Le fleuve tutélaire : unité et frontière
Identité et altérité autour du Rhône
p. 69-82
Texte intégral
1Les « terriens », c’est-à-dire les gens d’un pays, se reconnaissent souvent dans le fleuve qui les nourrit, qui définit leur espace, qui leur dessine une limite mais aussi des directions, en ouvrant vers d’autres contrées. Le fleuve façonne le pays et fonde sa richesse, il maintient l’équilibre entre l’identité dont il est le garant et les échanges incessants avec les cultures et les langues d’amont et d’aval. Que ce soit par métaphore, par synthèse, ou par saisie intuitive, le fleuve dit le pays, il le dit jusqu’à le devenir. Un fleuve est le verbe du pays. Voilà pourquoi les terriens, ou, en tout cas, un certain nombre d’entre eux, se croient fils d’un fleuve : fils du Rhin, du Danube, du Nil, du Rhône, fils du Viaur ou de la Touloubre (nous pensons aux écrivains d’oc contemporains Jean Boudou et Max-Philippe Delavouët), peu importe, au fond, la taille du cours d’eau. Ils s’autorisent à parler de leur « fleuve natal », pour reprendre l’expression de l’Arlésien Amédée Pichot, dans un poème de 1839 où il évoque un « pèlerinage à la source »1 :
« J’ai vu Rome, Edimbourg, Naples, Londres, Paris,
De l’amour des beaux-arts toujours je fus épris,
Mais ô Rhône, au milieu des fières capitales,
J’ai regretté souvent mes Alpes provençales,
Le toit de mon aïeul, l’ombre du grand cyprès,
Ma vigne du Trébon, et, dans la Crau, ces prés
Où j’admirais naguère une blanche génisse
Qui nous vient, comme toi d’un vallon de la Suisse. »
2Le Rhône semble de ces fleuves vers lesquels on revient après l’errance, lorsqu’on éprouve le besoin de se retrouver soi-même. Ce fut le cas du critique Armand de Pontmartin2, heureux, de retour à Avignon, sa ville natale, après ses années d’études dans la capitale, de revoir le fleuve refuge et ami, dépositaire de ses secrets d’enfance.
« Je renouai connaissance avec le Rhône, écrit-il dans ses Mémoires, ce voisin caressant ou terrible, destructeur ou bienfaisant, qui tient une si grande place dans ma vie rustique, comme dans mon paysage natal. »3
3Le jeune homme qu’il est alors se ressource à « son » fleuve, lequel, ralentissant sa course comme à son intention, se transforme en paradis retrouvé :
« Je me plongeais avec délices dans cette lumière, dans cette fraîcheur, dans ces printanières verdures, qui renouvelaient tout mon être. Mon fleuve, si impétueux ailleurs et si violent, se ralentissait en cet endroit et s’encaissait dans une sorte d’anse, où son remous somnolent faisait à peine dévier mon bateau et ma ligne. »4
4Sous la plume de certains écrivains provençaux, le Rhône, où roulent le soleil et le mistral pour former avec lui une trinité titanesque, se célèbre comme le locus amoenus de la Provence, prodiguant le bonheur harmonieux du Premier Jardin… Avec simplicité, avec naïveté, même, le félibre Antoine Berthier, de Beaucaire, en donnait l’illustration dans L’Aiòli en 1899 :
« Au bord dóu Rose
De-long dóu Rose à plen de narro,
Ah ! que fai bon béure l’èr pur !
Oublidous de la vido amaro,
Que fai bon countempla l’azur ! »5
(Au bord du Rhône. Le long du Rhône à plein nez,/Ah ! qu’il fait bon boire l’air pur !/Oubliant la vie amère,/Qu’il fait bon contempler l’azur !)6.
5« Destructeur ou bienfaisant » : ainsi Pontmartin définit-il le fleuve tutélaire, lequel, de protecteur, peut en effet devenir vengeur ou capricieux, ainsi qu’un dieu. Tel l’honorent et le craignent les riverains, conscients de dépendre, somme toute, de son bon vouloir, sentiment exprimé notamment dans toute une littérature de circonstance, liée aux crues et aux inondations, et que pourrait illustrer, par exemple, cette strophe du Rose de l’abbé Louis Moutier :
« O Rouei ! Qu’eis que dins ti bramino
Qu’engouleis coume sauvagino,
Tant d’efants e d’omenas ?
Oh ! qunto fan que n’as !
Oh ! Rouei ! Qu’eis que dins ti bramino ? »7
(Ô Rhône ! quel est donc le mal qui te ronge,/Pour que tu dévores, comme une bête féroce,/Tant d’enfants et tant de beaux hommes ?/Quelle horrible faim tu en as !/Ô ! Rhône !/Quel est donc le mal qui te ronge ?)
