1 cruche et 1 creuset miniature en céramique, 1 bague en fer, 1 élément de serrure, 1 clef en os, 1 clochette en alliage cuivreux, 5 paires de chaussures… mais pas de dépôts de verre ni d’armes…Trois dépôts alimentaires sous la forme d’œufs en l’occurrence peuvent aussi être mentionnés. Enfin, la présence de chaussures est attestée dans 5 tombes.
20Les tombes comprises entre les deux enceintes présentent également un peu de mobilier associé. Celui-ci apparait plus diversifié avec : 1 boucle avec plaque et 2 boucles de ceinture en alliage cuivreux dont une avec anneau et 1 boucle avec ferret en alliage cuivreux ; 2 fibules en alliage cuivreux ; 1 boucle d'oreille en alliage cuivreux ; 2 bracelets en alliage cuivreux ; 1 bague en corail et 1 en alliage cuivreux ; 4 paires de chaussures ; 4 gobelets et 1 cruche en céramique ; 1 bouteille en verre ; 5 monnaies dont une percée ; 1 manche de couteau en os et alliage cuivreux et 2 couteaux en fer ; 1 maillon de chaine en fer ; 2 anneaux et 2 boucles en alliage.
21La majorité ou un grand nombre de tombes datées alors du iiie s. ap. J.-C. mentionnent la présence de sarcophages en plomb ou en pierre, de bas-reliefs, de stèles funéraires. Force est de constater là encore que nous n’avons jamais eu l’occasion de faire de telles découvertes depuis.
3. Apports des analyses isotopiques et paléogénomiques
22Afin de nourrir notre problématique, les résultats archéo-anthropologiques ont été croisés avec ceux des analyses biomoléculaires. Ainsi, 82 échantillons isotopiques et 46 paléogénomiques ont été effectués sur des individus issus des deux contextes (« intra-muros » et péri-urbain) afin de caractériser leur régime alimentaire, leur origine géographique et leurs affinités génétiques. Les résultats présentés ici concernent les individus inhumés Place d’Erlon et Rue Maucroix.
3.1. Deux sites au recrutement spécifique
3.1.1. Place d’Erlon
23En 1992, la fouille située Place d’Erlon a livré les vestiges d’une portion de fossé de l’oppidum et d’un quartier de la ville du Haut-Empire avec trois rues et des habitations (Rollet, Balmelle 1994). Les inhumations sont implantées alors que le quartier urbain est abandonné depuis probablement peu de temps. Deux voire trois groupes distincts de tombes apparaissent (fig. 5). Les sépultures du groupe nord prennent place, pour la quasi-totalité d’entre elles, au sein de deux tranchées de récupération de mur parallèles, incisant à deux reprises la fondation en craie de l’ancien mur alors disparu. Ces tombes sont accompagnées d’une inhumation double de chevaux installés tête-bêche. Le second groupe, situé au centre de la fouille, est constitué de tombes d’orientations diverses, quoiqu’assez proches, installées dans les niveaux de démolition de l’habitat antérieur. Un recoupement est observé entre deux tombes témoignant d’une succession assez longue dans le temps pour aboutir à une perte de la mémoire des contours de la première. Enfin, deux tombes isolées sont localisées dans la partie sud du chantier. Elles aussi recoupent les couches de destruction et, pour l’une d’elle, une tranchée d’épierrement.
24En termes de recrutement, le site de la Place d’Erlon est le seul qui présente autant de sujets immatures et un équilibre numérique entre hommes et femmes. Une première étude dans les années 90 avait révélé des pathologies invalidantes et des traces de violence sur les squelettes en dressant le tableau d’une population de marginaux n’ayant pas accès aux soins. Cette première approche est actuellement remise en cause.
3.1.2. Rue Maucroix
25La parcelle fouillée rue Maucroix en 2004 a livré les vestiges d’une voie romaine, d’un grand ilot contenant des habitations du Haut-Empire et d’un grand horreum (Rollet et al. 2009). Huit inhumations clôturent l’occupation de ce site pour la fin de l’Antiquité (Fig. 6). Deux sont installées dans des tranchées de récupération. Une autre se trouve dans le remblai de destruction d’un hypocauste tandis qu’une seconde incise à la fois ce remblai et la tranchée de récupération d’un mur. Trois autres sont disposées parallèlement dans le remblai d’abandon de l’horreum délaissé dès le milieu du iie s. La dernière fosse sépulcrale, vide, est placée dans une couche de remblai antérieure et à même la craie géologique. Sur ce site, des indices de fréquentation au cours de la seconde moitié du ive s (monnaie, sigillée décorée à la molette) sont présents dans au moins une couche postérieure aux tombes.
