L’impossible émergence d’un grand bassin houiller en Europe du sud : des illusions du XIXe siècle au compromis asturien de la charnière des siècles
p. 37-52
Texte intégral
1Le bassin houiller auquel est consacrée cette contribution est à la fois légitime et décalé dans le cadre de cet ouvrage : légitime parce qu’il s’agit d’un bassin d’Europe du Sud, confronté lui aussi à l’épisode douloureux de la fermeture, mais en même temps décalé parce que ce qui fut le plus grand bassin espagnol n’a rien à voir, en termes de niveau et de conditions de production avec les grands bassins européens, y compris du Nord et de l’Est de la France, décalé aussi par rapport à Gardanne parce que la fermeture ne saisit pas une entreprise modernisée, mais une région où la houille est en survie plus qu’assistée depuis des décennies : les Asturies ou un naufrage de longue durée.
2Les Asturies mériteraient aujourd’hui pleinement d’attirer l’attention sur un autre terrain que l’économie, celui de l’histoire sociale et politique : octobre 2004 a vu la commémoration, discrète, du soixante-dixième anniversaire de l’insurrection asturienne d’octobre 1934, qui fit plus de mille morts et environ 30 000 prisonniers, et qui conduisit Albert Camus à écrire, en novembre 1936, une pièce de théâtre intéressante surtout par son caractère militant1.
3Ce propos se limitera à l’économie, et son point de départ est un paradoxe : comment expliquer que le bassin le plus important de l’Europe méditerranéenne, qui a suscité tant de projets et d’initiatives concrètes émanant de Belgique, de France, de Grande-Bretagne, se révèle finalement non seulement un bassin secondaire à l’échelle du continent, mais aussi un terrain de manœuvre, de plus en plus exclusif, des capitaux espagnols, privés ou publics ? La question n’a jamais été formulée, mais les travaux existants permettent de dégager une réponse communément admise : les problèmes commencent avec la Première Guerre mondiale, ses incidences structurelles sur la production d’un pays soumis à une pénurie charbonnière du fait de la cessation temporaire des arrivages de charbon anglais. Le choc de la guerre vient saisir une économie houillère nationale, c’est-à-dire avant tout asturienne puisque le bassin fournit les deux tiers de la production du pays, en progrès sensibles et constants depuis une trentaine d’années, aussi bien dans le domaine de la production que dans celui des structures d’entreprise.
4Le propos de cette réflexion est précisément de remettre en question le caractère décisif de la rupture de 1914-1918, en revisitant le siècle précédent, avec deux interrogations, appliquées à deux périodes successives. La première porte sur les attentes et les espoirs dont ont pu être investies les Asturies, en portant attention à l’origine et à la nature des projets engagés jusqu’aux années 1860. La seconde concerne les modalités de mise en place et de fonctionnement d’une économie houillère à bases autochtones, qui se met en place à partir des années 1880, après un intermède plus de dix ans, fait d’incertitudes et d’atonie entre les deux moments. Très clairement, alors que l’échec de la première période coïncide avec la phase pendant laquelle les Asturies sont la première région sidérurgique du pays, l’analyse s’attachera à démontrer que le succès relatif de la seconde période ne peut se comprendre qu’à la lumière d’un « compromis asturien » dont il importe de dégager les bases. Nous verrons aussi dans quelle mesure ce compromis asturien a pu être lourd de conséquences sur tout le devenir du bassin : on ne peut comprendre les décennies récentes de son histoire si l’on ne saisit pas le moment où tout se noue, un moment précisément que les acteurs, publics et privés, se sont employés à masquer.
Le temps des illusions
5Il s’agit d’un temps long, de la fin du XVIIIe siècle à la crise économique de 1864-1866 et qui se prolonge de fait jusqu’au début des années 1880 par l’absence de perspective alternative. Les projets sont, successivement ou simultanément, espagnols ou étrangers. L’une des principales différences entre les deux origines concerne les anticipations de débouchés, exclusivement nationaux dans le cas d’Espagnols, élargis à la France du Sud et à l’Europe méditerranéenne lorsqu’il s’agit de Belges ou de Français. Deux moments peuvent être distingués, avec césure au début des années 1840. Jusque-là, les projets sont exclusivement houillers ou à dominante houillère. Au-delà, l’illusion houillère se combine avec l’illusion sidérurgique.
