Byzance, un État et une société monétarisés : usages et fonctions de la monnaie à Byzance (VIe-XVe siècle)
p. 175-189
Texte intégral
1Chacun connaît les trois fonctions assignées par Aristote à la monnaie et leur définition classique : moyen des échanges, mesure de la valeur et réserve de valeur. La tradition romano-byzantine telle que l’exprime Cassiodore est légèrement différente. Il met en effet dans la bouche de Théodoric s’adressant au Comte des Largesses sacrées du royaume ostrogoth les recommandations suivantes :
tu embellis cette libéralité qui est la nôtre : tu imprimes sur les métaux d’usage les traits de notre effigie et tu appelles la monnaie à rappeler notre règne aux siècles futurs.
Ô admirable organisation de nos ancêtres ! : l’image des princes dont la sagesse ne cesse de veiller pour tous, paraît elle aussi nourrir leurs sujets par le commerce.
2Dans cette conception impériale, la monnaie exerce donc la triple fonction d’instrument des libéralités du prince, d’expression de l’éternité de l’empire1, enfin de support du commerce. En Occident à la fin du Moyen Âge, on retrouve ces trois fonctions adaptées à la mentalité « franque » sous la plume d’un conseiller normand du roi de Navarre, Philippe d’Évreux, expliquant les raisons qui poussent un prince à faire monnaie :
Ou il la veut faire pour avoir honneur de ses mérites ou il la veut faire pour la nécessité que en a son peuple » (commerce) ou il la veut faire pour gagner pour la nécessité qu’il aura d’argent pour la guerre ou par autre nécessité…2
3Un Byzantin ne serait pas surpris de cette formulation plus brutale privilégiant le prestige immédiat au lieu de la mémoire éternelle, et substituant le gain du monarque à ses libéralités de la part d’un normand, « avide d’argent » comme tous les Francs (ou plus encore) si l’on en croit l’expérience et le jugement d’Anne Comnène sur la cupidité et la ruse de cette race3.
4Mais revenons à la conception impériale pour examiner tour à tour ces trois fonctions de la monnaie byzantine : expression de l’État, instrument des libéralités (distributions qui impliquent le prélèvement) mais aussi de toutes les dépenses publiques, instrument du commerce et des échanges.
La monnaie, expression de l’État
5La monnaie n’est que l’un des supports possibles4, mais elle est aussi l’un des plus répandus de l’image impériale. Quand un nouvel empereur inaugurait son règne, son image laurée (laurata)5 était envoyée dans chaque province où le peuple venait à sa rencontre en procession. L’image était alors encensée et faisait l’objet de toutes sortes de marques de vénération y compris la déclamation de panégyriques et cette vénération continua encore longtemps à Byzance. En effet l’image (quels que soient son support ou sa nature) a le même caractère sacré que l’empereur lui-même et doit recevoir le même culte. Le Livre des Cérémonies nous a conservé ainsi le récit de la réception par Léon Ier du portrait (ta laureata ou plus loin dans le texte hè eikôn) de l’empereur d’Occident Anthemius au cours de laquelle le préfet de la ville prononça l’éloge (enkômion) des deux empereurs, d’Orient et d’Occident) tandis que l’empereur ordonnait que les laureata soient envoyés dans tout l’empire (eis pasan tèn politeian)6.
« L’icône » de l’empereur sur la monnaie
6Le portrait romain – « les traits de l’effigie » selon Cassiodore – est devenu « l’icône » de l’empereur. Comme l’a montré Gilbert Dagron, la ressemblance personnelle n’est pas prioritaire7. Le corps immortel du souverain l’emporte désormais sur son corps naturel. En même temps que cette évolution idéologique, des facteurs techniques entrent en jeu : la diminution du relief par rapport aux monnaies romaines, la perte des capacités d’individualisation entraînée par le passage du buste de profil à la frontalité avec le buste aux trois quarts de face du Ve siècle et la frontalité totale à partir de Justinien en 538.
7L’éternité de l’empereur et sa relation directe avec la divinité est évoquée notamment par le nimbe d’origine solaire, emblème impérial depuis Dioclétien8, et conservé par les empereurs protobyzantins, comme sur la célèbre mosaïque de Saint-Vital de Ravenne et sur les monnaies d’argent du VIe siècle. Ce n’est plus la religion solaire mais la sainteté de l’empereur, celle de Constantin qui transmet à ses successeurs une sainteté générique qui fait de l’empereur « une icône de Dieu »9.
8Cet attribut disparaît au VIIe siècle mais toute une série d’autres survivent ou évoluent dans ce qui devient un portrait typologique codifié et christianisé de l’empereur qu’il serait trop long d’analyser ici10.
La piété impériale sur la monnaie
9L’empereur « icône de Dieu » est aussi une « icône de terre ». Reprenant la formule du Livre des Cérémonies : « celui qui régit la terre retourne à la terre », Basile Ier rappelle à son fils : « Tu es de la terre et tu retourneras à la terre » en ajoutant : « Tu es le despotès mais aussi le syndoulos des autres ». Le statut de l’empereur, serviteur et diacre de Dieu11 est illustré sur l’un des plus beaux témoins de la christianisation de la monnaie byzantine, la célèbre monnaie de Justinien II avec la légende Servus Christi et l’icône du Christ sur l’autre face. L’innovation resta sans lendemain, refusée par les successeurs de Justinien II12, et ne fut pas reprise avant le Triomphe de l’Orthodoxie en 843 où reparaît sur le nomisma de Michel III un buste du Christ âgé et barbu probablement copié sur celui de Justinien II.