6Par ailleurs, le fleuve relie entre elles les vignes et les cultures, les villes, les églises et les forteresses ; les hommes, eux, y lisent leur histoire. Le poème d’Amédée Pichot cité précédemment donne un exemple parmi d’autres, fort nombreux, de cette lecture onirique :
« Tel qu’un jeune héros qui, futur conquérant,
Né d’un père inconnu, grandit, obscur enfant,
Pour remplir tout à coup le monde de sa gloire,
Du Tibre ce ruisseau deviendra le rival ;
D’une seconde Rome, illustre dans l’histoire,
Il baignera les murs… C’est mon fleuve natal
Qui jadis au Bosphore a disputé le trône ;
C’est le Tibre arlésien… Ce ruisseau, c’est le Rhône.
[…]
De l’île où tu finis aux monts où tu commences,
En songe si souvent j’ai franchi les distances,
Qu’en ce vallon alpestre, ô Rhône, ému, ravi,
Le prestige du songe encore m’a suivi.
Comme cette onde est fraîche à ma lèvre brûlante !
Et puis n’a-t-elle pas un magique pouvoir ?
À travers son cristal limpide, j’ai cru voir
D’Arles, dans le lointain, l’image rayonnante.
Pour moi quelques moments encore arrêtez-vous,
Fantastiques tableaux de la patrie absente,
Pour que je vous contemple en pliant les genoux,
Car vous me ramenez aux jours de mon jeune âge… »
7Le fleuve tisse un réseau d’images et de signes jusqu’à devenir texte lui-même : c’est ce qu’exprime notamment Lou Pouèmo dóu Rose de Frédéric Mistral. De son côté, la démarche de Charles Lenthéric (ingénieur des Ponts et Chaussées, auteur d’un important ouvrage de référence sur le Rhône, Du Saint-Gothard à la mer, Le Rhône. Histoire d’un fleuve, 1892)8 pour être plus scientifique, ne procède pas moins du même sentiment, lorsqu’il écrit : « L’étude du Rhône, depuis les temps les plus éloignés jusqu’à nos jours, est donc l’un des éléments les plus intéressants de notre histoire nationale. »9 Si le fleuve est l’artère vitale d’un pays, s’il en est le cœur palpitant, il est naturel qu’il en devienne, par métaphore, le centre et l’âme, et par synecdoque, le pays lui-même. Jules Michelet écrivait du Rhône qu’il est « le symbole de la contrée, son fétiche, comme le Nil est celui de l’Égypte »10. Dire le Rhône, c’est donc dire la Provence, et pour les écrivains rhodaniens il constitue un point de ralliement et un emblème culturel très fort. En particulier les félibres en font la métaphore de leur lutte identitaire et linguistique (d’autant plus que le dialecte consacré par Mistral est le rhodanien), ainsi que le catalyseur de leurs espérances. Lorsque lou Felibre de l’Arc-de-Sedo (Jean Brunet) salue ses amis félibres d’Avignon, Tavan, Roumanille, Aubanel, ils les appelle simplement Ribeiroun : « Riverains »11. De même, en 1867, le poète catalan Victor Balaguer écrit un court poème en hommage au Rhône présenté comme la patrie de ses amis félibres. La brillante fugacité de l’eau y est l’image des espérances personnelles ou politiques :
« Au bord dóu Rose
Flume que plan-plan debanes
Toun riban d’argènt, tis ausso
Luson un moumen, poulido,
I poutoun di souleiado,
Lèsto soun camin seguisson,
Desparèisson e s’escafon…
O flume, coume tis erso
Soun, ai ! las ! mis esperanço :
Vènon de liuen resplendènto,
Remounton, brihon e passon. »12
(Au bord du Rhône. Fleuve qui lentement déroules/Ton ruban d’argent, tes vagues/Brillent un moment, jolies,/Sous les baisers des rayons de soleil,/Vite, elles poursuivent leur chemin,/Disparaissent et s’effacent…/Ô fleuve, comme tes vagues/Sont, hélas ! mes espérances :/Elles arrivent de loin resplendissantes,/Elles remontent, brillent, et passent.)
8En février 1884, le félibre irlandais William Bonaparte-Wyse compose un sonnet sur des rimes en -rose et en -en (à partir de rousen, « rhodanien »). D’après ce poème, chanter simplement le Rhône revient à célébrer l’idéal des troubadours, la fin amor, et les diverses renaissances de la culture provençale, depuis la fondation de l’académie du Gai Savoir jusqu’au Félibrige :
« Lou Rose
Noun, noun dóu fin Amour, sus aquest papié rose,
Pintarai au jour d’uei li triounfle rousen ;
Ni di rouito rousenco i gauto de Malen,
Di regard amourous de la qualo m’arrose ;
Ni dóu Vin bèn-ama (ounte jamai m’emprose),
Qu’en Pegase m’enauro i mai ròsi cresten,
Mai cantarai pulèu, amistadousamen,
Lou flume prouvençau, lou majestous Rose.
