Le pouvoir inquisitorial et la répression de l’abominable péché de sodomie dans le monde luso-brésilien
Inquisitorial power and the repression of the sin of sodomy in the luso-brazilian world
p. 203-218
Résumé
After new-Christians, sodomites were the most persecuted group by the Portuguese Holy Office, proportionally more frequently and more heavily punished than other heterodoxies. In this paper, drawing on documents in the Arquivo Nacional da Torre do Tombo (Lisbon), inquisitorial power used to persecute those practicing sodomy will be tackled from three angles: its reflection in social imaginary through myths touching on homosexuality, accusing it of being the cause of divine hatred; pointing to the responsibility of foreigners, above all Moors and Italians for its dissemination in Portugal; the power of supervision by setting up efficient means of denunciation and persecution.
Texte intégral
« On ne pouvait pas s’enfuir de l’Inquisition ! »
(Frei Mauro de Lemos, O. P., Lisbonne, 1644)
1Au cours des 285 années de fonctionnement de l’Inquisition portugaise, entre 1536-1821, plus de quatre mille sodomites du Portugal, du Brésil, de l’Afrique et de l’Inde furent dénoncés aux tribunaux de Lisbonne, Coimbra et Evora, dont environ 450 furent effectivement arrêtés. Trente d’entre eux, ont été brûlés dans les autodafés1. Après les Nouveaux-Chrétiens, les sodomites constituaient le groupe le plus opprimé par le Saint-Office portugais. Ce groupe a subi des punitions plus rigides que les autres hétérodoxes dans le domaine de la foi et de la morale sexuelle2. Cet essai est basé sur les documents des Archives Nationales de la Torre do Tombo (Lisbonne) et s’organise autour de deux axes principaux : 1) la manifestation du pouvoir inquisitorial dans la poursuite des sodomites et son écho sur l’imaginaire collectif des Portugais de la métropole et d’outre-mer, à travers les mythes stigmatisateurs qui identifient l’homosexualité comme l’agent provocateur de la colère divine. Les étrangers – notamment les Maures, les Italiens et les peuples originaires des nouvelles conquêtes – étaient considérés comme les responsables de la dissémination du « mauvais péché » au Portugal ; 2) le pouvoir de police exercé par le Saint-Office vis-à-vis de ceux qui pratiquaient l’abominable et exécrable péché de sodomie qui établit par la pédagogie de la peur des mécanismes efficaces de délation et des procédés d’intimidation contre cette minorité sexuelle.
L’inquisition portugaise et le péché innommable
2Durant le Moyen Âge, au Portugal, deux pouvoirs – la Justice du Roi et la Justice de l’Évêque – avaient le pouvoir de persécuter et de condamner à mort les auteurs d’un des crimes jugés le plus hideux dans toute la chrétienté : l’abominable et innommable péché de sodomie3. Au début des temps modernes, à partir de l’institution du Saint-Office à Lisbonne, en 1536, s’est installé aussi le Tribunal de l’Inquisition qui, face à certains crimes, dans quelques régions et pendant quelques périodes, a détenu un pouvoir plus grand que celui de la justice royale et épiscopale. De cette façon, le Tribunal de l’Inquisition a inspiré une grande crainte à la population en général, et aux sodomites en particulier. Parmi les crimes du for mixte, mixto foro, la sodomie devient le plus persécuté surtout par l’Inquisition, et après les nouveaux-chrétiens, les sodomites deviennent les principales victimes du Tribunal du Saint-Office. Avec son support institutionnel et idéologique, le Tribunal a consolidé l’intolérance envers les homosexuels comme une démonstration du pouvoir inquisitorial lui-même.
3Le 10 janvier 1553 – sept ans après l’installation du Saint-Office au Portugal – D. João III a octroyé une Provision qui autorisait les Inquisiteurs à combattre le péché innommable. Une nouvelle Provision est signée en 1555 par le cardinal D. Henrique, inquisiteur général. Ce document autorise le Saint-Office à brûler les « fanchonos »4. En Europe, dès la période 1524-1530, Clément VII autorisait les Inquisitions d’Aragon, Saragosse, Valence et Barcelone à poursuivre l’abominable5. C’est seulement en 1562 que Pie IV décrète un Bref Apostolique pour l’Inquisition portugaise, ratifié par Grégoire XIII en 15746.
4Dans les deux premiers règlements de l’Inquisition portugaise – l’un de 1552 et l’autre de 1570 –, il n’y a pas de référence à la sodomie. Ce crime n’apparaît qu’en 1613, dans le règlement de D. Pedro de Castilho, considéré, même par les « fanchonos », comme un prélat « qui ne pardonnait pas les sodomites »7. Au contraire de l’Espagne, le règlement portugais précisait nettement que le Saint-Office ne s’opposait qu’au péché de sodomie parfaite, c’est-à-dire la pénétration suivie d’éjaculation dans l’anus. Les péchés de bestialité et de « mollesse » (mollitia) n’étaient pas pris en compte. Le terme mollesse comprend plusieurs actes de sensualité qui n’ont pas de rapport direct avec le coït anal : la masturbation individuelle ou à deux, la fellation, le cunnilingus, etc.8. Dans le règlement de D. Fernando de Castro (1640) est inséré le Bref du pape Paul V (1605-1621), avec des lettres du cardinal Melino, qui confirmaient le droit de l’Inquisition portugaise de chasser les sodomites, de condamner au feu surtout les criminels les plus débauchés, ceux qui permettaient ces délits dans sa propre maison ou qui restaient longtemps dans cette « perdition ». La punition était publique et exemplaire : l’autodafé, des coups de fouet jusqu’à laisser la victime ensanglantée, la confiscation des biens, l’exil ou le bûcher. Dans le dernier règlement de l’Inquisition portugaise (1774), le cardinal da Cunha répète mutatis mutandis la même casuistique antérieure, néanmoins, la condamnation à mort relevait du roi dans les cas de « motif spécial et politique ». Certes, ces cas concernent l’accusé de sodomie qui faisait partie des hautes échelles sociales du royaume.