10Mais la piété impériale se marque surtout par le Christ trônant, l’une des créations essentielles de l’art monétaire post-iconoclaste. Son importance fut ressentie par les contemporains qui baptisèrent senzaton – de sessos = trône – le nomisma de Basile Ier, la première émission à un type destiné sous diverses variantes à une carrière de plus de trois siècles. De même que Justinien II avait laissé le droit de la monnaie, c’est-à-dire la place d’honneur, au Christ, ici Basile Ier laissa le privilège du trône au Rex regnantium/basileus basileuontôn, de même qu’il avait accepté la couronne des mains du patriarche13. La référence à l’aide divine et à celle des archanges permet à Basile Ier d’évacuer ici en quelque sorte les entorses commises envers la morale et le principe dynastique (meurtre de Michel III)14, comme elle le permettra en d’autres occasions plus tard à Nicéphore Phocas ou à Michel VIII Paléologue.
11Dans ce dernier cas le nouvel hyperpère occulte d’autant mieux une prise du pouvoir contestable (mise à l’écart, puis assassinat de l’héritier légitime Jean IV Lascaris) qu’il célèbre un événement historique, la reconquête de Constantinople sur les Latins, en une création remarquable de l’art des Paléologues, qui propose une synthèse originale de plusieurs thèmes monétaires antérieurs (la Vierge, l’empereur, la Ville, l’archange). L’empereur rend ici à Dieu l’hommage que lui doivent ses sujets Et si Michel VIII, non sans arrière-pensées se contentait de s’incliner jusqu’aux genoux devant le Christ qui le bénit, son fils Andronic II, avec plus de sincérité sans doute, se prosterne jusqu’à terre sur ses hyperpères.
12Ces deux derniers exemples illustrent bien la spécificité du monnayage byzantin, le plus christianisé de toute l’époque médiévale, si on le compare à la croix stéréotypée des deniers occidentaux ou à la multitude de saints qui sont plutôt des emblèmes de cultes locaux que de véritables intercesseurs de la divinité. La monnaie était bien devenue une profession de foi que l’empereur « orthodoxe et fidèle en Christ » diffusait à ses sujets, notamment par ses libéralités.
La monnaie instrument des largesses et des finances impériales
13Par sa richesse, l’empereur byzantin est avec le Roi des rois perse, puis avec le calife de Bagdad, le plus puissant des souverains de son temps parce qu’il peut être le plus généreux. La conscience de cette puissance s’exprime au VIe siècle dans l’anecdote bien connue rapportée par Cosmas du marchand Sopatros devant le souverain de Ceylan, face à un concurrent perse :
Tu as les monnaies de deux rois… regarde l’image de chacun et tu verras la vérité… Le nomisma était d’or pur, brillant et de belle venue. La [drachme sassanide] était pour tout dire une pièce en argent et cela suffit pour qu’on ne la compare pas avec la pièce d’or. Le roi tourna et retourna les deux monnaies, les examina et, louant beaucoup le nomisma, dit « en vérité les Romains sont magnifiques, puissants et sages »15.
14On retrouve la même conscience, teintée cette fois d’arrogance, dans les déclarations du patrice Christophe recevant Liutprand, envoyé d’Otton II à la cour de Nicéphore Phocas :
Nous qui surpassons toutes les autres nations en richesse – et en sagesse… Avec notre argent qui nous donne le pouvoir nous soulèverons le monde contre [votre empereur] et nous le briserons comme un vase d’argile (Legatio ch. 54 et 53).
15La monnaie n’est certes pas le seul signe tangible de la générosité de l’empereur. La soie, on le sait, joue un rôle très important à ses côtés ou même à sa place. Mais la monnaie est l’un de ses instruments les plus visibles, les plus durables et les mieux quantifiables. La distribution de monnaies était un élément du cérémonial, à l’origine consulaire d’où le terme byzantin d’hypateiai pour désigner les largesses.
16La description lyrique par le poète Corippe des cérémonies de l’avènement de Justin II (568)16 n’est pas que littérature et de nombreux textes donnent des précisions sur l’ordre de grandeur considérable de ces largesses régulières à périodicité plus ou moins courte (annuelle ou quinquennale). Les donativa quinquennaux (pour l’avènement de l’empereur, puis l’anniversaire de celui-ci tous les cinq ans) sont jusqu’au VIe siècle de cinq nomismata par tête et une livre d’argent17. Ils augmentent plus on s’élève dans la hiérarchie, les plus hauts placés recevant des pièces d’or « cérémonielles », multiples du nomisma, frappées spécialement pour ces distributions et dont quelques spécimens sont parvenus jusqu’à nous, tels ceux préservés dans la ceinture de Kyrénia qui compte 4 multiples de 6 nomismata au type de Maurice consul dans son quadrige, connus seulement par ce trésor et 13 nomismata simples dont une pièce rarissime de Justin II et Tibère. D’un poids total de 360 g celle-ci ne peut avoir appartenu qu’à un haut fonctionnaire civil ou militaire18. Elle prouve que, contrairement à ce que dit Procope, Justinien n’a pas supprimé ces distributions. Comme le prouve également le fait qu’en 578 les soldats reçoivent encore, au lieu des cinq pièces d’or et de la livre (325 g) d’argent traditionnelles, neuf solidi. En 641, le fils d’Héraclius, Héraclonas, peut encore distribuer trois pièces d’or à chaque soldat. Les couronnements sont encore l’occasion de distributions au peuple : par ex. en 769 Constantin V et Léon IV se rendent à Sainte-Sophie en procession pour la promotion à l’augoustat des plus jeunes fils de Constantin V « en jetant des tiers de sou, des demi-sous et des sous/ nomismata tout neufs »19.