26Tous les individus inhumés sur ce site sont de sexe masculin : 3 sont des adultes jeunes, 3 ont autour de 30 ans et 2 appartiennent à la classe 30-50 ans.
3.2. Pratiques alimentaires tardo-antiques rémoises
3.2.1. Contexte et approche méthodologique
27Dans le but de caractériser culturellement et biologiquement les sujets inhumés dans les deux contextes funéraires décrits précédemment (nécropoles péri-urbaines vs sépultures entre les deux enceintes) au travers de leur alimentation, une analyse isotopique a été entreprise. Elle vise à caractériser la nature des protéines consommées grâce à l’analyse des ratios isotopiques du carbone et de l’azote dosés dans la fraction organique du tissu osseux. Cette étude a été réalisée sur 82 sujets, des deux sexes, de tous les âges, soit 38 individus inhumés dans des nécropoles péri-urbaines et 44 issus des sépultures dispersées entre les deux enceintes. Relativement à ces dernières, deux sites en particulier sont explorés dans cet article : le site de la Place d’Erlon (n=20) et celui de la rue Maucroix (n=8).
28S’appuyant sur le fractionnement isotopique prédictible entre l’alimentation et les tissus des consommateurs (Bocherens, Drucker 2003), l’analyse des ratios de δ13C et δ15N, dits isotopes « traditionnels », sont des marqueurs pertinents pour évaluer les relations entre les différents acteurs d’une chaine alimentaire et identifier la contribution préférentielle d’une ressource dans l’alimentation des humains. Les signatures de δ13C rendent compte de la source alimentaire du carbone et par conséquent du type d’environnement dans lequel l’homme s’approvisionne en ressources (terrestre/aquatique, ouvert/fermé) et celles de δ15N renseignent la position trophique des humains dans leur chaine alimentaire permettant d’estimer la contribution des protéines animales versus végétales dans leur alimentation (Herrscher, Goude 2015). Toutefois, l’interprétation des ratios isotopiques humains (δ13C et δ15N) est possible, si et seulement si, au préalable, la variabilité isotopique des ressources alimentaires est connue pour la région et la période de la population humaine étudiée. En effet, des variations locales de l’environnement, du climat, tout comme certaines pratiques agricoles (utilisation d’engrais, l’irrigation) ont un impact sur les caractéristiques isotopiques du couvert végétal et des plantes cultivées qui se transmettent successivement dans les tissus des consommateurs, comme les herbivores et les omnivores jusqu’aux humains (van der Merwe, Medina 1991 ; Rodière et al. 1996 ; Herrscher, Le Bras-Goude 2010 ; Goude, Fontugne 2016). Afin de s’affranchir de cette limite inhérente aux approches isotopiques et rendre robustes les interprétations, un référentiel isotopique documentant la variabilité isotopique des ressources alimentaires locales a spécifiquement été établi pour la période antique dans la région rémoise. Il repose sur l’analyse de 54 spécimens animaux, soit 35 spécimens domestiques et 19 sauvages. Seule la comparaison entre les valeurs humaines et celles des ressources identifiées localement permet d’inférer sur la contribution d’une ressource alimentaire en particulier.
29Techniquement, les collagènes osseux ont été extraits à partir d’une poudre d’os de 7 mm de granulométrie. Le protocole utilisé est celui décrit dans Herrscher et collaborateurs 2018a. Tous les échantillons ont révélé des collagènes bien conservés répondant aux normes classiquement admises (Rendement d’extraction>10 mg.g-1, %N>11%, %C>30% et 2.9<C/Na<3.6 ; Ambrose 1990 ; DeNiro 1985 ; van Klinken 1999 ; Annexes 1 et 2). La précision analytique des rapports isotopiques, calculée à partir de l’analyse répétée d’échantillons archéologiques et de standards (Szpak et al. 2017), est de 0,1 ‰ pour les valeurs de δ13C et de 0,2 ‰ pour celles de δ15N.