Nilo dóu Gai-Sabé, mai Tibre felibre,
Que volo coume un trai, coume un grignoun sèns fre,
A ta terro, o Soulèu ! que soun ardour arroso ;
E sèns crento dirai que lou tant car païs
Ount lou sant Felibrige a crea soun Alis
Se desvèlo à mis iue toujour coulour de roso ! »13
(Non, non, du parfait amour sur ce papier rose,/Je ne peindrai pas aujourd’hui les triomphes rosés ;/Ni les couleurs rosées aux joues de Madelon,/Celle dont les regards amoureux répandent sur moi leur fraîcheur ;/Ni le vin bien-aimé/Qui sur Pégase m’élève aux plus roses cimes,/Mais je chanterai plutôt, en toute amitié,/Le fleuve provençal, le Rhône majestueux./Nil du Gai-Savoir, et aussi Tibre félibréen,/Qui vole comme une flèche, comme un étalon sans mors,/À ta terre, ô Soleil !, que son ardeur arrose ;/Et sans appréhension je dirai que le pays si cher à mon cœur/Où le saint Félibrige a créé ses Champs Élysées/Se dévoile à mes yeux toujours couleur de rose !)
9Frédéric Mistral comparait lui aussi l’aventure du Félibrige à une navigation, ou plus précisément à une desciso (descente du Rhône). Il disait ainsi, dans son discours de la Sainte-Estelle du 22 mai 1879 :
« Aro, pèr acaba, fau pamens dire un mot d’aquéli bourrascado que, au courrènt de l’an, an esprouva la nau que nous barquejo.
Quand noste fin barquet davalavo plan-plan au fiéu dóu Rose, lou pichot equipage poudié jaire tranquile sus lou tèume : la ribo èro pas liuencho, e erian au mes de mai. »14
(Maintenant, pour terminer, il faut dire un mot de ces grandes bourrasques qui, au cours de l’année, ont mis à l’épreuve la barque qui nous fait naviguer. Quand notre légère embarcation descendait doucement au fil du Rhône, le petit équipage pouvait rester tranquillement étendu sur le pont : la rive n’était pas loin, et nous étions au mois de mai.)
10Plus tard, la métaphore réapparaît dans Lou Pouèmo dóu Rose, où le prince d’Orange compare l’équipage du Caburle à celui des Argonautes en quête de la Toison d’Or, qui peut représenter le Tresor et la langue reconquise15.
11Indépendamment du combat félibréen, il existe chez les Rhodaniens un sentiment parfois profond d’appartenance à leur fleuve, et certains ne se privent pas de l’appeler « mon Rhône », comme Armand de Pontmartin, ou comme Henriette Dibon16, qui revendique l’identité avant tout provençale du fleuve : « Dins l’infini desert di mountiho embrassado/ siés à nautre bèn miés qu’i sourgènt valeisan… » (Dans l’infini désert des dunes embrasées – tu es à nous bien mieux qu’aux sources valaisannes…)17. Cette volonté d’appropriation se retrouve dans un étrange poème de J. Marcellin, daté de 1911, « Lou Rose à Paris, Apoustrofo i Parisen ! »18, prévenant les Parisiens de façon fort véhémente qu’ils n’auront pas le Rhône à Paris… :
« Car èi bèn nostre aquéu bèu flume,
Tout nostre e li gènt dóu Miejour
Ié tenèn, nàutri, coume au lume,
Au grand lume que nous fai jour. »
(Car il est bien à nous ce beau fleuve,/Rien qu’à nous, et nous autres, Gens du Midi/Y tenons, comme au soleil,/Au grand soleil qui nous éclaire.)
12Plus généralement, s’est installée à la fin du XIXe siècle une rhétorique patriotique s’exprimant à travers un nombre toujours croissant de poèmes « Au Rhône », une rhétorique sensiblement proche de celle des poèmes et discours relatifs à la fameuse « bataille lyrique du Rhin »19 (qui opposa notamment Becker, Lamartine et Musset). Un poème comme celui de l’académicien Édouard Pailleron (1834-1899), « Le Rhône »20, illustre assez bien ce discours de la fierté, qui oppose le Rhône aux autres grands fleuves souvent célébrés, en des termes fort proches de la rhétorique rhénane des années 1840 :
« Le Rhône est fier. Comme le Rhin
Il a ses vieux donjons d’airain.
Comme un fleuve de neige
Ses sapins verts au dur profil,
Et ses palmiers comme le Nil
Et puis encor… que sais-je ?
Camargue fauve, taureaux noirs
Regardant vaguement les soirs
Couler l’onde sonore.