17Bien que le versement des salaires (rogai) soit un dû, il reste l’expression de la libéralité de l’empereur et l’objet d’un cérémonial où l’accumulation de quantité de monnaies et par conséquent d’un poids considérable de métal frappe l’observateur comme en témoigne le célèbre récit de Liutprand de sa première ambassade comme envoyé de Bérenger, marquis d’Ivrée auprès de Constantin VII qui se déroula du 17 septembre 949 jusqu’au dimanche des Rameaux (31 mars 950) sinon jusqu’à Pâques :
Je ne pense pas devoir passer sous silence un autre spectacle étrange et admirable que je vis là (au Grand Palais). Dans la semaine qui précède la fête du Vaiophoron, que nous appellons les Rameaux de palmes, l’empereur remet un paiement en numismata à ses soldats (milites) et aux différents détenteurs d’offices de sa cour, chacun recevant une somme proportionnelle à son rang. Comme cette distribution (erogatio) m’intéressait, l’empereur m’y fit venir. Elle se déroula ainsi. Une table de 15 coudées de long et 6 de large était dressée sur laquelle se trouvaient des numismata attachés en sacs (loculis colligata), selon les montants dus à chacun, inscrits à l’extérieur des loculi. Ils [les récipiendaires] entrèrent ensuite devant l’empereur, non pas confusément mais dans l’ordre à l’appel d’une voix, qui récitait les noms écrits des personnages selon la dignité de leur office. Le premier à être appelé fut le rector domorum auquel on remit ses numismata et ses quatre scaramangia non pas dans les mains mais sur les épaules. Après lui furent appelés le domestique des Scholes (domesticos tis askalonas) et le drongaire de la flotte (delongaris tis ploos) dont l’un commande à l’armée et l’autre aux marins (navigantibus praeest). Comme ils étaient de même rang, ils reçurent le même nombre de numismata et de scaramangia qu’ils n’emportèrent pas, en raison de leur nombre, sur leurs épaules mais traînèrent à terre avec peine avec l’aide d’autres personnes. Ensuite on fit entrer les magistres au nombre de vingt-quatre qui reçurent chacun des livres de numismata d’or pour un total de 24 ainsi que deux scaramangia. Suivit alors l’ordre des patrices dont chaque membre à son tour reçut 12 livres de numismata et un scaramangion. Comme j’ignore le nombre des patrices, mais seulement ce que chacun reçut, je ne sais pas quel fut le montant total versé. Après eux on appela une foule immense de protospathaires, spathaires, spatharocandidats, koitonites, manglavites, protokaravi [ protokaraboi] dont les uns reçurent sept [livres d’or], d’autres six, cinq, quatre, trois, deux ou une, selon leur dignité. Je ne voudrais pas que vous pensiez que tout ceci fut achevé en une journée. Commençé en effet le cinquième jour de la semaine à la première heure [six heures du matin] ceci se poursuivit jusqu’à la quatrième [dix heures], et l’empereur y mit fin le sixième et le septième jour. Mais à ceux qui reçoivent moins d’une livre ce ne fut pas l’empereur mais le parakoimomène (parakinúmenos) qui leur fit la distribution dans toute la semaine d’avant Pâques. Comme je me tenais là m’émerveillant de la cérémonie, l’empereur me fit demander par son logothète si toute la chose me plaisait. « Certes, cela me plairait, lui répliquai-je, si cela me faisait un bien quelconque. Quand le Riche était dans les tourments, tout ce qu’il voyait des agréments de Lazare, lui aurait plu, s’il en avait profité. Mais comme ce n’était pas le cas, comment aurait-ce pu lui plaire ? ». L’empereur sourit frappé d’une légère honte, et me fit signe de la tête de venir à lui. Alors il me fit présent d’un grand manteau (pallium) et d’une livre de monnaies d’or (aureorum), qu’il me donna volontiers et que j’acceptai encore plus volontiers »20.
18On a là une image tangible du budget byzantin que plusieurs chercheurs ont cherché à estimer à partir de diverses sources donnant quelques indications sur les effectifs de l’armée et de l’administration et le montant des salaires. Malgré les failles de la documentation et de leur interprétation, les ordres de grandeur obtenus sont impressionnants, de l’ordre de quelque deux millions de pièces d’or au IXe siècle, de quelque six millions au VIe ou sept millions au XIIe siècle21. Si le budget de Manuel Comnène au faîte de sa grandeur était en effet à ce niveau, il représentait environ treize fois celui du royaume de France sous Philippe Auguste. L’on comprend d’autant mieux l’émerveillement – et l’envie – ressentis par les Croisés à chacun de leur passage dans l’Empire.