3.2.2. Résultats et discussion
Référentiel local des ressources alimentaires
30Les résultats obtenus sur la faune montrent un regroupement des valeurs isotopiques selon les espèces, confirmé par l’analyse statistique (fig. 7A, tabl. 6, Annexe 1). Les groupes isotopiquement « distincts » sont la viande de volaille, avec des valeurs significativement plus hautes de δ13C et de δ15N (-21 à -19,3 ‰ et 7,2 à 10,1 ‰, n=4), la viande de bœuf avec des valeurs de δ13C (-22,4 à -21,8 ‰, n=6) plus hautes que la viande de chèvre/mouton (-21,7 à -20,5 ‰, n=10), elle-même plus hautes que celles de la viande de lièvre (-23,7 à -20 ‰, n=6). La viande de porc présente deux groupes distincts, l’un avec des valeurs hautes de δ15N et l’autre avec des valeurs appauvries en 15N et enrichies en 13C (fig. 7B). Cette distribution en 6 « groupes » pourrait refléter des tendances alimentaires discernables dans les valeurs humaines (fig. 7C).
Pratiques alimentaires tardo-antiques
31Les humains, considérés tous ensemble, présentent des valeurs de δ13C comprises entre -20,6 et -16,5 ‰ (-19,5 ± 0,5 ‰, n=82) et des valeurs de δ15N entre 7,7 et 12,4 ‰ (10,0 ± 1,0 ‰ ; tabl. 6, Annexe 2). Cette distribution des valeurs isotopiques apparait large indiquant des régimes alimentaires contrastés et variés entre les sujets, qu’ils s’agissent de la nature des environnements dans lesquels ils ont puisé les ressources alimentaires, tout comme la quantité de protéines qu’ils ont dû consommer (fig. 8A). Certains sujets humains présentent des valeurs de δ15N comparables à celles des herbivores (entre 6 et 8 ‰) suggérant une consommation, très faible voire nulle, de protéines animales, pour au moins un tiers des sujets. Pour ces sujets, la consommation d’aliments de plus faible niveau trophique peut être proposée, comme (1) celle du petit gibier, et notamment le lièvre, dont les valeurs isotopiques mesurées ici conforte cette hypothèse ou (2) celle de légumineuses (Herrscher et al. 2018b). Les légumineuses sont mentionnées à cette période par les données botaniques dans le nord de la France (Lepetz et al. 2002 ; Lepetz, Matterne 2003). En revanche, les viandes de bœuf, de cochon et de volaille semblent avoir été peu consommées relativement à la viande de cochons (appauvrie en 15N) et celle de chèvres/moutons. Les faibles valeurs de δ15N réfutent la consommation de ressources aquatiques qu’il s’agisse de poissons d’eau douce ou de mer. Seul un sujet en marge des autres (-16,5 ‰ ;12,4 ‰) serait un consommateur de ressources marines.
Pratiques alimentaires, contexte funéraire, statut social
32L’analyse des données isotopiques selon les pratiques funéraires montre des différences avec une dispersion plus large pour les sujets dont les sépultures sont réparties entre les 2 enceintes (fig. 8B) et des valeurs de δ15N significativement plus hautes pour certains d’entre eux, expliquant la différence significative observée entre les deux groupes (10,2 ± 1,2 ‰, n = 44 versus 9,7 ± 0,7 ‰, n = 38 ; p-valeur = 0,013 ; fig. 8B). Ce résultat reflète des pratiques alimentaires nettement plus variées pour ces sujets relativement aux sujets regroupés dans les nécropoles péri-urbaines. Si le statut social « plus favorisé » des sujets péri-urbains, est avéré sur la base d’argument archéologiques/historiques, alors ces résultats attesteraient d’une norme alimentaire plus prégnante. Les sujets péri-urbains partageraient soit des goûts alimentaires/culturels, soit un accès aux ressources dans les mêmes réseaux de production et de circulation.
