L’alimentation dans les villes de Gaule du Sud pendant l’Antiquité tardive
Une perspective isotopique
p. 15-25
Résumés
Cette étude présente un exemple d’application d’analyses isotopiques d’ossements archéologiques réalisées pour reconstruire les pratiques alimentaires passées. Elle se concentre sur plusieurs populations de la région provençale dont la datation est comprise entre la fin du IIIe et la fin du VIIe s. apr. J.-C. L’objectif est d’explorer les liens entre l’alimentation individuelle, l’environnement et l’identité biologique et culturelle. L’analyse des isotopes stables du carbone et de l’azote dosés directement sur les os permet en effet d’estimer, pour chaque individu, les tendances plutôt herbivores, carnivores ou piscivores de l’alimentation. Les résultats concernant 120 individus de Marseille, Aix-en-Provence, Riez et Digne-les-Bains mettent en évidence une place variable des ressources aquatiques dans l’alimentation provençale et une diversité au sein des groupes montrant l’importance de l’alimentation comme marqueur économique et culturel.
This study presents an example of the application of isotopic analyses of archaeological bones to reconstruct past feeding practices. It focuses on several populations in the Provençal region that were dated between the end of the 3rd and the end of the 7th century AD. The aim is to explore the links between individual diet, the environment and biological and cultural identity. The analysis of stable isotopes of carbon and nitrogen dosed directly on the bones makes it possible to estimate, for each individual, the rather herbivorous, carnivorous or piscivorous tendencies of the diet. The results concerning 120 individuals from Marseille, Aix-en-Provence, Riez and Digne-les-Bains highlight a variable place of aquatic resources in the Provencal diet and a diversity within groups showing the importance of diet as an economic and cultural marker.
Entrées d’index
Mots-clés : isotopes stables, os, périodes romaines et médiévales, collagène, carbone, azote
Keywords : stable isotopes, bone, roman and medieval periods, collagen, carbon, nitrogen
Note de l’auteur
Ce travail a fait l’objet d’un financement par les programmes d’analyses ANA 13/04 et ANA 04/13 du SRA PACA et les prix de recherche 2015 des fondations Nestlé France et Louis Bonduelle.
Remerciements
L’auteur remercie C. Richarté, M. Moliner, R. Lisfranc, M. Leguilloux et A. Richier pour l’accès aux collections de Marseille, N. Nin et C. Méla pour l’accès aux collections d’Aix-en-Provence, P. Borgard et M. Leguilloux pour l’accès aux collections de Riez et E. Spérandio et J. Richaud pour l’accès aux collections de Digne-les-Bains. Elle remercie M. Brisville et A. Renaud pour l’invitation à participer à cet ouvrage ainsi que les deux rapporteurs pour leurs remarques et corrections.
Texte intégral
Introduction
1La reconstitution des pratiques alimentaires grâce aux données isotopiques repose sur l’application littérale de l’expression « on est ce que l’on mange ». Les éléments chimiques contenus dans le corps humain sont en effet directement issus de l’alimentation. Les signaux isotopiques dosés dans les tissus squelettiques et dentaires sont donc corrélés à ceux des ressources alimentaires consommées. Pour les périodes passées, ce principe simple permet, à partir de l’étude biochimique des ossements humains, de retrouver les choix de consommation de chaque individu analysé. Ces choix sont autant représentatifs de goûts personnels que de la collectivité à laquelle il appartient2. En reconstituant ces choix, il est donc possible d’apporter de nouveaux éléments sur les relations entre les hommes du passé et leur environnement. La reconstitution de l’alimentation se faisant à partir de données individuelles par cette méthode, elle permet de mettre en lumière des liens entre les individus et, à plus grande échelle, des échanges entre les sociétés qu’ils composent3.
2À partir de l’exemple des quatre centres urbains de Provence, cette étude se propose de présenter les grands principes de la méthode. L’objectif est également d’apporter de nouveaux éléments concernant l’alimentation d’individus ayant vécu entre la fin du IIIe et la fin du VIIe s. apr. J.-C. à Marseille, Aix-en-Provence, Riez et Digne-les-Bains.