19À ces largesses régulières et codifiées s’ajoutent les largesses extraordinaires le plus souvent extérieures, instrument d’une « diplomatie de l’or ». Comme de nos jour, l’État était en effet le premier à enfreindre les lois qu’il promulguait et l’interdiction répétée d’exporter de l’or, typique de la mentalité bullioniste de toutes les économies jusqu’à l’époque moderne : « L’or ne doit pas être fourni aux barbares et, si l’on en trouve chez eux, on doit s’efforcer de l’en retirer par invention subtile (subtili ingenio) » proclame le Code Justinien (IV, 63,2) reprenant une loi de 374 tandis que le Livre du Préfet (II, 4) prescrit : « les argyropratai sont tenus de dénoncer au Préfet toute femme qui vendrait de l’or, de l’argent, des bijoux ou des pierres précieuses, afin qu’ils ne soient pas exportés chez les barbares (ἲνα µὴ τοῖς ἔθνεσι παραπἐµπωνται) ».
20En dépit de ces interdictions, la liste est longue des sommes envoyées pour acheter la paix aux Barbares, car Byzance a toujours considéré qu’il était moins coûteux de procéder ainsi que de recourir à la force22. Entre maints exemples citons au Ve siècle les tributs aux Huns de centaines de milliers de solidi, au VIe siècle les 50 000 pièces versées aux Francs sous Tibère pour qu’ils attaquent les Lombards et l’ambassade apportant en prime au roi mérovingien Chilpéric en sa résidence de Nogent-sur-Marne un multiple d’or du poids d’une livre (326 g), non conservé mais décrit avec précision par Grégoire de Tours23.
21Sans poursuivre une énumération, il est intéressant de noter que d’une part les finances de l’Empire furent parfaitement capables de supporter ces coûts, d’autre part que le flux de ces versements est encore attesté aux époques dites les plus sombres, même si les sommes décroissent en valeur absolue (70 000 nomismata par an par ex. aux Arabes en 781) et que ce flux se poursuit jusqu’à la fin de l’Empire. Mais ces « largesses » sont alors l’une des causes ou la cause principale de la dévaluation, comme le déclare Pachymère à propos de Michel VIII et d’Andronic II Paléologue.
22Ce budget reposait sur un prélèvement en grande partie monétaire et une fiscalité qui a certainement stimulé (de la même façon que l’a proposé Keith Hopkins pour l’économie romaine) la production et la commercialisation de surplus agricoles et un certain degré de division du travail.
La monnaie instrument du commerce et réserve de richesse : l’usage privé de la monnaie
Une économie monétarisée
23En traitant de la monnaie comme instrument du commerce on aborde deux débats connexes mais différents : d’une part le débat sur l’échange économique ou non-économique, qui oppose les partisans de l’existence d’un marché, certes imparfait, à Byzance et ceux d’un marché aux échanges étroitement contrôlés (tied trade), par conséquent biaisé par les multiples interventions de l’État24, d’autre part le débat sur le degré de monétarisation de l’économie byzantine que l’on peut résumer par les deux prises de position suivantes :
I – Michael F. Hendy (Studies…, op. cit., p. 664) :
The circulation of coinage must throughout have been of a relatively specialised and superficial nature, being predominantly a matter of taxation and of accumulation of and store of wealth.
II – moi-même dans le chapitre « Byzantine money : its production and circulation » de l’Economic History of Byzantium (op. cit., vol. 3, p. 948) : Les taux de liquidité… auraient varié à Byzance entre un maximum de 30 % environ dans les régions et au cours des périodes les plus monétarisées et 15 % environ dans les autres. Compte tenu de la vitesse de circulation moyenne générale supposée plus haut (1,5), le taux de liquidité maximum correspond bien à un taux de monétarisation de 45 % comparable à celui proposé par notre matrice (p. 1154). On verra dans ce qui suit, au delà de fortes variations spatiotemporelles dans la diffusion du numéraire, l’ubiquité de la monnaie dans la vie économique byzantine25.
24Au terme d’une enquête détaillée menée dans les vies de saints des VIIIe-XIe siècles révélant une écrasante majorité de transactions en espèces, le grand byzantiniste N. Oikonomidès concluait de son côté que jusqu’à la crise de la fin du XIe siècle « l’économie byzantine connaissait un haut degré de monétarisation et ne différait pas beaucoup des économies traditionnelles à monnaie métallique de l’Europe du XIXe siècle. L’argent était abondant dans les villes, moins abondant dans les villages et la monnaie était utilisée non seulement pour la thésaurisation, mais aussi pour le paiement des denrées et des marchandises. Les versements en nature étaient relativement rares ». La conclusion intuitive du grand byzantiniste disparu rejoint ici mes propres comparaisons : les économies peu développées du XXe siècle connaissaient vers 1960 des taux de monétarisation de 50 % en Côte d’Ivoire, 35 % au Sénégal, chiffre analogue à celui observé en France vers 1750. Le taux de monétarisation de l’ordre de 46 % pour l’ensemble de l’économie byzantine à l’apogée de sa prospérité proposé dans la matrice de l’Economic History est cohérent avec ces données.
25La monnaie circule à différents niveaux qui reflètent l’inégalité des revenus et de la société. Trois degrés peuvent être distingués ainsi en Occident à la fin du Moyen Âge : l’or de l’aristocratie, des fonctionnaires ou du grand commerce, la grosse monnaie d’argent des salaires les plus élevés, la petite monnaie d’argent et surtout la monnaie noire (billon) des menues dépenses de la vie courante et de la charité26. L’écart de valeur séparant la première de la plus petite des dénominations atteignait alors de 1 à 1000 – une constante que nous retrouvons aujourd’hui entre le billet de 100 Euros et la pièce de 10 centimes et un ordre de grandeur qui s’applique à Byzance aux périodes les plus monétarisées.