3.3. Analyses paléogénomiques
33Depuis une quinzaine d’années, les avancées technologiques en matière de séquençage à haut-débit ont permis l’obtention de plusieurs milliers de génomes d’individus anciens dont une grande majorité ont permis de documenter l’histoire récente de l’Europe depuis le Paléolithique jusqu’à l’âge du Fer (pour revue cf : Olalde, Posth 20204). Grâce aux études paléogénomiques, il est ainsi possible de retracer des événements de migration, d’établir l’origine des individus, leur sexe, certains caractères physiologiques ou physiques (digestion du lait, pigmentation de la peau…) mais aussi les liens de parenté. Dans le contexte de Reims à la fin de l’Antiquité, l’ADN ancien offre la possibilité de rechercher l’identité génétique des sujets inhumés de part et d’autre des limites de la ville. Une étude a été menée dans le cadre du projet Ancestra (ANR JCJC 15-CE27-0001, coord : M. Pruvost) sur un corpus de 46 sujets dont 29 provenaient de l’intérieur de la ville et 17 de nécropoles péri-urbaines. Seuls les résultats obtenus pour les individus de la Place d’Erlon (17 sujets) et de la rue Maucroix (5 sujets) seront discutés en détail ici mais les résultats de l’ensemble des individus seront utilisés comme comparaison ainsi que les résultats obtenus sur d’autres sites français de la fin de l’Antiquité analysés dans le cadre du projet Ancestra.
3.3.1. Méthodes
Prélèvement
34Dans le cadre de cette étude, tous les prélèvements ont été réalisés au niveau de la partie pétreuse de l’os temporal. C’est une zone très dense qui favorise la conservation de l’ADN et est moins sensible aux contaminations (Gamba et al. 2014). Les prélèvements ont été effectués en « salle grise » au sein de la plateforme de paléogénétique de l’UMR PACEA, à l’aide d’une dremel, afin de limiter les risques de contaminations par de l’ADN moderne.
Extraction, purification et construction des banques d’ADN ancien
35Toutes les étapes d’extraction, de purification et de préparation des mélanges réactionnels ont été réalisées dans un laboratoire de haut-confinement en employant une procédure de prévention des contaminations d’une extrême rigueur (Champlot et al. 2010).
36L’extraction de l’ADN a été réalisée selon le protocole décrit dans Brunel et al. 2020, dans lequel deux étapes de pré-digestion et digestion en présence de protéinase K et d’agents chaotropiques (EDTA) permettent de solubiliser l’ADN présent dans la poudre d’os et de maximiser la quantité d’ADN endogène potentiellement présent. L’ADN a ensuite été purifié selon un protocole adapté à partir du kit QIAquick Gel (Qiagen ; Gorgé et al. 2016) grâce à une colonne de silice. Une fois l’ADN ancien extrait et purifié, des banques d’ADN ont été préparées à partir des extraits pour pouvoir ensuite être séquencées via la méthode NGS (séquençage haut-débit) sur le NextSeq 500 de la plateforme de séquençage de l’IRBA (Institut de Recherche Biomedicale des armées, Paris). La préparation de ces banques est composée de multiples étapes selon un protocole adapté pour l’ADN ancien (adapté de Brunel et al. 2020). Il consiste à fixer aux deux extrémités de chaque molécule d’ADN des séquences nucléotidiques (adaptateurs) qui permettront de fixer l’ADN sur la « flowcell » et d’amorcer le séquençage selon la méthode illumina (NextSeq 500). Les données issues du séquençage haut débit sont nettoyés puis filtrés avant d’être aligné sur le génome humain de référence hs37d5 (pipeline EAGER ; Peltzer et al. 2016). La proportion de séquences alignées sur le génome humain de référence par rapport au nombre total de séquences obtenues pour chaque individu permet d’estimer le taux d’ADN endogène préservé dans ces échantillons.
Authentification des séquences et détermination du sexe
37L’ADN endogène humain ainsi identifié présente des caractéristiques comme une fragmentation importante et la modification de certains nucléotides qui sont liés aux processus de dégradation post-mortem et permettent ainsi son authentification (mapDamage 2.0 ; Jónsson et al. 2013). La détermination du sexe biologique des échantillons repose sur deux critères : la présence de séquences d’ADN spécifiques du chromosome X ou Y, et la quantité de séquences d’ADN s’alignant au chromosome X, par rapport à celle s’alignant sur les autosomes (chromosomes non-sexuels). Les résultats obtenus pour les individus des sites d’Erlon et de Maucroix sont présentés dans le tableau 7 (Skoglund et al. 2013).
Tableau 7. Synthèse des résultats génétiques.