1. Principes méthodologiques
3Les valeurs isotopiques sont notées δ et exprimées en ‰. Elles correspondent au rapport de l’isotope stable lourd (13C ou 15N) sur l’isotope stable léger (12C ou 14N) de l’échantillon comparé au même rapport d’un standard international (pour le carbone « Vienna Pee Dee Belemnite » ou V-PDB4 et pour l’azote « Azote amosphérique » ou N25)6. Les deux principes essentiels de cette méthode sont que, d’une part, les valeurs isotopiques du carbone (d13C) et de l’azote (d15N) mesurées dans les ossements correspondent à celles accumulées du vivant de l’individu et, d’autre part, ces valeurs sont corrélées à la nature du régime alimentaire7.
1.1 Le collagène osseux
4L’os est composé d’une matrice minérale structurante, d’une matrice organique et d’eau8. Ce sont les molécules de collagène qui constituent l’essentiel de la phase organique des os. Le collagène osseux se construit essentiellement à partir des protéines de l’alimentation9. L’information isotopique du collagène osseux permet donc la reconstitution de l’alimentation protéique. Les tissus osseux se renouvelant tout au long de la vie, les signaux isotopiques dosés sur le collagène osseux correspondent aux tendances alimentaires des dernières années de vie10. La période précise va varier en fonction de l’os échantillonné, de l’âge, du sexe, ou de l’état sanitaire11. Elle correspond en moyenne à une dizaine d’années pour les phalanges des individus adultes12.
1.2 Les valeurs isotopiques du carbone et de l’azote (δ13C et δ15N) des organismes vivants
5Lors de l’intégration du carbone et de l’azote au sein du collagène osseux, un fractionnement isotopique intervient en faveur de l’isotope le plus lourd. Pour l’azote, cet enrichissement est compris en 3 et 5 ‰13. Pour le carbone, le fractionnement isotopique est de l’ordre de 5 ‰14. Un fractionnement isotopique intervient également entre chaque niveau de la chaîne alimentaire, il est de l’ordre de 4 ‰ pour l’azote et compris entre 0 et 2 ‰ pour le carbone15. Schématiquement, plus un organisme occupe une place élevée dans une chaîne alimentaire, plus il mange de protéines animales, plus ses valeurs de δ13C et de δ15N seront élevées. L’existence de ce fractionnement implique que les rapports isotopiques du carbone et de l’azote des acteurs d’une chaîne alimentaire, ou réseau trophique, vont être majoritairement conditionnés par celles des végétaux qui en constituent la base. Un même organisme dans plusieurs écosystèmes n’aura pas toujours les mêmes valeurs isotopiques.
Les valeurs de δ13C des végétaux varient en fonction
du type de photosynthèse qu’elles suivent.
6Les arbres, la plupart des plantes des climats tempérés et froids ainsi que la majorité des plantes aquatiques pratiquent une photosynthèse de type C3 et ont des valeurs comprises entre ‑36 et ‑22 ‰. Les plantes herbacées des environnements tempérés et chauds comme le millet, le sorgho et la canne à sucre ont une photosynthèse de type C4 qui correspond à des valeurs de δ13C comprises entre ‑19 et ‑6 ‰16.
de la source de carbone qu’elles utilisent.
7Les végétaux terrestres utilisent comme source de carbone principale le CO2 atmosphérique qui a une valeur de δ13C de l’ordre de ‑6 ‰ durant les ères préindustrielles. Les végétaux aquatiques utilisent majoritairement du bicarbonate dissous ayant une valeur de δ13C de l’ordre de 0 ‰. Ces dernières ont donc des valeurs de δ13C plus élevées. Enfin, les végétaux évoluant en eaux stagnantes ou peu mobiles utilisent des résidus organiques décomposés aux valeurs de δ13C basses17.
des conditions environnementales et climatiques qu’elles subissent.
8La température, l’éclairement, l’hygrométrie, la concentration extérieure en CO2, la salinité des sols et les stress physiologiques peuvent entraîner des valeurs de δ13C plus élevées18. Par exemple, en milieu terrestre, au sein de forêt ou de sous-bois, la dégradation des matières organiques induit un appauvrissement en 13C du CO2 atmosphérique, un « effet canopée ». Les végétaux de ces environnement ont par conséquent des valeurs de δ13C significativement plus basses que leurs homologues des milieux ouverts19. De la même manière, dans les estuaires et les marais, le mélange d’eau de mer et d’eau douce entraîne chez les végétaux des valeurs isotopiques intermédiaires à celles des végétaux terrestres et marins20.