Hérons pensifs, flamands rosés
Dont le vol aux cieux embrasés
Est semblable à l’aurore.
Le Rhône est fort, comme la mer
Il traîne des galets de fer
Avec un bruit de chaînes.
Il a pour rives du granit
Si haut que l’aigle y fait son nid,
Et pour roseaux des chênes.
CHEVAUCHÉE
Tombe des pics, franchis le val !
Au grand galop, au galop comme un cheval,
Rase la plaine immense.
Fends les lacs… »
13Une telle exaltation aboutit à l’idée que le fleuve véhicule l’âme du pays et, comme l’Esprit lui-même, on invoque la transcendance de son inspiration. « Je t’ai vu, j’ai communié à ton délire,/O mon Rhône, éternel bouillonneur d’idéal ! » écrit Mafre de Baugé, dans un sonnet intitulé « Le Rhône », en 190821. Il faut citer surtout le très beau poème intitulé Lis Aigo de Joseph d’Arbaud22, qui, s’appuyant sur la symbolique traditionnelle de l’eau médiatrice de l’Esprit, invoque les Eaux – toutes les eaux : celles du Rhône comme celles de la mer, des marais et des étangs – comme l’esprit même de la Provence :
« De toun vanc majourau, de ta tranquileta,
Gardarai lou rebat dins moun amo pïouso,
Aigo dóu Rose viéu, mar d’estiéu, aigo urouso,
Douno toun giscle e ta butèio à moun canta. »23
(De ton élan puissant, de ta sérénité,/Je garderai le reflet dans mon âme pieus,/Eau du Rhône vivant, mer d’été, onde heureuse,/Prête à mes chants ta force et ton jaillissement.)
14Les chantres de la méridionalité se plaisent à reconnaître dans « l’esprit du Rhône » (l’expression est de Marcel Guinand)24 les traits de caractère idéaux des hommes du Midi. Voici le premier quatrain d’un autre sonnet intitulé « Le Rhône »25, datant de la même période (1909), par un écrivain de Bourg-Saint-Andéol, Julien Lapierre :
« Si loin que le regard peut voir la plaine immense,
Roulant dans ses détours le soleil du midi,
Fier de sa liberté, fort de sa véhémence,
Le Rhône impétueux galope et resplendit… »
15La même année, un autre rhodanien, P. Guichard (de Lons-le-Saunier), célèbre l’absolue pureté du fleuve dans La Chanson du Rhône26 :
« Torrent impétueux, frère des avalanches,
Je ne sors pas d’un gouffre ou d’un marais vaseux.
Je suis le Rhône bleu, fils des montagnes blanches,
Où l’aigle royal pond ses œufs. »
16Les exemples pourraient se multiplier par dizaines. Mais définir ainsi un nautre, implique naturellement la désignation plus ou moins catégorique d’un vautre. Nous avons parlé de limites, pour ne pas utiliser le terme de frontières, donc la question se pose : existe-t-il un sentiment de différence identitaire d’une rive à l’autre27, et peut-on parler, à propos du Rhône, de « grand fossé transversal », de « fleuve-frontière » ou de « fleuve-muraille », pour reprendre les expressions de Victor Hugo décrivant le Rhin28 ?
17Un certain nombre d’indices auraient pu suggérer une réponse positive, à commencer par le fait que, naturellement, pendant des siècles s’est posé le problème de franchir ce fleuve violent. Certaines traversées sont demeurées historiques, comme celle d’Hannibal, ou celle de Louis XIV, sur les eaux prises par les glaces, en 1660. Les ponts jetés d’une rive à l’autre au moyen âge le furent par « miracle » et entrèrent dans la légende dorée ; quant à ceux de Marc Seguin, au XIXe siècle, ils ne furent pas moins salués comme des prodiges. Par ailleurs, la langue d’oc pourrait peut-être fournir quelques éléments permettant d’évaluer le rôle « séparateur » du Rhône. L’expression de la man dela ou d’eila dóu Rose, de l’autro man dóu Rose (« de l’autre côté du Rhône ») semble souligner la séparation de la Provence et du Languedoc par le fleuve. Le langage des anciens mariniers du Rhône avait perpétué le souvenir du temps où il constituait une véritable frontière naturelle dans le cri : « Empèri, ou Empi et Reiaume, ou Riaume », désignant les rives de l’ancien empire germanique et celles des terres du roi de France. Enfin, on observe bien quelques variantes dialectales d’une rive à l’autre, mais celles-ci sont tout de même minimes. Il faudrait étudier d’un point de vue ethnographique les différences culturelles ou linguistiques, les différences de mentalités, ou encore la conscience et la représentation de ces différences auprès des riverains de l’Empèri et du Reiaume. Pour les historiens, le Rhône constitue plutôt un principe d’unité. Henri Jacottet dans un ouvrage sur Les Grands fleuves (1887), semble ainsi répondre expressément à la question que nous nous posons, lorsqu’il souligne que « le Rhône a [...] donné une forte unité à des provinces, à des populations différentes qu’il unissait dans son bassin. »29 Dans le domaine de la représentation littéraire, ce qui prime, ce n’est pas non plus l’idée de frontière, mais au contraire, celle d’une cohésion culturelle et historique. Lorsque le Rhône devient l’objet d’un discours littéraire et poétique, c’est-à-dire à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’image qui se dessine communément en premier lieu est celle d’un trait d’union : « lou trat-d’unioun esprès,/Entre gens ribeirans, de Ceveno à l’Aupino »30, (le trait d’union naturel,/Pour les peuples riverains, depuis les Alpes jusqu’aux Cévennes), comme l’écrit l’abbé Louis Moutier (prêtre félibre de la Drôme, 1831-1903), exprimant une notion plutôt unanimement partagée. Cela signifie que la littérature d’oc considère habituellement le Rhône plutôt dans une dynamique verticale (son cours), d’amont en aval, ou de la Méditerranée aux pays du nord, c’est-à-dire dans une dynamique vitale et motrice. Mais que d’Empèri à Reiaume, horizontalement, le fleuve signifie un passage certes problématique, mais un passage tout de même.