Code Labo | Site | Sépulture | Ossement | %ADN endogène | Sexe | Genome |
PDE517 | Place Drouet d’Erlon | 517 | Pétreux G | 16.443 | Masculin | oui |
PDE520 | Place Drouet d’Erlon | 520 (Us 628) | Pétreux G | 16.970 | Masculin | oui |
PDE522 | Place Drouet d’Erlon | 522 | Pétreux D | 20.040 | Feminin | oui |
PDE529 | Place Drouet d’Erlon | 529 | Pétreux D | 15.193 | Masculin | oui |
PDE530 | Place Drouet d’Erlon | 530 (Us 553) | Pétreux G | 30.621 | Masculin | oui |
PDE573 | Place Drouet d’Erlon | 573 (Us 577) | Pétreux D | 21.066 | Feminin | oui |
PDE601 | Place Drouet d’Erlon | 601 (Us 603) | Pétreux D | 37.083 | Masculin | oui |
PDE607 | Place Drouet d’Erlon | 607 (Us 608) | Pétreux G | 2.423 | Feminin | non |
PDE617 | Place Drouet d’Erlon | 617 | Pétreux G | 14.298 | Masculin | oui |
PDE620 | Place Drouet d’Erlon | 620 | Pétreux G | 57.132 | Feminin | oui |
PDE640 | Place Drouet d’Erlon | 640 (Us 641) | Pétreux D | 11.112 | Masculin | oui |
PDE664 | Place Drouet d’Erlon | 664 | Pétreux G | 47.795 | Feminin | oui |
PDE669 | Place Drouet d’Erlon | 669 | Pétreux D | 83.589 | Masculin | oui |
PDE681 | Place Drouet d’Erlon | 681 (Us 683) | Pétreux D | 31.562 | Feminin | oui |
PDE684 | Place Drouet d’Erlon | 684 (Us 686) | Pétreux D | 12.525 | Feminin | oui |
PDE730 | Place Drouet d’Erlon | 730 (Us 731) | Pétreux D | 21.414 | Feminin | oui |
PDE741 | Place Drouet d’Erlon | 741 | Pétreux G | 25.763 | Masculin | oui |
MAU38 | 6-8 rue Maucroix | 38 | Pétreux G | 13.411 | Masculin | oui |
MAU205 | 6-8 rue Maucroix | 205 | Pétreux G | 12.891 | Masculin | oui |
MAU206 | 6-8 rue Maucroix | 206 | Pétreux D | 10.067 | Masculin | oui |
MAU361 | 6-8 rue Maucroix | 361 | Pétreux D | 13.375 | Masculin | oui |
MAU483 | 6-8 rue Maucroix | 483 | Pétreux G | 8.168 | Masculin | non |
Relations de parenté
38Afin de rechercher des relations de parenté entre les individus, nous avons utilisé le logiciel READ (Relationship Estimation from Ancient DNA ; Monroy Kuhn et al. 2018) qui permet de déterminer de façon heuristique les liens de parenté jusqu’au deuxième degré à partir de génomes couverts à 0,1x.
Origine géographique et affinité génétique
39Les génomes à faible couverture obtenus pour 16 sujets de la Place d’Erlon et pour 4 sujets de la rue de Maucroix, ont été comparés aux données génomiques disponibles pour les groupes européens actuels (Panel HO Human Origin ; Patterson et coll. 2012) et pour les individus anciens contemporains publiés (Base de données de 1240 millions de marqueurs génétiques, SNPs, pour plus de 3000 individus) afin de discuter de leurs affinités génétiques. Une analyse en composante principale ainsi que des tests statistiques de type qpAdm ont été réalisés.
3.3.2. Résultats
40Le tableau 7 synthétise les résultats paléogénétiques obtenus pour cette étude avec le taux d’ADN endogène, le sexe génétique. Aucun lien de parenté n’a été détecté entre les individus sélectionnés pour être analysé au niveau génomique avec le logiciel READ. Seuls deux individus (PDE607 et MAU483) présentaient des taux d’ADN endogène insuffisant pour obtenir des génomes à faible couverture (avec une couverture moyenne de 0,1x) et ont été écartés des analyses.
41Les données génomiques obtenues pour les sujets inhumés à Reims à l’Antiquité ont été projetées sur une ACP construite avec plus de 600 000 marqueurs génétiques nucléaires à partir des populations modernes d’Eurasie (fig. 9).
42Les populations modernes utilisées pour construire cette ACP sont représentées en gris clair. Le sexe des individus est représenté par le symbole d’un cercle avec une flèche pour les individus masculins et un cercle avec une croix vers le bas pour un individu féminin.