Les valeurs de δ15N des végétaux dépendent
de la source de leur azote.
9Les plantes légumineuses (Fabaceae : lentilles, fèves, pois chiches…) sont des plantes fixatrices d’azote. Elles tirent l’azote nécessaire à leur métabolisme du diazote atmosphérique (N2) grâce à des bactéries du genre Rhizobium avec lesquelles elles entretiennent une relation symbiotique21. Du fait du faible fractionnement lors de l’intégration de l’azote, ces végétaux présentent des teneurs isotopiques en azote proches de celle du N2, de l’ordre de 1 ‰22. Les cyanobactéries sont l’équivalent aquatique des légumineuses et utilisent l’azote dissous. Elles ont des valeurs isotopiques proches de 0 ‰23. Les autres végétaux tirent leur azote des nitrates organiques et non organiques présents dans le sol et l’eau24. Les nitrates dissous dans l’eau ayant des compositions isotopiques plus élevées que les nitrates des sols, les végétaux marins ont des valeurs distinctement plus élevées que celles des végétaux terrestres25.
de leur conditions de vie.
10Les légumineuses comme les végétaux non-fixateurs peuvent voir leurs valeurs isotopiques modifiées par des pratiques anthropiques comme l’usage de fertilisants, la culture sur brûlis, ou le déboisement26. L’aridité et la salinité amènent aussi les valeurs des végétaux à être relativement élevées27.
11Pour conclure, les valeurs isotopiques du carbone et de l’azote d’un organisme sont fonction de la place occupée par l’être vivant dans la chaîne alimentaire. Cette information se retrouve notamment dans le collagène osseux et son analyse permet de déterminer la quantité et la qualité des protéines animales qu’il consommait, mais aussi l’environnement dont était issue son alimentation.
2. Applications à la Provence urbaine tardo-antique
12Cette étude préliminaire est le fruit d’un projet doctoral portant sur la première application des outils isotopiques pour l’étude de l’alimentation en France méridionale aux périodes historiques28. Cette méthode a déjà été utilisée avec succès pour discuter des relations entre environnement, changements politiques et culturels, identité individuelle et alimentation à la période tardo-antique en Méditerranée. Des sujets venant d’Espagne29 ou de Croatie30 ont notamment été étudiés. Les individus de cette étude proviennent de sites funéraires localisés dans quatre centres urbains de Provence selon un axe entre mer et basse montagne (fig. 1). L’objectif est de déterminer l’alimentation de ces individus au sein de chaque site et de les confronter à l’échelle de la région.
2.1 Matériel
13La basilique Malaval à Marseille (13) est une basilique funéraire dont l’utilisation est comprise entre le début du Ve et la fin du VIe s. apr. J.-C. Marseille, à cette époque, est une agglomération importante de Provence Orientale31. La Basilique de Malaval a été découverte et fouillée en 2003-200432 et se trouve dans le quartier de la Joliette, à proximité immédiate de la porte nord de la ville antique. Des sépultures ont été retrouvées à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment33 et seuls les vingt-huit adultes retrouvés dans le chœur ont été échantillonnés pour cette étude. Ils ont tous été retrouvés au sein de sarcophages et sont donc vraisemblablement des individus privilégiés laïcs, aucune sépulture n’ayant été identifiée comme celle d’un ou d’une religieuse34.
14Les sites du Parking Forbin, de ZAC Sextius et de Notre Dame de la Seds à Aix-en-Provence (13) sont trois aires funéraires dont l’utilisation est comprise entre la fin du IIIe et le début du VIIIe s. apr. J.-C. Aix-en-Provence est à cette époque une agglomération importante, capitale de la Narbonnaise II35. Le premier site se trouve au sud-est de la ville à l’extérieur de l’enceinte antique, et a été fouillé en 1983 et 198436. Il s’agit d’un ensemble funéraire organisé autour de trois bâtiments, en fonction entre le début du Ve et le début du VIIIe s. apr. J.-C. Les cinq sujets adultes retrouvés ont été prélevés. Le site de la ZAC Sextius au sud des limites de la ville antique a été fouillé entre 1992 et 200437. Trois noyaux funéraires appartenant à la nécropole méridionale de la ville antique et tardo‑antique ont été découverts. Douze sépultures datent de la période comprise entre la fin du IIIe et le début du Ve s. apr. J.-C. Les sept adultes inhumés ont été prélevés. Le site de Notre Dame de la Seds se situe à l’extérieur du mur d’enceinte ouest de la cité. Deux sépultures dont la datation est comprise entre la fin du IIIe et le début du VIIIe s. apr. J.-C. ont été mises au jour lors de la campagne de fouille de 200438. Les deux individus adultes ont été échantillonnés. Au total, seize individus aixois ont donc été sélectionnés.