Jusqu’au début des années 1840
6Dès la fin du XVIIIe siècle, le pouvoir central, sensible à la réussite anglaise, est soucieux de développer l’extraction houillère dans le pays. Deux types d’initiative sont alors pris, d’une part dans le domaine législatif, et d’autre part dans les bassins les plus prometteurs, dont les Asturies, avec un échec patent dans chaque cas. La première démarche, marquée par l’introduction du système anglais de reconnaissance des droits du propriétaire du sol, est vite abandonnée. Sur le terrain, la monarchie des Lumières, sous l’impulsion de Jovellanos, lui-même asturien, essaie de résoudre le problème du transport, mais la solution retenue au cours des années 1790, la canalisation de la rivière côtière qui traverse la partie centrale du bassin houiller, le Nalón, se révèle un désastre, annoncé par Jovellanos lui-même, partisan d’une route2. Il faut attendre ensuite la fin des années 1820 pour retrouver des manifestations publiques concrètes d’intérêt pour le bassin. L’une d’elles prend la forme d’une commission d’enquête géologique. Première du genre en Espagne, elle est créée en 1829 et rend son rapport en 18313. La seconde, due à un ministre de la Marine soucieux de pourvoir à bon compte aux besoins de l’Armada, est l’incitation à la création d’une sidérurgie moderne dans les Asturies, contre la concession de l’ensemble du bassin. Un temps intéressé et même engagé, John Cockerill se retire en 1833, après une visite sur le terrain, effrayé semble-t-il autant par les prétentions du ministre et les conditions de marché locales que par les Asturies elles-mêmes. Mais d’autres Belges restent, qui font de l’Asturienne une société plus modeste, et exclusivement houillère4. Ils sont bientôt rejoints par quelques Français, par des financiers madrilènes et surtout par un grand financier parisien, afrancesado espagnol émigré, Alejandro Aguado. Détenteur des concessions de la partie centrale du bassin, il entreprend la « carretera carbonera », route charbonnière préconisée par Jovellanos et achevée en 1844, deux ans après la mort de Aguado5.
7Pour l’essentiel, toutes ces initiatives reposent sur trois illusions, sur la valeur de la houille asturienne, sur l’importance des marchés du Sud-ouest français et de Méditerranée et sur la possibilité de concurrencer la houille britannique. Sauf dans le cas des mines côtières, rares et limitées, il faut ajouter une quatrième illusion, relative au transport jusqu’à la côte, dans un relief très accidenté, de vallées parallèles à la côte. Symbole de l’échec : l’Asturienne elle-même est à vendre à partir du milieu des années 1840, et personne n’en veut.
L’illusion métallurgique
8Le retour à la démarche, avortée au début des années 1830, associant extraction houillère et sidérurgie devrait permettre de résoudre, au moins en grande partie, les problèmes du transport et des débouchés. Les premières initiatives, à caractère très largement spéculatif, sont le fait de financiers madrilènes au début de la décennie, mais apparaissent aussi de vraies réalisations, sous l’impulsion d’étrangers. La première est anglaise avec la création en 1844, à Mieres, de l’Asturian Mining Company, par l’ingénieur anglais John Manby, victime, quelques années plus tard d’une véritable spoliation au profit du duc de Riánsares, époux de la reine mère. En 1846, une société française, Jacquet, construit une petite aciérie à Pola de Lena. En 1852, c’est la création, à Paris, de la Compagnie minière et métallurgique des Asturies, autour d’Adolphe d’Eichthal, qui reprend les biens mal acquis du duc de Riánsares, à Mieres. En 1861, avec l’appui d’un autre financier français, Louis Guilhou, la société se transforme en Société minière et métallurgique des Asturies, avec incorporation de la société Jacquet et surtout des concessions Aguado, dans la zone centrale de Sama de Langreo. Par ailleurs, témoignage de l’intérêt saint-simonien, l’ingénieur en chef du canal de Suez, Mougelbey, s’associe avec un négociant en plomb marseillais d’origine espagnole, Guerrero, pour reprendre les vastes concessions de Santa Ana. Les années 1850 voient aussi l’apparition de la métallurgie du zinc avec la reconversion réussie de l’Asturienne des Mines. Enfin, en 1858, le capital espagnol crée enfin une compagnie sidérurgique sérieuse, « Pedro Duro y Cía ». Son usine, à La Felguera, et celle de Mieres constitueront, pour un siècle, les deux piliers de la sidérurgie asturienne et elles font, pour vingt ans, de la province le leader de la production sidérurgique espagnole6.