Les procédures du Saint-Office
5Aussi bien au Portugal qu’au Brésil, et dans d’autres parties de l’empire portugais – l’Afrique et l’Inde –, il y avait des réseaux de commissaires et familiers du Saint-Office, agents secrets qui travaillaient pour les tribunaux de Lisbonne, Coimbra, Evora et Goa, en collectant des informations sur les déviances en matière de foi et de morale. Ils enquêtaient, arrêtaient et envoyaient les pécheurs aux tribunaux, selon la décision du pouvoir central9. Il y avait une grande quantité d’officiers dans les villes et dans les villages ; s’ils prononçaient simplement les mots suivants : « Au nom du Saint-Office », ceux qui étaient abordés par l’émissaire inquisitorial devaient interrompre la marche, déposer les armes ou les montures, enfin ne devaient pas offrir de résistance à la prison. Quelquefois, au début du carême, étaient affichés sur les portes des toutes les églises les édits du Saint-Office, où étaient écrites plus d’une dizaine d’infractions condamnées par l’orthodoxie catholique, comme par exemple les blasphèmes, les hérésies, la sorcellerie, la sodomie, la bigamie et la sollicitation ad turpia. Ces graves péchés étaient élevés à la condition de « crime de la connaissance du Saint-Office », dont les coupables avaient une période limitée pour se dénoncer devant un officier inquisitorial ou dénoncer les coupables connus. Dans ces cas-là, il y avait des peines pécuniaires et même la prison pour ceux qui protégeaient ou qui ne signalaient pas les coupables10.
6Quelques cérémonies, rituels et procédures du Saint-Office avaient pour but de confirmer le pouvoir presque absolu de ce tribunal sur la vie terrestre et sur le destin éternel des inculpés. Les flagellations publiques des accusés, citra sanguinis infusionem, au moment où ils allaient des cachots de l’Inquisition au port pour partir en exil ; la peine d’obliger le coupable à porter des habits infamants, avec une bougie allumée à la main, agenouillé devant la porte de l’église ; une corde au cou, suivre l’officier, qui annonçait la liste des délits ; ou encore l’obligation de porter, jusqu’à la mort, le honteux sambenito, où restaient identifiés les crimes responsables de la punition de l’accusé, constituaient certaines des stratégies utilisées par les inquisiteurs pour renforcer et glorifier leur inflexible autorité. Sans doute, parmi toutes les procédures de l’Inquisition, la plus effrayante a été la célébration publique des autodafés. Des milliers de sujets étaient présents à la lecture des sentences et ils pouvaient connaître tous les détails liés aux graves crimes des accusés et aux punitions correspondantes. Ainsi, les sujets attestaient l’exécution de la peine de mort sur le bûcher pour ceux remis à la justice séculière. L’odeur nauséabonde des corps brûlés imprégnait toute la ville et rappelait le droit de vie et de mort de l’Inquisition, même à ceux qui n’étaient pas présents aux autodafés.
La diabolisation des sodomites
7Le Saint Tribunal de l’Inquisition portugaise, avec son rigide apparat institutionnel, emploie toute son influence afin de réprimer la sodomie qui, dès la fin du Moyen Âge, a été retenue par la théologie morale et par les lois civiles comme le « plus infâme, sale et déshonorant péché »11. Néanmoins, il faut distinguer d’après les recherches de J. Boswell dans l’ouvrage Christianity, Social Tolerance and Homosexuality que ce n’est qu’à partir du XIVe siècle que l’Europe se trouve face à deux haines qui marquent puissamment le monde dans le dernier millénaire : l’homophobie et l’antisémitisme12. Selon des recherches récentes, c’est précisément au XIIIe siècle, après une longue période de raisonnable tolérance et de coexistence plus ou moins pacifique entre les chrétiens, les sodomites et les croyants de la Loi de Moïse, que se manifeste en Europe un fort sentiment antisémite et homophobe, dont l’Inquisition constitue la principale institution dans cette croisade de haine et d’intolérance. Ensuite, avec la propagation de la Peste Noire (1348) et le déséquilibre démographique qu’elle entraîna, des Juifs et des sodomites furent incriminés d’avoir provoqué la colère divine et d’avoir répandu cette épidémie13.