15Le site de la Rue Hilarion Bourret à Riez (04) est une nécropole dont l’occupation est comprise entre la fin du IIIe et le milieu du VIIe s. apr. J.-C.39. À cette époque, Riez est une agglomération importante, siège d’un évêché40. Le site a été fouillé en 2008 et se situe sur le piémont de l’Ubac Saint-Jean, au sud des limites de la cité. Les trente-deux sujets adultes retrouvés en position primaire ont été échantillonnés.
16Le site de Notre Dame du Bourg à Digne-les-Bains (04) se situe au centre de l’agglomération antique et du bourg canonial de la ville de Digne41. Digne pendant l’Antiquité tardive est une petite agglomération, brièvement siège épiscopal au cours du VIe s. apr. J.-C.42. Des fouilles archéologiques ont été menées entre 1983 et 1994 puis reprises entre 2003 et 2005. Elles ont révélé deux mausolées des IIIe-IVe s. apr. J.-C. ainsi que les différentes étapes de la cathédrale de l’Antiquité tardive à la période moderne et les inhumations qui lui sont associées. L’échantillonnage pour cette étude concerne dix-neuf individus adultes pour lesquels des datations radiocarbones ont été publiées. Leurs inhumations s’échelonnent entre la fin du IIIe et la fin du VIIe s. apr. J.-C.
17Au total, quatre-vingt-quinze sujets humains ont donc été sélectionnés. Pour chacun d’entre eux, une phalange de main ou de pied (ou un fragment de métatarse dans un cas) a été échantillonnée. Les données archéo-funéraires et biologiques de chaque individu ont également été considérées mais leur relation avec les résultats isotopiques ne sera pas détaillée afin de rester synthétique.
18Pour chaque localité, des animaux contemporains ont été échantillonnés au sein des sites ou dans des sites voisins43. L’échantillonnage s’est fait sous la supervision d’archéozoologues qui ont identifié chacune des pièces osseuses analysées44. Dans chaque site, des spécimens des principales espèces consommées – bœuf Bos primigenius taurus, porc Sus scrofa spp., mouton/chèvre Caprinae et poule Gallus gallus domesticus – ont été prélevés de manière à déterminer la variabilité isotopique de ces ressources à l’échelle de la Provence.
19Vingt-six spécimens ont ainsi été échantillonnés à Marseille45, vingt-sept spécimens à Aix-en-Provence46, trente-et-un spécimens à Riez47 et enfin soixante-six spécimens à Digne-les-Bains48. Pour chaque spécimen une pièce osseuse variable a été échantillonnée.
2.2 Méthode
20Chaque pièce osseuse a été préparée pour l’extraction du collagène selon le protocole de Longin modifié par Bocherens et ses collaborateurs49. Un fragment d’os compact est prélevé, nettoyé par abrasion grâce à une sableuse et réduit en poudre. Les échantillons d’environ 250 mg sont ensuite placés dans des bains successifs d’acide chlorhydrique et de soude pour éliminer la partie minérale des os, les carbonates diagénétiques, les lipides et les contaminants humiques. Les échantillons sont ensuite solubilisés et lyophilisés. Ils sont enfin placés dans un spectromètre de masse isotopique couplé à un analyseur élémentaire (Europa Scientific Roboprep et Europa Scientific 20-20). Cet équipement permet d’obtenir simultanément les teneurs élémentaires (%C, %N) et isotopiques (δ13C, δ15N) en carbone et en azote du collagène. Le standard interne utilisé est de la poudre de foie de bœuf (IA-R042). La précision analytique est obtenue à partir de l’analyse répétée des standards internes du laboratoire. Dans le cadre de cette étude, les analyses spectrométriques ont été réalisées par Iso-Analytical Limited (Crewe, R.-U.) et le calcul indique une précision de 0,05 ‰ pour les valeurs de δ13C et de 0,1 ‰ pour celles de δ15N. Les tests statistiques sont réalisés à l’aide du logiciel R 3.6.1. L’intégralité des données a été téléversée à l’issue de cette étude sur la base de données open-access IsoArch.eu50.