9C’est pourtant bien d’échec, au moins relatif, dont il faut encore parler : une enquête officielle du milieu des années 1860 se fait l’écho des plaintes des exploitants miniers et des sidérurgistes, sur les difficultés de transport, sur l’insuffisance des débouchés, sur la faible rentabilité, avec des mises en accusation de la loi ferroviaire de 1855 qui a autorisé l’importation en franchise du matériel7. Après les lamentations, viennent les faillites, surtout celles de Santa Ana en 1866 et de la Société houillère et métallurgique en 1868. Même si la crise financière de 1864 a une part de responsabilité, même s’il est vrai que la Société minière et métallurgique des Asturies, en faillite depuis 1868, renaît en 1870 sous le nom de Fábrica de Mieres, grâce à son rachat par un autre membre de la famille Guilhou, Numa, il n’en demeure pas moins que les Asturies paraissent briser les grandes ambitions d’intégration de la houille et du fer8. C’est le Pays Basque qui deviendra le premier pôle sidérurgique du pays, à la faveur des liens avec la Grande-Bretagne par l’exportation de minerai de fer. La principale victime de la situation est l’extraction houillère, toujours réalisée dans des conditions techniques des plus sommaires, sauf à Arnao, et sans aucun vrai seuil technologique entre les grandes et les petites entreprises9. La question est précisément de savoir si, pour enfin démarrer, l’extraction houillère ne doit pas se déconnecter d’une logique métallurgique aux résultats forcément limités.
Des années 1880 à la Première Guerre mondiale : l’élaboration du compromis asturien
10Ces trois décennies peuvent en effet s’analyser comme celles où la houille se libère, au moins partiellement, du carcan de la sidérurgie. Alors que celle-ci stagne, ou progresse peu, l’extraction entame une vraie croissance, dont voici quelques éléments chiffrés :
111879 : 388000 t ; 1886 : 469 000 t : 1887-88 : 519 000 t ; 1895 : 1 009000 t ;
121900 : 1 361 000 t. ; 1910 : 2 330 000 t ; 1913 : 2 414 000 t.
Une phase positive de construction d’un secteur houiller national reposant sur quatre piliers ?
13Ces résultats sont généralement mis en relation avec quatre éléments. Tout d’abord, les Asturies voient enfin disparaître les blocages anciens dans le domaine des transports, avec, en 1884, l’achèvement de la liaison ferroviaire avec la Castille par León et, en 1894, le rattachement à cette ligne de la partie centrale du bassin. En revanche, l’aménagement du port de Gijón, sur le site du Musel, ne s’engage vraiment qu’à partir de 1900.
14Le second point est qu’il s’agit d’une croissance nationale, aussi bien dans l’origine des entreprises que dans la destination de la production. De fait, la famille Guilhou étant totalement hispanisée10, le capital étranger ne joue plus qu’un rôle secondaire : il est engagé seulement dans des mines à vocation fonctionnelle pour la société, comme l’Asturienne ou Solvay, ou dans des concessions marginales, qui font d’ailleurs l’objet d’assez nombreuses initiatives, surtout françaises, au début du XXe siècle11. Et, pour les ventes, on peut être encore plus catégorique : le charbon espagnol ne s’exporte pas.
15En troisième lieu, de nouvelles entreprises, d’envergure importante, prennent place dans l’extraction houillère asturienne. C’est d’abord, en 1883, la société Minas de Aller, qui devient en 1892 la Hullera española, créée par un Catalan, fondateur de la Trasatlántica et du Banco Hispano-colonial. Ce sont aussi, à partir de 1890, des entreprises à capitaux basques, le Coto del Musel de José Martinez de la Riva, et les Hulleras del Turón de Victor Chavarri12.
16Quatrième et dernier élément de l’analyse : le rôle de l’État. Un historien économiste espagnol, pourtant facilement critique à l’égard du protectionnisme, va jusqu’à considérer que ce rôle est modéré, en tous cas non supérieur à la protection accordée à l’ensemble de l’industrie nationale. Il conclut nettement : « Il serait inexact de conclure que la protection était très élevée alors qu’elle s’élevait à un peu plus de 10 % du prix, dans un port espagnol, des charbons d’importation ». Il explique cette modération par le fonctionnement du « marché politique », c’est-à-dire « des intérêts des secteurs consommateurs qui n’étaient pas disposés à accepter un niveau de protection élevé pour le combustible »13.
17C’est donc sur ces quatre piliers que l’Espagne construirait une extraction houillère nationale assurant plus de 50 % de la consommation nationale, et même un peu plus de 60 % entre 1907 et 1910. Ce résultat est avant tout asturien, puisque les Asturies fournissent toujours à peu près les deux tiers de la consommation nationale. Ce schéma fait donc des années 1880 une rupture positive, de mise en place d’un appareil productif dont l’équilibre aurait été compromis par la rupture, clairement négative, de la Première Guerre mondiale.
Une nécessaire relecture
18En fait, une autre lecture de la période nous paraît nécessaire dans deux domaines fondamentaux, les structures des entreprises et le rôle de l’État.
Sur les structures des entreprises
19Les analyses présentées plus haut appellent deux observations complémentaires. La première est que, à l’exception de la Hullera Española, les nouvelles sociétés, y compris les sociétés basques, s’établissent sur des concessions secondaires, tout simplement parce que les concessions majeures sont détenues par les sociétés créées au milieu du siècle ou celles qui en ont repris les actifs. La seconde observation est un simple corollaire de la précédente : il faut s’intéresser de manière prioritaire à ce qui se passe dans ces grandes concessions. Dans leur cas, le fait majeur est un contraste brutal entre le changement dans les structures juridiques et l’immobilisme des structures techniques.