43La majorité des individus forme un groupe assez homogène (groupe A) qui rassemble tous les individus des nécropoles péri-urbaines analysés et des individus inhumés à l’intérieur des limites de la ville. Ce groupe A correspond à la diversité génétique observée en France à l’Antiquité tardive (données inédites du projet Ancestra). Les individus qui le constituent peuvent donc être définis comme d’origine « locale ». Un second groupe (groupe M) se situe à l’opposé du graphique et correspond aux 4 individus masculins de la Rue Maucroix. Ces individus divergent donc au niveau génétique du groupe A. Entre ces deux groupes quelques individus, tous provenant de sites « intra-muros » présentent des affinités génétiques diverses. Si tous les individus de la Rue Maucroix semblent être d’origine exogène, la situation est très différente pour la Place d’Erlon. En effet, tous les sujets, à l’exception de PDE669, appartiennent au groupe A et ne se distinguent pas génétiquement des individus retrouvés sur d’autres sites français de l’Antiquité tardive. Cependant, il est possible de distinguer au sein du pool génétique français de l’Antiquité, des différences entre les individus provenant du Sud de la France (Occitanie) et du Nord /Est de la France (Grand Est et Hauts de France) représentées sur la figure 9 par des aires colorées. À partir de ces observations, deux individus PDE620 et PDE517 présentent des affinités génétiques plus fortes avec les populations d’Occitanie qui pourraient suggérer une origine méditerranéenne (sud de la France ou péninsule ibérique) pour ces 2 individus. Par contre rien au niveau génétique ne permet de distinguer les autres individus de la Place d’Erlon du pool génétique local.
44L’individu inhumé dans la sépulture 669 sur le site de la Place d’Erlon se distingue génétiquement du reste du groupe. Des analyses statistiques ont été réalisées pour essayer de déterminer son origine géographique. En l’état actuel des connaissances, il n’appartient à aucune population pour laquelle des données génomiques sont disponibles. Grâce à des analyses qpAdm, il a été possible de modéliser la composition génétique de cet individu à partir de deux populations : l’une représentant la diversité génétique à Rome à l’époque impériale (Italy-Imperial sur la figure 11) et l’autre représentant la diversité génétique de l’Afrique du Nord (Guanche sur la figure 11). Cet individu peut ainsi être modélisé par un métissage avec 43 % de romain et 47 % d’Afrique du Nord. Ce résultat pourrait être interprété comme un métissage entre ces deux populations mais aussi pourrait correspondre à une population qui se retrouverait génétiquement au croisement entre ces deux populations. Dans tous les cas, l’origine de cet individu est clairement exogène par rapport à Reims et pointe vers l’Est du bassin méditerranéen, l’extrémité orientale de l’Empire romain. Rien ne distingue cet individu des autres sujets au niveau du traitement funéraire ou de sa position au sein du site de la Place d’Erlon ce qui montre son intégration dans le groupe.
45Tous les individus du site de Maucroix analysés au niveau génétique appartiennent au groupe M et semblent assez homogènes ce qui suggère une origine commune. Comme pour PDE669, il n’est pas possible de déterminer l’origine exacte de ces individus mais leur composition génétique a pu être modélisée avec qpAdm comme un mélange majoritairement de population romaine (Italie impériale entre 71 % et 78 %) et d’Afrique du Nord (22-29%). De nombreuses hypothèses peuvent être envisagées pour expliquer cette origine lointaine commune ainsi que le fait qu’il n’y ait que des individus masculins inhumés sur ce site telles qu’une communauté de travailleurs spécialisés ou d’esclaves. Malheureusement l’absence d’éléments archéologiques particuliers dans ces sépultures ne permet pas d’approfondir ces hypothèses.
46Cette origine clairement lointaine de ces individus au niveau génétique ne permet par contre pas de connaître ni son lieu de naissance ou de vie contrairement aux analyses isotopiques du Strontium.