8Ainsi, la tendance à la diabolisation de la sodomie et des sodomites se consolide et ils sont jugés comme les responsables de la colère divine : « De tous les péchés, la sodomie est le plus infâme, sale et déshonorant en face de Dieu et du monde. Ce péché attaque non seulement le Créateur de la nature, Dieu, mais aussi toute la nature créée, céleste et humaine. Le seul acte de parler de ce péché est suffisant pour corrompre l’air, qui perd sa vertu naturelle. À cause de cette dépravation Dieu a envoyé le déluge sur la Terre et a détruit les villes de Sodome et Gomorrhe et aussi l’Ordre des Templiers dans toute la chrétienté. Donc, l’homme qui pratique tel péché sera brûlé et réduit en cendres. De cette manière, il ne va subsister la mémoire ni de son corps, ni de son tombeau. »14
9Un message si ostensiblement hostile à l’égard de l’homosexualité faisait écho dans l’imaginaire collectif du Portugal et de ses colonies. Il était possible d’identifier des réactions sévères d’homophobie, soit dans le discours officiel soit dans la voix et la conduite du peuple. Dans les procès contres les sodomites, les sentences ratifiaient toujours la même cantilène : « À cause de cet horrible et abominable péché Dieu a brûlé les infâmes villes de Sodome et Gomorrhe… »15. Parfois, les inquisiteurs rappelaient dans leurs discours que la présence de ces abominables pécheurs pourrait déclencher la colère divine contre le Royaume du Portugal16.
10Or, le peuple s’étonnait et regrettait que tel châtiment ne retombe pas véritablement contre les sodomites, notamment les cas les plus notoires et scandaleux. En 1668, à Lisbonne, un greffier a assuré avoir vu passer devant le parvis de l’église de São Domingos, un homosexuel appelé Belchior Gomes de Elvas, et il a entendu le suivant commentaire d’un serviteur : « cet homme est toujours triste et sombre, et sa maison est une sumitigaria (« maison de sodomie ») et ce somitigo (« sodomite ») m’a pris par la main un jour et j’ai lui répondu que je ne voulais pas qu’il me touche. Je ne sais pas pour quelle raison sa maison n’était frappée par la foudre. »17 Également, la résidence d’un impudique jeune homme qui faisait partie de la Chambre du Roi, appelé Manuel Figueiredo, 24 ans, domicilié à Cruz da Cata, à Lisbonne, était en butte à la colère des plus homophobes : « sa maison était une sodomie et elle devait être atteinte par la foudre du ciel, car nous ne pouvons plus souffrir ce type de chose. »18
11La superstition homophobe arrivait au Nouveau Monde et on attendait et exigeait de la Providence divine les mêmes punitions dans la colonie brésilienne. Un délateur a découvert que dans la maison d’un important fonctionnaire de Salvador (Bahia), de la famille Brito, a dit qu’il « a entendu parler d’un mulâtre qui avait sucé l’autre (fellation) – et que dans le jardin du Monastère São Bento, un neveu de l’abbé a exprimé son mécontentement à l’égard d’un moine qui l’avait tâté en disant qu’il devait se permettre faire ce que les hommes faisaient avec les femmes. Le délateur ne savait pas comment ces maisons ne s’effondraient pas avec la sodomie qui existait à son intérieur. »19
Sodomie, vice étranger
12L’identification de la sodomie comme un vice caractéristique des étrangers représentait un autre mythe de l’homosexualité – très populaire au Portugal à l’époque des grandes découvertes. Ce mythe était spécialement utilisé et stimulé par le discours officiel, ainsi que par le roi et les inquisiteurs, de manière à éloigner les vieux-chrétiens de la pernicieuse et indésirable contagion des peuples et des pratiques sexuelles originaires d’autres domaines. Notamment après la conquête de la place de Ceuta (1415) et la colonisation de territoires en Afrique, en Orient et au Brésil, de nouveaux groupes ethniques sont incorporés à la Lusitanie. Outre des milliers de juifs expulsés d’Espagne et des Maures qui restaient dans le sud de la péninsule, nous avons trouvé dans les documents inquisitoriaux des références aux sodomites identifiés comme africains, ceylanais, indiens, amérindiens, italiens, belges, français, espagnols, mexicains, anglais, etc., qui habitaient à Lisbonne et dans les principales villes du royaume.
13De peur que cette Lisbonne-Babel ne devienne une Lisbonne-Sodome, D. Sebastião « Roi du Portugal et des Algarves d’ici et d’outremer en Afrique, seigneur de la Guinée et de la conquête, navigation et commerce d’Éthiopie, d’Arabie, de Perse et d’Inde etc. », a promulgué la « loi sur le péché abominable de sodomie », qui décrivait nettement que ces mœurs dangereuses attestées dans le royaume venaient d’outremer : « Je vois que, depuis un temps, il y a quelques sujets dans mes royaumes et dans mes domaines coupables du péché abominable, et j’ai reçu un grand ressentiment en raison de la gravité d’un péché aussi innommable, parce que mon règne est demeuré net pendant longtemps par la bonté de Dieu… »20
14Dans l’imaginaire du peuple portugais, les ethnies soupçonnées comme les plus viscéralement contaminées par la sodomie ont été les Maures et les Italiens. Telle était la conviction dans cette diabolique association que, pour les inquisiteurs, le simple fait d’avoir vécu ou seulement voyagé en Italie ou chez les Maures, était un indice aggravant d’avoir pratiqué le « vice des maures » ou « vice italien ».