20Dans la partie centrale du bassin, autour de Sama de Langreo, on assiste en effet à un important mouvement de concentration, qui s’effectue en deux temps. C’est d’abord, en 1886, la création de la Unión Hullera y Metalúrgica de Asturias, présidée jusqu’en 1895 par Adolphe d’Eichthal, par réunion des concessions de plusieurs sociétés espagnoles et françaises14. C’est enfin, et surtout, entre 1901 et 1906, la méga-fusion de l’ensemble des intérêts sidérurgiques et houillers de la zone centrale, autour de l’entreprise Duro, qui a pris de nom de Duro Felguera en 1900, avec incorporation de capital basque et catalan. En 1901, elle absorbe une société de constructions mécaniques et les vastes concessions de Santa Ana et en 1906 toute la Unión Hullera y Metalúrgica de Asturias. Dans les faits, et malgré le maintien du nom de Duro Felguera, c’est bien plutôt la houille qui absorbe une entreprise exsangue financièrement, surendettée15. Cela ne signifie pas pour autant que la Unión soit à l’aise. Dans les faits, cette concentration à l’apparence moderniste, soucieuse de rationalisation, ne s’accompagne pas de vrai changement technique. L’archaïsme continue à marquer l’ensemble du bassin : les premiers essais de marteaux pneumatiques datent de 1908, leur emploi dans l’abattage ne commence qu’en 1912 et en 1923 ils n’assurent encore que 11 % de la production du bassin (32,5 en 1930). Les outils principaux : le pic et l’explosif, c’est-à-dire la poudre noire, partiellement, mais non totalement supplantée par la dynamite à partir de la fin du siècle16.
21Pourquoi une situation apparemment déjà aussi anachronique ? Deux réponses complémentaires s’imposent. La première est que la configuration des couches et du relief permet d’extraire sans équipements lourds : les mines sont situées à flanc de vallées, et l’on peut encore extraire la houille sans équipements coûteux d’exhaure ou de levage dans des mines en demeurant au-dessus du niveau des thalwegs. Le nombre des failles dans les couches de charbon limite les risques de grisou et le problème majeur est celui du boisage, presque toujours insuffisant : les accidents par écrasement sont nombreux, mais toujours isolés et ils ne mettent jamais en péril l’activité elle-même. La seconde réponse est que les entreprises sont tellement sous-capitalisées qu’elles n’ont pas les moyens d’une quelconque modernisation. Certes les capitaux nominaux sont importants mais ils sont en fait gonflés par la surestimation des actifs. De ce fait, les émissions de capital servent à rémunérer les apports plutôt qu’à soutenir l’investissement. C’est le cas notamment lors de la constitution de Duro-Felguera : le capital est augmenté de 21 millions de pesetas, dont 15 millions environ pour la rémunération des apports, en liquide ou en actions. Par ailleurs, les investissements métallurgiques non seulement absorbent l’essentiel des capitaux disponibles mais provoquent de surcroît, en cinq ans seulement, un lourd endettement17. L’antithèse péninsulaire des Asturies est le bassin de Bélmez, avec des couches très épaisses et très grisouteuses et une entreprise, Peñarroya, qui a fait du puits Antolín un modèle de mécanisation18.
22Cette situation de carence entrepreneuriale est systématiquement masquée par le discours patronal, qui impute la faible productivité aux tares du mineur paysan local : ivrogne qui ruine sa force physique par de mauvais alcools, fêtard qui ne saurait manquer aucune des romerías locales, absentéiste dont le nombre de jours de travail annuels n’atteint pas les deux cents. Cette dénonciation rituelle, reprise par les ingénieurs des Mines en charge du district, est en fait largement un cliché. À partir des années 1890, le mineur paysan cède le pas devant le mineur à temps plein et le nombre de jours de travail, inférieur à 250 vers 1890, oscille entre 275 et 310 en 190919 et un épisode fort vient anéantir, en 1913, l’idée reçue de l’impéritie du mineur asturien : un ingénieur français, responsable de la cokerie de la Fábrica de Mieres, repart prendre la direction des mines de l’Escarpelle en emmenant avec lui 600 ouvriers, piqueurs pour la plupart. Le patronat local s’indigne devant cette perte de « la fleur des ouvriers, ceux que l’on ne peut remplacer », trouvant ainsi tardivement des vertus à ceux qu’il dénonçait quelque temps plus tôt et demandant des mesures contre les recruteurs étrangers20.