26La circulation monétaire à Byzance suit un schéma analogue au schéma du Moyen Âge occidental à quelques nuances près27. L’or est bien principalement l’instrument des dépenses impériales ordinaires ou extraordinaires (rogai, tributs ou cadeaux extérieurs, paiements du Palais ou des divers échelons de l’administration provinciale) qui contribuent à le mettre en circulation28. L’or est aussi l’instrument de la thésaurisation des classes aisées comme le montrent le testament de l’officier géorgien Symbatios Pakourianos (1090) et les 12 livres d’or en espèces représentant près de 12 % de son capital qu’il prescrit à sa femme de distribuer29.
Un exemple de thésaurisation privée
27Symbatios rappelle qu’il a reçu comme dot au nom de son épouse Kalè 50 livres d’or en numéraire (dia kharagmatos) avec lesquels il a acheté divers objets en argent (argyreai skeuè). Ils n’ont pas eu d’enfants et Symbatios lègue ses domaines de Radolibos, Soudaga, don de l’empereur, et Bélabisda à son épouse. Elle disposera comme elle voudra des biens fonciers (ktèmata) inscrits sous son nom dans leur contrat de mariage.
28Il lègue à l’empereur [Alexis Ier] huit chevaux hongres, à son frère le magistros Serge son domaine de Moustonianè, la moitié des moutons et des vaches qu’il aura à sa mort, et 20 juments, à son frère le proèdre Nicétas sa selle avec des rênes en or, à ses « hommes » (anthrôpoi) Th… et Apelgaripès, des vêtements dont un donné par l’empereur.
29Les gens de Symbatios (idioi mou) non nommés recevront chacun six folleis, le vestiarion impérial, 1 nomisma, les témoins et le scribe, chacun trois nomismata. Les esclaves mâles seront affranchis et partiront avec leur habillement, literie et pécule (pekoulia), leurs chevaux et leurs armes, et chacun 20 folleis. Les porcs qu’il aura seront partagés entre son épouse et son frère.
30Son épouse fournira pour les funérailles ce qui aura été convenu. Pour le salut de Symbatios, Kalè « distribuera aux pauvres une partie de l’or qu’il possède – 12 livres de trakhéa, dont 6 de chichata et 6 de pièces nouvellement frappées (prôtokharaga) – à savoir 6 livres de chichata, et, de plus, 3 chiliades [= 1000 modioi ] de céréales. Elle donnera les 6 livres de prôtokharaga aux hommes libres qui auront servi Symbatios Pakourianos ». Le reste de sa fortune, numéraire (nomismata = pièces d’or ou pièces de tout métal ?), objets précieux (eidoi), céréales et autres, ainsi que les servantes reviendra à son épouse.... Elle n’aura aucun compte à rendre… en effet « je [Symbatios ] n’ai aucune dette que ce soit envers personne et n’ai reçu aucun dépôt (parakatathèkè) de qui que ce soit ».
Un système flexible et hiérarchisé
31L’or n’était pas inconnu des couches inférieures de la société du moins aux Ve et VIe siècles où on le trouve parfois dans les mains de soldats, mais aussi d’artisans, de paysans, d’ascètes ou de saints personnages, de prostituées etc., même s’il s’agit alors de faibles sommes, quelques pièces ou divisions, et d’occasions exceptionnelles. L’appauvrissement ultérieur de l’économie byzantine entraîna au cours du VIIIe siècle la disparition de ces divisions de la monnaie d’or. Leur place fut prise d’abord par la monnaie d’argent des Iconoclastes et des Macédoniens, le miliarèsion, puis sous les Comnènes par la monnaie d’électrum, un alliage artificiel d’or et d’argent, enfin de nouveau par la monnaie d’argent ou de billon (argent de bas titre) sous les Paléologues. Après ce niveau intermédiaire venait enfin celui de la monnaie de cuivre, follis, puis staménon, tétartèron des XIIe-XIIIe siècles et tournesion de l’époque tardive. Ces pièces de cuivre ont été trouvées en grand nombre dans les fouilles des grands sites urbains et en quantité non négligeable dans les sites ruraux auxquels l’archéologie a commencé de s’intéresser dans les dernières décennies30.