15En 1570, à Lisbonne, on remarquait « qu’à Rome il y avait des rues de jeunes hommes comme ici il y a des rues de femmes célibataires et qui étaient beaucoup considérés. »21 D’autres, plus piquants, accusaient le pape d’être partisan du péché innommable. Même dans l’éloigné Brésil, à la fin du XVIe siècle, un colon du Pernambouc s’accusait devant le Visiteur d’avoir dit « qu’à Rome il y avait des rues où des jeunes hommes vendaient leurs corps comme des prostituées, et que le souverain pontife déterminait que les femmes devaient marcher avec la poitrine exposée afin d’exciter la volupté des hommes, pour les écarter de la sodomie. »22
16Plusieurs sodomites lusitaniens se sont enfuis à Rome non seulement pour échapper à la prison de l’Inquisition portugaise, mais aussi avec l’intention de vivre plus librement leurs tendances homoérotiques. Quelques-uns ont dit que « la sodomie était une pratique fréquente à Rome, à Naples et en Italie. C’était un péché facilement pardonné. »23
17Il y a plusieurs références dans la documentation inquisitoriale sur l’homosexualité dans le monde islamique. D’après le procès du Maure João de Noronha, 1580, captif de l’évêque de Porto Alegre, accusé d’un grand nombre de coïts homosexuels, un érudit promoteur se fondait sur des sources bibliographiques pour confirmer ce que les inquisiteurs et les théologiens de l’époque répétaient avec conviction : que la religion de Mahomet ne condamnait pas la sodomie. Nous pouvons lire dans ce procès que l’accusé « a contre soi-même d’abord la présomption de sa nation, qu’il est né Maure en Barbarie… Lesquels sont habitués à pratiquer l’abominable péché de sodomie et dans la secte de « Mofamede » il est toléré que l’on puisse user de cet abominable opprobre ainsi que les hommes font avec les femmes et sicut diccitur in Fortalicio de Bello Sarracenorum et de Erroribus Legis Mahometi. »24
18Quelquefois, les inquisiteurs eux-mêmes provoquaient le prisonnier, soit portugais soit d’un autre pays, pour lui faire révéler ses expériences et contacts avec les Maures. À l’agriculteur Diogo Fernandes Carneiro, 30 ans, de l’île da Graciosa, a été posée la question suivante : « Vous avez aimé la loi des Maures et des païens qui jugent libre le péché et, en particulier, le péché de sodomie ? Il a dit « non ». Ensuite il lui a été demandé s’il a eu contact avec un étranger ou avec d’autres sortes de personnes reprochables qui croyaient être licites de commettre le mauvais péché. Il a dit que non, qu’il n’était jamais sorti de l’île. »25
19Le cas du Maure Gil, affranchi, 20 ans, « habillé en rouge, des pantalons en “pelote” », a été vu en tirant un jeune homme pauvre par les bras. Puis, le Maure a conduit le jeune homme à un pailler où ils ont pratiqué la sodomie. On a demandé « si dans la loi de “Mafoma” il est permis de commettre le péché de sodomie et s’il n’y a pas de problème dans l’acte de dormir avec d’autres garçons. Il a dit que cela était interdit dans sa terre, mais non dans les domaines des Turcs. » Plus tard, il a confirmé l’accouplement avec le dit jeune homme. Toutefois, il a corrigé le premier aveu, et disait que « dans sa terre, puisqu’il était maure, il avait l’habitude de dormir avec des garçons par derrière. La peine était la prison ou le paiement d’argent pour acquérir la liberté. Mais, après être devenu chrétien, il n’avait plus commis ce péché. » En raison de la constatation qu’il était ivre au moment de l’acte sodomitique, malgré son passé compromettant, le tribunal inquisitorial l’a condamné à six ans de galères, suivi de la confiscation des biens26.
La pédagogie de la peur
20Un autre aspect plus poignant du pouvoir inquisitorial remarqué dans la répression de l’abominable et innommable péché de sodomie dans tout l’empire portugais a été l’atmosphère de terreur et d’insécurité qui pesait sur les partisans de l’amour qui n’osait pas dire son nom. Les règlements de l’Inquisition distinguaient comme crime formel la « sodomia perfeita », à savoir, « la pénétration de l’organe viril dans l’anus suivi de l’écoulement de la semence d’homme », tandis que la mollitia regroupait les autres pratiques homoérotiques : les caresses, les baisers, les embrassements, la fellation, le cunnilingus, etc. Malgré cette ouverture conceptuelle de la taxinomie morale ecclésiastique, ni les sodomites eux-mêmes ni la population en général n’avaient la même compréhension, et on dénonçait comme une preuve du crime de sodomie le simple efféminement jusqu’au travestissement, et encore d’autres manifestations homoérotiques superficielles méprisées par la casuistique inquisitoriale. Autrement dit, le jugement populaire était plus sévère que la propre justice inquisitoriale.
21L’un des aspects les plus dramatiques du pouvoir répressif du monstrum horribilem contre le péché innommable était de faire de chaque membre de cette catégorie socio-sexuelle non seulement un délateur potentiel, mais aussi de stimuler l’auto-délation, dans la mesure où les règlements du Saint-Office assuraient à ceux qui confessaient leurs « crimes », un traitement moins rigoureux, basé plutôt sur la « miséricorde » que sur la « justice » – les deux piliers inspirateurs de l’action inquisitoriale. La crainte de voir un ancien partenaire sexuel se transformer en délateur était une angoisse constante dans la conscience des amants du même sexe. Ainsi, Marcos Vieira, jeune homme du chœur de la Sé de Lisbonne, dans le premier quart du XVIIe siècle, a décrit dans son procès qu’il avait pris l’initiative d’avouer ses actes sodomitiques « à cause de la peur d’être dénoncé par ses complices ». Il a écrit à deux de ses ex-amants, un frère de Salamanque et un séminariste du collège de la Compagnie, « pour qu’ils viennent avouer. »27 Le frère Mathias de Mattos, théologien et prédicateur, en 1690, effrayé d’être dénoncé par un ennemi, a demandé une audience au tribunal inquisitorial où, outre l’aveu d’avoir eu, pendant plus d’un an, de l’amitié particulière avec un novice du couvent des jérômites de Belém – le frère Francisco de l’île de Madère, avec qui il avait pratiqué plusieurs copulations –, a livré aux juges du Saint-Office une collection de six lettres d’amour que son jeune amant lui avait envoyées pendant l’idylle28.