23En réalité, ce n’est pas l’ouvrier, mais bien l’entreprise, qui porte l’essentiel de la responsabilité dans la faible productivité des mines asturiennes : encore moins de 150 tonnes par ouvrier et par an, tous métiers, fond et jour confondus, à la veille de la Première Guerre mondiale. Autre illustration du fait que le capital investi est trop faible pour créer la différence : la montée, ou remontée en puissance de micro-entreprises houillères, dont le prototype est la société en nom collectif regroupant un boutiquier d’Oviedo, un contremaître et un paysan. De 1902 à 1914, le nombre d’entreprises extrayant régulièrement moins de 10 000 tonnes par an passe de 25 à 42 et, à l’intérieur de ce groupe, celles produisant moins de 5 000 tonnes passent de 24 à 31, et cela en dépit, dans les deux cas, d’un net fléchissement entre 1907 et 191121. Tout se passe comme si les conditions asturiennes du début du siècle constituaient un véritable bouillon de culture pour l’artisanat minier. Et dans ces conditions, l’État se trouve nécessairement impliqué.
Le rôle de l’appareil d’État
24Il constitue le second domaine de nécessaire relecture. Le rôle de l’État est en effet déjà décisif bien que largement occulté par certains travaux tels que celui cité plus haut, évoquant le caractère modéré de la protection. En réalité, ses analyses sous-estiment légèrement la protection douanière et fiscale du charbon national et surtout elles occultent complètement le rôle structurant des représentants de l’État, les ingénieurs du corps des Mines. Deux d’entre eux doivent être mis en relief. Le premier est Jerónimo Ibrán, ingénieur emblématique de la Fábrica de Mieres, dont il a porté à bout de bras le redressement, aux côtés de Numa Guilhou. Le second, de très loin le plus important, est Luis Adaro. Après un bref passage, comme ingénieur de l’État, au district minier des Asturies, cet ingénieur du corps des Mines passe rapidement au secteur privé, comme directeur de la Compagnie d’Eichtal. À partir de ce poste, il prône et conduit toute la concentration des entreprises de 1886 à 1906. C’est lui qui est à l’origine de la création, en 1886, de la Unión Hullera y Metalúrgica de Asturias à la tête de laquelle il succède en 1895, à Adolphe d’Eichthal en 1895. Il devient, en 1906, président de la Duro-Felguera qui voit la culmination de sa stratégie de rassemblement22.
25Cette accession d’un ingénieur à la direction du capital, est tout à fait exceptionnelle dans l’Espagne d’alors et serait notamment impensable dans le Pays Basque voisin. Elle peut certes être rapprochée de l’origine familiale de Luis Adaro. Fils d’un membre de la haute administration financière espagnole, Luis Adaro a disposé ainsi d’une culture personnelle et d’un réseau de relations qui ont pu stimuler son intérêt pour les entreprises et faciliter ses contacts asturiens23. La position qu’il acquiert traduit surtout la faiblesse d’un capitalisme local, espagnol ou hispanisé comme dans le cas de Numa Guilhou, fragmenté et disposant de peu de ressources mobilisables en liquide. Elle participe du processus de construction de ce que nous proposons d’appeler le compromis asturien et qui peut se résumer dans les points suivants :
- à travers l’un des ingénieurs du corps des Mines, en position hors cadre mais reconnu et appuyé par ses collègues, l’appareil d’État pousse à une rationalisation formelle par concentration des concessions et intégration verticale des entreprises assurant un débouché local à une partie de la production houillère,
- cette rationalisation joue largement une fonction de substitut d’une modernisation technique dont les entreprises ne reçoivent pas les moyens de leur actionnariat,
- en arrière-plan, ce renoncement à une compression significative des coûts implique une stratégie non offensive à l’égard de la houille anglaise, avec partage du marché national en fonction des coûts de transport et des aides spécifiques,
- enfin, ce compromis tient difficilement jusqu’en 1914, avec une tendance au tassement de la part du marché national et des effets pervers comme une première floraison de micro-entreprises, mais le conflit mondial, provoquant l’arrêt des importations de houille britannique, constitue une période d’aubaine conjoncturelle au cours de laquelle se cristallisent des intérêts acquis affirmant la légitimité d’une forme accrue de protection.
26La fin de la première décennie du XXe siècle paraît enregistrer la fin de ce pacte tacite entre l’État et le capital minier asturien : en septembre 1909, Luis Adaro doit démissionner de la présidence de Duro-Felguera du fait d’un profond désaccord avec les actionnaires. En fait, cette rupture ne concerne nullement le secteur houiller, ni la politique étatique. Le problème est sidérurgique : c’est celui de la contradiction entre, d’une part, le coût de la modernisation conduite par Luis Adaro et, d’autre part, les ressources propres de l’entreprise et ses débouchés commerciaux. L’entreprise s’est surendettée pour réaliser la modernisation, au demeurant limitée, de ses usines, voulue par Luis Adaro, et la cartellisation mise en place en 1906 avec les entreprises basques ne suffit pas à assurer des rentrées suffisantes sur un marché intérieur étriqué et dominé par la sidérurgie basque24.