21Pour s’assurer de l’intégrité biochimique du collagène, des indicateurs ont été développés51. Il s’agit du rendement d’extraction du collagène qui s’exprime en mg/g. Il doit être supérieur à 10 mg/g. Les teneurs en carbone et en azote présentes dans chaque échantillon, mesurées par l’analyse élémentaire et exprimées en pourcentage (%C, %N), doivent être supérieures à 30 % pour le carbone et supérieures à 10 % pour l’azote. Enfin, le calcul du rapport C/N ou rapport atomique du carbone sur l’azote des échantillons est lui aussi déterminant. Ce rapport doit être compris entre 2,9 et 3,6 pour que le collagène soit considéré comme à la fois non dégradé et non contaminé.
2.3 Résultats-Conservation
22Sur les deux-cent-quarante-cinq échantillons osseux préparés suivant la méthode précédemment décrite, six échantillons n’ont pas permis de recueillir du collagène. Ces échantillons n’ont, par conséquent, pas fait l’objet d’une analyse spectrométrique. Sur les deux-cent-trente-neuf échantillons analysés, quarante-deux échantillons ont des teneurs en carbone ou en azote incompatibles avec un collagène non dégradé. Les valeurs isotopiques de ces échantillons ne sont donc pas exploitables. L’analyse de l’alimentation concerne alors cent-quatre-vingt-dix-sept échantillons correspondant à vingt-et-un sujets humains et dix-neuf spécimens animaux pour Marseille, treize sujets humains et vingt-sept spécimens animaux pour Aix-en-Provence, vingt-neuf sujets humains et vingt spécimens animaux pour Riez et seize sujets humains et cinquante-deux spécimens animaux pour Digne-les-Bains.
2.4 Résultats-Animaux
23Les valeurs de δ13C et δ15N des animaux sont résumées sur les figures 2 et 3. Il n’existe pas de différence statistique entre les valeurs isotopiques des bœufs et des moutons/chèvres des différents sites (fig. 2 et 3) malgré les valeurs des vaches de Marseille (tests de Kruskal-Wallis à 1 000 réplicas, vaches : chi² = 3,44, p-value = 0,33 et chi² = 3,04, p-value = 0,39, moutons/chèvres chi² = 3,34, p-value = 0,34 et chi² = 2,46, p-value = 0,48). Les porcs d’Aix en Provence ont des valeurs de δ13C statistiquement plus hautes que celles des porcs de Marseille et Digne (chi² = 14,47, p-value = 0,002 et chi² = 3,07, p-value = 0,38). Les poules de Digne-les-Bains ont des valeurs de δ15N statistiquement plus basses que celles des autres sites (chi² = 2,59, p-value = 0,46 et chi² = 9,64, p-value = 0,02). Si tous les animaux de chaque site sont considérés ensemble, les tests statistiques ne montrent aucune différence significative (chi² = 2,20, p-value = 0,53 et chi² = 3,67, p-value = 0,30).
2.5 Résultats-Humains
24Les valeurs isotopiques des sujets des différentes localités sont résumées sur la figure 3. Aucune différence statistique n’a été mise en évidence entre les valeurs des sujets des différents sites de la ville d’Aix (chi² = 5,77, p-value = 0,06 et chi² = 0,11, p-value = 0,96). Les valeurs isotopiques des humains des différents sites de Provence sont statistiquement différentes (chi² = 37,09, p-value < 0,001 et chi² = 45,72, p-value < 0,001). Les données biologiques et archéo-funéraires ne montrent aucune différence significative à même d’expliquer la variabilité des données isotopiques52.
2.6 Discussion-Animaux
25Les valeurs isotopiques des animaux correspondent à un environnement tempéré ouvert dominé par les végétaux à photosynthèse de type C353.