22La peur de la condition criminelle de la sodomie intervenait dans l’interaction libidineuse entre les amants du même sexe : en 1659, à Belém (Para), en pleine forêt amazonienne, le potier Manoel Gonçalves, 23 ans, marié, a avoué que, l’été précédent, le frère Lucas de Sousa França, 69 ans, de l’ordre de Notre Dame de Merces, « l’avait invité à pratiquer l’abominable, et il avait dit que cela n’était rien. » Couché dans son hamac, le frère est venu et l’a emporté dans son lit et les deux sont resté nus. Le potier était sur le frère, mais il n’a pas éjaculé « parce qu’il avait peur ». Il a assuré que, pendant les 17 fois qu’il a pénétré le frère, « il n’a éjaculé qu’une seule fois. »29 Le frère Tomé Ferreira, 48 ans, prédicateur augustinien et confesseur des sœurs du couvent de Sainte Monica d’Evora, arrêté dans la pénultième année du XVIIe siècle, a affirmé « qu’il a toujours eu la volonté de consommer l’acte de sodomie mais, tout à coup, il s’est rappelé la gravité de cette faute et de la peine à laquelle il pouvait être soumis. Alors, il s’est abstenu de consommer l’acte. » Naïf, il a ajouté un détail révélateur sur la conduite des rangs inférieurs dans cette société commandée par l’autoritarisme des élites : que « sa faible connaissance et la vilenie des personnes avec qui il avait perpétré la faute lui ont fait penser qu’il était libre de la peine et que, étant gens vils et méprisables, il a pensé que les autres ne feraient pas attention à leurs témoignages. »30
23Quelques sodomites afin de « décharger la conscience », prenaient l’initiative d’avouer leurs crimes avant d’être dénoncés, car ils avaient une peur extrême des châtiments. Avec la confession, ils croyaient pouvoir s’exempter de punitions plus sévères. En revanche, d’autres préféraient cacher au maximum un secret aussi compromettant. Tel a été l’attitude du prêtre Bartolomeu de Góes, 50 ans, surnommé « le Punheteiro », puisqu’il avait l’habitude de masturber des jeunes et des hommes qui fréquentaient son église à Alcântara, aux alentours de Lisbonne. En prison il a beaucoup pleuré, a imploré le pardon des juges du Saint-Office et a affirmé « qu’il n’avait pas avoué avant en raison de la peur de mourir. On lui a dit que le seigneur Inquisiteur, l’évêque D. Pedro de Castilho, ne pardonnait pas les sodomites. »31
24Un grand nombre d’homoérotiques préféraient l’auto-délation, par crainte d’être dénoncés. Cela était fréquent même dans les coins les plus éloignés de la métropole, comme à l’intérieur de l’Amérique portugaise. En 1735, le cirier Lourenço Ferreira Esteves, résidant à Ouro Preto (Minas Gerais), a envoyé par écrit sa confession au siège du Saint-Office, à Lisbonne, auquel il a assuré qu’il y avait 12 ans, « ivre d’eau-de-vie, a commis plusieurs fois l’innommable péché de sodomie avec ses esclaves José Muria, Mariana Angola, Inâcio Mina et aussi avec le garçon Antônio. Le cirier s’est dénoncé à cause de la peur d’être puni et de la frayeur d’être accusé par ses esclaves. »32
25L’auto-délation du frère Matias dos Prazeres Gago, 37 ans, carmélite chaussé de la province de Bahia, outre son origine éloignée du royaume – deux mois de distance maritime – rappelait ses fautes commises presque 20 ans avant. Le frère affirmait : « le remords de sa conscience parce qu’il était craintif de Dieu plus que d’autres peines. À ce moment-là, il avoue que, lorsqu’il avait entre 18 et 19 ans, il avait pratiqué le péché abominable avec son confrère de Pernambouc, frère José de Jesus Maria, persuadé de son autorité et aussi parce qu’il ignorait l’énormité du délit et des peines. Le frère ne savait pas que cette faute était réservée au Saint-Office et, alors, il avait avoué avec son complice, sans savoir que cela relevait de la connaissance du Saint Tribunal. » Il ajoute « qu’il avait toujours été passif, et une seule fois il a été actif par l’insistance du prêtre. Après ces actes, il n’a plus pratiqué la sodomie. » Le scrupuleux carmélite a livré sa confession manuscrite au commissaire du Saint-Office de Bahia, le chanoine Bernardo Germano de Almeida, en ajoutant « qu’il avait déjà fait la confession par d’autres moyens, mais qu’il la répétait pour avoir une sécurité plus grande. »33
26La punition exemplaire lancée contre un grand nombre de sodomites dans un célèbre Autodafé, en 1645, servait d’aide mémoire pour intimider et éloigner les « fanchonos » les plus attachés à cet abominable crime : l’étudiant Vicente de Oliveira, 17 ans, a avoué qu’il y avait deux ans, le frère Bartolomeu da Silveira, prieur du carmel d’Evora, était une fois couché à plat ventre et « le frère a graissé son propre derrière avec de la salive, et il a dit que, de cette manière, le confessant pouvait introduire son membre viril plus facilement et, alors, le jeune homme a été induit à se poser sur le frère et à commettre l’innommable péché de sodomie. » Le frère a essayé aussi de pénétrer le jeune homme, « mais il n’a pas réussi avec son membre viril dans son anus pour être trop gros et ventru. » Il a dit « qu’il n’est pas venu se dénoncer avant par honte. Et cela a été dit à chaudes larmes, suivies de la promesse de ne plus commettre cet abominable péché. » Les inquisiteurs l’ont admonesté pour qu’il ne commette pas ce crime encore une fois, car « s’il faisait le contraire il recevrait la peine avec toute la rigueur de la justice, comme il a pu voir le châtiment donné pour ce péché à quelques individus qui ont passé par l’Autodafé le dernier dimanche. Il devait garder tout cela toujours dans sa mémoire pour ne pas recevoir cette peine et il ne devait pas fréquenter les personnes qui étaient adeptes de ce péché… »34 La pédagogie de la peur ne pouvait pas être plus explicite.