27L’ingénieur quitte donc les Asturies sur un grave échec industriel, dont il assume les conséquences, y compris sur le plan financier. Sa volonté d’adosser l’extraction houillère à une sidérurgie forte aboutit à un échec, mais sa politique d’organisation et de protection de la houille asturienne n’est nullement désavouée et il va rester au service des intérêts miniers asturiens dans ses nouvelles fonctions. Dès la fin de 1909, il réintègre l’appareil d’État en prenant la direction de la commission de la Carte Géologique, puis celle de l’organisme qui succède à celle-ci : l’Instituto Geológico y Minero, créé en 1910. Sur ce poste, stratégique pour l’ensemble de la politique publique à l’égard de la minéro-métallurgie, il se comporte comme l’homme des intérêts miniers asturiens à Madrid, notamment à travers la publication de deux rapports officiels. Dès 1912, il publie un ouvrage dans lequel il reprend et développe une thèse déjà présentée en 1878, sur la nécessité du recours au charbon national comme source d’énergie pour la marine de guerre25. Il va nettement plus loin en 1915, dans le cadre d’une enquête officielle, placée sous sa responsabilité, sur les moyens de faire face à la crise d’approvisionnement en houille dont souffre l’ensemble du pays. Alors que la rupture des importations anglaises provoque, dans la péninsule, une pénurie de combustible d’une extrême gravité, Luis Adaro provoque un véritable coup de force en affirmant la capacité du pays à assumer son autonomie houillère et en demandant l’engagement du gouvernement en ce sens. Il est entendu : alors que la guerre sous-marine n’est pas encore d’actualité, il obtient le rejet de l’importation de charbon américain26.
28Les résultats de cette politique ne se font pas attendre. C’est à la fois un emballement des prix, l’explosion du nombre des micro-sociétés, l’effondrement d’une productivité déjà faible, l’envolée des coûts et en corollaire de tout cela, le sacrifice quantitatif, qualitatif et financier des consommateurs : les producteurs espagnols pourront vendre, autant qu’ils voudront mais jamais assez, du très mauvais charbon, à des prix qui sont en fait des jeux sur la pénurie27. Par sa brutalité, la situation de guerre permet à l’après-guerre d’esquiver le problème de fond, qui est antérieur : en 1920, tous les acteurs sont d’accord pour imputer aux conditions exceptionnelles de la guerre ce qui relève largement en fait d’un pacte discret qui a commencé trois décennies plus tôt28.
Bilan : les logiques du compromis
29L’ensemble de ces analyses appelle des approfondissements et l’investigation devrait surtout s’étendre à d’autres terrains, notamment le politique, particulièrement intéressant pour les Asturies du fait des travaux de Manuel Tuñon de Lara. Dans son étude du « Bloc de pouvoir » de la Restauration, il propose de ranger la bourgeoisie asturienne parmi les rares groupes régionaux dissidents, avec une fraction de la bourgeoisie basque. Il insiste notamment sur la vigueur du courant républicain autour de Melquiades Alvarez. Les observations antérieures, mettant en relief les liens entre le – ou les – milieux houillers asturiens et l’État central incitent à la réticence devant ces analyses ; ou alors il conviendrait de distinguer des sous-groupes, notamment en isolant une classe moyenne urbaine intellectuelle29.
30Au-delà de ce débat, qui déborde du cadre de ce propos, il importe d’attirer l’attention sur le fait que ce compromis asturien participe d’une chaîne logique en amont comme en aval des décennies étudiées. L’affirmation paraît difficilement fondée pour l’amont, sauf en ce qui concerne le souci de sortir de la fatalité de l’échec qui caractérise le milieu du siècle : la main protectrice de l’État n’est-elle pas en contradiction avec l’idéologie libérale qui sous-tend le décret de 1868 encadrant l’activité minière et qui, surtout, marque profondément l’ensemble du corps des Mines ? L’observation est partiellement fondée, mais on ne saurait oublier aussi que le décret de 1868 a voulu d’abord fonder, selon les termes mêmes de son préambule, une propriété minière, et cela à moindre coût pour les intéressés, en prenant donc le risque de voir s’affronter la logique de la propriété et celle de l’exploitation30. En ce sens, les représentants du corps des Mines ont assumé le libéralisme en essayant d’en masquer les contradictions.