3.4. Analyse comparée des données isotopiques et paléogénomiques : le cas de la Place d’Erlon et de la rue Maucroix
47Les deux sites retenus ici, Place d’Erlon et rue Maucroix sont caractérisés par des contextes funéraires regroupant des sépultures dispersées entre les deux enceintes (Annexe 2.A). Pour le site de la Place d’Erlon, les 20 sujets montrent une large distribution des valeurs isotopiques avec un « regroupement » des individus selon la localisation de leur tombe (fig. 12). Une telle disposition pourrait suggérer des affinités culturelles plus importantes entre les sujets « central » et « sud », liées à une origine similaire, dont la nature reste à identifier, est-elle d’ordre familial ? génétique ? Pour les huit sujets de la rue Maucroix, il y a également une grande dispersion des valeurs de δ15N, qui pourrait indiquer une consommation opportuniste tant de viande de volaille, de cochon que de viande chassée (comme le lièvre), il est difficile d’envisager d’autres scénarios alimentaires, à ce stade de l’analyse.
48La comparaison entre les données isotopiques et génétiques montre, pour les sujets de la Place d’Erlon, une dispersion des sujets présentant une origine française, qu’elles soient de l’Est ou du Sud, qui se superpose à la variabilité isotopique globale décrite (fig. 12A). L’affinité génétique des 10 sujets identifiés « Est – France », des 2 « Sud – France » ne semble pas liée au regroupement évoqué selon la localisation des sépultures. Le sujet 669, dont l’origine est proche-orientale, aurait un régime alimentaire centré sur des ressources de bas niveau trophique, comme les sujets 522, 741 et 617-1, sans qu’il soit possible d’aller plus loin dans l’interprétation. Pour le site de la rue Maucroix, l’échantillon est certes réduit mais les quatre sujets masculins, ayant une origine identique de l’Est de la Méditerranée, partageraient une certaine proximité isotopique avec les valeurs de δ13C les plus basses. En outre, les valeurs isotopiques très proches des sujets 205 et 206 suggéreraient des pratiques alimentaires identiques (fig. 12B). Ce résultat interroge d’une part, la présence de migrants de 1re génération, porteur des caractéristiques environnementales de leur lieu d’origine, et, d’autre part, la présence de descendants de migrants qui auraient conservé des pratiques alimentaires identiques, témoignant de préférences pour des ressources similaires et/ou habitudes alimentaires, culinaires.
Conclusion
49Alors que, comme dans toutes les grandes villes du monde antique, Reims possède sur ses franges de grandes nécropoles, un petit nombre de tombes, sans organisation précise, mais identiques dans leurs pratiques à celles observées en zone péri-urbaine, colonise également des quartiers de la ville alors en pleine déconstruction aux iiie-ive s. Après un premier travail de recensement et de reprise des données biologiques, cette pratique « marginale » s’est affinée et de premières interprétations ont vu le jour. S’agissant en grande partie, et parfois exclusivement sur certains sites, de sujets masculins, ces individus ont été considérés comme des travailleurs de force attachés à la récupération de matériaux pour la construction de l’enceinte tardo-antique. Or, la datation par le radiocarbone d’une trentaine d’individus a permis de montrer pour partie l’antériorité de ce phénomène. Quasiment au même moment, les premiers résultats des analyses biomoléculaires ont montré leur plus grand opportunisme alimentaire et, pour certains, leur origine géographique lointaine. Sur la base de ces premiers résultats, il était possible d’envisager leur exclusion des nécropoles péri-urbaines en raison de leur origine, de leurs traditions. Mais, contre toute attente, l’étude du site de la Place d’Erlon a révélé la présence indifférenciée, sur le même site et parfois au sein d’une même tranchée de récupération de mur, d’autochtones et d’individus d’origine lointaine. Cette mise en lumière impose une nouvelle réflexion sur l’évolution des pratiques funéraires à la fin de l’Antiquité à Reims. Loin d’être péjoratif, révélateur d’une exclusion, ce phénomène est peut-être l’expression d’une réappropriation des nouvelles limites de la ville alors en plein remodelage par une société multiculturelle. C’est également un bel indice du rayonnement, de l’attractivité de Reims aux iiie- ive siècles.
Annexes
Bibliographie
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Annexe
Annexes
Notes de bas de page
Auteurs
Inrap, Reims, France
Aix Marseille Université, CNRS, Minist Culture, Lampea, UMR 7269, Aix-en-Provence, France
Inrap, Reims, France
Université de Bordeaux, CNRS, PACEA, UMR5199, Pessac, France
Université de Bordeaux, CNRS, PACEA, UMR5199, Pessac, France
Inrap, Reims, France
Inrap, Reims, France
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