Pour échapper au monstrum horribilem
27D’innombrables sodomites se sont enfuis avec leurs complices pour d’autres villes ou, même, hors du royaume par peur d’être pris par l’Inquisition. Tomás Mendes, 18 ans, en dépit d’être fils de l’huissier de l’Inquisition, insistait à porter de longs cheveux. Les révérends lui avaient déjà ordonné de couper les cheveux, parce que cette allure était vue comme un signe diacritique qui identifiait la « subculture gay »35. Il a dit qu’il connaissait un jeune homme, appelé Bento Pereira, 20 ans, « qui vivait avec quelques femmes du monde au Beco dos Barbantes, et qu’il était diffamé dans l’abominable péché. On dit qu’il est à Madrid, et qu’il est sorti du Portugal à cause de la peur du Saint-Office. » Il a ajouté encore que Fernão Martins Corte Real « peut-être en Algarve fuit d’effroi du Saint-Office, car il était très débauché en sodomie et ne parlait jamais d’autre chose. »36
28Le mulâtre Jerónimo, esclave à Lisbonne, au milieu du XVIIe siècle, pour n’être pas arrêté par l’Inquisition, d’abord a été envoyé en cachette par son seigneur au Porto, et ensuite a été vendu et embarqué pour Bahia, où il a vécu de longues années, incorrigible et scandaleux dans l’homoérotisme. On dit que, à cause de ce même « vice », déjà âgé et affaibli, au temps de l’arrivée de l’armée royale dans la capitale de l’Amérique portugaise, pour éviter d’être arrêté et perdre sa propriété, son maître l’a envoyé en hâte de Bahia au « sertão » de Sergipe. De cette manière, il a échappé plus d’une fois aux griffes inquisitoriales37.
29La fuite, le camouflage, la cachette, ont été quelques-unes des solutions trouvées par les sodomites afin d’échapper aux soupçons et à une imminente prison, notamment lorsqu’un compagnon sexuel ou connu avait déjà eu la malchance d’être envoyé dans les geôles secrètes de la Maison Noire du Rossio. L’artifice utilisé par le prêtre João de Mendonça da Maia – 45 ans, maître d’école à Valença do Minho, en 1643 –, a été répété par beaucoup d’autres sodomites angoissés par l’effroi de la prison. Contre lui il y avait de nombreuses et graves accusations sur le mauvais péché, aussi bien au tribunal de Lisbonne qu’au tribunal de Coimbra. Selon une délation du vicaire de la Vila do Conde, « comme je suis chrétien et curé de ce village, je crois être obligé d’avertir ce Saint Tribunal sur les effronteries, les exagérations et les vices vécus par le prêtre João da Maia, curé. D’origine hébraïque et d’une façon effrontée il sème l’infamie et la doctrine sodomitique chez les jeunes hommes et les individus peu avancés en âge. On sait que ce domaine est le plus fertile pour fixer des racines… Après la persécution contre les “fanchonos” et les sodomites réalisée dans cette Université de Coimbra, le prêtre est sorti coupable, de même que le docteur Navarro et d’autres. Plus tard, il s’est enfui pour Rome, où il a changé de nom, parce que, jusqu’à ce moment-là, il s’appelait João da Maia… » Il a dit aussi « qu’il avait fui Madrid à cause de la prison pour sodomie des pages du marquis de las Nanas. João da Maia était son complice et vivait dans sa maison comme chapelain. » On sait encore que, quand il a découvert qu’un autre complice avait être arrêté à Lisbonne, « il a changé de nom et il demandait à ceux qui lui écrivaient d’utiliser le nouveau nom. »38
30Quelques sodomites sont arrivés à des extrêmes à cause de la frayeur d’être arrêtés. En 1580, Fernão Luiz, professeur mulâtre de Bahia, accusé d’avoir péché avec un jeune homme des Îles, Marcos Pires, « pour ne pas être découvert, a tué le dit garçon et aussi leurs parents, avec du poison qu’il leur a donné à manger dans une poule. Cette famille est morte du côté de Matoim. »39 D’autres sodomites sont arrivés à un grand désespoir et se sont suicidés, comme Francisco Brandão Romano, 43 ans, un riche banquier italien, marié, habitant de Lisbonne, dans le Terreiro de Ximenes. En 1642, il y avait contre lui dans les Cadernos do Nefando plusieurs enregistrements où on l’accusait d’avoir dit à la femme du gouverneur du château « qu’il allait avoir une très bonne vie ici-bas puisque avec la mort, l’âme et le corps disparaissaient. » Il était également attaqué parce qu’il soutenait son amant, « en lui donnant 10 mille “réis” tous les mois. » Pour justifier sa prison, le promoteur a dit qu’il le soupçonnait d’une possible fuite du royaume, bref, « par les habits et par les mœurs on voit qu’il a un caractère dogmatique dans le péché abominable. » Pendant que le tribunal inquisitorial discutait le besoin ou non de sa prison, en mai 1644, un mois plus tard, l’ordre de détention n’avait pas encore été émis