31Ce comportement s’est révélé lourd de conséquences pour le devenir des Asturies. Il ne saurait être question d’examiner tout l’éventail de ces logiques « aval », qui touchent aussi bien le social que le politique, mais il importe d’insister sur la conséquence majeure du« compromis asturien », qui est le blocage du bassin. À partir des années 1890, les capitaux basques ou étrangers qui s’intéressent aux Asturies ne peuvent s’investir que sur des concessions secondaires, voire marginales, parce que le cœur du bassin est déjà occupé et que la concentration conduite par Luis Adaro leur permet de fonctionner et même de progresser tant bien que mal et surtout de réaliser des profits dans un cadre très protecteur. Au moment même où s’éveille, ou se réveille, l’intérêt pour les Asturies, le marché des concessions se trouve singulièrement rétréci, sous l’effet d’une législation minière plus soucieuse de protéger la propriété que de soutenir la production, sous l’effet aussi des efforts de l’appareil d’État pour faire fonctionner le système. On pourrait souligner, avec quelque ironie s’agissant d’acteurs libéraux, que ce retrait du marché revient à créer une forme de propriété de mainmorte que le libéralisme avait précisément cherché à éliminer au cours de la première moitié du XIXe siècle.
32La conséquence à terme est que les Asturies sont passées « naturellement » d’une économie protégée, déjà semi organisée, à une économie réglementée, de plus en plus gérée par l’État. Ce fut le cas déjà au cours des années 1920, sous la dictature de Primo de Rivera, avec notamment la fixation des prix de marché par le Consejo Nacional de Combustibles. Ce fut toujours vrai sous le franquisme autarcique, avec pour résultat une structure productive analogue à celle de 1914 : 19 entreprises assurant 92 % de la production, et 53 petites extrayant les 8 % restant. En dépit des incitations à la modernisation du début des années 1960, en dépit de la création de l’entreprise nationale HUNOSA, en 1967, la situation ne change guère, notamment parce que HUNOSA a racheté trop cher les entreprises privées et manque de fonds pour la modernisation, illustrant ainsi la poursuite du compromis, ou un nouveau compromis, entre le capitalisme houiller asturien et l’appareil d’État31.
33L’arrivée des socialistes au pouvoir en 1982 inaugure une ère de profondes réformes structurelles dans de nombreux secteurs économiques, des réformes appuyées et accélérées par l’entrée de l’Espagne dans la Communauté européenne en 1986. Une lacune dans ce panorama jusqu’au début des années 1990 : les Asturies précisément, parce que le pouvoir central est engagé dans un autre compromis asturien, dans un de ses bastions électoraux, avec les syndicalistes et ses propres électeurs. L’engagement des réformes fera un temps perdre la province/région à la gauche, mais ne masquera pas la décrépitude du bassin : en dépit des aides européennes, les coûts de production de HUNOSA sont si élevés que l’entreprise a meilleur compte d’acheter du charbon à des mines clandestines, toujours prêtes à refleurir, que de produire elle-même32.
34Ce panorama, bien que trop rapide, peut aider à comprendre pourquoi les Asturies ne sont jamais devenues un bassin d’importance considérable à l’échelle européenne, alors même qu’il offrait des ressources très sensiblement supérieures à celles des bassins du Massif Central français, et concentrées sur un petit nombre de vallées minières. Certes, il souffrait de handicaps certains, liés à la nature des charbons, à la présentation des couches et à la configuration du relief, mais les gisements auraient pleinement justifié une mobilisation de capital pour une production plus importante à un coût nettement inférieur aux prix de revient effectifs du bassin.
35Le fait qu’il n’en ait pas été ainsi éclaire le sens même du projet houiller de la Restauration, porté par Luis Adaro. Généralement lu comme une véritable volonté de modernisation, ce projet nous paraît relever, au mieux d’une démarche utopique, dans son souci de moderniser sans jamais bousculer les intérêts en place, plus sûrement d’une logique profondément conservatrice, de soumission aux intérêts des élites locales. De fait, les intérêts de l’oligarchie asturienne n’ont pas été seulement respectés ; ils ont été aussi servis. La rationalisation technique s’est inscrite dans les limites, très étroites, des efforts financiers que le capitalisme local était disposé à consentir et les résultats obtenus dans le cadre d’une politique très protectrice ont permis de maintenir les positions acquises. Renvoyées aux marges du bassin lorsqu’elles ont eu lieu, les initiatives nouvelles ont été surtout découragées, au profit d’autres espaces européens, tels que la Silésie. Dans la logique même du fonctionnement politique du régime de la Restauration, le compromis houiller asturien a préservé le contrôle du bassin par la bourgeoisie locale. Il a aussi profondément marqué les structures de l’exploitation qui ne se sont jamais engagées dans la mise en place de structures modernes d’extraction. Ce compromis se trouve ainsi investi d’une double responsabilité : il a sans doute freiné le développement d’un bassin qui a pu, au mieux, profiter d’aubaines cycliques, comme ce fut le cas pendant la Première Guerre mondiale. Il a pesé aussi sur le coût de l’énergie dans l’ensemble du pays tout au long du XXe siècle. La « réussite » de Luis Adaro, dont le nom a été donné plus tard à l’entreprise publique de recherches et d’exploitation minières a surtout débouché sur un lourd handicap de compétitivité pour l’industrie espagnole.