18Par son statut de grand fleuve, le Rhône est nourricier et civilisateur. Les géographes et les historiens n’ont de cesse de le rappeler : « La vallée du Rhône, écrit par exemple Charles Lenthéric, ouverte sur la mer historique par excellence, est, depuis près de deux mille ans, une des principales voies commerciales et politiques du monde. »31 Leur emboîtant le pas, les auteurs provençaux célèbrent le paire Rose, que l’on pourrait en tout point opposer au Vater Rhein. Écoutons encore l’abbé Moutier, en clin d’œil à Pascal :
« O Rouei, chami que marcho ! Sias prèfachié de Dìou :
Tóus batèus soun ’no eisino de civilisacìou ;
E tas bojas de bla charrountoun la semenço,
Que s’envai graneyà per tout caire en Prouvenço.
[...]
Dóus pepleis de ta ribo, sias lou baile bounias
Que tant bien lóus bayouleis, dounant a cha pugnas,
Noun souquamen de pan, mai lou civau de l’amo ;
[...]
Gràci a tóus mariniés l’ideyo sauvarello
Sè ta drayo tout dre, e dins pau s’escampello,
Per faire un nove mounde, dóu viei mounde payan. »32
(Ô Rhône, chemin qui marche ! tu es en vérité le travailleur de Dieu./Tes bateaux sont l’instrument de la civilisation ;/Tes sacs de blé transportent la semence,/Qui fait lever les moissons en tous pays du midi./[...] Des peuples de ta rive, tu es le bienfaisant nourricier./Tu pourvois généreusement à leurs besoins, et tu leur donnes avec largesse,/Non seulement le pain, mais encore l’aliment de l’âme ;/[...] Grâce à tes mariniers, l’idée du salut rédempteur/S’avance sur tes flots en droite ligne, et puis peu à peu se répand au loin,/Pour transformer le vieux monde païen en un monde tout nouveau.)
19Après la guerre de 70, les auteurs du Midi ont de plus en plus tendance à faire du Rhône un symbole de la fraternité latine. Folco de Baroncelli l’exprime par exemple dans un poème intitulé « Dos Sorre », ou « Li dos véuso »33 où il est question de la communauté de destin des villes « rhodano-méditerranéennes » – latine, grecque et sarrasine :
« Li dos véuso34
En ribo dóu vièi Rose e perdudo en pantai,
Iéu counèisse dos sorre à trenello de jai
Que desempièi de siecle aqui soun assetado
E miraion soun front au mirau dis oundado. »
(Les deux veuves. Sur la rive du vieux Rhône et l’âme perdue dans un rêve,/Je connais deux sœurs à chevelure de jais/Qui sont assises là depuis des siècles/Et mirent leur front au miroir des ondes.)