et, pour des raisons particulières, un capitaine des familiers du Saint-Office de Lisbonne se dirigeait vers la maison de ce banquier « fanchono » pour lui demander une affaire quelconque à Rome. Il était treize heures. Le banquier a reçu la commission par son esclave et il est resté tout à fait énervé. « Francisco Brandão Romano a sorti le couteau, a frappé 2 ou 3 fois sur son ventre et, ensuite, s’est égorgé. Il est mort dans les 24 heures. Il s’est répandu très vite comme chose indubitable dans cette ville, la nouvelle que le Saint-Office commandait la prison à cet homme, considéré comme un sodomite scandaleux et incorrigible et, comme il avait peur d’être brûlé, il a choisi de ne pas en arriver à ce point et a commis la cruauté de se tuer. » Cet enregistrement finit par le commentaire suivant : « Quam incomprehensibilia sunt judicia Dei ! »40
31Le groupe des sodomites, après les nouveaux chrétiens, fut la minorité sociale la plus persécutée par le Saint-Office et c’était, proportionnellement, la classe la plus torturée et condamnée au feu. Malgré le millénaire préjugé et l’intolérance homophobe qui étreignaient toute la chrétienté, qui justifiaient la chasse aux sodomites vue comme un acte de vertu et piété afin d’empêcher la colère divine contre l’humanité ; en dépit de l’Inquisition qui avait instauré au Portugal et dans ses domaines, la rigide pédagogie de la peur, qui inhibait et réprimait la pratique de l’abominable et innommable péché de sodomie, avec son mécanisme d’intimidation et ses rigoureuses procédures de persécution ; enfin, malgré toutes ces difficultés idéologiques et institutionnelles, la documentation inquisitoriale atteste que plusieurs amants du même sexe ont préféré risquer leur vie, et se sont exposés à subir les horreurs de la prison, de l’exécration sociale, des coups de fouet, et même la mort par le feu, que renoncer à leur nature la plus profonde et à la concrétisation de leurs sentiments, amours et passions à l’égard des individus du même sexe. Malgré la diabolisation de la sodomie et la stigmatisation des sodomites, maints homosexuels poursuivis par l’Inquisition portugaise ont démontré posséder un embryon de conscience et d’affirmation de la légitimité de leur orientation sexuelle. Quelques-uns ont même participé d’une sub-culture sodomitique souvent frénétique par rapport aux modèles comportementaux de l’époque. En outre, un nombre mineur de sodomites a exprimé – avec une audace extrême et un risque personnel – un discours défensif, voire laudatif, sur l’amour entre personnes du même sexe.
32Je finis par une citation du prêtre Gregório Martins Ferreira, doyen de la Sé do Porto, 47 ans, un homme qui a beaucoup voyagé partout en Europe, docteur en droit canon de l’Université de Salamanque, et qui a été le principal représentant de l’intelligentsia gay à assumer un discours pro-sodomitique au Portugal dans le premier quart du XVIIe siècle. C’était un sodomite hardi qui, dans les processions, courtisait les jeunes hommes les plus beaux. Il faisait aussi, accompagné d’un chanoine de sa cathédrale, des vers latins de deux distiques pour glorifier les garçons les plus jolis de sa ville. Lui-même était surnommé « Isabel do Porto ». Le prêtre Gregório était accusé d’athéisme et de blasphème. On disait que « quand il parlait de la sodomie, il faisait des plaisanteries… » Après être arrêté et exilé, il est revenu clandestinement au Minho où, dans une réunion demi-secrète, devant plusieurs prêtres et des amis laïcs, il a parlé ouvertement en faveur de l’homosexualité, « en théorisant et en inculquant dans l’abominable. » Il est arrivé au point d’affirmer que la « sodomie a été interdite par Dieu parce que les hommes penchaient pour elle et empêchaient la multiplication de l’espèce. Si la sodomie n’avait pas empêché l’engendrement, elle serait considérée comme une simple fornication. C’est pour cette raison qu’elle restait contre le précepte de Dieu considéré comme circonstance grave. » Et, ainsi, le prêtre Gregório a fini, et il a ratifié sa profession de foi de sodomite convaincu : « Ce péché est le plus agréable aux hommes. Si on est habitué à lui, c’est impossible de changer. » Et au scandale de quelques présents, « de cette façon, il parlait sans pudeur, et faisait des satires avec les noms de tous les sodomites fameux, et chantait accompagné de sa guitare… »41
33Un précurseur, courageux et amusant, du mouvement actuel de libération homosexuelle contre le pouvoir inquisitorial.
Notes de bas de page
1 Luiz Mott, « Pagode Português : a Subcultura Gay em Portugal nos Tempos da Inquisição », in Ciência e Cultura, vol. 40, fev. 1980, p. 120-39.