Notes de bas de page
1 A. Camus, Révolte dans les Asturies. Essai de création collective. Cette pièce, écrite pour le Théâtre du travail fondé à Alger par Albert Camus, est aussitôt interdite de représentation, ce qui n’empêchera cependant pas sa publication. Cf. A. Camus, Théâtre, récits et nouvelles, Paris, Pléiade, 1962, p. XXX et 395-437.
2 G. M. de Jovellanos, Sobre el Nalón y Truvia, Gijón, 1797. L’homme d’État des Lumières dénonce l’énormité des dépenses engagées et le coût exorbitant du transport. Cf. G. Chastagnaret, 2000, p. 141.
3 Minas de carbón de piedra de Asturias, Reconocimiento hecho de orden del Rey N. S. por una Comisión de facultativos. Descripción de los diversos criaderos de este mineral, Madrid, 1831.
4 G. Chastagnaret, 1983, p. 81-113.
5 G. Chastagnaret, 2000, p. 224-226.
6 Sur tous ces aspects, cf. G. Ojeda, 1985 et G. Chastagnaret, 2000, p. 346-349 et 364-367.
7 Información sobre el derecho de bandera y sobre los de aduanas exigibles a los hierros, carbón de piedra y a los algodones, presentada al Gobierno de Su Majestad por una Comisión nombrada al efecto en R. D. De 10 de noviembre de 1865, t. II, Hierros, t. III, Carbones, Madrid, 1866.
8 G. Chastagnaret, 2000, p. 517-518 et 527-528.
9 G. Chastagnaret, 1973, p. 581-631.
10 Numa Guilhou meurt le 22 octobre 1890, la responsabilité des affaires familiales passant à son fils Ernest, marié et établi en Espagne (Revista Minera, 1890, p. 349).
11 G. Chastagnaret, 2000, p. 566.
12 G. Chastagnaret, 2000, p. 564-565.
13 S. Coll Martín, Carles Sudria Tray, 1987, p. 183. L’auteur de la partie de l’ouvrage relative à la période 1770-1935 est Sebastián Coll.
14 G. Chastagnaret, 1973, p. 581-631.
15 G. Ojeda, 1985, p. 191-203, G. Chastagnaret, 2000, p. 564 et R. Manana Vazquez, 2002, p. 49-54.
16 S. Coll Martín, 1987, p. 116, G. Chastagnaret, 2000, p. 693-701, et R. Mañana Vázquez, 2002, p. 54-60.
17 G. Chastagnaret, 2000, p. 566-569.
18 Estadística minera y metalúrgica de España, 1910, p. 177-178.
19 G. Chastagnaret, 2000, p. 693.
20 Revista minera, 1913, p. 362-363 et G. Chastagnaret, 2000, p. 701.
21 G. Chastagnaret, 1973, p. 581-631.
22 G. Ojeda, 1985, p. 191-198 et G. Chastagnaret, 2000, p. 564.
23 Né en 1812, le père de Luis Adaro est secrétaire du ministère du Commerce, lors de la naissance de son fils en 1849. Il occupe ensuite plusieurs charges de direction générale jusqu’à sa retraite en 1869. Il aurait été plusieurs fois pressenti pour devenir ministre des Finances. (R. Mañana Vázquez, 2002, p. 25-29.)
24 G. Chastagnaret, 2000, p. 567-569, et R. Mañana Vázquez, 2002, p. 103-108.
25 L. Adaro, Los carbones nacionales y la Marina de guerra, Oviedo, 1912.
26 Comisión de estudio de la riqueza hullera nacional, Información relativa a la crisis del mercado hullero en España y medidas propuestas al gobierno por la Comisión de estudio para impulsar la producción nacional, Madrid, 1915.
27 S. Roldan et J. L. Garcia Delgado, 1973, t. II, p. 93-160. La productivité moyenne par ouvrier baisse de 45 % entre 1914 et 1920, alors même que l’Espagne, à la différence des pays belligérants, n’a subi aucune destruction d’équipements.
28 Consejo nacional de combustibles, Dictamen oficial sobre la industria hullera en Asturias, Madrid, 1926.
29 M. Tunon De Lara, 1972, p. 181-183 et G. Chastagnaret, 2000, p. 811-812.
30 G. Chastagnaret, 2000, p. 463.
31 G. Santullano, 1978, p. 190-194.
32 Sur cette période, cf. J. L. Garcia Delgado (dir.), 1990, J. L. Garcia Delgado, 1999 et G. Chastagnaret, 2002, p. 73-86.
Auteur
Casa de Velázquez
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