20Dans le même sens, naîtront au début du XXe siècle, en 1926 exactement, l’Union Générale des Rhodaniens et les Fêtes du Rhône. L’UGR, fondée par Gustave Toursier, se donne comme une « confédération polytechnique des pays du Rhône », ayant pour but de « créer et développer la fraternisation entre les villes, les régions et les populations rhodaniennes, [d’]exalter et soutenir l’esprit rhodanien dans tout ce qui peut toucher aux idées, aux aspirations et aux créations les plus généreuses, aux réalisations et aux intérêts de toute sorte des pays rhodaniens » (Statuts de l’UGR). En relation avec la Chambre Économique et la Compagnie Nationale du Rhône, les membres de l’UGR sont en grande partie animés de préoccupations économiques35, sous-tendues par la volonté de réveiller une conscience régionaliste. Pour cela, ils se réclament d’une « mystique rhodanienne » instaurée par Frédéric Mistral et par le Vaudois Charles-Ferdinand Ramuz. Ils inventent une notion de « Rhodanie » :
« En Rhodanie, écrit Marcel Guinand « règne la volonté et le besoin d’une union entre les hommes ; le fleuve n’est plus seulement un prétexte, mais il devient le lien nécessaire à la réalisation du désir commun et de l’aspiration générale des peuples qui habitent ses rives. »36
21Et les Fêtes du Rhône avaient pour but de mettre en scène et de promouvoir cette identité. Aux Fêtes du Rhône de 1928, à Avignon, Folco de Baroncelli jeta « en offrande son trident dans les eaux du Rhône »37 … Ces Fêtes s’accompagnaient de cérémonies solennelles comme la « Plantation de l’Arbre de l’Amitié rhodanienne », ou comme l’« Offrande au Rhône », cérémonie au cours de laquelle des groupes de jeunes filles offraient des gerbes de fleurs au fleuve, tandis qu’un chœur lui chantait un hymne de louange. À Marseille, au cours des VIIe Fêtes du Rhône (22-24 septembre 1933), les « filles du Rhône » versèrent dans la mer des gouttes d’eau des affluents depuis le glacier, pour symboliser l’union vitale des pays rhodaniens à la Méditerranée, tout en récitant une « Offrande à la mer »
« Où le Rhône enfant prend sa source
J’ai scellé tendrement les larmes du glacier
Dans une amphore blanche et vierge, ainsi qu’il sied !
Ô Mer, voici l’eau de la Source… »
22Des Jeux Floraux, des prix littéraires cautionnés par une académie38, encourageaient la perpétuation du discours patriotique rhodanien né quelques décennies auparavant. À la même époque, la revue aixoise de Joseph d’Arbaud, Le Feu, parlait du « Rhône et sa fraternité »39 pour évoquer les grands moments de l’histoire provençale.
23Sous l’occupation40, un tel discours est repris par Albert Béguin et ses collaborateurs dans les Cahiers du Rhône, lesquels se donnent pour mission de témoigner d’une convergence non plus seulement culturelle mais spirituelle, au sens large, et non assujettie aux frontières. Au moment où la « latinité » se sent atteinte jusqu’en sa base vitale, ils expriment un espoir fondé dans le retour aux racines d’une « communauté naturelle » qui « a plus de réalité immédiate que les unités nationales entre lesquelles se répartissent les peuples rhodaniens ».41
24Indépendamment de la parenthèse de la guerre, la littérature régionaliste, en pleine expansion entre 1920 et 1950, accorde une belle part à la représentation du Rhône. Mais désormais le fleuve n’est plus seulement un livre d’histoire, ou un symbole identitaire commun, il est aussi, plus que jamais, ce qu’il avait été pour Armand de Pontmartin : un confident, un ami intime, un repère affectif. Et s’il demeure un livre-miroir, c’est pour devenir celui d’une histoire individuelle. L’Avignonnaise Henriette Thibon (1902-1989), la plus « rhodanienne » des écrivains d’oc, sans doute, (elle a d’ailleurs participé très activement aux Fêtes du Rhône), confie ainsi dans son œuvre un profond amour du Rhône, figure paternelle, refuge, initiateur. Dans un poème de 1928, « Au Rose »42, elle exprime le sentiment, très prégnant dans son œuvre, que, là où est le Rhône, là est l’écriture de son destin, en tant que femme et en tant qu’écrivain provençal.
« Ansin faudra toujour à l’orle de ma vido,
que fugue moun destin benurous o catiéu,
e l’obro de moun cor o chaplado o coumplido,
vèire oundeja toun aigo bluio, o Rose miéu. »
(Ainsi je verrai toujours aux lisières de ma vie,/Que mon destin s’accomplisse ou non,/Que l’œuvre de mon cœur soit brisée ou accomplie,/Onduler ton eau bleue, ô mon Rhône.)43
25Le Rhône devient dès lors le support d’une représentation de l’histoire individuelle et des destins : « En un païs, mar e flume enliassa/Toujour escri sus lis aigo eternalo/Nòsti destin44… » (En un pays, mer et fleuve enlacés,/Toujours écrit sur les eaux éternelles/Nos destins…), dans un passage au pluriel qui fragmente à nouveau l’unité d’abord établie.