32Mais on aurait tort de s’imaginer ces trois niveaux comme la superposition de compartiments étanches car le prélèvement fiscal et les échanges privés imposent le passage de l’un à l’autre. Par le mécanisme du kharagma, attesté dans la Palaia Logarikè à la fin du XIe siècle, l’État exige le paiement de l’impôt au nomisma supérieur dès que son montant dépasse 8 miliarèsia (soit 1 nomisma pour 2/3 nomisma, 2 nomismata pour 1 2/3 nomisma etc.), la monnaie étant rendue (antistrophè) au contribuable en monnaie d’appoint. Le procédé, sous cette forme, remonte au moins au VIIIe siècle31 mais un principe analogue s’appliquait déjà à la part des impôts versée en espèces à la période protobyzantine comme le montre l’analyse du registre fiscal d’Aphrodito32. Ce système joua un rôle essentiel dans le circuit monétaire et le recyclage des espèces tout au long de l’histoire byzantine. Mais les transactions privées nécessitaient aussi le passage d’un type de monnaie à l’autre et les sources ne manquent pas d’anecdotes sur des personnages changeant des pièces d’or en petite monnaie pour leurs aumônes ou pour leurs menues dépenses, tandis que le livre de comptes du marchand vénitien Giacomo Badoer nous montre toute la hiérarchie des espèces maniées à Constantinople depuis le ducat d’or vénitien et l’hyperpère byzantin, alors devenu une pièce d’argent, jusqu’à la petite pièce d’argent (duchatello, environ 1,1 g) et au tornese de cuivre donnés aux portefaix transportant les ballots de marchandise du port jusqu’à l’entrepôt33. Aussi les changeurs étaient-ils omniprésents dans les villes byzantines, déployant leur activité réglementée le long des artères commerçantes comme la Mésè à Constantinople. Le Livre du Préfet (Xe siècle) interdit l’activité des « changeurs à la sauvette » (sakoullarioi). Il distingue les argentiers (argyropratai) qui sont aussi des orfèvres et achètent les matières précieuses nécessaires à leur art contre espèces sonnantes et trébuchantes, en l’occurrence les miliarèsia et les changeurs proprement dits (katallaktai) appelés aussi trapézites (de trapeza, la table, sur laquelle ils disposent les espèces)34. Les argentiers exerçaient aussi le rôle de banquiers (prêt sur gages, crédit), en raison du rôle de réserve de valeur joué par les matières précieuses qu’ils traitaient et qu’ils ne se contentaient pas seulement de mettre en œuvre35.
33Bien entendu ce tableau de la monétarisation byzantine ne s’applique pas uniformément dans l’espace ni dans le temps. Elle décroissait rapidement dès que l’on s’éloignait des régions littorales ou des principales routes fluviales ou terrestres comme les problèmes de change rencontrés par les armées croisées36 et d’autres sources littéraires l’illustrent bien. Les variations du nombre de monnaies retrouvées sur les grands sites, en dépit du fait qu’elles marquent les dates d’émission et non de perte de la monnaie, donnent une image au moins approximative des fluctuations des échanges monétaires. Ceux-ci connurent de toute évidence entre la fin du VIIe siècle et le milieu du IXe ou la fin du Xe siècle selon les régions une contraction marquée non seulement en termes absolus mais aussi probablement en termes relatifs (nombre de transactions par personne), même si Constantinople, Rome, une province plus sûre comme la Sicile ou certains sites urbains comme Amorium constituaient des isolats de résilience monétaire. À partir des années 820 la production et la demande de monnaie augmentent progressivement : les trouvailles vont jusqu’à tripler à Corinthe entre 969 et 1092 par rapport à la période précédente et la monnaie se diffuse dans des régions restées auparavant à l’écart comme la Bulgarie du Nord-Est et les thèmes au sud du Danube. Le XIIe siècle marque l’apogée de l’usage d’une des monnaies les plus diversifiées de son temps et de la diffusion en Occident de l’or de Byzance, ce besant dont les Occidentaux font depuis le Xe siècle le symbole de la richesse de l’empire. Après la crise de la fin du XIe siècle, Alexis Ier Comnène l’a ramené à quelques carats près à la pureté de ses origines ; les marchands vénitiens ou d’autres cités italiennes l’utilisent pour toutes leurs transactions dans le domaine égéen ; une primauté à laquelle la IVe Croisade et ses conséquences, l’appauvrissement de l’empire sous les Paléologues avec la dévaluation induite de l’hyperpère et le renversement du rapport or : argent en Europe conjugués mettront fin au début du XIIIe siècle.
34Pour conclure, je citerai cette réflexion de Richard Cantillon, banquier et économiste d’origine irlandaise, dans son Essai sur la nature du commerce en général publié à Paris en 1755 : « Les revenus de l’État où l’argent abonde se lèvent avec bien plus de facilité et en plus grande somme comparativement, ce qui donne à l’État, en cas de guerre ou de contestation, de gagner toutes sortes d’avantages sur ses adversaires chez qui l’argent est plus rare » (ch. VIII, p. 105). Cet avantage monétaire comparatif fut longtemps en effet l’un des éléments de la puissance de l’Empire byzantin aux côtés d’autres facteurs matériels et immatériels telles ses institutions politiques et sociales, sa culture littéraire, sa science et ses techniques37. Peut-être en revanche l’or de Byzance devint-il ensuite, comme dans le cas de l’Espagne de Philippe II et de ses successeurs, une cause majeure d’affaiblissement. Surtout il attira les convoitises de l’Occident au XIIe siècle pour finir par le pillage et la destruction de 1204 dont l’Empire fragmenté ne se releva jamais.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Cf. Nov 73 : Imperium semper est. Quia igitur imperium deus de caelo constituit) Bασιλεíα αίώνιος ἐστί. Eπειδή τοίννν βασιλείαν ὁ Θεοòς ονρανοū καθῆκεν.
2 Béatrice Leroy, Revue Numismatique 6e sér., 14, 1972, p. 102-105, 109-110.
3 Anne Comnène, Alexiade, X, 6, 3, X, 11, 6 et passim, Leib Bernard (éd.), Paris, Les Belles Lettres, 1943, t. I, p. 211, 233.