26Les valeurs isotopiques des poules montrent un enrichissement de l’ordre d’un niveau trophique avec celles des valeurs des herbivores. Elles ont donc eu un régime alimentaire basé sur les ressources carnées domestiques. Ce régime est conforme à celui décrit par les traités agronomiques antiques et médiévaux où la mise à disposition intentionnelle de lait et d’abats ainsi que l’accès aux rejets de cuisine et une consommation d’invertébrés sauvages sont décrits54. À Digne-les-Bains, les basses valeurs de δ15N pourraient attester la consommation de légumineuses. Les fèves sont, dans les textes, réputées faciliter la ponte tandis que les vesces et pois chiches assurent une bonne santé aux poules55. Les spécimens de porcs ont des valeurs de δ15N plus basses que celles des poules des mêmes sites. Or, l’intégration et la discrimination isotopique de l’azote chez les mammifères et les oiseaux ne sont pas différentes56. Les porcs ont donc une alimentation moins riche en protéines animales que les poules, comportant une forte proportion de végétaux. La pratique de la pâture et de la glandée telles qu’elles sont décrites dans les sources historiques et iconographiques semble donc être majoritaire. De telles pratiques induisent, en effet, une alimentation composée de racines, d’herbes tendres, de trèfles, de ramilles, de champignons, parfois de petits animaux ainsi que de fruits sauvages57. Les différences observées entre les sites pour les valeurs de δ13C sont à mettre sur le compte d’une variabilité des terrains utilisés pour cette pâture. Marseille et Digne-les-Bains, avec les valeurs les plus basses, correspondent à une exploitation de terrains plus fermés, plus boisés. Les valeurs les plus hautes à Aix-en-Provence et Riez attestent l’usage de terrains plus ouverts voire plus anthropisés (dont les valeurs de δ15N sont plus élevées à cause des pratiques de cultures). Tous ces terrains correspondent à un élevage extra-muros, vraisemblablement dans les campagnes voisines des agglomérations étudiées. Les valeurs observées pourraient également être le fait d’approvisionnement sur de plus grandes distances. Les moutons/chèvres et les bœufs ont une alimentation basée sur des végétaux terrestres de type C358. La variabilité de l’ordre d’un niveau trophique, à l’échelle des sites, des valeurs de δ13C comme de δ15N est le signe d’une exploitation de terrains plus ou moins ouverts et plus ou moins anthropisés et donc enrichis en azote. Les spécimens aux valeurs de δ15N les plus élevées pourraient être les témoins d’échanges extrarégionaux, leurs valeurs correspondant à celles observées en Languedoc59.
2.7 Discussion-Humains
27L’enrichissement médian entre les valeurs des humains et celles des animaux des sujets de Marseille est supérieur à celui attendu dans une relation trophique simple correspondant à une consommation exclusive de toutes autres ressources. Cet enrichissement indique la consommation régulière de ressources enrichies en 13C comme en 15N. Les valeurs des ressources marines publiées pour la Méditerranée antique et médiévale permettent de supposer qu’il s’agit de ressources marines, c’est-à-dire des poissons ou des mammifères marins vivant en haute mer comme les bars ou les dauphins60.
28À Aix-en-Provence, l’enrichissement est légèrement supérieur à celui attendu dans le cas d’une relation trophique simple. La base de l’alimentation protéinique semble donc bien être les quatre taxons (bœufs, moutons/chèvres, porcs, poules) sous forme de viande ou de produits secondaires associés à des ressources marines dans une moindre mesure que pour les sujets de Marseille.
29À Riez, les valeurs isotopiques des humains sont parfaitement conformes à celles attendues dans le cas d’une relation trophique simple avec les ressources terrestres échantillonnées. L’alimentation des habitants de Riez semble donc reposer essentiellement, pour les protéines, sur la viande ou les produits secondaires de ces quatre taxons. Les sujets aux valeurs les plus basses au sein de la population ont donc un enrichissement inférieur à celui attendu dans une relation trophique simple. Ils ont vraisemblablement eu une alimentation plus végétarienne ou se concentrant plutôt sur les herbivores au détriment des poules, omnivores.