26Nous voudrions conclure sur la notion de mémoire. Le fleuve en général incarne une mémoire ; en le définissant comme livre, comme miroir, comme parole, nous l’avons en fait défini comme mémoire – celle-ci englobe la permanence et le renouvellement, la vie et la menace, l’histoire collective et les souvenirs d’enfance. Il est un lien entre les hommes, le témoin de leur geste : en cela il s’oppose à la mer qui signifie l’oubli. C’est pourquoi la navigation du Caburle, la barque maîtresse du Pouèmo dóu Rose s’arrête obligatoirement à Beaucaire : au-delà, il y a la Camargue inquiétante, la mer et son silence. Il faut que sur la berge les hommes de l’équipage rassemblent les vestiges de leur naufrage pour porter témoignage. Nous demeurons frappée par le sens profond de la légende médiévale des Alyscamps, par la force de l’image des barques-cercueils, conduites par le fleuve jusqu’en Arles, puis recueillies par les hommes avant que la mer (« les eaux-mères de l’oubli ») ne les engloutisse, pour les confier, comme le dit Max-Philippe Delavouët, par la grâce du fleuve, « au sol qui a mémoire »45 :
« Fin qu’au soulèu canto soun oumbro is Aliscamp,
e noun tapon li vènt ni lis aigo clarino
la memòri d’un rèi qu’eterniso soun cant.
Ansin dessus li mar volo l’aiglo marino
que seguis li vènt alisa
sèns trouba l’autro ribo ount poudrié se pausa. »46
(Jusqu’au soleil chante son ombre aux Alyscamps/et ni les vents ni les eaux à voix claire ne recouvrent/la mémoire d’un roi que son chant éternise./Ainsi, sur les mers, vole l’aigle marin/qui suit les vent alizés/ sans trouver l’autre rive où il pourrait se poser.)
Notes de bas de page
1 « La source du Rhône », dans Arlésiennes, Chroniques, légendes, contes et souvenirs biographiques et littéraires, Hachette, Paris, 1860, p. 17.
2 Né en juillet 1811 à Avignon, d’une vieille famille du Comtat, ce critique renommé collabora à La Gazette du Midi, au Messager de Vaucluse, ainsi qu’à des revues nationales comme La Revue des Deux Mondes, et publia plusieurs romans, notamment sur la ville d’Avignon, dans la veine d’Alexandre Dumas.
3 Armand de Pontmartin, Mes mémoires, vol. I, E. Dentu éditeur, Paris, 1882 ; et vol. II, Clamann-Lévy, Paris, 1886, p. 277-278.
4 Idem, vol. I, p. 280.
5 L’Aiòli, n° 297, 27 mars 1899.
6 La traduction est de notre fait.
7 Lou Rose, pouème Daufinen, embe traduciou francèso en regard, de L. Moutier, Imprimerie Valentinoise, Valence, 1896, p. 132-133, chant V, v. 65-69.
8 En deux volumes, Plon, Paris, 1892.
9 Rhône, Histoire d’un fleuve, vol. 1, première partie, chapitre I, XVII, p. 53.
10 Tableau de la France, Paris, 1875 ; édition Les Belles Lettres, Paris, 1934, p. 47.
11 « A mis ami li Ribeiroun dóu Rose », Armana Prouvençau pèr 1855, p. 66, v. 7-8 : Ah ! cantas, d’abord que la vido/Pèr vous èi bello, o Ribeiroun ! (Ah ! chantez, car la vie/Pour vous est belle, ô Riverains !)
12 15 juillet 1867, Armana Prouvençau pèr 1868, p. 39.
13 Daté du 27 février 1884, copie manuscrite au palais du Roure. Cf. aussi la chanson du même auteur, « I Felibre avignounen », Armana Prouvènçau pèr 1876, p. 41-42.
14 Armana Prouvençau pèr 1880, p. 86.
15 Lou Pouèmo dóu Rose, III, XXVIII, vers 26-28.
16 « Es acaba lou sounge », Lou Rebat d’un sounge, Impr. Macabet, Vaison-la-Romaine, s.d., [1930], p. 86.
17 « Au Rose » (strophe 13), poème composé pour les Fêtes du Rhône de Genève en 1929, reproduit avec sa traduction française dans les actes du IIe Congrès du Rhône tenu à Avignon les 16, 17 et 18 juin 1928, publié par l’Union Générale des Rhodaniens, Romans, 1929.
18 Poème paru dans l’Armana pèr 1913, p. 44-46.
19 L’expression est de Jean-Marie Carré, « La bataille lyrique du Rhin », Le Rhin, Nil de l’Occident, Paris, 1946, p. 247-274.
20 « Poème lyrique », mis en musique par le compositeur marseillais Ange Fléchier (1846-1927). Non daté.
21 Sonnet paru dans le recueil Terre d’Oc, Grasset, Paris, 1908, p. 25 ; se trouve aussi dans Le Soir dans les lauriers, Grasset, Paris, 1923, p. 38.
22 Li Cant Palustre, 1951.
23 Lis Aigo, op. cit., p. 166.
24 Président de l’Union Générale des Rhodaniens et de l’Académie Rhodanienne des Lettres, auteur de plusieurs ouvrages consacrés au Rhône.