4 L’omniprésence de l’image impériale (statues monumentales, mais aussi ivoires, sceptres, couronnes, poinçons d’argenterie, bulles d’or ou sceaux de plomb) est une caractéristique de Byzance (voir l’exposé classique d’André Grabar : L’empereur dans l’art byzantin. Recherches sur l’art officiel de l’Empire d’Orient, Paris, 1936).
5 Hans Belting, Bild und Kult : Eine Geschichte des Bildes vor dem Zeitalter der Kunst, Munich, Verlag C. H. Beck, 1990, p. 122.
6 Constantini Porphyrogeniti imperatoris De Cerimoniis aulae byzantinae, I, 87, Reiske I. I. (éd.), Bonn, Weber, coll. « CSHB », 1829, I, p. 395. Leslie S. B. MacCoull a publié l’éloge de Justin II prononcé en une circonstance analogue par Dioscore d’Aphrodito : « The Panegyric on Justin II by Dioscorus of Aphrodito », in MacCoull Leslie S. B., Coptic perspectives on Late Antiquity, Aldershot Variorum, coll. « Collected Studies Series », 398, 1993, art. VI. L’In Heraclium de Georges de Pisidie (Tartaglia L. (éd.), Giorgio di Pisidia. Carmi, Turin, UTET, 1998, p. 61-70) est le seul autre exemple connu de pareil éloge de circonstance (cf. Jean-Luc Fournet, CR, Antiquité Tardive, n° 5, 1997, p. 367-372).
7 Gilbert Dagron, « L’image de culte et le portrait » in Durand Jannic, Guillou André, Byzance et les images, Paris, La Documentation Française, 1994, p. 121-150.
8 Le panégyrique de 289 mentionne « cette lumière divine qui vous entoure d’un globe brillant » (cit. et comm. dans Pierre Bastien, Le Buste monétaire des empereurs romains, Wetteren, coll. « Numismatique Romaine », 19, 3 vols. 1992, I, p. 167-180).
9 Agapet, Ekthesis kephalaion parainetikon, 1, PG, 86, col. 1164-1165 (cit. et comm. par Gilbert Dagron, Empereur et prêtre : étude sur le « césaropapisme byzantin », Paris, Gallimard, 1996, p. 37).
10 Voir les introductions de P. Grierson au Catalogue of the Byzantine coins in the Dumbarton Oaks collection and in the Whittemore collection, Bellinger Alfred. R., Grierson Philip (éd), vol. 2, 3 et 5, Washington, DC, 1969, 1 973 et 1999.
11 ὑπηρέτης Θεοῡ καί διάκονος, cf. Constantine Porphyrogenitus, De Administrando Imperio, Moravcsik G. I., Jenkins R. J. H., Washington DC, Dumbarton Oaks Center for Byzantine Studies, coll. « CFHB », 1967, ch. 13, l. 46, p. 66.
12 Et non, comme on pourrait le croire par les iconoclastes qui, certes, consacrèrent leur monnaie d’or à l’illustration de leur dynastie, mais insistèrent sur leurs monnaies d’argent et de bronze sur la protection divine accordée à l’empire par la croix victorieuse.
13 Génésios, Lachman K. (éd), Bonn, Weber, coll. « CSHB », 1834, p. 113 : τò αὑτοκρατορικòν στέµµα χειρῶν ἀρχιερέων ἐνδέχεται, ἄλλην ἀρὴν καθιστῶν έἄντῶ βασιλείαν ἣνσνµµαία τῶν ἀρχαγγέλων κεκλήρτο.
14 Sur l’importance des archanges dans l’iconographie du Paris. gr. 510 commandé par Basile Ier, voir Henry Maguire, « A Murderer among the Angels : the Frontispiece Miniatures of Paris. Gr. 510 and the Iconography of the Archangels in Byzantine Art », in Brubaker Leslie, Ousterhout Robert, The Sacred Image East and West, Urbana (WI), University of Illinois Press, 1995, p. 63-71.
15 Cosmas Indicopleustès, Topographie chrétienne, t. III, Conus-Wolska W. (éd.), Paris, Le Cerf, coll. « Sources Chrétiennes », 197, 1967, p. 350-351.
16 Corippe, Éloge de l’empereur Justin II, Antès Serge (éd.), Paris, Les Belles Lettres, 1981.
17 Michael F. Hendy, Studies in the Byzantine Monetary Economy, ca 300-1450, Cambridge-Londres-New York, Cambridge University Press, 1985, p. 175-178, avec les références. Pour une armée estimée à l’époque compter quelque 150 000 hommes, cela aurait représenté un débours minimum d’un million et demi de nomismata.
18 Philip Grierson, « The Kyrenia girdle of Byzantine medallions and solidi », Numismatic Chronicle, n° 15, 1955, p. 55-70 (réimpr. in Arslan E. A., Travaini L., Scritti storici e numismatici, Spolète, CISAM, 2001).
19 Théophane, AM 6260 : Theophanis Chronographia, De Boor C. (éd.), vol. I, Teubner, Leipzig, 1883, p. 444 : ṕίπτοντες τριµίσια καì σηµίσια καì νοµίσµατα καινούργια.
20 Liutprand de Crémone, Antapodosis, 6, 10 : Chiesa Paolo, Liutprandi Cremonensis Antapodosis, Homelia paschalis, Historia Ottonis, Relatio de Legatione Constantinopolitana, Turnhout, Brepols, coll. « Corpus Christianorum. continuatio medievalis », 156, 1998, p. 149-150. Voir Johannes Koder, Thomas Weber, Liutprand von Cremona in Konstantinopel Untersuchungen zum griechischen Sprachschatz und zu realienkundlichen Aussagen in seinen Werken, Vienne, Österreichische Akademie der Wissenschaften, coll. « Byzantina Vindobonensia », 13, 1980, en particulier p. 33-35.