30À Digne, l’enrichissement entre les valeurs des humains et des animaux est parfaitement conforme à celui attendu dans le cas d’une relation trophique alimentation-consommateur. L’alimentation serait donc elle aussi centrée sur la viande ou les produits secondaires de ces quatre taxons. Les sujets aux valeurs de δ15N les plus hautes sont aussi ceux aux valeurs de δ13C parmi les plus basses. Ces sujets ont vraisemblablement consommé des ressources dulçaquicoles. Des sujets présentent des valeurs de δ13C élevées qui permettent de supposer qu’ils ont consommé du millet dans des quantités significatives.
31Les sites provençaux témoignent donc d’une consommation de ressources marines en quantité notable jusqu’à 20 km de distance à la mer avec les sites de Marseille et Aix-en-Provence. Cette distance correspond grosso modo à une journée de transport et elle est donc compatible avec la consommation de ressources fraîches. Si les ressources marines sont acheminées sous forme de sauce jusque dans les régions septentrionales françaises61, la consommation de ces produits ne concerne pas une part importante de l’alimentation des sites de Riez et Digne-les-Bains. La distance à la mer joue donc, en Provence, un rôle primordial dans l’importance des ressources marines dans l’alimentation des populations des centres urbains tardo-antiques.
32Au sein des sites de Marseille et Aix comme de Digne et Riez, la variabilité des valeurs isotopiques est supérieure à un niveau trophique. Il existe donc un accès différentiel aux ressources alimentaires et notamment aux ressources aquatiques. En effet, les valeurs isotopiques de certains individus à Aix et Marseille, plus élevées en carbone comme en azote, permettent de les distinguer comme des consommateurs de ressources marines. À Digne et Riez, des individus aux valeurs élevées en azote, mais plutôt basses en carbone sont eux manifestement des consommateurs de ressources aquatiques d’eau douce. Ces agglomérations étant organisées autour de cours d’eau poissonneux, l’acquisition de ces ressources est sûrement locale. Les études isotopiques en Méditerranée ont démontré que la proportion des ressources marines dans l’alimentation varie à l’échelle des sites, ce sont les individus estimés « de haut statut social » qui se distinguent par des valeurs de δ15N plus élevées, suggérant une relation entre un meilleur statut social et une consommation préférentielle de poissons marins62. En est-il de même pour les ressources d’eau douce en milieu continental ? En tout cas, dans les deux cas, l’accès aux ressources aquatiques n’est pas uniforme au sein des populations. Il semblerait donc que la consommation de ressources aquatiques, quel que soit leur environnement d’origine, soit le reflet d’un certain statut socio-économique individuel. Le facteur sous-tendant cette consommation n’est ni le sexe ni l’âge et il ne semble pas s’exprimer dans les pratiques funéraires.
Conclusions
33Même si l’étude présentée ici reste préliminaire notamment en réduisant la diversité alimentaire urbaine à celles d’une ou trois nécropoles, l’étude isotopique des sujets provençaux et des spécimens de faune qui leur sont associés apporte de premiers éléments sur les pratiques de subsistance à la période tardo-antique. Les ressources carnées les plus présentes sur les sites – bœuf, mouton/chèvre, porc et poule – ont des valeurs isotopiques qui varient à une échelle locale. Cette variabilité est l’expression d’une diversité dans les pratiques et les terrains utilisés pour l’élevage, mais aussi de la présence dans les assemblages de possibles spécimens non locaux dont l’identification pourrait être possible grâce à des analyses isotopiques du strontium.
34Pour ce qui est de l’alimentation humaine, elle est, pour l’essentiel, basée sur la triade domestique. À Aix et Marseille, la consommation de ressources marines est détectable, révélant un approvisionnement de cette ressource suffisant pour nourrir la majorité de la population échantillonnée de façon conséquente. Il n’est pour l’instant pas possible de déterminer si cet approvisionnement ne concerne qu’une frange « aisée » ou toute l’agglomération. L’analyse isotopique d’individus inhumés dans d’autres sites d’Aix et de Marseille permettrait de mieux définir cet approvisionnement. La variabilité à l’échelle des sites permet de mettre en évidence un accès différentiel aux ressources carnées. Cette différence d’accès n’est pas liée au sexe ou à l’âge et ne se retrouve pas dans les pratiques funéraires individuelles, ces critères ne permettant pas d’expliquer la variabilité observée. Les analyses isotopiques révèlent donc une organisation sociale complexe, sûrement celle décrite par les textes (la présence de laïcs et de religieux, de « pauvres » et de plus « riches », de locaux et d’« étrangers »), qui régit la vie des individus et restreint leur accès à certaines ressources alimentaires. De manière intéressante, cette organisation ne se retrouve pas, ou en tout cas pas de la même manière, dans les pratiques funéraires.