25 Paru dans le Bulletin de la Société de La Voulte-sur-Rhône, 1909.
26 Poème de 27 strophes, paru en fascicule, Lons-le-Saulnier, 1909.
27 Au vu du corpus de poèmes « Au Rhône », que nous avons rassemblé, il n’y a pas de différence sensible, quantitativement et qualitativement, entre les textes recueillis rive droite et rive gauche.
28 Le Rhin, Lettres à un ami [1842], dans Voyages, coll. Bouquins, Laffont, Paris, 1987, Lettre quatorzième, p. 107.
29 Les grands fleuves, « Bibliothèque des merveilles », Hachette, Paris, 1887, p. 36.
30 Lou Rose, op. cit., chant I, p. 15.
31 Rhône, Histoire d’un fleuve, tome 1, première partie, chapitre I, XVII, p. 53.
32 Lou Rose, chant II, vers 120-136.
33 Les deux versions sont toutes deux datées de 1891. « Dos Sorre » a paru dans L’Armana Prouvènçau pèr 1892, et l’autre, « Li Dos Véuso », que nous donnons ici, dans le recueil Blad de Luno, Paris-Avignon, Lemerre-Roumanille, 1910, p. 100-103. Cf. également « Au Rose Latin » de Jean Deyris, paru dans l’Almanach des Lettres provençales, éd. Aubanel, Avignon, 1948.
34 Avignon, 9 septembre 1891.
35 Il entre notamment dans les statuts de l’UGR d’« encourager le Tourisme nautique et aider à la renaissance, sur le Rhône, de services pratiques de navigation pour tous les voyageurs ». Sur la question consulter l’étude de Stéphanie Beauchêne : « La fête du Rhône, un rite éphémère. La célébration d’une identité régionale au service d’un aménagement fluvial », dans Le Monde alpin et rhodanien, Grenoble, Ier-3e trimestres 1999, Le Rhône, Un fleuve et des Hommes, p. 159 à 174.
36 L’Esprit du Rhône, Aubanel, Avignon, 1950, p. 17-18.
37 Marie-Thérèse Jouveau, Joseph d’Arbaud, Nîmes, 1984, p. 337.
38 L’Académie Rhodanienne des Lettres avait son musée : Le Musée du Rhône (6, place Auguste Faure, 07300 Tournon) et sa bibliothèque, à Tournon.
39 Article de Jean Beaumont, Le Feu, 15 février 1927, p. 82-83.
40 Signalons une revue sans comparaison sur le plan de la qualité littéraire, qui n’exista que le temps d’illustrer les doctrines patriotiques développées autour du Rhône, et sensiblement pétainiste : Soleil de France, « organe de l’académie des poètes du soleil », dont seuls parurent les trois premiers fascicules formant le premier livre : « Notre Rhône, fleuve impérial de l’humanisme gréco-latin », en 1942. Jean d’Auvergne, fondateur et directeur de la collection, y célèbre un fleuve conquérant et vainqueur, un « fleuve béni, frère meilleur du Rhin », et porteur des valeurs du Maréchal.
41 Albert Béguin, « Cours poétique du Rhône », Cahiers du Rhône, n° 1, mars 1942, p. 18.
42 Le poème a d’abord paru dans un numéro spécial du Feu, consacré à Avignon, en 1928, puis a été reproduit avec quelques modifications de strophes dans les actes du VIIe Congrès et Fêtes du Rhône, Marseille, 1934.
43 Poème paru dans le numéro spécial du Feu sur Avignon (n° 6, juin 1928).
44 « S’aqui subran », Li Mirage, Édition de la revue Le Feu, Aix-en-Provence, 1925, p. 108-112.
45 Max-Philippe Delavouët, l’Istòri dóu Rèi mort qu’anavo à la desciso, « Histoire du Roi mort qui descendait le fleuve » (1957), Pouèmo II, Corti, Paris, 1971, strophe 35 : « Raubon, li ciéutadin, ço que d’autre an fisa/au lent barrulamen d’un flume sènso margo/sout la gardo d’un cierge à la poupo abrasa./Raubon lou rèi au flume au moumen que s’alargo/is aigo-maire de l’óublit./Au sòu que se souvèn lou fau ensepeli. » (Prennent les citadins, ce que d’autres ont confié/au lent déroulement d’un fleuve illimité/sous la garde d’un cierge à la poupe embrasé./Ils retirent le roi du fleuve au moment où le fleuve s’étale/par les eaux-mères de l’oubli./Il le faut ensevelir au sol qui a mémoire.)
46 l’Istòri dóu Rèi mort qu’anavo à la desciso, strophe 41.
Auteur
UMR TELEMME, Université de Provence-CNRS
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