21 Notamment Michael F. Hendy, Studies…, op. cit., p. 157-220 et Warren T. Treadgold, The Byzantine State Finances in the Eighth and Ninth Centuries, New York, Columbia University Press, 1982, 151 p.
22 À laquelle, en outre, sous l’influence du christianisme notamment, les mentalités répugnaient. Voir Nicolas Oikonomidès, « To oplo tou khrèmatos », in Tsiknakis Kostas, Byzantium at War (9th-12th c.), Athènes, Goulandri-Horn Foundation, coll. « International Symposia, Institute for Byz. Research », 4, 1997, p. 261-268 ; Evangélos Chrysos, « La guerra y la paz en la política y en el pensamiento de los Bizantinos », Cuadernos del CEMyR, n° 13, déc 2005, p. 113-151.
23 Voir l’analyse des sources par Michael F. Hendy, Studies, op. cit., p. 260-272.
24 Voir Angeliki E. Laiou, « Economic and Noneconomic Exchange », in Laiou Angeliki E., The Economic History of Byzantium : from the seventh through the fifteenth century, Washington (D. C.) : Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2002, vol. 2, p. 681-696.
25 Rappelons la différence entre taux de monétarisation défini comme le pourcentage commercialisé du produit intérieur brut (P m/PIB) et taux de liquidité défini comme le rapport Masse monétaire/PIB – PIB étant le PIB total, monétarisé ou non.
26 Peter Spufford, Money and its use in Medieval Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 319-338.
27 VIe-VIIe siècles : Évelyne Patlagean, Pauvreté économique et pauvreté sociale à Byzance, Paris, Mouton, 1977, p. 342-409.
28 Michael F. Hendy, The Economy, Fiscal Administration and Coinage of Byzantium, Northampton, Variorum, 1989, art. I ; Studies…, op. cit., p. 173-223 ; Gilbert Dagron, Cécile Morrisson, « Le kentènarion dans les sources byzantines », Revue Nomismatique, n° 17, 1975, p. 145-162 ; Jean Pierre Callu, « Le “centenarium” et l’enrichissement monétaire au Bas-Empire », Ktéma, n° 3, 1978, p. 301-316.
29 Jacques Lefort, Nicolas Oikonomidès, Denise Papachryssanthou, Actes d’Iviron, t. II : du milieu du XIe siècle à 1204, Paris, coll. « Archives de l’Athos », 16, 1990, n° 44 (texte grec, analyse et commentaire).
30 Sites urbains : aux publications citées et commentées par Cécile Morrisson, « Byzantine money : its production and circulation », in Laiou Angeliki E., The Economic History…, op. cit., vol. 3, p. 954-962, on ajoutera notamment la publication récente du matériel de Kalenderhane à Istanbul par Michael F. Hendy, « Roman, Byzantine and Latin coins » in Striker Cecil L., Kuban Y. Dogan, Kalenderhane in Istanbul. The Excavations. Final Reports on the Archaeological Exploration and Restoration at Kalenderhane Camii 1966-1978, Mayence, 2007, p. 175-276 ; sites ruraux : voir les différentes études numismatiques rassemblées in Lefort Jacques, Morrisson Cécile, Sodini Jean-Pierre (éd.), Les Villages dans l’empire byzantin (Ve-XVe siècles), Paris, Lethielleux, coll « Réalités byzantines », 11, 2005, 591 p.
31 Voir Michael F. Hendy, Studies…, op. cit., p. 285-287 avec les références ; Cécile Morrisson, Monnaie et finances dans l’Empire byzantin, Aldershot, Variorum, 1994, art. VI, p. 442-443.
32 Constantin Zuckerman, Du village à l’empire. Autour du registre fiscal d’Aphroditô (525/526), Paris, Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance, coll. « Travaux et Mémoires, Monographies », 16, 2004, ch. 2, p. 57-114.
33 Cécile Morrisson, « Coins used and Their Exchange Rates in Badoer’s Libro dei Conti », Dumbarton Oaks Papers, n° 54, 2001, p. 217-244 ; Jacques Lefort, « Le coût des transports à Constantinople, portefaix et bateliers au XVe siècle », in Eupsychia, Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Byzantina Sorbonensia », t. II, Paris, 1998, 413-425.
34 Cécile Morrisson, « Manier l’argent à Constantinople au Xe siècle », in Eupsychia, Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler…, op. cit., p. 557-565.
35 Michael F. Hendy, Studies…, op. cit., p. 242-251, Gilbert Dagron, « The Urban Economy, Seventh-Twelfth Centuries », in Angeliki E. Laiou, The Economic History…, op. cit., vol. 2, p. 432-438.
36 Angeliki E. Laiou, « Byzantine Trade with Christians and Muslims and the Crusades », in Laiou Angeliki E., Motaheddeh Roy Parviz, The Crusades from the Perspective of Byzantium and the Muslim World, Washington, D. C., 2001, p. 158-196.
37 Angeliki E. Laiou, Cécile Morrisson, The Byzantine Economy, Cambrige, Cambridge University Press, 2007, 259 p.
Auteur
CNRS, UMR 8167
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