2 Luiz Mott, « Justitia et Misericordia : a Inquisição Portuguesa e a Repressão ao Nefando Pecado de Sodomia », in Anita Novinsky et al. (eds.), Inquisição : Ensaios sobre Mentalidade, Heresias e Arte. São Paulo, Edusp/Expressão e Cultura, 1992, p. 703-38.
3 Antônio A. Aguiar, Evolução da pederastia e do lesbismo na Europa. Separata do Arquivo da Universidade de Lisboa, vol. XI, 1926, p. 519.
4 Terme courant dans la langue portugaise pendant la période inquisitoriale pour désigner les adeptes de l’homoérotisme, en particulier les plus féminisés, qui se limitaient à la pratique de la mollitia, sans arriver à la sodomie parfaite. Dérivés : fanchão, fanchonice.
5 B. Bennassar, L’Inquisition espagnole. Paris, Hachette-Marabout, 1979, p. 335.
6 ANTT, Index dos Repertórios do Nefando, [143-7-44].
7 ANTT, IL, Proc.1312, Padre Bartolomeu de Góes, 1620.
8 J.-L. Flandrin, Le sexe et l’Occident. Paris, Seuil, 1981, p. 340.
9 Francisco Bethencourt, História das Inquisições. São Paulo, Companhia das Letras, 2001.
10 Antônio A. Aguiar, op. cit.
11 Wayne Dynes (ed.), Encyclopedia of Homosexuality. New York, Garland, 1990.
12 John Boswell, Christianity, social tolerance and homosexuality. The University of Chicago Press, Chicago, 1980 ; Same Sex Unions in Pre-Modern Europe. New York, Villard Books, 1994.
13 Franco Mormando, The Preacher’s Demons. Bernardino de Siena and the Social Underworld of Early Renaissance Italy. Chicago, The University of Chicago Press, 1999, p. 178.
14 A. A. Aguiar, op. cit. 1926, p. 519.
15 ANTT, IL, Proc. 7118, Frei João de Burgos, 23-3-1638.
16 ANTT, IL, Proc. 7535, Manoel de Sousa, 2-2-1644.
17 ANTT, IL, Caderno do Nefando n° 12, [143-6-37], 1668.
18 ANTT, IL, Proc.10093, Manuel de Figueiredo 19-9-1618.
19 ANTT, IL, Caderno do Promotor n° 29, 4-12-1645.
20 ANTT, Livro 2° da Chancelaria, 1571.
21 ANTT, IL, Proc.1982, Rafael Fanchono, 18-1-1570.
22 Confissões e Denunciações de Pernambuco, 1593-1595, Recife, Coleção Pernambucana, Fundarpe, 1984, p. 27.
23 ANTT, IL, Caderno do Nefando, [143-6-39, fl.190], 24-1-1690 ; IL, Proc. 241, Ermitão Diogo Alvares, 1557.
24 ANTT, Inquisição Evora, Proc. 8056, Joao de Noronha, 2-1-1579.
25 ANTT, IL, Proc. 3208, Diogo Fernandes Carneiro, 7-6-1593.
26 ANTT, IL, Proc. 2033, Gil, 2-3-1566.
27 ANTT, IL, Proc. 4241, Padre Vicente Nogueira, 16-7-1630.
28 Luiz Mott, « Meu menino lindo : cartas de amor de um frade sodomita, Lisboa, 1690 ». Luso-Brazilian Review, n° 88, 2001, p. 189-204
29 ANTT, IL, Proc. 6702, Frei Lucas de Sousa França, 1660.
30 ANTT, IL, Caderno do Nefando n° 15, [143-6-40], Frei Tomé Ferreira, 15-12-1698.
31 ANTT, IL, Proc.1312, Padre Bartolomeu de Góes, 1620.
32 ANTT, IL, Caderno do Nefando n° 821, Lourenço Ferreira Esteves, 1735.
33 ANTT, IL, Caderno do Nefando n° 20, [149-7-698], fl. 134, Fr. Matias dos Prazeres Gago 22-3-1756.
34 ANTT, IL, Caderno do Nefando n° 6, [143-6-33], fl. 235, Vicente de Oliveira, 30-6, 1645.
35 Au sujet de la propriété de l’usage de l’expression « subculture gay » ou « subculture sodomitique » pour identifier cette réalité socio-historique, cf. Mott, « Pagode Português », op. cit. et R. Trumbach, « Sodomite Subcultures, Sodomitical Roles and the Gender Revolution of the XVIIth Century : The Recent Historiography », in Eighteenth-Century Life, 1985, p. 109-121.
36 ANTT, IL, Caderno do Nefando n° 2, [143-5-24], fl. 329, Tomás Mendes, 10-4-1618
37 ANTT, Caderno do Nefando n° 13, [143-6-38], fl. 322, Jerônimo, 16-12-1686. « Sertão » : région peu peuplée à l’intérieur du Brésil, notamment à l’intérieur de la partie nord-occidentale.
38 ANTT, IL, Proc. 5007, João de Mendonça da Maia, 21-7-1643.
39 Primeira Visitação do Santo Ofício à Bahia, p. 466, apud Luiz Mott, Homossexuais da Bahia. Dicionário Biográfico, Séculos XVI-XIX. Salvador, Editora Grupo Gay da Bahia, 1999, p. 29.
40 ANTT, IL, Caderno do Nefando n° 8, [143-6-34], fl. 230, Francisco Brandão Romano, 1642.
41 ANTT. IL., Proc. 15421, Padre Gregório Martins Ferreira, 1619.
Auteur
Université de Bahia
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