35Ces résultats restent à étoffer, notamment en considérant plus de sites contemporains au sein de chaque centre urbain pour confirmer la représentativité des nécropoles échantillonnées et en intégrant des données archéologiques et historiques plus complètes à l’échelle des sites et de la région. Ils illustrent les nouvelles connaissances, accessibles grâce aux analyses isotopiques sur le collagène osseux. La reconstitution des habitudes alimentaires de ces sujets permet de confirmer la réalité plurielle et multifactorielle des alimentations dans le contexte méditerranéen.
Bibliographie
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Notes de bas de page
2 Bruegel, Laurioux 2002.
3 Flandrin, Montanari 2008.
4 Coplen 1996.
5 Mariotti 1983.
6 Cette définition se résume par l’équation : δEX (‰) = (R échantillon /R standard - 1) x 1000.
7 Herrscher, Goude 2015.
8 Dauphin 2015.
9 Ambrose, Norr 1993.
10 Allen, Burr 2014.
11 Fahy et al. 2017.
12 Hedges et al. 2007.
13 Bocherens, Drucker 2003.
14 van der Merwe, Vogel 1978.
15 Bocherens, Drucker 2003.
16 Boutton 1991 ; Smith, Epstein 1971.
17 Katzenberg, Weber 1999.
18 van Groenigen, van Kessel 2002.
19 Farquhar, Ehleringer, Hubick 1989.
20 Michener, Kaufman 2007.
21 DeNiro, Epstein 1981.
22 Finlay, Kendall 2007.
23 Schoeninger, DeNiro 1984.
24 Finlay, Kendall 2007.
25 Marshall, Brooks, Lajtha 2007.
26 Bogaard et al. 2007 ; Kanstrup et al. 2011 ; Pardo et al. 2002 ; Templer et al. 2007.
27 van Groenigen, van Kessel 2002.
28 Mion 2019.
29 Fuller, Márquez-Grant, Richards 2010.
30 Lightfoot et al. 2012.
31 Guyon 2005.
32 Moliner 2006.
33 Moliner 2006.
34 Moliner 2006.
35 Guyon, Nin 2014.
36 Lambert 1984.
37 Nin 2006a.
38 Nin 2006b.
39 Martin 2011.
40 Borgard, Heijmans 2014.
41 Démians d’Archimbaud et al. 2010.
42 Février 1990.
43 Notre Dame de la Seds pour Aix-en-Provence et Notre Dame du Bourg pour Digne, les sites de la Bourse pour Marseille et de la Cathédrale pour Riez.
44 Martine Leguilloux pour les sites de la Bourse et de la Cathédrale, Charlotte Méla pour le site de Notre Dame de la Seds et Antigone Uzunidis pour le site de Notre Dame du Bourg.
45 Six bœufs, quatorze moutons/chèvres, quatre porcs et deux poules.
46 Six bœufs, dix moutons/chèvres, six porcs et cinq poules.
47 Douze bœufs, huit moutons/chèvres, huit porcs et trois poules.
48 Treize bœufs, vingt-trois moutons/chèvres, quinze porcs et quinze poules.
49 Bocherens et al. 1991 ; Longin 1971.
50 Salesse et al. 2019 ; 2020.
51 Ambrose 1993 ; van Klinken 1999 ; DeNiro 1985.
52 Mion 2019.
53 Schoeninger, DeNiro, Tauber 1983.
54 Denis 1998 ; Mane 2017.
55 Denis 1998.
56 Robbins, Felicetti, Sponheimer 2005.
57 Fossier 1997 ; Audoin-Rouzeau 1998 ; Phillips 2007 ; Pastoureau 2012.
58 Bocherens et al. 1999.
59 Mion et al. 2019.
60 Mion 2019.
61 Clavel, Lepetz 2014.
62 Craig et al. 2009 ; Prowse et al. 2004.
Auteur
Université d’Aix Marseille, UMR 7269 – LAMPEA
mion.leia[at]gmail.com
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